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  • Mar 27 Aoû - 18:02
    30 Octobre de l’An -7, 13 :45

    L’automne était une saison particulièrement agréable à Magic. Le Parc de la Mandragore, en contre-bas, affectait profondément le paysage de l’Université, qui avait une vue imprenable sur les couleurs chatoyantes des arbres en cette saison : l’or, le pourpre, l’orange et l’écarlate parsemaient l’horizon dans une harmonie qui rappelait indéniablement la lumière éclatante des couchers de soleil. Ses rayons, d’ailleurs, chauffaient doucement le visage de la Pléiade sans l’enfiévrer, dans un de ces rares moments de contemplation où la bise, chargée des odeurs de mucus annonçant les prochaines gelées, lui donnaient envie de retourner à sa vie nomade.

    Juste un peu. La vie à l’Université lui plaisait ; la routine qu’elle lui imposait, le plaisir d’enseigner entre deux obligations, les trouvailles esthétiques ou les nouveaux talents qu’elle dénichait parmi ses élèves, tout ceci faisait partie d’un quotidien qu’elle n’échangerait pour rien au monde. Ainsi, tandis que l’automne se parait de ses couleurs les plus flamboyantes, la Perfectionniste endossait avec plaisir les responsabilités qui lui étaient dues avec un zèle qui frôlait l’hérésie. Elle profitait maintenant de cette période de creux annonçant l’arrivée des prochains examens ; elle était satisfaite d’avoir répondu à tous ses devoirs administratifs et s’autorisait en conséquence un petit temps libre pour faire une inspection discrète des élèves et des enseignants de son Cursus. Ce dernier avait en effet l’avantage de regrouper de nombreuses disciplines des sciences humaines – art, journalisme, diplomatie –, ce qui lui permettait de voir fleurir des talents et des personnalités diamétralement différentes d’une année à une autre. N’importe qui d’autre aurait trouvé cette perspective peu alléchante, vu la quantité supplémentaire de travail que cela demandait. Mais pour elle qui ne connaîtrait ni la mort, ni la faim, et certainement pas l’ennui, une telle perspective l’enchantait.

    Elle sortit donc de son bureau avec le sourire aux lèvres et un lourd carnet à la main. Elle portait pour l’occasion un pantalon de soie d’araignée noire doublée de cachemire, une chemise blanche en lin maintenue par un corset en cuir gravé, et une large cape grise ourlée spécialement conçue pour laisser passer ses trois paires d’ailes. Les couloirs étaient à cette heure peu fréquentés : la plupart des étudiants se trouvaient en cours ou à la bibliothèque pour tester leurs connaissances. Elle se mit à rêvasser quelques instants sur son passé d’écolière. Même s’il s’agissait d’une période lointaine et trouble, le plaisir d’étudier était toujours là, et elle en venait encore à penser, comme chaque année, qu’elle reprendrait bien quelques années afin d’entamer son quatrième Cursus. Éventuellement bientôt, oui. Les rares apprentis qu’elle croisait s’inclinaient devant elle, comme le protocole le demandait, sans qu’elle remarque que ceux-ci serraient les dents et chuchotaient entre eux après son passage. Elle était également trop perdue dans ses pensées pour voir qu’ils s’empressèrent d’envoyer des messages magiques – petits papiers volants ou signes lumineux simples – vers les classes qu’elle allait inspecter. À moins qu’elle ne fasse semblant – puisque ce genre d’avertissements jouaient rarement en la faveur des sujets examinés.

    Elle monta l’escalier en pierre qui menait au troisième étage de l’aile Est. Elle avait décidé de faire le tour des classes en commençant par le haut, ce qui lui permettrait plus facilement d’accéder aux quartiers privés du Méditant afin de s’entretenir avec lui. Et jouer ensemble aux échecs ; c’étaient à tous deux un passe-temps qu’ils affectionnaient. Ces échanges sous la forme de jeux leur donnaient également l’occasion de discuter de leurs élèves respectifs ou des différentes stratégies d’enseignement qu’ils préconisaient pour telle ou telle personnalité. Son tour-surprise des classes lui offrait un argument supplémentaire pour bavarder.

    L’ange commença ainsi son tour d’inspection en partant des classes du 3e où se déroulaient la plupart des cours de première et deuxième année. Elle comptait rester une dizaine de minutes par classe, ce qui monopoliserait son après-midi entière afin d’inspecter tous les étages, non sans prévoir un temps supplémentaire en cas de problème dramatique ou de découverte atypique – on n’était jamais à l’abri de dénicher un prodige ou un perturbateur… Car toutes les formes de pensées créatrices étaient bonnes à prendre pour la Perfectionniste, surtout celles qui ne rentraient pas dans les cadres imposés par les institutions.

    Les premières classes étaient particulièrement décevantes : des élèves sages et consciencieux faisaient des yeux ronds à la Pléiade pendant qu’elle passait entre les rangs. Elle sentait ensuite leur tension lorsqu’elle s’asseyait en retrait, derrière eux, examinant leurs mimiques et leurs tentatives pour paraître détendus. C’était pourtant à cet instant que l’exercice prenait toute sa valeur : dans la nervosité d’être observé par plus grand que soi, dans les émotions négatives ou dans la pression qu’une telle présence insufflait à l’âme de l’observé, la personne se révélait comme elle était au fond d’elle – pour le meilleur et pour le pire. Souvent pour le pire. Mais tout le monde était passé par là, même elle, voilà maintenant mille ans de cela. Elle perpétuait finalement un rituel ancestral ou une forme de bizutage psychologique que certains trouvaient inutile et cruel. Soit. Pas pour elle. Et personne ne pouvait la contredire, alors elle entretenait cette tradition avec délice.

    Elle finit par entrer dans la dernière salle du troisième étage. Toujours affublée de son sourire charmant, celle-ci s’excusa de son intrusion aux étudiants et au professeur qui donnait cours, et leur fit le laïus habituel expliquant sa présence imprévue.

    - Chers étudiants, cher enseignant, veuillez excuser mon interruption. Je vous en prie, continuez ce que vous faites ! Je suis simplement là en tant qu’observatrice. En aucun cas je ne voudrais vous déranger pendant que vous travaillez. Je suis ici pour prendre des notes afin d’évaluer le niveau global du Cursus des Arts Physiques et Oratoires Magiques : professeurs et élèves sont concernés et c’est ce système qui me permet ensuite d’adapter les cours, puis d’innover si cela est nécessaire, grâce également aux différents commentaires que je reçois de la part des médiateurs et des conseils d’enseignants.

    Il était ici question d’un cours de sculpture magique. Les apprentis devaient produire un objet en s’aidant de leur magie élémentaire ou des techniques apprises à l’Université à partir des différentes matières premières qui étaient mises à leur disposition. Un exercice particulièrement intéressant pour la Pléiade : la confection d’objets – qu’ils soient magiques ou non, esthétiques ou utilitaires – la ravissait toujours, puisqu’elle était elle-même assez douée dans cet art qui pouvait facilement produire des résultats étonnants. L’étude des techniques de chacun était en outre un excellent moyen de trouver les futures vedettes avant-gardistes qui viendront gonfler sa large panoplie d’artistes à la mode.

    L’aristocrate prit donc le temps de faire le tour des pupitres où les élèves concentrés sculptaient leurs premiers objets. Ses ailes repliées au maximum derrière elle pour éviter de renverser quoique ce soit, elle déambulait lentement parmi ses petits protégés, attentive à chacun de leurs mouvements tandis qu’ils essayaient de garder leur contenance malgré son œil scrutateur. Son expression restait figée sur son sourire charmant et ne laissait percevoir que sa félicité bienveillante dans une attitude qu’elle espérait magnanime – même si elle avait conscience que la situation pouvait également la rendre terrifiante pour celui qu’elle observait. La Pléiade se posta finalement derrière une jeune femme métisse aux cheveux noirs ébouriffés, dans une position stratégique qui favorisait une vision globale de la classe : elle sentait ici des énergies plus fortes que dans les salles précédentes et son instinct lui disait qu’elle pouvait y débusquer quelque chose d’intéressant.

