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    Koraki Exousia
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  • Lun 20 Mai - 23:55
    Sur l'Eclat d'Arcane


    Ania ferma brièvement les yeux, inspirant profondément. Les négociations avaient échoué. Une fois de plus, les pirates s'étaient révélés incapables de comprendre la nécessité de mettre fin à la confrontation pour le bien de tous. Bigorneau, avec son sourire narquois et sa soif insatiable de sang républicain, incarnait parfaitement cette ignorance déplorable. Il était trop aveuglé par ses propres ambitions et par les ordres de l'Assemblée des Sorcières pour saisir la véritable importance de sa cible.

    Elle ouvrit les yeux, ses prunelles brillant d'une détermination farouche. Ania savait qu'Hava représentait l'avenir de ce monde, une lueur d'espoir dans la tourmente. Mais Bigorneau, le grand et puissant amiral pirate, s'en moquait éperdument. Ainsi soit-il. S'il ne voulait pas saisir cette chance, elle lui montrerait la véritable puissance de la magie républicaine.

    Elle invoqua toute la puissance qui était la sienne, ressentant l'énergie magique affluer en elle, une force titanesque qui faisait vibrer l'air autour d'elle. Ses yeux s'embrasèrent d'une lueur intense alors qu'elle rassemblait cette énergie, la concentrant en un point unique. Tout autour d'elle, son équipage se faisait massacrer par les pirates et Eustache, mais elle n'y prêtait plus attention. Son esprit était focalisé sur un seul objectif : détruire le navire et emporter avec elle ces misérables pirates.

    L'eau commença à tourbillonner autour d'elle, se condensant en une masse phénoménale, prêt à exploser. Elle contrait les sorts des pirates avec une facilité déconcertante, accumulant une quantité inimaginable d'eau. Ses lèvres murmurèrent des incantations, sa voix résonnant comme un écho lointain de puissance brute. Elle était prête à libérer cette force destructrice sous le navire, l'emporter dans une explosion cataclysmique.

    Mais au moment où elle s'apprêtait à déchaîner cette puissance, le Boscambusier fit un mouvement inattendu. Sa pince gigantesque se précipita vers elle, visant sa gorge. Elle fut obligée de reculer, surprise par la vitesse et la précision de l'attaque. Son sort, si soigneusement préparé, fut altéré par ce mouvement imprévu.

    L'explosion aqueuse retentit, mais pas sous le navire comme elle l'avait prévu. Au lieu de cela, elle explosa au-dessus du pont, créant une onde de choc massive qui projeta tout le monde à terre. L'eau jaillit en une cascade titanesque, enveloppant le navire dans un déluge dévastateur. Les pirates furent en partie sauvés par cette déflagration inattendue, leur offrant une chance de survie là où il n'aurait dû y en avoir aucune.

    Le navire, en partie broyé par l'explosion, n'était désormais plus qu'une carcasse de bois flottant lamentablement sur l'océan. Les voiles déchiquetées pendaient tristement, se balançant faiblement au rythme des vagues. Les mâts, autrefois fiers et dressés vers le ciel, étaient maintenant brisés, tordus comme des membres mutilés. Des débris flottaient autour de l'épave, témoins silencieux de la violence de l'affrontement.

    Eustache se releva lentement, ses membres endoloris par l'onde de choc de l'explosion. Autour de lui, quelques-uns de ses camarades, miraculeusement rescapés, se relevaient également, titubant et grognant de douleur. Ils étaient peu nombreux, une poignée seulement, sauvés in extremis par son intervention.

    D'Ania, il ne restait rien. Pas même une trace. Elle avait disparu, emportée par sa propre magie dévastatrice. C'était fini. Ce combat, du moins.
    Pendant ce temps, Bigorneau descendit lentement dans la cale du navire, ses pas résonnant sourdement sur les planches de bois. La lumière tamisée des lanternes à huile projetait des ombres inquiétantes sur les parois, ses yeux perçants fouillant chaque recoin, chaque étroit passage, à la recherche de sa proie tant convoitée : Hava.

    Il parvint finalement à une porte lourde et usée, celle de la chambre qu'il devinait être la sienne. Il ouvrit la porte, et là, devant lui, sur le lit, se trouvait Hava, endormie. Son sommeil, cependant, n'avait rien de naturel. Son visage était détendu, presque serein, comme si elle était plongée dans un rêve trop profond pour être interrompu.

    Une proie si facile. Il n'avait qu'à tendre la main, à saisir cette fille endormie, et son objectif serait atteint. Mais alors que ses doigts étaient à quelques centimètres de toucher sa peau, les yeux de la jeune fille s'ouvrirent brusquement. Hava se mit à trembler de tous ses membres, son corps secoué par une crise de panique soudaine et violente. Ses yeux étaient écarquillés de terreur, fixant Bigorneau avec une intensité désespérée. Ses mains se crispèrent sur les draps, ses lèvres tremblantes n'arrivant qu'à laisser échapper des souffles courts et saccadés.

    - FUYEZ ! Hurla t-elle.

    Alors que les quelques survivants de l'explosion s'affairaient sur le pont brisé de l'Éclat d'Arcane, une tension palpable flottait dans l'air. La mer semblait étrangement calme après le chaos, comme si elle reprenait son souffle avant la prochaine tempête. Soudain, un grondement sourd monta des profondeurs, une vibration inquiétante qui fit frémir les planches du navire.

    Sans crier gare, d'énormes pinces géantes émergèrent des flots à côté du navire. Elles étaient couvertes d'une carapace épaisse et rugueuse, d'un rouge sombre comme le sang séché. Les pinces claquèrent violemment, projetant des gerbes d'eau salée sur les pirates stupéfaits.

    Le monstre maritimeré émergea lentement, sa masse colossale soulevant des vagues énormes qui firent tanguer dangereusement l'épave. C'était un crabe titanesque, aux proportions cauchemardesques, chaque membre bardé de pointes acérées et de coquillages incrustés. Ses yeux, gros comme des boucliers, brillaient d'une lueur malveillante alors qu'il fixait le navire.

    Le crabe géant, avec une lenteur calculée, leva une de ses pinces massives, prête à s'abattre sur l'Éclat d'Arcane et ses occupants. Le bruit de l'eau chuintante s'amplifia tandis que la pince se refermait avec un craquement sinistre, comme si le monstre savourait l'instant avant de broyer ses proies.
    Les hommes crièrent, certains tentèrent de fuir, glissant sur le pont trempé. D'autres, trop paralysés par la peur, restèrent figés, regardant la mort en face. Eustache, malgré la panique, chercha un moyen de riposter, de sauver ce qui pouvait encore l'être.

    Mais le crabe géant ne laissait aucune échappatoire. Sa deuxième pince jaillit de l'eau, menaçant d'engloutir le navire entier. Le pont craqua sous la pression de ses membres monstrueux, des éclats de bois volèrent en tous sens. La créature, dans un rugissement muet, sembla savourer sa victoire imminente, prêt à réduire en miettes l'Éclat d'Arcane et tous ceux qui avaient osé défier son territoire.

    Le Crabe Géant:

    Sur la Renégate


    La Rénégate se mouvait sur les eaux agitées par l’explosion aqueuse d’Ania, la brume épaisse et insidieuse continuant de l'envelopper. Des premiers filaments de brouillard, alors encore presque éthérés et à peine remarqués par l'équipage, la brume se densifia, serpentant autour du navire et de ses mâts comme des tentacules spectrales.

    Erwin, debout à la proue, tendit une main devant lui et des flammes jaillirent de ses doigts, éclairant l'épais brouillard d'une lueur vacillante.

    Cependant, à mesure qu'il intensifiait sa magie, la brume sembla réagir, se concentrant davantage autour du navire. Les filaments légers devinrent des nappes opaques, étouffant la lumière des flammes du possédé. Le brouillard se refermait autour de chaque membre de l'équipage, réduisant leur vision à quelques maigres centimètres. Les silhouettes des marins, autrefois nettes et distinctes, se transformaient en ombres floues, disparaissant presque complètement dans cette mer de blancheur.

    La brume semblait défier les lois naturelles, se renforçant à chaque tentative de dissipation. La visibilité diminua rapidement jusqu'à devenir quasi nulle. Les membres de l'équipage, pourtant proches les uns des autres, se retrouvaient isolés dans cette obscurité blanchâtre, incapables de voir plus loin que le bout de leurs bras tendus.

    Un silence pesant s'installa, uniquement rompu par les faibles crépitements des flammes d'Erwin et les murmures inquiets des marins. Le sentiment d'isolement et de vulnérabilité s'accentua, chaque homme sentant la présence des autres sans pouvoir les voir. La Rénégate, habituellement si vivante et bruyante, était devenue un navire fantomatique perdu dans une mer de brume mystérieuse.

    Soudain, une conque retentit à nouveau, son son grave et profond résonnant à travers la brume épaisse. Le bruit perça l'air, glaçant le sang des marins de la Rénégate. La visibilité réduite n’offrit aucune indication.

    Quasi immédiatement, des hurlements gutturaux résonnèrent, des cris bestiaux et inhumains qui ne laissaient aucun doute sur leur origine.

    Ces hurlements appartenaient aux créatures que Saumatre avait aperçues dans les abysses un peu plus tôt. Les marins, déjà sur les nerfs à cause de la brume, se figèrent en entendant ces sons sinistres. Le silence oppressant du brouillard fut brisé par le bruit caractéristique des mains palmées s'aggrippant aux planches du navire. Des griffes et des ventouses se heurtèrent au bois de la coque, produisant des sons stridents et dérangeants.

    Peu à peu, des formes se dessinèrent dans la brume. Les Profonds, émergeaient du brouillard comme des spectres cauchemardesques. Leurs yeux phosphorescents luisaient dans l'obscurité, et leur peau visqueuse et écailleuse reflétait faiblement la lumière des torches vacillantes.

    Les créatures prenaient d'assaut le pont de la Rénégate avec une agilité surprenante, se déplaçant avec une aisance effrayante malgré le sol glissant et humide. Leurs mains palmées s’agrippaient fermement aux bords des caisses et aux cordages, se propulsant vers leurs proies avec une détermination sauvage.Ils attaquaient sans relâche, leurs crocs et griffes déchirant la chair et les vêtements des hommes. La bataille éclata en un instant, le pont du navire se transformant en un champ de bataille chaotique dans lequel les assaillants semblaient ne pas souffrir de la brume.

    Les Profonds:

    Les créatures aquatiques, bien qu'horrifiantes, se montraient également d'une intelligence redoutable. Elles coordonnaient leurs mouvements, attaquant en groupe et utilisant la brume à leur avantage.

    Erwin, se tenant toujours à la proue du navire, se préparait sûrement à plonger dans le chaos. Mais, sans aucun avertissement, un harpon émergea de la brume, sifflant à travers l'air comme un serpent mortel. L'arme transperça brutalement son épaule gauche, s'enfonçant profondément dans sa chair. La douleur explosa dans son corps, le propulsant violemment en arrière. Il chuta lourdement sur le pont, son souffle coupé par l'impact.

    En levant les yeux, il vit la silhouette sinistre de l'assaillant se hisser sur le navire, émergeant de la brume comme un cauchemar vivant. La créature était horriblement altérée, semblable à un cadavre ayant fusionné avec les fonds marins. Sa peau était pâle et visqueuse, recouverte d'algues et de coquillages, avec des morceaux de chair putréfiée pendants ici et là. Ses yeux étaient d'un noir profond, sans lueur de vie, fixant Erwin avec une intensité terrifiante.

    Le monstre avançait lentement, ses armes rouillées mais toujours menaçantes pointées en sa direction. Des morceaux de métal et de bois marin incrustés dans sa chair brillaient faiblement dans la lumière tamisée, ajoutant à son apparence cauchemardesque.

    Le Zombie-Coquillage:

    La créature ouvrit l'appendice qui lui servait de bouche, révélant des rangées de dents déchiquetées. Un son guttural et grotesque en émana, résonnant dans l'air lourd de la brume. Un seul mot s'échappa de cette abomination, un mot chargé de menace et de mystère :

    - La Voilée.

