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Cela remontait bien avant que l’oni dirige la ville de Kyouji. Vaal, qui était l’ancien Seigneur en poste durant l’an un avant notre ère, s’était déplacé dans les alentours des territoires reikois, toujours sans une réelle explication venant de sa part, toujours auréolé de son voile de mystères. Cependant, lui, qui était conseiller, l’avait pris en filature, pour savoir ce que cherchait à faire son maître dans des terres aussi reculées vers le nord de la région.
C’était quand la vue lointaine d’un petit hameau, aux couleurs délavées et l'allure pittoresque, que le vampire s’était arrêté comme à la fin de la zone boisée, mais déshabillé des feuilles vertes, ne présentant que les branches droites de chaque arbre. Or, il n’était pas là pour une simple reconnaissance. Quelque temps après, une autre personne se joint à lui.
Caché derrière un tronc, l’homme cherchait à épier la conversation qu’avaient entamée les deux entités au loin. Mais n’étant pas doté d’une ouïe fine, il observait simplement les gestes et semblants d’expression. Seulement quelques minutes après, les deux se séparèrent pour rentrer respectivement vers “chez eux”. Bien sûr, la présence de sa personne n’échappa pas à son maître qui se contenta de le sermonner et de reprendre la route du retour, côte à côte.
~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~
Trois ans s’étaient écoulés depuis, et l’homme à la maîtrise tellurique était à la place de son défunt maître, et comme marque d’honneur en son nom, avait repris le nom de famille comme marque de noblesse. On l’appelait à la fois par son prénom, ou par la désignation de Seigneur ou Maître Yesfaren. Ayant que quelques mois au poste, il avait tout de même bien commencé à cerner les points d’amélioration, et les directions importantes que devaient prioriser pour faire de Kyouji une ville modèle.
De sa position, il avait pu récupérer les notes de l’ancien dirigeant, pour y dénicher et retrouver des pistes sur les désirs et rêves du vampire. Puis, dans un rouleau scellé d’un tube en métal, il put y lire comme une sorte de contrat à l’amiable, comme un respect mutuel entre deux personnes ayant des départ différents, mais cherchant tous deux à explorer les mystères et transcender chacun un aspect de la réalité d’une vie mortelle. Il avait seulement comme preuve d’une identité supplémentaire des initiales, et un cachet inconnu à son savoir. Le nom de l’endroit, cependant, ne figurait pas du tout sur le document jauni par le temps et l’air.
Mais le souvenir précédemment raconté refit surface, et comme emplit d’une détermination, et muni d’un désir inarrêtable de connaître la vérité derrière cet accord, il s’empressa d’effectuer et d’ordonner aux meilleurs de ses proches d’accomplir l’impossible : retrouver cette femme.
Deux mois après, il obtint seulement la bourgade dont cette mystérieuse femme avait fait son nom : Viktoria, qui serait à un endroit n’apparaissant sur aucune carte reikoise actuelle, Préliah. Il somma dès l’instant de cette information d’envoyer une convocation à cette individu, cherchant à renouveler ce contrat, devenu caduc à la mort de Vaal. Après un mois, aucune réponse, ni de la personne concernée, ni du messager, ne parvint au Seigneur. De son impatience, l’oni prit la décision d’aller de son propre chef au lieu de rendez-vous, accompagne de quelques gardes pour assurer sa “protection”.
Se remémorant les sentiers qu’il avait pris quelques années auparavant, il arriva bientôt dans les terres bordant le village. Il ordonna à ses hommes d’avancer en tête, et lui, se disant que l’arrière était une position plus préférable pour une personne de son titre. Il pouvait observer de là où il se situait, et d’une certaine façon, envoyer ses suivants pour déceler un danger potentiel. Mais cela ne put être prévenu dans la rapidité, car en seulement une seconde, deux protecteurs se volatilisèrent sans bruit, seul le vent semblait comme souffler dans leur sillage. Puis un autre, cette fois-ci, poussant un cri déchirant à glacer le sang. Crocell continuait à avancer inlassablement, sans sourciller.
Quant au dernier garde, il décida de quitter son poste et de s’enfuir dans une course effrénée. De son regard noir, il fixa le jeune homme se faire tirer derrière un tronc, une giclée de sang jaillissant de derrière le végétal mort. Il lâcha un long soupir à la situation actuelle.