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  • Ven 30 Aoû - 22:46
     
    Façonner des talents
    Avec La Perfectionniste

    L’arrivée de la Pléïade dans la salle avait causé quelques murmures stressés et admiratifs des étudiants, qui redoublaient désormais d’efforts pour éveiller l’intérêt de l’ange. Rapidement, les jeunes apprentis commencèrent à incanter, à tracer des cercles avec de la craie ou à agiter leurs mains dans tous les sens afin de canaliser la magie. Il ne fallut pas longtemps avant que la salle d’expérimentation ne devienne un véritable capharnaüm où fusaient les sortilèges élémentaires. Il n’était pas attendu que les élèves réussissent du premier coup, ou même qu’ils parviennent à un résultat acceptable du point de vue esthétique. L’enjeu était de les pousser à expérimenter des sortilèges dans un environnement à peu près sécurisé. Les étudiants, malgré leur manque d’expérience, s’étaient vus inculquer les sortilèges basiques pour pouvoir se débrouiller sans risque d'immoler leur voisin de table. Sculpter était une chose, incanter sans risquer une catastrophe en était une autre. Et l’université attendait de ses étudiants qu’ils sachent maîtriser la première et exceller dans l’autre.  

    Athénaïs de Noirvitrail, troisième descendante de la famille de Noirvitrail, s’était placée dans les premiers rangs. En élève modèle, la demoiselle aux cheveux bouclés avait travaillé pendant des années sur les grimoires de ses précepteurs, mais il fallait qu’elle se rende à l’évidence : elle n’avait aucun talent pour la magie élémentaire. Le feu, la terre, l’eau, l’air, la lumière ou les ombres ; tout ceci s’était révélé totalement infructueux pour elle. Ce n’était pas qu’elle manquait de talent pour la magie, loin de là, mais elle se révélait incapable de canaliser la magie pour faire naître des éléments naturels. Ses parents pensaient qu’il s’agissait simplement d’une faille dans son éducation qui serait vite comblée par l’enseignement avisé des professeurs de l’Université. Comme toute enfant de haute naissance, la jeune fille avait été auscultée par des précepteurs avisés et tous en étaient venus à la même conclusion. Bien qu’Athénaïs possédât un talent inné pour la magie, elle était complètement “sourde” aux énergies élémentaires. C’était pour cette raison que malgré sa bourse fléchée pour le cursus prestigieux de théorie fondamentale de la magie, tout le cursus lié à la magie élémentaire avait été rayé de sa liste de cours pour un assortiment de cours liés à la fabrication d’objets magiques, domaine dans lequel ses professeurs avaient décelé une aptitude certaine et qui la destinait au corps des Façonneurs.

    Mais comme tous les étudiants, Athénaïs devait se plier aux us et coutumes de l’université et trouver des solutions à ses problèmes. C’était un milieu impitoyable où la demoiselle devait faire ses preuves, en utilisant ses forces et en faisant en sorte de compenser ses faiblesses. La demoiselle devait cependant compter sur une difficulté supplémentaire … Une difficulté multipliée par six … Elle avait espéré que ses soeurs resteraient tranquilles. Les journées à passer à négocier avec elles s’étaient révélées infructueuses et les demoiselles n’étaient pas parvenues à un accord viable dans le temps. La brunette devait se rendre à l’évidence : il était impossible de contrôler six chipies et de leur imposer des règles autres que l’auto-préservation. Leur tempérament était trop différent et si elles s’estimaient les unes les autres, elles restaient des êtres indépendants, curieux et avec la fâcheuse tendance à apparaître au mauvais moment pour commenter les cours, s’emparer d’un muffin, ou s’amuser jusqu’au bout de la nuit.

    Mais cette fois-ci, Athénaïs avait bon espoir de pouvoir utiliser efficacement le potentiel de ses six soeurs … ou en tout cas, d’éviter de causer un mélodrame avec un autre étudiant suite à une attaque imprévue de clone. Sculpter quelque chose, ce n’était pas très compliqué après tout. Ses soeurs et elles avaient un minimum de coordination, suffisamment pour ne pas se crêper le chignon au bout de cinq minutes.

    ”Je pense que nous devrions sculpter quelque chose d’un peu ambitieux … Une miniature de l’université serait parfaite !”

    Chrisabelle, la plus difficile à vivre de ses soeurs, mais aussi la plus virtuose en matière d’art, venait d’apparaître à ses côtés. S’installant sur une chaise vide et esquivant adroitement un sortilège venant d’échapper à l’un des étudiants des rangées supérieures, elle commença à déplier avec adresse les outils de sculpture que certains utilisaient via la télékinésie. La demoiselle afficha un air sûr d’elle et commença à dessiner sur un papier ce qu’elle imaginait. Athénaïs se pencha vers elle, ses longs cheveux bouclés s'emmêlant dans ceux de sa soeur.

    ”Chris, encore une fois … c’est juste un exercice simple. On ne devrait pas tirer des plans sur la comète.”

    Exactement, déclara une voix derrière elle. On devrait plutôt sculpter un chat. C’est plus simple, c’est mignon. Tout le monde aime les chats !”

    Myrthelle venait d’apparaître dans le dos d’Athénaïs, un immense sourire aux lèvres. La plus enjouée des soeurs n’avait pas perdu son temps et venait de s’emparer d’un gâteau dans le havresac de sa soeur, qu’elle mâchonnait avec tout le plaisir du monde. Chrisabelle la fusilla du regard.

    ”Comme si tu t’y connaissais en art, la morfale !” répliqua-t-elle d’un ton cinglant.

    ”Les filles, s’il vous plait … pas maintenant …gémit l’originale, qui lançait des regards inquiets vers les autres étudiants, de peur de se faire remarquer.

    ”Hey je te permets pas de me parler comme ça, l’emmerdeuse ! répliqua Myrthelle en haussant le ton. T’es pas ma mère et t’es pas ma patronne, ok ?!”

    “Heureusement sinon tu serais virée et … hey ! Nan mais t’es sérieuse là !? T’as quel âge ?!”

    Myrthelle venait de lancer dans les cheveux de sa soeur des miettes de biscuits. Ca tournait mal … très mal … Les soeurs Noirvitrail avaient beau être brillantes individuellement, leur caractère étaient parfois très difficile à gérer. Et à ce titre, la personnalité de Myrthelle s’accordait mal à celle de Chrisabelle. Athénaïs paniquée, essayait de leur faire baisser d’un ton, mais c’était peine perdue …Prise entre deux feux, elle ne pouvait que regarder le semblant d’harmonie tissée entre elle et ses soeurs s’écrouler comme un château de carte.

    ”Oh misère de misère de misère. gémit-elle, encore plus paniquée qu’avant.

