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Imoogi s’était égaré sur l’île de l’Infortune après avoir navigué en eaux troubles, pagayé comme un fou sans objectif au bout du compte. Mais tout avait commencé quelques jours auparavant…
L’homme combinait plusieurs casquettes au sein de la République, alors qu’il n’était qu’un petit rien du tout. Le jour, il était cuisinier et charmant commerçant. Ses doigts longs et précis combinaient les ingrédients, viande et légumes, poisson et légumes, fruits de mer et légumes, fourrant ainsi une pâte délicieuse qui bientôt deviendra un savoureux ravioli, plongé ensuite dans l’eau bouillante. Ce n’était rien de bien compliqué à réaliser et le jeune homme ne se considérait pas comme un grand chef, mais ces petites boules attiraient l’œil et le nez, faisaient saliver. A Courage, on le connaissait. Il poussait parfois sa roulotte un peu plus loin, souvent restait aux abords de sa secrète et lugubre habitation. L’on ne savait pas grand-chose de l’homme surnommé Imoogi. Il venait sûrement de quelque part. Les petites cornes sur sa tête étaient curieuses et il laissait planer le doute quant à leurs origines. Il avait un beau sourire, un beau minois, de longs cheveux qui cascadaient le long de son dos. Il était toujours aimable, toujours agréable, mais ne pouvait aider. C’est comme s’il était arrivé ici la veille, un peu par hasard. Pourtant, les rues de Courage ne devaient plus avoir de secrets pour lui. Une carte lui était présentée, et il se grattait nerveusement la tête.
La nuit, on le retrouvait quelques rues plus loin, assis sur une large pièce de tissu pour protéger ses vêtements, un instrument inconnu au bout des ongles. Les cordes étaient frottées, pincées, produisaient un son magnifique et magique. La voix de l’homme n’était pas en reste, lorsqu’il se décidait à la dévoiler. C’était un événement rare, mais qui savait être apprécié. Beaucoup lui jetaient alors des pièces, se doutant qu’il ne se produisait pas pour le plaisir – pas totalement. Il lui arrivait aussi, parfois, de mouvoir souplement et élégamment son corps, dans une grâce surhumaine. Ou alors, son visage prenait des teintes tragiques et il s’exclamait alors que son aimée n’était plus, s’écroulant sur le sol avec douleur. Janus oublié, on ne lui connaissait pas d’autres talents, mais pouvoir tous les contempler était déjà un cadeau des dieux.
Puis, il disparaissait sans crier gare. La veille, il vendait ses raviolis avec le sourire, le jour suivant, l’échoppe était abandonnée et l’homme envolé. Où était-il ? Par où était-il passé ? L’avait-on enlevé ? Allait-il bien ? Que lui était-il arrivé ? Les murmures ne pouvaient se taire, mais Imoogi, le baluchon sur l’épaule, était déjà bien loin. Il ne peut rester trop longtemps au même endroit sans ressentir une douleur au creux de son ventre, comme un manque terrible qui glace les os. Depuis son échappée des eaux sombres, il n’avait cessé de se déplacer, se perdant dans les rues, dans les forêts, dans les lacs. Il ne sait plus d’où il vient et où il va. C’est un hasard s’il s’est arrêté là.
Et récemment, des murmures se sont élevés dans la ville. Imoogi entend même s’il ne dit rien, ne répond jamais. Une ville nommée Maël. Peut-être n’est-ce pas la première fois qu’il entend ce terme, élogieux. Riche et prospère, l’on parle de sa magie et de ses savoirs. Cela titille la curiosité du triton, et quelques jours après, sur un coup de tête, il s’envole vers de nouveaux horizons… pour être terriblement déçu.
Comment est-ce possible ? Où est-il donc arrivé ? Les alentours auraient dû lui mettre la puce à l’oreille, pourtant, mais il a cru en sa chimère et a poursuivi d’un bon pas son chemin. Des aventures lui sont arrivées pour fouler le sol que ses pieds égratignent. Il a marché, a payé, a couru, a volé. Et le voilà perdu au milieu de nulle part sur une terre hostile et désagréable à son regard. Où est passée la magie ? Où sont les érudits qu’on lui avait promis ? L’homme est désespéré, mais il se fait tard et il ne peut rebrousser chemin. Il ne voit aucune auberge dans les environs et il hésite à s’aventurer plus profondément dans la ville, ou il ne sait trop quoi, comme si un monstre immense allait sortir de derrière un mur pour le dévorer. Sa journée était gâchée. Son voyage était pourri jusqu’à la moelle. Il aurait mieux fait de s’abstenir et de se consoler dans ses raviolis. Le triton mécontent laisse tomber son baluchon, envoie son pied frapper une large pierre qui peine à rouler plus loin. Il a envie de s’asseoir, comme un enfant qui boude. Il est fatigué, il a faim, et il est paumé.