“Au moins, j’aurais plus ces casses-pieds, ces incapables, et des oreilles qui traînent. Ou peut-être, si leur agresseur est du genre difficile.”
C’était à ses mots, qu’il tomba face à face à la même figure qu’il avait vu trois ans auparavant : une femme à la peau ayant perdu toute couleur, vêtue du strict nécessaire, le fixait de son regard cramoisi. S’arrêtant, à peut-être une dizaine de mètres, il porta son regard dans le sien.
“Viktoria, je présume ? Ai-je besoin de me présenter, ou comme mon maître à l’époque, ma présence n’était pas inconnue à votre esprit ?”
C’était quand la vue lointaine d’un petit hameau, aux couleurs délavées et l'allure pittoresque, que le vampire s’était arrêté comme à la fin de la zone boisée, mais déshabillé des feuilles vertes, ne présentant que les branches droites de chaque arbre. Or, il n’était pas là pour une simple reconnaissance. Quelque temps après, une autre personne se joint à lui.
Caché derrière un tronc, l’homme cherchait à épier la conversation qu’avaient entamée les deux entités au loin. Mais n’étant pas doté d’une ouïe fine, il observait simplement les gestes et semblants d’expression. Seulement quelques minutes après, les deux se séparèrent pour rentrer respectivement vers “chez eux”. Bien sûr, la présence de sa personne n’échappa pas à son maître qui se contenta de le sermonner et de reprendre la route du retour, côte à côte.
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Trois ans s’étaient écoulés depuis, et l’homme à la maîtrise tellurique était à la place de son défunt maître, et comme marque d’honneur en son nom, avait repris le nom de famille comme marque de noblesse. On l’appelait à la fois par son prénom, ou par la désignation de Seigneur ou Maître Yesfaren. Ayant que quelques mois au poste, il avait tout de même bien commencé à cerner les points d’amélioration, et les directions importantes que devaient prioriser pour faire de Kyouji une ville modèle.
De sa position, il avait pu récupérer les notes de l’ancien dirigeant, pour y dénicher et retrouver des pistes sur les désirs et rêves du vampire. Puis, dans un rouleau scellé d’un tube en métal, il put y lire comme une sorte de contrat à l’amiable, comme un respect mutuel entre deux personnes ayant des départ différents, mais cherchant tous deux à explorer les mystères et transcender chacun un aspect de la réalité d’une vie mortelle. Il avait seulement comme preuve d’une identité supplémentaire des initiales, et un cachet inconnu à son savoir. Le nom de l’endroit, cependant, ne figurait pas du tout sur le document jauni par le temps et l’air.
Mais le souvenir précédemment raconté refit surface, et comme emplit d’une détermination, et muni d’un désir inarrêtable de connaître la vérité derrière cet accord, il s’empressa d’effectuer et d’ordonner aux meilleurs de ses proches d’accomplir l’impossible : retrouver cette femme.
Deux mois après, il obtint seulement la bourgade dont cette mystérieuse femme avait fait son nom : Viktoria, qui serait à un endroit n’apparaissant sur aucune carte reikoise actuelle, Préliah. Il somma dès l’instant de cette information d’envoyer une convocation à cette individu, cherchant à renouveler ce contrat, devenu caduc à la mort de Vaal. Après un mois, aucune réponse, ni de la personne concernée, ni du messager, ne parvint au Seigneur. De son impatience, l’oni prit la décision d’aller de son propre chef au lieu de rendez-vous, accompagne de quelques gardes pour assurer sa “protection”.
Se remémorant les sentiers qu’il avait pris quelques années auparavant, il arriva bientôt dans les terres bordant le village. Il ordonna à ses hommes d’avancer en tête, et lui, se disant que l’arrière était une position plus préférable pour une personne de son titre. Il pouvait observer de là où il se situait, et d’une certaine façon, envoyer ses suivants pour déceler un danger potentiel. Mais cela ne put être prévenu dans la rapidité, car en seulement une seconde, deux protecteurs se volatilisèrent sans bruit, seul le vent semblait comme souffler dans leur sillage. Puis un autre, cette fois-ci, poussant un cri déchirant à glacer le sang. Crocell continuait à avancer inlassablement, sans sourciller.
