DiscordDiscord  
  • AccueilAccueil  
  • CalendrierCalendrier  
  • FAQFAQ  
  • RechercherRechercher  
  • MembresMembres  
  • GroupesGroupes  
  • S'enregistrerS'enregistrer  
  • ConnexionConnexion  
  • bienvenue
    ×
    navigation rapide
    lore
    général
    systèmes
    jeu

    menu
    Top-sites
    Votez!
    top sitetop sitetop sitetop site

    Derniers messages

    Avatar du membre du mois
    Membre du mois
    Mégère

    Prédéfinis

    PrédéfiniPrédéfiniPrédéfini
    Ombre et Souffrance [PV Karsa] I7Vm50z
    Gazette des cendres
    Hiver 2024
    Lire le journal
    #5
    RP coup de coeurCoeur

    RP coup de coeur

    Le Chant des Ronces
    Derniers sujets
    La lune et ses étoiles - PAAujourd'hui à 3:31PNJ
    Théorie du ComplotAujourd'hui à 3:23Mortifère
    Fissurer le marbre [Siame - Rêve]Aujourd'hui à 1:53Rêve
    Mon Voisin Du DessusAujourd'hui à 1:36Dimitri Chagry
    [Challenge] L'Ombre ailée de la jungleAujourd'hui à 1:34Dimitri Chagry
    Une Shekhikh pour un déchuAujourd'hui à 0:14Kilaea Sliabh
    2 participants
    Aller en bas
    Citoyen de La République
    Citoyen de La République
    Maria Moonshire
    Maria Moonshire
    Messages : 22
    crédits : 307

    Info personnage
    Race: Humain
    Vocation: Mage soutien
    Alignement: Neutre
    Rang: C
    qui suis-je ?:
    https://www.rp-cendres.com/t1411-terminela-vie-n-est-qu-un-trait-fait-au-crayon-la-mort-elle-passe-la-gomme
  • Mar 7 Mar - 22:47
    Toussotant doucement, Maria s'éveillait de nouveau sur un monde qui la détestait. Ses rêves avaient été, comme d'habitude, maussades et sans saveur. Il n'y avait dans ses songes aucune émotion positive. Aucun souvenir agréable. Même son subconscient, stimulé par son sommeil, ne parvenait pas à éveiller la moindre notion de plaisir ou de joie. Une pluie infinie. Triste. Grise. Frottant ses paupières, la jeune femme sentit quelque chose d'anormal contre ses mains. Les sourcils étaient tombés il y a trois jours. Les cils, eux, venaient de tomber ce matin. Un long soupir s'échappa de la gorge de la fossoyeuse tandis qu'elle se redressait doucement. Sa peau semblait brûler. Une douleur lancinante dans les cuisses. Qui remontait doucement le long de ses membres comme une poison insidieux.

    Ses pas touchèrent le plancher de sa chambre dans un bruit doux tandis qu'elle se dirigeait doucement vers la coiffeuse qui siégeait silencieusement près d'une armoire. Toujours sans un mot, Maria observa son triste reflet. Ses cernes, creusées, donnaient à son visage un air de cadavre ambulant. Déposant les restes de cils contre le bois de la coiffeuse, la jeune femme passa ses doigts fins dans sa fine chevelure. Derrière elle, la forme éthérée d'Azeria se matérialisait peu à peu. Et avec elle, une fraicheur désagréable se répandit dans la pièce. Un air froid auquel la thanatopractrice s'était habituée aux fils des années.

    - Un autre jour se lève ma chère. Et le travail t'attend.
    - Combien de temps?
    - Je ne saurais le dire. Mais inutile d'y penser. Des bandits ont fait des ravages dans la région. Pense aux morts. Aux soins qui les attendent. Là. Dans la fosse. Ils t'attendent, ma chère. Ne veux-tu pas t'occuper d'eux? Souhaites-tu laisser ces pauvres âmes errer? Comme moi?
    - Jamais.

    Un léger coup de brosse, un ruban passé dans les cheveux pour les attacher. Puis une robe, délavée, enfilée à la va-vite. Les quelques marchent furent descendue rapidement, Maria se sentant étrangement pressée par son propre travail. Elle ne prit même pas le temps de déjeuner. Après tout, ce n'était pas la première fois. Peut-être avalerait-elle quelque chose plus tard. Ou pas. Ce n'était pas important. Prenant soin de tout de même fermer la porte de sa demeure, Maria soupira doucement. Il pleuvait. Evidemment. Le sort s'acharnait, comme d'habitude. Azeria, elle, souriait toujours. Compatissante tandis qu'elle déposait doucement sa main transparente sur la joue de la frêle créature. C'est vrai. Il y avait pire que quelques gouttes d'eau. Se tournant sur le côté, la fossoyeuse attrapa sa pelle et se mit en route vers la fosse. Le travail l'appelait.  

    Cette dernière n'était en vérité pas très éloignée de son habitation. C'était logique, étant donné qu'elle s'était installée dans son ancienne demeure familiale afin de veiller sur le cimetière. Au final, des myriades de tombes se déployaient en spirale autour de sa maison, renforçant encore plus son image de Guenaude auprès de la population locale. Maria s'en moquait. Au moins, cela évitait les accidents. Sortant de ses pensées alors que ses pas la menaient devant la fosse commune, la fossoyeuse soupira doucement en observant les nombreux cadavres entassés. Comme d'habitude, les macchabés avaient été jetés lamentablement. Comme s'ils n'avaient aucune valeur. Comme des âmes anonymes inutiles à une nation indifférente.

    Les premiers coups de pelle furent compliqués. Malgré la pluie, la terre n'était pas encore assez molle pour permettre de creuser facilement. Maria pressa son pied contre le bord métallique, lui permettant de mieux enfoncer le tranchant de son outil. Et puis la terre fut projetée. Encore. Et encore. S'approchant des décédés, Maria analysa le premier corps qu'elle s'apprêtait à enterrer. Un homme, jeune, blond, au visage torturé par la douleur. Une longue plaie courrait le long de son torse tandis que ses lèvres blanchies témoignaient d'une exsanguination fatale. Ses yeux vitreux étaient encore ouverts. Dans un soupir, l'enfant maudit ferma une dernière fois ses paupières avant de trainer la dépouille jusqu'au trou creusé. Puis la préparatrice mortuaire passa à un autre corps. Chaque fois, elle analysait la cause de la mort, sous le commentaire parfois cynique du spectre qui l'accompagnait constamment. Parfois, Maria trouvait un effet personnel ou une richesse oubliée. Rarement, elle se sentait affectée par ce qu'elle voyait. Même lorsqu'elle s'occupa d'un enfant au corps criblé de flèches. Les bandits étaient sans foi ni loi. Azeria le disait souvent.

    Combien de temps passa? Deux heures? Trois? Aucun réel moyen de le savoir à cause de cette pluie battante. Le soleil semblait désireux de rester masqué par les nuages noirs. A vrai dire, seule une pauvre lanterne que la fossoyeuse avait déposé près d'elle permettait d'y voir à peu près quelque chose. Ce n'était pas aujourd'hui qu'elle découvrirait de nouvelles personnes. Ou qu'elle se dirigerait vers la ville pour acheter quoique ce soit. Non, cela allait être une nouvelle journée de travail. Sans loisir. Comme un vieux mécanisme abîmé par un usage intensif et peu précautionneux. Car c'était ce qu'elle avait l'impression d'être, parfois. Un pantin désarticulé qui ne bougeait que pour endormir une dernière fois les morts. Essuyant son front trempé une fois son travail achevé, la préparatrice mortuaire s'étira pour soulager son corps fourbu. Puis, elle tourna la tête machinalement vers l'orée du bois entourant le cimetière. Un bruit. Un craquement sourd venait d'attirer son attention.

    Quelque chose était là. Dans l'ombre. Et ça s'approchait.
    Citoyen du monde
    Citoyen du monde
    Karsa
    Karsa
    Messages : 30
    crédits : 1123

    Info personnage
    Race: Ombra
    Vocation: Mage élémentaliste
    Alignement: Loyal Mauvais
    Rang: D
    qui suis-je ?:
    https://www.rp-cendres.com/t1002-karsa
  • Mer 8 Mar - 0:08
    Fuir. Il fallait fuir. Filant à travers les bois, une main plaquée contre son abdomen d'où une masse noire s'en échappait, Karsa courait à en perdre haleine. Des clameurs résonnaient au loin, entremêlées d'aboiements de chiens furieux et claquements d'épées. Elle s'était fait avoir, maudit soit le ciel. Elle n'avait pas l'habitude s'éloigner autant de ses territoires de prédilection, pourtant la mission semblait banale et le client tout aussi ordinaire. Cependant, une chose escaladant une autre, son client s'était retrouvé les tripes à l'air et la faiseuse avec une bande de brigands aux trousses. Chose plus inquiétante encore, un mage semblait faire partie du lot, ayant l'air d'avoir eu sa curiosité piquée par la jeune femme. Ce qui ne présageait habituellement rien de bon. Elle avait réussi à lutter quelque temps, jouée de ses ombres et de petites illusions, rien de grandiose, mais qui eurent le succès escompté : l'opportunité de fuir. Elle avait réussi à prendre de l'avance, non sans se prendre un coup de hache bien placé dans le ventre, et ne préférait même pas pour le moment jeter un œil à l'ampleur des dégâts, sentant ses viscères se frayer un chemin hors de son corps mince.

    Maudissant toute la génération de son attaquant, elle s'esbignait autant que faire se pouvait, sautant par-dessus branchages et buissons, ne prenant aucunement compte de la direction dans laquelle elle pouvait bien aller. C'était bien le cadet de ses soucis. Alors qu'elle se permettait de ralentir l'allure pour reprendre son souffle, elle sentit le sol se désagréger sous ses pieds, pour former un trou de taille assez conséquente pour la faire chuter. La faiseuse jeta un regard alerté derrière elle. Un mage élémentaire, il ne manquait plus que ça ! Se retournant face à son adversaire, elle lança des aiguilles de glaces visant son faciès patibulaire, profitant qu'il se protégeait le visage, elle gela la terre meuble juste à ses pieds, déséquilibrant le mage. Pestant, gesticulant comme un diable, l'homme en habit sombre retrouva vite son équilibre, la glace de Karsa se faisant engloutir par la terre de l'élémentaliste. Qu'à cela ne tienne, elle avait pris de l'avance, et continuait sa course folle au travers de la forêt, humide et hostile. Elle remercia le destin qu'il faisait encore sombre, sachant pertinemment que l'aube ne tarderait bientôt plus. La jeune femme masquée devait absolument trouver une issue. Elle pouvait entendre ses poursuivants se rapprocher dangereusement d'elle.

    - Choppez-là !
    - Vizalys la veut vivante !
    - Tirez-lui dessus !

    Taisez-vous, taisez-vous, taisez-vous ! Le silence, le calme, la plénitude. Karsa essayait de faire le vide dans son esprit. Sa vision s'était rétrécie, ne voyant plus qu'un couloir vert d'arbres et de rochers défilant à toute vitesse. Elle dérapa contre une roche humide, manquant de tomber, laissant presque l'occasion à un des chiens sur ses talons de lui attraper la cheville de ses crocs acérés. D'un coup de pied rageur, elle envoya valser la bête, puis décida de prendre un virage, s'enfonçant toujours plus profondément dans l'océan de verdure qu'étaient ces bois. Les bandits ne s'étaient peut-être pas attendus à ce qu'elle eût un revirement pareil, certainement parce qu'ils connaissaient les lieux mieux qu'elle. Toujours est-il qu'elle pouvait les entendre hésiter, se demandant quelle direction leur proie avait-elle pu prendre. Profitant de cette aubaine, la jeune femme brune voulut accélérer, mais s'en retrouva bien incapable. Elle avait perdu trop d'essence vitale, ses jambes commençaient à devenir dangereusement cotonneuses et sa vision se troublait. Son cœur se mit à battre plus vite. Plus vite que ce que sa course pouvait lui imposer, c'était maintenant la peur qui rythmait ses battements. Elle ne pouvait pas mourir ici. C'était impossible, cela lui était interdit. Pas ici, pas de leurs mains. Avec un effort titanesque, elle réussit à faire obéir ses jambes, et accéléra la cadence. Son organisme lui criait de tout arrêter, de s'allonger, lui réclamait des soins. Elle eut une pensée furtive pour son île, ce qui faillit lui arracher une larme. Une larme de rage. La femme masquée poussa un grognement de colère, et se tourna vers ses assaillants, visant les yeux des canidés furibonds, créant des illusions mêlées à ses ombres, faisant croire aux forbans que des créatures reptiliennes, difficilement identifiables leur rampaient dessus. Se délectant des hurlements de terreur de certains, elle en profita pour lancer une dernière attaque, puis sentant que ses forces la quitteraient certainement si elle se servait encore de sa magie, elle prit une nouvelle fois la poudre d'escampette avec toute l'énergie du désespoir. Ayant un mauvais pressentiment, Karsa évita de peu plusieurs trous et attaques lancées par le mage élémentaire, qui restait le seul plus proche d'elle.

