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Dragon du Razkaal
Kieran Ryven
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crédits : 974
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Info personnage
Race: Drakyn
Vocation: Guerrier combattant
Alignement: Neutre Bon
Rang: C
C'est vrai, dans la difficulté, les masques tombent, les armures se fissurent. C'est comme si les épreuves arrachaient aux gens les protections qu'ils portent jour après jour. On finit par voir ce qu'ils cachent en dessous : les peurs, les doutes, et les regrets.
Quand tout va bien, chacun peut se permettre de rester opaque, de jouer le rôle qu'il s’est donné. Mais dans la tourmente, quand les certitudes vacillent, c’est là que les mots franchissent les lèvres sans qu’on puisse les retenir. Et peut-être que la vulnérabilité crée quelque chose de plus honnête, quelque chose de presque brutal. Une brutalité qui déchire l'identité de chacun.
C'est peut-être le cas du Contre-Amiral.
J'ai beau avoir des allures de portes de prison, j'aime écouter. Voir dans les yeux, et dans le discours de mon interlocuteur, ce livre qu'il a essayé d'écrire seul, avec tous les choix que ça implique. Peut-être pour me rassurer, peut-être pour découvrir des choses que je n'ai jamais su faire, ou alors, peut-être de tirer des leçons. Peu importe, je sais que je suis toujours gagnant de quelque chose, et celui qui prétend arriver à la fin de son apprentissage, commence alors la voie de la prétention.
Ce n'est pas ma voie.
Fallensword, c’est un contre-amiral aujourd’hui, mais il n’a pas tout à fait coupé les ponts avec le gamin qu’il était – celui qui aurait tout fait pour se salir un peu et voir ce que le monde lui cachait. Dans ses habits élégants, taillés pour le commandement, il a l’air de quelqu’un qui a vu ses idéaux se frotter à des réalités bien plus tranchantes qu’il n’aurait voulu. Derrière ses airs d’homme de fer, il y a des cicatrices, certaines qui datent de son enfance, d’autres plus récentes, presque encore fraîches.
Il a cette fidélité têtue et un côté loyal qui détonne dans la sphère de ceux qui courent après le pouvoir. Si Séraphin, ce gamin d’orphelinat devenu Prévôt, a survécu aux trahisons et aux coups bas, c’est peut-être parce qu’il a toujours eu quelque part, dans l’ombre, un ami prêt à lui couvrir les arrières. Parce que cet homme qui se tient à côté de moi et qui a sauvé nos vies, même avec sa famille influente, n’a jamais vraiment été un fils à papa. Il est de ceux qui savent à quoi ressemble l’abîme et s’en méfient, mais qui, à l’occasion, n’hésiteront pas à s’y jeter pour quelqu’un qu’ils respectent.
C'est rassurant. La preuve qu'en République, des gens valent encore le coup.
Séraphin, il n'était pas que le Prévôt, ni même la Légende du Razkaal. Il est un ami, un frère d'arme, mais c'est vrai que nos échanges tournent autour de la Forteresse, et nos tourments, de nos investigations, de nos traques, de notre état, être la béquille de l'autre pour rendre notre séjour dans la Prison le plus soutenant possible. Mais, je ne connais pas son repas préféré, ni ses histoires de cœur, ce qu'il faisait lorsqu'il était jeune, ou ce qu'il fait quand il est en permission.
« Alors, Séraphin n’a pas toujours été ce roc impénétrable, ce vieux soldat de la République. »
Je laisse les mots glisser dans le vent, les yeux fixés sur l’horizon qui se teinte du gris des souvenirs. Imaginer Séraphin en gamin des rues, cabossé mais libre, ça vous renverse une image. L’ironie me mord – le Prévôt que je connais n’a rien d’un orphelin en quête d’échappatoire. Et pourtant, c’était ça, son départ dans la vie. En revanche, le "garnement bizarre", carrément. Il n'a pas changé d'un iota, mais il paraît qu'il faut avoir une case en moins pour entrer dans l'élite du gardiennage de prison.
Un gosse sans attaches, qui se donne pour défi d’aller droit… Je comprends mieux pourquoi il fait toujours comme s’il n’avait rien à perdre. C’est drôle, au fond, qu’un orphelin comme lui et un fils de noble comme vous ayez trouvé un terrain d’entente. Qui sait, peut-être qu’il y avait quelque chose dans les rues qui n’est écrit nulle part.
Je m’arrête un instant, croisant le regard de Vandaos, un de ces regards qui dit qu’on ne plaisante plus, pas cette fois.
« Ce Séraphin-là, ce type qui a compté pour vous… Eh bien, il a compté pour moi aussi. J’étais là, moi aussi, quand ils lui sont tombés dessus. Ces gens-là, ils savaient exactement qui ils traquaient. Ils l’ont cerné, l’ont piégé, et n’ont laissé aucune chance au hasard. »
Un silence, calculé, mesuré.