Quant au dernier garde, il décida de quitter son poste et de s’enfuir dans une course effrénée. De son regard noir, il fixa le jeune homme se faire tirer derrière un tronc, une giclée de sang jaillissant de derrière le végétal mort. Il lâcha un long soupir à la situation actuelle.
“Au moins, j’aurais plus ces casses-pieds, ces incapables, et des oreilles qui traînent. Ou peut-être, si leur agresseur est du genre difficile.”
C’était à ses mots, qu’il tomba face à face à la même figure qu’il avait vu trois ans auparavant : une femme à la peau ayant perdu toute couleur, vêtue du strict nécessaire, le fixait de son regard cramoisi. S’arrêtant, à peut-être une dizaine de mètres, il porta son regard dans le sien.
“Viktoria, je présume ? Ai-je besoin de me présenter, ou comme mon maître à l’époque, ma présence n’était pas inconnue à votre esprit ?”
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Maîtresse, nous avons des visiteurs…
Revilk entra dans la chambre de la vampire sans y frapper, l’air aussi paniqué qu’il le pouvait, c’est-à-dire, les sourcils quelque peu haussés et une infime moue déformant ses lèvres fines. Il se gratta la barbe grisonnante et mal rasée qui ornait son visage, détournant ses deux pupilles blêmes lorsqu’il croisa celles de la diablesse, déglutissant à l’erreur qu’il venait de commettre. L’homme avait tout et rien d’humain à la fois. Une peau pâle mais marquée par le temps et les cicatrices, laissant paraître des os parfaitement apparents, des iris étranges aux reflets à la fois scintillants et cadavériques, une expression morne, presque éteinte, accordée à son timbre de voix rauque et ennuyant. Il glissa ses mains longilignes dans son dos pour reprendre une posture plus droite, alors qu’il sentait le poids du regard écarlate sur lui. Les deux poignards carmin percèrent l’âme du pauvre serviteur, surplombés de longs cils charbon, tandis que la propriétaire relâcha d’un air las son repas du jour qu’elle ne prit pas même la peine de terminer. La tête blonde roula au sol dans un bruit sourd, traçant sa marque sanguinolente derrière elle jusqu’à s’arrêter aux pieds de l’entrant. Le corps lui ne tarda pas à suivre, retombant dans un second temps aux pieds de la maîtresse des lieux, affalée dans un lit trop imposant pour sa carrure. Elle fit signe à son dévoué de s’approcher, jusqu’à ce qu’il se plante à côté d’elle, le regard fuyant et le menton particulièrement redressé. D’un geste simple, elle vint caresser sa joue du dos de sa main glacée, murmurant en examinant avec attention les veines qui palpitaient dans son cou.
Et ? Tu as oublié les bonnes manières Revilk ? Il serait dommage qu’ils n’aient pas un accueil à hauteur de mes attentes, tu ne penses pas ?
Il opina du chef, le regard perdu dans le vide, attendant le sort qu’elle lui préparait en sentant ses phalanges glacées contourner son menton pour remonter sur l’autre joue, gravissant ses traits avec langueur. Tout était possible en cet instant. La fin d’une longue et contrainte carrière, le début d’une nouvelle torture millénaire ou pire encore. Cela dépendait uniquement de l’humeur de la cheffe et de ses envies immédiates, infondées et insondables. Finalement, la vampire se contenta d’un sourire mesquin, qui étira l’ébène de ses lèvres avant de relâcher le pauvre homme, un nouveau chuchot envoyé en sa direction avant qu’il ne sorte précipitamment de la pièce, n’affichant toujours pas la moindre émotion.
Alors va. Et assure-toi que je puisse en garder un pour rattraper ta bêtise.
Le manoir s’activa, le village également, tandis que la petite troupe approchait. C’était comme éveiller les morts dans un hameau fantôme. Seul les ombres semblaient se mouvoir à travers les ruelles désertes, disparaissant en direction des bois dans un silence trop important pour ne pas être remarqué. Et c’est sous les ordres de Revilk qu’ils firent le ménage, s’assurant de garder en vie le principal intéressé, sans pour autant se montrer ne serait-ce que d’un orteil. Alors que le calme revenait autours de l’oni après avoir contemplé les cris et le précieux rouge couler, un corbeau posté sur une branche n’avait pas manqué une seconde de la scène, se délectant silencieusement du dénouement de ce petit envahissement. La perle rouge qui habitait son œil se figea sur l’étranger, le détaillant tandis qu’il semblait volontiers laisser en repas ses accompagnants, presque fatigué de les avoir vu s’éteindre aussi rapidement.