    Résumé des actions:


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    Citoyen du monde
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    L'Amiral Bigorneau
    L'Amiral Bigorneau
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  • Mer 22 Mai - 3:31
    Surpris par l'élan de folie qui s'empara de la dormeuse, Bigorneau recula par réflexe et dressa ses mains bien en évidence, paumes levées pour signifier ses bonnes intentions. Les yeux changés en soucoupes par la stupeur, l'Amiral s'agita un peu en jetant des oeillades paniquées à l'ensemble de la pièce mais il n'aperçut rien de choquant de prime abord. Décontenancé, mais pas assez confus pour perdre de vue sa mission du moment ainsi que l'urgence de la situation, il lança d'un ton qui se voulait avenant :

    "Hey hey hey, du calme ! Fuir quoi ? On vient te sortir de là ma grande."

    La future mère s'affola un peu, se redressa d'un bond de son assise et Bigorneau crut l'espace d'une seconde qu'il allait avoir besoin de restreindre les mouvements par la force. Loin de vouloir lui échapper, l'étrange demoiselle l'agrippa par le bras et l'amena jusqu'à la porte ouverte par laquelle ils aperçurent, par delà les escaliers menant au pont, l'apparition fracassante d'un colosse crustacéen dont ils discernaient tout juste les pinces. De l'eau salée dévala les escaliers pour parvenir jusqu'à la chambrée et Bigorneau jeta un regard désabusé en direction des appendices du monstre qui les surplombait.

    "Eux ... Lui ... Elle ..."

    L'Amiral gratta sa tentaculaire barbe à l'aide de sa main libre puis, après un léger moment de flottement accordé pour l'analyse du démentiel mastodonte des océans, le pirate haussa les épaules avec un air profondément suffisant tout en offrant à la donzelle un sourire malicieux qui se voulait enjôleur :

    "On a tué plus gros que ça. Amène toi, que j'te sorte de ce cauchemar..."

    Profondément alertée, elle balaya avec anxiété la zone avant de surenchérir dans son discours partiellement cohérent :

    "Ca c'est rien ! Fuir où ? Ici est son domaine."

    Elle causait sacrément bizarrement, la gamine. "Son" domaine ? Celui de qui ? Du crabe ou d'un truc encore plus imposant ? Bigorneau n'ayant ni le temps ni la possibilité de s'attarder sur la question dans l'immédiat, il préféra écarter ce point de conversation pour l'heure et secoua sa main avec désinvolture tout en encourageant la petiote à l'accompagner en dehors de la pièce :

    "Nan, c'est pas... C'est pas rien mais on va gérer quand même. T'en fais pas va, mes hommes ont du répondant."

    Un poil pressé, il prit appui par réflexe contre la rambarde située à sa gauche lorsqu'un violent impact fit gronder la coque éventrée de l'Eclat d'Arcane et parvint à reconstituer son équilibre non sans peine. Faisant signe à Hava de lui emboîter le pas, il escalada les marches quatre à quatre et jeta d'abord un coup d'œil à ses hommes et par extension à Eustache qui s'apprêtait déjà à batailler comme un beau diable contre la saloperie maritime qu'avait sûrement vomi Kaiyoh dans un mauvais jour. Ignorant ses compagnons temporairement, il pointa son navire enfin libéré du doigt et beugla pour la captive :

    "C'est là qu'on va. Sur mon rafiot, la plus grande merveille des mers. Tu m'fais confiance, jeunette ?"

    Tournant la tête vers elle, il constata non sans déception qu'elle n'était pas en train de l'applaudir ou de le saluer pour la magnificence de son embarcation et qu'au contraire, elle commençait à pleurer à chaudes larmes. Enserrant plus fort encore le bras du capitaine de la Ginette, elle se plaqua contre lui et chouina :

    "On va tous mourir."


    Passablement vexé, il la laissa tâcher son manteau qui en avait de toute manière vu bien d'autres. Elle reprit la parole après avoir partiellement séché ses yeux boursouflés :

    "Autant essayer votre alternative. Où m'emmenez vous ?"

    Finissant d'escalader les marches, il râla furtivement car sa jambe perforée lui faisait toujours un mal de chien et s'élança à la force de son bras par dessus la dernière marche. Cela fait, il laissa échapper un soupir de fatigue et relança la conversation par dessus les bruits chaotiques de hurlements guerriers, de cris apeurés et de bois démoli :

    "On va chez une amie à toi qui t'veut du bien. 'Fin du bien j'sais pas, mais elle en veut ni à ta vie ni à celle de ta progéniture. C'est déjà un poil mieux que ce que comptent faire les culs-bleus, crois moi."

    Presque rien de faux dans le discours. Il faisait presque des progrès, l'animal. Le son d'un boulet sans doute tiré depuis la Renégate le poussa à esquisser un mouvement de recul mais lorsqu'il comprit qu'il ne risquait rien, il recentra son attention sur la fuyarde et ajouta avec sérieux :

    "Quoi qu'il arrive, tu baisses la tête et tu lâches pas mon bras, pigé ? Pas de cri, pas de larme, pas de coup de folie."

    "Je ferai ce que je peux..."

    Visiblement concerné par ses précédentes affirmations, elle consentit à le suivre sur le pont partiellement détruit contre lequel le mat de Beaupré s'était littéralement affalé, mais rétorqua tout de même :

    "Les culs bleus ? Si vous parlez de MAGIC, ils ne me voulaient pas de mal. Ils voulaient me mettre en sécurité."

    Bigorneau pouffa sans ralentir la cadence, puis pivota vaguement dans sa direction pour répondre avec ironie :

    "En sécurité ?"

    Cette fois, il éclata littéralement d'un rire gras avant de rajouter :

    "Ils veulent p'tet te sauver toi -et j'en doute- mais ce qui est sûr c'est qu'ils veulent transformer ton gosse en compote."

    Il vit apparaître dans le tumulte une poignée de marins du camp adverse et tira son sabre par réflexe, seulement pour être interrompu dans son sérieux martial par la voix aigue de la demoiselle qui rebondit sur ce qu'il venait de dire :

    "Oui, il y'aurait un temple cachée sur l'Île Coeur. Ils disaient que là était le meilleur endroit où me cacher de lui."

    Un temple ? Ca ressemblait foutrement à cette histoire d'îles dissimulant les plus grands secrets de la piraterie. Il se pencherait sur la question à tête reposée, mais pas maintenant. Désireux de rester concentré, il fronça les sourcils et lui intima de la fermer en rétorquant :

    "Plus tard, j'te dis. Concentre toi."

    Elle consentit à se taire pour le moment et Bigorneau laissa passer le trio de manants qui paraissaient vouloir affronter dans un ultime espoir de survie le crustacée titanesque qui frappait au hasard chaque cible à sa portée. Boitant toujours un peu, il passa à une quinzaine de mètres d'Eustache et gueula pour capter son attention :

    "Eustache ! On va lever l'ancre ! Attire l'attention de cette saloperie jusqu'à ce que j'ai chargé le colis ! Fais passer l'mot aux voltigeurs !"

    Probablement offusquée d'être qualifiée de "colis", la jeune femme le fut sûrement encore plus lorsque Bigorneau remit son sabre à son fourreau avant de passer ses bras sous les jupons de la demoiselle, coinçant un bras sous ses genoux et l'autre derrière son dos pour la soulever comme une princesse avant de poser un pied par dessus bord.

    " 'Crroche toi, ça va secouer un brin."

    Elle ne put réprimer un cri de terreur lorsque l'Amiral se laissa basculer sciemment par dessus la rambarde, seulement pour être cueilli par une vague jaillissant par magie pour lui permettre de glisser d'un navire à l'autre. S'aidant de la force des eaux impétueuses pour atterrir dans une glissade parfaitement contrôlée, il retint un grognement de souffrance et déposa Hava à ses côtés avant de reprendre, un peu soulagé :

    "Nous y voilà ! Bienvenue sur l'pont de Ginette l'Impitoyable ! Suis moi, que j'te perde pas de vue si tu viens à tomber à la flotte."

    L'Amiral prit symboliquement la barre de son navire en claquant des doigts et le bois mort s'anima dans un sinistre craquement. Désireux de donner un signal sans équivoque, il marcha jusqu'au puits à mana situé au centre du pont et y inséra une petite quantité de magie, juste assez pour ensuite faire tonner un canon et ainsi faire tourner les têtes de ses compagnons toujours en plein affrontement contre le monstre marin. Naufrageurs et Voltigeurs commencèrent à se rameuter en direction de la Ginette et l'Amiral, tout en abandonnant cette fois une franche quantité de magie dans la gueule béante du puits vorace, beugla avec ferveur :

    "Ramenez vous ! On refait la façade de cette engeance malfaisante à grand coup de canons et on récupère la Renégate ! Du nerf moussaillons, du nerf !"

    La plupart des pirates parvinrent sans mal à se débiner mais l'une des sirènes, sans doute déjà épuisée par les précédents combats, se vit prélevée comme un misérable insecte par l'une des pinces du colosse. Bigorneau la vit s'élever dans les airs en poussant un hurlement strident puis, dans un fracas ignoble, elle se fit fracasser contre un mat incliné de l'Arcane. Affichant une grimace un peu dégoutée suite à l'oblitération de l'une de ses camarades, Bigorneau secoua la tête et marmonna :

    "On est pas tirés d'affaire..."

    C'était peu de le dire...

    Résumé:
    HO HO HO !
    HO HO HO !
    Capitaine Saumâtre
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  • Ven 24 Mai - 22:13



    Ses plaies terminant de se refermer, Saumâtre observait Erwin faire. Si l'idée de dissiper la brume était maligne et assez évidente, elle ne fut malheureusement pas du meilleur effet. Bientôt, l'épais brouillard avait gagné en intensité et était venu recouvrir l'entièreté du navire de manière à presque réduire l'entièreté du bâtiment à une véritable purée de poids. Grognant, le triton chercha des yeux ses hommes, ne percevant que Syrtes qui se trouvait près de lui.

    - Ok Erwin, c'était malin comme idée mais ça marche pas, cette saleté de brume semble réagir à la magie, on va faire sa-

    Il ne put achever sa phrase qu'un écho sordide résonna au loin. Le bruit d'une conque, comme si un imbécile soufflait dans un coquillage. Sortant le Baiser de Neptune, l'enfant du Récif Noir ordonna à tous ses gars de se rassembler et se préparer à l'assaut prochain. Encore plus lorsque les grognements gutturaux qu'il entendait redoublèrent d'intensité et que des silhouettes altérées dans la brume firent leur apparition.

    - MAIS QUI VIENT ABORDER DES PIRATES ??? C'EST NOTRE BOULOT CA BORDEL. A TOUS, ON REPOUSSE CES INTRUS!

    Seulement, la chose était plus simple à dire qu'à faire. Les assaillants, visiblement parfaitement habitués à l'usage de la brume, commencèrent à frapper avec force. Et les premiers cris des arpenteurs résonnèrent, déclenchant un véritable chaos sur le pont de la Renégate alors que le sang recommençait à couler. Une bataille hargneuse, fourbe, où les pirates partaient avec un certain désavantage. Esquivant de peu une main griffue qui venait de tenter de lui trancher la gorge, Saumâtre frappa violemment de son arme, tranchant net l'appendice ayant tenté d'attenter à sa vie avant d'enfoncer la pointe dans l'abdomen de la créature qui couina pitoyablement avant de se tortiller contre le bois, une plaie béante laissant ses viscères se répandre sur l'ébène tandis que l'odeur désagréable de ses propres déjections emplirent quelques secondes l'air avant de se mêler au sel marin.

    - REPLIEZ-VOUS VERS L'ARRIERE DU NAVIRE. ON SE REGROUPE POUR FORMER UNE LIGNE DE DEFENSE ET SAVOIR QUE C'QUI BOUGE EST PAS COPAIN.

    Un ordre évident, qui fut rapidement accepté par l'ensemble des marins qui commencèrent à se replier autant que faire se peut tandis qu'ils continuaient de lutter. Le triton, quant à lui, déchaina toute sa force contre les malheureux être des profondeurs qui osaient venir s'en prendre à sa personne. S'il détestait le fait que des invités non désirés ne viennent fouler le bois de son navire, le capitaine esclavagiste était surtout furieux quant au fait qu'ils l'avaient ignoré et attaqué sans mot dire. Alors, il leur faisait payer au centuple. A l'aide de sa lame, le pirate découpait purement et simplement en deux les bestioles face à lui, projetant par la suite leurs restes difformes sur les autres assaillants afin de les déstabiliser. Malheureusement, la brume demeurait un handicap féroce et le presque-naga peinait à discerner toutes les formes qui se baladaient sur son bateau. Alors, le squale commença à renifler. Son odorat, bien plus sensible que celui des autres forbans, commença à détecter l'odeur pestilentiel des poissons abyssaux ainsi que de l'hémoglobine. S'il n'avait toujours pas de vision précise, les effluves lui permettaient de localiser ses adversaires et, d'ainsi, frapper avec une précision bien plus féroce. Le Baiser de Neptune trancha, se planta, et démembra bon nombre de profonds alors que le Récif venait former une ligne de défense à l'entrée des quartiers inférieurs. Rien ne parvenait à passer leurs armes tandis que les artilleurs tiraient sur tout ce qui approchait trop près. Un roulement efficace qui malgré la vision difficile permettait de réarranger le chaos ambiant. Même si rien était encore parfait.