« Alors, oui, cette affaire va devenir personnelle. Parce que vous avez raison : Séraphin a su se tenir droit dans la tempête. Et s’il reste encore une miette de justice en ce bas monde, ceux qui l’ont mis à terre vont en répondre. Avec moi, vous pouvez compter sur une seule chose : ça ne s’arrêtera pas tant qu’ils n’auront pas payé. »
Une main finit lourdement sur son épaule.
« Merci. »
Je me retourne, m'adosse à la rembarde tandis que ma caudale, s'enroule au bastingage pour me tenir contre le tangage continu du bateau. Il fallait replonger dans les informations partagées, chose que j'essaie de récupérer, le doigt sur le menton comme si ça allait m'aider à m'en rappeler.
« Séraphin a été capturé pendant un certain temps avant d'être abîmé par ces pirates. Il doit avoir le nécessaire. Pour ce que je sais... »
Je commence à me détacher, et l'invite à me suivre à traverser le pont.
« Difficile de vous donner des informations, on s'est retrouvé enfermé dans une cale dans la Renégate, le navire de Saumâtre, qui a l'air d'être le bras droit de Bigorneau, quand il nous a jeté sur cette île. On s'est écartés des axes de navigation commerciaux pour retrouver notre cible. C'est là qu'ils sont arrivés. Ils ont l'air amoureux des frappes éclairs. La Ginette, sort des eaux pour éperonner, aborder, la vitesse est vraiment son atout. La Renégate, utilise des canons pour percer leur cible, un expert du bombardement. Ils encerclent comme des charognards et frappent en traître. »
Je soupire.
« Ils viennent tous des océans, aucun repaire mentionné, je le crains. Par contre, Bigorneau ne fait pas que manger des personnes, faire des esclaves, ou bien jeter des survivants sur une île. Il cherche à rallier une cause, pour s'en prendre à la République. Pour causer l'anarchie. »
Je me penche pour soulever une caisse qu'un marin compte ramasser pour lui donner directement dans les mains, avant de lui faire un signe de tête, et reprendre notre route.
« Nous pouvons très bien lors d'une prochaine mission y retourner avec une flotte plus conséquente sur les dernières coordonnées de notre Timonier et chercher des indices. C'est là qu'on s'est fait attaquer, peut-être que l'océan n'aura pas tout avalé d'ici là. »
Je croise les bras sous mon torse. Et cherche dans les yeux du Contre-Amiral, n'importe quoi qui pourrait consoler ma frustration.
Quand tout va bien, chacun peut se permettre de rester opaque, de jouer le rôle qu'il s’est donné. Mais dans la tourmente, quand les certitudes vacillent, c’est là que les mots franchissent les lèvres sans qu’on puisse les retenir. Et peut-être que la vulnérabilité crée quelque chose de plus honnête, quelque chose de presque brutal. Une brutalité qui déchire l'identité de chacun.
C'est peut-être le cas du Contre-Amiral.
J'ai beau avoir des allures de portes de prison, j'aime écouter. Voir dans les yeux, et dans le discours de mon interlocuteur, ce livre qu'il a essayé d'écrire seul, avec tous les choix que ça implique. Peut-être pour me rassurer, peut-être pour découvrir des choses que je n'ai jamais su faire, ou alors, peut-être de tirer des leçons. Peu importe, je sais que je suis toujours gagnant de quelque chose, et celui qui prétend arriver à la fin de son apprentissage, commence alors la voie de la prétention.
Ce n'est pas ma voie.
Fallensword, c’est un contre-amiral aujourd’hui, mais il n’a pas tout à fait coupé les ponts avec le gamin qu’il était – celui qui aurait tout fait pour se salir un peu et voir ce que le monde lui cachait. Dans ses habits élégants, taillés pour le commandement, il a l’air de quelqu’un qui a vu ses idéaux se frotter à des réalités bien plus tranchantes qu’il n’aurait voulu. Derrière ses airs d’homme de fer, il y a des cicatrices, certaines qui datent de son enfance, d’autres plus récentes, presque encore fraîches.
Il a cette fidélité têtue et un côté loyal qui détonne dans la sphère de ceux qui courent après le pouvoir. Si Séraphin, ce gamin d’orphelinat devenu Prévôt, a survécu aux trahisons et aux coups bas, c’est peut-être parce qu’il a toujours eu quelque part, dans l’ombre, un ami prêt à lui couvrir les arrières. Parce que cet homme qui se tient à côté de moi et qui a sauvé nos vies, même avec sa famille influente, n’a jamais vraiment été un fils à papa. Il est de ceux qui savent à quoi ressemble l’abîme et s’en méfient, mais qui, à l’occasion, n’hésiteront pas à s’y jeter pour quelqu’un qu’ils respectent.