    La scène qui s’ensuivit fut assez confuse. Les récits des étudiants de ce jour-là sont assez contradictoires. Qui de Myrthelle ou de Chrisabelle déclencha le début des hostilités ? Toujours est-il qu’à peine les deux adolescentes en venaient aux mains, quatre autres clones exactement identiques apparurent pour ceinturer les deux soeurs. Théodora, Nicée, Augusta et Eulalie tentaient de retenir Myrthelle et Chrisabelle avant qu’elles n’en viennent au main, devant une Athénaïs presque en larmes.
    CENDRES


    [FlashBack] Façonner ses talents [PV Athénaïs] Signat12

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  • Lun 2 Sep - 17:10
    Une pointe d’excitation perça le masque social qu’affichait la Pléiade en face de son public universitaire. Sitôt son discours terminé et son inspection commencée, les étudiants se mirent en branle et redoublèrent d’efforts pour l’impressionner, créant le capharnaüm de voix, de sortilèges et d’agitation qu’elle recherchait vivement lors de ces visites. Voilà donc une classe accrocheuse : la première phase de son plan de repérage avait fonctionné pour ce groupe disparate d’élèves en proie à la panique. Les enchantements fusaient dans tous les sens afin d’attirer son œil. Les plus doués en sculpture se mettaient au travail sur leur morceau d’argile ou de pierre, directement avec leurs mains ou grâce à leurs talents magiques ; les autres révisaient leurs sorts afin de l’épater, ce qui menait, dans un cas comme dans l’autre, à augmenter la pression des autres élèves – un véritable effet boule de neige qui arriverait bientôt à son apogée.

    La Perfectionniste se déplaça légèrement vers l’avant de la classe afin d’avoir une vue de face de tous les étudiants. La zone était trop instable pour qu’elle puisse prendre des notes : un charme lancé maladroitement – et dans la mauvaise direction, à moins que cela n’ait été prémédité – l’avait raté de peu ; la fenêtre, derrière elle, devint mauve et commença à prendre une texture liquide. Elle claqua des doigts pour annuler son effet et les carreaux reprirent leur forme habituelle. Elle lança ensuite un regard oblique au professeur, qui affichait un air contrit et commençait à suer ; elle lui fit un mouvement de tête encourageant, le poussant à se rappeler qu’il s’agissait là de son rituel favori et indiscutable, puis se focalisa sur ses petits protégés.

    Trois têtes sortaient du lot. Le plus évident était celui qui avait failli la repeindre en mauve avec son incantation désastreuse. Elle n’était vraiment pas sûre que cela ait été un accident : le garçon se concentrait maintenant sur le sculptage d’un dragon de glaise – dans une attitude bien trop tranquille pour quelqu’un qui venait de risquer l’intégrité de la Pléiade et d’au moins deux de ses camarades. Le deuxième étudiant se trouvait tout au fond de la classe. Les yeux rivés sur des figurines élaborées dans un cristal de roche, celui-ci s’appliquait à maintenir un sortilège de lévitation afin de les asperger de peinture à des endroits stratégiques pour y faire refléter la lumière et leur ajouter de la profondeur. Clairement le genre de profil fait pour la performance scénique. La troisième, enfin, était cette jeune fille aux cheveux ébouriffés des premiers rangs dont elle venait de s’éloigner. De prime abord, celle-ci ressemblait à une élève studieuse conventionnelle à laquelle elle n’aurait pas fait attention ; mais son attitude imprévisible la fit bien vite changer d’avis.

    D’abord unique le temps qu’elle observe les autres, la voici dorénavant accompagnée de deux clones autonomes qui se chamaillaient pour choisir quelle forme donner à leur exercice. La Pléiade plissa légèrement les yeux devant ce phénomène des plus étonnants : les clones ne se contentaient pas de reproduire ce que l’original leur demandait de faire, mais prenaient des libertés – non. Même pire : ceux-ci décidaient par eux-mêmes. Étaient-ils doués de conscience ? Comment cela pouvait-il être possible ? Elle fut d’autant plus stupéfaite quand les deux clones, qui commençaient à se battre devant l’originale, se virent arrêtés par quatre autres, bousculant au passage les apprentis des autres tables alentour. Des cris de protestation ou de panique fusèrent dans toutes les directions : entre les clones agités, l’originale au bord des larmes, les bousculés furieux ayant dérapé sur leurs œuvres, ou les autres, stressés ou jaloux, qui se rendaient compte qu’un sort de clonage avait été lancé avec succès, toute la classe entrait brusquement dans un état d’hystérie collective propice à l’épanouissement du génie.

    La directrice ne put s’empêcher de claquer furtivement des mains dans une position d’effervescence qu’elle n’arrivait plus à cacher. S’approchant du professeur toujours immobile devant la classe, celle-ci chuchota doucement à son oreille :

    - Qui est cette jeune femme capable de produire six clones individualisés ?

    - Il s’agit d’Athénaïs de Noirvitrail, Madame… Sa famille provient de l'empire reikois ayant fui leur régime despotique. Ils sont des artisans de renom spécialisés dans la verrerie. Athénaïs… à vrai dire, elle est un peu à part, continua-t-il, un peu gêné. Il s’agit de l’une des élèves ayant un parcours spécialisé, à cheval entre plusieurs Cursus, afin de répondre à… ses talents innés.

    - Oui, effectivement, son nom me dit quelque chose. Cela ne m’étonne pas. Mais pourquoi ne m’a-t-on pas prévenu de ce talent exceptionnel pour le clonage ?

    L’enseignant lui fit un regard embarrassé et désolé, voyant bien qu’il avait fait l’erreur de ne pas l’informer des aptitudes atypiques de ses élèves – encore l’une des failles d’un système trop bien rôdé dont l’objectif était d’obtenir des résultats conformes aux attentes théoriques de ses dirigeants. Pratique pour l’Armée. Complètement inutile pour l’Art. L’ange poussa un petit soupir déçu et se dirigea vers Athénaïs et ses clones. Comment devait-elle l’aborder ? Comme une unique personne ? Ou comme sept individus à part entière ? Devant l’incongruité d’une telle situation, elle opta pour la multitude ; cela lui paraissait plus sûr afin de créer des liens. Elle se posta donc devant sa table et les apostropha :

    - Eh bien, mes enfants, pourquoi ne réussissez-vous pas à vous entendre ? J’aimerais bien voir de quoi vous êtes capables lorsque vous vous accordez.

    Tandis qu’elle parlait, Inâna examina lentement chacune d’entre elles selon un objectif double : captiver leur attention grâce à sa posture d’autorité et tenter de comprendre le niveau d’élaboration d’un tel sortilège. Avaient-elles le même regard ? Était-ce inné, ou un secret de famille provenant de son clan ? Peut-être s’agissait-il d’une ruse pour l’impressionner ? Dans ce cas, comment l’originale réussissait-elle à garder sa concentration alors qu’elle paraissait affolée, justement reconnaissable grâce à cette attitude qui la plaçait en retrait des autres ? Elle paracheva d’ailleurs son balayage visuel de la troupe sur l’Athénaïs aux yeux brillants d’angoisse et de larmes, la poussant à rétablir l’ordre – ou tout du moins à lui répondre. La deuxième phase de son plan venait de débuter.

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    Athénaïs de Noirvitrail
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  • Sam 14 Sep - 23:39
    Façonner des talents
    Avec La Perfectionniste

    Les soeurs en étaient aux mains quand La Perfectionniste surgit dans leur champ de vision. Surprises, elles arrêtèrent immédiatement de se donner en spectacle. Face à une figure d’autorité, les jeunes demoiselles, bien éduquées par leur mère, savaient se tenir. Athénaïs, au bord de la crise de nerfs, regarda ses soeurs épier avec attention celle que l’on nommait La Perfectionniste. Celles-ci jaugèrent la professeure autant que celle-ci décortiquait avec attention la scène. Athénaïs sentit le sentiment d’appréhension naître dans l’esprit de ses soeurs. Elles sentaient qu’elles étaient allées trop loin et redoutaient désormais d’être collectivement punies. Tels des chatons pris en train de faire une grosse bétise et se figeant sur place - la vision de La Perfectionniste était-elle basée sur le mouvement ? - elles semblaient réfléchir à la manière de se sortir de ce mauvais pas.