    Une ombre sorti alors plus vivement que les autres de l'épais brouillard, croc en avant. N'ayant pas le temps d'esquiver l'attaque, Saumâtre se décida alors de simplement l'accepter, contractant l'entièreté de son corps afin de rendre ses écailles aussi dures que l'acier. La créature vint ainsi le mordre, brisant ses crocs sur le bleu de l'esclavagiste après avoir fait couler un peu de sang, ce qui écarta un sourire carnassier face aux yeux globuleux de l'être marin. Puis, d'un geste violent, le pirate vint écraser purement et simplement le crâne de son adversaire contre le plancher du pont. Dans un bruit visqueux et grotesque, la boite crânienne vola en éclat, répandant sur le bois un mélange de sang poisseux et de cervelle rosée.

    - Allez venez bande de salopes.

    Ricanant presque tandis que sa peau bleutée et renforcée s'était teintée d'un carmin malveillant, le presque-naga usa de son poing gauche comme d'une véritable massue, broyant le thorax ou le crâne des profonds qui osaient tenter de le mordre tandis que son coutelas venait quant à lui trancher les mains griffues et les membres des assaillants. Une véritable marée de bestioles désagréables, voila ce que les profonds étaient. Et Saumâtre faisait tout pour débarrasser son navire de cette vermine. Il n'avait, après tout, pas tué autant de républicains pour laisser ces êtres venus des profondeurs lui voler la vedette en piratant des pirates. Un nouveau profond vint alors enfoncer ses crocs dans l'épaule de l'esclavagiste qui ricana de plus belle en voyant le monstre gémir et se tortiller pour tenter de le blesser profondément sans succès. D'un geste aussi vif que brutal, l'enfant du Récif Noir vint le plaquer contre la rambarde de la Renégate, brisant au passage les os du dos de la bête avant de lever sa lame et de l'enfoncer avec une lenteur perverse dans la gorge de l'être main. Un son pitoyable et étouffé dans un gargouillis sanglant s'échappa de la gueule difforme du profond avant que ses mains griffues - qui essayaient désespérément de râcler contre les écailles renforcées du triton - ne cessent de bouger. Projetant le cadavre par dessus bord, l'esclavagiste renifla de nouveau l'air pour estimer la quantité de monstres inconnus sur son navire. Il sentit ainsi l'hémoglobine de l'oni et grimaça en espérant que leur nouveau compagnon n'avait reçu  aucune blessure. Il ne pouvait, de toutes façons, pas lui venir en aide étant donné la configuration actuelle. Alors, le capitaine de la Renégate fit ce qu'il faisait de mieux.

    Il ricana et motiva ses hommes via des remarques grivoises. Puis il fit trainer sa lame sur le bois ensanglanté de la Renégate et repartait de nouveau à l'assaut des imbéciles aquatiques ayant osé venir aborder le navire du second de la Flotte sans Nom.

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  • Sam 25 Mai - 11:13
    Erwin n’était certainement pas un scientifique, ça se saurait sinon et, il n’avait jamais mis les pieds à Drakstrang, de mémoire. Mais tout de même, ce n’était pas le dernier des abrutis et, le fait de réchauffer la brume pour la dissiper, c’était logique. Mais, pouvait-on être logique dans un monde magique ? Bah non. En fait, sa stratégie miraculeuse pour dissiper cette brume de merde eut l’effet complètement inverse.
    Au lieu de la dissiper, elle est devenue plus épaisse. Ainsi, il n’était même plus possible pour lui de voir les doigts qu’il faisait aux personnes devant lui et, les mouvements devenaient de plus en plus compliqués. Quelle plaie. Au moins, cette brume pouvait certainement bloquer la vision des adversaires des pirates du plus beau capitaine de tous les temps. Il fallait espérer.

    Malgré les hurlements des créatures désignées plus tôt par Saumâtre, Erwin restait debout, droit comme un I, sur la figure de proue, sans se douter que, malgré les hurlements, le pont de la Renégate était pris d’assaut par ces saloperies. Ah, que faire dans ces conditions-là ? Quelque chose, certainement. Mais, même Carnage avait un mauvais pressentiment, c’était bien pour cette raison qu’il ne forçât pas le corps à se mouvoir en direction du pont, malgré les hurlements de bataille.
    Et puis, il devait certainement se sentir plus en sécurité sur la figure de proue. Mais, ça serait bien étrange pour le démon de la désolation, d’avoir envie d’être en sécurité face à une menace qui, à ses yeux, était complètement invisible. Alors il commença à faire un quart de cercle, tout en se tenant en équilibre pour ne pas tomber. Ses prunelles enflammées étaient certainement visibles à qui regardait en sa direction. Un large sourire se dessina sous le masque fendu.

    Quand soudain, un sifflement perçant semblait accompagner une arme fendant les airs. Était-ce un carreau ? Non, mais franchement, ça aurait été préférable. Un putain de harpon émergea de la brume pour venir se loger dans son épaule gauche. Une sensation électrisante parcourue son corps, tandis qu’il fut violemment projeté en arrière, en direction du pont du Navire de Saumâtre, là où se déroulait une épique bataille.
    Putain ! Une blessure de plus, pouvant être grave en plus. Fort heureusement, elle ne semblait pas avoir touché de point sensible, Erwin pouvait encore se mouvoir de son bras gauche. Catastrophe dans le cas contraire.

    En plus de cela, une silhouette semble apparaître devant lui. Un véritable cauchemar vivant, pour reprendre les termes déjà employés. Inutile d’en refaire une description physique, tout ce qu’on pouvait retenir, c’était qu’il était bien moche. Il s’avançait lentement vers le demi-oni à terre, toujours le masque sur le visage, fendu.
    « Putain. Qu’est-ce que t’es moche. T’es quoi, toi ? La voilée ? Bref. » Hurla Carnage, fou de rage.

    Le demi-oni porta une de ses mains sur le harpon pour le faire fondre, puis se releva, face à la créature semblant être démoniaque. Ou moche, dans tous les cas. Il fit quelques pas en arrière, tout en titubant, ses prunelles, autrefois enflammées, semblait s’épuiser. C’était la dernière chance de Carnage pour briller, après cela, il ne pourrait plus participer à cette bataille.
    Soudain, un brasier entoura Erwin, qui rendait la brume beaucoup plus opaque, le faisant presque disparaître dans cette brume sinistre. Seules les prunelles de Carnage, devenant de plus en plus incandescentes, se firent voir. Seulement, ces lueurs, désignant les yeux du demi-oni possédé, s’élevait, sur près d’un mètre supplémentaire, sans que personne ne comprît pourquoi.

    Les yeux d’Erwin, ou plutôt, de Carnage, s’avançait vers son adversaire. Chacun de ses pas, décousu, faisait trembler le pont de bois du bateau. Après quelques secondes d’avancée, le demi-oni possédé, devenu la forme originelle de Carnage, un Oni complet, apparu devant l’autre débile se faisant appeler « La Voilée ». À moins que ce fût le nom de la brume. Bref, ça n’avait pas d’importance. La forme complète de Carnage, beaucoup plus grande qu’Erwin, surplombait l’assaillant.
    Les flammes sortant autrefois de ses yeux devinrent violettes. Ses deux épées toujours en main, influées par la magie incandescente du démon, se mirent en mouvement, tranchant la brume sur leur passage, puis un combat débuta entre la Voilée et le Démon.
    Chacun des mouvements du Démon de la désolation était décousus, sans vie, imprécis. Ce n’était plus Erwin qui contrôlait, il n’y avait plus cette capacité de réflexion et l’apprentissage des combats passés, il n’y avait que la rage. Les mouvements étaient tous brutaux, à l’image de la personne les exécutant. Il ne fallait plus qu’espérer que son adversaire ne soit pas capable de tous les encaisser. Bien évidemment, la tête était visée en priorité, puis les bras, afin de restreindre un maximum ses mouvements. Les flammes recouvrant les épées dessinaient de magnifiques traits entre le Démon Oni complet et la voilée.

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  • Sam 25 Mai - 14:18


    Le monde venait de prendre une forme étrange, l’espace d’un instant, tout n’était qu’écume et eau. Bousculé dans tout les sens dans ce tourbillon sans queue ni tête, Eustache ne comprenait rien aux forces qui semblaient écraser sa chair contre l’intérieur de sa carapace. Il se souvenait d’avoir eu la gorge de la mage dans sa pince, la victoire était là, il n’avait qu’à contracter les muscles écraseurs pour broyer ses cervicales et faire rouler sa tête sur le pont.

    Mais non, quelque chose d’autre s’était produit, un sifflement strident suivi du craquement de l’air comprimé par l’expansion soudaine d’une énergie arcane qui n’était pas sans lui rappeler celle du rugissement des canons de la Ginette. Son corps rouge était balancé d’un côté puis de l’autre dans ces gerbes d’eau violentes comme mues par la colère d’une tempête, jusqu’à ce que finalement il ne roule sur le pont humide, suivant le trajet de l’eau vers le bastingage détruit dans la bataille. Glissant vers les abysses et passant par-dessus bord.

    Dans l’eau l’attendait une créature abominable qui remontait lentement à la surface, toute faite de chitines et de barnacles, aux yeux grands comme des boulets de canon et à la carapace brune comme celle qu’il avait autrefois. Et étrangement, Eustache n’avait pas peur.

    Non, il était admiratif de ce léviathan qui surgissait des entrailles de l’océan pour venir bénir le massacre. Un ancien dieu, appelé par le tambour des canons et le sacrifice des marins qu’ils venaient tous ensemble de passer par le fil de l’épée ou, dans le cas de notre homard de compétition, sous le maillet du boscambusier.

    La chair était attendrie et fraiche pour toi, ô grand ancien des mers, c’est ce qu’il se serait mis à chanter s’il avait soudainement développé la capacité de parler, mais dans sa fièvre confuse il ne put s’exprimer qu’avec ces atroces bruits vibrants qu’il produisait avec son rostre, qui soulevait ses épaules au rythme d’un rire dément. Puis, la chaine se tendit, frappa l’hybride contre la coque du navire et l’empêcha de tomber dans l’eau pour rejoindre son Grand-Père chitineux. Roulant contre le bois rongé par la faune marine et l’acier des canons runiques, le cambusier remonta sur le pont en se hissant à la chaîne pour apercevoir seulement le capitaine qui remontait avec celle qu’ils étaient venus chercher. Avec sa peau laiteuse et son sang qui devais être si chaud dans sa bouche.

    Elle cachait même un amuse-gueule dans son ventre.

    Cependant, l’ordre du capitaine le ramena à la réalité des choses, comme le coup de fouet disciplinaire d’un officier Reikois, et, s’ébrouant un instant en secouant les bras pour chasser l’eau qui s’était accumulée dans les apertures de sa carapace, il se retourna pour faire face à l’affreux crustacé qui venait de surgir à la surface de l’eau qui tombait en cascades des irrégularités de son armure chitineuse.

    Sans le voile de l’onde, la bête ne lui semblait plus si divine et même s’il l’observait avec cette admiration presque fanatique, il voyait en elle une créature à détruire. Dont la pince à elle seule devait contenir assez de viande pour nourrir l’équipage des semaines durant. Dieux, qu’elle devait être forte, et quelle force pouvait-elle lui donner s’il parvenait à mettre les griffes sur son âme et à la dévorer ? Oh oui, Eustache allait gagner du temps. Il chassa d’une main les autres voltigeurs et abordeurs, les abandonnant à leurs sorts et les forçant, plus ou moins, à regagner la Ginette tandis que lui. Tout recouvert d’écume et de lymphe, allait prendre le rôle de l’appât pour le clou du spectacle.

