Du haut de son mètre soixante-douze -ou quatre vingt-quinze avec les oreilles- Esha vous domine, quelle que soit votre taille. Le port altier, menton haut, elle est capable de regarder de haut les titans. Sans sourciller, elle vous tue à la baston de regards. Capable d’être aussi hautaine que son éducation le lui a inculquée, Esha est un pur produit de la noblesse qui se prend au sérieux. Dos droit et sourire de façade, courbette parfaite et compliments en carton plaqué or, tout ça, elle sait faire. Et tout ça, elle en a sa claque.

Esha, c’est une flamme qu’on aurait bien aimé maîtrisée. Pour la mettre dans un joli bocal au-dessus de la cheminée. Mais Esha, elle, elle veut être la cheminée, le foyer chaleureux et réconfortant, juste le temps nécessaire pour le faire exploser.

Esprit libre et indomptable, ouragan flamboyant, aussi magnifique qu’il est destructeur, c’est l’image qu’elle projette sur sa propre personne. Le reflet qu’elle veut voir dans l’eau. Et ce reflet dans vos prunelles lorsqu’elle se ramène, drapée de soie et d’or, sa couronne improbable sur la tête, à vous balancer qu’elle vous fera Roi de ce grain de sable, juste là, si vous lui donnez votre dromadaire. Un marché honnête. Vous vous demanderez certainement si le soleil ne l’a pas frappé trop fort, juste avant de vous demander s'il y a un intérêt à porter des oreilles pareilles, à part se faire passer pour une hybride, ce qui n’est pas la plus brillante des idées. Mais Esha, qui a réponse à tout, vous rassurera, c’est une ode aux dieux et à ses ancêtres. Alors, qu’est-ce qu’on peut avoir à redire à ça ? Hein ? Vous ne seriez pas un hérétique athée, n’est-ce pas ?!

Oui, la fausse lapine est croyante, même si sa foi revêt une forme particulière, elle n’en reste pas moins pieuse et si elle ne s’est pas encore fait d’idée arrêtée sur la déification de leurs nouveaux dirigeants, elle n’en respecte pas moins les signes légitimes de leur association au divin. Sans être totalement dupe au bénéfice que les souverains trouvent dans l’expansion de cette doctrine “stéllaire”. Issue d’une famille aussi noble qu’ancienne, Esha est instruite et plus fine d’esprit qu’elle ne le laisse toujours paraître.

Fréquemment sous-estimée, pour ce qu’elle dégage de naïveté ou d’innocence, de bêtise même, ou pour ce qu’elle est, une femme, Esha a du se forger un caractère en dent de sci. Révoltée par les brides et les chaînes qu’on essaie de lui faire porter, en ayant l’hypocrisie de tenter de la convaincre que c’est pour son propre bien, la jeune élémentaire a dû apprendre à intérioriser et à juguler sa colère face à ceux qu’elle est bien obligé de reconnaître comme figure d'autorité. Ce qui n’empêche pas toujours le nuage de fumée de se former au-dessus de sa tête lorsque les flammes dévorent, littéralement, ses yeux.

Si l’élémentaire déprécie l’héritage machiste de sa nation, elle n’en porte pas moins fièrement son tatouage, d’une dizaine de centimètres, au-dessus du coeur. Un emplacement aussi symbolique qu’il peut-être problématique mais, le tatoueur ne s’en est jamais plaint. La jeune élémentaire n’est pas sans charme, sa peau dorée par le soleil, son toucher satiné et éternellement chaleureux, ses grands yeux naviguant entre l’azure et l’améthyste, ses longs cheveux aux reflets Lila, elle sait qu’elle a certains atouts dans sa manche. Si elle en use parfois, c’est davantage à la façon d’une gamine qui se croit adorable que d’une femme se pensant irrésistible. Tactile, parfois taquine, Esha garde pourtant une réserve à l’opposée de la personnalité extravertie qu’elle peut se donner lorsqu'il s'agit de s'engager sur une voie romantique.

La jeune élémentaire se rêve totalement libre et c’est un mirage qui convainc presque son propre esprit mais, elle sait qu’il lui faudra un jour devenir celle que souhaite sa famille. À moins qu’elle ne parvienne à accomplir l’extraordinaire exploit de s’élever au-dessus de son genre en devenant la première femme Sun’Yn. Qui sait, le soleil pourrait bénir sa folle ambition ?