    Ce fut Théodora qui rompit le silence. La plus diplomate et la plus confiance des soeurs tint tête à La Perfectionniste et osa répondre à sa question :

    ”Je vous présente mes excuses au nom de mes soeurs, madame, dit-elle en s’inclinant poliment. Ce spectacle est déplaisant à bien des égards et je puis vous assurer qu’il n’était pas dans nos intentions de déranger cette classe.”

    A ce moment-là, une petite explosion retentit dans les rangs du fond. Un étudiant venait de faire éclater sa bulle d’eau et ruisselait désormais de la tête aux pieds. L’hilarité générale qui s’ensuivit détourna un instant l’attention de la classe des soeurs Noirvitrail, qui n’en demandaient pas tant. Les demoiselles reprirent leur contenance et se concertèrent. Le défi que leur proposait La Perfectionniste était à leur mesure, si bien sûr elles parvenaient à s’entendre. Bien que les demoiselles aient des personnalités différentes, elles étaient capables, dans leurs bons jours, de travailler ensemble sans se marcher sur les pieds. Boostées à l’idée de pouvoir montrer leur valeur face à l’une des plus augustes représentantes de l’université, les demoiselles formèrent un cercle et discutèrent de la manière dont remplir les consignes de leur professeur.

    Après quelques minutes de concertation, les soeurs, mettant de côté leurs inimitiés respectives, se mirent à travailler. Le consensus général fut que le projet de Chrysabelle était réalisable, mais uniquement s’il était tempéré par le regard posé d’Augusta sur sa faisabilité. L’ingéniosité de Myrthelle allait aider, de même que le soin apporté par Nicée, l’adresse d’Eulalie et le sens de la coopération de Théodora. Athénaïs, elle, épaulerait les différentes soeurs et veillerait à ce que le projet corresponde aux attentes folles de sa soeur virtuose. Elles se mirent rapidement au travail pour donner corps à la vision de Chrysabelle, chacune se conformant à la tâche qui lui était associée. Ne pouvant utiliser la magie élémentaire, les soeurs firent de leur mieux avec les outils dont elles disposaient sous les mains : ciseaux à bois, compas, équerres, gabarits et autres outils de menuiseries. Le résultat, présenté une heure plus tard, ne fut pas une oeuvre d’art, mais s’avéra suffisamment convaincant aux yeux des Noirvitrail.

    Oh bien entendu, Chrysabelle ne put s’empêcher de lâcher un “Mmmmph !” dédaigneux devant un travail qui à son sens ne respectait qu’à peine ce qu’elle avait imaginé, mais au vu du temps disponible, elle ne pouvait pas faire la fine bouche. La maquette en bois de l’université n’était pas une très grande oeuvre d’art, mais elle avait le mérite de montrer ce que sept paires de mains pouvaient faire une fois suffisamment coordonnées. C’était très brut de décoffrage … mais au moins, elles étaient parvenues à un résultat honnête … et sans utiliser la moindre magie élémentaire.

    Les soeurs reposèrent leurs outils et regardèrent La Perfectionniste. Chrysabelle, Myrthelle et Eulalie la toisaient avec un air de défi. Théodora, Augusta et Nicée restèrent muettes, dans l’attente d’un commentaire. Quant à l’originale, elle se pinça les lèvres. Etait-ce suffisant ? Etait-ce bien ? Allaient-elles se faire tancer pour leur incompétence ?
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  • Mar 24 Sep - 17:03
    La jeune élève et ses copies parurent surprises par son intervention. La Pléiade continua de les observer attentivement, passant de l’une à l’autre, et vit qu’elles se comportaient chacune avec une attitude qui lui était propre : elle avait bien fait de les considérer comme des êtres à part entière. Il ne s’agissait pas de « copies », mais bien d’entités pensantes autonomes dont l’individualité était exacerbée par l’exercice. L’une des imitations magiques, dont l’attitude confiante, presque effrontée, laissait entrevoir un caractère de leader, s’excusa poliment pour le reste de sa troupe avant d’être interrompue par un autre élève qui n’avait pas su stabiliser son sort élémentaire. La Perfectionniste se détourna donc un instant des sœurs Noirvitrail pour évaluer les dégâts : voyant le pauvre apprenti tout penaud et les autres rire pour évacuer leur propre angoisse, elle accentua son sourire et l’encouragea doucement à recommencer. Elle reporta bien vite son attention sur Athénaïs et ses répliques.

    Celles-ci reprenaient déjà leurs esprits et commencèrent à établir un plan d’organisation. Elles se répartirent ensuite les tâches décidées selon leurs qualités. Ce moment de concertation fut l’occasion pour l’examinatrice de découvrir un peu mieux les personnalités de chacune des « sœurs », dont la profondeur allait bien au-delà de la simple manipulation, certes excellente, d’un enchantement de haut niveau. Chacune possédait en effet un nom, donnée fondamentale pour tout linguiste qui s’était un jour intéressé de près ou de loin à la philosophie et à la psychologie. L’ange décida par conséquent de reprendre sa position à coté du professeur encore tremblant à qui elle signifia son intérêt pour les élèves qu’elle venait d’identifier. Elle finirait son tour des classes demain ; ce groupe possédait un potentiel beaucoup trop important pour être négligé. La Pléiade attendrait donc la fin de leur exercice en compagnie de l’instituteur honteux – une partie d’elle savourait également l’ascendant qu’elle avait sur lui et l’effroi qu’elle lui inspirait.

    La Doyenne du Cursus gardait un œil discret sur Athénaïs et ses imitations. Conformément au plan qu’elles avaient décidé, chacune des sœurs entreprit une tâche différente, utilisant leur ingéniosité artisanale pour arriver à représenter le projet quasi-surréaliste de la prénommée Chrysabelle : une maquette en bois de l’Université Magic. Elle fut par ailleurs étonnée de voir qu’elles n’utilisaient pas du tout la magie. Bien au contraire, chacune d’elles se spécialisa dans une tâche manuelle à l’aide de l’outil approprié, utilisant leur agilité et leur expertise plutôt que les techniques magiques apprises au cours de l’année. Plus encore, l’originale était la seule qui ne travaillait pas directement sur la réduction, mais supervisait le travail de toutes les autres, leur donnant la cohérence et la discipline nécessaire à l’aboutissement du projet. Voilà donc la véritable meneuse de cette troupe improbable : l’originale coordonnait toutes ses personnalités cachées d’une main de maître qui laissa la Perfectionniste ravie et quelque peu nostalgique.

    Les voir travailler ainsi fit monter en elle un élan d’affection qu’elle ressentait quelques fois quand des élèves ou des collègues lui rappelaient – de manière évidemment involontaire et indirecte – son passé révolu d’assistante titanide. Les glorieux siècles d’administration des pouponnières de Kazgoth restaient pour elle les moments les plus lumineux de son existence, et retrouver les sentiments de satisfaction et d’accomplissement qu’elle éprouvait en ces temps lointains ravivaient son amour pour les créatures vivantes. En outre, plus ces êtres étaient extravagants ou sublimes, plus Inâna les trouvait attrayants. Athénaïs, grâce à sa faculté de copie extraordinaire, venait justement de se propulser dans les premières places de son palmarès des mortels les plus fascinants que le monde ait porté depuis sa propre genèse.

    Le professeur, gêné, qui s’était fait de plus en plus petit au fur et à mesure que l’heure tournait, poussa un petit soupir indiscret lorsque sonna la fin de l’exercice. Elle lui lança un regard condescendant et celui-ci se recroquevilla encore plus sur lui-même ; il semblait se ratatiner comme une fleur laissée trop longtemps au soleil. La Perfectionniste prit donc l’initiative de signifier aux étudiants la fin de leur épreuve :

    – L’exercice est terminé, veuillez vous éloigner de vos paillasses s’il-vous-plaît ! Merci à tous pour vos efforts et votre sang-froid. Vous étiez tous tellement performants que j’ai voulu rester jusqu’à la fin pour voir le résultat de votre épreuve pratique ! Bravo !