Au moins, j’aurais plus ces casses-pieds, ces incapables, et des oreilles qui traînent. Ou peut-être, si leur agresseur est du genre difficile.
S’il avait de quoi faire, l’oiseau aurait sans doute rit. Mais il quitta sa branche dans un croassement résonnant, pour terminer au sol, dos à celui dont la voix résonnait encore dans la forêt. Le petit animal fondit en une flaque ténébreuse, qui fini lentement par révéler une carrure féminine, aux courbes fascinantes, jusqu’à ce que Viktoria ne se dévoile entièrement. Vêtue d’une ample robe ébène aux échancrures plus qu’indécentes, elle contrastait pleinement avec le paysage glacial des lieux, réchauffant les esprits d’une simple apparitions avant que l’on ne croise ses pupilles froides et profondes. A son cou pendait un collier d’or richement orné de pierres ocres et bordeaux, qu’elle replaça dans un léger tintement alors que sa tignasse immaculée se vit légèrement soulevée par le vent sifflant les feuilles. Ses poignées portaient également quelques bijoux, plus sobres mais assortis à sa parure.
Viktoria, je présume ? Ai-je besoin de me présenter, ou comme mon maître à l’époque, ma présence n’était pas inconnue à votre esprit ?
Dans un petit rictus mauvais, elle dévora du regard l’inconnu, portant son index sur ses lèvres charbon, d’un petit air pensif alors qu’il se tourna vers elle. A ses mots, elle se laissa aller à quelques souvenirs qui remontaient, mais sa mémoire n’avait pas pour réputation d’être mauvaise. Juste sélective. Après quelques instants, elle s’approcha, contournant ainsi le Seigneur d’un pas lent, pour mieux le découvrir sous tous ses angles, l’air prédatrice devant un repas de qualité. Finalement, c’est face à lui qu’elle se figea, leur différence de taille flagrante se prononçant, levant le nez en direction de son visage pour rétorquer d’une voix basse et suave.
On va dire que rares sont les visites impromptues dans ce village… Le larbin de Vald, devenu Seigneur après lui ? Je ne me renseigne que très peu sur la politique, en revanche, je n’oublie jamais un visage.
Autour d’eux les bois semblaient les observer, la sensation de ne pas être seuls s’intensifia avec le bruissement immonde d’un corps vidé derrière l’un des buissons alentours. Elle n’avait pas véritablement pris la peine de répondre à sa question tant elle semblait évidente à ses yeux. C’est en humant le parfum de cette race que trop peu croisée que la diablesse vint se pincer un instant la lèvre, louchant sur l’artère parfaitement présentée avant de remonter cueillir ses yeux des siens pour soutenir son regard.
Ni une odeur…
Tu viens peut-être récupérer ton messager ? Ou ta visite n’est que courtoise ?
Le ton taquin, presque provocateur, elle ne pouvait s’empêcher de jauger celui qui se présentait ainsi à elle, sur son territoire et d’après les règles de son propre jeu. Il avait le mérite d’être soit trop curieux, inconscient ou particulièrement téméraire. Mais peu importe, pour une raison encore peu définie, il venait d’attirer toute son attention.
