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Mirage
Eustache le Boscambusier
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Citoyen du monde
Eustache le Boscambusier
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crédits : 2152
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Info personnage
Race: Hybride (Homard)
Vocation: Guerrier combattant
Alignement: Chaotique Mauvais
Rang: D
- M’enfin Eustache, arrête de bouger un peu tu vois bien qu’elle est complétement désaxée ta pince.
Les antennules s’agitent tandis que les doigts griffus grattent les reliquats d’un joli manteau bleu qu’il avait enfilé à grand coups de pinceaux. L’iode et le sel de la mer ne sont pas assez abrasifs et plus la couche de peinture vieillissait à même sa carapace, plus cette dernière le démangeait. Rien de tel qu’une petite brûlure chimique en guise de poil à gratter n’est-ce pas ? Aussi, l’énorme crustacé s’ébroua une dernière fois, histoire de se calmer un peu avant de tourner son attention vers autre chose.
Se relevant et s’étirant, Eustache attacha la chaîne de son ancre autour du grand mat avant de lever le rostre vers la figure de l’amiral qui discutait avec Momo et Saumâtre. Il aurait eu des choses à dire aussi, le crustacé. Mais après toute ces histoires, ce temps passé sur terre à prétendre être un pauvre petit homard shoumeïen, victime de la terrible oppression républicaine, l’avait drainé de toute son énergie. Au moins, il s’était amusé avec un prisonnier ou deux, s’entraîner à essorer des humains et ça, c’était vraiment le pieds. Ça avait été une sacrée aventure tout ça, il tourna ses deux billes noires vers les membres d’équipages, moins nombreux qu’au départ, mais particulièrement vers un banc de méduses qui se tenaient près du bastingage, se réconfortant mutuellement. Levant l’index griffu, Eustache se mit à les compter et après avoir vérifié deux, voire trois, fois sur son abaque mental…
Il ne manquait pas quelqu’un ? Où étaient les plus belles paires de fesses de la flotte ?
A peine eut-il le temps de se poser la question qu’un frétillement incongru attira son attention, un tas de chair grisâtre, musculeux, qui ouvrait sa gueule pleine de rangées de dents en s’étouffant, les branchies rougies par l’effort, gorgées de sang et plusieurs ailerons qui nageaient dans l’air sans y trouver la résistance de l’eau.
Des marins s’en approchèrent, tentant d’attraper la bête par les branchies et par la queue pour, en fin de compte, y perdre un doigt et l’autre, de se faire casser le bras. Même acculé, hors de son élément, la bête était dangereuse. Meurtrière, violente et surtout, assoiffée de sang. Une étrange fascination fit reluire son regard inexpressif tandis que la tête penchait sur le côté, jusqu’à ce que son épais turban gorgé d’eau ne tombe dans un bruit humide sur le sol. Un pas, puis un autre vers le squale échoué alors qu’une drôle d’euphorie était entrain de prendre l’équipage qui commençait alors à peine à fêter une victoire historique, du moins, à leurs yeux, sur la république.
Des instruments avaient été tirés des cales sèches, les tambours faits de coraux et de coquillages démesurés avaient été ramenés sur le pont. Une gigue démente, jouée par un équipage de coupe-jarrets qui avaient, avec quelques tonneaux de poudre, rappelé à la république pourquoi les pirates étaient les maîtres des océans.
Et par terre, le squale mourrait. Aussi, cinq doigt griffus plongèrent vers ses branchies qu’il saisit comme le col, avant que sa pince, ayant retrouvé sa mobilité, vint lui briser les cervicales avec la précision d’un boucher. Le requin, c’est bon, c’est plein de viande et de muscles. Le gras blanc ça fait des bonnes rations de survie, la chair rouge, bien que filandreuse, se conserve admirablement une fois séchée ou en saumure. Les ailerons, eux, et les branchies, font d’excellentes soupes bien que peu nutritives. Eustache se releva alors, tenant d’une main le squale avant de sentir des doigts grimper sur sa carapace et, regardant par-dessus cette dernière, il se retrouve nez à nez avec le second. Marimba, qui avait retrouvé son lustre blanc et ses jolies branchies roses. Un trille joyeux lui échappa, content de voir le vieux copain en pleine forme maintenant qu’ils avaient retrouvé tout deux leurs plus fidèle amante ; la Ginette.
Marimba cria quelque chose, que les autres marins reprirent en chœur et dans une explosion de joie et de rhum, ils décidèrent de fêter leur victoire sous le regard peut-être sévère, mais bienveillant (ou pas) du capitaine et de l’amiral.
Eustache, s’amusa à faire tourner le requin, dont le légendaire Doudou fit un toboggan avant de rejoindre ses camarades. Eustache, lui, se détourna de ses camarades. Pas parce-qu’il ne se sentait pas à sa place, non. Avec toute ces aventures, le homard était fatigué. Aussi, après avoir attaché le requin à un crochet de boucher, il se glissa dans les entrailles de la Ginette pour y retrouver sa possession la plus précieuse ; une énorme coquille vide d’un escargot de mer géant, s’y glissant en vibrant de toute sa carapace en poussant un trille bienheureux.