    Elle applaudit quelques instants et vit les visages des étudiants se détendre sensiblement devant les compliments qu’elle leur adressait. Certains souriaient timidement tandis que d’autres dodelinaient de la tête à cause de la fatigue, relâchant d’un coup la pression que sa divine présence avait engendré. Elle passa dans les rangs pour examiner les sculptures de tous ses disciples, s’arrêtant de temps en temps afin de prodiguer conseils et compliments – et, prenant le soin de ne pas croiser leur regard, elle finit délibérément sa course devant l’héritière des Noirvitrail et son cortège improbable.

    – Eh bien! La coopération fait des merveilles, à ce que je vois ? J’ai remarqué que vous n’avez pas du tout utilisé de magie élémentaire pour produire cette superbe maquette. Vous avez cependant compensé cette difficulté par l’exploitation de vos ressources individuelles et par vos talents manuels.

    La Pléiade se pencha vers la sculpture en bois pour scruter les détails des fenêtres et les petits arbres de papier collés à la hâte. La maquette était globalement satisfaisante ; elle remarquait bien des défauts – notamment l’échelle ou certains plans architecturaux qui n’étaient pas strictement respectés par rapport à l’original – facilement excusables par le temps de confection et le niveau de la classe. Réussir à coordonner six clones pendant une heure, alors que le sort n’était normalement étudié qu’en troisième année, pour sortir une réplique miniature de l’université convenable sans utiliser de magie élémentaire ! C’était bien plus que ce que pouvaient produire habituellement des élèves déjà plus expérimentés alors qu’ils se facilitaient toujours la tâche grâce à des enchantements qui leur permettaient de cacher leur incompétence manuelle. L’ange avait là une très bonne artiste en herbe devant elle : douée avec ses mains et avec son esprit, il lui tardait de découvrir le secret de son clonage…

    L’ange griffonna le nom des trois élèves qu’elle avait repéré sur son carnet, déchira la feuille et la donna au professeur. Tandis qu’elle lui expliquait l’intérêt qu’elle leur portait, elle ajouta des heures de rendez-vous pour chacun d’entre eux tout en le sommant de prévenir les personnes concernées après son départ. Elle avait noté Athénaïs en dernière et voulait la recevoir le lendemain soir dans son bureau.


    31 Octobre de l’An -7, 19 :02

    Assise à son large bureau de bois massif, la Perfectionniste profitait du calme de cette soirée pluvieuse pour rattraper quelques dossiers administratifs qu’elle avait malencontreusement laissé trainer. Mô, roulé en boule de cette manière adorable qu’avait les félins, ronflait paisiblement sur l’une des deux chaises rembourrées qui lui faisaient face. Seul le tintement de la pluie sur le carreau rompait le silence apaisant qui s’était instauré dans la pièce. L’ange appréciait tout particulièrement ces heures froides et sombres de l’automne ; elle était néanmoins très impatiente que son rendez-vous n’arrive : comprendre comment la jeune fille pouvait produire six clones autonomes contrariait sa logique, déjouait toutes ses connaissances en théorie magique, bref, cela la fascinait au plus haut point et elle voulait à tout prix connaître sa technique.

    Enfin, doucement, quelqu’un toqua à la porte. Elle s’empressa de reposer sa plume dans son encrier et lança :

    – Entrez !

    Message n°3
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  • Dim 29 Sep - 21:39
    Façonner des talents
    Avec La Perfectionniste

    Mademoiselle de Noirvitrail n’en menait pas large. Se faire repérer par La Perfectionniste, l’une des plus importantes Pléïades de l’Université Magic n’était jamais bon signe. Il trainait des rumeurs autour de ses travaux, des rumeurs qui, si on y prêtait un tant soit peu attention, n’auguraient rien de bon pour les pauvres étudiants qui avaient le malheur de tomber entre ses griffes. On murmurait dans les couloirs que ceux qui avaient attiré son regard finissaient immanquablement par quitter l’Université. Pire encore, on effaçait leur existence même des registres de l’Université ! Athénaïs, toute candide qu’elle était, ne savait pas trop s’il fallait se fier à ces ragots. Après tout, on murmurait aussi que la Dame était en fait une créature reptilienne venue de la face cachée de l’une des lunes du monde connu. Et il y avait aussi cette rumeur persistante qui arguait du fait que certaines des viennoiseries de la cantine étaient en fait les restes des pauvres malheureux qui s’étaient irrémédiablement plantés en beauté lors des cours de métamorphose. Depuis qu’on lui avait fait part de cette information, Athénaïs regardait les pains au chocolat avec suspicion, de peur de trouver un morceau d’étudiant mal métamorphosé à l’intérieur.

    Toujours est-il que se faire convoquer dans le bureau de La Perfectionniste n’était pas de bon augure, surtout pour une demoiselle qui commençait à peine son premier semestre à l’Université. Si elle était renvoyée, qu’allait-elle dire à ses parents ? Ceux-ci s’étaient saignés aux quatre veines pour pouvoir l’envoyer à l’Université et tante Dorylis avait fait jouer ses contacts pour qu’elle puisse obtenir une bourse d’excellence. Allait-elle devoir exprimer sa honte devant ses parents ? Sa mère ne s’en remettrait jamais ! Son père, encore moins ! Oh, elle les entendait déjà, sa mère levant les yeux au ciel en se lamentant que les Astres lui aient donné une fille aussi empotée, et son père se contentant d’un regard désapprobateur appuyé par le pincement de lèvres qu’elle lui connaissait si bien.

    La nuit était tombée quand Athénaïs se dirigea vers le bureau de la Perfectionniste, dans l’aile réservée au corps professoral. L’heure du diner était passée depuis longtemps, mais elle n’avait rien pu avaler, tant le stress lui coupait l’appétit. Même la petite prière du soir aux astres n’avait pas réussi à calmer son appréhension. Vêtue d’une robe blanche et d’un châle bleu sur ses épaules, la jeune femme avait serré sa ceinture de cuir à la taille et attaché sa petite besace de cuir dont elle ne se séparait jamais. Son pendentif autour du cou était le seul bijou qu’elle arborait. Grimpant les escaliers de l’université au son de ses ballerines de cuir sur le marbre nu, Athénaïs manipulait dans ses mains une petite babiole lumineuse fabriquée en cours de façonnage. Celle-ci émettait une douce lueur rosée entre ses mains. Le métal de l’objet, gravé de petites runes d’enchantement, renvoyait de doux reflets, qui laissaient la jeune femme songeuse. Le façonnage était véritablement un univers fabuleux pour elle, un domaine dans lequel elle pouvait librement exprimer ses talents et faire naître de la magie. C’était véritablement une découverte pour elle, et elle voyait bien que ses sœurs avaient elles-aussi un véritable appétit pour ce domaine.

    Arrivée à l’étage où se trouvait le bureau de La Perfectionniste, Athénaïs resta quelques instants interdite devant la porte en bois avant de toquer. La boule qui s’était logée dans son ventre se mettait à donner de petits coups de pieds vengeurs pour lui rappeler qu’elle risquait gros à lui déplaire. La voix qui émana de l’intérieur du bureau lui commanda d’entrer. La jeune fille ouvrit la porte et entra dans le bureau de La Perfectionniste.

    Accueillie par un large bureau et un magnifique chat à moitié endormi, Athénaïs considéra quelques instants l’aménagement du bureau avant de s’incliner respectueusement vers la Pléïade.

