Il n’est guère difficile de manquer du regard le grand gaillard qu’est Shamash. Du haut de son mètre quatre-vingt-seize, il est plutôt aisé de le remarquer à travers la foule et ce n’est pas sa longue crinière ébène ni même ses yeux de couleurs dorée qui vous permettra d’en dire le contraire. De plus, ses nombreuses parures d’or et de bijou s'ajoutent à sa taille pour lui donner un aspect royal, presque divin. En passant par ses boucles d’oreilles, son collier, ses deux bracelets de bras et bagues, Shamash est orné de bien de bijoux.
Nombreux sont ceux qui verront tout cet attirail comme une exhibition de richesse. Bien que cela pourrait être hautement probable au vu de son tempérament, il n’en est point. Il est de coutume dans sa famille de se revêtir ainsi et cela ne lui déplaît pas, au contraire. Shamash aime la couleur de l’or et son étincellement, trouvant que cela s’accorde parfaitement avec son teint.

Bien que ce considérant bien plus comme un guerrier qui s’aime à manier la plume lors des échanges commerciaux, Shamash est une personne raffinée et cela se dégage par ses vêtements. Ainsi, les habits de l’homme sont à l’image de ses parures, onéreux et distingués. Sur les terres arides du désert du Reike, il y a peu de matière vraiment optimale, mais celle que possède le basané l’est. Et sur ces terres, c’est bien le coton de nuage qui porte au mieux ces adjectifs, légère et protectrice de l’ardent soleil, ces habits ressemblant à de la soie sont faits sur mesure pour son imposante carrure. Luxueux certes, mais surtout particulièrement utile pour affronter le soleil impitoyable du désert.

Quant à sa physionomie, Shamash est un grand gaillard bien bâti. Il ne peut se targuer d’afficher un corps aussi imposant qu’un Drakyn, mais le bonhomme peut par contre se vanter d’afficher un corps sculpté pour et par les nombreux combats qu’il eut à faire. Ce sont d’ailleurs par les conséquences de ces pratiques que le Reikois a vu sa peau basanée et sa chair être habillé par quelques balafres, prouvant son vécu de guerrier.
Oui, comme pour ses vêtements adaptés à son environnement quotidien, la teinte du jeune homme hérité de ses parents est elle aussi taillée pour le désert. Pour finir, la dernière chose notable est le tatouage du Reike apposé sur son épaule droite. L'endroit a été choisis avec soin afin de le rendre facilement visible en cas de besoin, comme par exemple, un contrôle où pour prouver son appartenance au Reike lors d'échanges commerciaux.

Que dire maintenant sur la psyché du guerrier ? Aux premiers abords, Shamash semble être une personne à l’esprit plutôt simple et le cerner ne semble pas très ardu. Jamais stressé, semblant imperméable des moindres problèmes pouvant se causer autour de lui. Le jeune homme ne semble être qu’un grand enfant incapable de faire preuve de moindre maturité. Turbulent, insouciant, malicieux… Autant d’adjectifs qui ne sont pas vu d’un bon œil au sein de la culture du Reike et pourtant Shamash n’en a que cure.

Malicieux, car se trouver dans les alentours de cet homme signifie bien souvent devoir faire face à ses railleries et bouffonnerie, car Shamash est une personne très taquine et sans gêne et ce qu’importe le rang social, bien qu’il ne soit pas idiot au point d’agir de la même façon devant l'empereur ou ses mains. Ne soyez donc pas étonné de voir Shamash être étrangement familier avec une personne nouvellement rencontrée, il ne fait guère attention aux codes de bienséance et préfère des relations basées sur la sincérité plutôt que sur des codes définis et stricts.

Turbulent, et vous le constaterez très vite, le guerrier du désert semble perdre toute logique lorsqu’il s’agit de joutes, qu’elles soient amicales ou plus sérieuses. Une bagarre dans une taverne ? Il y participera alors même qu’il n’y est pas impliqué personnellement. Des créatures dangereuses à l’horizon ? Pourquoi donc les contourner et perdre du temps ? Mais ne soyez pas dupe, il aime se battre, mais ne se jettera jamais à corps perdu dans un combat où seul là mort lui est destinée, il préférera garder ce genre d’occasion pour protéger ceux qui lui sont chers.