Revilk entra dans la chambre de la vampire sans y frapper, l’air aussi paniqué qu’il le pouvait, c’est-à-dire, les sourcils quelque peu haussés et une infime moue déformant ses lèvres fines. Il se gratta la barbe grisonnante et mal rasée qui ornait son visage, détournant ses deux pupilles blêmes lorsqu’il croisa celles de la diablesse, déglutissant à l’erreur qu’il venait de commettre. L’homme avait tout et rien d’humain à la fois. Une peau pâle mais marquée par le temps et les cicatrices, laissant paraître des os parfaitement apparents, des iris étranges aux reflets à la fois scintillants et cadavériques, une expression morne, presque éteinte, accordée à son timbre de voix rauque et ennuyant. Il glissa ses mains longilignes dans son dos pour reprendre une posture plus droite, alors qu’il sentait le poids du regard écarlate sur lui. Les deux poignards carmin percèrent l’âme du pauvre serviteur, surplombés de longs cils charbon, tandis que la propriétaire relâcha d’un air las son repas du jour qu’elle ne prit pas même la peine de terminer. La tête blonde roula au sol dans un bruit sourd, traçant sa marque sanguinolente derrière elle jusqu’à s’arrêter aux pieds de l’entrant. Le corps lui ne tarda pas à suivre, retombant dans un second temps aux pieds de la maîtresse des lieux, affalée dans un lit trop imposant pour sa carrure. Elle fit signe à son dévoué de s’approcher, jusqu’à ce qu’il se plante à côté d’elle, le regard fuyant et le menton particulièrement redressé. D’un geste simple, elle vint caresser sa joue du dos de sa main glacée, murmurant en examinant avec attention les veines qui palpitaient dans son cou.
Et ? Tu as oublié les bonnes manières Revilk ? Il serait dommage qu’ils n’aient pas un accueil à hauteur de mes attentes, tu ne penses pas ?
Il opina du chef, le regard perdu dans le vide, attendant le sort qu’elle lui préparait en sentant ses phalanges glacées contourner son menton pour remonter sur l’autre joue, gravissant ses traits avec langueur. Tout était possible en cet instant. La fin d’une longue et contrainte carrière, le début d’une nouvelle torture millénaire ou pire encore. Cela dépendait uniquement de l’humeur de la cheffe et de ses envies immédiates, infondées et insondables. Finalement, la vampire se contenta d’un sourire mesquin, qui étira l’ébène de ses lèvres avant de relâcher le pauvre homme, un nouveau chuchot envoyé en sa direction avant qu’il ne sorte précipitamment de la pièce, n’affichant toujours pas la moindre émotion.
Alors va. Et assure-toi que je puisse en garder un pour rattraper ta bêtise.
Le manoir s’activa, le village également, tandis que la petite troupe approchait. C’était comme éveiller les morts dans un hameau fantôme. Seul les ombres semblaient se mouvoir à travers les ruelles désertes, disparaissant en direction des bois dans un silence trop important pour ne pas être remarqué. Et c’est sous les ordres de Revilk qu’ils firent le ménage, s’assurant de garder en vie le principal intéressé, sans pour autant se montrer ne serait-ce que d’un orteil. Alors que le calme revenait autours de l’oni après avoir contemplé les cris et le précieux rouge couler, un corbeau posté sur une branche n’avait pas manqué une seconde de la scène, se délectant silencieusement du dénouement de ce petit envahissement. La perle rouge qui habitait son œil se figea sur l’étranger, le détaillant tandis qu’il semblait volontiers laisser en repas ses accompagnants, presque fatigué de les avoir vu s’éteindre aussi rapidement.
Au moins, j’aurais plus ces casses-pieds, ces incapables, et des oreilles qui traînent. Ou peut-être, si leur agresseur est du genre difficile.
S’il avait de quoi faire, l’oiseau aurait sans doute rit. Mais il quitta sa branche dans un croassement résonnant, pour terminer au sol, dos à celui dont la voix résonnait encore dans la forêt. Le petit animal fondit en une flaque ténébreuse, qui fini lentement par révéler une carrure féminine, aux courbes fascinantes, jusqu’à ce que Viktoria ne se dévoile entièrement. Vêtue d’une ample robe ébène aux échancrures plus qu’indécentes, elle contrastait pleinement avec le paysage glacial des lieux, réchauffant les esprits d’une simple apparitions avant que l’on ne croise ses pupilles froides et profondes. A son cou pendait un collier d’or richement orné de pierres ocres et bordeaux, qu’elle replaça dans un léger tintement alors que sa tignasse immaculée se vit légèrement soulevée par le vent sifflant les feuilles. Ses poignées portaient également quelques bijoux, plus sobres mais assortis à sa parure.
Viktoria, je présume ? Ai-je besoin de me présenter, ou comme mon maître à l’époque, ma présence n’était pas inconnue à votre esprit ?