    Il était habitué à ce genre de danses, et disposant d’un cerveau soit trop lisse, soit trop peu développé dans les régions les plus importantes, Eustache était hélas bien incapable de ressentir la peur.

    C’est ce qui se racontait du moins, peut-être était-il trop sauvage ? Peut-être que l’esprit malade responsable de sa naissance avait une quelconque mutation génétique qui facilitait la production d’adrénaline et d’autres composés chimiques qui inondaient la lymphe de l’abomination rouge de l’amiral Bigorneau. Qui justifiait pourquoi il saisissait à deux mains son ancre pour la lancer par-delà le bras du crustacé colossal, qu’il tirait sur la chaine pour la bloquer et forcer l’ancre à s’enrouler autour du membre chitineux. Il était resté un peu trop proche du premier impact de la pince pour être propulsé par l’onde de choc née de sa frappe, dont il utilisait l’inertie pour échapper au plus gros de la destruction de l’Éclat Éclaté et valdinguer autour de la bête comme un singe le ferait dans les haubans d’un quelconque voilier.

    Le choc avec la carapace fut douloureux, chassa l’air de ses étranges poumons qui lui permettaient de respirer sous l’eau dans un sifflement aigu. Ses doigts griffus trouvèrent une ouverture dans la carapace de la bête, dans lequel il enfonça les phalanges pour s’agripper et gravir la bête. Se retrouvant face à face avec son œil vitreux. Dont la malfaisance n’était que le pâle reflet des abîmes de cruauté dont était capable le fils illégitime d’un malade mental et d’un pauvre homard.

    Il pouvait voir son reflet dans la bille noire de la créature atroce, lui, son rostre presque fracturé à mi-longueur, sa carapace dont il était si fier, fendue et suintant de la lymphe bleue. Eustache se rendit compte alors, qu’il détestait son reflet. Il plongea la pince dans l’œil de la bête pour lui arracher. Et dans un cri strident qui tenait autant du rugissement de colère que de douleur, il brisa son reflet.

    La bête était lente, comparée à lui, mais lente ou non, il y’a des choses qu’on ne vois pas toujours venir, surtout quand on est occupé à admirer la beauté de sa propre laideur, une pince faisant la taille d’un buffle par exemple. Qui vint le chasser de l’œil et qui le percuta avec assez de force pour l’envoyer valdinguer. Il n’évita la noirceur de l’océan que grâce à la chaîne enroulée autour de son avant-bras qui se déchaussa de son articulation et manqua d’être arraché par la force du coup. Faisant pendre mollement le boscambusier un instant. Un instant court, aussi court que la douleur atroce qui le réveilla en se rendant compte que son bras ne tenait désormais en place que par quelques ligaments et des muscles détachés de l’intérieur de sa carapace.

    Avant d’être saisi par la pince broyeuse du crustacé géant, pris d’un élan de panique, il fit l’effort d’enrouler sa chaîne autour de sa propre pince, pour remonter sur la carapace du crustacé et récupérer son ancre.

    Puis, voyant la bouche des canons luire de l’énergie magique de Bigorneau, il décida de plonger en sa direction, il était temps de rentrer à la maison et de panser ses plaies.

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  • Dim 26 Mai - 23:26
    Sur l'Eclat d'Arcane et la Ginette


    Le crabe géant se redressa, sa pince gigantesque scintillant dans l'éclat d'un soleil depuis longtemps camouflé derrière la fumée de la bataille.

    L'énorme appendice s'abattit avec une lenteur terrifiante, prêt à éventrer l'Éclat d'Arcane en un seul coup fatal. Les quelques membres restant de l'équipage regardaient, impuissants, cette horreur imminente, le désespoir se lisant sur leurs visages.

    Mais à cet instant précis, Eustache, sortant de sa torpeur contemplative, se jeta comme un forcené sur le crustacé titanesque. Avec une détermination farouche, il s'accrocha à la carapace de la créature, ses doigts trouvant des prises improbables sur l'armure naturelle du monstre. Tel un bernacle agaçant, il entama son ascension, grimpant avec une agilité surprenante pour un homme de sa taille.

    Le crabe géant s'agita frénétiquement, cherchant à se défaire de cet intrus tenace. Ses pinces massives claquaient dans l'air, tentant d'attraper Eustache, mais la taille et la rapidité de l'homme le rendaient difficile à saisir. Chaque mouvement du crustacé provoquait des secousses violentes, mais Eustache s'accrochait avec la ténacité d'un marin aguerri.

    Finalement, dans un effort désespéré, le crabe réussit à se saisir d'Eustache. Avec une force titanesque, il le projeta dans les airs, son corps tourbillonnant avant de se rattraper par une manœuvre qui, bien qu’elle lui en coûta son bras, lui sauva la vie. Le choc fut brutal, mais Eustache, bien que sonné, était toujours en vie.

    Ce geste de défense avait cependant coûté cher au crabe géant. En se concentrant sur le boscambusier, il était resté relativement immobile, offrant une cible parfaite pour les canons de la Ginette. L'amiral Bigorneau, observant la scène avec une attention stratégique, ne perdit pas un instant.

    D'un geste impérieux, il invoqua sa magie, les énergies aquatiques répondant à son appel. Les canons de la Ginette pivotèrent en un mouvement fluide et précis, pointant leurs bouches d’acier vers le géant menaçant. Un ordre fut aboyé et les canons tirèrent en une détonation assourdissante.

    Des boulets d'eau, chargés de puissance magique, jaillirent des canons avec une force inimaginable. Ils percutèrent le crabe de plein fouet, l'impact retentissant dans un fracas d'eau et de chair. La créature vacilla, ses pattes colossales s'agitant frénétiquement tandis qu'elle reculait sous la force de l'attaque. Le choc laissa des marques visibles, des fissures parcourant sa carapace robuste.

    Cependant, celui qui se voulait futur roi des pirates n'eut pas le temps de savourer sa victoire.

    Une tension palpable s'installa dans l'air, une lourdeur oppressante qui semblait enserrer chaque être présent sur les flots. Une terreur primitive envahit les cœurs, une sensation d'imminence sinistre pesant sur l'équipage. Les sons semblèrent s'étouffer d’eux-même, comme si le monde entier retenait son souffle.

    Hava, se tenant à côté de l'amiral, fut la première à réagir à cette force invisible.

    Son corps fut secoué de spasmes violents, comme si une force immense et incontrôlable cherchait à s'échapper de son ventre. Ses mains s'agrippèrent désespérément à son abdomen, ses doigts se crispant dans une tentative futile de contenir l'horreur qui se déroulait en elle.

    Les veines de son cou se tendirent, son visage se tordit en une grimace de douleur insoutenable. Ses yeux, grands ouverts et emplis de terreur, se tournaient frénétiquement autour d'elle, cherchant une aide qui semblait hors de portée. Chaque spasme faisait se cambrer son corps, ses cris perçant l'air et ajoutant une note de désespoir à la scène déjà cauchemardesque.

    Son ventre, convulsé par des secousses monstrueuses, semblait prêt à exploser à tout moment. C'était comme si l'être qu'elle portait en elle depuis des années, emprisonné dans les limbes de l'attente, avait décidé que le moment était venu de se libérer par la force brute. Des mouvements visibles sous sa peau créaient des vagues déformantes, trahissant une volonté implacable de briser les chaînes de son confinement.

    - ELLE ARRIVE ! Furent les seuls mots qu’elle put prononcer avant de sombrer à nouveau dans la terreur et les cris.

    Le Crabe Géant:

    Sur la Renégate


    La Renégate, jadis fière et majestueuse, était désormais le théâtre d'une bataille désespérée. Les pirates commandés par Saumatre luttaient avec acharnement contre l'assaut incessant des Profonds. La brume dense et trompeuse offrait un avantage indéniable aux assaillants, enveloppant le navire dans un voile sombre qui rendait chaque mouvement incertain.

    Les corsaires se battaient avec vaillance, mais la tâche était ardue. De nombreux marins tombaient sous les coups des Profonds, embrochés par leurs armes improvisées ou déchirés par leurs griffes redoutables. Chaque cri de douleur ou de rage se perdait dans les volutes de brume, tandis que le sang se mêlait aux eaux sombres qui balayaient le pont.

    Pourtant, grâce aux efforts inlassables de leur chef, les pirates parvinrent à s'organiser en un carré de défense solide. Sous les ordres de Saumatre, ils formaient une barrière intrépide, repoussant les assauts des créatures marines avec une détermination farouche. Malgré la férocité de leurs adversaires, les corsaires tinrent bon, leurs armes frappant avec précision, repoussant chaque assaut avec une efficacité remarquable.

    Mais les Profonds ne montraient aucun signe de faiblesse. Ils continuaient à se jeter sur les défenseurs du navire avec une sauvagerie dénuée de toute pitié, leurs yeux luisant d'une lueur malveillante dans l'obscurité de la brume. La bataille faisait rage sans relâche, et chaque instant était une lutte désespérée pour la survie sur le pont de la Renégate. Pourtant, la tactique semblait fonctionner et chaque assaut voyait de moins en moins de monstres y participer.

    À travers la brume épaisse qui enveloppait le navire, le combat entre Erwin, transformé en Oni, et l'étrange créature humanoïde issue des abysses ressemblait à une danse macabre. Les lames enflammées d'Erwin semblaient tracer des courbes élégantes dans l'air, formant des glyphes lumineux qui brillaient faiblement dans l'obscurité environnante.

    Pourtant, malgré cette apparente grâce, le combat était brutal et chaotique. Les deux adversaires se jetaient l'un sur l'autre avec une férocité inouïe, leurs attaques résonnant dans le silence oppressant de la brume. Aucun d'entre eux ne semblait se soucier de sa propre défense, seul le désir de mettre fin à la vie de l'autre comptait.

    Les lames s'entrechoquaient avec une violence aveuglante, éclairant brièvement le pont du navire. Erwin, animé par une rage bestiale, frappait avec une force dévastatrice, ses traits déformés par la fureur. De l'autre côté, la créature marine-coquillage se battait avec une agilité surprenante, ses appendices mouvants se déplaçant avec une rapidité déconcertante.

    Malgré la férocité de son adversaire, Erwin finit par prendre l'avantage. Ses attaques incessantes finirent par ébranler la défense de la créature, jusqu'à ce qu'il parvienne enfin à porter un coup décisif. Sa lame enflammée transperça le corps de son ennemi, et un cri de rage résonna à travers la brume alors que la créature s'effondrait sur le pont, vaincue.

    C’est là que tout changea.

    Les Profonds:

    Dans les cauchemars que partagent tout les gens de la mer


    Les océans, calmes jusqu'à présent malgré la fureur des combats, s'assombrirent soudainement. Les eaux bleu-vert prirent une teinte noire, comme si les abysses elles-mêmes s'étaient élevées pour engloutir la surface. Une obscurité malveillante se répandait, teintant les vagues d'une noirceur capable de terrifier même le plus vaillant des pirates. Le changement fut si brusque et total qu'il semblait que les ténèbres avaient pris le contrôle de l'océan tout entier.

    A nouveau, le son d'une conque retentit à travers la brume qui enveloppait la Rénégate, cette fois s'étendant pour engloutir également la Ginette. La brume, dense et presque tangible, se déploya en vagues épaisses, effaçant les contours des navires et plongeant l'environnement dans une opacité sinistre.

    C'est alors que les marins entendirent un rire. Un rire sépulcral, résonnant des profondeurs abyssales et des cimetières marins. Ce rire, que nul être vivant n'avait jamais entendu auparavant, instillait pourtant en eux une peur primale. C'était la personnification de la terreur de mourir en mer, un son qui réveillait des peurs ancestrales enfouies au plus profond de chaque marin. Le rire semblait venir de partout et de nulle part à la fois, amplifié par la brume qui étouffait tous les autres sons.

    Dans le flou de la brume, certains purent distinguer une forme gigantesque et indistincte. Une silhouette humanoïde, colossale, se dessinait vaguement à travers les nappes de brouillard. Ses contours étaient flous, mais sa présence imposait un sentiment de désespoir et d'impuissance absolue.

    Réagissant avec entrain à cette menace grandissante, le crabe géant poussa un rugissement de rage. Son cri perça l'air, chargé d'une fureur brute et sauvage. Il se jeta sur la Ginette avec une force inouïe, ses pinces énormes cherchant à s'abattre sur le pont.