    Alors que tout espoir de réussite commençait à la quitter, elle crut voir des lueurs au loin. Un lointain pas si loin, si elle y mettait ses dernières forces. Alors elle se démena, comme une bête acculée. Ne se souciant plus de ce qui pouvait se tramer derrière elle, elle ne pensait plus qu'à cette issue salvatrice. Tant pis si une falaise l'attendait au bout de cette ligne droite, baste si c'était un village infesté de monstres. Elle n'en avait que faire. Tant qu'elle pouvait se jouer de celui qui semblait si prompt à s'emparer d'elle.
    Elle déboula de la lisière des bois, tel un sanglier blessé, se retrouvant entraîné par sa propre vitesse. Elle trébucha, et titubant, s'écroula sur un sol étrange. Un sol mou, inconstant, malodorant. Sonnée par sa chute, elle ne réalisa pas tout de suite qu'elle avait tout bonnement et simplement valdingué dans une fosse commune. Quand ce fut le cas, elle éclata d'un rire sordide. La vie était décidément bien cynique. Avant de se laisser porter dans les bras de l'inconscience, elle crut apercevoir le visage émacié de la Mort, revêtant les traits d'une jeune fille aux cheveux blancs.
    Citoyen de La République
    Citoyen de La République
    Maria Moonshire
    Maria Moonshire
    Messages : 22
    crédits : 307

    Info personnage
    Race: Humain
    Vocation: Mage soutien
    Alignement: Neutre
    Rang: C
    qui suis-je ?:
    https://www.rp-cendres.com/t1411-terminela-vie-n-est-qu-un-trait-fait-au-crayon-la-mort-elle-passe-la-gomme
  • Mer 8 Mar - 20:54
    Une forme échouée. Une silhouette, au corps mou qui ricanait au fond d'une fosse commune. Pour peu, Maria aurait pu penser qu'il s'agissait d'une énième blague du destin. Mais non. C'était bel et bien une jeune femme qui venait de débouler dans la fosse commune. Etendue dans un liquide étrange et s'esclaffant. Azeria, volant par dessus l'épaule de la fossoyeuse, approcha son visage imperceptible près de celle qui gisait dans la boue et les corps.

    - Celle-ci, ma chère, ne me semble pas tout à fait morte.

    Maria se jeta dans la fosse avec une énergie qui, habituellement, ne la caractérisait pas. La présence de l'inconnue l'intriguait. Non pas à cause de son rouler-bouler dans la masse de cadavres mais plutôt à cause du liquide qui s'échappait de son corps. L'enfant maudit jeta un regard autour d'elle, s'assurant que personne ne venait poursuivre l'inconnue ou lui prêter assistance. Et, bien évidemment, personne ne vint. Alors elle prit les choses en mains. Littéralement. Attrapant la jeune femme par les aisselles, la préparatrice mortuaire traîna l'étrangère dans la terre mouillée pour la sortir de la fosse et venir la placer sur le chariot qu'elle utilisait habituellement pour déplacer les dépouilles. Et la tâche fut ardue. Maria n'était pas une femme forte. En fait, sa frêle constitution l'empêchait même de traîner les corps sur de longues distances. Mais pour l'inconnue, elle ferait un effort. Après tout, elle était vivante. Enfin. Presque.

    Une fois déposée sur le chariot, la fossoyeuse prit le temps de mieux analyser le corps de celle qu'elle venait de déplacer. La blessure était, visuellement, très sale et profonde. Sans parler de ce qui coulait de son corps et de ses boyaux qui faisaient ici et là une apparition entre les doigts fins de l'étrangère. Déplaçant la dextre de cette dernière, Maria arracha des pans de sa robe pour venir appliquer en urgence un pansement humide sur le ventre de l'inconnue. Les connaissances de la préparatrice mortuaire en médecine étaient, somme toute, plutôt poussées grâce à ses études. Mais elle était plus douée à s'occuper de ceux dont le cœur avait cessé de battre plutôt qu'à maintenir une personne en vie. S'éloignant du corps de la blessée pour venir tirer le chariot, la femme aux cheveux blancs remarqua que ses mains étaient brulées. Comme si le liquide obscur avait été corrosif. Comme si sa nature était néfaste. Maria utiliserait des gants pour la suite. Inutile de se blesser d'avantage pour une tentative probablement désespérée de sauver quelqu'un.

    Arrivant finalement jusqu'à chez elle, la fossoyeuse enfonça presque sa porte, sous les rires télépathiques d'azeria qui commentait presque chacun de ses faits et gestes. Ce n'était pas moqueur, mais plutôt cynique. La spectre ne voyait visiblement pas l'intérêt d'entretenir la vie chez un autre être vivant que Maria. Pourtant, elle assista tout de même la fossoyeuse lorsque cette dernière déposa l'inconnue contre sa table et commença à étendre ses outils chirurgicaux. La salle à manger ne se prêtait pas à pareilles opérations. Et la boue représentait probablement un danger silencieux pour celle qui se faisait opérer mais... Tant pis. Dans un geste rapide, la préparatrice mortuaire attrapa le lait de pavot qu'elle se gardait habituellement pour les soirs où sa malédiction la torturait plus qu'à l'accoutumée et déversa l'entièreté de ce dernier dans la gorge de l'étrangère après avoir pris soin de retirer son mystérieux masque. Ce qu'elle allait faire allait faire mal. Alors. Autant tenter d'apaiser la douleur de la femme. S'affairant à sa tâche, Maria prit le temps de regarder le visage à moitié "brulé" de la créature qu'elle tentait de maintenir en vie. Puis la voix du spectre résonna dans son esprit.

    - Je ne pense pas que tu puisses soigner cette blessure... Attention, je crois qu'elle perd conscience.

    L'inconnue était allongée dans le lit de Maria. Elle respirait, mais demeurait toujours inconsciente. La fossoyeuse, elle, la fixait d'un regard fatigué tandis qu'elle redéposait de nouveaux bandages sur ses doigts brulés. Depuis combien de temps veillait-elle l'étrangère? Elle ne savait pas. Mais elle savait cependant qu'elle s'était coupée trois fois. Frappée contre le coin de la table quatre fois. Toussotant, la fossoyeuse observa ses habits ruinés par la boue, le sang et la pluie. Il fallait également qu'elle aille prendre un bain, potentiellement, ne serait-ce que pour éviter de propager des germes sur celle qu'elle venait de "sauver".

    S'éloignant finalement du corps endormi, la préparatrice mortuaire quitta donc sa chambre pour aller se laver. Ce fut un nettoyage rapide, sans véritable plaisir prit à se plonger dans l'eau chaude. Si la jeune femme se réveillait, Azeria viendrait la prévenir. Tout du moins, c'est ce que la protectrice de la femme aux cheveux blancs lui avait dit. Séchant finalement sa chevelure, la jeune femme s'habilla et quitta la salle de bain pour préparer rapidement à boire et à manger. Quand la demoiselle plus haut ouvrirait finalement les yeux, elle aurait sans doute faim. Ou pas. Au pire elle, mangerait sa préparation. Son ventre grognait légèrement, mais il y avait plus important. Maria dévouait presque exclusivement son existence au mort, mettant souvent ses envies de côtés alors, pour une fois elle pouvait bien le faire également pour une vivante. La voix de la spectre résonna dans son esprit de nouveau, lui signifiant le réveil de l'étrangère. Lorsqu'elle franchit finalement la porte de sa chambre, la fossoyeuse laissa ses yeux gris glisser doucement sur les traits de celle qui venait de s'éveiller. Dans un sourire un peu gêné, elle vint déposer le plateau de nourriture contre la table de chevet, reculant légèrement pour ne pas effrayer l'inconnue. Et pour ne pas provoquer une situation qui forcerait Azeria à intervenir.

    - Je.. Vous êtes en sécurité.. Si vous voulez, mangez. Vous avez besoin de force.

    Machinalement, Maria commença à gratter le dos de sa main, défaisant sans le vouloir les quelques bandes de tissus qui recouvraient son derme brûlé.
    Citoyen du monde
    Citoyen du monde
    Karsa
    Karsa
    Messages : 30
    crédits : 1123

    Info personnage
    Race: Ombra
    Vocation: Mage élémentaliste
    Alignement: Loyal Mauvais
    Rang: D
    qui suis-je ?:
    https://www.rp-cendres.com/t1002-karsa
  • Jeu 9 Mar - 22:51
    Elle se sentait partir. Elle n'arrivait plus à lutter, alors qu'elle sentait qu'on la déplaçait. Tombant dans un coma fiévreux, elle crut apercevoir une ombre étrange au travers des fentes de son masque. Maintenant inconsciente, son esprit toujours en alerte lui jouait de vilains tours. Karsa avait l'impression que des multiples mains fouillaient ses entrailles, ses viscères étant étalés hors de son abdomen, flottant dans un liquide vaporeux noir. Elle-même flottait dans une sorte d'endroit sombre, sans issue, où apparaissait à divers endroits hasardeux le visage furibond du mage élémentaire. Elle essayait toujours de fuir, de se défendre, cependant ses mouvements étaient si lents, si lourds et surtout futiles. Elle entendait les aboiements des chiens, les cris, puis un bruit familier. Un bruit qui glaça la vie qui coulait en elle. Un crépitement. D'abord léger, puis qui se fit plus fort, pour se faire ensuite plus cinglant. Du feu. Des flammes. Dans un hurlement silencieux, la jeune femme tenta de courir, mais ses jambes faisaient du sur place et aucun feu ne fit son apparition. C'était seulement son bruit qui résonnait autour d'elle en échos moqueurs, menaçant et cruel. Épuisée, elle se laissa glissa plus profondément dans les méandres de son sommeil, sentant les âpres de la Mort venir caresser son visage torturé. Karsa savait pourtant que son heure n'avait pas sonnée. La femme brune se recroquevilla dans son espace inconscient, oscillant entre rêves lucides et léthargie abyssale. Elle crut ne jamais pouvoir se réveiller.

    L'ombra sentit d'abord une odeur de fleurs séchées. Une odeur succincte, aux notes herbacées. Il y eut un bruit d'eau. Ou plus un bruit de corps immergé dans l'eau. Karsa essayait de se concentrer comme elle le pouvait, combattant le sommeil qui menaçait de la ramener dans une narcose indésirable. Elle pouvait sentir ses jambes, toutes ankylosées. Elle bougea légèrement ses doigts, un à un, sans forcer. Elle avait des courbatures dans les bras et des fourmis lui piquaient le haut des mains. Ses cervicales la faisaient souffrir, et elle pouvait sans mal sentir les endroits sur son corps où des hématomes avaient dû apparaître. Pour autant, ce n'était pas ce qui tiraillait le plus la faiseuse, non. C'était la douleur affreuse et lancinante qui partait du haut de sa côte et la traversait jusqu'au bas de son ventre. Sondant la blessure, la jeune femme comprit que l'entaille ne devait pas être si étendue que ça, mais que l'emplacement et la cicatrisation provoquaient ses douleurs cuisantes. Quelqu'un avait pansé sa plaie, et elle pouvait sentir un arrière-goût de plantes médicinales dans la bouche. Elle respirait et expirait profondément, afin de réguler les sensations agressives qui la submergeaient de part en part. Son attention se reporta sur cette odeur de fleurs mortes. Même si l'odeur était discrète, il n'échappait pas au nez fin de la blessée. Elle prit une autre inspiration, pour mieux identifier les parfums qui la composaient. Des bleuets. Avec du liseron, un peu de lierre. Et... Du pavot ? C'était donc ça le goût qu'elle pouvait encore sentir sur sa langue.
    Des pas légers s'étaient rapprochés de l'endroit où se trouvait Karsa. Cette dernière n'avait toujours pas rouvert ses yeux, encore trop épuisée. Les pas étaient peu affirmés, et étaient accompagnés d'un bruissement de tissus. La personne pénétra dans la pièce, et l'ombra eut l'impression que l'espace se refroidit à son entrée. Peut-être était-ce le choc de la blessure, elle se réveillait à peine après tout. Elle se décida enfin à ouvrir les yeux, pour découvrir celui, ou plutôt celle, qui semblait être sa sauveuse.

    C'était le visage qu'elle avait vu avant de perdre connaissance. Ce n'était donc pas la personnification de la mort qu'avait vue Karsa, mais bel et bien une vraie personne. En détaillant plus le faciès manifestement souffreteux de la jeune femme, la blessée se dit que même si elle n'était pas la mort elle-même, elle avait l'air de la côtoyer. Karsa posa son regard vairon sur le plateau-repas déposé par son hôte. Elle n'avait aucune raison de douter d'elle, pourquoi cette créature se serait donné toutes les peines du monde à l'entraîner ici et la soigner pour ensuite l'empoisonner. Cela n'avait pas de sens. Même si l'ombra avait appris depuis bien longtemps que plus rien ne faisait vraiment sens, en ce bas monde. Étudiant la jeune fille, les traits de son visage, ses yeux miroirs sans cils et cette expression de profonde mélancolie qui faisait écho dans l'âme de Karsa. Elle n'avait rien contre son repas vraiment.

    - Je vous remercie. Malheureusement, je crois être encore dans l'impossibilité de me mouvoir convenablement. Je suis désolée pour l'inconvenance que j'ai pu vous causer, et vous cause encore en ce moment.