Dans un petit rictus mauvais, elle dévora du regard l’inconnu, portant son index sur ses lèvres charbon, d’un petit air pensif alors qu’il se tourna vers elle. A ses mots, elle se laissa aller à quelques souvenirs qui remontaient, mais sa mémoire n’avait pas pour réputation d’être mauvaise. Juste sélective. Après quelques instants, elle s’approcha, contournant ainsi le Seigneur d’un pas lent, pour mieux le découvrir sous tous ses angles, l’air prédatrice devant un repas de qualité. Finalement, c’est face à lui qu’elle se figea, leur différence de taille flagrante se prononçant, levant le nez en direction de son visage pour rétorquer d’une voix basse et suave.
On va dire que rares sont les visites impromptues dans ce village… Le larbin de Vald, devenu Seigneur après lui ? Je ne me renseigne que très peu sur la politique, en revanche, je n’oublie jamais un visage.
Autour d’eux les bois semblaient les observer, la sensation de ne pas être seuls s’intensifia avec le bruissement immonde d’un corps vidé derrière l’un des buissons alentours. Elle n’avait pas véritablement pris la peine de répondre à sa question tant elle semblait évidente à ses yeux. C’est en humant le parfum de cette race que trop peu croisée que la diablesse vint se pincer un instant la lèvre, louchant sur l’artère parfaitement présentée avant de remonter cueillir ses yeux des siens pour soutenir son regard.
Ni une odeur…
Tu viens peut-être récupérer ton messager ? Ou ta visite n’est que courtoise ?
Le ton taquin, presque provocateur, elle ne pouvait s’empêcher de jauger celui qui se présentait ainsi à elle, sur son territoire et d’après les règles de son propre jeu. Il avait le mérite d’être soit trop curieux, inconscient ou particulièrement téméraire. Mais peu importe, pour une raison encore peu définie, il venait d’attirer toute son attention.
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Il se demandait comment il n’avait pu l’entendre de son angle mort. Le lieu absorbait-il les sons ? Non, les cris d’horreur et de douleur n’auraient jamais pu parvenir à ses oreilles, quelques secondes plus tôt. Ce qu’il avait ressenti, cependant, était le changement brutal d’atmosphère. Savoir lire et connaître la température d’une pièce en termes émotionnels était une des qualités qui n’avait jamais perdu sa pareille, datant des temps où il l’oni était qu’un simple conseiller d’une ville dépérissante.
Il ne pouvait pas expliquer pourquoi ces sens étaient comme nimbés d’un endormissement. Était-ce la mélancolie du lieu, souvenirs d’une époque plus joyeuse et insouciante, quant à maintenant, sur les devants de la scène ? De toute sa vie, Crocell s’était toujours plus comporté comme un figurant qu’un acteur de théâtre, portant le rôle principal de la pièce, ou de l'œuvre entière. Une méthode de pensée, qui avait subi un petit remodelage par les avis, conseils, et ordres de l’ex-Seigneur Yesfaren. Il ne pouvait feindre et cacher comme jadis, il devait user de nouvelles voies. De l’inexploré, qui pouvait déclencher encore en lui une étincelle d'excitation. Il se sentait presque dérivé sur la psyché passée de Vaal. Il faut dire qu’entre une personne ayant vu des milliers de vies défilés, et un autre ayant vécu peut-être ce nombre, l'intérêt de quelques aspects de la vie pouvaient changer pour le meilleur, comme pour le pire.
Mais de cette pensée éphémère et vagabonde, il se recentra sur lui-même, ses alentours, ces regards. Regards qui, sans se montrer, avaient bien en vue le dirigeant, et aussi celle qui était à leur tête.
Ayant déjà eu une première observation de la silhouette féminine, il ne pouvait détacher le regard d’une supposition : dans un lointain instant de ce dernier, sa beauté était-elle aussi ravissante, plus, ou moindre ? La mort raffinerait-elle les choses dans l’avancement temporel, ou figeait-elle l’apogée de l'esthétisme des êtres vivants sur Sekai ? Un jour, il se pencherait à élaborer et compléter cette théorie en pratique. Pour l’heure, ses paroles furent lancées à l’encontre de la morte.
