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    Maria Moonshire
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  • Mar 7 Mar - 21:47
    Toussotant doucement, Maria s'éveillait de nouveau sur un monde qui la détestait. Ses rêves avaient été, comme d'habitude, maussades et sans saveur. Il n'y avait dans ses songes aucune émotion positive. Aucun souvenir agréable. Même son subconscient, stimulé par son sommeil, ne parvenait pas à éveiller la moindre notion de plaisir ou de joie. Une pluie infinie. Triste. Grise. Frottant ses paupières, la jeune femme sentit quelque chose d'anormal contre ses mains. Les sourcils étaient tombés il y a trois jours. Les cils, eux, venaient de tomber ce matin. Un long soupir s'échappa de la gorge de la fossoyeuse tandis qu'elle se redressait doucement. Sa peau semblait brûler. Une douleur lancinante dans les cuisses. Qui remontait doucement le long de ses membres comme une poison insidieux.

    Ses pas touchèrent le plancher de sa chambre dans un bruit doux tandis qu'elle se dirigeait doucement vers la coiffeuse qui siégeait silencieusement près d'une armoire. Toujours sans un mot, Maria observa son triste reflet. Ses cernes, creusées, donnaient à son visage un air de cadavre ambulant. Déposant les restes de cils contre le bois de la coiffeuse, la jeune femme passa ses doigts fins dans sa fine chevelure. Derrière elle, la forme éthérée d'Azeria se matérialisait peu à peu. Et avec elle, une fraicheur désagréable se répandit dans la pièce. Un air froid auquel la thanatopractrice s'était habituée aux fils des années.

    - Un autre jour se lève ma chère. Et le travail t'attend.
    - Combien de temps?
    - Je ne saurais le dire. Mais inutile d'y penser. Des bandits ont fait des ravages dans la région. Pense aux morts. Aux soins qui les attendent. Là. Dans la fosse. Ils t'attendent, ma chère. Ne veux-tu pas t'occuper d'eux? Souhaites-tu laisser ces pauvres âmes errer? Comme moi?
    - Jamais.

    Un léger coup de brosse, un ruban passé dans les cheveux pour les attacher. Puis une robe, délavée, enfilée à la va-vite. Les quelques marchent furent descendue rapidement, Maria se sentant étrangement pressée par son propre travail. Elle ne prit même pas le temps de déjeuner. Après tout, ce n'était pas la première fois. Peut-être avalerait-elle quelque chose plus tard. Ou pas. Ce n'était pas important. Prenant soin de tout de même fermer la porte de sa demeure, Maria soupira doucement. Il pleuvait. Evidemment. Le sort s'acharnait, comme d'habitude. Azeria, elle, souriait toujours. Compatissante tandis qu'elle déposait doucement sa main transparente sur la joue de la frêle créature. C'est vrai. Il y avait pire que quelques gouttes d'eau. Se tournant sur le côté, la fossoyeuse attrapa sa pelle et se mit en route vers la fosse. Le travail l'appelait.  

    Cette dernière n'était en vérité pas très éloignée de son habitation. C'était logique, étant donné qu'elle s'était installée dans son ancienne demeure familiale afin de veiller sur le cimetière. Au final, des myriades de tombes se déployaient en spirale autour de sa maison, renforçant encore plus son image de Guenaude auprès de la population locale. Maria s'en moquait. Au moins, cela évitait les accidents. Sortant de ses pensées alors que ses pas la menaient devant la fosse commune, la fossoyeuse soupira doucement en observant les nombreux cadavres entassés. Comme d'habitude, les macchabés avaient été jetés lamentablement. Comme s'ils n'avaient aucune valeur. Comme des âmes anonymes inutiles à une nation indifférente.

    Les premiers coups de pelle furent compliqués. Malgré la pluie, la terre n'était pas encore assez molle pour permettre de creuser facilement. Maria pressa son pied contre le bord métallique, lui permettant de mieux enfoncer le tranchant de son outil. Et puis la terre fut projetée. Encore. Et encore. S'approchant des décédés, Maria analysa le premier corps qu'elle s'apprêtait à enterrer. Un homme, jeune, blond, au visage torturé par la douleur. Une longue plaie courrait le long de son torse tandis que ses lèvres blanchies témoignaient d'une exsanguination fatale. Ses yeux vitreux étaient encore ouverts. Dans un soupir, l'enfant maudit ferma une dernière fois ses paupières avant de trainer la dépouille jusqu'au trou creusé. Puis la préparatrice mortuaire passa à un autre corps. Chaque fois, elle analysait la cause de la mort, sous le commentaire parfois cynique du spectre qui l'accompagnait constamment. Parfois, Maria trouvait un effet personnel ou une richesse oubliée. Rarement, elle se sentait affectée par ce qu'elle voyait. Même lorsqu'elle s'occupa d'un enfant au corps criblé de flèches. Les bandits étaient sans foi ni loi. Azeria le disait souvent.

    Combien de temps passa? Deux heures? Trois? Aucun réel moyen de le savoir à cause de cette pluie battante. Le soleil semblait désireux de rester masqué par les nuages noirs. A vrai dire, seule une pauvre lanterne que la fossoyeuse avait déposé près d'elle permettait d'y voir à peu près quelque chose. Ce n'était pas aujourd'hui qu'elle découvrirait de nouvelles personnes. Ou qu'elle se dirigerait vers la ville pour acheter quoique ce soit. Non, cela allait être une nouvelle journée de travail. Sans loisir. Comme un vieux mécanisme abîmé par un usage intensif et peu précautionneux. Car c'était ce qu'elle avait l'impression d'être, parfois. Un pantin désarticulé qui ne bougeait que pour endormir une dernière fois les morts. Essuyant son front trempé une fois son travail achevé, la préparatrice mortuaire s'étira pour soulager son corps fourbu. Puis, elle tourna la tête machinalement vers l'orée du bois entourant le cimetière. Un bruit. Un craquement sourd venait d'attirer son attention.