Il allait pouvoir dormir enfin, dormir, et rêver. Rêver du sang qu’il avait versé, de cet homme qu’il avait essoré.
Et d’Elle.
Qui les avait regardés depuis l’œil de la tempête.
Les antennules s’agitent tandis que les doigts griffus grattent les reliquats d’un joli manteau bleu qu’il avait enfilé à grand coups de pinceaux. L’iode et le sel de la mer ne sont pas assez abrasifs et plus la couche de peinture vieillissait à même sa carapace, plus cette dernière le démangeait. Rien de tel qu’une petite brûlure chimique en guise de poil à gratter n’est-ce pas ? Aussi, l’énorme crustacé s’ébroua une dernière fois, histoire de se calmer un peu avant de tourner son attention vers autre chose.
Se relevant et s’étirant, Eustache attacha la chaîne de son ancre autour du grand mat avant de lever le rostre vers la figure de l’amiral qui discutait avec Momo et Saumâtre. Il aurait eu des choses à dire aussi, le crustacé. Mais après toute ces histoires, ce temps passé sur terre à prétendre être un pauvre petit homard shoumeïen, victime de la terrible oppression républicaine, l’avait drainé de toute son énergie. Au moins, il s’était amusé avec un prisonnier ou deux, s’entraîner à essorer des humains et ça, c’était vraiment le pieds. Ça avait été une sacrée aventure tout ça, il tourna ses deux billes noires vers les membres d’équipages, moins nombreux qu’au départ, mais particulièrement vers un banc de méduses qui se tenaient près du bastingage, se réconfortant mutuellement. Levant l’index griffu, Eustache se mit à les compter et après avoir vérifié deux, voire trois, fois sur son abaque mental…
Il ne manquait pas quelqu’un ? Où étaient les plus belles paires de fesses de la flotte ?
A peine eut-il le temps de se poser la question qu’un frétillement incongru attira son attention, un tas de chair grisâtre, musculeux, qui ouvrait sa gueule pleine de rangées de dents en s’étouffant, les branchies rougies par l’effort, gorgées de sang et plusieurs ailerons qui nageaient dans l’air sans y trouver la résistance de l’eau.
Des marins s’en approchèrent, tentant d’attraper la bête par les branchies et par la queue pour, en fin de compte, y perdre un doigt et l’autre, de se faire casser le bras. Même acculé, hors de son élément, la bête était dangereuse. Meurtrière, violente et surtout, assoiffée de sang. Une étrange fascination fit reluire son regard inexpressif tandis que la tête penchait sur le côté, jusqu’à ce que son épais turban gorgé d’eau ne tombe dans un bruit humide sur le sol. Un pas, puis un autre vers le squale échoué alors qu’une drôle d’euphorie était entrain de prendre l’équipage qui commençait alors à peine à fêter une victoire historique, du moins, à leurs yeux, sur la république.
Des instruments avaient été tirés des cales sèches, les tambours faits de coraux et de coquillages démesurés avaient été ramenés sur le pont. Une gigue démente, jouée par un équipage de coupe-jarrets qui avaient, avec quelques tonneaux de poudre, rappelé à la république pourquoi les pirates étaient les maîtres des océans.
Et par terre, le squale mourrait. Aussi, cinq doigt griffus plongèrent vers ses branchies qu’il saisit comme le col, avant que sa pince, ayant retrouvé sa mobilité, vint lui briser les cervicales avec la précision d’un boucher. Le requin, c’est bon, c’est plein de viande et de muscles. Le gras blanc ça fait des bonnes rations de survie, la chair rouge, bien que filandreuse, se conserve admirablement une fois séchée ou en saumure. Les ailerons, eux, et les branchies, font d’excellentes soupes bien que peu nutritives. Eustache se releva alors, tenant d’une main le squale avant de sentir des doigts grimper sur sa carapace et, regardant par-dessus cette dernière, il se retrouve nez à nez avec le second. Marimba, qui avait retrouvé son lustre blanc et ses jolies branchies roses. Un trille joyeux lui échappa, content de voir le vieux copain en pleine forme maintenant qu’ils avaient retrouvé tout deux leurs plus fidèle amante ; la Ginette.
Marimba cria quelque chose, que les autres marins reprirent en chœur et dans une explosion de joie et de rhum, ils décidèrent de fêter leur victoire sous le regard peut-être sévère, mais bienveillant (ou pas) du capitaine et de l’amiral.
Eustache, s’amusa à faire tourner le requin, dont le légendaire Doudou fit un toboggan avant de rejoindre ses camarades. Eustache, lui, se détourna de ses camarades. Pas parce-qu’il ne se sentait pas à sa place, non. Avec toute ces aventures, le homard était fatigué. Aussi, après avoir attaché le requin à un crochet de boucher, il se glissa dans les entrailles de la Ginette pour y retrouver sa possession la plus précieuse ; une énorme coquille vide d’un escargot de mer géant, s’y glissant en vibrant de toute sa carapace en poussant un trille bienheureux.