Elle lui tourna autour, comme le prédateur commun des déserts reikois, n’attendant qu’un moment plus que parfait pour se jeter à l’action. Viktoria ne faisait que le décrire du regard, à une allure soignée et marqué de chacun de ses pas sur le sol herbeux. Il était presque sur de s’être rappelé d’un endroit où la vie s’était enfui. Pourquoi une telle erreur dans sa mémoire ? Que pouvait-il bien l’avoir trompé autant ?
Il porta plus l’attention sur la voix de la vampire, qui comme une mélodie douce, lente, marquée, où chaque note de lettre, chaque portée de mot, était dans une mesure phrasée en deux temps. Or, les paroles à l’encontre de l’homme le ramenaient à l’état antérieur de sa condition, chose qui lui fit arquer un unique sourcil. Puis, s’arrêtant à une portée de bras, ses yeux monochromes en direction du regard ambré à la pupille fendue, l’interrogeant sur la raison de sa venue en ces terres lointaines. Il avait remarqué le pincement de lèvres.
*T’as pas assez mangé aujourd’hui pour me voir comme un gigot ? Si c’est pas ça, je suis pas intéressé non plus.*
Il espérait seulement qu’elle ne lisait pas les pensées. D’un air détendu, il scruta à nouveau les alentours, les jets sanguinolents rythmant le silence venteux du lieu.
“Non. Et possiblement. Me prélasser ici ne sera que de courte durée.”
La température du coin était bien plus fraîche que celle des terres avoisinantes la ville de Kyouji. De ce fait, le mage s’était vêtu d’une couche supplémentaire, pour ne pas subir les affres de cette différence qu’il ne pouvait pas s'habituer. Encore un avantage de la non-vie, à ne pas sentir ces froids proches et transportés par les terres du Grand Nord.
“Bon, le lieu est certes joli, mais ma venue concerne quelque chose que mon ancien maître et vous, auraient conclu il y a de cela trois ans. Le libellé, ainsi que son contenu, étaient totalement illisibles ou cryptiques. Quoi de mieux que de venir à la source encore vivante de l’édit.”
Il décida, sans attendre un aval de l’hôte, de commencer à entamer la marche en direction des structures d’en face. Cela allait prendre sûrement plusieurs minutes pour s’y rendre, mais autant commencer la discussion des affaires lors d’une petite marche printanière. Il savait ce qu’il risquait en osant ce geste. Elle pourrait être froissée, se déchaîner contre lui, le terminer d’un simple claquement. Mais de son statut si particulier, il jouissait d’une certaine immunité. Mais contre cela, être dans un emplacement aussi inconnu, et sans escorte, il deviendrait qu’un souvenir à sa disparition. Mais encore, il n’avait pas peur de mourir. Au plus profond de lui, de son cœur, âme, il se convainquait de sa réincarnation possible. S’il avait réussi à le faire, alors il était promis à recommencer. Ou alors, cela était sa dernière chance, et comme la plupart des félidés, possédait plus qu’une unique chance sur les huit déjà expirées.
Il laissa échapper un bâillement. Source d’ennui, de faim, il n’en questionnait point son réflexe. Si cette Viktoria savait se montrer comme un être distingué, élégant, et bienveillant, c’était seulement là le rôle de recevoir un Seigneur d’une des trois grandes villes reikoises. Petit détail, était que parmi tout le palais royal à la ville dont il était le régent, seulement lui et les à-présent-cadavres, étaient les uniques entités au courant de son voyage.
Il ne pouvait pas expliquer pourquoi ces sens étaient comme nimbés d’un endormissement. Était-ce la mélancolie du lieu, souvenirs d’une époque plus joyeuse et insouciante, quant à maintenant, sur les devants de la scène ? De toute sa vie, Crocell s’était toujours plus comporté comme un figurant qu’un acteur de théâtre, portant le rôle principal de la pièce, ou de l'œuvre entière. Une méthode de pensée, qui avait subi un petit remodelage par les avis, conseils, et ordres de l’ex-Seigneur Yesfaren. Il ne pouvait feindre et cacher comme jadis, il devait user de nouvelles voies. De l’inexploré, qui pouvait déclencher encore en lui une étincelle d'excitation. Il se sentait presque dérivé sur la psyché passée de Vaal. Il faut dire qu’entre une personne ayant vu des milliers de vies défilés, et un autre ayant vécu peut-être ce nombre, l'intérêt de quelques aspects de la vie pouvaient changer pour le meilleur, comme pour le pire.
