Terres du Nord, Préliah. Mi Décembre de l'An 3

La quête d'informations sur les prisonniers m'as emmené bien loin au nord, trop peut-être. Je n'avais pas prévu que je croiserais aussi peu d'occasions de me nourrir, les bandits se faisaient aussi rares que les animaux, les reikois en patrouille ne laissait que trop peu d'occasion sans risque. C'était peut-être la première fois que je pensais réellement que j'allais devenir fou. La folie causée par la faim pourrait me pousser à ne plus réfléchir, bien que ce ne soit pas ma spécialité. Heureusement, je n'étais pas venu seul, la dernière chose qui m'a empêché de succomber était le sacrifice de ma monture. Ce n'était qu'une bête et je dois maintenant continuer à pied. Je me dirige vers ce village sombre que j'ai aperçu de loin, un bastion de l'ombre surplombait d'une demeure qui fait passer les autres pour des maisons de poupées. Nous sommes en milieu de matinée et pourtant, le village ne grouille pas de vie, j'aperçois quelque mouvement de silhouette, mais rien qui n'indique réellement une vie civilisée dans ce coin du monde.

Plus je m'approche, plus les mouvements se font rares, comme une illusion créée par le froid et la neige pour rassurer mon esprit qui n'en avait pas vraiment besoin. Quand mes pas commence enfin à fouler les rues pavés, enfin plus ou moins pavées, la vie avait complètement déserté les lieux, une porte qui se ferme résonne dans mon esprit sans que je ne puisse réellement savoir d'où le son provient. À nouveau, je suis seul avec ma faim et quelques traces de ce simulacre de vie. Comme à son habitude, la faim modifie ma perception du monde, rendant l'odeur des habitants presque visible, presque palpable.

Je continue ma progression, mes pas font crisser la neige ou résonnent sur les pavés qui en dépassent, mon regard se tourne vers les habitations et j'aperçois quelque mouvement de rideau, des regards à travers les carreaux sombres. Est-ce qu'ils peuvent s'imaginer que leurs chaleurs sont presque lumineuses à mes yeux, je pourrais presque voir le sang coulait dans leurs veines ? J'abaisse ma capuche n'ayant pas besoin de me cacher de cet ennemi inarrêtable, caché derrière un épais manteau nuageux. J'ai comme l'impression que ce village ne baigne pas souvent dans la lumière de l'astre solaire. Le vent s'engouffre dans la rue et fait s'envoler ma cape, dévoilant ainsi l'épée que je dissimule dans mon dos.

Je profite de déambuler dans les rues à la recherche de quelqu'un d'un peu plus courageux pour regarder les bâtiments, tous sont dans un ton morbide, certain en ruine rende le tableau encore plus déprimant et la demeure gigantesque qui tranche encore plus. Elle est entretenue, dominant tout et tout le monde, rendant le village encore plus pittoresque dans son ombre. Sans parler qu'elle diffusait une aura presque malveillante sur les lieux. La sensation d'être observé, bien que réelle à cause des habitants se pensant discret, ne me quitte pas. Il n'y pas que leurs regards qui m'observent, je le parierais.

Pour le moment, c'est juste énervant d'être fui comme la peste.

J'arrive sur ce qui doit être la place centrale, avec puits en son centre, et je l'aperçois, enfin. Une femme qui s'éloigne du puits, l'air apeurée jetant des regards inquiets, tantôt sur les rues tantôt sur l'impressionnante demeure. Quand elle me voit elle lâche son sceau de surprise et se fige comme une proie face à un prédateur. J'avance d'un pas en souriant, mais elle fuit à toutes jambes. Il ne me faut que quelques enjambées rapides pour la rattraper, elle se met à hurler et se ramasse sur elle-même quand ma main se pose sur son épaule. Je la fais se retourner prudemment en lui présentant mon sourire le plus aimable.

 - Du calme. Je voudrais juste poser quelques questions. Quel est ce village ?

Elle ne se calme pas, se met même à se débattre. Je finit par lâcher ma prise pour la laisser s'enfuir,, je n'en tirerais rien. Même si l'idée séduisante de la dévorer m'a traversé l'esprit. Je me dirige alors vers le puits et grimpe sur le bord en écartant les bras pour essayer de paraitre ouvert à mes observateur de l'ombre, il ne me reste qu'à faire ce que je sais faire de mieux.

- Allons brave gens. N'ayez pas par peur, je ne vais pas vous manger. Je ne suis qu'un humble voyageur en quête de réponse et d'un peu de chaleur. Avez-vous perdu toutes traces d'humanité dans ce triste village ?

Rien, pas un mouvement, pas une réponse autres que le murmure du vent. Je pourrais aller défoncer une porte et forcer le premier a venu à me donner mes réponses, puis me nourrir, mais quelque chose me dit que cela ne me servirait à rien. La peur guide leurs choix et la vie de ces gens. Je redescends de ma scène improvisée et commence à me diriger vers l'immense demeure.

Quelque chose me dit que si je veux croiser du monde ce sera la-bas.