    Sa voix était rauque. Si elle ne pouvait pas se sustenter pour le moment, sa gorge lui criait de s'hydrater un minima. La mage n'osa pas lui demander si la jeune femme à la chevelure blanche avait été alpaguée par des hommes peu recommandables, surtout une personne en particulier. Elle s'interrogeait sur les lieux, s'ils étaient assez sécurisés et reculés de là où elle les avait semés. Même si pour le moment, ses pensées principales étaient toutes tournées vers cette apparition spectrale qu'était celle de sa sauveuse.
    Citoyen de La République
    Citoyen de La République
    Maria Moonshire
    Maria Moonshire
    Messages : 22
    crédits : 307

    Info personnage
    Race: Humain
    Vocation: Mage soutien
    Alignement: Neutre
    Rang: C
    qui suis-je ?:
    https://www.rp-cendres.com/t1411-terminela-vie-n-est-qu-un-trait-fait-au-crayon-la-mort-elle-passe-la-gomme
  • Ven 10 Mar - 13:55
    Maria écouta en silence les paroles de la femme aux yeux vairons. L'espace d'un instant, la fossoyeuse crut se perdre dans son regard tandis qu'elle sentait dans son esprit les griffes acérées de la spectre qui venait énoncer son mécontentement. Non pas à l'égard de la personne en particulier, mais plutôt vis à vis du temps perdu à s'occuper d'une mortelle. Elle avait été sauvé. Elle était en vie. Alors inutile de perdre plus de temps. Autant la laisser se rétablir et passer à autre chose. Pourtant, la préparatrice mortuaire n'était pas d'accord. Outre le fait qu'elle se sentait encore dans l'obligation de s'occuper de l'inconnue, il fallait avouer que c'était la première fois depuis quelques temps qu'on lui adressait la parole sans la détester ou bien simplement pour la missionner vis à vis d'un cadavre fraichement trépassé.

    S'avançant doucement, Maria vint s'installer près de la blessée, tirant vers elle la chaise sur laquelle elle était restée durant toute la veillée. Observant le plateau repas et la jeune femme dans le lit, la fossoyeuse attrapa quelques coussins pour venir les placer doucement sous le dos de cette dernière avant de l'aider à se redresser doucement. Plus que tout, elle ne souhaitait pas rouvrir les plaies qu'elle avait eu tant de mal à fermer. Une fois l'inconnue "mise en place", Maria attrapa la cruche qui siégeait sur le plateau pour venir verser de l'eau dans le verre qui se trouvait à ses côtés. Un long soupir s'échappa de sa gorge lorsqu'elle constata les quelques gouttes qui étaient venues s'échouer sur ses mains, légèrement blasée par sa maladresse. Elle porta ensuite son regard gris sur la blessée et approcha doucement le contenant de ses lèvres.

    - Ne vous excusez pas. Buvez au moins. Si l'appétit n'est pas encore présent... Votre corps a besoin de boire.

    Elle attendit que la femme allongée accepte ou non de porter ses lèvres au verre, puis déposa ensuite ce dernier contre le plateau, reportant son attention envers elle après avoir pris le soin de déplacer la cruche de telle sorte qu'elle ne soit pas trop près du bord. Une question d'habitude, sûrement.

    - Je me nomme Maria Moonshire. Inutile de me donner votre nom si vous ne le désirez pas. Je... Je voulais simplement me présenter.

    Se sentant mal à l'aise, gênée, Maria se releva alors pour se diriger vers la coiffeuse qui se trouvait non loin du lit. Observant son triste reflet dans le miroir, la fossoyeuse sentit un léger sentiment de dégout s'emparer dans son être. Plus haut dans la pièce, l'aura glaciale d'Azeria venait mordre sa chair pâle. Puis sa voix résonna dans son esprit, entamant une discussion télépathique.

    - Tu es très attentionnée Maria, mais fais attention, nous ne savons rien d'elle... Ni d'où elle vient, ni ce qu'elle veut.
    - Même si elle nous voulait du mal. Dans son état... Mais je te remercie de t'inquiéter. Veille sur moi encore un peu, d'accord?
    - Naturellement, je ne veux que ton bien, ma petite chrysanthème immaculée.  

    Soupirant doucement, la fossoyeuse attrapa l'étrange masque de la blessée puis se retourner pour revenir au niveau du lit. Elle déposa ce dernier doucement sur le lit, au niveau des bras de la demoiselle au visage marqué. Elle lui tendit un sourire timide, étrange de par le manque d'habitude qu'avait la jeune femme à sourire. Puis, comme du sable emporté par le vent, son air mélancolique refit son apparition.

    - Votre masque est sublime. J'ai rarement vu de motifs aussi détaillés et aux formes aussi particulières. Elle réalisa que son interlocutrice pouvait penser qu'elle souhaitait qu'elle le remette, enchainant tout en béguayant. Je voulais simplement vous montrer que je l'avais gardé près de vous! J'ai l'impression qu'il vous importe. Je ne sais trop pourquoi.

    A nouveau gênée, elle joignit ses mains le long de son corps, s'éloignant un peu du lit tout en continuant d'observer celle qu'elle avait recousu.

    - Si vous avez besoin de quoique ce soit. N'hésitez pas.

    *
    *  *


    Richard et Smothler observaient de loin le cimetière et le bâtiment qui dominait ce dernier. Les deux brigands, à demi dissimulés dans le bois, avaient tenté de retrouver la trace de la fugitive. Les chiens avaient eu du mal, vraiment, à tel point que leur chef s'était énervé et avait ordonné une fouille plus intense de la région. Certains s'étaient encore plus enfoncés dans le village. D'autres, en revanche, étaient allés voir près du village comme eux. Richard pointa du doigt la maison de la fossoyeuse, attirant l'attention de son camarade.

    - On devrait aller voir là bas nan?
    - Tu rigoles? J'ai déjà la frousse de me balader ici. J'ai pas vraiment envie d'aller voir chez la sorcière.
    - Le patron va gueuler si on lui dit qu'on a pas fouillé c'te barraque.
    - Ouais bha, on s'en foutra bien si elle nous change en crapaud ou nous refile la fièvre noire. Allez viens, on va voir au village. Ils ont ptètre vu passer cette garce.

    Quittant leur planque, les deux malfrats échangèrent encore quelques mots, se carapatant loin du cimetière comme si ce dernier allait les engloutir. Le village, s'il n'était pas très loin du cimetière, se trouvait tout de même à une bonne dizaine de minutes de marches. Donc autant commencer à chercher la fugitive là bas.

    Après tout, qui irait se réfugier chez la Guenaude?  
    Citoyen du monde
    Citoyen du monde
    Karsa
    Karsa
    Messages : 30
    crédits : 1123

    Info personnage
    Race: Ombra
    Vocation: Mage élémentaliste
    Alignement: Loyal Mauvais
    Rang: D
    qui suis-je ?:
    https://www.rp-cendres.com/t1002-karsa
  • Mar 14 Mar - 23:35

    Sa sauveuse semblait aux petits soins avec elle. Alors que cette dernière se pencha pour l'aider à se redresser, Karsa ressentit une nouvelle fois un frisson glacé lui parcourir l'échine. La blessée se raidit, aux aguets. Elle se sentait observée. Non pas par Maria, mais par autre chose. Seulement, elles étaient seules dans cette petite pièce. La faiseuse scrutait les ombres, pour y trouver une réponse. Rien. Rien de concret en tout cas. Des vagues échos lui revenaient, en bribes, qui lui parlaient toujours de ce froid anormal. En se calant un peu plus confortablement, la femme brune prit enfin la décision de boire, ce qui lui arracha une grimace de douleur lorsqu'elle eut le mouvement pour avaler. Elle caressa du bout des doigts là où la douleur se faisait la plus insupportable, comme pour conjurer un mauvais sort. L'aventurière laissait la jeune fille la regarder, faisant mine d'étudier le mur en face d'elle. Elle se sentait étonnamment à l'aise avec cette personne, qui ne semblait pas s'offusquer outre mesure de son visage à moitié brûlé, ce qui témoignait d'un vécu certain.
    Après, elle l'avait traînée d'une fosse commune, ce qui en disait long sur l'aplomb de cette femme aux cheveux blancs qui apparaissait si frêle aux premiers abords. Si elle n'avait pas cette sensation étrange et glacée qui l'enveloppait de plus en plus, s'insinuant sous les couvertures, sous les gazes des pansements, rampant sous la peau diaphane de Karsa pour saisir ses os et les faire frémir.

    Se concentrant pour se réchauffer comme elle le pouvait, elle ne fit pas attention à Maria qui se dirigeait vers une coiffeuse désuète pour prendre dans ses mains un objet qu'elle ne reconnut que trop bien une fois qu'elle revint vers elle. Son masque. Il avait été nettoyé, et portait aucune trace de terre ou de sang sur les parties vernies couleur ivoire. Le cœur de Karsa fit un bond dans sa poitrine à sa simple vue, et elle tendit une main avide pour récupérer son bien. La jeune fille aux yeux gris faisait aller et venir son regard morose entre la faiseuse et son masque, faisant remarquer qu'il semblait être précieux pour la blessée.

    - Je vous vous remercie d'en avoir pris soin. Effectivement, c'est un item auquel je tiens particulièrement. Dit-elle en le posant sur ses genoux. Nous venons du même endroit après tout, lui et moi. Elle passa un index sur la dorure qui reliait les deux moitiés de son masque, reliait, mais aussi séparait l'une des face damier de l'autre ivoire. La surface vernie émit un bruit agréable, le bruissement du matériau ombra sonnait comme une mélodie à ses oreilles. Un léger sourire flottait sur ses lèvres d'un rouge pâle.

    La femme brune remarqua que son hôte n'était pas très au fait des conventions sociales, et paraissait mal à l'aise dans ses discussions. Elle-même n'était pas un exemple de divertissement, alors elle ne pouvait pas vraiment l'encourager outre mesure. En guise de signe d'apaisement, elle ne trouve rien de mieux à faire que lui esquisser un autre sourire, en prenant soin de tourner son profil défiguré vers un côté qui lui était peu visible, afin de ne pas lui montrer un rictus maladroit. Bien qu'elle avait appris il y a longtemps à ne plus s'embarrasser de complexes et autres sentiments inutiles sur son apparence sortant un peu de l'ordinaire, il lui était désagréable d'y être rabaissée, il était juste vexant d'être  réduite uniquement à son visage. Son orgueil lui exprimait qu'elle pouvait être bien d'autres choses. Quelles étaient ces choses, Karsa ne s'était pas encore posé ces questions très en profondeur, laissant la métaphysique pour les prochaines années à venir. Quand on avait une longue vie devant soi, certaines interrogations paraissaient plus futiles que d'autres. La raccommodée laissa échapper un soupir las, pour poser son regard morne sur la jeune fille aux yeux remplis de nuages.

    - Vous vivez ici ? C'est vous qui étiez au cimetière tout à l'heure. Vous y travaillez ?
    ***



    Vizalys était un homme de peu de mots. Il aimait le travail concis, bien fait et sans embûches. Or, en ce moment présent, il en avait plusieurs qui lui venaient en tête. Et des pas très élégants qui plus est. Rien n'allait en son sens, et ça commençait joliment à lui taper sur le système. Avoir des hommes pas foutus de retrouver une gonzesse, seule qui plus est, c'était un comble. Il mâchonnait une herbe violacée, lui colorant les dents de la même nuance que la plante. Ses iris étaient dilatés. Ses cheveux, habituellement plaqués en arrière étaient légèrement décoiffés et lui donnait un air négligé, qui s'il ne dégageait pas une aura meurtrière, aurait pu lui seoir. Il était assis, les jambes largement écartées, une main sur un genou, son manteau de cuir rejeté en arrière. Il avait posé son tricorne sur son autre genou, et tapotait nerveusement du talon. Des traces de terres éclaboussaient son visage aux traits marqués, endurcis par la violence. Il attendait. Autour de lui, ses hommes ne pipaient mot, seuls les chiens jappaient joyeusement, n'ayant que faire des maux dont pouvait bien souffrir leur maître. Tout à coup, les sens des chiens s'exaltèrent, manifestant l'arrivée très proche d'un ou de plusieurs compères. Vizalys releva la tête, puis calmement remis son tricorne de feutre en place. Un objet étincela sous sa paume. C'était le manche orné d'une cravache en cuir, silhouette comminatoire accrochée à la ceinture du mage.  