Mais de cette pensée éphémère et vagabonde, il se recentra sur lui-même, ses alentours, ces regards. Regards qui, sans se montrer, avaient bien en vue le dirigeant, et aussi celle qui était à leur tête.
Ayant déjà eu une première observation de la silhouette féminine, il ne pouvait détacher le regard d’une supposition : dans un lointain instant de ce dernier, sa beauté était-elle aussi ravissante, plus, ou moindre ? La mort raffinerait-elle les choses dans l’avancement temporel, ou figeait-elle l’apogée de l'esthétisme des êtres vivants sur Sekai ? Un jour, il se pencherait à élaborer et compléter cette théorie en pratique. Pour l’heure, ses paroles furent lancées à l’encontre de la morte.
Elle lui tourna autour, comme le prédateur commun des déserts reikois, n’attendant qu’un moment plus que parfait pour se jeter à l’action. Viktoria ne faisait que le décrire du regard, à une allure soignée et marqué de chacun de ses pas sur le sol herbeux. Il était presque sur de s’être rappelé d’un endroit où la vie s’était enfui. Pourquoi une telle erreur dans sa mémoire ? Que pouvait-il bien l’avoir trompé autant ?
Il porta plus l’attention sur la voix de la vampire, qui comme une mélodie douce, lente, marquée, où chaque note de lettre, chaque portée de mot, était dans une mesure phrasée en deux temps. Or, les paroles à l’encontre de l’homme le ramenaient à l’état antérieur de sa condition, chose qui lui fit arquer un unique sourcil. Puis, s’arrêtant à une portée de bras, ses yeux monochromes en direction du regard ambré à la pupille fendue, l’interrogeant sur la raison de sa venue en ces terres lointaines. Il avait remarqué le pincement de lèvres.
*T’as pas assez mangé aujourd’hui pour me voir comme un gigot ? Si c’est pas ça, je suis pas intéressé non plus.*
Il espérait seulement qu’elle ne lisait pas les pensées. D’un air détendu, il scruta à nouveau les alentours, les jets sanguinolents rythmant le silence venteux du lieu.
“Non. Et possiblement. Me prélasser ici ne sera que de courte durée.”
La température du coin était bien plus fraîche que celle des terres avoisinantes la ville de Kyouji. De ce fait, le mage s’était vêtu d’une couche supplémentaire, pour ne pas subir les affres de cette différence qu’il ne pouvait pas s'habituer. Encore un avantage de la non-vie, à ne pas sentir ces froids proches et transportés par les terres du Grand Nord.
- Tenue de Crocell:
“Bon, le lieu est certes joli, mais ma venue concerne quelque chose que mon ancien maître et vous, auraient conclu il y a de cela trois ans. Le libellé, ainsi que son contenu, étaient totalement illisibles ou cryptiques. Quoi de mieux que de venir à la source encore vivante de l’édit.”
Il décida, sans attendre un aval de l’hôte, de commencer à entamer la marche en direction des structures d’en face. Cela allait prendre sûrement plusieurs minutes pour s’y rendre, mais autant commencer la discussion des affaires lors d’une petite marche printanière. Il savait ce qu’il risquait en osant ce geste. Elle pourrait être froissée, se déchaîner contre lui, le terminer d’un simple claquement. Mais de son statut si particulier, il jouissait d’une certaine immunité. Mais contre cela, être dans un emplacement aussi inconnu, et sans escorte, il deviendrait qu’un souvenir à sa disparition. Mais encore, il n’avait pas peur de mourir. Au plus profond de lui, de son cœur, âme, il se convainquait de sa réincarnation possible. S’il avait réussi à le faire, alors il était promis à recommencer. Ou alors, cela était sa dernière chance, et comme la plupart des félidés, possédait plus qu’une unique chance sur les huit déjà expirées.
Il laissa échapper un bâillement. Source d’ennui, de faim, il n’en questionnait point son réflexe. Si cette Viktoria savait se montrer comme un être distingué, élégant, et bienveillant, c’était seulement là le rôle de recevoir un Seigneur d’une des trois grandes villes reikoises. Petit détail, était que parmi tout le palais royal à la ville dont il était le régent, seulement lui et les à-présent-cadavres, étaient les uniques entités au courant de son voyage.
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