Insouciant car impulsif. Il est plutôt aisé de penser que le point précédent aurait pu être facilement lié à celle-ci et bien que cela puisse être vu comme un trait négatif, d'autres verront au contraire une forme de franchise dans sa manière d’être. Le basané est certes brut de décoffrage, mais il transpire la sincérité dans chacune de ses prises de paroles et fait et geste. Cela peut donc tout être bien vu comme mal selon les circonstances et les individus le côtoyant.

Il est donc certains que lorsqu’on rencontre ou découvre pour la première fois ce nomade, il semble n'être un personnage dur et peu fréquentable, mais pourtant, il recèle en lui plus de finesse qu’il ne le laisse penser.

Shamash eut la chance d’être élevé par des parents aimants. Son cadre de développement lors de son enfance était donc quasi parfait. Mais la vie de nomade et de marchand à travers le désert ne permet pas l'oisiveté. Entre l’esclavage, les créatures du désert, les autres tribus “barbares”, et la guerre, le guerrier aux yeux d’or eut de nombreuses occasions de voir l’horreur de ses propres yeux. Plus que tout autre dans sa tribu, il était touché par la souffrance de ses pairs, qu’importe leur race ou leur statut social. Bien qu’il chérit sa tribu et ses parents d’un profond amour, il lui était impossible d'approuver leurs actes parfois cruels ou les esclaves à leur service.Cet altruisme naissant lui a valu beaucoup d’ennuis, mais pour lui et dicté par son comportement insouciant, il agira toujours selon ce qui lui paraît le plus juste à ses yeux. Et vous le remarquerez très vite son attache au concept de liberté. Est-ce par pur empathie envers ces esclaves avec lesquels il à grandi ou une frustration grandissante lié au devoir envers sa tribu et sa nation ? Il ne serait lui-même pas l'expliquer, mais elle est certainement la base d'uni un idéal naquit dans sa tête, petit à petit. Un Sekai meilleur pour tous sans distinction.

De ce fait, le guerrier du désert n’est pas un être pernicieux, les massacres ou les meurtres de sang-froid ne font pas partie de ses idéaux. Cependant, le Reikois n’est pas naïf, il connaît la noirceur qui habite ce monde et s’y protège en conséquence. Pour lui, tuer de sang-froid des êtres qu’il juge ignoble n’est pas répréhensible. Il n’hésitera jamais à tuer si cela est inévitable ou juste à ses yeux. Surtout si cela permet de protéger les siens. Pour le moment Shamash est encore bien jeune, le dessein qu’il se forme dans un coin de sa tête n’est qu’un bourgeon, mais il ne désespère pas un jour trouver une personne, une figure qui lui permettra de franchir le cap entre les idées et les faits.

Tout arrivée de nouveaux nés est un événement, qu’il soit désiré ou non. Dans cette histoire, l’enfant qui venait à naître eut un accueil des plus radieux et ce n’est pas la clameur et les pleurs du nouveau-né qui allaient étouffer le tumulte provoqué par l’arrivée de ce nourrisson. Lorsque le bambin avait ouvert les yeux, petit à petit, lentement jusqu’à laisser entrevoir des pupilles éclatantes de beauté, des yeux dorés semblant même scintiller telle une pierre précieuses, le monde s’était alors tut lors d’un bref instant comme pour profiter du spectacle. Mais le calme olympien n’était que de très courte durée lorsque subitement, un homme décocha de sa bouche telle une flèche, un nom, Shamash.

Les hommes tout autour prononçait ce nom sans cesse accompagné de bien d'autres sobriquets tel que Le guide, L’héritier, Le soleil. Bien qu’il soit clairement destiné à ce nourrisson, la nature même de ces sobriquets semblait avoir une importance autre qu’une simple liesse provoquée par une naissance. Ainsi le nom de “Shamash” lui fut attribué dès lors que ses singulières pupilles avaient été découvertes. Et ce nom qu’il allait devoir porter était tout autant une bénédiction qu’un lourd fardeau.