    - Smothler. Rich. Il prononça les noms de ses subalternes avec une voix terne, sans grande tessiture. Pourtant, une fermeté certaine se faisait ressentir dans son ton, et les deux hommes revenus de leurs recherches se hâtèrent vers leur patron, haletants encore de leur course. Ils le saluèrent brièvement, non sans un certaine appréhension.
    - Vous êtes seuls à ce que je vois.
    - On a fouillé le village, Viz. Y a des vivres et des femmes à faire tourner des têtes, et même que- Smotler s'arrêta net. Le mage, toujours assis, avait effleuré d'une main menaçante l'objet noué à sa taille.
    - La fille ?  
    - On ne l'a pas trouvé. C'était Richard qui avait parlé. Plus sûr de lui, il fit un pas en avant, droit comme la justice. Ce qui pouvait paraitre ironique étant donné la situation.
    - Le cimetière. Cette maison.
    - Mais... Enfin...Smotler était devenu tout pâle, et comme pour chercher refuge, il se tourna désespérément vers son acolyte. Richard se retint de pousser un soupir blasé. Il les avait vendus. L'abruti.
    - Elle est habitée par une fillette sinoque, et mal foutue par-dessus ça. Personne y fout les pieds, Viz.
    L'homme au tricorne se leva enfin, lentement. Retenant leur respiration, les deux collègues le regardèrent sans bouger, l'un ne quittant pas la main proche de la ceinture, l'autre les yeux de son patron. Tel ne fut pas leur surprise lorsqu'ils virent un sourire carnassier sur le visage du mage, une lueur étrange brulant dans son regard noir. Il rassembla les chiens, et se tournant dans la direction du cimetière dit à ses hommes sur un ton enjoué :

    - On y va.
    Citoyen de La République
    Citoyen de La République
    Maria Moonshire
    Maria Moonshire
    Messages : 22
    crédits : 307

    Info personnage
    Race: Humain
    Vocation: Mage soutien
    Alignement: Neutre
    Rang: C
    qui suis-je ?:
    https://www.rp-cendres.com/t1411-terminela-vie-n-est-qu-un-trait-fait-au-crayon-la-mort-elle-passe-la-gomme
  • Mer 15 Mar - 2:46
    Lorsqu'elle posa sa question, Maria demeura quelques instants silencieuse. Elle. Elle voulait en savoir plus sur elle? Non. C'était de la politesse. Ou bien elle se méfiait. Elle craignait peut-être qu'elle se soit emparée de la maison de quelqu'un d'autre? Qu'elle aurait tué pour venir sauver quelqu'un d'autre? Que c'était une voleuse? Avait-elle l'air d'une voleuse? Prise d'une anxiété étrange, Maria attrapa machinalement les plus de sa robe, un peu paniquée et ne prêtant pas attention à la spectre qui volait doucement au dessus d'elle et venait déposer ses mains sur ses épaules. La fraicheur cadavérique calma presque instantanément la fossoyeuse qui fixa son regard dans les yeux de la blessée.

    - Oui. Ceci est ma demeure. J'y vis depuis... Je crois que j'ai toujours vécu ici, avec mon père. Avant qu'il ne meure, tout du moins. Et pour le cimetière, oui, c'était moi. Elle marqua une pause, hésitante. Et encore oui.

    Elle s'éloigna un peu, remettant en place quelques objets qu'elle avait fait tomber le matin lors de son réveil. Si elle faisait ça pour remettre de l'ordre dans la pièce, c'était avant tout un moyen de se déstresser. Jusqu'à présent, toutes les personnes avec qui elle avait pu parler s'étaient éloignées d'elle au moment même où elle avait évoqué sa profession si... Particulière. La Mort effrayait bon nombre de personnes et celles et ceux travaillant à ses côtés étaient bien souvent considérer comme des monstres, seulement tolérés à cause de leur utilité. Encore plus depuis la recrudescence de la folie de la goule. Est-ce que cela serait le cas ici aussi? Et cela avait-il vraiment de l'importance, après tout? De nouveau, une étrange anxiété vint se manifester chez la préparatrice mortuaire qui prit une profonde inspiration tandis que les griffes glacées d'Azeria se posaient sur ses joues pâles.

    - Je suis la fossoyeuse de ces terres. Je m'occupe des morts afin qu'ils trouvent le repos qui leur est dû. Je les accompagne une dernière fois. Comme une dernière compagne. Qu'ils soient célèbres ou non. Qu'ils soient entourés, ou non. Je fais également en sorte que les corps déformés et déchirés soient présentables. Que l'horreur du trépas devienne une simple pâleur froide. Que les familles n'aient en dernier souvenir qu'un corps endormi plutôt que mutilé. Elle s'arrêta quelques instants, se sachant emportée par son propre discours. D'une certaine façon, c'est cela qui m'a permis de vous maintenir en vie.
    - Cela, et mes conseils.

    Un long frisson glissa alors dans le dos de la jeune femme. Si elle était habituée à converser avec l'esprit qui accompagnait son quotidien, les intrusions psychiques de cette dernière pouvaient parfois être... Surprenantes. Surtout pour des précisions qui n'étaient pas nécessaires. Reprenant un peu de sa contenance, Maria contourna le lit pour venir allumer l'âtre de la cheminée. Utilisant un briquet, elle observa les amorces prendre avec un léger sourire avant de retourner à son air blasé lorsque l'incandescence s'ébranla et plongea l'âtre dans une lumière orangée. La vague de chaleur, bien qu'agréable, était parasité par la fraicheur dont la préparatrice mortuaire était familière. Elle se retourna cependant vers l'inconnue, la fixant de ses yeux gris.

    - Navrée de ne pas l'avoir fait plutôt, vous devez être frigorifiée. Surtout, comme dit plutôt, s'il vous faut quelque chose, n'hésitez pas. Même pour une autre couverture. Je dois bien avoir cela quelque part.

    La présence volant au dessus de Maria s'affola alors légèrement. Quelque chose, ou quelqu'un, s'approchait de sa demeure et traversait actuellement le cimetière. Et Maria n'attendait aucune visite. Plongeant son regard terne sur la blessée, la fossoyeuse lui fit un signe discret, posant son index sur ses lèvres émaciées. Comme si elle se doutait que cela avait un lien avec la rescapée. Azeria, quant à elle, était déjà sortie, pour au moins apercevoir de ses propres yeux les potentiels intrus. Quand elle revint enfin dans la demeure, apparaissant devant Maria, elle l'informa du nombre et des intentions des hommes qui se trouvaient à présents à quelques pieds de sa maison. Ils n'étaient pas là pour parler beau temps. D'autant qu'il pleuvait. Soupirant doucement, la préparatrice mortuaire laissa la femme au visage marqué pour descendre les marches de l'escalier menant à l'entrée de son habitation. Derrière elle, l'humaine pouvait sentir toute l'excitation et la rage du spectre qui l'accompagnait. Car si elle s'était montrée désagréable vis à vis de la blessée et du temps que Maria pouvait perdre, elle détestait par dessus tout qu'on tente de s'en prendre à sa protégée. Sortant de ses pensées pour venir s'approcher de la porte, la fossoyeuse ouvrit finalement cette dernière, au moment même où l'homme derrière s'apprêtait à frapper, lui arrachant un air particulièrement surpris et... Apeuré.

    L'homme était, évidemment, bien plus grand qu'elle. Son air bourru et son visage couturé de cicatrices lui donnaient un semblant de grand guerrier. Tout du moins, cela aurait été le cas si ses loques ne rappelaient pas son statut d'aventurier. A sa ceinture, une grande lame courbée pendait nonchalamment, seulement retenue par un anneau d'arme relié à une attache en cuir. Ses braies, de couleurs rouge, avaient perdu de leur éclat et adoptaient à présent un teint beaucoup plus terne. Et sale. Au niveau de son torse, un simple gambison venait recouvrir une chemise usée par le temps et ses mains caleuses étaient quant à elles à moitié recouvertes par des mitaines de cuir rapiécé. Ses cheveux étaient gras, mi-longs, et une moustache mal taillée venait recouvrir des lèvres trop grosses. Globalement, le bougre n'aurait pas été très impressionnant face à n'importe quel officier républicain ou autre chevalier. Mais il se trouvait actuellement devant une jeune femme au visage fatigué et ne dépassant pas le mètre soixante alors... Le brigand voulait en profiter. Roulant des épaules, ce dernier posa son avant bras sur le cadran de la porte, plongeant ses yeux bruns dans ceux de la jeune fossoyeuse.

    - Bonsoir ma jolie. On va pas t'déranger longtemps. On cherche quelqu'un. Une putain. Elle doit faire à peu près ma taille. Détail important, elle saignait comme une truie égorgée la dernière fois que nous l'avons vue.
    - Je... Je ne vois pas de quoi vous parlez. Elle détourna légèrement les yeux, n'appréciant pas réellement la proximité du pauvre badaud. Pourriez-vous reculer, s'il vous plaît?

    Un rire gras s'échappa de la gorge du chien galeux à l'apparence humaine. Un rire communiqué à ses trois amis qui l'accompagnaient. Visiblement, la gêne de la jeune femme les amusait. Comme des vautours piaillant autour d'un morceau de viande encore frais.

    - Ecoute moi bien. Je sais que cette salope est ici. Quelque part. Donc non. Je vais pas m'éloigner, et si tu coopères pas, je vais même m'approcher. Beaucoup.
    - S'il vous plaît... Partez... Ne la forcez pas...  
    - Hahaha, forcez qui hum? L'autre fuyarde?
    - Non. Moi.

    Naturellement, l'homme n'avait pas entendu la phrase prononcée par la spectre. Tout comme il n'avait pas vu que la peau du bras qui reposait contre le cadre de la porte s'était désagrégée petit à petit. Pourtant, il laissa un cri s'échapper de sa gorge bouffie lorsqu'il ressentit enfin le pic de douleur. Tandis qu'il reculait, tenant maladroitement le reste osseux de son bras, le bandit peinait à comprendre ce qu'il se passait. Ses alliés, eux, sortirent leurs armes, avant de lâcher à leur tour un cri terrifié en apercevant que la tête de Richard s'était à présent décrochée et lévitait à quelques centimètres de son corps mou. L'air devenait glacial, et ici et là quelques yeux fantomatiques semblaient observer les bandits depuis la brume épaisse du cimetière. Maria, elle, se tenait toujours dans l'embrasure de la porte. Silencieuse tandis qu'elle les observait d'un air triste. Car elle savait ce qu'il se passait. Ils s'étaient aventurés sur le territoire de la Guenaude et l'avait menacée. A présent, Elle était en colère.

    Et ils allaient en payer le prix.
    Citoyen du monde
    Citoyen du monde
    Karsa
    Karsa
    Messages : 30
    crédits : 1123

    Info personnage
    Race: Ombra
    Vocation: Mage élémentaliste
    Alignement: Loyal Mauvais
    Rang: D
    qui suis-je ?:
    https://www.rp-cendres.com/t1002-karsa
  • Mer 12 Avr - 19:21
    Elle se redressa brusquement lorsqu'elle entendit le hurlement. Son cœur se mit à battre la chamade, cognant lourdement contre sa poitrine. Elle enfila son masque, mue par un instinct qui ne saurait s'expliquer en quelques mots. Elle pouvait sentir cette atmosphère froide, dangereuse, qui rôdait depuis qu'elle était réveillée mais plus distinctement. Elle se leva péniblement, et de manière à ne pas se faire repérer, regarda par l'unique fenêtre de la pièce. Au travers de la vitre légèrement poussiéreuse, elle pouvait apercevoir un groupuscule d'hommes, qu'elle reconnu immédiatement. C'était les enfants de putain qui l'avaient pourchassée comme du vulgaire gibier. Est-ce que Maria l'avait vendue ? Elle aurait pu très bien signaler sa présence pendant qu'elle était inconsciente, moyennant un pécule.

    Karsa serra le poing, les yeux brumeux de la jeune femme en tête. Elle allait battre en retraite quand elle vit un spectacle étrange. Trop occupée par ses pensées persécutrices, elle n'avait pas remarqué qu'un des hommes ou plutôt sa tête, flottait dans les airs. Ses comparses avaient une expression d'épouvante glacée sur leur visage, et semblaient cloués sur place, trop choqué de cette vision horrifique pour pouvoir bouger d'un cil. Fascinée, la mage elle aussi en resta interdite pendant quelques secondes, pour se reprendre bien vite. Elle chercha du regard ses effets, et se revêtit bien vite. Elle grimaça de douleur quand elle enfila sa tunique de velours, qui était encore tâchée d'une étrange substance noire et poisseuse. Elle redoutait de rouvrir la blessure à peine cousue qu'elle arborait, seulement avait-elle au moins le choix ? Elle pouvait entendre des clameurs de combat à l'extérieur, se qui la fit se hâter d'autant plus. Qui avait pu faire ça ? Maria ? Elle ne lui avait pas parut comme étant capable, physiquement, d'attaquer une personne de la sorte, mais Karsa savait pertinemment qu'il ne fallait jamais se fier aux apparences. Surtout pas quand elles revêtaient un visage aussi doux que cette fille aux cheveux blancs. Attrapant sa dague, elle se traîna en direction de l'escalier.

    Elle arriva avec difficultés sur le palier, et avait eu toutes les peines du monde à ne pas faire craquer le parquet vieillot et miteux des marches. Heureusement, les cris des malfrats avaient couvert la plupart de ces bruits inconvenants, alors Karsa avait pu descendre relativement discrètement. Se tenant toujours le ventre, elle avait la désagréable impression que le contenu de son ventre allait se déverser sur le sol, réouvrant sa plaie sanguinolente. La douleur se faisait battante contre sa peau, et ses jambes avaient bien du mal à la soutenir correctement. Elle prit une inspiration, torturée par cette affliction lancinante. Se reconcentrant sur la situation dans laquelle elle se trouvait, une situation bien merdique comme dirait certains, elle jeta des regards rapides autour d'elle

    Une fois qu'elle eut repéré un endroit où se poster, elle se dirigea vers une sorte de petite fenêtre. Elle aperçut sa sauveuse, qui se tenait comme impassible sur le perron de la porte. De dos, elle faisait vraiment fragile, recourbée sur son corps mince. Pourtant, malgré les cris et la menace apparente, elle ne bougeait pas d'un iota. Aussi, la faiseuse en profita donc pour se poster non loin d'elle, toujours d'une allure furtive.