Extravertie • Curieuse • Solaire • Têtue • Passionnée • A peur des cavernes/grottes/sous-sols • N’aime pas particulièrement la pluie • Égoïste • Éduquée •.. mais ça se voit pas toujours • Noble • Bienveillante •.. quand on s’y attend le moins •

On dit que les nains sont les meilleurs forgerons du Sekai, ce serait compter sans les Sun’Yn. Oublieriez-vous que les dragons avaient des voisins parmi les créatures intelligentes lorsqu’ils sortirent de leurs oeufs ? Les élémentaires étaient là, depuis des millions d’années, avant que les premiers humains et leurs homologues courts-sur-pattes ne foulent ces terres.

C’est donc dans la genèse de ce que deviendraient les terres du Sekai que débute l’histoire des Sun’Yn, famille d’élémentaires de feu, un feu pur, selon leur propres dires. Si personne ne peut raisonnablement affirmer ou infirmer que leur ascendant remonte à la naissance même des dragons, nul ne remettrait en question ni la pureté de leur flamme ni leur art de la forge. Depuis des millénaires, les Sun’Yn travaillent le feu et les métaux, offrant au monde des trésors aussi uniques et magnifiques que redoutables.  

Au fils des millénaires la famille Sun’Yn s’est agrandie et anoblie, elle compte désormais une branche principale et secondaire. La branche principale se nomme Drah’Yn et la secondaire Meï’Yn, l’honneur de porter le nom de Sun’Yn est réservé aux plus talentueux forgerons de ce que l’on nomme à présent la dynastie Yn. Une famille devenue empire commercial en élargissant sa gamme de produits et de talents, notamment en spécialisant sa branche secondaire dans l’orfèvrerie et la joaillerie. Si les armes signées Sun’Yn sont aussi rares qu’elles sont coûteuses, fruit d’un travail expert et minutieux, si spéciales qu’on raconte qu’elles sont forgées pour être les âmes-sœurs de leur porteur, les bijoux signés Yn sont eux plus courants. Raffinés et destinés à une certaine élite, ils sont des produits d’excellence pour les reikois et des objets rares et exotiques pour les autres nations.

Le destin des membres de la famille Yn est tracé dès leur naissance, lu dans les étoiles et interprété selon les bons vouloirs des patriarches, ils doivent tous servir les ambitieux desseins de la famille. Les garçons seront orfèvres ou forgerons, les filles deviendront des épouses faisant bénéficier à la famille de l’influence de leur mari. Cette constante est rarement brisée, seulement par quelques garçons autorisés à exercer un autre métier si ce dernier apporte de la renommée à la famille. Il y a cependant des traditions supérieures qui permettent encore aux jeunes élémentaires d’expérimenter la vie avant d'honorer leur devoir envers la famille.

Lorsque Esha demande à faire son Hajra, elle est sur le point d’être fiancée. Le Hajra, son voyage initiatique à travers le Sekai, est une tradition qu’elle n’est pas la première à utiliser pour fuir. Sa mère l’avait fait avant d’épouser son père, cela n’avait pas changé son destin, pas plus que cela n’avait dévier celui de toutes les autres femmes avant elle. Le Hajra devait permettre aux jeunes Yn de faire leur expérience du monde, d’y trouver l’inspiration et d’y épuiser leurs désirs, pour revenir plus sereins et dévoués auprès de la famille. C’est un voyage de recherche personnelle que tous les Sun’Yn ont réalisé. C’est aussi ce qui motivait Esha même si elle ne pu révéler à personne cette secrète ambition.

Elle quitte la capitale du Reike où se sont établis les Yn pour rejoindre l’une de leur forge sur le mont Kazan. Et si elle se perd en chemin ? Et si son chemin devait zigzaguer ? Et si le zigzag faisait le tour du monde connu ? Et si le monde connu devenait un peu inconnu ? Ce ne serait pas de sa faute, pas vrai ?

• Shierak : Esha est croyante mais pas aveuglée par sa foi, elle s'intéresse notamment au courant des "stellaires".
• Prophétie de la Lune et du Soleil