Ce bambin venait de naître dans une des tribus barbares du désert de Reike. Et dans cette tribu, bien qu’ayant un culte proche du Shierak, il existait des histoires, des mythes propres à leur culture. Ainsi, une histoire s'est transmise à travers les générations. Le dieu Soleil voyant les nomades du désert vivre de lourds moments, enfanta d’un homme pour guider ce peuple à travers le désert, leur apprendre à survivre dans cette nature impitoyable. Connu sous le nom de Shamash, le guide soleil, il possédait des yeux d’or qui selon les récits, était pourvu d’une grande puissance magique. Ainsi, tout enfant qui venait au monde avec des yeux semblables héritait du nom de ce mystérieux guide et était prédestiné à prendre la tête de la tribu pour la guider.

Ainsi, Shamash était un petit prince choyé. Les plus bons mets lui étaient destinés, avait droit aux plus beaux habits et bijoux que pouvaient se procurer ces Bédouins, il pouvait aussi jouir de nombreux esclaves. Tout était mis à son service afin de parfaire son éducation littéraire. Après tout, la tribu des Ra’aen était d’incroyable marchand et s’il devait être le prochain patriarche, il se devait de devenir un homme instruit capable de négoce d’Ikusa à Liberty.

Pourtant, il semblait avoir cure de toutes ces choses dès qu’il commençait à être en âge de raisonner de lui-même. Son caractère imperturbable et insouciant était déjà très visible, préférant jouer les Medjaÿ et se battre avec les autres enfants. Et bien qu'il soit bagarreur, le jeune Shamash n'était point empli de perfidie, bien au contraire. Alors qu'il aurait largement pu en profiter grâce à son statut social, jamais il n'en avait joui aux détriments des autres. L'exemple parfait est son attitude envers les esclaves. Jamais aucun ordre n'avait été donné à l'un deux, il était même l'un des rare à les traiter d'égal. Une insouciance et un altruisme qui ne plaisait pas à sa famille, surtout son grand frère, qui ne pouvait comprendre pourquoi Shamash se comportait ainsi. Le désert est cruel et la bienveillance et la désinvolture n’y avait pas leur place. Mais qu’importe ce qu’entreprenaient les Ra’aen pour contenir cette attitude, l’esprit du jeune garçon ne flanchait point.

Le jeune basané s'était d’ailleurs lié d’amitié avec un jeune esclave qui avait à peu près son âge. Les deux jeunes étaient inséparables, Shamash après tout le considérait littéralement comme un frère. Bien entendu cela n’était point du goût de la famille, mais il y avait vu un moyen de le forcer à suivre les enseignements "académiques”.  “Si tu suis notre enseignement, que tu cultives ton savoir et l’art de la négoce, alors nous laisseront Khepri à ton service.” Par ce chantage, le plus grand camarade de Shamash était devenu des chaînes pour le forcer à obéir un tant soit peu. Shamash en avait clairement conscience et pourtant, il accepta avec fierté le marché et semblait même satisfait de pouvoir rester aux côtés de son plus cher ami. Le sentiment était partagé pour Khepri ? Très certainement, mais elle s'accompagnait aussi d'un lourd ressentiment qu'il gardait secrètement en lui.

Au fil des années, Shamash et Khepri étaient devenus inséparables, effectuant les quatre cents coups ensemble où il était possible de le faire. Son sacre à la tête de la tribu était prévu pour sa vingtième année et du haut de ses quinze ans, le gaillard était encore loin de répondre aux exigences. Depuis tout petit, Shamash préférait explorer le désert, chasser le Champa, se battre dans les tavernes des villes où il séjournait plutôt que d’assumer les responsabilités qui l'incombait. Mais plus les années passèrent et plus la pression de la famille était acharnée, car la tribu semblait se préparer à une action d’envergure. Elle qui était de nature pacifique, n’utilisant la violence que pour protéger leur bien, sa nature devenait belliqueuse. Alors qu’il venait de fêter il y a peu ses seize années de vie, l’ancien patriarche de la tribu conviait Shamash à une réunion singulière. D’après le Patriarche, cette assemblée était une leçon, apprendre les affaires commerciales était importante, mais les affaires diplomatiques l'étaient tout autant et il allait devoir profiter de cette occasion pour s’y initier.

Ainsi, le jeune Shamash et le patriarche s'étaient rendus dans un petit bourg entre le lac Rebirth et Kyouji pour y rencontrer le doyen d’une autre tribu. Cette réunion exceptionnelle avait un but, la tribu Ra’aen allait absorber la tribu Nep’ra, un petit peuple composé de nombreux guerriers. Grâce à cette intégration, les Ra’aen allaient compter dans ses rangs de véritables soldats, eux qui avaient toujours manqué d'une véritable force armée. Le jeune homme aux yeux dorés n’y comprenait rien, pourquoi une tribu se laissait absorber d'elle-même ? Et pourquoi les Ra’aen avait besoin de tel combattant ? Son patriarche lui expliquait à leur retour au camp.
“Les Nep’ra ne sont pas très futés, mais puissants. Certes être idiot n’explique pas leur décision, c’est pourquoi nous, les Ra’aen, leur promettons quelque chose qu’ils n’ont pas. La richesse et une vie stable. Ensuite pourquoi aurions nous besoin d’une centaine de bouches en plus à nourrir ? Car nous serons bientôt en guerre contre d'autres’” Lui disait-il. Il divulguait ensuite son plan à son futur successeur. Conquérir le village fortifié Al’Kan.

Ce village fortifié est en fait un grand Souk positionné entre Taisen et Kyouji, il permet alors de faire une halte pour la longue traversée du désert et abrite le plus grand marché du désert. Le conquérir assure une richesse et une stabilité à qui l'appartient mais est férocement protégée par plusieurs clan. Ainsi, il venait d’annoncer une guerre prochaine à Shamash dont il allait devoir participer. La simple évocation de ce mot éveilla au jeune adolescent un attrait pour celle-ci. Lui qui jouait au Medjaÿ, guerrier de son clan, depuis son plus jeune âge, il allait enfin pouvoir combattre dans une vraie guerre. Seulement, le basané était crédule et innocent, il avait certes déjà vu plusieurs fois sa tribu se protéger férocement néanmoins il n'avait pas vu les affres de la guerre et les atrocités qui lui sont liées.
La première action a été d’attaquer le camp d’une des factions du bazar Al’khan, la bataille, si l’on peut appeler cela ainsi, était expéditive. Tout avait été bien organisé, une taupe du clan avait été payée pour savoir où et quand elle serait isolée et l’attaquer au moment propice. Ce fut un massacre, Shamash participa bien entendu au combat avec son plus fidèle ami, Khepri, pourtant, bien qu’ils aient été enthousiastes d’y participer, ce qu’ils y observaient n’était qu'infamie, ce que le basané aux yeux d’or s’attendait à voir sont des combats honorable et gracieux pourtant, il n’avait face à son regard qu’une vision d’horreur. Massacre en tout genre, viol et autre joyeuseté. C’était bien trop pour l’esprit puéril et crédule de Shamash, il se devait d’intervenir qu’importe le prix s’était-il dit, s’il devait tuer des gens de sa tribu pour arrêter ces atrocités, il ne devait pas hésiter toutefois Khepris calma son ardeur.
“Shamash contient toi ! Je comprends ton ressentiment, mais si tu agis ainsi, tu scelleras ton sort ! Pour l’instant, tu ne peux rien faire, mais n’oublies pas, tu es destiné à devenir le prochain chef, c’est à cet instant que tu pourras agir.”
Shamash avait de la chance d’avoir un ami ayant du bon sens, un simple d’esprit comme lui se serait jeté à corps perdu dans une bataille contre son propre clan. Khépris avait raison, il devait se contenir jusqu’au jour où il serait le chef afin de mettre un terme à cette barbarie.