    Elle n’avait pas vraiment foi en ses capacités en cet instant précis, pourtant elle ne pouvait pas rester les bras croisés attendant de venir se faire cueillir comme une pucelle un soir de carnaval en battant des cils. D’un grognement, elle se posta à hauteur de la vitre, et réussit à entr’ouvrir la fenêtre. L’aventurière avait une vision dégagée des trois autres hommes qui se tenaient non loin de la maison, et se décida d’attaquer le plus proche. Le scélérat était bien trop occupé à regarder la tête de son acolyte flotter d’une valse macabre, un air effaré imprimé sur son faciès buriné. D’un geste sec et sans hésitation, elle visa les yeux exorbités du bandit, et envoya deux piques de glace acérées, qui sifflèrent d’un son menaçant dans l’air avant d’aller se planter cruellement dans ses orbites. Le bandit hurla de surprise et de douleur, portant ses mains à son visage blessé, et Karsa, impitoyable, en profitant pour y planter des nouveaux poignards glacés dans les mains du malheureux. Hurlant comme une bête enragée, sa voix se terminant en gargouillis pathétiques, l’homme saignait à profusion et avançait comme un canard sans tête, seulement mué d’une terreur effroyable, appelant presque sa mère.
    Satisfaite, la faiseuse s’appuya contre le mur, pour ne pas se faire localiser par le reste des hommes, qui semblaient à ce qu’elle avait pu voir, désespérés par l’enchaînement sanglant qui s’était imposé à eux.

    Qu’à cela ne tienne, ces pourceaux l’avaient bien cherché.
    Citoyen de La République
    Citoyen de La République
    Maria Moonshire
    Maria Moonshire
    Messages : 22
    crédits : 307

    Info personnage
    Race: Humain
    Vocation: Mage soutien
    Alignement: Neutre
    Rang: C
    qui suis-je ?:
    https://www.rp-cendres.com/t1411-terminela-vie-n-est-qu-un-trait-fait-au-crayon-la-mort-elle-passe-la-gomme
  • Jeu 13 Avr - 2:40
    Il y avait quelque chose de délicieux à voir des hommes être apeurés. Tout du moins, Azeria se délectait particulièrement de ce qu'elle provoquait, tout en prenant le soin de jeter quelques œillades à sa protégée afin de s'assurer que rien ne lui arrivait et surtout qu'elle fixait bien la scène. Chaque mort, aussi terrible pouvait elle être, devait marquée la jeune fille pour qu'elle en fasse plus tard de nombreux cauchemars. Des rêves torturés, où la petite fossoyeuse allait se voir elle même en train de commettre ces meurtres. Alors, Azeria se devait d'être brutale. Particulièrement violente. Et puis, outre son petit plaisir personnel, cela permettait aussi de renforcer la crainte que Maria allait inspirer à leurs potentiels ennemis. Et dans ce triste univers, mieux valait-il être craint plutôt qu'aimé.

    La tête qui voletait à présent dans l'air, et dont la raisiné s'écoulait pitoyablement depuis le reste de sa gorge, s'était déformée dans une expression à moitié décomposée par l'aura pestilentiel qui se dégageait d'elle. Le second bandit, plus proche, appuya sur ses tempes de manière exagérée comme s'il tentait d'en faire sortir un ver vicieux qui creusait dans son cerveau. Quand le sang commença à couler de ses narines et ses oreilles, il s'écroula simplement au sol, convulsa la bave au lèvres. Il ne put même pas lutter lorsque sa propre dague vint s'enfoncer lentement dans son pourpoint de cuir rapiécé, projetant sur le sol une giclée de liquide carmin. Les autres hommes tremblaient, terrifiés par ce qu'ils voyaient. Pour eux, leurs camarades se faisaient occire par une demi-portion à la constitution frêle qui ne bougeait même pas. Elle se contentait de rester là, silencieuse, à observer le massacre qui avait lieu.

    - Ne détourne pas les yeux.

    Maria sentit un long frisson parcourir son échine, la forçant à replacer son regard gris sur les hommes qui commençaient à courir. D'ailleurs, le moins rapide d'entre eux sentit sa chair se nécroser, rongeant ses jambes petit à petit jusqu'à entendre l'os et le faisant trébucher dans la boue. Il hurla, terrifié, constatant impuissant la maladie qui gagnait son corps. La tête arrachée roula alors doucement dans la terre trempée, glissant doucement pour se rapprocher de son propre visage. Quand il posa ses yeux bruns, luisant de larmes, sur les orbites vide de son ancien camarade un cri strident quitta sa gorge. Comme un glapissement minable. L'homme hurlait au ciel, implorant sa propre père. Quel triste spectacle pour un coupe-jarret qui se sentait quelques secondes plus tôt aussi féroce qu'un chien de chasse. L'idée de molester et torturer une pauvre jeune fille ne le dérangeait pas, mais à présent qu'il était devenu la proie, le monde semblait bien cruel. Sa tête vrilla alors subitement sur elle même, déchirant son derme dans un bruit humide alors que son chef quittait le reste de son corps pitoyable. Une nouvelle tête flottante, dont les lèvres s'agitèrent par magie pour humilier les derniers brigands qui battaient en retraite. Au final, la Guenaude avait été bien plus féroce qu'ils ne l'avaient pensé. Et ils devaient en informer leur chef, pour revenir plus fort. Ou abandonner.

    Si Maria se sentit soulagée de voir partir les pauvrets, elle sentit en elle une légère pointe de dégout. Non pas pour les actes commis - car après tout elle leur avait demandé de partir - mais plutôt car elle allait devoir de nouveau se rendre dehors pour récupérer et donner aux corps un dernier lieu de repos. De plus, elle espérait au fond d'elle que toute cette agitation n'avait pas perturbé plus que cela la rescapée. Et qu'elle n'aurait pas besoin de donner plus d'explications. Soupirant longuement, la fossoyeuse quitta finalement l'encadrure de sa porte pour commencer à trainer les restes à moitié décomposés des carcasses de bandits. Si elle ne pourrait pas les emporter tout de suite vers la fosse commune ou, au mieux un trou dans lequel enterrer les corps, la thanatopractrice se contenta de poser les restes sur le chariot qui avait auparavant servi au transport de la dame au visage brûlé. Sa tâche terminée, elle frotta ses mains, constatant dans un long soupir que ses ongles s'étaient de nouveau usés. Autour d'elle, la présence glacée de la spectre ne la quittait plus. Azeria veillait, comme d'habitude.

    - Ton amie est là, à nous observer tu sais?
    - Ne lui fais pas de mal. Je t'en prie.
    - Allons, ma belle, je ne ferais rien contre elle tant qu'elle ne tente rien contre toi. Tu le sais, je ne suis là que pour toi.
    - Oui. Merci Azeria, je ne sais pas ce que je ferai sans toi.  

    Se dirigeant donc vers sa propre demeure, le petit bout de femme aux cheveux blancs entra doucement. Tombant nez à nez avec celle qu'elle avait soigné, Maria plongea son regard triste dans le vairon de son interlocutrice. La fossoyeuse n'affichait sur ses traits aucune crainte, aucune joie non plus. Seulement un air mélancolique, qui ne changeait pas de ce qu'elle montrait plus tôt.

    - Ces hommes venaient pour vous. Ils ne viendront plus. Enfin. Pas tout de suite. Il va falloir que vous m'expliquiez qui vous êtes et pourquoi ils ont décidé de s'en prendre à votre personne. L'air se frigorifia brutalement, la spectre intensifiant sa présence dans la pièce. Je ne veux pas vous faire de mal, vraiment, mais je me vois à présent contrainte de devoir vous assister ou bien les survivants de cette visite viendront pour me faire du mal. Et... Cela se terminera mal, pour beaucoup de monde.
    - Cette femme dégage quelque chose... D'intriguant. Son aura n'est pas naturelle... Elle... m'intrigue. Je vais la laisser tranquille. Pour le moment.

    Maria soupira longuement, quittant sa position pour aller mettre de l'eau à chauffer au dessus d'un feu mourant. Tentant de raviver ce dernier à l'aide de petites buches, la fossoyeuse afficha un air particulièrement blasé en comprenant que la présence de sa protectrice allait interférer avec sa tentative de préparation de thé. Elle se tourna donc vers l'Ombra, joignant ses mains et commençant à râcler légèrement la peau de ces dernières de ses ongles abimés. Anxieuse à l'idée d'avoir effrayer sa nouvelle camarade.

    - Je... Pardon. Mes mots sont peut-être un peu brutaux... Vous êtes toujours la bienvenue.. Vous savez... mais... Je ne sais même pas votre nom et j'avoue que j'aimerais le connaître... Même sans... Même sans toute cette maudite histoire de malfrats. Je vous jure que ce n'est pas dans de mauvaises intentions! Elle baissa légèrement de ton, quittant la dame au masque pour fixer son plancher poussiéreux. Ne partez pas s'il vous plait.. Vous êtes encore blessée et je ne veux pas voir enterrer.
    Citoyen du monde
    Citoyen du monde
    Karsa
    Karsa
    Messages : 30
    crédits : 1123

    Info personnage
    Race: Ombra
    Vocation: Mage élémentaliste
    Alignement: Loyal Mauvais
    Rang: D
    qui suis-je ?:
    https://www.rp-cendres.com/t1002-karsa
  • Mar 30 Mai - 0:02
    Karsa était encore à terre, assise en dessous de la fenêtre. Une main sur ses pansements, elle regardait Maria s'agiter sans se dévêtir de son expression neutre. La jeune femme paraissait troublée même si elle semblait vouloir montrer le contraire, mais ce qui était étrange, c'est que ce n'était ni Karsa ni le fait d'avoir découpé un homme vivant en morceau qui semblait la travailler ainsi. La faiseuse observait sa sauveuse d'un œil attentif, étudiant le moindre de ses gestes, la moindre de ses expressions aussi subtiles soient-elles. Devait-elle lui demander à qui parlait-elle plus tôt ? Les bandits restants avaient décampé, et à moins de converser avec un cadavre, Maria ne paraissait pas du genre à faire la conversation à n'importe qui. Après, une fossoyeuse faisant causette à ses macchabées ne serait pas totalement dénué de sens. Tout de même. Karsa trouvait que sa bienfaitrice était bien mystérieuse. Et tout commençait par cette aura glacée qui l'entourait, menaçante et insistante.

    L'aventurière se redressa un peu, et se glissa sur le côté, de sorte à s'éloigner de la fenêtre. Elle écouta la jeune fille bredouiller ses paroles d'une voix tantôt confuse tantôt décidée. Maria lui donnait l'impression de la supplier de partir, mais aussi de rester avec elle. Elle pencha la tête en soupirant. D'une main lasse, elle se massa la nuque et se laissa aller contre le mur. Elle ne répondit pas de suite, mais laissa flotter un léger sourire sur ses lèvres bleutées par la fatigue et le froid.

    - Qu'attendez-vous de moi au juste Demoiselle ? Vous ne me devez rien. Un mot de vous et je disparais. Comme vous le dites si bien, ces ordures risquent de revenir. Même si cela serait imprudent de leur part vu le comité d'accueil que vous leur avez réservé. Je ne suis pas la seule à avoir mes petits secrets, me semble-t-il. Karsa jeta un regard narquois à la jeune femme aux cheveux blancs. Admirant sa longue chevelure, la faiseuse reprit, sur un ton plus doux. - Je me nomme Karsa. Pour ce qui est de la raison de pourquoi ces chiens me coursent comme une malpropre, seuls eux détiennent la réponse. Je vous avoue que je n'ai pas pris le temps de m'arrêter pour leur poser la question, car le seul moment où j'ai eu le malheur de ralentir… Elle leva la main qui était posée sur ses bandages et regarda Maria d'un air entendu. - Je suis désolée que vous soyez mêlée à cette histoire aussi, laissez-moi un petit temps que je puisse reprendre un peu de force et je vous promets de disparaitre de votre vie à tout jamais.

    Karsa sentait une légère fièvre monter. La bonne affaire. Elle devait faire bonne figure, pour éviter que son hôte ne s'inquiète outre mesure. Si d'autres malfrats venaient à s'inviter, elle ne doutait pas que la jeune femme aux yeux tristes puisse s'en charger, de la manière aussi sibylline, soit-elle, cependant si c'était lui qui venait à poindre le bout de son nez ici, elle était bien moins sereine de la laisser seule. Sur cette idée inconfortable, Karsa ne savait que faire. Très égoïstement, elle savait que son corps avait besoin de repos et la jeune femme lui avait proposer de la soigner. Or, elle détestait l'idée de mettre quelqu'un inutilement en danger. Et... Et cette personne l'intriguait. Elle se demandait pourquoi elle paraissait aussi désespérée pour qu'elle reste avec elle. Qu'elle lui donne son nom. Était-ce de la pitié ? De la sympathie ? La solitude profonde qu'évoquait sa situation et son foyer pouvait expliquer maintes choses, pourtant Karsa n'arrivait pas à lever le voile sur ses interrogations concernant cette personne. Elle se sentait de plus en plus fatiguée, et sa vue commençait à se troubler. Avec un sourire douloureux, elle tendit une main vers sa sauveuse.