    « Madame, vous m’avez faite demander ? » dit-elle d’un ton des plus polis.

    CENDRES



    [FlashBack] Façonner ses talents [PV Athénaïs] Signat12

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  • Dim 13 Oct - 17:23
    Elle s’arrêta de gratter le papier de son carnet quand la jeune fille entra dans son bureau. Reposant sa plume dans l’encrier, la Pléiade invita l’élève à s’installer sur la chaise restée libre en face d’elle d’un geste grâcieux de la main gauche. Elle lui sourit pendant qu’elle refermait le dossier qui l’occupait et la salua :

    – Ah, Mademoiselle de Noirvitrail, je suis heureuse que vous soyez là. Installez-vous je vous prie, j’ai besoin de discuter avec vous de vos performances d’hier.

    L’ange plurimillénaire laissa l’étudiante s’installer sur le siège qu’elle lui désignait. Mô, les yeux toujours fermés, remua simplement une oreille, signifiant qu’il était attentif à ce qu’il se passait dans la pièce.

    – L’une des raisons pour lesquelles je fais ces… « visites surprises » parmi mes classes est de dénicher les talents cachés des étudiants, lui révèle-t-elle de but en blanc. Certains talents ne se manifestent que dans des situations bien particulières, et c’est pour cette raison que je m’occupe de cette mise en scène un peu désagréable ; vous avez donc attiré mon attention avec votre capacité de clonage hors du commun.

    Elle s’arrêta un instant pour fixer les yeux noirs de la jeune fille, se penchant légèrement vers elle, ses poignets appuyés sur le bord de son bureau.

    – … Vous avez conscience que votre sort de clonage est atypique, n’est-ce pas ?

    Elle cligna des yeux plusieurs fois tandis qu’elle continuait d’observer le visage de la demoiselle, se demandant si elle l’avait mal jaugé – non pas que ce soit terriblement gênant, mais les adolescents humains étaient à la fois très prévisibles et plein de surprises. En effet, malgré son âge et sa longue fréquentation de l’espèce, elle se trouvait encore déconcertée par certaines de leurs réactions. Ils étaient également capables de découvrir des applications merveilleuses à certaines lois de la physique ou de la magie sans les connaître, et même sans avoir conscience d’utiliser là un état complexe du tissu de la réalité. Peut-être que c’était le cas pour l’héritière des Noirvitrail.

    – Quoi qu’il en soit, j’aimerais beaucoup étudier votre enchantement, et connaître les raisons de l’autonomie remarquable qu’acquièrent vos répliques. Je voudrais en outre apprendre à mieux vous connaître afin de vous aider à gérer cette capacité hors du commun avec le reste de votre cursus déjà un peu différent des autres. Car, de ce que j’ai vu, vous avez préféré ne pas utiliser la magie élémentaire, alors que vous orientez votre scolarité vers le façonnage d’objets magiques. Était-ce par choix ou par nécessité ?

    La professeure joignit ses mains dans une position d’impatience contenue.

    – Pourriez-vous me décrire le procédé que vous employez pour vous cloner, et ce que vous ressentez ? Utilisez-vous un sort de télépathie pour compléter le charme ? Elle fit une petite pause avant de se lancer. Pardonnez cet enchaînement de questions un peu lourdes… et la formulation un peu abrupte qui va suivre, j’espère que vous ne m’en tiendrez pas rigueur, puisque j’essaye encore de comprendre les tenants et les aboutissants d’un sortilège aussi singulièrement exécuté : sont-ce des personnes à part entière ?

    À moins que le sortilège ne soit lié à la nécromancie ? Malgré l’apparente virtuosité des disciples de Magic, elle avait du mal à envisager qu’une élève de première année issue de bonne famille puisse déjà connaître l’occultisme. Elle connaissait des mages noirs fort compétents et loin du cliché redoutable du savant fou, toutefois, comme on l’expliquait dès que possible dans les cours de Théorie magique, le risque d’être atteint par l’ivresse des ténèbres était inversement proportionnelle à la jeunesse de l’âme qui goûtait à leur puissance. Elle redoutait donc secrètement l’hypothèse d’une apprenante – encore enfant – corrompue par une magie incontrôlable, ce qui n’avait rien de souhaitable dans la meilleure école de magie du pays, par ailleurs reconnue internationalement pour son brillant système éducatif. Si l’élève dérapait à cause de son arrogance ou de son incompétence, l’Université deviendrait une tâche bien incommode sur le grand tableau sophistiqué qui représentait la République. Il était donc de son devoir d’aider la jeune femme à trouver sa voie. Et surtout afin de l’empêcher de faire une bévue en ne maitrisant pas correctement son pouvoir.

    Message n°4

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  • Ven 1 Nov - 22:54
     
    Façonner des talents
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    Athénaïs s’assit sur le siège proposé par la Perfectionniste, les mains crispées sur ses genoux. A mesure que la dame la questionnait, elle se sentait de plus en plus comme une petite souris de laboratoire. Mages, médecins, psychologues et même rebouteux avaient été mandés dans le plus grand secret par la famille Noirvitrail dès l’apparition d’Eulalie. Oui, bien sûr, Athénaïs était parfaitement au courant que sa capacité était des plus atypiques ! Ses parents s’étaient assurés que tout ce petit monde s’en tienne à la version officielle : leur fille avait développé un pouvoir extraordinaire, allant bien au-delà des capacités de clonage en vigueur ! Une preuve de plus que la maison Noirvitrail renaissait de ses cendres et donnait naissance à des individus extraordinaires ! De la situation de stress terrible qui avait façonné cette particularité, personne ne pipait mot, mais tous se doutaient que la jeune fille avait craqué sous le stress imposé par ses parents et que son pouvoir avait muté à la suite de cela. Les clones n’avaient cessé d’apparaître depuis …

    Les clones d’Athénaïs n’étaient pas des clones ordinaires. Chacune de ses sœurs possédait une personnalité et une autonomie propre, qui dépassait de loin les clones qu’elle avait pu voir chez d’autres magiciens. Faute de pouvoir les appeler des clones, elles étaient des « sœurs », chacune d’entre elle disposant de sa propre personnalité et de sa propre capacité de jugement. Elles apparaissaient comme bon leur semblait et si Athénaïs pouvait les faire disparaître, elles pouvaient très bien décider de jouer à l’école buissonnière, au grand dam de l’originale. Quand les demoiselles n’étaient pas en train de faire les quatre cents coups, elles discutaient puis se reposaient dans un coin de l’esprit d’Athénaïs. La demoiselle avait appris à cloisonner une partie de sa cervelle pour éviter de devenir folle avec 6 voix dans sa tête … Leur relation n’était pas toujours au beau fixe, mais elles parvenaient à s’entendre … la plupart du temps …

    Cependant, pouvait-elle tout dire à la Perfectionniste ? L’idée d’être auscultée ne lui plaisait guère : elle n’était pas une bête de foire … Mais elle avait tout à gagner à lui exposer ce qu’elle vivait. Peu de professeurs avaient jusqu’alors pris la peine de discuter de ça avec elle.  

    « Madame … Je suis désolée … mais je ne sais pas utiliser la magie élémentaire. Quelque chose en moi m’empêche de la manipuler aussi ouvertement que les autres magiciens. Mes anciens précepteurs pensent qu’il s’agit d’une conséquence de l’apparition de mes sœurs mais … c’est difficile à évaluer. J’ai donc été placée dans le cursus des Façonneurs … »

    L’éclatement de la psyché d’Athénaïs avait donné naissance à ses sœurs, mais aussi débloqué en elle d’importants pouvoirs psychiques. Mais elle se révélait incapable d’invoquer les éléments comme les apprentis de son ancien cursus. Elle en était tout bonnement incapable. La magie n’affluait pas en elle pour créer des flammes, des bourrasques ou des jets d’eau. Si elle parvenait à canaliser la magie avec aisance pour créer des objets magiques, elle s’était révélée être un conduit déplorable pour l’élémentalisme. Ses parents vivaient ça comme un échec … eux qui la destinaient au titre d’archimage. Elle, était beaucoup trop heureuse de pouvoir fabriquer des objets magiques pour la République.

    Elle voulut répondre aux nouvelles questions de la Perfectionniste, mais au moment où elle voulut répondre, Augusta – la plus érudite des sœurs – apparut auprès d’elle. Assise sur l’accoudoir du fauteuil, elle jeta un regard dénué de toute compassion à l’adresse de la Perfectionniste. Augusta était une jeune femme préoccupée par une curiosité maladive et un besoin de comprendre et de décortiquer tout ce qui lui paraissait soulever un intérêt. Deuxième sœur à être apparue aux côtés d’Athénaïs, elle passait une grande partie de son temps à dévorer des livres et à prendre des notes sur leur condition. Elle n’en souffrait pas, mais se montrait particulièrement curieuse quand il s’agissait de comprendre comme une telle anomalie avait pu se produire. Athénaïs se garda bien de le dire, mais elle avait senti qu’Augusta jaugeait la perspicacité de la Perfectionniste. Elle souhaitait ardemment savoir si cette femme allait les aider à progresser sur leur compréhension du phénomène ou si elle resterait une charge.

    « Contrairement à ce que vous pouvez penser, j’estime être une personne à part entière et c’est aussi le cas de mes sœurs. J’ai mes propres pensées et ma propre autonomie. Je ne suis pas comme les copies que vous pouvez trouver ça-et-là : je n’obéis que si cela me sied et si ma sœur ici présente peut me faire disparaître selon sa volonté, elle se garde généralement de le faire car nous avons établi des limites à nos individualités respectives. Si certaines de mes sœurs ne jouent pas souvent le jeu, voyez ça comme un manque de maturité de leur part. Le reste du temps, nous entretenons des relations de bon voisinage. »

    Augusta s’approcha du bureau de la Perfectionniste d’un pas nonchalant et attrapa le coupe-papier qui se trouvait posé sur la table. D’un geste simple, elle fit une légère entaille sur son index. Une goutte de sang vint à apparaître sur son épiderme, qu’elle présenta au professeur. Elle maintint le contact visuel sur la Perfectionniste, cherchant à sonder ses pensées en lisant les traits de son visage.

    « Mon corps est la parfaite réplique de celui de ma sœur. Il saigne, il boit, il mange et il connait la fatigue et la douleur. Si ma sœur tente de me faire revenir dans son giron, elle aura accès aux souvenirs que je voudrai bien lui livrer. J’ai donc un corps, une personnalité et je suis de surcroît parfaitement civilisée. Toutes ces considérations font-elles de moi un être humain ou ne suis-je qu’un tour de magie ?  Je serai ravie d’avoir votre point de vue sur la question … »
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  • Mar 19 Nov - 12:33
    Avec l’intention de bien comprendre l’état mental dans lequel était sa jeune élève, l’enseignante angélique scrutait chacun de ses mouvements méticuleusement. Athénaïs semblait en effet très mal à l’aise devant elle, car celle-ci se recroquevillait progressivement sur son siège, alors même que la Pléiade la complimentait sur ses capacités hors du commun – ce qui sous-entendait qu’elle avait dû être mise à part puis étudiée par sa famille et le corps médico-magique dans l’espoir de contrôler cet état exceptionnel, certainement pour en tirer un profit politique ou économique. Voilà l’un des grands problèmes du système capitaliste dans lequel se trouvait la République : pousser les enfants à se surpasser afin de répondre aux attentes faramineuses de parents assoiffés de puissance et de reconnaissance sociale, ne remarquant même pas que leur progéniture si précieuse souffrait en silence d’un tel comportement égoïste. Eux-mêmes n’en avait absolument pas conscience, la plupart du temps ; et c’est comme cela que la République créait des monstres sans âme pris dans un tourbillon de rancœur que seuls le meurtre et la violence réussissaient à maintenir dans un état de simili-vie. Sa pensée s’accrocha fugacement sur le souvenir d’Orifa, l’orpheline des bas-fonds qu’elle n’avait jamais pu ramener vers la lumière malgré tout l’amour qu’elle avait pu lui donner. L’espace d’une unique seconde, son expression jusque-là imperturbable se voila d’une tristesse indicible, incapable de retenir sa peine devant l’image conjointe de ces deux destinées. Elle se reprit néanmoins très vite quand son élève lui répondit :

    « Madame … Je suis désolée … mais je ne sais pas utiliser la magie élémentaire. Quelque chose en moi m’empêche de la manipuler aussi ouvertement que les autres magiciens. Mes anciens précepteurs pensent qu’il s’agit d’une conséquence de l’apparition de mes sœurs mais … c’est difficile à évaluer. J’ai donc été placée dans le cursus des Façonneurs … »

    La Perfectionniste prit un papier vierge et entreprit d’y griffonner quelques notes à la hâte. Cela l’aidait à réfléchir plus efficacement. Dans son langage secret inventé pendant ses études, elle écrivit donc ses découvertes en y ajoutant la mention « blocage psychique ? » avec une flèche désignant le nom de la Tisseuse ; peut-être que celle-ci pourrait lui donner quelques informations supplémentaires sur ce genre de conjoncture hors du commun. Il était encore assez difficile, dans l’état actuel de la magie curative, de discerner les maladies physiques des maladies magiques, sans parler de l’incroyable complexité de l’esprit des êtres sentients. Chaque espèce possédait en effet un système différent qui n’aidait pas du tout à la cartographie du Mental. Le cas Noirvitrail s’annonçait passionnant. La Pléiade, concentrée sur sa feuille, entendit un froissement, puis la voix de la jeune fille retentit de nouveau – sur un timbre néanmoins légèrement différent. Elle leva le nez et vit l’une des sœurs, maintenant assise sur le second siège qui lui faisait face, répondre à la place d’Athénaïs. Son expression froide et déterminée suggérait une personnalité forte, certainement développée pour protéger l’originale des questions gênantes comme celles-ci. Elle avait bien fait d’être un peu abrupte : cela obligeait les différentes sœurs de sortir selon leurs spécificités. La Perfectionniste ajouta donc « apparitions liées au stress » sur sa fiche improvisée. Mais cela n’était pas nouveau : elle l’avait déjà remarqué pendant l’examen.

    Malgré son côté tranchant, la sœur entreprit de lui expliquer comment elles fonctionnaient : elles étaient bien des entités consciences à part entière mais Athénaïs gardait un certain contrôle sur leur apparition – quand elle le voulait bien. L’ange griffonna les mots « fragmentation = moyen de protection » en se disant que la Tisseuse allait adorer leur prochaine discussion. Il faudrait cependant qu’elle fasse attention à ce que l’Intrigante ne vienne pas fourrer son nez dans leurs histoires, car elle pourrait facilement détruire le fragile système de la jeune fille si elle utilisait ses propres méthodes d’expérimentation. La présence de personnalités aussi fortes supposait que l’héritière des Noirvitrail avait déjà vécu assez d’expériences douloureuses et potentiellement traumatisantes qui risquaient de la rendre plus instable. La manière douce lui paraissait donc intuitivement la meilleure façon de développer positivement la psyché et la magie d’Athénaïs – et son vécu d’assistante de Kazgoth lui confirmait largement qu’il valait mieux opter pour cette voie si elle voulait que la jeune fille reste saine d’esprit.

    Inâna fut étonnée de voir la sœur d’Athénaïs s’approcher de son bureau pour lui chiper son coupe-papier. Il s’agissait là d’un acte de pure provocation, et cela l’inquiéta sur le moment, ce qui se perçut dans son froncement de sourcils et dans son immobilité. Elle ne l’empêcha pas pour autant de prendre l’objet coupant : elle était plutôt curieuse de voir où elle voulait en venir. L’ange restait tout de même à l’affut du moindre débordement.

    Elle fut soulagée de voir que la sœur souhaitait simplement lui justifier son existence individuelle : elle se piqua le doigt et lui montra le sang qui y perlait, concluant son exposé succinct sur une nature aussi réelle que n’importe quel autre être vivant. Sa manière de présenter les choses était rationnelle et un peu agressive, montrant par-là qu’elle avait beaucoup réfléchi à l’épineuse question. Depuis combien de temps Athénaïs était-elle capable de faire apparaître ses doubles ? Quel genre de crise identitaire avait-elle pu vivre face à cette découverte ? Évidemment, cela avait dû être au centre de toutes ses préoccupations intimes, et si chacune des copies de la jeune humaine avait son propre avis, les conversations entre elles devaient être vertigineuses.

    Se levant avec prudence, la Perfectionniste s’approcha pour reprendre hâtivement le petit couteau des mains de la sœur-scientifique. Elle appliqua ensuite une rapide pression de son pouce et de son index sur le doigt blessé, ce qui lui permit de refermer la plaie avec sa magie de lumière. Elle garda un contact ferme avec sa main puis sourit avec bienveillance à ses deux interlocutrices – alternant son regard comme elle l’avait fait pendant leur examen. Elle déclara enfin :

    – Eh bien, voilà qui répond parfaitement à mes questions.

    Elle émit un petit rire enthousiaste devant la confirmation de cette découverte qui, elle en était sûre, chamboulerait leur vision de la magie. Elle imaginait déjà les conférences médicales sur la question du rapport entre l’esprit, le corps et les capacités magiques de chacun, domaine dont Dangshuan n’avait fait que poser les bases. Il leur restait tant à apprendre.

    – Mon approche n’avait en aucun cas pour objectif de vous déconsidérer, reprit-elle en esquivant temporairement l’interrogation d’Augusta. Elle reprit sa place à son bureau et rangea précautionneusement le coupe-papier dans l’un des tiroirs. Bien au contraire, maintenant que vous m’avez confirmé qu’il s’agit là potentiellement de l’application particulière d’une magie psychique très puissante, nous pouvons aborder le véritable enjeu de cette rencontre.

    Malgré son sourire toujours aussi charmant, le regard de la Perfectionniste se fit plus sombre, plus acéré. Sans vraiment en avoir conscience, ce genre de situations – lorsqu’elle dénichait un talent qui valait la peine d’être développé – la faisait régresser dans son état primordial, abandonné il y a de cela presque cinq mille ans. À l’époque, elle était en charge des pouponnières dantesques de Kazgoth, et supervisait la croissance des êtres hybrides qu’il créait pour le plaisir de l’expérimentation ; elle adaptait donc sa méthode d’apprentissage selon les besoins de la créature et les résultats qu’on voulait en obtenir. Ainsi, elle savait parfaitement comment soutirer telle ou telle réaction en appuyant là où il fallait. Cette caractéristique, même si elle l’avait refoulée au plus profond d’elle-même par nécessité d’adaptation, ressortait finalement dans sa manière de s’exprimer et dans sa nature calculatrice : elle transformait son expérience en une sorte d’acuponcture de l’esprit par la manipulation verbale, si l’on veut.

    Cela faisait d’elle une excellente dirigeante de Cursus puisqu’elle comprenait instinctivement les besoins et les peurs de ses élèves, choisissant méthodiquement le meilleur chemin pour leur permettre de s’épanouir. Cela pouvait aussi la parer d’une ombre d’inquiétante étrangeté puisque son expression se figeait sur un masque de faux-semblants plus rigide qu’à l’accoutumée.

    – En quoi être une illusion serait-il préjudiciable Mademoiselle… ? Reprit-elle en s’adressant spécifiquement à Augusta dont elle ignorait encore le nom. Nous sommes ici pour travailler sur ces « tours de magie », justement, n’est-ce pas ? Elle claqua des doigts pour faire apparaître une flamme dorée au bout de ses doigts, qu’elle façonna rapidement d’un mouvement souple. L’ovale informe devint rapidement un cheval galopant sur place. Est-ce que cette création aurait moins de valeur qu’un être vivant, si je lui insufflais une conscience ? Elle lui fit un sourire en coin puis referma la main brusquement pour faire disparaître la créature. Ce n’est pas à moi de répondre à cette question. Elle est néanmoins très pertinente et constituerait un excellent sujet de recherche dans mon Cursus. Mon rôle, en tant que Pléiade, est de vous accompagner tout au long de votre formation afin de développer votre potentiel, que je crois bien supérieur à la plupart des élèves de cette école. Et croyez-moi lorsque je vous dis qu’il ne s’agit pas d’une simple flatterie : cela fait plus de cinq cents longues années que j’enseigne ici et il m’est rarement arrivé de croiser des talents aussi inespérés.

    La Pléiade reprit sa plume et griffonna de nouveau quelques notes cryptées.

    – Cependant, il me faut d’abord vérifier les tenants et aboutissants de votre histoire. Savoir si je n’ai pas affaire à une fraude, sans lever la tête, elle fixa ses yeux noisette sur la sœur d’Athénaïs, ou une création nécromancienne qui pourrait être très fâcheuse sur le long terme, vu votre âge et votre inexpérience. Mais, s’il s’avère que je suis complètement hors sujet, alors cela veut dire que vous avez débloqué une partie de votre esprit pour laisser la place à une magie psychique encore jamais documentée. Certes, au détriment de la maîtrise élémentaire, mais qu’importe ! S’exclama-t-elle d’un geste de la main. Vous compensez cette perte avec votre habileté manuelle et votre intelligence. Nous avons beaucoup d’élémentalistes à Magic ; des talents psychiques, en revanche…

    L’ange s’arrêta d’écrire.

    – Donc, j’en viens à ma dernière question : utilisez-vous une magie interdite ou nécromancienne pour produire vos « sœurs » ? Car, si c’est le cas, je finirais par le repérer lorsque vous développerez la puissance de vos capacités. La signature magique ne ment jamais. Et cela vous vaudrait une exclusion définitive, puisque vous m’aurez fait perdre mon temps. Sans parler du danger et du manque de respect d’une telle posture.

    Il était évidemment très peu probable que cela soit vrai : les pièges et autres protections magiques qui entouraient l’école et les bureaux de chaque Pléiade étaient suffisamment puissants pour identifier n’importe quel être vivant lorsqu’il entrait dans leur champ d’action. La Perfectionniste faisait surtout cela pour vérifier la sincérité de la jeune fille et de ses acolytes, dans un excès d’autorité certes un peu intimidant et manipulateur, mais nécessaire pour faire régner l’ordre et la discipline. Elle comprenait parfaitement l’air provocateur de la sœur d’Athénaïs, s’il était bien avéré que la jeune Noirvitrail avait été maltraitée par ses parents, mais il fallait qu’elle garde son ascendant sur l’élève si elle voulait développer ses aptitudes efficacement. Identifier la catégorie exacte de magie à laquelle elle avait affaire lui éviterait en outre de se tromper de méthode. Elle espérait juste qu’il ne s’agissait pas d’un tissage de plusieurs magies : c’était extrêmement rare et difficile, mais possible, et la mutation d’Athénaïs était déjà assez invraisemblable pour s’interroger à ce propos.

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