Les informations sur l’anéantissement de cette tribu, l'asservissement des survivants, étaient remonté jusqu’au Souk tant désiré, maintenant qu’ils étaient affaibli cela n’était plus qu’une question de temps avant que l’offensive soit lancé contre eux, la tribu d’Al’khan le savait pertinemment. Et alors que les Ra’aen épaulées par les Nep’ra arrivèrent devant le village fortifié, ils eurent droit en accueil des remparts grand ouvert et un village semblant désert. Le patriarche des Ra’aen accompagné des meilleurs Medjaÿ, de Shamash et Khepri, rentrait dans cette cité fortifiée par prudence, mais aucune attaque surprise ou embuscade se profilait, juste le bruit du vent contre les toiles des échoppes. En recherche d’une âme qui vive, le groupe trouvait le patriarche d’Al’khan dans sa demeure au milieu de la cité, priant à genoux face à une représentation d’un dieu. Il était seul, et semblait n’opposer aucune résistance avant de prononcer quelques mots “Honorable invités, souhaitez vous du thé… ?”
Le chef Ra’aen s’esclaffait devant cette scène avant de prendre la parole à son tour. “Ahula ! Nous venons prendre Al’khan et tu nous oppose aucune résistance ?! Tu es un couard, nous avons bien fait de te destituer de cet endroit ! Si tu avais accepté le mariage de ta fille avec Shamash, nous n’aurions pas eu besoin de faire tout ça, tu as compliqué inutilement les choses.”

Shamash semblait perdre ses moyens, il n’était pas au courant d’une telle machination. Il regardait Khepri et senti dans son regard que lui, si.

“Tu peux encore donner la main de ta fille à notre successeur pour unir nos tribu, il n’est pas trop tard.” Disait le grand chef des Ra’aen.

“J’avais compris tes intentions avec ce mariage. Si je devais échanger la vie de ma fille contre mon honneur, quel piètre père aurait-je fait ?” Lui rétorqua le vieil homme habillé d’un large sourire. Sa voix semblait si réconfortante et emplie de sagesse, pour Shamash, il semblait être devant un être divin et très vite de la tristesse surgit en lui, et de la colère.

“POURQUOI ?! Hurlait Shamash, la voix toute tremblante. Vous auriez pu vous battre pour protéger cet endroit, protéger votre foyer, il vous restait encore largement assez de force pour nous faire face !” Le jeune homme était accablé de tristesse, mais surtout, de colère, sans pouvoir l’expliquer, il ne voulait pas que cet homme soit tué… Pas dans de telles conditions.

“... Avant votre arrivée, j’ai révoqué toutes les personnes du clan. Pourquoi ? Ils ont servi la tribu et je suis reconnaissant de leur loyauté, persuadé que leur vie appartient à une famille, que la tribu est leur famille. Leur vie appartient bien à une famille, la leur. Des mères qui perdent des fils, des femmes qui perdent des époux, des enfants qui perdent des pères. J’en ai bien de trop vu dans cette vie et je ne souhaite pas qu’une telle tragédie se répète. Devaient-ils mourir pour un nom ? Pour des étales protégés par des remparts de pierre ?” Répondait-il à Shamash en le regardant droit dans les yeux. Il dégageait une telle prestance qu’aucun homme ne s’imaginait interrompre son discours.“ Tu dois être Shamash ? Tes yeux d’or te trahissent. Savais-tu que nous vénérons aussi le même dieu dont tu portes le nom ? Mais nos récits divergent des Ra’aen. Le dieu Shamash n’as pas juste guidé les nomades du désert, il les a sorti de l’esclavage et à créée des petits villages comme celui-ci pour les protéger de leur asservisseur, il était une divinité altruiste. Je le ressens, tu marches dans ses pas, mais tu doutes. Écoute avec ton cœur, chante avec ton cœur, parle avec ton cœur, comprend avec ton cœur, comme Shamash nous l’a légué, tous égaux sous le soleil.” Puis après sa tirade, il se trancha la gorge et mit fin à ses jours affublé d’un sourire satisfait.