    - Je n'ai pas demandé le nom à la personne à qui je dois la vie.

    Sa main se mit à trembler, elle sentait que les peu de forces qu'elle avait recouvert étaient en train de la quitter après qu'elle eut utilisé ses pouvoirs. Elle émit un petit rire désolé.

    - Il semblerait que même si je ne veuille pas m'imposer d'avantage, ma condition m'impose de rester chez vous plus longtemps que je ne l'aurais imaginer, je m'en excuse d'avance. Karsa devait se rendre à l'évidence, elle n'était absolument pas en état de partir, même si la situation était loin d'être idéale.

    ***

    Il avait observé de loin. Dans l'ombre. Et de ce qu'il avait pu voir, il comprenait mieux pourquoi cet endroit était évité comme la peste. Voilà qui l'arrangeait pas dans ces affaires. Les chiens ne bougeaient pas et étaient couchés près de lui, presque apeurés. Dès qu'ils s'étaient approchés de l'orée du cimetière certains d'entre eux s'étaient affolés et voulaient faire demi-tour. Rich était mort, Smothler avait réussi a ramper jusqu'au bois, puis a rendu son dernier souffle dans un râle douloureux. Après avoir vérifié qu'il n'était pas visible, Vizalys s'accroupit pour mieux examiner le corps. De l'eau s'écoulait de ses paumes meurtries du subalterne, ses orbites sanglantes semblaient avoir été transpercées par quelque chose de tranchant et acérées et il lui semblait que le sang avait été comme rincé des joues de son sous-fifre. Le mage retira un de ses gants et posa un doigt contre la pommette du pauvre bougre : elle était anormalement froide. De la glace. Le bandit se redressa, en remettant son gant, toujours son étrange sourire flanqué sur les lèvres. Un homme s'avança vers lui.

    - Qu'est ce qu'on fait maintenant Viz ? Rien ne prouve qu'elle est là et on a déjà perdu deux hommes. On va pas y passer mille ans.

    C'était Vlasov qui avait parlé. Le bras droit de Viz le regardait avec patience, les bras croisés. Le crâne entièrement rasé et les yeux clairs, l'homme inspirait autant la crainte que son patron. Apparemment excédé de courir après une donzelle, le gaillard s'était donc risqué à prendre la parole, chose qu'aucun autre n'aurait pu faire sans en subir les conséquences. Le reste de des hommes les regardait avec appréhension.

    - Oh mais elle est bien ici. Dans cette maison. Répondit Viz en désignant la maisonnette. Vlasov soupira.

    - Et alors ? On fait quoi alors ? On attaque ?

    - Non. Vizalys jeta un regard aceré vers la fenêtre du rez de chaussée. On attend.

    Vlasov haussa les épaules comme pour dire "c'est toi le patron". Le groupuscule se remit en position, et le mage se rasseya avec ses chiens, le regard toujours porté sur la fenêtre, la silhouette d'une femme masquée fuyant dans les bois flottant dans son esprit.
    Citoyen de La République
    Citoyen de La République
    Maria Moonshire
    Maria Moonshire
    Messages : 22
    crédits : 307

    Info personnage
    Race: Humain
    Vocation: Mage soutien
    Alignement: Neutre
    Rang: C
    qui suis-je ?:
    https://www.rp-cendres.com/t1411-terminela-vie-n-est-qu-un-trait-fait-au-crayon-la-mort-elle-passe-la-gomme
  • Lun 19 Juin - 14:40
    Observant l'ombre, Maria avait quitter son analyse du plancher pour venir observer les orbes violacées de celle qu'elle avait sauvé. Buvant ses paroles, la jeune femme maudite se sentait à la fois anxieuse et aspirée par les mots de la blessée.

    - Je n'attend rien. Je ne veux aucun paiement. Aucune récompense particulière. Peut-être que pour une fois, je prends plaisir à aider quelqu'un à survivre plutôt qu'à trouver sa dernière demeure sous terre. Pour le reste, oui, j'ai caché certaines choses... Notamment ma capacité à me défendre. Même si j'essaie d'éviter les effusions de sang, notamment car cela me donner plus de travail pour la suite. Elle marqua une pause, écoutant le nom de son interlocutrice. Enchantée, Karsa. Je suis ravie de voir que vous acceptez de me révéler votre identité. Et euh... Ne vous en faites pas pour cela, ma priorité est plus votre personne en cet instant que ces rustres aux méthodes immondes. Elle bégaya un peu sur la suite. Et je n'ai jamais demandé à ce que vous disparaissiez.

    S'approchant de la jeune ombra, la jeune maudite analysa tous les traits de son invitée ainsi que ses bandages, cherchant à voir si les blessures s'étaient rouvertes de nouveau ou si quoique ce soit de désagréable c'était installé depuis son intervention. Se penchant légèrement, la fossoyeuse attrapa la main de l'ombra et constata toute la fraicheur de cette dernière, triste révélateur de son état instable et fragile.

    - Maria. Maria Moonshire. Encore une fois ravie de faire votre connaissance, malgré les conditions. Elle l'aida à se redresser, passant l'un de ses bras autour de ses petites épaules pour la soutenir, même si l'ombra était plus grande. Venez, je vais vous reposer sur le lit. Il va falloir changer vos bandages je pense.

    Remontant donc à l'étage, le petit duo improbable se dirigea de nouveau dans la chambre, où Maria déposa doucement Karsa sur les draps. Reprenant son souffle face à l'effort, la fossoyeuse esquissa un léger sourire à son invitée comme si elle s'amusait de son propre manque de cardio. Azeria, quant à elle, s'était éloignée de leur présence, flottant au dessus de la demeure pour observer les potentiels mouvements des bandits. Concentrant son attention sur l'ombra, la thanatopracteuse  soupira de nouveau.

    - Je confirme que vos bandages sont à changer. La plaie ne doit pas être rouverte mais je pense qu'elle a suinté un peu. Elle plongea ses yeux dans ceux de son interlocutrice. Si vous voulez, je vais mettre des pierres sur le feu et préparer un bain. Je sais que des ennemis peuvent rôder, mais il vous faut nettoyer votre peau et vous détendre. Faute de quoi vous ne récupèrerez pas assez. Maintenant allongez-vous, je vais retirer les tissus humides.

    Sa demande n'en était pas vraiment une. A vrai dire, il s'agissait plus d'un ordre camouflé comme une rebouteuse demandant à ses patients de l'écouter. D'ailleurs, toute l'anxiété et la confusion de la jeune fossoyeuse s'estompait à mesure qu'elle défaisait les bandages. Concentrée sur son œuvre comme une abeille ouvrière s'acharnant à œuvrer pour sa ruche. Plaçant les tissus imbibés sur le sol sans ménagement, Maria observa alors la plaie et son évolution, replongeant son attention sur Karsa.

    - Si le bain ne vous fait pas envie, je peux aussi nettoyer la plaie à l'éponge. Mais... Cela sera sans doute plus douloureux pour vous. Elle quitta la blessure des yeux, versant dans un gobelet proche du lait de pavot. Il reste encore un peu de lait, si vous désirez atténuer votre peine. Mais... Gardez à l'esprit que cela peut embrumer vos pensées. Elle ricana doucement. Et dire que je gardais cette bouteille pour mon propre usage. Vous savez, vous parliez de secret tout à l'heure. De ma façon de me "défendre". Elle se recula doucement et releva un peu sa robe, révélant le bas de ses jambes jusqu'aux genoux. Ces lierres noirs sont l'origine de ce "pouvoir". Chaque jour cela grimpe un peu plus sur mon corps. Et cela peut s'avérer douloureux. D'où le lait de pavot. Car non, je ne m'amuse pas à droguer les gens. Elle baissa le ton, presque pour parler à elle même. Je n'ai de toutes façons pas beaucoup d'interactions avec les gens..    

    Laissant retomber sa robe, Maria s'éloigna alors doucement du lit pour aller chercher le seau d'eau dans lequel flottait une petite éponge douce. Elle déposa ce dernier près de l'ombra avant de repartir de nouveau, se dirigeant cette fois vers la salle de bain où elle plaça plusieurs pierres sur le feu de cheminée qu'elle venait d'allumer. La fossoyeuse vivait dans une demeure modeste, sans luxe extravaguant ou autre fioritures. D'ailleurs, étant habituée à la présence de la spectre, la jeune préparatrice mortuaire s'était même habituée à force à se baigner dans de l'eau froide. Le confort ne faisait pas partie de sa vie. Tout comme bien d'autres choses. Relevant la tête, Maria observa son reflet dans le miroir présent dans la pièce. Un long soupir quitta sa gorge. Des cils qui tombaient. Des sourcils presque disparus. Une chevelure qui s'effritait. Un corps si frêle. Elle faisait pâle figure, surtout face à des personnes comme sa protégée qui malgré ses blessures, dégageait ce quelque chose de charismatique. Et d'intriguant.    

    Frappant légèrement ses joues pour se concentrer et revenir sur terre, la fossoyeuse sentit le sang monter doucement au niveau de ses pommettes tandis qu'elle se retournait et tournait la poignée de la porte pour retourner auprès de la jeune ombra. Elle avait encore des choses à faire, potentiellement. Puis, dans son esprit, la voix éthérée d'Azeria résonna.

    - Faites vos petites vies mes chères... Si l'un de ces fous ose venir, je leur ferais connaître un sort pire que la mort.
    Citoyen du monde
    Citoyen du monde
    Karsa
    Karsa
    Messages : 30
    crédits : 1123

    Info personnage
    Race: Ombra
    Vocation: Mage élémentaliste
    Alignement: Loyal Mauvais
    Rang: D
    qui suis-je ?:
    https://www.rp-cendres.com/t1002-karsa
  • Sam 30 Sep - 18:34
    L’aventurière contemplait Maria, qui avait d’avoir versé son quota de paroles pour l'année tant son effusion semblait l’avoir épuisée. Elle jeta un œil discret aux stigmas étranges qui s’étaient encrés dans la chair de la jeune femme. Un mal inconnu s'inoculait de plus en plus profondément dans son organisme, et Maria lui en parlait comme de la pluie et du beau temps. La résignation pouvait se lire sur ses traits tirés. Pourtant, Karsa y trouvait là une forme de beauté, qu’elle se garda bien de communiquer à sa sauveuse. Il ne serait peut-être pas de bon ton d’évoquer ce genre de pensées à une mourante. Car l’ombra n'était pas dupe, et il ne fallait pas être un génie pour deviner l’issue de ce “pouvoir” dont parlait la femme aux cheveux blancs. Une issue bien funeste pour une si délicate existence. L’ombra observait les mains aux doigts fins défaire avec dextérité les bandages, déjà souillés par ce liquide poisseux et noir qui sortait des plaies de la blessée. Les yeux mi-clos, le regard enfiévré, elle ne pipa mot pendant cette opération, faisant courir son regard sur son environnement. Voyant son hôte repartir vers ce qui semblait être la salle d’eau, elle lança sur un ton léger :
    - Ma foi, pour un ensevelisseur de morts, vous savez plutôt bien manier les vivants.

    Et à peine eut-elle fini cette phrase, qu'elle essaya de se lever. Elle laissa échapper un grognement douloureux, et plaqua son bras contre son abdomen. Avec un petit effort, elle se redressa sur ses jambes qui la portaient difficilement, et attendit l’aval de Maria pour se rendre près de la baignoire. C’est là qu’elle surprit la jeune femme se contempler dans un miroir, abîmé par le temps. Elle paraissait regarder son reflet, et plus loin encore. Silencieusement, la jeune femme aux yeux limpides toisait son image, un air indéchiffrable inscrit sur ses traits graciles. Karsa admira son profil bien dessiné, et ne bougea pas d’un iota, comme absorbée par la scène.
    Ce fut Maria qui brisa le silence en se claquant soudainement les joues de ses deux mains, ce qui fit sursauter l’aventurière. Prise de court, et ne souhaitant pas indisposer la jeune femme qui avait été surprise dans un moment qui ne semblait appartenir qu’à elle, Karsa se hâta de dire :
    -  Vous avez certainement raison, un bain ne me ferait pas de mal.

