Grand, pour sa race, Iztoogoud est un être masculin solidement bâti. Son visage anguleux est encadré de cheveux mi-long argenté, et d’une barbiche qu’il passe grand temps à entretenir. Sa moustache est épaisse au-dessus des lèvres et cirée aux pointes. Un fin bouc vient compléter l’unique pilosité que son corps présente. Etrangement, il semble très fier de ses attributs qu’il touche souvent.
Mais revenons sur son visage marqué par le temps passé sur terre. Sa peau présente des rides creusées au fil des décennies passées. Le regard franc et direct d’Iztoogoud peut être déroutant. En effet, il semble refléter la lumière d’une façon bien spécifique, presque comme s’il était la source même de cette lumière. Ne dit-on pas d’ailleurs que les yeux sont le reflet de l’âme ? Comment alors le regard d’un Lumina pourrait être différent ?
Car oui, Iztoogoud est un Lumina. Ce trait particulier faut qu’une aura entoure sa peau. Faible certes, mais suffisante pour le distinguer du commun des mortels. Une simple lueur, comme un rayon de soleil capturé dans une enveloppe charnelle. Mais outre son visage et ses mains, vous ne verrez que peu sa peau et cette aura. Iztoogoud est un Lumina de goût, qui porte grand soin au paraitre (n’est-il pas Grand Vizir d’ailleurs ?). Ces habits sont quelques peu hors du commun et se composent généralement d’un grand turban surmontant sa tête. Le haut de son corps est entouré de tissus drapés comme une toge. Alors que le bas est généralement habillé d’un sarouel, pantalon ample autour des jambes mais resserré au niveau des extrémités. Le tout est complété par de nombreux colliers de boules de pierres ou de bois, venant orner son majestueux cou.
Alors, demanderez-vous, est-il… beau ? Oui, selon bien des critères. Il apparait comme un bel homme dans la force de l’âge, à bien des égards.
Mais la beauté ne fait pas tout, encore faut-il avoir une belle âme. Le moins que l’on puisse dire est que la sienne est… flamboyante ! Sa personnalité haute en couleur, l’impose comme l’idéal du gentilhomme de la cour. Sous cette première couche, il ne faut pas s’y tromper : il suit certes un code d’honneur, mais uniquement le sien. Et il faut avouer qu’il peut parfois différer d’un jour à l’autre.
Car nous en venons à la principale caractéristique du Grand Vizir Iztoogoud : la réalité n’est pas toujours celle qu’il croit ou qu’il relate. Il est amateur de récits sur sa propre personne, tous plus flatteurs et abracadabrants les uns et que les autres. Et là réside toute la complexité du personnage. En effet, comment savoir, en fasse d’un tel mythomane où commence la réalité et où s’arrête la fiction ? Au fil des ans, de nombreuses personnes ont essayé de creuser le sujet et se sont heurtés à la dangereuse réalité : ne jamais remettre en question les histoires du Grand Vizir, car ce sont parfois les plus absurdes qui sont les vrais. Et mettre en doute sa parole revient à bafouer son honneur.
Et sans honneur, que sommes-nous ?

L’histoire… L’histoire est une chose complexe qui dépend de la connaissance, de la foi et de la mémoire. Connaissance de ce que nous n’avons pas vécu et avons appris. Foi de croire ce qu’on nous raconte. Mémoire de ce qu’il nous semble avoir été la réalité. Tout se résume peut-être à cela : que savons-nous et dans quelle mesure y croyons-nous ?
Pour certains individus, la frontière entre est mince. Prenez avec circonspection ce que cet Être de Lumière peut vous dire, car la réalité peut être embellie et l’imaginaire s’y supplanter.

Le début de l’histoire commence par des flashs de lumières déchirant l’obscurité. Des ombres cherchant à engloutir cette aura resplendissante. D’abord sans conscience, les souvenirs ne sont pas fiables. Ne reste que des brides de sensations, des sentiments et un instinct poussant à vivre, à survivre. Sur cette ile nommée Lumina’Ombra, les moyens d’acquérir une conscience ainsi que des connaissances sont faibles. Après avoir erré, ce n’est qu’en rencontrant d’autres entités que celui qui se nommera plus tard Iztoogoud pu devenir civilisé. En découvrant ces autres êtres doués de conscience, il apprit les codes de la société. En voyageant, il découvrit la beauté du monde.

Mais cela n’est qu’une partie éludée de ce qui composa bride par bride son histoire, sa personnalité.

Demandez-lui comment il est devenu un Grand Vizir et il vous racontera comment se titre honorifique lui fut donné par la grande reine Ayshara – en personne – pour lui avoir apporté le mouchoir d’Aurya au cours de la grande allergie de Pollen ayant secoué l’empire Shouméien. L’histoire est-elle vrai ? Est-il vraiment anobli ? Comment le savoir lorsqu’on n’a pas vécu nous même les événements ?

Et d’abord, qu’est qu’un Grand Vizir ? Jamais quiconque n’a entendu parler d’un tel titre. Dans sa grande éloquence, il contera les devoirs et les droits de sa fonction. Ses mots, profonds, magiques, pénètrent dans l’esprit des gens, leur font ressentir des émotions. Libre à eux d’y croire ou non. Et s’y tel n’est pas le cas, comment osent-ils remettre en question sa parole ? Ne savent-ils donc pas que le nom d’Iztoogoud est connu pour avoir assommé à l’aide de sa lance, 12 ( !) gardiens de la porte de Sancta tout en gardant un œuf de Griffon dans sa main gauche ? Veulent-ils goutter au même sort ?

Au travers de ses contes, son histoire prend vie. Souvent, inconsciemment, sa magie opère pour captiver l’attention. Imaginez… Imaginez qu’il vous décrive sa vie dans les palais de Célestia et que vous entendiez alors les Saintes Cloches sonner dans votre esprit. Qu’alors qu’il décrive le faste des palais, sous ces doigts décrivant les toits, l’image fugace d’une coupole dorée apparaisse. Ne seriez-vous pas absorbé par ce récit ? Ne souhaiteriez-vous pas que tout cela soit la réalité ? Que vous soyez réellement en train de parler à quelqu’un d’important, qu’il vous emporte loin de votre quotidien de labeurs.

Mais pourquoi est-il donc ici et non pas caché derrière les murs sécurisés d’un palais ? Mesdames ! Messieurs ! La valeur d’un être n’est pas où il est, mais qui il est ! Grand Vizir, certes, mais cela ne l’empêche pas d’être sur la route. De continuer ses pérégrinations. De faire ce qui est juste, de répondre aux défis qui se présentent. Telle est la vie qu’il a choisi.
Mais prenez garde : la vérité des uns, n’est pas celle des autres.

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