Cet événement marquait fortement le basané, les mots d’Ahula résonnait en Shamash comme aucun autre. Il s'assurait dès lors que cet homme puisse avoir une sépulture décente malgré les réticences du chef de tribu. Après ce dénouement, le Souk Al’khan repris très vite du service et de sa superbe et les affaires pour les Raaen fut florissante, cependant, ils avaient troqué richesse et mur de pierre pour des conflits perpétuels. Il n’était pas les seules tribus du désert à convoiter un tel endroit stratégique et économique. Pendant près de deux ans, le clan n'avait cessé de repousser les assauts de rivaux, jusqu’au jour où un soir de pleine lune, des esclaves, dont nombreux étaient du clan massacré deux ans plus tôt, se sont révoltés laissant une tribu adverse pénétrer les murs d'Al'khan. Ce soir là, le chaos s’empara du souk. Shamash comptait parmi les défenseurs et bien que subissant de lourdes pertes, réussit à repousser le gros de l’attaque, mais des scélérats s'étaient introduits dans le palais central.
Se ruant à toute vitesse, il retrouvait une bonne partie de sa famille proche assassinée, jusqu’à trouver une petite bande d'esclaves, arme à la main, commettant d'atroces actes. Ceux-là même que son clan avait fait subir deux ans plus tôt. Ils semblaient habités, Shamash, qui les côtoyait pourtant tous les jours, mis du temps à les reconnaître tant leur rancœur avait modifié les traits de leur visage. Tous s'étaient jetés sur le basané aux yeux d’or avec une animosité telle que Shamash par pur réflexe leur occis la vie.

Il était pris dans un état de torpeur, pourquoi ces gens, qu’il avait toujours bien traités, s'étaient jetés sur lui comme ça ? Pas le temps de cogiter se disait-il, il devait rejoindre les appartements royaux. À toute allure, il arrivait, essoufflé de fatigue, face à son plus grand ami “Khepri ! Merci tu es sauf ! Vite, nous devons retrouver mon père et ma mè….” Mais avant de finir sa phrase, il aperçut son grand frère au sol et le corps de son père décapité. Sa mère quant à elle, était recroquevillée dans un coin, encore en vie. Le visage horrifié, les tripes du jeune homme ne pouvait tenir, régurgitant son repas sur le sol.

“Shamash va-t-en”.

Tout semblait trouble, le corps entier du basané tremblait non pas de terreur, mais de fatigue, physique et surtout mentale. Pourtant, il se tenait debout à quelques mètres de celui qu’il considère comme son frère. “Pourquoi nous trahir ? Est-ce toi qui as orchestré cette mutinerie ?”

“Que ce soit la tribu qui a attaqué le bazar ou les esclaves, tous ont eu pour ordre de ne pas te faire du mal, mais vu ton état, certain ont du oublier les directives. Je vais te demander de t’écarter jeune frère. Ta mère est encore en vie et je compte bien finir le travail.” Le regard de Khepri semblait vide de vie, les paroles robotiques.

“Arrête ça ! Dans deux ans, j’aurai pris la tête de la tribu et je vous aurais tous affranchis, tu le sais !”

“Tu n’as aucune idée de ce que nous subissons !” Lui criait-il “Tu es bien le seul à te comporter avec bienveillance avec nous, mais sais-tu ce qu’à subit ma mère ? Servant d’esclave sexuel pour ta famille ?!” Khepri retira sa longue tunique pour dévêtir son dos et son torse, habillé de nombreuses scarification. “Ton grand frère, ne supportant pas notre relation se vengeait ainsi ! Je ne pouvais rien te dire, de risque que ma mère subisse davantage, mais je sais très bien que tu aurais agis car toi, tu as un cœur Shamash. Mais je ne pouvais plus attendre d’avoir ma liberté. Même si tu nous avais libérés, nous aurions cherché vengeance et il était dès lors inévitable que nous nous retrouvions dans la même circonstance…”

Il leva sa main et son arme, prêt à abattre son courroux sur le dernier parent de Shamash, sa mère. Pourtant affaibli, Shamash eut la force nécessaire pour s’élancer vers son ami, mais son raisonnement était obscurci, la main du jeune Shamash avait agi pour tuer afin de protéger, non pas pour arrêter son ami. Quand la raison lui revenait, il avait son ami, son frère, allongé sur le dos au sol, le Kepesh de Shamash dans le torse. La mère du basané était encore en vie, étrange car Khepri aurait eu tout le temps nécessaire pour accomplir sa vengeance vu la fatigue qui habitait Shamash.

