Un corbeau comme un autre au plumage de jais lustré de reflets violacés. Son bec épais, caractéristique de son espèce, usé par le temps et quelques prédateurs, possède de légères traces d'éraflures. Ses yeux sont de véritables perles obscures, des billes dont le reflet est un miroir sombre et déformé. Bien que l’œil animal semble généralement trahir un manque de réflexion, ce corbeau-ci est capable de lire les esprits comme un livre ouvert, comme s'il pouvait percer les secrets de chaque individu qu'il observerait. Son croassement singulier, qu'il ne fait entendre que rarement, dénote de ses semblables, légèrement plus grave, les superstitieux le définirait comme un annonciateur de mort. A contrario, sa voix qu'il fait entendre par télépathie, pour ceux qui seraient capables de le comprendre, est plus rassurante bien qu'inhabituelle. (Enjoy)

Il a beau n'être qu'un oiseau de malheur, il connait très bien les hommes et leurs vices. Il garde loin de lui le problème des hommes, leurs choix ainsi que leurs conséquences. Il aime cependant les observer, qu'il est fascinant de voir une espèce éloignée naître, grandir, se trouver des distractions et des dilemmes pour s'éloigner la pensée de cette fatalité qu'est la mort mais qui les guettent pourtant. L'amour, la haine, la vengeance à la rédemption, la lutte pour la liberté, la foi, le mensonge, la justice... Tant de choses dont, pauvres oiseaux, ne connaissent pas mais sont pourtant si fréquemment témoins. Peut-être est-ce parce que Vesperion s'est trop longtemps tenu auprès des hommes qu'il a fini par apprendre, peut-être est-ce parce qu'il n'est qu'un corbeau qu'il ne peut ressentir ce besoin ou cette nécessité de faire comme eux. Est-ce qu'ils les envient ? Non. Il reste néanmoins très curieux, et l'observation apporte la meilleure des informations. En revanche, accompagnée d'une âme qui, un temps soit peu digne de confiance et capable de patience, il partagera volontiers son savoir. Il a toutefois ce côté agaçant et sarcastique que de nombreux corbeaux peuvent posséder.

Par delà les montagnes des Terres du Nord, là où la neige perdurait et où le froid glacial repoussait la plupart des hommes faibles, une forteresse se trouvait là. Bien connue de l'armée, nombreux sont ceux qui connaissaient la forteresse Cœur-Ébène, peu y résidaient cependant. Si les hommes vont et viennent comme bon leur semble, au gré des obligations ou des engagements, les gardiens qu'étaient ces volatiles sombres demeuraient de l'éclosion de l’œuf à leur mort. Vesperion n'était pas si différent de ses semblables, et veillait donc, comme ses confrères, sur les soldats. Peut être un peu plus observateur ou perspicace, la parole par l'esprit lui a toujours été innée et pourtant il n'a jamais pu se faire comprendre des humains ni même des autres de son espèce. Ce n'est qu'à la rencontre d'Ellana qu'il put mettre à profit ses capacités et son savoir. Que ce soit parce qu'elle était une nouvelle source de savoir ou bien simplement celle qui le sortait de sa solitude, étrangement, la dynamique qui s'instaurait dans leurs conversations le fit bien vite rester à ses côtés. La vie d'observateur au sein de la forteresse était peut être devenue trop lassante pour lui, le goût de rester avec l'espèce des humanoïdes était peut être plus prometteuse et palpitante bien que dangereuse. Il valait mieux tenter l'aventure en accompagnant une elfe particulière et découvrir ce que voulait vraiment les Hommes que de rester ignorant et périr dans cette même forteresse où il avait vu le jour.