    Et sur la Renégate, dès que le rire sinistre retentit à travers la brume, une lueur malveillante s'alluma dans les yeux des Profonds tombés et gisant sur le pont. Lentement, leurs corps reprirent vie, se redressant avec difficulté. Les blessures qui les avaient abattus ne semblaient plus importer, débordant non plus de sang, mais d'une énergie sombre et inquiétante.

    Sans un mot, les Profonds morts se jetèrent à nouveau sur les pirates, leurs mouvements désormais dépourvus de toute trace d'humanité. Leurs griffes acérées et leurs crocs affamés se dirigèrent vers les corsaires en coups saccadés, prêts à leur infliger une nouvelle vague de terreur et de mort.

    Pour les pirates, c'était comme si l'enfer s'était ouvert devant eux, libérant une horde de créatures cauchemardesques assoiffées de sang. Et dans la brume épaisse, le combat reprit avec une férocité renouvelée, la survie de chacun étant désormais plus incertaine que jamais

    Résumé des actions:


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  • Jeu 30 Mai - 18:13



    Les canons runiques tonnèrent dans un rugissement tonitruant et le crustacé massif, grièvement blessé par la pleine puissance de la Ginette, esquissa un vif mouvement de recul lorsque sa cuirasse se vit percée de toutes parts. Bigorneau laissa son rictus mauvais réapparaître, ce pour être immédiatement adulé par son équipage qui hurlaient leur contentement. Les yeux rivés sur le boscambusier dont la lutte effrénée s'était avérée payante, Bigorneau releva tout de même de loin les blessures de son acolyte. Profondes et handicapantes, elles s'avéraient plus problématiques que Bigorneau ne voulait bien l'admettre et cela le fâchait quelque peu. Leur plan avait été millimétré et pourtant, ils rencontraient des difficultés d'un nouveau genre.

    Il se remémora des batailles, des conflits menés non pas entre les forces des flottes pirates et celles des républicains, mais bel et bien les affrontements ayant une toute autre portée. Se dresser contre les forces cosmiques régissant l'univers s'était soldé par d'innombrables pertes et c'était bien là la seule guerre que l'Amiral avait choisi de fuir. La brume s'étendant de la Renégate jusqu'à sa propre embarcation n'avait semblé au départ n'être qu'un énième sortilège des culs-bleus mais maintenant que se multipliaient les engeances marines et les curieuses manifestations de puissances abyssales, Bigorneau comprenait sans mal qu'ils subissaient le courroux de quelque chose... d'autre. Coinçant ses doigts dans sa gueule pour pousser un sifflement bruyant, il signifia à ses troupes l'heure du départ en jetant des regards inquiets à l'insidieuse tâche de brouillard qui s'étendait désormais jusqu'à eux.

    Le crabe monstrueux, bien que dramatiquement affaibli, se rua d'un navire à l'autre pour s'accrocher à la Ginette, s'embarquant avec elle alors que celle-ci prenait de la vitesse. Déplacé par les secousses brutales, Bigorneau s'empressa de s'accrocher au mat de son navire et empoigna l'épaule d'Hava pour lui épargner une inopinée glissade mais plutôt que de le remercier, la pauvrette se mit à hurler de douleur en saisissant son ventre à pleines mains. Parbleu, était ce vraiment le moment pour perdre les eaux ?

    "Tu vas pas me pondre un chiard en pleine tempête, dis ?!"

    Elle ne répondit pas, vociférant à la place "qu'elle" arrivait. Traitant cette fois-ci la menace avec un absolu sérieux, Bigorneau se jeta sur le puits à mana tandis que ses hommes s'emparaient de lances et de harpons afin de résister face aux assauts démentiels du crustacé. Avec une ferveur renforcée par l'adrénaline, le capitaine de l'Impitoyable jeta sa main droit dans la fosse à magie qui vint goulument absorber le pouvoir de l'Amiral, mais il sentit alors les effets que la brume magique exerçaient sur sa magie et l'estompage de son influence. Comme givré par la peur, il resta immobile un instant puis tourna la tête vers la demoiselle enceinte pour beugler :

    "QUI arrive ?!"

    Trop endolorie pour informer l'Amiral de la nature de la menace, Hava manqua de chuter et l'habile marin fondit sur elle pour la rattraper, la saisissant aux épaules tout en la secouant avec force. Gueulant tout son fiel alors qu'une inexplicable terreur le prenait aux tripes, il vit ses canons s'armer par magie à nouveau et ses compagnons s'empresser d'ajuster une nouvelle bordée, ce en sachant que la proximité avec le crabe risquait de causer des dommages collatéraux inévitables. La jeune femme pointa une silhouette effroyable jaillissant de la brume et rétorqua, à bout de souffle :

    "La Voilée..."

    Ne sachant comment réagir face à cette titanesque apparition issue des tréfonds, Bigorneau mira les contours de cette indescriptible créature et face à l'effroi grimpant qui s'insinuait en lui, il tâcha de riposter en adoptant la posture d'un chef inflexible mais l'écho de sa voix rauque trahissait les prémices d'une montée d'angoisse inextinguible.

    "TOUT LE MONDE A SON... A SON PUTAIN DE POSTE DE COMBAT ! ARTILLEURS AUX CANONS, VOLTIGEURS SUR LE PONT ! ET QUE CA SAUTE !"

    Serrant Hava contre lui afin de s'assurer de ne pas la perdre, il pointa les canonniers du doigts et rugit :

    "FEU ! FEU ! FEU !"

    Les gueules de métal crachèrent à nouveau en une volée ininterrompue, martelant la carcasse du crabe blessé qui, malheureusement, était bien trop proche de la Ginette pour que celle-ci soit entièrement épargnée. Des éclats de bois mort filèrent dans toutes les directions, blessant les marins comme le monstre marin lui-même. Les cris affolés de ses hommes résonnèrent dans la brume et Bigorneau, se sentant partiellement dépassé par les évènements, lança un ordre aussi confus que désespéré :

    "Cap sur la Renégate, bande de vauriens ! Repli ! On va s'en sortir les gars, on va s'en sortir !"

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    HO HO HO !
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    Capitaine Saumâtre
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  • Jeu 30 Mai - 22:25

    Tranchant encore et encore dans la chair humide des profonds, Saumâtre organisait les défenses de la Renégate avec une férocité particulièrement présente. Augmentant sa force, le pirate n'hésitait pas à exploser les cages thoraciques de ses adversaires avec sa main gauche tandis que son sabre venait couper en deux les imbéciles ayant fait le terrible choix de venir s'en prendre à l'équipage esclavagiste. Et, couplé à sa rage présente, les tactiques et formations des flibustiers finirent par payer, transformant le flux constant de monstres marins en quelques vagues plus surmontables d'assaillants. Seulement, le capitaine le savait ses hommes finiraient par faiblir. La fatigue commencerait à s'en prendre à leurs muscles, les tétanisant au point de bloquer leurs bras et leurs jambes. Et brisant la chaine d'acier que représentait le cordon de défense des Arpenteurs.

    - Continuez comme ça les gars, on va finir par tous les crever ces pourritures!

    S'il n'avait en même temps aucune vision de ce que faisait Erwin, l'esclavagiste espérait grandement que l'Oni masqué n'allait pas périr bêtement contre son adversaire. La brume s'était répandue et avait rendu le combat plus difficile mais le pirate en apprentissage restait une force qui venait les aider dans leur combat. Aussi, le voir crever contre un vieux coquillage aurait été aussi fâcheux qu'agaçant pour l'esclavagiste qui mettait déjà la mort des siens sur le dos de l'incompétence de l'oni possédé qui avait tenté de jouer au petit chimiste. Un énième profond sorti Saumâtre de sa pensée en se jetant sur lui. De ses griffes acérées, le monstre tenta d'arracher la gorge du triton qui fit un pas en arrière de justesse. Sentant la pointe des doigts frôler sa peau, l'enfant du Récif Noir riposta par la suite en frappant violemment la tête de la bête, propulsant quelques mètres plus loin le crâne éclaté de l'assaillant. C'est alors qu'un nouveau son de conque se mit à résonner dans l'air. Et quelque chose de vicié se déclencha.

    L'air, déjà alourdi par la présence de la brume, sembla s'épaissir un peu plus tandis que l'eau dans laquelle la Renégate baignait se teintait de noir. Les corps déchiquetés et démembrés des profonds semblèrent à leur tour s'animer de nouveau, permettant aux créatures sous marines décédées de reprendre le combat comme des marionnettes désarticulées et inconscientes de leur propre état. Mais ce qui sembla perturber le plus les pirates présents, ce fut cette silhouette étrange qui sembla se dessiner au loin. Et ce son, résonnant au plus profond d'entre eux. Ce maudit rire. Pris d'une certaine torpeur, certains Arpenteurs restèrent figés quelques instants, incertains de quoi faire dans une telle situation. D'autres, commencèrent à céder du terrain alors qu'ils sentaient leurs corps fatigués se faire dévorer par le plus vicieux des poisons: la peur.

    Saumâtre lui même ne fut pas exempt de pareille angoisse. Ses sens semblèrent se mettre en alerte et il sentit un nœud terrible nouer son estomac alors qu'il voyait presque impuissant deux de ses membres du Récif tomber devant lui. Dans un bruit particulièrement ignoble, leurs corps furent mastiqués et déchirés par des profonds aux corps entaillés qui semblèrent prendre un malin plaisir à plonger leurs gueules aux dents acérées dans les boyaux et les restes des pirates abattus. Ils étaient là, assaillis par des créatures hargneuses et ayant visiblement droit à un second souffle que eux ne pouvaient espérer. Saumâtre lui même sentait en son corps une fatigue grandissante et particulièrement agaçante. Le mana n'était pas infini et il avait déjà puisé grandement dans ses réserves. Ils ne pouvaient pas réellement avancer, ses hommes se voyaient dévorés par le même effroi qui venait refroidir ses os épais... Ils étaient comme des bêtes, acculés et dans l'attente d'une mort inéluctable. La peur aurait pu entièrement saisir le cœur du triton, le plonger dans une angoisse telle qu'il n'aurait eu qu'à dire au revoir à sa sœur qui combattait à ses côtés. Mais l'enfant du Récif Noir était bien trop proche des créatures sauvages pour se laisser faire. Et aussi probablement un peu trop con.

    Canalisant subitement son mana au bout de sa main, le triton laissa un hurlement rauque quitter sa gorge avant de "griffer" l'air soudainement, frappant de toute ses forces l'espace vide entre lui et les créatures abyssales. Déchainant ainsi ce qu'il pouvait au niveau de sa magie élémentaire, plusieurs lames d'air filèrent au travers des créatures, les réduisant en charpie. Peu importait qu'elles furent réanimées ou non, sans jambe. Sans bras. Sans tête, il leur serait impossible de continuer le combat. Alors, Saumâtre déchaina cette puissance élémentaire. Puis, continuant de beugler, il ajouta à son maniement des airs de violentes frappes de son coutelas tandis qu'il se jetait sans peur en avant pour venir frapper de nouveau ses adversaires.

    - Allez les gars, on va pas se laisser mettre à mal par des créatures aussi ridicules et puantes. On a détruit les républicains, on a pillé de nombreux forts! Alors suivez moi! Suivez moi dans cette bataille pour leur écraser le museau contre le bois de notre navire!

    Il s'arrêta tandis que ses hommes hurlaient et venaient le rejoindre dans un enchainement de violence et de chaos plus ou moins contrôlé.

    - ERWIN! BOUGE TON CUL ET REJOINS NOUS MON CON! HORS DE QUESTION QUE TU TE LA TOUCHES SUR MON NAVIRE PENDANT QU'ON REPOUSSE CES TRUCS!

    La peur dans son cœur avait laissait place à une résolution fataliste. Si l'enfer venait de s'ouvrir devant eux et vomissait ses créatures. Alors... Les enfants du Récif Noir montrerait à cette foutue silhouette combien la Renégate refuserait de tomber sans vendre le plus chèrement possible sa peau.  