“Ne sois pas triste pour moi, mon ami, aujourd’hui je pars en homme libre, tout comme l’antique dieu du soleil, tu m’as liberé de l’esclavage”

Bien qu’il avait perdu son grand frère et son père, l’élu des Ra’aen ne pouvait pas s'empêcher d'être accablé par la perte de son seul et véritable ami. Il avait partagé toute sa vie avec lui, ses premier combat, ses premières cicatrices, ses premières défaites à la bagarre, ses premiers râteaux. Il ne voulait pas le tuer, il voulait l'arrêter. Mais il assistait à son décès sans pouvoir agir, comme pour Ahula.


Les pertes humaines étaient grandes. Peu d'esclaves rebelles avaient été capturés. Le patriarche était mort, ainsi que le père et le frère de Shamash, plus aucune personne de la lignée principale ne pouvait assurer la régence de la tribu, c’est donc tout naturellement qu’elle revint à celui qui devait être intronisé normalement deux plus tard. Sa première action en tant que chef de la tribu Ra’aen fut d’affranchir tous les esclaves du clan et du Souk, ainsi qu’un édit sur l’interdiction de vente d'esclaves dans Al’khan. Les mutinés avaient le choix, être exécuté ou être affranchis, mais rejoindre la milice que Shamash avait nouvellement créée, tous choisirent d’être exécuté, bien que cela peinait le nouveau chef, il acceptait le choix, mais s’assurait par la suite qu’ils aient tous des sépultures décente. Il proclamait Al’khan Havre de paix et de commerce régi par une maxime “Tous égaux sous le soleil”. S'il y avait bien une leçon qu'avait appris le basané, c’est qu’il devait devenir plus fort, plus intelligent, il avait maintenant le poids de la tribu et devrait maintenant prendre ses responsabilités. Il reprit avec intérêt les études sur le commerce grâce à sa mère et commença plus sérieusement des études martiales, son but était de rejoindre la prestigieuse école Drakstrang à ses 21 ans.
Pendant trois ans, il peaufina les études martiales et de la négoce. Il mit en place des caravanes marchandes traversant tout le désert, d’Ikusa à Liberty, protégé par une garde d’élite formée pour la défense. Quasi tous étaient d'anciens esclaves achetés et affranchis qui ont par la suite jurer allégeance à Shamash. D'autres de ces anciens esclaves s’en allaient pour d’autres contrées, d'autres s'occupaient du Souk Al’khan. Certaines petites tribus s’incorporaient au bazar et à l’institution qu'avait créée Shamash autour de celle-ci.
Quand il eut 21 ans, en l’an -5 il paya les trois cents pièces d’or pour commencer ses études à l’université Drakstrang. C’est cette même année qu’il dut gérer la plus grosse crise de son mandat de chef de tribu, un certain Tensai Ryssen unifiait les tribu du désert et menait une guerre contre les Draknys. Agissant discrètement, puisque étudiant à l'université, il scella un pacte avec le camp de ce nomade belliciste, Al’khan et les Ra’aen l’aiderait en approvisionnant vivre et guerrier. En pariant de la sorte sur cet homme, il assurait en cas de victoire de celui-ci, la protection de Al’khan et de sa tribu.

Bénédiction du soleil ou non, Tensai Ryssen remportait la guerre assurant par là même, la longévité du projet de Shamash. Aussitôt, il profitait de ce succès afin de devenir un citoyen du Reike. Ainsi, Al’khan, devenant officiellement un territoire du Reike, était protégé de toute tribu un peu trop belliciste.
La fin de cette histoire termine lors de l’obtention du diplôme de l’université en devenant spécialiste du Combat. Débarrassé des obligations puisqu’ayant payé toutes ces années de sa poche, enfin, surtout celle de sa tribu, il pouvait retourner dans son foyer qui lui manquait terriblement. Maintenant, Shamash est prêt à reprendre entièrement les rênes de son clan et d’agir pour le bien de celui-ci et de son idéal. Tous égaux sous le soleil.”

- Shierak