    Quelque chose était là. Dans l'ombre. Et ça s'approchait.
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    Karsa
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  • Mar 7 Mar - 23:08
    Fuir. Il fallait fuir. Filant à travers les bois, une main plaquée contre son abdomen d'où une masse noire s'en échappait, Karsa courait à en perdre haleine. Des clameurs résonnaient au loin, entremêlées d'aboiements de chiens furieux et claquements d'épées. Elle s'était fait avoir, maudit soit le ciel. Elle n'avait pas l'habitude s'éloigner autant de ses territoires de prédilection, pourtant la mission semblait banale et le client tout aussi ordinaire. Cependant, une chose escaladant une autre, son client s'était retrouvé les tripes à l'air et la faiseuse avec une bande de brigands aux trousses. Chose plus inquiétante encore, un mage semblait faire partie du lot, ayant l'air d'avoir eu sa curiosité piquée par la jeune femme. Ce qui ne présageait habituellement rien de bon. Elle avait réussi à lutter quelque temps, jouée de ses ombres et de petites illusions, rien de grandiose, mais qui eurent le succès escompté : l'opportunité de fuir. Elle avait réussi à prendre de l'avance, non sans se prendre un coup de hache bien placé dans le ventre, et ne préférait même pas pour le moment jeter un œil à l'ampleur des dégâts, sentant ses viscères se frayer un chemin hors de son corps mince.

    Maudissant toute la génération de son attaquant, elle s'esbignait autant que faire se pouvait, sautant par-dessus branchages et buissons, ne prenant aucunement compte de la direction dans laquelle elle pouvait bien aller. C'était bien le cadet de ses soucis. Alors qu'elle se permettait de ralentir l'allure pour reprendre son souffle, elle sentit le sol se désagréger sous ses pieds, pour former un trou de taille assez conséquente pour la faire chuter. La faiseuse jeta un regard alerté derrière elle. Un mage élémentaire, il ne manquait plus que ça ! Se retournant face à son adversaire, elle lança des aiguilles de glaces visant son faciès patibulaire, profitant qu'il se protégeait le visage, elle gela la terre meuble juste à ses pieds, déséquilibrant le mage. Pestant, gesticulant comme un diable, l'homme en habit sombre retrouva vite son équilibre, la glace de Karsa se faisant engloutir par la terre de l'élémentaliste. Qu'à cela ne tienne, elle avait pris de l'avance, et continuait sa course folle au travers de la forêt, humide et hostile. Elle remercia le destin qu'il faisait encore sombre, sachant pertinemment que l'aube ne tarderait bientôt plus. La jeune femme masquée devait absolument trouver une issue. Elle pouvait entendre ses poursuivants se rapprocher dangereusement d'elle.

    - Choppez-là !
    - Vizalys la veut vivante !
    - Tirez-lui dessus !

    Taisez-vous, taisez-vous, taisez-vous ! Le silence, le calme, la plénitude. Karsa essayait de faire le vide dans son esprit. Sa vision s'était rétrécie, ne voyant plus qu'un couloir vert d'arbres et de rochers défilant à toute vitesse. Elle dérapa contre une roche humide, manquant de tomber, laissant presque l'occasion à un des chiens sur ses talons de lui attraper la cheville de ses crocs acérés. D'un coup de pied rageur, elle envoya valser la bête, puis décida de prendre un virage, s'enfonçant toujours plus profondément dans l'océan de verdure qu'étaient ces bois. Les bandits ne s'étaient peut-être pas attendus à ce qu'elle eût un revirement pareil, certainement parce qu'ils connaissaient les lieux mieux qu'elle. Toujours est-il qu'elle pouvait les entendre hésiter, se demandant quelle direction leur proie avait-elle pu prendre. Profitant de cette aubaine, la jeune femme brune voulut accélérer, mais s'en retrouva bien incapable. Elle avait perdu trop d'essence vitale, ses jambes commençaient à devenir dangereusement cotonneuses et sa vision se troublait. Son cœur se mit à battre plus vite. Plus vite que ce que sa course pouvait lui imposer, c'était maintenant la peur qui rythmait ses battements. Elle ne pouvait pas mourir ici. C'était impossible, cela lui était interdit. Pas ici, pas de leurs mains. Avec un effort titanesque, elle réussit à faire obéir ses jambes, et accéléra la cadence. Son organisme lui criait de tout arrêter, de s'allonger, lui réclamait des soins. Elle eut une pensée furtive pour son île, ce qui faillit lui arracher une larme. Une larme de rage. La femme masquée poussa un grognement de colère, et se tourna vers ses assaillants, visant les yeux des canidés furibonds, créant des illusions mêlées à ses ombres, faisant croire aux forbans que des créatures reptiliennes, difficilement identifiables leur rampaient dessus. Se délectant des hurlements de terreur de certains, elle en profita pour lancer une dernière attaque, puis sentant que ses forces la quitteraient certainement si elle se servait encore de sa magie, elle prit une nouvelle fois la poudre d'escampette avec toute l'énergie du désespoir. Ayant un mauvais pressentiment, Karsa évita de peu plusieurs trous et attaques lancées par le mage élémentaire, qui restait le seul plus proche d'elle.

    Alors que tout espoir de réussite commençait à la quitter, elle crut voir des lueurs au loin. Un lointain pas si loin, si elle y mettait ses dernières forces. Alors elle se démena, comme une bête acculée. Ne se souciant plus de ce qui pouvait se tramer derrière elle, elle ne pensait plus qu'à cette issue salvatrice. Tant pis si une falaise l'attendait au bout de cette ligne droite, baste si c'était un village infesté de monstres. Elle n'en avait que faire. Tant qu'elle pouvait se jouer de celui qui semblait si prompt à s'emparer d'elle.
    Elle déboula de la lisière des bois, tel un sanglier blessé, se retrouvant entraîné par sa propre vitesse. Elle trébucha, et titubant, s'écroula sur un sol étrange. Un sol mou, inconstant, malodorant. Sonnée par sa chute, elle ne réalisa pas tout de suite qu'elle avait tout bonnement et simplement valdingué dans une fosse commune. Quand ce fut le cas, elle éclata d'un rire sordide. La vie était décidément bien cynique. Avant de se laisser porter dans les bras de l'inconscience, elle crut apercevoir le visage émacié de la Mort, revêtant les traits d'une jeune fille aux cheveux blancs.
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    Maria Moonshire
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  • Mer 8 Mar - 19:54
    Une forme échouée. Une silhouette, au corps mou qui ricanait au fond d'une fosse commune. Pour peu, Maria aurait pu penser qu'il s'agissait d'une énième blague du destin. Mais non. C'était bel et bien une jeune femme qui venait de débouler dans la fosse commune. Etendue dans un liquide étrange et s'esclaffant. Azeria, volant par dessus l'épaule de la fossoyeuse, approcha son visage imperceptible près de celle qui gisait dans la boue et les corps.

    - Celle-ci, ma chère, ne me semble pas tout à fait morte.

    Maria se jeta dans la fosse avec une énergie qui, habituellement, ne la caractérisait pas. La présence de l'inconnue l'intriguait. Non pas à cause de son rouler-bouler dans la masse de cadavres mais plutôt à cause du liquide qui s'échappait de son corps. L'enfant maudit jeta un regard autour d'elle, s'assurant que personne ne venait poursuivre l'inconnue ou lui prêter assistance. Et, bien évidemment, personne ne vint. Alors elle prit les choses en mains. Littéralement. Attrapant la jeune femme par les aisselles, la préparatrice mortuaire traîna l'étrangère dans la terre mouillée pour la sortir de la fosse et venir la placer sur le chariot qu'elle utilisait habituellement pour déplacer les dépouilles. Et la tâche fut ardue. Maria n'était pas une femme forte. En fait, sa frêle constitution l'empêchait même de traîner les corps sur de longues distances. Mais pour l'inconnue, elle ferait un effort. Après tout, elle était vivante. Enfin. Presque.

    Une fois déposée sur le chariot, la fossoyeuse prit le temps de mieux analyser le corps de celle qu'elle venait de déplacer. La blessure était, visuellement, très sale et profonde. Sans parler de ce qui coulait de son corps et de ses boyaux qui faisaient ici et là une apparition entre les doigts fins de l'étrangère. Déplaçant la dextre de cette dernière, Maria arracha des pans de sa robe pour venir appliquer en urgence un pansement humide sur le ventre de l'inconnue. Les connaissances de la préparatrice mortuaire en médecine étaient, somme toute, plutôt poussées grâce à ses études. Mais elle était plus douée à s'occuper de ceux dont le cœur avait cessé de battre plutôt qu'à maintenir une personne en vie. S'éloignant du corps de la blessée pour venir tirer le chariot, la femme aux cheveux blancs remarqua que ses mains étaient brulées. Comme si le liquide obscur avait été corrosif. Comme si sa nature était néfaste. Maria utiliserait des gants pour la suite. Inutile de se blesser d'avantage pour une tentative probablement désespérée de sauver quelqu'un.

    Arrivant finalement jusqu'à chez elle, la fossoyeuse enfonça presque sa porte, sous les rires télépathiques d'azeria qui commentait presque chacun de ses faits et gestes. Ce n'était pas moqueur, mais plutôt cynique. La spectre ne voyait visiblement pas l'intérêt d'entretenir la vie chez un autre être vivant que Maria. Pourtant, elle assista tout de même la fossoyeuse lorsque cette dernière déposa l'inconnue contre sa table et commença à étendre ses outils chirurgicaux. La salle à manger ne se prêtait pas à pareilles opérations. Et la boue représentait probablement un danger silencieux pour celle qui se faisait opérer mais... Tant pis. Dans un geste rapide, la préparatrice mortuaire attrapa le lait de pavot qu'elle se gardait habituellement pour les soirs où sa malédiction la torturait plus qu'à l'accoutumée et déversa l'entièreté de ce dernier dans la gorge de l'étrangère après avoir pris soin de retirer son mystérieux masque. Ce qu'elle allait faire allait faire mal. Alors. Autant tenter d'apaiser la douleur de la femme. S'affairant à sa tâche, Maria prit le temps de regarder le visage à moitié "brulé" de la créature qu'elle tentait de maintenir en vie. Puis la voix du spectre résonna dans son esprit.

    - Je ne pense pas que tu puisses soigner cette blessure... Attention, je crois qu'elle perd conscience.

    L'inconnue était allongée dans le lit de Maria. Elle respirait, mais demeurait toujours inconsciente. La fossoyeuse, elle, la fixait d'un regard fatigué tandis qu'elle redéposait de nouveaux bandages sur ses doigts brulés. Depuis combien de temps veillait-elle l'étrangère? Elle ne savait pas. Mais elle savait cependant qu'elle s'était coupée trois fois. Frappée contre le coin de la table quatre fois. Toussotant, la fossoyeuse observa ses habits ruinés par la boue, le sang et la pluie. Il fallait également qu'elle aille prendre un bain, potentiellement, ne serait-ce que pour éviter de propager des germes sur celle qu'elle venait de "sauver".

    S'éloignant finalement du corps endormi, la préparatrice mortuaire quitta donc sa chambre pour aller se laver. Ce fut un nettoyage rapide, sans véritable plaisir prit à se plonger dans l'eau chaude. Si la jeune femme se réveillait, Azeria viendrait la prévenir. Tout du moins, c'est ce que la protectrice de la femme aux cheveux blancs lui avait dit. Séchant finalement sa chevelure, la jeune femme s'habilla et quitta la salle de bain pour préparer rapidement à boire et à manger. Quand la demoiselle plus haut ouvrirait finalement les yeux, elle aurait sans doute faim. Ou pas. Au pire elle, mangerait sa préparation. Son ventre grognait légèrement, mais il y avait plus important. Maria dévouait presque exclusivement son existence au mort, mettant souvent ses envies de côtés alors, pour une fois elle pouvait bien le faire également pour une vivante. La voix de la spectre résonna dans son esprit de nouveau, lui signifiant le réveil de l'étrangère. Lorsqu'elle franchit finalement la porte de sa chambre, la fossoyeuse laissa ses yeux gris glisser doucement sur les traits de celle qui venait de s'éveiller. Dans un sourire un peu gêné, elle vint déposer le plateau de nourriture contre la table de chevet, reculant légèrement pour ne pas effrayer l'inconnue. Et pour ne pas provoquer une situation qui forcerait Azeria à intervenir.

    - Je.. Vous êtes en sécurité.. Si vous voulez, mangez. Vous avez besoin de force.

    Machinalement, Maria commença à gratter le dos de sa main, défaisant sans le vouloir les quelques bandes de tissus qui recouvraient son derme brûlé.
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    Karsa
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  • Jeu 9 Mar - 21:51
    Elle se sentait partir. Elle n'arrivait plus à lutter, alors qu'elle sentait qu'on la déplaçait. Tombant dans un coma fiévreux, elle crut apercevoir une ombre étrange au travers des fentes de son masque. Maintenant inconsciente, son esprit toujours en alerte lui jouait de vilains tours. Karsa avait l'impression que des multiples mains fouillaient ses entrailles, ses viscères étant étalés hors de son abdomen, flottant dans un liquide vaporeux noir. Elle-même flottait dans une sorte d'endroit sombre, sans issue, où apparaissait à divers endroits hasardeux le visage furibond du mage élémentaire. Elle essayait toujours de fuir, de se défendre, cependant ses mouvements étaient si lents, si lourds et surtout futiles. Elle entendait les aboiements des chiens, les cris, puis un bruit familier. Un bruit qui glaça la vie qui coulait en elle. Un crépitement. D'abord léger, puis qui se fit plus fort, pour se faire ensuite plus cinglant. Du feu. Des flammes. Dans un hurlement silencieux, la jeune femme tenta de courir, mais ses jambes faisaient du sur place et aucun feu ne fit son apparition. C'était seulement son bruit qui résonnait autour d'elle en échos moqueurs, menaçant et cruel. Épuisée, elle se laissa glissa plus profondément dans les méandres de son sommeil, sentant les âpres de la Mort venir caresser son visage torturé. Karsa savait pourtant que son heure n'avait pas sonnée. La femme brune se recroquevilla dans son espace inconscient, oscillant entre rêves lucides et léthargie abyssale. Elle crut ne jamais pouvoir se réveiller.

    L'ombra sentit d'abord une odeur de fleurs séchées. Une odeur succincte, aux notes herbacées. Il y eut un bruit d'eau. Ou plus un bruit de corps immergé dans l'eau. Karsa essayait de se concentrer comme elle le pouvait, combattant le sommeil qui menaçait de la ramener dans une narcose indésirable. Elle pouvait sentir ses jambes, toutes ankylosées. Elle bougea légèrement ses doigts, un à un, sans forcer. Elle avait des courbatures dans les bras et des fourmis lui piquaient le haut des mains. Ses cervicales la faisaient souffrir, et elle pouvait sans mal sentir les endroits sur son corps où des hématomes avaient dû apparaître. Pour autant, ce n'était pas ce qui tiraillait le plus la faiseuse, non. C'était la douleur affreuse et lancinante qui partait du haut de sa côte et la traversait jusqu'au bas de son ventre. Sondant la blessure, la jeune femme comprit que l'entaille ne devait pas être si étendue que ça, mais que l'emplacement et la cicatrisation provoquaient ses douleurs cuisantes. Quelqu'un avait pansé sa plaie, et elle pouvait sentir un arrière-goût de plantes médicinales dans la bouche. Elle respirait et expirait profondément, afin de réguler les sensations agressives qui la submergeaient de part en part. Son attention se reporta sur cette odeur de fleurs mortes. Même si l'odeur était discrète, il n'échappait pas au nez fin de la blessée. Elle prit une autre inspiration, pour mieux identifier les parfums qui la composaient. Des bleuets. Avec du liseron, un peu de lierre. Et... Du pavot ? C'était donc ça le goût qu'elle pouvait encore sentir sur sa langue.
    Des pas légers s'étaient rapprochés de l'endroit où se trouvait Karsa. Cette dernière n'avait toujours pas rouvert ses yeux, encore trop épuisée. Les pas étaient peu affirmés, et étaient accompagnés d'un bruissement de tissus. La personne pénétra dans la pièce, et l'ombra eut l'impression que l'espace se refroidit à son entrée. Peut-être était-ce le choc de la blessure, elle se réveillait à peine après tout. Elle se décida enfin à ouvrir les yeux, pour découvrir celui, ou plutôt celle, qui semblait être sa sauveuse.

    C'était le visage qu'elle avait vu avant de perdre connaissance. Ce n'était donc pas la personnification de la mort qu'avait vue Karsa, mais bel et bien une vraie personne. En détaillant plus le faciès manifestement souffreteux de la jeune femme, la blessée se dit que même si elle n'était pas la mort elle-même, elle avait l'air de la côtoyer. Karsa posa son regard vairon sur le plateau-repas déposé par son hôte. Elle n'avait aucune raison de douter d'elle, pourquoi cette créature se serait donné toutes les peines du monde à l'entraîner ici et la soigner pour ensuite l'empoisonner. Cela n'avait pas de sens. Même si l'ombra avait appris depuis bien longtemps que plus rien ne faisait vraiment sens, en ce bas monde. Étudiant la jeune fille, les traits de son visage, ses yeux miroirs sans cils et cette expression de profonde mélancolie qui faisait écho dans l'âme de Karsa. Elle n'avait rien contre son repas vraiment.

    - Je vous remercie. Malheureusement, je crois être encore dans l'impossibilité de me mouvoir convenablement. Je suis désolée pour l'inconvenance que j'ai pu vous causer, et vous cause encore en ce moment.

    Sa voix était rauque. Si elle ne pouvait pas se sustenter pour le moment, sa gorge lui criait de s'hydrater un minima. La mage n'osa pas lui demander si la jeune femme à la chevelure blanche avait été alpaguée par des hommes peu recommandables, surtout une personne en particulier. Elle s'interrogeait sur les lieux, s'ils étaient assez sécurisés et reculés de là où elle les avait semés. Même si pour le moment, ses pensées principales étaient toutes tournées vers cette apparition spectrale qu'était celle de sa sauveuse.
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  • Ven 10 Mar - 12:55
    Maria écouta en silence les paroles de la femme aux yeux vairons. L'espace d'un instant, la fossoyeuse crut se perdre dans son regard tandis qu'elle sentait dans son esprit les griffes acérées de la spectre qui venait énoncer son mécontentement. Non pas à l'égard de la personne en particulier, mais plutôt vis à vis du temps perdu à s'occuper d'une mortelle. Elle avait été sauvé. Elle était en vie. Alors inutile de perdre plus de temps. Autant la laisser se rétablir et passer à autre chose. Pourtant, la préparatrice mortuaire n'était pas d'accord. Outre le fait qu'elle se sentait encore dans l'obligation de s'occuper de l'inconnue, il fallait avouer que c'était la première fois depuis quelques temps qu'on lui adressait la parole sans la détester ou bien simplement pour la missionner vis à vis d'un cadavre fraichement trépassé.

    S'avançant doucement, Maria vint s'installer près de la blessée, tirant vers elle la chaise sur laquelle elle était restée durant toute la veillée. Observant le plateau repas et la jeune femme dans le lit, la fossoyeuse attrapa quelques coussins pour venir les placer doucement sous le dos de cette dernière avant de l'aider à se redresser doucement. Plus que tout, elle ne souhaitait pas rouvrir les plaies qu'elle avait eu tant de mal à fermer. Une fois l'inconnue "mise en place", Maria attrapa la cruche qui siégeait sur le plateau pour venir verser de l'eau dans le verre qui se trouvait à ses côtés. Un long soupir s'échappa de sa gorge lorsqu'elle constata les quelques gouttes qui étaient venues s'échouer sur ses mains, légèrement blasée par sa maladresse. Elle porta ensuite son regard gris sur la blessée et approcha doucement le contenant de ses lèvres.

    - Ne vous excusez pas. Buvez au moins. Si l'appétit n'est pas encore présent... Votre corps a besoin de boire.

    Elle attendit que la femme allongée accepte ou non de porter ses lèvres au verre, puis déposa ensuite ce dernier contre le plateau, reportant son attention envers elle après avoir pris le soin de déplacer la cruche de telle sorte qu'elle ne soit pas trop près du bord. Une question d'habitude, sûrement.

    - Je me nomme Maria Moonshire. Inutile de me donner votre nom si vous ne le désirez pas. Je... Je voulais simplement me présenter.

    Se sentant mal à l'aise, gênée, Maria se releva alors pour se diriger vers la coiffeuse qui se trouvait non loin du lit. Observant son triste reflet dans le miroir, la fossoyeuse sentit un léger sentiment de dégout s'emparer dans son être. Plus haut dans la pièce, l'aura glaciale d'Azeria venait mordre sa chair pâle. Puis sa voix résonna dans son esprit, entamant une discussion télépathique.

    - Tu es très attentionnée Maria, mais fais attention, nous ne savons rien d'elle... Ni d'où elle vient, ni ce qu'elle veut.
    - Même si elle nous voulait du mal. Dans son état... Mais je te remercie de t'inquiéter. Veille sur moi encore un peu, d'accord?
    - Naturellement, je ne veux que ton bien, ma petite chrysanthème immaculée.  

    Soupirant doucement, la fossoyeuse attrapa l'étrange masque de la blessée puis se retourner pour revenir au niveau du lit. Elle déposa ce dernier doucement sur le lit, au niveau des bras de la demoiselle au visage marqué. Elle lui tendit un sourire timide, étrange de par le manque d'habitude qu'avait la jeune femme à sourire. Puis, comme du sable emporté par le vent, son air mélancolique refit son apparition.

    - Votre masque est sublime. J'ai rarement vu de motifs aussi détaillés et aux formes aussi particulières. Elle réalisa que son interlocutrice pouvait penser qu'elle souhaitait qu'elle le remette, enchainant tout en béguayant. Je voulais simplement vous montrer que je l'avais gardé près de vous! J'ai l'impression qu'il vous importe. Je ne sais trop pourquoi.

    A nouveau gênée, elle joignit ses mains le long de son corps, s'éloignant un peu du lit tout en continuant d'observer celle qu'elle avait recousu.

    - Si vous avez besoin de quoique ce soit. N'hésitez pas.

    *
    *  *


    Richard et Smothler observaient de loin le cimetière et le bâtiment qui dominait ce dernier. Les deux brigands, à demi dissimulés dans le bois, avaient tenté de retrouver la trace de la fugitive. Les chiens avaient eu du mal, vraiment, à tel point que leur chef s'était énervé et avait ordonné une fouille plus intense de la région. Certains s'étaient encore plus enfoncés dans le village. D'autres, en revanche, étaient allés voir près du village comme eux. Richard pointa du doigt la maison de la fossoyeuse, attirant l'attention de son camarade.

    - On devrait aller voir là bas nan?
    - Tu rigoles? J'ai déjà la frousse de me balader ici. J'ai pas vraiment envie d'aller voir chez la sorcière.
    - Le patron va gueuler si on lui dit qu'on a pas fouillé c'te barraque.
    - Ouais bha, on s'en foutra bien si elle nous change en crapaud ou nous refile la fièvre noire. Allez viens, on va voir au village. Ils ont ptètre vu passer cette garce.

    Quittant leur planque, les deux malfrats échangèrent encore quelques mots, se carapatant loin du cimetière comme si ce dernier allait les engloutir. Le village, s'il n'était pas très loin du cimetière, se trouvait tout de même à une bonne dizaine de minutes de marches. Donc autant commencer à chercher la fugitive là bas.

    Après tout, qui irait se réfugier chez la Guenaude?  
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    Karsa
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  • Mar 14 Mar - 22:35

    Sa sauveuse semblait aux petits soins avec elle. Alors que cette dernière se pencha pour l'aider à se redresser, Karsa ressentit une nouvelle fois un frisson glacé lui parcourir l'échine. La blessée se raidit, aux aguets. Elle se sentait observée. Non pas par Maria, mais par autre chose. Seulement, elles étaient seules dans cette petite pièce. La faiseuse scrutait les ombres, pour y trouver une réponse. Rien. Rien de concret en tout cas. Des vagues échos lui revenaient, en bribes, qui lui parlaient toujours de ce froid anormal. En se calant un peu plus confortablement, la femme brune prit enfin la décision de boire, ce qui lui arracha une grimace de douleur lorsqu'elle eut le mouvement pour avaler. Elle caressa du bout des doigts là où la douleur se faisait la plus insupportable, comme pour conjurer un mauvais sort. L'aventurière laissait la jeune fille la regarder, faisant mine d'étudier le mur en face d'elle. Elle se sentait étonnamment à l'aise avec cette personne, qui ne semblait pas s'offusquer outre mesure de son visage à moitié brûlé, ce qui témoignait d'un vécu certain.
    Après, elle l'avait traînée d'une fosse commune, ce qui en disait long sur l'aplomb de cette femme aux cheveux blancs qui apparaissait si frêle aux premiers abords. Si elle n'avait pas cette sensation étrange et glacée qui l'enveloppait de plus en plus, s'insinuant sous les couvertures, sous les gazes des pansements, rampant sous la peau diaphane de Karsa pour saisir ses os et les faire frémir.

    Se concentrant pour se réchauffer comme elle le pouvait, elle ne fit pas attention à Maria qui se dirigeait vers une coiffeuse désuète pour prendre dans ses mains un objet qu'elle ne reconnut que trop bien une fois qu'elle revint vers elle. Son masque. Il avait été nettoyé, et portait aucune trace de terre ou de sang sur les parties vernies couleur ivoire. Le cœur de Karsa fit un bond dans sa poitrine à sa simple vue, et elle tendit une main avide pour récupérer son bien. La jeune fille aux yeux gris faisait aller et venir son regard morose entre la faiseuse et son masque, faisant remarquer qu'il semblait être précieux pour la blessée.

    - Je vous vous remercie d'en avoir pris soin. Effectivement, c'est un item auquel je tiens particulièrement. Dit-elle en le posant sur ses genoux. Nous venons du même endroit après tout, lui et moi. Elle passa un index sur la dorure qui reliait les deux moitiés de son masque, reliait, mais aussi séparait l'une des face damier de l'autre ivoire. La surface vernie émit un bruit agréable, le bruissement du matériau ombra sonnait comme une mélodie à ses oreilles. Un léger sourire flottait sur ses lèvres d'un rouge pâle.

    La femme brune remarqua que son hôte n'était pas très au fait des conventions sociales, et paraissait mal à l'aise dans ses discussions. Elle-même n'était pas un exemple de divertissement, alors elle ne pouvait pas vraiment l'encourager outre mesure. En guise de signe d'apaisement, elle ne trouve rien de mieux à faire que lui esquisser un autre sourire, en prenant soin de tourner son profil défiguré vers un côté qui lui était peu visible, afin de ne pas lui montrer un rictus maladroit. Bien qu'elle avait appris il y a longtemps à ne plus s'embarrasser de complexes et autres sentiments inutiles sur son apparence sortant un peu de l'ordinaire, il lui était désagréable d'y être rabaissée, il était juste vexant d'être  réduite uniquement à son visage. Son orgueil lui exprimait qu'elle pouvait être bien d'autres choses. Quelles étaient ces choses, Karsa ne s'était pas encore posé ces questions très en profondeur, laissant la métaphysique pour les prochaines années à venir. Quand on avait une longue vie devant soi, certaines interrogations paraissaient plus futiles que d'autres. La raccommodée laissa échapper un soupir las, pour poser son regard morne sur la jeune fille aux yeux remplis de nuages.

    - Vous vivez ici ? C'est vous qui étiez au cimetière tout à l'heure. Vous y travaillez ?

    ***



    Vizalys était un homme de peu de mots. Il aimait le travail concis, bien fait et sans embûches. Or, en ce moment présent, il en avait plusieurs qui lui venaient en tête. Et des pas très élégants qui plus est. Rien n'allait en son sens, et ça commençait joliment à lui taper sur le système. Avoir des hommes pas foutus de retrouver une gonzesse, seule qui plus est, c'était un comble. Il mâchonnait une herbe violacée, lui colorant les dents de la même nuance que la plante. Ses iris étaient dilatés. Ses cheveux, habituellement plaqués en arrière étaient légèrement décoiffés et lui donnait un air négligé, qui s'il ne dégageait pas une aura meurtrière, aurait pu lui seoir. Il était assis, les jambes largement écartées, une main sur un genou, son manteau de cuir rejeté en arrière. Il avait posé son tricorne sur son autre genou, et tapotait nerveusement du talon. Des traces de terres éclaboussaient son visage aux traits marqués, endurcis par la violence. Ses hommes autour de lui ne pipaient pas mot, seuls les chiens jappaient joyeusement, n'ayant que faire des maux dont pouvait bien souffrir leur maître. Il attendait. Autour de lui, ses hommes ne pipaient mot, seuls les chiens jappaient joyeusement, n'ayant que faire des maux dont pouvait bien souffrir leur maître. Tout à coup, les sens des chiens s'exaltèrent, manifestant l'arrivée très proche d'un ou de plusieurs compères. Vizalys releva la tête, puis calmement remis son tricorne de feutre en place. Un objet étincela sous sa paume. C'était le manche orné d'une cravache en cuir, silhouette comminatoire accrochée à la ceinture du mage.  

    - Smothler. Rich. Il prononça les noms de ses subalternes avec une voix terne, sans grande tessiture. Pourtant, une fermeté certaine se faisait ressentir dans son ton, et les deux hommes revenus de leurs recherches se hâtèrent vers leur patron, haletants encore de leur course. Ils le saluèrent brièvement, non sans un certaine appréhension.
    - Vous êtes seuls à ce que je vois.
    - On a fouillé le village, Viz. Y a des vivres et des femmes à faire tourner des têtes, et même que- Smotler s'arrêta net. Le mage, toujours assis, avait effleuré d'une main menaçante l'objet noué à sa taille.
    - La fille ?  
    - On ne l'a pas trouvé. C'était Richard qui avait parlé. Plus sûr de lui, il fit un pas en avant, droit comme la justice. Ce qui pouvait paraitre ironique étant donné la situation.
    - Le cimetière. Cette maison.
    - Mais... Enfin...Smotler était devenu tout pâle, et comme pour chercher refuge, il se tourna désespérément vers son acolyte. Richard se retint de pousser un soupir blasé. Il les avait vendus. L'abruti.
    - Elle est habitée par une fillette sinoque, et mal foutue par-dessus ça. Personne y fout les pieds, Viz.
    L'homme au tricorne se leva enfin, lentement. Retenant leur respiration, les deux collègues le regardèrent sans bouger, l'un ne quittant pas la main proche de la ceinture, l'autre les yeux de son patron. Tel ne fut pas leur surprise lorsqu'ils virent un sourire carnassier sur le visage du mage, une lueur étrange brulant dans son regard noir. Il rassembla les chiens, et se tournant dans la direction du cimetière dit à ses hommes sur un ton enjoué :

    - On y va.
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    Maria Moonshire
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  • Mer 15 Mar - 1:46
    Lorsqu'elle posa sa question, Maria demeura quelques instants silencieuse. Elle. Elle voulait en savoir plus sur elle? Non. C'était de la politesse. Ou bien elle se méfiait. Elle craignait peut-être qu'elle se soit emparée de la maison de quelqu'un d'autre? Qu'elle aurait tué pour venir sauver quelqu'un d'autre? Que c'était une voleuse? Avait-elle l'air d'une voleuse? Prise d'une anxiété étrange, Maria attrapa machinalement les plus de sa robe, un peu paniquée et ne prêtant pas attention à la spectre qui volait doucement au dessus d'elle et venait déposer ses mains sur ses épaules. La fraicheur cadavérique calma presque instantanément la fossoyeuse qui fixa son regard dans les yeux de la blessée.

    - Oui. Ceci est ma demeure. J'y vis depuis... Je crois que j'ai toujours vécu ici, avec mon père. Avant qu'il ne meure, tout du moins. Et pour le cimetière, oui, c'était moi. Elle marqua une pause, hésitante. Et encore oui.

    Elle s'éloigna un peu, remettant en place quelques objets qu'elle avait fait tomber le matin lors de son réveil. Si elle faisait ça pour remettre de l'ordre dans la pièce, c'était avant tout un moyen de se déstresser. Jusqu'à présent, toutes les personnes avec qui elle avait pu parler s'étaient éloignées d'elle au moment même où elle avait évoqué sa profession si... Particulière. La Mort effrayait bon nombre de personnes et celles et ceux travaillant à ses côtés étaient bien souvent considérer comme des monstres, seulement tolérés à cause de leur utilité. Encore plus depuis la recrudescence de la folie de la goule. Est-ce que cela serait le cas ici aussi? Et cela avait-il vraiment de l'importance, après tout? De nouveau, une étrange anxiété vint se manifester chez la préparatrice mortuaire qui prit une profonde inspiration tandis que les griffes glacées d'Azeria se posaient sur ses joues pâles.

    - Je suis la fossoyeuse de ces terres. Je m'occupe des morts afin qu'ils trouvent le repos qui leur est dû. Je les accompagne une dernière fois. Comme une dernière compagne. Qu'ils soient célèbres ou non. Qu'ils soient entourés, ou non. Je fais également en sorte que les corps déformés et déchirés soient présentables. Que l'horreur du trépas devienne une simple pâleur froide. Que les familles n'aient en dernier souvenir qu'un corps endormi plutôt que mutilé. Elle s'arrêta quelques instants, se sachant emportée par son propre discours. D'une certaine façon, c'est cela qui m'a permis de vous maintenir en vie.
    - Cela, et mes conseils.

    Un long frisson glissa alors dans le dos de la jeune femme. Si elle était habituée à converser avec l'esprit qui accompagnait son quotidien, les intrusions psychiques de cette dernière pouvaient parfois être... Surprenantes. Surtout pour des précisions qui n'étaient pas nécessaires. Reprenant un peu de sa contenance, Maria contourna le lit pour venir allumer l'âtre de la cheminée. Utilisant un briquet, elle observa les amorces prendre avec un léger sourire avant de retourner à son air blasé lorsque l'incandescence s'ébranla et plongea l'âtre dans une lumière orangée. La vague de chaleur, bien qu'agréable, était parasité par la fraicheur dont la préparatrice mortuaire était familière. Elle se retourna cependant vers l'inconnue, la fixant de ses yeux gris.

    - Navrée de ne pas l'avoir fait plutôt, vous devez être frigorifiée. Surtout, comme dit plutôt, s'il vous faut quelque chose, n'hésitez pas. Même pour une autre couverture. Je dois bien avoir cela quelque part.

    La présence volant au dessus de Maria s'affola alors légèrement. Quelque chose, ou quelqu'un, s'approchait de sa demeure et traversait actuellement le cimetière. Et Maria n'attendait aucune visite. Plongeant son regard terne sur la blessée, la fossoyeuse lui fit un signe discret, posant son index sur ses lèvres émaciées. Comme si elle se doutait que cela avait un lien avec la rescapée. Azeria, quant à elle, était déjà sortie, pour au moins apercevoir de ses propres yeux les potentiels intrus. Quand elle revint enfin dans la demeure, apparaissant devant Maria, elle l'informa du nombre et des intentions des hommes qui se trouvaient à présents à quelques pieds de sa maison. Ils n'étaient pas là pour parler beau temps. D'autant qu'il pleuvait. Soupirant doucement, la préparatrice mortuaire laissa la femme au visage marqué pour descendre les marches de l'escalier menant à l'entrée de son habitation. Derrière elle, l'humaine pouvait sentir toute l'excitation et la rage du spectre qui l'accompagnait. Car si elle s'était montrée désagréable vis à vis de la blessée et du temps que Maria pouvait perdre, elle détestait par dessus tout qu'on tente de s'en prendre à sa protégée. Sortant de ses pensées pour venir s'approcher de la porte, la fossoyeuse ouvrit finalement cette dernière, au moment même où l'homme derrière s'apprêtait à frapper, lui arrachant un air particulièrement surpris et... Apeuré.

    L'homme était, évidemment, bien plus grand qu'elle. Son air bourru et son visage couturé de cicatrices lui donnaient un semblant de grand guerrier. Tout du moins, cela aurait été le cas si ses loques ne rappelaient pas son statut d'aventurier. A sa ceinture, une grande lame courbée pendait nonchalamment, seulement retenue par un anneau d'arme relié à une attache en cuir. Ses braies, de couleurs rouge, avaient perdu de leur éclat et adoptaient à présent un teint beaucoup plus terne. Et sale. Au niveau de son torse, un simple gambison venait recouvrir une chemise usée par le temps et ses mains caleuses étaient quant à elles à moitié recouvertes par des mitaines de cuir rapiécé. Ses cheveux étaient gras, mi-longs, et une moustache mal taillée venait recouvrir des lèvres trop grosses. Globalement, le bougre n'aurait pas été très impressionnant face à n'importe quel officier républicain ou autre chevalier. Mais il se trouvait actuellement devant une jeune femme au visage fatigué et ne dépassant pas le mètre soixante alors... Le brigand voulait en profiter. Roulant des épaules, ce dernier posa son avant bras sur le cadran de la porte, plongeant ses yeux bruns dans ceux de la jeune fossoyeuse.

    - Bonsoir ma jolie. On va pas t'déranger longtemps. On cherche quelqu'un. Une putain. Elle doit faire à peu près ma taille. Détail important, elle saignait comme une truie égorgée la dernière fois que nous l'avons vue.
    - Je... Je ne vois pas de quoi vous parlez. Elle détourna légèrement les yeux, n'appréciant pas réellement la proximité du pauvre badaud. Pourriez-vous reculer, s'il vous plaît?

    Un rire gras s'échappa de la gorge du chien galeux à l'apparence humaine. Un rire communiqué à ses trois amis qui l'accompagnaient. Visiblement, la gêne de la jeune femme les amusait. Comme des vautours piaillant autour d'un morceau de viande encore frais.

    - Ecoute moi bien. Je sais que cette salope est ici. Quelque part. Donc non. Je vais pas m'éloigner, et si tu coopères pas, je vais même m'approcher. Beaucoup.
    - S'il vous plaît... Partez... Ne la forcez pas...  
    - Hahaha, forcez qui hum? L'autre fuyarde?
    - Non. Moi.

    Naturellement, l'homme n'avait pas entendu la phrase prononcée par la spectre. Tout comme il n'avait pas vu que la peau du bras qui reposait contre le cadre de la porte s'était désagrégée petit à petit. Pourtant, il laissa un cri s'échapper de sa gorge bouffie lorsqu'il ressentit enfin le pic de douleur. Tandis qu'il reculait, tenant maladroitement le reste osseux de son bras, le bandit peinait à comprendre ce qu'il se passait. Ses alliés, eux, sortirent leurs armes, avant de lâcher à leur tour un cri terrifié en apercevant que la tête de Richard s'était à présent décrochée et lévitait à quelques centimètres de son corps mou. L'air devenait glacial, et ici et là quelques yeux fantomatiques semblaient observer les bandits depuis la brume épaisse du cimetière. Maria, elle, se tenait toujours dans l'embrasure de la porte. Silencieuse tandis qu'elle les observait d'un air triste. Car elle savait ce qu'il se passait. Ils s'étaient aventurés sur le territoire de la Guenaude et l'avait menacée. A présent, Elle était en colère.

    Et ils allaient en payer le prix.
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