    Utilisation des pouvoirs (tour 8 ):
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    Viktor Volkhard
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  • Ven 31 Mai - 17:56
    Les efforts de Carnage, s’étant entièrement emparés du corps et de l’esprit de son hôte, finirent par payer. Après un combat acharné avec son adversaire, une danse mortelle où chacune des attaques promulguées par le démon dessinaient des sillons de flammes dans la brume, la déchirant de toute part, Carnage finit par vaincre. La lame du démon de la désolation finit par pénétrer le corps écailleux de son adversaire, pour mettre fin à ses jours dans une souffrance palpable. L’onde sonore résonna dans l’atmosphère, le corps chuta lourdement, claquant contre le pont de bois, d’un bruit sourd.
    Non pas sans mal, Erwin ou plutôt Carnage, vainc la créature marine sortant tout droit de sous l’Océan. Quelques blessures se dessinaient sur son corps, laissant son sang empli de magie enflammée décorer son impressionnante carrure d’Oni. Le harpon fondu encore dans l’épaule, Erwin reprit sa forme humaine, n’ayant pas les ressources nécessaires pour garder la présence démoniaque davantage de temps.

    Les vêtements déchirés par sa transformation, le mercenaire reikois reprit ses esprits, laissant le démon l’habitant de côté, pendant quelque temps. Son regard sombre scruta tout autour de lui, observant la Renégate, qui était devenue un véritable champ de bataille. Une première bataille navale pour Erwin, si on pouvait appeler cela comme ça et, pas des moins éprouvantes. Il était confronté à la mort de ses camarades directement, lui qui avait l’habitude de travailler seul. Était-ce de sa faute ? Qui pouvait le savoir.
    Soudain, alors que l’azur de l’océan devint aussi sombre que le ciel nocturne, la brume se fit plus opaque, comme si, du bout des doigts, le mercenaire reikois était capable de la toucher. Il était impossible de voir à plus de deux mètres. Dans le crâne d’Erwin retentit un rire atroce, effrayant, qui provoqua sur son corps, une vague de frisson inarrêtable. Oui, il avait peur. Jamais, de toute sa vie, il eut entendu un rire aussi effrayant. C’était comme si l’on essayait de prendre le contrôle de son corps, comme si Carnage lui-même devenait insignifiant.

    Par réflexe, le demi-oni fit plusieurs tours sur lui-même, cherchant d’où provenait ce rire, mais impossible de le savoir précisément, tant il était effrayant et puissant. Il semblait venir de partout et nulle part à la fois. La stresse montait de plus en plus dans l’esprit d’Erwin, qui n’était plus même en capacité de communiquer avec son démon intérieur, tant son énergie avait été drainée par le précédent combat.
    Mais, à force de chercher la provenance de cet ignoble cri assourdissant et terrifiant, le regard sombre d’Erwin se posa sur une imposante silhouette, qui semblait s’élever dans le ciel. Un symbole du désespoir et de la défaite venait tout simplement de se dresser devant lui, devant les pirates. Comment pourraient-ils gagner une bataille contre un être qui, de toute façon, les surpassa de très haut. Téméraire, le mercenaire ne baissa pas les bras, il se ressaisit, puis se remit en position de combat, ses deux épées en main.

    D’un pas léger, presque inaudible, Erwin s’avança sur le pont de la Renégate, voulant tout simplement rejoindre le Capitaine du navire. Mais, alors qu’il avança, les corps sans vie des assaillants se mirent en mouvement, puis se dressèrent tout autour du mercenaire. Sans comprendre ce qu’il se passât sur ce rafiot, le demi-oni fit quelques pas en arrière, pour prendre un maximum de distance avec les nouveaux zombies, mais aussi, avec les profonds qui les accompagnaient.
    Son regard, apeuré, se perdait sur toutes ces silhouettes, aussi bien actives que sans vie, qui se dessinaient dans la brume. Impossible de canaliser suffisamment de magie de feu pour avancer sans peine dans cette masse de mort-vivant. Erwin n’avait aucun moyen de rejoindre les défenses de Saumâtre, qui l’appelait depuis l’autre bout du pont, depuis l’autre côté de cet obstacle infranchissable. Il n’y avait qu’une seule solution : se battre. Après tout, c’était bien pour cela qu’il était ici.

    Voyant des silhouettes déjà tombées devant lui, face à la puissance du vent du capitaine, qui se contentait de trancher des têtes avec des lames d’air, Erwin vit une ouverture pour rejoindre la bande. Laissant l’une de ses épées se dresser devant lui et, la seconde frotter contre le bois du pont, le demi-oni analysa la situation catastrophique dans laquelle il était. Il se concentra légèrement, tandis que le corps resté inanimé de son précédent adversaire gisait à côté de lui. Inutile de faire appel à sa magie du feu face à ces immondices sorties de l’océan, seules ses prouesses martiales lui seraient utiles.
    Ainsi, il se jeta tête baissée dans la mêlée, usant de son agilité naturelle et de ses capacités ambidextres pour trancher toutes les têtes qu’il vît. Que ce soit des Profonds vivants ou réanimés, tous verraient leurs têtes voler en éclat en l’instant. L’avancée, à cause de la brume, semblait être plus compliquée. Mais impossible de refaire appel à la magie du feu de toute façon, cela ne ferait que compliquer les choses.

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  • Dim 2 Juin - 12:58
    Ce parfum de bois détrempé et d’algues qu’il sentait contre la surface froide contre laquelle il reposait avait cette douce odeur du bercail. Le bois, un peu spongieux sous ses bras puissants avaient ce petit je-ne-sais-quoi qui le rassuraient, comme un matelas un peu trop dur auquel on s’était habitué. Ses doigts chitineux se pressent un peu dans le bois familier du pont, s’enfoncent dans l’amalgame de fibres et d’algues pour qu’ensuite il ne se redresse.

    Alors qu’il s’appuie sur son poing, une douleur vive remonte le long de son bras et viens inonder ses nocicepteurs qui saturent un instant et forcent son bras à devenir mou et dans un choc sourd, il se retrouve à nouveau contre le bois du pont.

    Les canons rugissent, encore. Il ne l’entend pas, mais il le sent. C’est une atroce vibration qui secoue le squelette de sa bien-aimée. Ça veut dire que son amiral bien-aimé continue de faire feu sur quelque chose. Comment s’est-il retrouvé sur le pont ? L’instant d’avant il était sur la carapace de l’affreux crabe des profondeurs et maintenant… Il était sur la Ginette. La bête était-elle encore en vie ? Difficile à dire, la magie avait son odeur qui empestait l’air, l’odeur des algues et du bois détrempé bloquait son odorat. S’il voulait savoir, il allait devoir se lever.

    Ne répétant pas l’erreur de s’appuyer sur son bras endommagé, il plie le bras au bout duquel trône sa pince aussi fière que mortelle. Il hisse le torse hors de l’eau et, dans sa vision troublée par les impacts à la tête qu’il a subis, il voit le reflet doré de sa quincaillerie. Au moins il a toujours ses « qui brillent » là, qui pendent à son cou.

    L’air est toujours brumeux quand il se redresse, ses yeux ont il éclatés sous la pression ? Ses billes noires ont-elles enfin subis le coup de trop pour le priver de la vue ? Quelle vie s’ouvrait à lui maintenant que son acuité visuelle était réduite en peau de chagrin au point tel qu’il n’arrivait pas à distinguer les formes dans la brume qui tentait de les engloutir ? Quelqu’un le frappa a l’épaule, et dans un grondement cliquetant, la bête de l’amiral se retourna pour… Se rendre compte qu’il voyait très bien. La gueule de blobfish malmené par le mal des pressions l’observait en tentant d’articuler quelque chose avec ses lèvres éclatées par le différentiel de pression. Vraiment, Mathusalem était vachement plus beau quand ils plongeaient sous l’eau.

    - T’as prwas entendu l’am’bral ?! Faut blâcher du lblest ! ! Comment va ton bras Eustblache ?

    Le homard l’observa un instant, pivotant la tête sur le côté. Mathusalem et lui étaient bien les deux seuls idiots à avoir des difficultés pour parler, lui avec ses lèvres qu’il ne contrôlait pas vraiment à la surface et Eustache par la qualité de la semence de son père qui l’avait privé de lèvres et de cordes vocales. La différence étant que là, aussi aimable qu’il pouvait être avec ses camarades d’équipage, Eustache était incapable de s’exprimer. Mathusalem vint saisir un pli de chair qui couvrait ses yeux chargés de lymphe pour observer l’état du boscambusier.

    - Brwordel. T’as prwis chwerr.

    Eustache fit un étrange geste de la pince, la basculant de gauche à droit à hauteur de ses hanches. Difficile de signer quand on n’a pas de doigts. Aussi il se contenta d’un grésillement qui ressemblait plus au grincement de l’acier tordu par la pression de l’océan, mais qui pour ses camarades avait des airs d’affirmation.

    Encore une salve de canons et des escarbilles de bois projetés comme des shrapnels fusent vers lui, assez vif pour voir le danger venir, le homard viens s’interposer entre Mathusalem et les projectiles dont certains se figent dans la carapace sans atteindre sa chair tendre et molle alors que le vieillard des profondeurs se recroqueville sous l’imposante stature du boscambusier qui lâche un énième grésillement de douleur.

    - EUSTBLACHE !

    Qu’il crie un instant avant de se tourner vers lui, il réajuste son manteau couvert de mousse et de pousses de corail pour observer le boscambusier. Il pointe ensuite le capitaine qui beugle ses ordres. Le homard tourne la tête vers la figure de Bigorneau qui encourage ses hommes à plus d’efforts, pour qu’ils puissent s’en sortir vivants. L’espace d’un instant, son capitaine lui semble si beau, si fier alors qu’il est rongé par la peur. Mais de quoi ? La brume est une chose, le cambusier lève les yeux vers la brume en se rendant compte qu’une partie de cette dernière est plus claire, comme si… Quelque chose bloque la lumière du soleil, quelque chose d’aussi énorme qu’ancien… Quelque chose de grand et de puissant, comme si l’océan lui-même s’était dressé pour les regarder. Quelque chose s’éveilla en lui, une admiration profonde et une terreur réelle dont le goût lui était différent. Pour la première fois depuis longtemps, il avait peur.

    Il fallait gagner du lest, il aurait pu vider la cale de tout le superflu pour garantir la survie mais qu’étaient les quintaux de viande humaine et de poiscaille qu’il avait dans les réserves de l’équipage comparées au poids du crabe qui les retenait ? Non seulement la bête était lourde, rajoutant une inertie contre laquelle la magie de son capiral devait lutter mais en plus, la carapace du crabe n’avait rien d’aérodynamique.

    Grondant, Eustache s’élança vers la cale, pour récupérer une caisse de boulets supplémentaires pour ses camarades qu’il attrapa entre ses pinces pour la ramener sur le pont et vers les canonniers. Un bras ballant, il récupérait les boulets avec une facilité déconcertante pour les donner aux servants des canons et entre deux salves, en lancer une sur la carapace de la bête pour la forcer à lâcher. Sa fatigue était grande, ses forces l’abandonnaient mais lui n’allait pas abandonner son équipage et son capiral.

    Et ce qu’importe la fascination malsaine qu’il avait pour la créature qui les observait. Était-ce un titan ? Un kraken ? Quoi qu’il en soit, il en était persuadé… Les pirates avaient trouvé dieu.


    Et dieu les détestait.
    résumé tour 8:
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  • Jeu 6 Juin - 23:22
    Sur la Ginette


    La Ginette rugit à nouveau, ses canons crachant un torrent de feu, de fer et de magie. Les boulets enflammés illuminaient le ciel, s'abattant avec une fureur inouïe sur le crabe géant qui tentait désespérément de faire sombrer le navire. Chaque détonation résonnait comme le tonnerre, secouant l'air et les flots qui n’avaient encore jamais connu pareille fureur.

    Sous les ordres aboyés de Bigorneau, les pirates manœuvraient avec une précision redoutable, tandis qu’ Eustache contribuait à la contre-attaque, joignant sa force aux bouches d’acier du navire, devenant l’espace d’un instant . La pluie de boulets qui s'abattait sur le monstre marin était proprement démentielle, transformant la mer en un champ de bataille incandescent dans lequel les flammes illuminaient brièvement de rouge et d’or les brumes et les fumées.

    Le crabe géant hurla de douleur. Ses énormes pinces s'agitèrent convulsivement, mais il était forcé de reculer, titubant sous la violence des assauts. Sa carapace, autrefois impénétrable, volait en éclats, révélant ses organes palpitants et vulnérables. Le sang de la créature, sombre et épais, se répandait en flots dans l'océan, teintant les vagues d'une couleur plus sinistre encore.

    La bête, à l'agonie, semblait sur le point de trépasser. Alors qu'elle s'éloignait, brisée et mourante, les pirates éclatèrent en cris de joie, leur victoire arrachée aux profondeurs. Leur jubilation montait en crescendo, un écho vibrant d'exaltation.

    Sur la Renégate


    La Renégate était en proie à une bataille d'une intensité inégalée. Les Profonds semblaient innombrables, leur masse pesante faisant crouler le pont du navire sous leur seul poids. Le combat qui s'ensuivit était d'une violence et d'une fureur telles que les hommes de Brumerive n'en avaient jamais connu de semblable.

    Saumatre et Erwin se battirent avec une bravoure éclatante. Le Capitaine, avec son épée scintillante et ses mouvements rapides, tranchait les ennemis avec une précision redoutable. Erwin, quant à lui, resplendissait, chaque coup porté renversant plusieurs Profonds d'un seul geste. Leur coordination parfaite et leur maîtrise des armes redonnèrent espoir aux marins, leur montrant que la victoire était encore possible.

    Le pont du navire était un véritable champ de bataille, le bois craquant sous le poids des combattants, le sel de la mer se mêlant au sang versé. Les cris des pirates et des Profonds résonnaient, créant une cacophonie infernale. Malgré l'épuisement et le désespoir, les prouesses de Saumatre et d'Erwin galvanisaient les survivants. Ils se battaient avec un acharnement renouvelé, déterminés à repousser ces envahisseurs monstrueux.

    Finalement, le dernier des assaillants s'écroula, vaincu à nouveau. Les pirates, pantelants mais victorieux, rugirent de joie, leur cri de triomphe montant vers les cieux et se joignant à ceux de la Ginette.

    Les Pirates avaient gagnés.

    Dans les cauchemars que partagent tout les gens de la mer


    Cependant, cette euphorie fut de courte durée. Une ombre immense se profilait à travers la brume, son rire puissant et envahissant rompant la célébration post-bataille. Les traits de la silhouette gigantesque se précisaient lentement, émergeant de la brume comme une apparition cauchemardesque. Les pirates, figés par l'angoisse, virent avec horreur l'approche inexorable de cette nouvelle menace.

    La silhouette massive approchait inexorablement des deux navires, émergeant lentement de la brume épaisse. D'abord, ce fut une main décharnée à l'index tendu qui rompit le voile, révélant un doigt squelettique sans chair ni peau, couvert d'un voile funèbre. Le bras suivit, long et osseux, articulé de manière surnaturelle, puis enfin le corps tout entier apparut, imposant et terrifiant.

    Le visage de l'entité se dévoila dans toute sa splendeur macabre : un crâne colossal, riant à gorge déployée, un rire sinistre et résonnant qui s'enroulait autour des âmes des marins, rappelant à chacun la peur familière de la mort en mer. Ses orbites vides fixaient les navires avec une intensité glaciale, et sa mâchoire s'ouvrait et se fermait en une parodie grotesque de la vie.

    Celle qui vit dans les peurs des marins:

    La seule chose qui parvenait à surpasser ce rire cauchemardesque étaient les cris perçants d'Hava. Sur le pont de la Ginette, elle se tordait de douleur, son corps secoué de spasmes violents. Ses hurlements déchiraient l'air, attirant le regard vide et impitoyable de la silhouette voilée.

    Le squelette colossal tourna lentement la tête vers Hava, ses orbites sombres semblant se focaliser sur elle. Une tension palpable émanait de cette confrontation silencieuse, l'ombre de la mort pesant lourdement sur les cœurs des marins. Le rire du squelette s'intensifia, comme s'il se délectait de la souffrance qui se déroulait sous ses yeux, tandis que les cris d'Hava continuaient de résonner, amplifiant la terreur qui s'était emparée des hommes de l'Océan.

    Tout aussi lentement, la silhouette écarta les bras, puis les leva au-dessus de sa tête. Anormalement longs, ses membres semblaient former une couronne macabre autour de son crâne décharné. Les marins, pétrifiés, observaient cette scène avec une terreur grandissante.

    Sous les gestes de l'entité, la brume sembla se densifier, s'animer d'une volonté propre. Les corps des Profonds, éparpillés sur le pont de la Renégate, disparurent progressivement, engloutis par ce brouillard surnaturel. Le Crabe Géant, à l'agonie, poussa un cri déchirant alors que le voile de la brume l'enveloppait également. Ses hurlements de douleur redoublèrent d'intensité, résonnant à travers l'air chargé de magie.

    Lorsqu’elle se dissipa enfin, tous purent voir l'horreur qui s'était produite. Le Crabe Géant n'était plus qu'un amas chaotique de chair tuméfiée, fusionné avec les corps des Profonds. Ses membres étaient désormais un mélange grotesque de pinces et de bras décharnés, un enchevêtrement abominable de créatures marines et de l'ancien monstre. Sa carapace brisée était rapiécée par des segments de corps des Profonds, formant un tout informe et monstrueux.

    Ce n'était rien de plus qu'un amas de chair animée par la volonté sinistre du squelette géant. Mais c'était bien assez pour détruire les pirates. Le monstre, pourtant à l'article de la mort il y a quelques instants, se dressait maintenant avec une vigueur renouvelée, ses mouvements maladroits mais terriblement puissants.

    Les marins, voyant cette abomination se diriger vers eux, ressentirent un désespoir profond. La victoire qu'ils avaient arrachée semblait désormais vaine face à cette nouvelle menace. Le rire du squelette résonnait toujours, imprégnant l'air d'une malice palpable, tandis que l'amas de chair avançait inexorablement, prêt à semer la destruction sur son passage.

    D'un geste sec et surnaturel, la tête squelettique se tourna à nouveau vers Hava. Pendant un battement de cœur, on discerna dans ses orbites vides une lueur malingre et bleutée. Le corps de la jeune enfant s'anima soudainement alors que la magie l'imprégnait, sans que l'on puisse déterminer si c'était l'action de l'entité cauchemardesque, de l'enfant impie qui sommeillait en son ventre ... ou des deux.

    Brusquement, la magie de la cible initiale déborda de son corps en de puissantes ondées, irradiant de lumière et d'énergie. Tous ceux présents sur le champ de bataille ressentirent une vague de vitalité les envahir. Leurs forces, auparavant épuisées, semblaient revenir, leurs blessures se refermer légèrement, leur esprit s'éclaircir. C'était l'ultime cadeau qu'Hava leur offrait, un dernier acte de bravoure avant de sombrer dans un coma dont elle ne ressortirait probablement jamais.

    Ce regain de force était éphémère.

    Une dernière chance offerte par l'enfant avant que le destin ne les rattrape.

    L’ Entité,  bras écartés comme pour embrasser la scène, les regardait avec un intérêt palpable, ses orbites vides observant la scène avec une curiosité morbide.

    Le crabe s’agita, se précipitant à nouveau vers les Survivants de Kaizoku, ultime ennemi qu’il aurait à affronter.

    Il est temps d'en finir:


    Apparence Hybride:


    Apparence Politicienne:


    Apparence Sorcière:
    Citoyen du monde
    Citoyen du monde
    L'Amiral Bigorneau
    L'Amiral Bigorneau
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  • Mar 11 Juin - 4:17
    Lorsque Bigorneau, le terrible Amiral d'une flotte renaissant de ses cendres, vit apparaître au coin de son champ de vision la silhouette démesurée de la Voilée; il ressentit au fond de lui une peur primale si poignante que son souffle en fut abruptement coupé. Incapable de beugler le moindre ordre, impuissant face à cet être éternel qui paraissait taillé pour n'exister qu'en contes et légendes, le forban fut subjugué au point d'en être réduit à un absolu silence. Son mutisme forcé ne fut brisé que par les cris stridents d'Hava que la simple vue de la Voilée n'avait pour le coup pas rendue muette, bien au contraire d'ailleurs, cette dernière s'étant faite complètement hystérique.

    La crapule des mers jeta des regards presque absents à son entourage, se perdant un instant dans l'absurdité de ce moment. Ses réflexions, rendues étrangement cohérentes et tranquilles malgré le drame du moment, le poussèrent à se repencher justement sur la condition de leur invitée du jour. Quelles obscures forces pouvaient bien pousser une telle entité à se manifester ? Serait-ce vraiment la présence de cette jeune mère ?

    "Amiral ! Vos ordres ?"

    La voix quelque peu effacée de l'un de ses suivants le tira à ses songes éveillés. Noyés dans l'effroi et goulument dévorés dans cette purée de pois massive, les marins peinaient à trouver de quoi s'occuper les mains pour ne pas attarder trop longtemps leurs mirettes sur l'abomination océanique qui les toisaient de ses orbites vides de vie. Bigorneau rendit son regard à l'humble Lucien Boucandéluvien, puis il communiqua de nouvelles directives d'un ton qui se voulait ferme et assuré mais dans lequel transparaissait sans mal une confusion résiduelle.

    "Les gars d'la Renégate nous ont vu ?"

    "Si on les voit malgré le brouillard, j'ose supposer qu'ils nous voient aussi, oui."

    Opinant du chef, l'Amiral se redirigea vers le centre du pont; puis rajouta :

    "Je m'occupe de recharger. Que les artilleurs gardent leurs positions. Tant que ce machin nous saute pas dessus, on l'ignore."

    Eustache passa non loin de lui et Bigorneau, avec diligence, s'empressa de porter ses doigts à sa gueule de prédateur pour pousser un sifflement bruyant et ainsi attirer l'attention du colosse à carapace. Une paire de perles noires pivotèrent dans sa direction et l'Amiral, après avoir avisé les blessures de son compagnon gourmand, balança à pleine voix :

    "Eustache, t'en as assez fait au contact. Si on se reprend un monstre pareil dans les pattes, ne lui grimpe pas dessus. J'ai pas envie que le cuisinier finisse en casse-croûte, d'accord ?"

    Bigorneau retourna une énième fois jusqu'à son puits à mana et y enfonça sa main, juste à temps d'ailleurs pour y insérer une importante quantité de puissance. La tension le poussait aux dépenses inconsidérées d'énergie mais il préférait se servir de son énergie tant qu'il en avait, plutôt que de la conserver pour l'au-delà. De sa voix rauque, il beugla un grand coup :

    "Double ration de plomb magique dans les tuyaux ! Si une saloperie pointe le bout de son aileron, de sa pince ou de ses tentacules, vous me l'allumez au premier coup d'oeil ! C'est bien compris, moussaillons ?!"

    Des cris asynchronisés se firent entendre un peu partout sur le pont et Bigorneau, avec une conviction renouvelée malgré le danger que représentait l'ombre planante de la Voilée, sentit que l'espoir lui revenait. Son flux de mana fut transfusé jusqu'au cœur de la Ginette et les canons, en réponse, s'illuminèrent à la gueule lorsqu'ils furent pleinement alimentés.

    L'Amiral avait bien raison de se méfier car, à peine une poignée de secondes plus tard, il se fit vriller les tympans par le mugissement profond de la carcasse du crabe géant qui venait de se dénicher une seconde vie, sans doute grâce à l'obscure magie de l'énorme nécromancienne des eaux. Le sabre tiré au clair, l'Amiral pointa sa lame en direction de la bête décharnée et hurla à s'en déchirer les poumons :

    "FAITES MOI TONNER CES CANONS, BANDE DE VERMISSEAUX ! FEU, QUE DIABLE ! FEU !"

    Les armes arcaniques hurlèrent, crachant leurs projectiles aqueux dans un tonnerre guerrier sans précédent, ce dans l'espoir d'offrir à l'impudent ressuscité une seconde mort, qu'ils espéraient tous définitive cette fois-ci.

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    HO HO HO !
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    Capitaine Saumâtre
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  • Sam 15 Juin - 22:57

    Encore et encore, les lames venaient déchirer la chair. Encore et encore, la force démesurée écrasait les os des profonds. Ne lâchant rien, les arpenteurs combattaient les assaillants sans aucune retenue. Motivés par la hargne de leur capitaine et de l'oni, les pirates parvenaient petit à petit à réduire les forces ennemies. Bientôt, le dernier profond s'écrasa sur le pont ensanglanté de la Renégate, laissant des marins épuisés mais victorieux hurler de joie. Au centre d'entre eux, Saumâtre haletait. Son mana presque épuisé, le triton grognait et touchait les quelques plaies qui parcouraient ses écailles bleutées.

    - Syrtes ? Erwin ? Les gars ? Tout le monde va bien ?