L’homme combinait plusieurs casquettes au sein de la République, alors qu’il n’était qu’un petit rien du tout. Le jour, il était cuisinier et charmant commerçant. Ses doigts longs et précis combinaient les ingrédients, viande et légumes, poisson et légumes, fruits de mer et légumes, fourrant ainsi une pâte délicieuse qui bientôt deviendra un savoureux ravioli, plongé ensuite dans l’eau bouillante. Ce n’était rien de bien compliqué à réaliser et le jeune homme ne se considérait pas comme un grand chef, mais ces petites boules attiraient l’œil et le nez, faisaient saliver. A Courage, on le connaissait. Il poussait parfois sa roulotte un peu plus loin, souvent restait aux abords de sa secrète et lugubre habitation. L’on ne savait pas grand-chose de l’homme surnommé Imoogi. Il venait sûrement de quelque part. Les petites cornes sur sa tête étaient curieuses et il laissait planer le doute quant à leurs origines. Il avait un beau sourire, un beau minois, de longs cheveux qui cascadaient le long de son dos. Il était toujours aimable, toujours agréable, mais ne pouvait aider. C’est comme s’il était arrivé ici la veille, un peu par hasard. Pourtant, les rues de Courage ne devaient plus avoir de secrets pour lui. Une carte lui était présentée, et il se grattait nerveusement la tête.
La nuit, on le retrouvait quelques rues plus loin, assis sur une large pièce de tissu pour protéger ses vêtements, un instrument inconnu au bout des ongles. Les cordes étaient frottées, pincées, produisaient un son magnifique et magique. La voix de l’homme n’était pas en reste, lorsqu’il se décidait à la dévoiler. C’était un événement rare, mais qui savait être apprécié. Beaucoup lui jetaient alors des pièces, se doutant qu’il ne se produisait pas pour le plaisir – pas totalement. Il lui arrivait aussi, parfois, de mouvoir souplement et élégamment son corps, dans une grâce surhumaine. Ou alors, son visage prenait des teintes tragiques et il s’exclamait alors que son aimée n’était plus, s’écroulant sur le sol avec douleur. Janus oublié, on ne lui connaissait pas d’autres talents, mais pouvoir tous les contempler était déjà un cadeau des dieux.
Puis, il disparaissait sans crier gare. La veille, il vendait ses raviolis avec le sourire, le jour suivant, l’échoppe était abandonnée et l’homme envolé. Où était-il ? Par où était-il passé ? L’avait-on enlevé ? Allait-il bien ? Que lui était-il arrivé ? Les murmures ne pouvaient se taire, mais Imoogi, le baluchon sur l’épaule, était déjà bien loin. Il ne peut rester trop longtemps au même endroit sans ressentir une douleur au creux de son ventre, comme un manque terrible qui glace les os. Depuis son échappée des eaux sombres, il n’avait cessé de se déplacer, se perdant dans les rues, dans les forêts, dans les lacs. Il ne sait plus d’où il vient et où il va. C’est un hasard s’il s’est arrêté là.
Et récemment, des murmures se sont élevés dans la ville. Imoogi entend même s’il ne dit rien, ne répond jamais. Une ville nommée Maël. Peut-être n’est-ce pas la première fois qu’il entend ce terme, élogieux. Riche et prospère, l’on parle de sa magie et de ses savoirs. Cela titille la curiosité du triton, et quelques jours après, sur un coup de tête, il s’envole vers de nouveaux horizons… pour être terriblement déçu.
Comment est-ce possible ? Où est-il donc arrivé ? Les alentours auraient dû lui mettre la puce à l’oreille, pourtant, mais il a cru en sa chimère et a poursuivi d’un bon pas son chemin. Des aventures lui sont arrivées pour fouler le sol que ses pieds égratignent. Il a marché, a payé, a couru, a volé. Et le voilà perdu au milieu de nulle part sur une terre hostile et désagréable à son regard. Où est passée la magie ? Où sont les érudits qu’on lui avait promis ? L’homme est désespéré, mais il se fait tard et il ne peut rebrousser chemin. Il ne voit aucune auberge dans les environs et il hésite à s’aventurer plus profondément dans la ville, ou il ne sait trop quoi, comme si un monstre immense allait sortir de derrière un mur pour le dévorer. Sa journée était gâchée. Son voyage était pourri jusqu’à la moelle. Il aurait mieux fait de s’abstenir et de se consoler dans ses raviolis. Le triton mécontent laisse tomber son baluchon, envoie son pied frapper une large pierre qui peine à rouler plus loin. Il a envie de s’asseoir, comme un enfant qui boude. Il est fatigué, il a faim, et il est paumé.
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