    Avec un sourire maladroit, Karsa fit mine de tendre son bras, afin que sa protectrice l’aide à accéder à la salle de bain. Maria semblait avoir envie de prendre soin d’elle, tout du moins la soigner correctement, aussi, Karsa décida de la laisser faire. Une confiance mutuelle semblait se dessiner naturellement entre elles deux, ce qui restait rare pour l’ombra.
    Maria eut l’air satisfaite de cette proposition, aussi elle se hâte de l’installer sur la seule chaise de la salle d’eau, petite et vétuste, comprenant une baignoire à l’émail esquinté par le temps, un coffre lourd en cuir sombre et au métal rouillé et des fleurs séchées accrochées un peu partout sur les murs, comme pour effacer l’ambiance lugubre de cette pièce. Karsa s’asseya avec précaution sur la chaise en bois noir, qui craqua sous son poids. La jeune femme se demandait si elle n’allait pas céder sous elle tant l’assise faisait de bruit. Une odeur de bois brûlé, d’herbes médicinales et d’humidité gagna les narines de l’aventurière, et elle prit une forte inspiration, pour réguler la peine qui tiraillait son ventre. Elle se laissa aller sur sa chaise, qui se pencha dangereusement en arrière, et buta contre le mur. La fossoyeuse avait pris très au sérieux la tâche que lui incombait la préparation du bain de sa protégée. Bien que cette dernière lui avait bien spécifié qu’elle pouvait se baigner dans de l’eau froide ou tiède pour lui éviter trop de labeur, la jeune femme fit la sourde oreille et s’évertua à ce qu’elle ait une eau à température idéale. Karsa la voyait faire des allers-retours, avec un petit air de “je suis occupée, j’ai une mission à remplir” sur son visage qui arracha un sourire à la convalescente. Elle fit retomber légèrement la pression du haut de son corps, se détendit au fur et à mesure que ses trapèzes et sa nuque se décrispèrent. Elle laissa aller sa tête contre le mur décrépi. Karsa sentait ses yeux se fermer malgré elle, et elle se fit bercer par les bruits des gestes de Maria. Le bruit de ses pas léger sur le sol grinçant, le bruit de l’eau ajoutée au fur et à mesure dans le bain, le bruit de flacons qu’on ouvre, qu’on referme faisant tinter le verre épais des bouteilles. L’aura froide et menaçante qu’avait sentie l’aventurière auparavant, et prenait tant de place dans l’habitation s’était estompée, comme partie ailleurs. La femme brune pouvait toujours la percevoir, mais de manière bien plus lointaine.
    Elle poussa un long soupir, épuisée. Elle se laissa aller dans ses pensées, se délectant toujours des senteurs et des frémissements de cet endroit si particulier.

    Puis, elle n’entendit plus rien. L’ombra sentait qu’on l’observait. Elle patienta un instant et rouvrit doucement les yeux. Sa sauveuse se trouvait devant elle, sans rien dire. Le bain était prêt, dégageant quelques vapeurs fleuries. L’eau avait une légère teinte vert pâle. Des pétales de fleurs sombres séchées flottaient à la surface, dans un ballet muet.
    Karsa se redressa, sans quitter Maria des yeux.
    - Quel traitement royal. Vous n’auriez pas dû vous donner tout ce mal pour une inconnue. Dit-elle poliment.
    Manifestement, elle était flattée par ces petites attentions que lui manifestait la jeune femme aux cheveux blancs. Elle se releva alors, et entreprit de se dévêtir, commençant par sa chemise en coton. Avec des mouvements saccadés et tremblants, elle parvint à enlever sa chemise, la faisant tomber sur le sol fissuré, révélant ainsi son torse. Les bandages qui enserraient son abdomen, recommençaient déjà à se teindre de noir, tranchaient drastiquement avec la pâleur laiteuse de sa peau. Quelques cicatrices, ici et là, peignaient sa peau, une à l’arme blanche sur un bras fin et musclé, une brûlure sur une épaule bien dessinée, des traces de taille conséquente de griffes d’une créature mystérieuse sur son dos athlétique.
    Des indices épars sur le genre de vie que l’ombra avait pu mener depuis lors. Karsa continuait de se déshabiller, oubliant totalement les convenances sociales des humains, n’ayant même pas attendu que la propriétaire des lieux eusse pris congé.
    Citoyen de La République
    Citoyen de La République
    Maria Moonshire
    Maria Moonshire
    Messages : 22
    crédits : 307

    Info personnage
    Race: Humain
    Vocation: Mage soutien
    Alignement: Neutre
    Rang: C
    qui suis-je ?:
    https://www.rp-cendres.com/t1411-terminela-vie-n-est-qu-un-trait-fait-au-crayon-la-mort-elle-passe-la-gomme
  • Mar 10 Oct - 16:15
    Quand Karsa ôta sa chemise, Maria ne put s'empêcher d'observer le corps de l'ombra. Outre les bandages qui s'étaient déjà reteintés d'un liquide noirâtre, la fossoyeuse analysa doucement les différentes plaies qui couraient sur la peau d'albâtre de la cryomancienne ombreuse. Comme fascinée par l'histoire que racontaient ces plaies refermées, Maria ne vit pas le temps passé et n'eut pas le temps de promptement réagir lorsque celle qu'elle avait sauvé continuait d'ôter ses vêtements. Surprise, confuse et profondément gênée, la préparatrice mortuaire se tourna brusquement sur le côté, une main cachant maladroitement le corps dénudé de l'ombra. Pourtant, prise d'une curiosité enfantine, quelques doigts s'écartèrent timidement, avant de se refermer brusquement à la vue des courbes de celle qui plongeait à présent dans le bain.

    Une fois le corps de cette dernière immergée dans l'eau, Maria soupira presque de soulagement en enlevant sa main, avant de rougir brusquement lorsque ses yeux gris glissèrent sur Karsa. Se retournant dans la foulée, elle fit alors mine de récupérer quelques tissus avant de venir les déposer sur un panier proche de la baignoire, regardant en coin sa convive, toujours les joues aussi rougies.

    - Je... Ces tissus vous permettront de vous sécher lorsque vous aurez fini de vous baigner. Profitez de l'eau et du parfum, j'ai tenu à ce que vous passiez un moment agré...

    Une nausée. Encore. La malédiction qui progressait soudainement et provoquait un nouveau malaise à la fossoyeuse. Glissant lamentablement sur le bord de la baignoire, Maria posa son corps contre cette dernière, haletante. Sur son front, plusieurs gouttes de sueur étaient venues perler subitement tandis que sa poitrine se soulevait à rythme irrégulier. Ses mains, tremblantes, vinrent saisir sa robe pour la tirer doucement, permettant à la préparatrice mortuaire d'observer les veinules noires qui semblaient gagner en intensité. Puis, après quelques courtes secondes, elle leva la main à l'intention de Karsa.

    - J.. Je vais bien. Ca va passer... Elle haleta de nouveau. Ca va. Ca va déjà mieux.

    Elle resta ainsi assise, passant seulement sa tête en arrière lorsque son corps accepta de laisser passer cette crise violente. Fixant son plafond, la thanatopractrice étira un sourire fatiguée.

    - Je fais une bien piètre infirmière, à me retrouver épuisée après quelques maigres efforts. J'en suis désolée. Vraiment. Elle souffla longuement, laissant ses poumons se remplir d'un air aussi frais que salvateur. La maladie progresse en moi à rythme variable. Les crises s'en trouvent plus ou moins espacées et il m'est parfois difficile de les prévoir. Fort heureusement, elles ne durent jamais trop longtemps et... J'ai appris à vivre avec. Même si, habituellement, je n'ai pas de personne aussi sympathique pour m'observer durant ces dernières.

    Réalisant ses mots, Maria sentit de nouveau ses joues s'empourprer la faisant bégayer légèrement dans une pitoyable excuse inventée. Puis, une fois calmée, la fossoyeuse se mit à ricaner doucement, laissant sa voix cristalline percer doucement dans la salle de bain. Elle se sentait idiote, mais également chanceuse de pouvoir passer un tel moment en compagnie de Karsa. Malgré les conditions de leur rencontre, malgré la mort des brigands et la potentielle menace que ces derniers faisaient planer sur elles. Elle en était heureuse. Car pour une fois, sa solitude n'avait pas été brusquement arrêtée par un suicide malencontreux ou par un quelconque événement tragique. Même Azeria, curieusement, semblait être d'accord pour leur laisser un peu de temps. Et si sa défunte protectrice acceptait la présence de l'ombra, alors la fossoyeuse pouvait s'accorder un peu d'espoir.

    - Au fait, Karsa... D'où venez-vous? Je veux dire... Pas là, de suite, mais de manière générale. Vous m'avez l'air d'avoir beaucoup voyagée. D'avoir vu tant de choses. D'avoir affronté tant de dangers. C'est... Presque enivrant, juste d'imaginer les paysages que vous avez observé! Je... Je n'ai jamais véritablement quitté ce village. Sauf pour quelques études et un passage rapide en orphelinat. Mais.. Ma vie s'est toujours résumé à ma demeure et au cimetière. Je n'ai jamais eu l'occasion d'aller plus loin que Liberty. Et ce principalement à cause du devoir qui me lie à ces tombes.

    Il n'y avait pas spécialement de regret dans les mots de la demoiselle. Elle s'était faite à cette vie. A cette répétition permanente. C'était son rythme à elle, son cocon qui lui permettait de ne pas penser à la fatalité de son état et à la mort qui rôdait de manière permanente autour d'elle. Seulement, la fossoyeuse ne pouvait cacher non plus son désir de connaissance. L'envie d'en savoir plus sur le monde. Comment les reikois s'occupaient-ils de leurs morts? Comment l'ancienne Shoumei était elle tombée et quel était l'état de leurs cryptes? Non.. Ce n'était pas seulement lié à son travail. Il y avait chez elle une soif d'aventures. Elle se contentait simplement de la nullifier par un quotidien épuisant et sans réel saveur. Car elle ne méritait pas de vivre tout cela. Elle ne méritait pas d'être heureuse. Tout du moins, pas avec les malheurs qu'elle répandait autour d'elle. Ecoutant donc les réponses de Karsa, Maria buvait ses paroles comme un enfant à qui on racontait une fable légendaire. Peu lui importait que le récit soit intense ou non. Qu'il soit varié ou non. Le simple fait que l'ombra ait vécut quelque chose "d'exotique" suffisait à enchanter au plus haut point la fossoyeuse. Se retournant subitement contre la baignoire, ignorant d'ailleurs sa gêne de plus tôt, elle fixa Karsa de ses deux billes grises tandis qu'un léger sourire venait glisser sur ses lèvres fines. Pour elle, cette simple discussion était un souvenir précieux qu'elle garderait ancré au fond de sa mémoire. Car pour une fois, et malgré toute l'étrangeté de leur situation, Maria se sentait... Normale. Quittant ensuite le visage et les yeux de l'ombra, Maria porta son regard sur la poitrine puis les blessures fraiches de son invitée. Si elle fut gênée de son propre acte et son irrespect pour l'intimité de la brune, la préparatrice mortuaire fronça légèrement les sourcils en observant les plaies.

    - Comment vous sentez-vous vis à vis de ça? Elle montra du doigt les blessures. Le bain vous soulage-t-il? S'il le faut, j'ai encore un peu d'herbes et de lait de pavot permettant d'atténuer un peu votre douleur. Je vous remercie également... De... D'échanger ainsi avec moi. Je sais que votre présence ne doit pas être des plus plaisantes en raison des conditions de cette dernière et de la menace des malfrats à votre poursuite mais... Je tenais à vous remercier de ne pas avoir tenté de fuir. Ou tout du moins, de ne pas avoir été agressive à mon égard c'est... Touchant. Elle étira un sourire timide, quittant l'observation des plaies pour se recentrer sur le visage de l'ombra. Si vous avez d'autres questions me concernant, n'hésitez pas. Et... Si vous voulez quitter le bain, dites le moi. Je vous laisserais et attendrais dans ma chambre que vous ne soyez rhabillée.

    Et, sur ces derniers mots, ses joues se teintèrent de nouveau d'un rouge léger. Elle devait, vraiment, faire peine à voir tant elle était maladroite.    
    Citoyen du monde
    Citoyen du monde
    Karsa
    Karsa
    Messages : 30
    crédits : 1123

    Info personnage
    Race: Ombra
    Vocation: Mage élémentaliste
    Alignement: Loyal Mauvais
    Rang: D
    qui suis-je ?:
    https://www.rp-cendres.com/t1002-karsa
  • Ven 15 Déc - 19:15
    Les membres endoloris de la femme se relaxèrent enfin, un délicieux soulagement parcourut son échine. Ses épaules se détendirent , et elle se laissa lentement aller dans l’eau délicieusement chaude. Karsa n’avait point remarqué le trouble de sa sauveuse, aussi quand cette dernière s’adressa à elle, elle se demandait ce qui avait pu apporté autant de couleurs aux joues de la jeune femme. On aurait dit un petit hamster confus. A cette idée, Karsa cacha un sourire malicieux, qui disparut aussitôt lorsqu'elle vit Maria chanceler contre le rebord de la baignoire.
    L’ombra se redressa et posa une main inquiète sur le bras de son ange gardien. A ce contact, le tissu en coton usé de la blouse s’assombrit, et telle une métaphore du mal qui grandissait en Maria, humidifia le tissu à la même vitesse que les veines maudites remontaient le longs des jambes graciles de le jeune femme. Karsa observa en silence, guettant le moindre signe de défaillance chez Maria. Elle analysait sa respiration, ses battements de cœur, ses pupilles. Une main posée sur le bras de la jeune femme aux cheveux blancs, l’autre bras accoudé au rebord, auquel cas si jamais la fossoyeuse venait à basculer dans la baignoire, elle pourrait non sans mal la réceptionner sans qu’elle ne fasse mal.
    Heureusement, la maîtresse des lieux semblait avoir l’habitude de ces “crises” et se calma après quelques minutes. Elle reprenait son souffle, et fixait à présent le plafond. Elle semblait partir dans un autre endroit. Dans ses yeux couleurs nuage, une absence, une fatigue et une résignation passaient tour à tour. Karsa décida de garder sa main sur le bras frêle de cette jeune condamnée. Comme pour la garder avec elle, dans ce monde à elles, pas là où la jeune femme semblait déjà prête à aller. Maria expliqua doucement sa situation, et elle réussit à s’empourprer de plus belle en faisant référence à Karsa.
    L’ombra éclata d’un rire franc et salvateur. Ce qui ne l'empêcha pas de lui arracha une grimace de douleur, car son ventre appréciait moyennement ce soudain élan d'hilarité chez son hôte.