    Déposant son regard doré autour de lui, l'enfant du Récif Noir étira un large sourire sur sa gueule affreuse alors qu'il réalisait à son tour que le combat s'achevait. Malheureusement, les bonnes choses avaient souvent une fin. La silhouette, gigantesque et majestueuse, se manifesta finalement dans un rire sordide qui glaça le sang de toutes les personnes présentes. Figé, Saumâtre ne put détourner le regard de cette personnification du trépas marin. Que pouvaient-ils faire, à présent ? Leurs forces étaient épuisées, leur pouvoir réduit. Et pourtant, une forme divine leur faisait face et semblait se moquer ouvertement de leur pitoyable combat. Pire encore, les cadavres déchiquetés semblèrent voler jusqu'à un crabe géant pour s'y agglutiner et former une nouvelle créature abjecte. Le chaos. La désolation. Voila ce qui se tramait dans les eaux noires qui les entouraient.

    - Okay. Okay, là ça pue vraiment. LA CA PUE VRAIMENT!

    Se remettant à bouger instinctivement, Saumâtre rengaina le Baiser de Neptune avant de se mettre à courir le long du pont. Passant vers la proue de son navire, le triton analysa rapidement les eaux et, au loin, ce qui ressemblait à la Ginette. Le combat n'était visiblement pas complètement terminé et, dans un baroud aussi horrifique qu'honorable, l'amalgame de créatures abyssales semblait prêt à tous les exterminer. Et tout ça sous le regard vide de la Voilée. Seulement, une vague d'énergie les traversa tous, renforçant leurs corps. Leur permettant de regagner un mana en grande quantité. Haussant un sourcil face à cette force renouvelée, le capitaine esclavagiste sentit un feu intérieur se manifester de nouveau.

    - Je veux vingt gars sur les cordes, dix vers les voiles! Syrtes, bouge ton cul et va à la barre ! Les Artilleurs, vous allez aux canons! Erwin, on se bouge et on balance la sauce sur cette saloperie. La Ginette fera sûrement la même chose ! ALLEZ ON SE BOUGE !

    Sprintant de la proue vers le flanc bâbord de son navire, le triton laissa son énergie se cumuler et se placer au niveau des canons. Le but n'était cette fois pas d'infliger des dégâts à proprement parler, mais d'augmenter la pression de l'air au niveau des bouches à feu. Lorsque la détonation résonnerait, la pression se libèrerait soudainement pour augmenter la vélocité et ainsi les dégâts de ses boulets. Ce ne serait pas aussi efficace que les projectiles de la Ginette, mais ça ferait son effet. Levant le bras droit tandis que Syrtes venait les placer  à portée, Saumâtre ancra ses pupilles fendues sur l'aberration qui osait espérer les terrasser. L'espace de quelques instants, le pirate ricana comme un fou. Il avait combattu des créatures sous marines. Il avait combattu des Républicains. Des Reikois. Quelques shoumeiens et même des frères d'Aquaria. Et il devait bien l'avouer. Cette scène était la plus folle qu'il avait vu jusque là.

    - FEU !

    Baissant le bras, l'esclavagiste libéra toute sa magie en même temps que les détonations se mirent à résonner. La salve, violente, se dirigea avec férocité vers le crabe-profonds zombies. Et, sans attendre de voir l'efficacité de son attaque, le triton canalisa l'air dans ses voiles pour propulser la Renégate plus rapidement, contournant ainsi la terrible carapace du crustacé énervé. Puis, dans une nouvelle manipulation élémentaire, le pirate lança une violente lance d'air pressurisé afin de percer et faire sauter le corps rigide de la créature. Pour le reste, la suite dépendrait des autres marins sur la Ginette et de leur invité oni. Leur sort se décidait maintenant, et il était hors de question qu'ils se laissent abattre sans montrer à cette silhouette menaçante que la liberté des pirates n'était pas juste une idéologie, et que les forbans étaient aussi virulents qu'efficace.

    Ils étaient venus pour récupérer Hava et repartir avec. Et la mer pouvait bien leur envoyer ainsi la mort personnifiée, ils lui cracheraient au visage avant de mettre les voiles.

    Utilisation des pouvoirs (tour 9):
    Noble de La République
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    Viktor Volkhard
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  • Dim 16 Juin - 11:08
    Sans surprise, la force et les talents du Capitaine Saumâtre, de sa sœur, de sa troupe et du demi-oni étaient venus à bout des profonds, d’immondes créatures qui, en plus, refusaient catégoriquement de crever. Chacune des lames sifflant dans le vent, fendant la brume opaque, arrivait à scinder l’enveloppe corporelle des adversaires, faisant couler leur sang sur le pont de la Renégate. Malgré les quelques années d’expérience d’Erwin en tant que mercenaire, il ne se souvint pas d’avoir mené une telle danse frénétique avec ses adversaires et, encore moins d’avoir vu un tel carnage. Enfin, si, peut-être une fois, après la guerre des Titans.
    Les pirates avaient gagné, du moins, sur la Renégate. Ils étaient venus à bout de cette horreur. Ces quelques minutes parurent durer une éternité, tant la situation était déboussolante. Mais, alors que tous devraient pousser des cris de joie, face à cette écrasante victoire, ils n’en firent rien.

    En réponse à la demande du Capitaine, Erwin se tourna en sa direction et leva le bras, signifiant que, de son côté, tout allait bien. Enfin, bien, c’était en l’instant ouais. En revanche, pour son Capitaine, les choses ne semblaient pas aller de bon cœur. Tandis qu’une ombre semblait dévorer le navire, Erwin pensa d’abord à un nuage mais, en voyant le regard de Saumâtre, il comprit que ce n’en était pas vraiment un. Alors, naturellement, il fit un demi-tour, doucement, sans faire le moindre geste brusque et, voilà que l’immense ombre cachée derrière la brume apparût. Erwin restait stoïque, il ne savait pas quoi faire, il ne savait pas comment le faire. Mais, soudain, le demi-honni, possesseur du démon de la désolation, ressentit un regain de force, sans comprendre d’où cela venait. Mais, dans les grandes lignes, il sentait le mana mêlé à son sang se régénérer, se renforcer, comme s’il avait de quoi lancer un puissant sort en plus. Une excellente chose dont il profiterait par la suite, sans l’ombre d’un doute.

    Tiré de ses songes par son Capitaine, Erwin mit à exécution ses ordres sans broncher une seule fois. Il fallait qu’il déchainât toute cette puissance qu’il vînt d’acquérir, il en était impératif, pour venir à bout de l’immondice les surplombant de haut. Il se secoua rapidement la tête pour rejoindre Saumâtre sur le flanc bâbord du Navire. De là, il attendait simplement que le canon du Triton soit chargé par Syrtre, puis il leva le bras droit, plongeant son regard intense sur sa cible. Il se concentra alors quelques secondes, secondes durant lesquelles les flammes gagnèrent en terrain, de sa main, jusqu’à son épaule. Le brasier, tel était le pouvoir d’Erwin et, du démon de la désolation qui l’accompagnait, qui partageait chacune de ses journées.
    Ils en avaient fait, du chemin, depuis le siège de Kyouji et, à aucun moment, ils ne se seraient attendus à se retrouver face à un amas de chair tuméfiée prenant la forme d’un immense crabe. S’il y avait bien un moment où ils devaient fonctionner en symbiose, où il ne fallait surtout pas se rater, c’était bien ici.

    « Il nous en faut plus. » La voix de Carnage résonna dans l’esprit d’Erwin, ce dernier se contenta d’hocher la tête. Puis, d’un mouvement rapide, il joignit ses deux mains, laissant le brasier de son bras droit, s’étendre jusqu’à son bras gauche, recouvrant ce dernier. Il n’était pas fait pour ça, pour résister à ce point-là à la chaleur. Chaque seconde passant procurerait cette sensation de brûler vif au demi-oni mais, qu’importait, c’était pour la bonne cause, non ? Pour sauver une femme enceinte.

    FEU !

    Instantanément, Erwin réagit, envoyant ses deux bras vers l’avant, faisant sortir d’incroyables faisceaux de feu de ces derniers. Deux rayons fusaient en direction du crabe géant mais, ce n’était pas encore terminé. De nouveau, il joignit ses poignets et, laissa un dernier faisceau de feu sortir de ses bras, il était les flammes dansantes sur ses bras, qui disparurent avec lui. Trois puissants jets de flammes, accompagnant la lance d’air de Saumâtre, fonçaient en direction du crabe. Il espérait que cela suffirait pour aider ses camarades

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    Eustache le Boscambusier
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  • Sam 22 Juin - 14:59
    C’était toujours la même chose quand Bigorneau interdisait à Eustache de faire quelque chose. D’abord, Eustache secoua sa pince en tentant de signer pour essayer de convaincre son capitaine-amiral, sans se rendre compte que son autre bras amorphe pendouillait depuis sa dernière danse avec le crabe géant. L’amiral avait raison, il n’était pas du tout de bon aloi que son boscambusier se rejette à l’assaut avec un bras en moins, une pince et la fureur des océans derrière lui. Trop d’hommes tombés, trop d’amis perdus pour le terrifiant homard, non, il fallait partir et l’amiral avait raison.

    C’est juste qu’Eustache n’arrivait pas à accepter d’être mis au coin par son père adoptif, d’être réprimandé après tout ses efforts pour rien. Aussi, il observa la longueur de chaine enroulée autour de son poignet amorphe et frétilla un instant des pédipalpes avant de pousser une longue plainte dont le sens profond n’était pas très compliqué à saisir ; l’abominable homard était terriblement frustré.

    Venant fermer sa pince autour de la chaine enroulée autour de son poignet et de la carapace de son avant-bras, il la broya pour se libérer du poids de son ancre de combat qu’il vint saisir, entre deux bordées, par l’anneau en y glissant le bout de sa pince et d’aller la ranger dans la cale. Ce n’est qu’en ressortant que le homard se rendit compte que la forme qui gisait dans l’ombre n’était non pas la fureur des océans ou une créature mythologique mais autre chose, une chose que les marins humains craignaient et qu’il observait là, depuis le pont, sans réellement comprendre ce qu’il observait.

    Son cerveau était-il trop lisse pour que les hormones de la peur n’inondent son être ? Sa frustration était-elle trop forte et la protégeait il de l’horreur réelle, ou bien est-ce qu’il n’avait tout simplement pas pris le temps de regarder l’horreur sans nom ? Maintenant qu’il la voyait, Eustache était confronté à une nouvelle expérience.

    Le corps refusait de répondre à ses commandes, sa pince, d’habitude si puissante, cliquetait à peine quand il essayait de la fermer. Ses épaules, robustes, s’étaient affaissées comme si soudainement le Sekaï tout entier s’était appuyé dessus. Eustache n’avait jamais vraiment eu peur dans sa vie auparavant. Oh, bien entendu que son chewing-gum à peine mâché qui lui servait de cerveau avait déjà eu « peur », dans le sens où son système surrénal fonctionnait parfaitement bien, voir même, trop bien. Mais la peur qui paralyse, qui éteint la lumière à presque tout les étages, qui le fige comme une biche face au tonnerre d’une carriole dévalant une voirie républicaine ? Ça, ça c’était quelque chose de neuf pour lui. Et si on venait à lui demander, plus tard, ce qu’il en penserait, il nierait probablement avoir jamais eu peur. Tout au plus, il était « fasciné ». Fasciné ? Fasciné. Oui, ça, ça c’était une bonne planque pour cacher sa frousse.

    Ce n’est que le rugissement de Bigorneau suivit de la fureur d’une bordée qui le tira de sa stupeur, titubant un peu et regardant à gauche à droite, Eustache observa le capitaine et pondéra un peu la situation. Sans bras, il ne pouvait pas aligner les canons ou participer aux manœuvres. Hélas, l’homme crabe était trop amoché pour faire autre chose que d’aider ses camarades à la manœuvre.

    Les canons rugirent à nouveau, une bordée de plus et observant l’amiral, il eut un instinct en regardant les voiles. Toute la puissance de Bigorneau était focalisée dans l’emploi des canons de la Ginette. Ralentissant les manœuvres du navire. Aussi, il alla se placer à une bonne vingtaine de pas de la grand-voile et après l’ultime tir. Il balaya l’air devant lui d’une force prodigieuse, créant une bourrasque avec sa force seule pour gonfler les voiles et donner au navire la vitesse qui lui manquait.

    En espérant que ça aiderait.


    résumé tour 9:
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