C'est rassurant. La preuve qu'en République, des gens valent encore le coup.
Séraphin, il n'était pas que le Prévôt, ni même la Légende du Razkaal. Il est un ami, un frère d'arme, mais c'est vrai que nos échanges tournent autour de la Forteresse, et nos tourments, de nos investigations, de nos traques, de notre état, être la béquille de l'autre pour rendre notre séjour dans la Prison le plus soutenant possible. Mais, je ne connais pas son repas préféré, ni ses histoires de cœur, ce qu'il faisait lorsqu'il était jeune, ou ce qu'il fait quand il est en permission.
« Alors, Séraphin n’a pas toujours été ce roc impénétrable, ce vieux soldat de la République. »
Je laisse les mots glisser dans le vent, les yeux fixés sur l’horizon qui se teinte du gris des souvenirs. Imaginer Séraphin en gamin des rues, cabossé mais libre, ça vous renverse une image. L’ironie me mord – le Prévôt que je connais n’a rien d’un orphelin en quête d’échappatoire. Et pourtant, c’était ça, son départ dans la vie. En revanche, le "garnement bizarre", carrément. Il n'a pas changé d'un iota, mais il paraît qu'il faut avoir une case en moins pour entrer dans l'élite du gardiennage de prison.
Un gosse sans attaches, qui se donne pour défi d’aller droit… Je comprends mieux pourquoi il fait toujours comme s’il n’avait rien à perdre. C’est drôle, au fond, qu’un orphelin comme lui et un fils de noble comme vous ayez trouvé un terrain d’entente. Qui sait, peut-être qu’il y avait quelque chose dans les rues qui n’est écrit nulle part.
Je m’arrête un instant, croisant le regard de Vandaos, un de ces regards qui dit qu’on ne plaisante plus, pas cette fois.
« Ce Séraphin-là, ce type qui a compté pour vous… Eh bien, il a compté pour moi aussi. J’étais là, moi aussi, quand ils lui sont tombés dessus. Ces gens-là, ils savaient exactement qui ils traquaient. Ils l’ont cerné, l’ont piégé, et n’ont laissé aucune chance au hasard. »
Un silence, calculé, mesuré.
« Alors, oui, cette affaire va devenir personnelle. Parce que vous avez raison : Séraphin a su se tenir droit dans la tempête. Et s’il reste encore une miette de justice en ce bas monde, ceux qui l’ont mis à terre vont en répondre. Avec moi, vous pouvez compter sur une seule chose : ça ne s’arrêtera pas tant qu’ils n’auront pas payé. »
Une main finit lourdement sur son épaule.
« Merci. »
Je me retourne, m'adosse à la rembarde tandis que ma caudale, s'enroule au bastingage pour me tenir contre le tangage continu du bateau. Il fallait replonger dans les informations partagées, chose que j'essaie de récupérer, le doigt sur le menton comme si ça allait m'aider à m'en rappeler.
« Séraphin a été capturé pendant un certain temps avant d'être abîmé par ces pirates. Il doit avoir le nécessaire. Pour ce que je sais... »
Je commence à me détacher, et l'invite à me suivre à traverser le pont.
« Difficile de vous donner des informations, on s'est retrouvé enfermé dans une cale dans la Renégate, le navire de Saumâtre, qui a l'air d'être le bras droit de Bigorneau, quand il nous a jeté sur cette île. On s'est écartés des axes de navigation commerciaux pour retrouver notre cible. C'est là qu'ils sont arrivés. Ils ont l'air amoureux des frappes éclairs. La Ginette, sort des eaux pour éperonner, aborder, la vitesse est vraiment son atout. La Renégate, utilise des canons pour percer leur cible, un expert du bombardement. Ils encerclent comme des charognards et frappent en traître. »
Je soupire.
« Ils viennent tous des océans, aucun repaire mentionné, je le crains. Par contre, Bigorneau ne fait pas que manger des personnes, faire des esclaves, ou bien jeter des survivants sur une île. Il cherche à rallier une cause, pour s'en prendre à la République. Pour causer l'anarchie. »
Je me penche pour soulever une caisse qu'un marin compte ramasser pour lui donner directement dans les mains, avant de lui faire un signe de tête, et reprendre notre route.
« Nous pouvons très bien lors d'une prochaine mission y retourner avec une flotte plus conséquente sur les dernières coordonnées de notre Timonier et chercher des indices. C'est là qu'on s'est fait attaquer, peut-être que l'océan n'aura pas tout avalé d'ici là. »
Je croise les bras sous mon torse. Et cherche dans les yeux du Contre-Amiral, n'importe quoi qui pourrait consoler ma frustration.
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