    - Voyons Maria, si je suis sympathique alors vous l’êtes tout autant. Ce n’est pas n’importe qui en ces terres rongées par la mort et la misère  qui se serait donné autant de mal pour sauver une créature telle que moi.
    Elle retira sa main, qui était à présent sèche et avait laissé une marque humide sur le tissu de la manche de la jeune femme, collant à sa peau blanche.
    L’ombra se rallongea dans son bain, prenant une grande inspiration. Rire, prendre un bain. Voilà deux choses qui lui apparaissaient  incongrues avec la vie qu’elle menait. Surtout en ce moment. La jeune femme brune ne pouvait totalement se laisser aller à la relaxation, sachant qu’un personnage antipathique cherchait à l’atteindre pour on ne sait quelle raison. Elle avait l’habitude des emmerdes, mais là c’était le pompon. Elle se massa la tempe d’une main nerveuse, ses sourcils se froncèrent presque malgré elle. Cependant, l'odeur douceâtre d'une fleur aux propriétés cajoleuses lui titillait les narines, et son esprit s'en délectait à chacune de ses inspirations. Elle sursauta presque lorsqu'elle entendit Maria s’adresser à elle. D’où elle venait  ? Karsa se devait d’être prudente, même si la fossoyeuse paraissait chétive et malade, elle avait tout de même réglé le compte de plusieurs hommes de main de l’autre frappé, sans même sourciller. Et cette espèce de présence glacée qui régnait dans la maisonnée...L’ombra esquissa un sourire en coin.

    - Je viens d’un endroit quasiment inconnu pour…Les gens comme vous. Quand  je dis comme vous, je n’entends rien de péjoratif ou dépréciatif. Seulement ma terre natale est encore exempte de tout conflit, de toute souillure. Puisse l’univers continuer à la préserver.
    Les yeux fatigués de la faiseuse s'assombrirent. Ce n’était pas une jolie tournure de phrase non, ses pupilles prirent une teinte noire qui parut déborder sur la schélérotide rougie de la jeune femme. Elle referma les yeux et parut se concentrer un instant. Quand elle les rouvrit, la couleur était redevenue normale. Cependant, son œil atrophié était pris de légers spasmes, et l’ombra se passa une main tremblante dans ses cheveux noirs comme pour s’apaiser.

    - Et puis…reprit-elle en fixant Maria. J’ai l’impression que le danger n'est forcément là où on l'attend le plus. Elle avait prononcé ses paroles en laissant glissé son regard là où le Mal dont souffrait maria marquait son corps de ses cruels stigmates.. Liberty hein…Je dois avouer ne pas m’être aventurée plus loin que le Mont Kazan pour des…affaires. J’essaye d’éviter les regroupements de population trop importants. Trop de gens. Trop de lumière. Dans des endroits où les villes ne dorment jamais, il est difficile de faire profil bas. Karsa eut un rire amer. Même si cela n’empêche pas que même au plus profond d’une forêt paumée on peut aussi s’attirer les attentions indésirables de personnes non désirées.
    La femme brune laissa aller sa tête contre le mur carrelé. Sa respiration se fit plus profonde, elle posa une main sur son abdomen blessé et une autre contre le rebord de la baignoire. Des gouttes d’eau entremêlées au liquide noir qui souillait ses plaies ruisselèrent lentement contre l’email terni de la baignoire, en un ballet pathétique. Les yeux mi-clos, la créature s’apaisait enfin.

    - Reste avec moi Maria. Cela fait longtemps moi aussi que je n’ai pas eu quelqu’un avec qui parler.

    Ploc, ploc. Les gouttelettes tombaient une à une sur le sol abîmé. Mais Karsa n’entendait rien. L’esprit embrumé par les vapeurs de pavot et herbes médicinales, ralentie par la fatigue et la douleur, elle contemplait cette jeune femme aux cheveux si longs, si blancs comme des fils de soie. Les joues rosies de cette dernière lui redonnaient un semblant de vie. Elle était belle. Un lien invisible se tissait peu à peu entre ces deux personnes si particulières.
    Citoyen de La République
    Citoyen de La République
    Maria Moonshire
    Maria Moonshire
    Messages : 22
    crédits : 307

    Info personnage
    Race: Humain
    Vocation: Mage soutien
    Alignement: Neutre
    Rang: C
    qui suis-je ?:
    https://www.rp-cendres.com/t1411-terminela-vie-n-est-qu-un-trait-fait-au-crayon-la-mort-elle-passe-la-gomme
  • Sam 16 Déc - 14:39



    Tandis qu'elle écoutait la réponse de l'ombra, Maria ne put s'empêcher de laisser ses deux billes incolores parcourir doucement la silhouette de l'Ombra. Si elle sentait ses joues s'empourprer légèrement au simple fait d'observer les courbes de celle qu'elle avait sauvé, la fossoyeuse ne pouvait se retenir. La voix de Karsa résonna doucement dans la salle de bain, sortant Maria de ses pensées admiratives pour se recentrer sur la discussion. Un endroit inconnu... Une nouvelle touche de mystère et de curiosité qui venait entourer la sombre aura de la manieuse d'ombre et de glace.

    Soudainement, les prunelles de l'ombra semblèrent s'altérer pour laisser place à des yeux particulièrement enténébrés. Si cela aurait pu terrifier Maria, cette dernière sembla comme hypnotisée par ce qu'elle pouvait remarquer. Oui, la chose était anormale. Oui, cela démontrait une nature bien éloignée de l'humanité qui composait la préparatrice mortuaire. Mais... Qu'était-ce que la normalité pour une personne dont l'existence se résumait jusqu'à présent à cohabiter de manière perpétuelle avec un spectre? Avec une âme rongée par les arcanes noires. Alors, si la démonstration malencontreuse de Karsa pouvait en effrayer plus d'un, pour Maria, cela résonnait étonnement comme une preuve de confiance. Ou bien préférait-elle tout simplement voir les choses ainsi. Quand ses yeux redevinrent normaux, l'ombra sembla subir encore quelques instants les effets de ce qu'il s'était produit, peu importe ce que c'était, et recommença à parler, plongeant de nouveau la fossoyeuse dans une écoute attentive.  

    - Des fois, je me demande comment est la vie, ailleurs. Au Reike, dont j'entends les contes via quelques rares aventuriers ou encore les rumeurs du village. Ou même Shoumeï, malgré son caractère désolé. J'ai l'impression que le monde est si vaste. Si rempli de dangers et de malheurs... J'en suis presque terrifiée à l'idée de voir tout cela. Et de penser à tous ces morts qui ne peuvent être traités correctement. Qui ne peuvent trouver le repos. Elle marqua une pause, avant de reprendre. Il est vrai que l'on trouve parfois les pires monstres même dans des coins aussi reculés qu'ici... J'en suis la première navrée. Mais au moins, on peut parfois y rencontrer de charmantes personnes... Comme vous.

    De nouveau, les joues de la thanatopracteuse se teintèrent d'un léger rose caractéristique de son état. Elle plongeait ses yeux gris dans l'étrange hétérochromie de l'ombra qui se tenait là, si près d'elle. Et puis, soudainement, les derniers mots de Karsa lui parvinrent. Comme l'effet d'une vague de chaleur et de papillons venant danser dans son ventre. Pour beaucoup, ces mots n'étaient pas grand chose. Un simple passage au tutoiement. Un simple compliment. Une simple demande. Qui résonnait dans l'esprit de la jeune maudite comme un déchainement d'émotions qu'elle pensait perdues. Baissant presque instinctivement les yeux, la demoiselle les remonta de si tôt lorsque ces prunelles se logèrent sur l'anatomie de la blessée. Elle sentait son rythme cardiaque augmenter doucement, ses joues semblaient brûler d'une paradoxale incandescence en comparaison de l'étrange fraicheur qu'elle ressentait au bout des doigts. L'espace d'un instant, Maria se trouva bête. Elle savait ce qu'elle ressentait, et cherchait à rationaliser la chose de manière stupide. Il fallait qu'elle se laisse porter, au moins quelques instants, pour qu'elle puisse profiter de cette compagnie qu'elle appréciait. Pour une fois, la fossoyeuse avait l'impression que rien de mauvais n'arriverait à l'ombra. Que les malheurs qui frappaient Maria habituellement et la condamnaient à la solitude seraient atténués et épargneraient la femme aux yeux vairons qui lui faisait face. Après tout, la faiseuse avait déjà eu assez de mauvais moment comme ça, comme c'étaient ces derniers qui l'avaient menés à elle. Etirant alors un léger sourire, timide, la préparatrice mortuaire rassembla tout son courage pour sortir d'une voix cassée les quelques mots qu'elle désirait prononcer.

    - Je.. Je n'irais nulle part. Je veux rester auprès de toi, également.

    Quelques pas. Rien de bien méchant. C'est tout ce que Maria fit pour se retrouver presque contre l'ombra. Etendant son bras, la fossoyeuse vint doucement poser sa dextre sur le visage de Karsa. Un geste doux, timide, qui déposa quelques doigts fins sur la peau marquée de la faiseuse pour venir doucement caresser cette dernière. Il y eut un silence. Pour peu, Maria crut entendre ses propres battements de cœur et sa respiration irrégulière. Elle osait. Beaucoup trop à son gout. Mais elle osait. Se perdant dans les billes bicolores de la faiseuse.

    - Les gens du village ont tous peur de moi. Ils me craignent à cause de ce que je suis et des maux qui se répandent autour de moi. Mais ils me laissent la plupart du temps tranquille, grâce au métier que j'exerce. Ils se contentent de m'éviter, comme la peste. Je me suis donc habituée à ne converser qu'avec les morts. A prendre soin des êtres tombés et ayant rejoint l'autre monde. Mais je suis heureuse, aujourd'hui, d'avoir pu agir et toucher une vivante telle que toi. Un sourire, emplie de douceur et de timidité voilée. Malgré les circonstances et malgré les dangers qui rôdent encore, j'apprécie ta compagnie Karsa. Et je ferai en sorte que ce lieu soit un refuge pour toi, que tes poursuivants repartent sans te causer plus de mal que déjà fait.

    Ses yeux glissèrent doucement, parcourant la poitrine de l'ombra pour venir se loger ensuite sur les plaies humides et ruisselantes de la faiseuse. Un nouveau sourire timide, tandis qu'elle espérait silencieusement que son travail n'avait pas été bâclé. Qu'elle n'avait pas fait n'importe quoi et que la cicatrice qui en suivrait ne serait pas handicapante pour l'être aux yeux vairons. Relevant soudainement la tête, Maria manqua un hoquet de surprise en recroisant les yeux de l'ombra. Elle s'empourpra de nouveau, comme si elle avait oublié que c'était elle, et personne d'autres, qui touchait actuellement avec une tendresse maladroite la joue de Karsa. Puis, sentant en elle une sensation étrange, les yeux de Maria s'embrumèrent doucement, tandis qu'elle venait approcher doucement son visage de celle qu'elle avait soignée. Et dans cette salle de bain, les gouttelettes qui tombaient à présent sur la tenue de Maria semblèrent se suspendre dans le temps.

    *
    *  *


    Aux abords des bois, Azeria volait silencieusement. Si elle avait décidé de laisser sa petite fleure maudite savourer un moment de répit, la spectre n'était pas stupide. Les imbéciles ayant osé s'approcher de la demeure de la guenaude reviendraient tôt ou tard. Et à ce moment là, elle ferait en sorte qu'ils n'aillent plus jamais vers quoique ce soit. De sa forme éthérée, l'être voilée glissait ainsi dans l'air ambiant. Elle laissait sa perception si particulière du monde remarquer le moindre mouvement étrange. La moindre forme qui se dénoterait depuis les bois. Puis soudainement, cette sensation. L'instinct de la revenante s'éveillait. Quelque chose approchait. Des êtres aussi malicieux que désagréables. Ils étaient encore loin. Ils n'arriveraient pas de suite. Alors... Azeria étira un large sourire sur son visage éthéré.

    * Oh non, mes petits... Vous ne perturberez pas mes protégées... Pas sans que je le permette.*

    Et ainsi, la maladie commença à se répandre dans la forêt, entrainant la mort de tout ce qui n'était pas végétal...
    Permission de ce forum:

    Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum