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Citoyen de La République
Elona Val de l'Aurore

Messages : 6
crédits : 878
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Elona Val de l'Aurore

Race : Humaine
Sexe : Féminin
Âge : 25 ans
Métier : Herboriste / guérisseuse
Taille & poids : 1m 70, 70kg
Alignement : Chaotique bon
Faction : République
Rang : C
Religion : Athée
Avatar : Génération midjourney par moi-même
Pouvoirs et objets
Mage : soutien
Communication avec les animaux : pallier 1 (500crédits) - 50% = 250 crédits
Soin élémentaire : pallier 2 (1500 crédits) - 50% = 750 crédits
Guérison des poisons, maladies et envoûtements : pallier 2 (1500 crédits) -50% = 750 crédits
Elementaire eau : pallier 2 (900 crédits)
Télékinésie : pallier 1 (500 crédits) - 50% = 250 crédits
Nyctalopie : pallier 1 (300 crédits)
4000-3200 = 800 crédits restants
Immunité de race : Lumière
Faiblesse de race : Ombre
Biens (héritage):
- Une échoppe avec sa boutique au rez de chaussée et son domicile sur les deux étages supérieurs, coincée entre deux bâtiments non loin d'une rue marchande. Une petite courette est comprise à l'arrière où elle fait pousser des plantes.
- Un stock de marchandises (plantes, thés et tisanes)
- Un petit laboratoire alchimique à l'arrière, pour ses préparations.
- Un chatte qui a très mauvais caractère mais très intelligente et qui la suit presque partout (la reconnaissance du ventre, tout ça tout ça)
Description physique et mentale
Les premiers mots qui me viennent à l’esprit pour me décrire, sont joyeuse et virevoltante. Etrange non ? Mes parents aimaient m’appeler leur « petit cabri ». Une jeune chèvre qui galope partout, curieuse comme pas deux, mais qui remonte le moral juste en la regardant. Mignonne mais un peu stupide. J’étais également leur « petit rayon de soleil ». Par les gamins des voisins, j’étais vue comme naïve et faible d’esprit. Que nenni ! Absorbée par des beautés qu’ils ne pouvaient –ou ne voulaient- pas voir, je me contentais de les snober dignement. Je m’arrêtais souvent sur les couleurs d’un papillon, plus jeune, ou sur les dessins de l’ombre d’un arbre sur la pelouse près de la ferme. J’ai toujours refusé de voir les horreurs de ce monde. J’ai conscience de la dangerosité de certaines situations et je fais de mon mieux pour m’en éloigner, je veux simplement profiter de ce que la vie me donne. Vivre de prudence et de bonheur, sans faire de vagues, loin de l’agitation des grandes villes et des batailles journalières. Je me contente de peu et franchement, je ne comprends pas la poursuite du luxe et de pouvoir de certains. S’ennuient-ils trop dans leur vie qu’ils se sentent dans l’obligation de créer des conflits ? Je préfère prendre du recul face à tout ça. Comme je vous l’ai dit, j’aime ma vie dans sa simplicité. Avoir un dîner dans l’assiette à la fin de la journée, un toit au dessus de ma tête et des amis avec qui rire et essuyer les coups durs au besoin.
Franchement optimiste, débordante de vie, je peux être vue comme immature. J’ai pourtant tendance à être nostalgique et à être trop empathique. Tigresse quand il s’agit de protéger ceux que j’aime, la larme facile, le besoin d’aider les plus misérables et une profonde haine de l’injustice, je suis un prisme d’émotions. Je navigue dans les nuances de gris, ou plutôt de pastel, parce que je trouve que la vie est vachement plus fun en rose et en lavande, et je m’adapte aux situations aisément. Pleine de ressources, libre comme l’air, je me moque de ce que l’on pense de moi. Tant que l’on essaie pas de me flouer ou de prendre ce qui m’appartient, évidemment. Comme vous avez pu vous en douter, j’aime qu’on me respecte et qu’on respecte mes limites. J’ai une très grande bulle de confort, et j’y accueille à bras ouverts quiconque me voudra du bien. Amie fidèle, douce et à l’écoute donc. Pour ceux qui ne sont là que pour me tirer vers le fond, regardez bien mon dos car c’est la seule chose qui vous sera autorisé.
En termes de physique, j’ai conscience d’être relativement quelconque. Pas de grands atouts, loin d’une aura charismatique ou quoi que ce soit d’autre. Des cheveux châtains aux reflets roux, des yeux verts qui tirent sur le noisette ou l’ambre selon la lumière, un visage passe-partout : comment définir la normalité ? Pas de formes exagérées, pas une silhouette athlétique. Rapidement essoufflée si on me demande le 500m, ma seule forme de sport consiste à cultiver des plantes et à les rapporter dans ma boutique. Un sourire éclatant : voilà ce qui vous permettra de vous rappeler de moi. Tout le reste est facilement oubliable, ce qui est un bien pour un mal.
A travers ce physique ni mauvais ni bon, cette faculté de ne pas attirer l’attention, j’ai rarement eu l’occasion d’attirer l’œil des hommes. Ou des femmes d’ailleurs. Je ne peux décrire mon orientation sexuelle comme d’autres le feraient si bien : je manque d’expérience. Je trouve toujours des attraits aux gens, mais sans pouvoir déterminer s’il s’agit de désir ou d’admiration. Vous vous en souvenez quand je parlais des couleurs d’un papillon ? Ou de l’ombre des feuilles d’un arbre, qui bougent au gré du vent ? Voilà. Les dessins des ombres et des lumières sur un visage, la couleur atypique d’un œil, un geste nonchalant : tout ceci peut me fasciner alors que cela ne représente rien pour la plupart des gens. Je vous renvoie encore à ce que je disais : je navigue à travers la vie dans des couleurs pastel.
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Franchement optimiste, débordante de vie, je peux être vue comme immature. J’ai pourtant tendance à être nostalgique et à être trop empathique. Tigresse quand il s’agit de protéger ceux que j’aime, la larme facile, le besoin d’aider les plus misérables et une profonde haine de l’injustice, je suis un prisme d’émotions. Je navigue dans les nuances de gris, ou plutôt de pastel, parce que je trouve que la vie est vachement plus fun en rose et en lavande, et je m’adapte aux situations aisément. Pleine de ressources, libre comme l’air, je me moque de ce que l’on pense de moi. Tant que l’on essaie pas de me flouer ou de prendre ce qui m’appartient, évidemment. Comme vous avez pu vous en douter, j’aime qu’on me respecte et qu’on respecte mes limites. J’ai une très grande bulle de confort, et j’y accueille à bras ouverts quiconque me voudra du bien. Amie fidèle, douce et à l’écoute donc. Pour ceux qui ne sont là que pour me tirer vers le fond, regardez bien mon dos car c’est la seule chose qui vous sera autorisé.
En termes de physique, j’ai conscience d’être relativement quelconque. Pas de grands atouts, loin d’une aura charismatique ou quoi que ce soit d’autre. Des cheveux châtains aux reflets roux, des yeux verts qui tirent sur le noisette ou l’ambre selon la lumière, un visage passe-partout : comment définir la normalité ? Pas de formes exagérées, pas une silhouette athlétique. Rapidement essoufflée si on me demande le 500m, ma seule forme de sport consiste à cultiver des plantes et à les rapporter dans ma boutique. Un sourire éclatant : voilà ce qui vous permettra de vous rappeler de moi. Tout le reste est facilement oubliable, ce qui est un bien pour un mal.
A travers ce physique ni mauvais ni bon, cette faculté de ne pas attirer l’attention, j’ai rarement eu l’occasion d’attirer l’œil des hommes. Ou des femmes d’ailleurs. Je ne peux décrire mon orientation sexuelle comme d’autres le feraient si bien : je manque d’expérience. Je trouve toujours des attraits aux gens, mais sans pouvoir déterminer s’il s’agit de désir ou d’admiration. Vous vous en souvenez quand je parlais des couleurs d’un papillon ? Ou de l’ombre des feuilles d’un arbre, qui bougent au gré du vent ? Voilà. Les dessins des ombres et des lumières sur un visage, la couleur atypique d’un œil, un geste nonchalant : tout ceci peut me fasciner alors que cela ne représente rien pour la plupart des gens. Je vous renvoie encore à ce que je disais : je navigue à travers la vie dans des couleurs pastel.
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Histoire ou test-rp

Il y a toujours un avant, un maintenant et un après.
Je vous raconte mon histoire avec le recul du quart de siècle.
Je n’ai pas eu une enfance malheureuse. J’ai grandis de façon assez solitaire, mais plus à cause de mon caractère que par ma situation. Issue de la petite bourgeoisie grâce au commerce florissant de mon père, j’ai fréquenté l’école durant les quatre années obligatoires. Le reste, je l’ai appris auprès de lui, dans la boutique, dès mon plus jeune âge. Je rapportais les tisanes des dames de l’arrière-boutique, je renseignais les messieurs sur des herbes médicinales quand mon père était occupé ailleurs. Le soir, il m’apprenait à les faire pousser dans notre potager, et quand il faisait trop noir, à la lueur d’une lanterne il me montrait ses herbiers. Le week-end, parfois, nous partions en forêt ensemble pour cueillir les fleurs sauvages.
Ma mère était gouvernante pour une famille plus aisée que la nôtre. Elle était rarement à la maison, mais sa présence planait toujours, tel un aigle à l’œil vif. Elle voulait que je continue d’étudier afin d’avoir une meilleure vie que la sienne. Mais mon tempérament ne me permettait pas de rester dans le scolaire, et elle dû s’y résoudre. Je sais, avec le recul, qu’elle n’espérait que le meilleur. Qu’elle voyait des difficultés là où ma jeunesse ne voyait que des défis. Elle me voulait un poste haut placé. Elle me voulait un mariage arrangé pour me garantir une belle vie. Elle aurait aimé que moi aussi, un jour, je puisse employer une gouvernante. Désolée, maman. J’ai toujours été une fille obéissante quand ça me chantait. Et avec elle, c’était très peu. Mon père était mon héros, et ma mère un tyran. Maintenant, je vois l’inverse. Mon père était passionné mais trop doux, utopique dans ses pensées et bienveillant avec le monde entier. Ma mère avait les pieds sur terre et avait bien conscience de l’horreur du monde. Je crois qu’ils se complétaient à merveille. Et je pense que sans ma mère, mon père n’aurait pas pu survivre. Son seul loisir était ses plantes. Ma mère gérait les comptes de la boutique, les taxes et tout ce qui était administratif. Son domaine était les chiffres et elle était une reine là-dedans. Je ressemble peut-être trop à mon père. Je ne vois que la beauté et je passe au dessus des rochers où se brisent les vagues.
Mon adolescence n’a pas été facile à vivre pour mes parents. Moi, par contre, j’en garde de merveilleux souvenirs. Les balades à la nuit tombée, sous l’éclat des étoiles. Les rires et les danses lors des fêtes sur les places publiques. Les amourettes d’une heure, les amitiés d’une journée. L’exploration d’une ville, de ses secrets. Fuir les gardes après avoir joué un mauvais tour. Et toujours, toujours, rentrer à la maison dans les bras de mes parents.
Je n’ai pas fréquenté les quartiers à mauvaise réputation. Je me suis approchée une fois d’une maison close et j’ai été rebutée par les clients. J’ai été effrayée plus d’une fois par des ivrognes en sortie de taverne. J’ai bien plus souvent profité d’une après-midi à boire un chocolat chaud dans une boutique de douceurs. J’ai souvent été traînée par ma mère pour acheter une nouvelle robe, un nouveau bijou dans des boutiques à la mode. J’ai pu lire énormément de livres, empruntés par-ci par-là à des amis à mes parents. Le couple avait un bon cercle de fréquentation. Notre herboristerie était connue, et les talents de mon père reconnus. On ne comptait plus le nombre de personnes qu’il avait aidé, sans faire de distinction de rang ou de race. C’est ma mère qui le forçait à faire payer les clients, mais je me souviens encore quand ce dernier faisait entrer un mendiant en douce pour lui prodiguer les premiers soins et le faire repartir avec une petite bourse de plantes. Mon père aimait profondément la vie. Mais ma mère, elle nous aimait encore plus, et c’est pour cela qu’elle se montrait parfois dure.
Je me souviens de mon premier baiser. C’était un élémentaire de glace de passage, lors de la Fête de l’Espoir. Je ne me souviens plus de son nom, et encore moins de son visage. Mais je me souviens de la douceur de ses lèvres sur les miennes, la fraîcheur de son souffle sur ma peau. Les premiers flocons se posaient sur mes cheveux lorsque je l’ai embrassé. Par curiosité, par envie d’aventure. Découvrir ce que je ne connaissais pas. J’avais 18 ans, et j’avais envie de me rebeller contre cette vie trop douce à mon goût. J’ai embrassé un inconnu qui ne m’a pas repoussé, et qui, le temps d’une soirée a été un amant platonique et pur. Il restera à jamais un beau souvenir et j’espère en être un pour lui aussi. Aucun regret car aucune promesse, juste la beauté de quelques heures sans se soucier de quoi que ce soit.
Et puis finalement, à mes 21 ans, la vie a pris une tournure abrupte. Ma mère est tombée malade, de ce genre de maladie qu’on ne peut soigner. Elle a été foudroyante, au bout de trois jours on la mettait en cercueil. Mon père n’a pas réussi à se redresser face à la tempête et s’est laissé mourir. C’est une drôle de sensation de voir d’abord ma mère, ce roc infaillible, tomber face à une chose aussi insignifiante qu’une maladie alors que bien des mercenaires affrontent la mort chaque jour et reviennent nous voir tout le temps, avec toujours une nouvelle cicatrice improbable. Et puis mon père, cet homme qui mordait la vie à pleines dents, qui sombre dans le désespoir. Je n’ai pas réussi à la sauver, pas plus qu’il n’a pu sauver ma mère. Et un an, jour pour jour, après le décès de celle-ci, il la rejoignait, incapable de survivre plus longtemps, languissant de la retrouver. Il a fermé les yeux et n’a pas souffert. Le soir je souhaitais bonne nuit à ce visage émacié aux yeux éteints, et le matin je le retrouvais paisible, enfin parti. Je vous mentirai si je disais que je n’ai pas pleuré toutes les larmes de mon corps. Heureusement, des amis de mes parents m’ont aidé à surmonté les funérailles. Et j’ai reprit la boutique. Mon père m’y a attentivement préparé durant la dernière année, conscient qu’il ne tiendrait plus très longtemps. Parfois je me dis qu’il a attendu de me former suffisamment pour enfin lâcher prise, un ultime acte de bienveillance pour sa fille unique.
J’ai souvent demandé à mes parents pourquoi je n’avais pas de petite sœur ou de petit frère. Ca aurait été tellement plus simple de supporter la vie à deux ! Et même maintenant, j’aimerai avoir l’aide de quelqu’un de mon sang, afin de ne pas me sentir seule sur cette terre. Mais ma mère avait failli mourir lors de ma naissance et prenait depuis des herbes contraceptives. Ils avaient fait le choix de renoncer à une famille nombreuse mais risquée pour elle, afin de profiter d’une vie paisible à trois. J’ai accepté et comprit ce choix depuis longtemps. Dans la même situation, j’aurai fait pareil. Mon père rêvait d’une tripotée d’enfants, mais il aimait tellement ma mère qu’il préférait faire une croix sur ce rêve. C’est peut-être pour ça qu’il aidait tout le monde : pour compenser ce trop-plein d’amour qu’il ne pourrait jamais donner à d’autres descendants. Encore maintenant des aventuriers viennent me voir et sont étonnés de ne pas trouver mon père auprès de moi. Il manque à tout le monde. Et je leur explique patiemment comment ma mère s’est envolée pour un ailleurs plus doux, et qu’il l’a rejointe là-bas. Mon père avait beaucoup d’amis, et les nouvelles ne vont pas suffisamment loin, surtout quand elles concernent les petites gens.
Et puis nous arrivons à maintenant. A mes 25 ans. 26 ans le 31 octobre, à la fête des morts. C’est ironique, non, de naître le jour où les morts sont célébrés ? Mon père voyait ça comme un symbole d’espoir. J’étais, après tout, son rayon de soleil. Je gère la boutique depuis trois ans déjà et même si je ne suis pas aussi douée que mon père, je parviens à m’en sortir. J’ai commencé à me bâtir une petite réputation, en alliant l’altruisme de mon père et les principes de ma mère.
J’essaie de continuer à profiter de la vie même si la boutique est très chronophage. Adieu innocence de l’enfance, bonjour réalité de la vie. Je pourrais tout plaquer et devenir aventurière. Je pourrais peut-être devenir le médecin attiré d’une famille. Mais qui s’occuperait alors de tout les laissés pour compte ? Qui aiderait ces femmes à accoucher dans le secret, par peur de représailles de leur famille ? Qui, au contraire, fournirait les contraceptifs nécessaires à celles qui ont eu des instants terribles ? Qui soignerait ces aventuriers et mercenaires de passage ?
Je vous raconte mon histoire avec le recul du quart de siècle.
Je n’ai pas eu une enfance malheureuse. J’ai grandis de façon assez solitaire, mais plus à cause de mon caractère que par ma situation. Issue de la petite bourgeoisie grâce au commerce florissant de mon père, j’ai fréquenté l’école durant les quatre années obligatoires. Le reste, je l’ai appris auprès de lui, dans la boutique, dès mon plus jeune âge. Je rapportais les tisanes des dames de l’arrière-boutique, je renseignais les messieurs sur des herbes médicinales quand mon père était occupé ailleurs. Le soir, il m’apprenait à les faire pousser dans notre potager, et quand il faisait trop noir, à la lueur d’une lanterne il me montrait ses herbiers. Le week-end, parfois, nous partions en forêt ensemble pour cueillir les fleurs sauvages.
Ma mère était gouvernante pour une famille plus aisée que la nôtre. Elle était rarement à la maison, mais sa présence planait toujours, tel un aigle à l’œil vif. Elle voulait que je continue d’étudier afin d’avoir une meilleure vie que la sienne. Mais mon tempérament ne me permettait pas de rester dans le scolaire, et elle dû s’y résoudre. Je sais, avec le recul, qu’elle n’espérait que le meilleur. Qu’elle voyait des difficultés là où ma jeunesse ne voyait que des défis. Elle me voulait un poste haut placé. Elle me voulait un mariage arrangé pour me garantir une belle vie. Elle aurait aimé que moi aussi, un jour, je puisse employer une gouvernante. Désolée, maman. J’ai toujours été une fille obéissante quand ça me chantait. Et avec elle, c’était très peu. Mon père était mon héros, et ma mère un tyran. Maintenant, je vois l’inverse. Mon père était passionné mais trop doux, utopique dans ses pensées et bienveillant avec le monde entier. Ma mère avait les pieds sur terre et avait bien conscience de l’horreur du monde. Je crois qu’ils se complétaient à merveille. Et je pense que sans ma mère, mon père n’aurait pas pu survivre. Son seul loisir était ses plantes. Ma mère gérait les comptes de la boutique, les taxes et tout ce qui était administratif. Son domaine était les chiffres et elle était une reine là-dedans. Je ressemble peut-être trop à mon père. Je ne vois que la beauté et je passe au dessus des rochers où se brisent les vagues.
Mon adolescence n’a pas été facile à vivre pour mes parents. Moi, par contre, j’en garde de merveilleux souvenirs. Les balades à la nuit tombée, sous l’éclat des étoiles. Les rires et les danses lors des fêtes sur les places publiques. Les amourettes d’une heure, les amitiés d’une journée. L’exploration d’une ville, de ses secrets. Fuir les gardes après avoir joué un mauvais tour. Et toujours, toujours, rentrer à la maison dans les bras de mes parents.
Je n’ai pas fréquenté les quartiers à mauvaise réputation. Je me suis approchée une fois d’une maison close et j’ai été rebutée par les clients. J’ai été effrayée plus d’une fois par des ivrognes en sortie de taverne. J’ai bien plus souvent profité d’une après-midi à boire un chocolat chaud dans une boutique de douceurs. J’ai souvent été traînée par ma mère pour acheter une nouvelle robe, un nouveau bijou dans des boutiques à la mode. J’ai pu lire énormément de livres, empruntés par-ci par-là à des amis à mes parents. Le couple avait un bon cercle de fréquentation. Notre herboristerie était connue, et les talents de mon père reconnus. On ne comptait plus le nombre de personnes qu’il avait aidé, sans faire de distinction de rang ou de race. C’est ma mère qui le forçait à faire payer les clients, mais je me souviens encore quand ce dernier faisait entrer un mendiant en douce pour lui prodiguer les premiers soins et le faire repartir avec une petite bourse de plantes. Mon père aimait profondément la vie. Mais ma mère, elle nous aimait encore plus, et c’est pour cela qu’elle se montrait parfois dure.
Je me souviens de mon premier baiser. C’était un élémentaire de glace de passage, lors de la Fête de l’Espoir. Je ne me souviens plus de son nom, et encore moins de son visage. Mais je me souviens de la douceur de ses lèvres sur les miennes, la fraîcheur de son souffle sur ma peau. Les premiers flocons se posaient sur mes cheveux lorsque je l’ai embrassé. Par curiosité, par envie d’aventure. Découvrir ce que je ne connaissais pas. J’avais 18 ans, et j’avais envie de me rebeller contre cette vie trop douce à mon goût. J’ai embrassé un inconnu qui ne m’a pas repoussé, et qui, le temps d’une soirée a été un amant platonique et pur. Il restera à jamais un beau souvenir et j’espère en être un pour lui aussi. Aucun regret car aucune promesse, juste la beauté de quelques heures sans se soucier de quoi que ce soit.
Et puis finalement, à mes 21 ans, la vie a pris une tournure abrupte. Ma mère est tombée malade, de ce genre de maladie qu’on ne peut soigner. Elle a été foudroyante, au bout de trois jours on la mettait en cercueil. Mon père n’a pas réussi à se redresser face à la tempête et s’est laissé mourir. C’est une drôle de sensation de voir d’abord ma mère, ce roc infaillible, tomber face à une chose aussi insignifiante qu’une maladie alors que bien des mercenaires affrontent la mort chaque jour et reviennent nous voir tout le temps, avec toujours une nouvelle cicatrice improbable. Et puis mon père, cet homme qui mordait la vie à pleines dents, qui sombre dans le désespoir. Je n’ai pas réussi à la sauver, pas plus qu’il n’a pu sauver ma mère. Et un an, jour pour jour, après le décès de celle-ci, il la rejoignait, incapable de survivre plus longtemps, languissant de la retrouver. Il a fermé les yeux et n’a pas souffert. Le soir je souhaitais bonne nuit à ce visage émacié aux yeux éteints, et le matin je le retrouvais paisible, enfin parti. Je vous mentirai si je disais que je n’ai pas pleuré toutes les larmes de mon corps. Heureusement, des amis de mes parents m’ont aidé à surmonté les funérailles. Et j’ai reprit la boutique. Mon père m’y a attentivement préparé durant la dernière année, conscient qu’il ne tiendrait plus très longtemps. Parfois je me dis qu’il a attendu de me former suffisamment pour enfin lâcher prise, un ultime acte de bienveillance pour sa fille unique.
J’ai souvent demandé à mes parents pourquoi je n’avais pas de petite sœur ou de petit frère. Ca aurait été tellement plus simple de supporter la vie à deux ! Et même maintenant, j’aimerai avoir l’aide de quelqu’un de mon sang, afin de ne pas me sentir seule sur cette terre. Mais ma mère avait failli mourir lors de ma naissance et prenait depuis des herbes contraceptives. Ils avaient fait le choix de renoncer à une famille nombreuse mais risquée pour elle, afin de profiter d’une vie paisible à trois. J’ai accepté et comprit ce choix depuis longtemps. Dans la même situation, j’aurai fait pareil. Mon père rêvait d’une tripotée d’enfants, mais il aimait tellement ma mère qu’il préférait faire une croix sur ce rêve. C’est peut-être pour ça qu’il aidait tout le monde : pour compenser ce trop-plein d’amour qu’il ne pourrait jamais donner à d’autres descendants. Encore maintenant des aventuriers viennent me voir et sont étonnés de ne pas trouver mon père auprès de moi. Il manque à tout le monde. Et je leur explique patiemment comment ma mère s’est envolée pour un ailleurs plus doux, et qu’il l’a rejointe là-bas. Mon père avait beaucoup d’amis, et les nouvelles ne vont pas suffisamment loin, surtout quand elles concernent les petites gens.
Et puis nous arrivons à maintenant. A mes 25 ans. 26 ans le 31 octobre, à la fête des morts. C’est ironique, non, de naître le jour où les morts sont célébrés ? Mon père voyait ça comme un symbole d’espoir. J’étais, après tout, son rayon de soleil. Je gère la boutique depuis trois ans déjà et même si je ne suis pas aussi douée que mon père, je parviens à m’en sortir. J’ai commencé à me bâtir une petite réputation, en alliant l’altruisme de mon père et les principes de ma mère.
J’essaie de continuer à profiter de la vie même si la boutique est très chronophage. Adieu innocence de l’enfance, bonjour réalité de la vie. Je pourrais tout plaquer et devenir aventurière. Je pourrais peut-être devenir le médecin attiré d’une famille. Mais qui s’occuperait alors de tout les laissés pour compte ? Qui aiderait ces femmes à accoucher dans le secret, par peur de représailles de leur famille ? Qui, au contraire, fournirait les contraceptifs nécessaires à celles qui ont eu des instants terribles ? Qui soignerait ces aventuriers et mercenaires de passage ?
…
Mais est-ce que je veux vivre comme cela jusqu’à la fin ?
…
Est-ce que je veux rester dans cette ville, dans cette rue, dans cette maison, jusqu’à la fin de ma vie ?
…
Est-ce que je veux vivre dans ce monde étriqué alors qu’au-delà de mon seuil tout est bien plus vaste ?
…
Je ne sais pas. Et la vie est bien courte pour les humains. Mais il me reste du temps pour décider de mon avenir. Peut-être que le destin viendra un jour toquer à la porte.
Mais est-ce que je veux vivre comme cela jusqu’à la fin ?
…
Est-ce que je veux rester dans cette ville, dans cette rue, dans cette maison, jusqu’à la fin de ma vie ?
…
Est-ce que je veux vivre dans ce monde étriqué alors qu’au-delà de mon seuil tout est bien plus vaste ?
…
Je ne sais pas. Et la vie est bien courte pour les humains. Mais il me reste du temps pour décider de mon avenir. Peut-être que le destin viendra un jour toquer à la porte.
- OS Elona 14 ans :
« Elona ? Tu m’entends ? Eoh ! »
Brutalement tiré de mes pensées, je raccroche à la réalité. Sarah me regarde avec des gros yeux. Je pose mon menton sur mon bras, lui-même posé sur mon genou. J’observe à nouveau la foule, déportant mon attention d’elle.
« Je pense que si tu es assez rapide, tu peux te fondre dans la masse. Tu pars d’abord comme si tu voulais remonter vers la Rue d’Albraca, et si tu passe derrière le rideau du stand de bijoux, tu peux te faufiler vers l’Allée Rouge.
-Si je me fais choper par le vendeur le plan tombe à l’eau !
-C’est moi la tête et toi les jambes tu te souviens ? Tu veux te venger de Jericho ou non ?
-Oui mais..
-Et ba alors faut qu’il se fasse choper par les gardes et pas toi. La meilleure solution c’est de le feinter. »
Je change légèrement de position, les fesses toujours posées à terre, et je tends mon doigt vers la garde statique non loin de là. Deux hommes qui surveillent une banque annexe.
« Eux, ça sera bien suffisant. Le but c’est de lui faire peur pas de le mettre vraiment dans le pétrin. »
Sarah hoche la tête, et je peux lire dans ses yeux ambrés que tout d’un coup, elle n’est plus très sûre de vouloir le faire. Je hausse les épaules en laissant retomber mon bras. Moi, ça m’est égal. Elle est venue me demander mon aide, mais je n’ai pas franchement d’atomes crochus avec elle et je n’en veux pas spécialement à Jéricho. Cet idiot lui a joué trop de mauvais tours et elle avait juste besoin d’un coup de main pour inventer un plan, et surtout en réchapper sans problème. Sarah est rapide et petite, mais ce n’est pas la plus futée. Et visiblement, pas la plus courageuse. Elle est en train de se défiler.
« A toi de voir en tout cas. Je t’ai fait part de mes idées.
-Je vais le faire ! Oui, je vais le faire. »
Elle se raccroche à ces mots comme un naufragé à une bouée. Non, décidément elle ne le fera pas. L’illusion de la vengeance la réconfortait, mais elle est trop gentille pour passer à l’action. Je me relève et époussette mes fesses. Mon pantalon kaki est devenu légèrement grisâtre.
« Tu passeras me dire à la boutique comme ça s’est passé ?
-Tu me laisse toute seule ?
-Tu sais que je te serai pas d’une grande aide pour la suite. »
Elle se pince les lèvres, bien embêtée. Elle espérait peut-être que je l’encouragerai ? Je lui fais un sourire contrit.
« Moi il ne m’a rien fait, et tu sais que si je cours je vais cracher un poumon. »
Elle ne rétorque rien, sachant que j’ai raison. Elle a été la première à se moquer de moi et de mon manque d’endurance. Combien de fois elle m’a volé quelque chose pour que je la poursuive et que j’abandonne ? Elle m’a toujours rendu mes affaires. Mais les blagues des gamins des rues sont parfois méchantes même si ces derniers ne s’en rendent pas compte. Sarah, derrière son rideau de cheveux blonds, est malingre. Elle a prit un retard de croissance à cause de la malnutrition. Elle est devenue rapide à force de chaparder. Moi, et bien j’ai toujours mangé à ma faim. Peut-être trop, parfois. J’ai eu du mal à perdre mes joues de bébé. Je sais que les autres m’en ont souvent voulu d’être à la fois si différente d’eux mais si semblable. Je suis bloquée dans cette ville comme eux, mais j’y suis mieux logée. Je rêve d’aventure sans pouvoir passer les murailles. J’observe le ciel en rêvant d’être un oiseau, alors que je foule une route pavée et poussiéreuse. Ma vie est plus facile que la leur, mais mes limites sont semblables aux leurs. Nous rêvons tous de quelque chose d’autre.
Je tourne les talons, regagnant l’ombre de la ruelle à l’angle de laquelle nous étions. Sarah mets quelques instants avant de me rattraper. Rapidement, le brouhaha de la rue marchande s’estompe légèrement. On peut toujours entendre les gens se héler, et les chevaux passer. Chaque passage soulève la poussière de la route formant ainsi une légère brume grisâtre qui atténue la violence du soleil d’été. C’est une journée magnifique, soi dit en passant. Rester enfermée à la boutique aurait été une grossière et frustrante erreur. Papa doit y être relativement tranquille, notre clientèle se présente souvent en matinée ou en fin de journée. Sur les heures les plus chaudes, les badauds préfèrent arpenter les stands ouverts et profiter du vent et du soleil.
« Je suis pas sûre de vouloir faire ça en fait.
-C’est une bonne décision.
-Pourquoi tu m’as aidée si tu penses ça ?! »
Je hausse les épaules et tape dans un caillou qui part valdinguer contre un mur.
« J’aidais une amie, parce qu’elle pensait faire quelque chose de juste. C’est pas pour autant que je cautionnais. Tant que tu es heureuse, moi, tout me va. »
Sarah me passe devant et semble agacée. Elle croise ses bras sous le léger renflement qui lui sert de poitrine. Je baisse légèrement la tête pour la regarder dans les yeux. Je peux voir son crâne blanc entre ses cheveux blonds. Comment fait-elle pour rester aussi pâle alors qu’elle passe ses journées dehors ?
« Tu devrais pas aider n’importe qui avec une excuse aussi débile ! Et si on te demandais de tuer quelqu’un ?
-Je ne le ferai pas. Mais j’indiquerai comment le faire. »
Je lui lance un grand sourire. Elle me lance un coup de point dans le biceps, et sa force me fait reculer d’un pas. C’est encore une gamine de 14 ans, comme moi, mais quand elle sera adulte je suis sûre qu’elle bottera des fesses. Quand le moment viendra, je ne tiens pas à être son ennemie. Elle reprend, un peu plus sérieuse ;
« Tu ne devrais pas te retrouver mêlée à de sales affaires. Profite de ta situation. T’as des parents qui t’aiment. T’es futée et pas très jolie. T’as moyen de t’en sortir dans cette ville. »
J’ai un pincement au cœur. Même si elle n’a pas cherché à être méchante, on sait toutes les deux la réalité. La République est un endroit très juste tant que l’on est un bon citoyen. Mais comme partout, il ya des bas-fonds. Et des gamines jolies et sans le sous, elles vivent rarement longtemps. Quand elles sont jolies et assez fortunées, elles sont vendues sous couvert de mariages arrangés. Avoir un visage quelconque me permet d’éviter la convoitise des gens mauvais. Sarah, elle, a déjà dû se tirer de situations délicates. Avec son regard ambré, ses cheveux blonds et son visage assez poupon, elle est belle. Ce qui la sauve c’est sa malnutrition et la saleté qu’elle garde toujours sur les joues. Mais parfois, même ça, ce n’est pas suffisant. Je détourne le regard, gênée, ne sachant que dire.
« Aller, tire pas la tronche ! Le monde pourrait être pire, on pourrait être à Reike ! »
Je force un sourire, découvrant légèrement mes dents supérieurs, sans réussir à faire monter mon expression jusqu’à mes yeux. Elle a raison. Sarah a toujours raison.
Cet après-midi là, quand je l’ai laissé, je ne savais pas que c’était la dernière fois que je la voyais. Et je ne savais pas que c’était ses derniers mots à mon égard.
Elle a disparu.
Son corps a été retrouvé deux semaines plus tard, aux abords du lac.
Puis sa tête a été retrouvée à l’autre bout de la ville.
Ses jambes et ses bras dans diverses poubelles disséminées partout.
Finalement, Sarah n’aura jamais pu se venger, et ne trouvera jamais la justice dans la ville du même nom.
- OS Elona 17 ans :
- Je me hisse sur la pointe des pieds pour m’assurer de ce que je vois. Oui, je reconnaitrai ce tatouage dorsal clanique partout ! Et la longue cicatrice qui le barre en diagonal, allant d’une omoplate jusqu’aux cotes aussi. Je me faufile à travers la foule, vers celui qui a attiré mon attention. Du haut de ses deux mètres et avec sa peau d’un vert léger, on le reconnait vite. Je crie son prénom au moment où je donne une impulsion pour lui sauter dessus.
Ses réflexes de guerrier le font se retourner et m’intercepter d’un bras avant que je m’écrase lamentablement sur lui. Son visage s’éclaire alors qu’il me repose à terre. La foule autour de nous continue son chemin après ce bref interlude et quelques chuchotements sur mon comportement. Ils s’écartent, ménageant de l’espace aux retrouvailles d’un orc et d’une adolescente. De toute façon, qui voudrait essayer de s’opposer à un orc armé couvert de cicatrices et à la mine patibulaire ?
« Je suis tellement heureuse de te revoir Solomon ! T’es de retour en ville pour longtemps ?
-Je passe simplement vous dire bonjour, j’ai une mission pas loin.
-Alors viens, papa est à la boutique ! »
J’attrape le géant par la main, cachant ma surprise par les nouvelles callosités que j’y sens, et je l’entraîne à ma suite. Je connais Solomon depuis que je suis née. Je crois qu’il approche de la cinquantaine mais je n’en suis pas sûre, le temps a du mal à s’accrocher à lui. Le guerrier me suit docilement tandis que je l’entraîne à travers la foule, ouvrant le passage du haut de mes 1m70. Au bout de quelques minutes nous y sommes et la clochette retentit quand je pousse la porte. Il n’y a pas de client et mon père est invisible, sûrement en train de préparer des poudres ou de vérifier les plantes.
« Papa ! »
Mon cri résonne un instant, et le temps que vous arrivions au guichet, l’homme apparait. Il s’essuie les mains avec un chiffon déjà tâché, et son visage s’illumine en voyant le mastodonte que j’emmène. Je lâche la main de Solomon tandis que mon père et lui s’étreigne rapidement. Il faut savoir que mon géniteur n’est pas un home petit, il fait ses 1m85 et a une carrure plutôt correcte, grâce à une vie paisible. Solomon, taillé par les batailles et les périples, est bien plus impressionnant alors qu’il est à peine plus grand. Ses épaules sont très larges, et ses muscles sont saillants. Souvent habillé de façon légère, il n’aime pas les amures, elles l’empêchent de se mouvoir. Quelques morceaux de métal attachés le protège sur les zones les plus sensibles : cœur, entrejambes. A part ça, tout est visible. Et je suis toujours aussi fascinée, quand il bouge, par les ombres que ses muscles créent. J’ai tenté de le dessiner quand j’étais plus jeune, mais je n’ai aucun don là dedans. Je n’ai pas réussi à retranscrire la poésie que je voyais sur son corps et j’ai rapidement abandonné. Après quelques échanges, mon père déclare aller préparer du thé. Les vieux amis ont toujours du temps pour un thé, à la boutique. Solomon s’assied sur le tabouret en métal haut près du guichet, se délestant de ses armes. Je m’approche à nouveau de lui, des étoiles dans les yeux.
« Alors ? »
A chaque fois que je le vois, c’est toujours la même question. Un sourire étire son visage. Il pose sa grosse main sur le sommet de mon crâne et ébouriffe mes cheveux longs. Je me débats un peu et m’arrache à son geste –parce qu’il le veut bien, soyons honnêtes- et je repousse ma tignasse en arrière.
« C’est moche, dehors, Elona. Vraiment. Ici, à Justice vous êtes assez préservés. Mais ce que je vois dehors, et bien, c’est terrible. La Grande Guerre a laissé de profondes marques. »
Son regard se perd, tout comme son sourire. Je devine qu’il ressasse des souvenirs qu’il aurait préféré oublier. Je lui tape le dos de la main pour le rappeler au temps présent.
« Raconte moi quelque chose de beau. »
Son sourire revient, il repousse sur le côté sa longue crête noire. Les côtés de sa tête sont rasés, mais il a toujours gardé cette chevelure d’ébène sur le haut du crâne.
« As-tu déjà entendu parler des licornes ? Oui, j’imagine que oui » dit-il tandis que je hoche frénétiquement la tête. « Il y a quelques mois j’ai dû aller en chasser une, pour un noble de Reike. Il voulait l’offrir à sa fille comme cadeau de mariage. »
Je décale légèrement ma tête sur le côté, soudainement suspicieuse. Je connais cet éclat dans le regard mais je n’ai jamais su proprement l’interpréter. Invente-t-il totalement ou enrobe t-t-il la vérité pour me protéger ? Il ne se laisse pas démonter et continue son histoire.
« J’ai traqué la bête pendant des semaines, son territoire était vaste et je pense qu’elle savait que je la cherchais. Mais j’ai fini par la retrouver. »
Nouvelle pause de sa part. Mon père revient avec un excellent timing, portant un plateau avec trois tasses et une théière fumante. Il annonce avec un sourire tandis qu’il pose sur le guichet :
« Energisant. Je me doute que tu vas en avoir besoin. De quoi vous parliez ? »
L’orc lui sourit, dévoilant ses canines inférieures. Je me suis toujours demandé, assez stupidement j’en ai conscience, si ça le gêne. Il m’est déjà arrivé de me mordre la langue avec des dents nettement moins longues que ça. J’évite de me laisser distraire et tout en attrapant les tasses pour les distribuer, je relance Solomon ;
« Donc tu l’as retrouvée. Ensuite ? »
Solomon reporte son attention vers moi. Non, mon père ne l’a pas sauvé, je ne perds jamais le nord. Du moins, pas très longtemps.
« Elle était d’un blanc éclatant. Sa crinière était dorée, et elle avait de grands yeux bleus. J’ai lancé des entraves dans ses jambes, je ne devais pas l’abîmer. La bête n’a même pas eu le temps de comprendre ce qu’il s’est passé je l’ai assommé. Et voilà. »
La fin est clairement bâclée. Je suis déçue et ça se lit sur mon visage. Mon père s’en aperçoit et vole au secours de Solomon ;
« Tu es là pour un moment ?
-Non, juste un bonjour et te racheter quelques onguents.
-D’accord, voyons voir.. »
Je tourne les talons et quitte la boutique, laissant les deux hommes à leurs affaires. J’ai 17 ans, mais je sais encore parfaitement bouder. Je ne doute pas que l’orc ai chassé une licorne. C’est un mercenaire qui prend tout type de mission, de la traque d’animaux jusqu’à l’escorte de personnes importantes. Dès qu’il passe dans les environs, il vient nous voir. Au moins une fois par an. Je sais que l’année où il ne reviendra pas, c’est que sa dernière mission aura eu raison de lui. C’est la dure vie des aventuriers. Au fil des années nous avons eu beaucoup de clients comme ça. Ils revenaient sans cesse et un beau jour ils disparaissent. Parfois on apprenait leur mort. D’autre fois, on a jamais su ce qu’il leur été arrivé. Un jour ils étaient là, le jour d’après ils ne l’étaient plus. C’est pour ça que nous chérissons autant ces amis de passage, qui étaient souvent des amis de longue date. C’était un bonheur de les retrouver dans cet avenir qui pour eux étaient plus qu’incertains.
On a aussi d’autres clients, des citoyens qui ne risquent pas grand-chose. Mais du coup, leurs histoires me paraissent bien fades à côté de celles que peut raconter Solomon. Quand j’étais petite je croyais chaque mot qui sortait de sa bouche. Aujourd’hui je remets en doute ses paroles, consciente qu’il ne me raconte pas tout. Je suis une enfant de la ville, protégée, dans son petit nid douillé. Je serai certainement choquée de tout ce qu’il pourrait me raconter, probablement même traumatisée. Je lis les journaux parfois, mais ils se consacrent trop au « grand monde », aux politiques, aux histoires à faire pleurer dans les chaumières, et tout ce qui peut faire vendre. La réalité des gens lambda, et bien, concrètement ils s’en foutent. Je me demande comment ceux qui peuvent vivre des centaines d’années perçoivent le monde. Ont-ils autant de détachement que moi ? Après tout, mon existence, en plus de ne pas les impacter du tout, n’est qu’un bref clin d’œil pour certains. Je serai morte depuis longtemps qu’ils n’auront pas prit une ride. Est-ce que je veux vraiment me mêler à un monde comme ça ? Les machinations des grands pontes ne me toucheront jamais, je ne vivrai pas assez longtemps pour ça. Qu’est ce que je peux faire de mieux que de vivre ma vie comme je l’entends ?
Je m’assoie contre la façade de la boutique, à l’ombre du bâtiment. Mes pieds touchent la démarcation avec la zone lumineuse. Je replie mes genoux contre moi et les entoure avec mes bras. En tournant la tête je peux distinguer la rue principale et commerciale non loin de là. La boutique est sur une rue perpendiculaire, moins fréquentée, entourée d’habitations et de quelques échoppes comme la nôtre. Nous profitons des clients de l’artère principale tout en ayant le calme de la zone résidentielle. Un entre-deux parfait. Un couple me passe devant et j’aperçois les oreilles pointues du monsieur. Des elfes. La dame semble surprise de me voir là et me jette un coup d’œil, mais ils ne s’arrêtent pas. Tant mieux. Je veux juste un peu de solitude pour méditer sur ce monde tout en pouvant l’observer à mon gré. Je lève la tête vers le ciel, vers les toitures. Je sais que Jericho et sa bande grimpent régulièrement là haut. Aux dernières nouvelles, ils tiraient la bourse aux touristes. Je me demande s’ils vont se faire choper un jour. Je me demande ce que Sarah serait devenue si elle était encore en vie. Elle serait probablement partie avec Solomon dans une vie d’aventures.
Un moment passe.
Un moment de vide total.
Pourquoi je ne partirai pas avec Solomon ?
Nouveau moment de vide.
Parce que je me ferai tuer dès la première mission.
L’évidence est là. Je ne suis pas sportive. Je n’ai jamais tenu une arme. Je ne sais même pas si je serai capable de soulever sa hache de guerre. J’ai apprit à faire des décoctions, des tisanes et à soigner. Je sais même faire accoucher une femme, mais à quoi bon dans une aventure ? Je serai le boulet qu’on laisserait en arrière. Je ne ferai que le gêner. Je repose ma tête contre mes bras. Je rêve d’aventures, mais je sais au fond de moi que je ne suis pas faite pour ça. Pourtant, je ne me sens pas faite pour la boutique non plus. Je ne veux pas non plus devenir comme maman, et gérer les autres parce qu’ils sont trop occupés pour le faire. Je rêve de liberté mais je n’ai pas moyen d’y accéder. Est-ce trop tard pour apprendre le tir à l’arc ?
Non, franchement, Elona, réfléchis. Tu es trop facilement effrayée. Passer une nuit en forêt ? Je suis même pas sûre d’y arriver. Alors affronter des bandits … ! Arpenter les quartiers de Justice la nuit, ça passe. Je suis chez moi, je connais chaque ruelle, chaque impasse, chaque raccourci. Mais parce que j’ai grandis là, et j’ai eu le temps de découvrir cet environnement. Si l’aventure venait frapper ma porte, est-ce que je serai capable de l’accueillir à bras ouverts ?
Après un moment, Solomon ressort. Je me relève. L’orc repart, comme il m’avait dit. Juste un coucou, et ensuite il s’en va en mission. Je lui tends les bras et il me sert contre lui, juste assez fort pour que je sente son cœur battre. J’hume son odeur musquée, me demandant si c’est ça, l’odeur de l’aventure. Il me relâche au bout de quelques secondes et son regard obscur se perd sur le mien. Il affiche un sourire léger, qu’il veut confiant.
« On se reverra, petite. »
Je prends ça comme une promesse tacite. Je hoche la tête, les lèvres pincées. Les au-revoir peuvent devenir des adieux tellement vite ! A cette pensée, ma gorge se serre et je fais de mon mieux pour garder contenance ;
« La prochaine fois tu me racontera une meilleure histoire que la licorne, hein.
-T’inquiète pas. »
Son sourire est plus franc cette fois, et il me reprend dans ses bras une petite seconde, me serrant plus fort que la fois précédente. Mes poumons se vident de leur oxygène, mais je serre l’orc aussi, incapable de l’entourer avec mes bras comme lui le fait si bien avec moi. Sa peau est chaude et dure sous mes doigts. Lorsqu’il me relâche je peux à nouveau respirer.
« Prend soin de toi, Elona.
-Reviens vite, Solomon. »
Sur ces mots, il me tourne le dos et reprend sa route. Je ne le quitte pas des yeux, jusqu’à ce que son dos vert disparaisse à l’angle de la rue.
Solomon a tenu sa promesse et est toujours revenu. Il est resté dans les environs toute l’année où mon père s’est affaibli, pour nous aider autant que possible. A son décès, Solomon est venu habiter quelques semaines avec moi pour boucler certaines affaires. Ensuite il a reprit son périple, reprenant l’habitude de venir me voir au moins une fois par an.

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Comment avez-vous connu le forum ? les sites de vote
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Fréquence de connexion : 2 à 3 fois par semaine je dirai ? Peut être plus, rarement moins

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Elona Val de l'Aurore

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L'Âme des Cendres

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Coucou et bienvenue sur le forum
Elona est une jeune herboriste fort bien attachante, au passé plutôt léger sans grand trauma. Te lire a été plaisant et rafraichissant ! Mention spéciale pour les textes en spoiler qui nous permettent d'en découvrir davantage concernant les relations de la demoiselle. Seraient-ce de futurs pnj à venir ? ^^
Avant de te valider, il faudrait revoir un petit détail dans les pouvoirs :
- Pour le soin élémentaire, il faut impérativement maîtriser une magie élémentaire du même niveau. Donc pour avoir soin p3, ton pouvoir de l'eau doit également être au palier 3. À modifier

Elona est une jeune herboriste fort bien attachante, au passé plutôt léger sans grand trauma. Te lire a été plaisant et rafraichissant ! Mention spéciale pour les textes en spoiler qui nous permettent d'en découvrir davantage concernant les relations de la demoiselle. Seraient-ce de futurs pnj à venir ? ^^
Avant de te valider, il faudrait revoir un petit détail dans les pouvoirs :
- Pour le soin élémentaire, il faut impérativement maîtriser une magie élémentaire du même niveau. Donc pour avoir soin p3, ton pouvoir de l'eau doit également être au palier 3. À modifier


Compte staff - Merci de ne pas me MP.

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Elona Val de l'Aurore

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Bonjour ! 
Merci du compliment, je voulais une citadine coupé de la réalité du monde, qui ne lit des aventures qu'à travers les journaux et les livres, ce qui semble plutôt réussi ♫
J'ai corrigé pour les pouvoirs
Et quant à Solomon et Sarah, du tout, ils ont eu un impact dans sa vie, mais je ne compte pas vraiment les réutiliser, il existeront mais ne seront pas joués. Dans le sens où Elona en parlera mais il n'y aura pas de topic avec eux d'actifs dedans ^^

Merci du compliment, je voulais une citadine coupé de la réalité du monde, qui ne lit des aventures qu'à travers les journaux et les livres, ce qui semble plutôt réussi ♫
J'ai corrigé pour les pouvoirs

Et quant à Solomon et Sarah, du tout, ils ont eu un impact dans sa vie, mais je ne compte pas vraiment les réutiliser, il existeront mais ne seront pas joués. Dans le sens où Elona en parlera mais il n'y aura pas de topic avec eux d'actifs dedans ^^

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