Il allait pouvoir dormir enfin, dormir, et rêver. Rêver du sang qu’il avait versé, de cet homme qu’il avait essoré.
Et d’Elle.
Qui les avait regardés depuis l’œil de la tempête.
Citoyen de La République
Perrine Trouillard
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J’étais subjuguée, évidemment. Qui ne l’aurait pas été devant le cas d’école qui se trouvait devant moi ? D’ailleurs, ils me le rendaient bien : le regard du garçon que je tenais dans mes bras débordait de gratitude. Je lui ai souri, un peu timidement. Finalement, je me sentais bien, moi aussi. Je crois bien que je n’ai jamais ressenti un tel mélange d’adrénaline et de fascination pure. Ça bout dans mes veines. Il se trouvait devant moi les plus beaux spécimens de Corruption vus à ce jour. Et j’allais avoir la chance de les étudier… Les Touchés me fixent avec leurs yeux éteints, mais étrangement confiant, et je dois bien l’avouer, la confiance est un luxe rare de nos jours. Pour être tout à fait honnête, les pustules qui parsèment leur peau à un laboratoire ouvert : un accès direct à tout ce que j’aime. Entre nous s’installe une forme d’intimité morbide, qui, bien qu’un peu glauque (juste un chouïa) me réjouit : j’ai le sentiment d’être leur point d’ancrage dans cette tourmente, et eux… et bien, ils sont l’objet d’une curiosité toute scientifique que je peux à peine contenir.
C’est alors qu’une voix familière, posée, mais impérieuse, vient percer cette bulle d’intimité. J’ai relevé la tête vers La Perfectionniste, mon ancienne professeure à Magic. J’ouvre la bouche pour lui répondre, mais avant même que je n’ai pu le faire, elle me prend par les épaules comme seule une professeure envahissante pouvait le faire, l’air de dire : “je me permets car je suis plus responsable et que toi tu n’es qu’une petite cancre qui n’écoute jamais rien”, et me force à m’asseoir sur une chaise. J’ai envie de la mordre. Franchement, j’ai passé l’âge d’être punie. Devrais-je lui rappeler que je ne suis plus son élève depuis exactement cinq ans et sept mois ? Je n’ai pas l’occasion de protester.
— Vous allez les faire rapatrier à Magic ? J’ai froncé les sourcils.
Au vu de la catastrophe de la journée, rapatrier les Touchés dans une école hautement fréquentée ne me semble vraiment pas la meilleure idée qu’il soit, mais elle continue d’appuyer sur mes épaules sans me laisser la moindre possibilité de protester. Après tout, ce n’est pas mon rôle… Je regarde mes mains, encore intactes – si ce n’est pour le reste des brûlures – et je souris légèrement. Un sourire que je garde pour moi.
— Facteurs de contamination, protocole sanitaire… Oui, oui. Bien sûr, Professeure.
Je crois l’avoir dit d’un ton suffisamment respectueux, malgré la moutarde qui me monte au nez. J’espère. Je ne souhaite pas vraiment entacher nos relations. Au fond, je sais que la théorie de contagion aérienne ou par contact est aussi solide que du papier mouillé. Parce que si cette “Corruption” devait me transformer, elle l’aurait déjà fait : j’ai été au contact non seulement des Touchés, mais aussi de cette affreuse créature… Et j’ai touché du doigt chacune de leur pustule sans la moindre conséquence. Alors non, il n’y a rien de transmissible ici. Je garde pour moi cette certitude, et j’enterre profondément ce léger frisson d’excitation scientifique…
Elle se détourne de moi, et il ne me faut pas une seconde de plus pour quitter la chaise sur laquelle elle m’a collé le cul. Je n’ai malheureusement pas le temps de retourner à mes observations qu’une autre présence se profile devant moi. L’Amiral en personne. Je l’ai maintenant suffisamment côtoyé pour savoir que c’est un as. Il donne le sentiment de se caresser le nombril à chaque fois qu’il ouvre la bouche. Par un mécanisme d'émulation aussi étrange que stimulant, je me découvre autant d'envie de l'étriper que de l'admirer. C’est doublement le cas quand ce charmant connard écorche mon nom en guise de salut. Il me prend de haut. Je l’écoute attentivement malgré tout et je songe à Paulo et Pierrick. Un frisson me court dans la nuque. Il se penche vers moi, près, trop près, en chuchotant. J’ai tourné la tête vers lui. Il me saoule avec sa grosse tête de Monsieur Parfait. Même ses cheveux n’ont pas bougé d’un pouce : ils sont toujours impeccablement coiffés. Je devais probablement être rouge pivoine derrière les brûlures (que ses ordres avaient d’ailleurs provoqué). Pas à cause de la proximité (bon, peut-être un peu), mais surtout parce que j’évaluais les risques et les opportunités à lui coller une bonne gifle. Je retiens mon souffle, forcée à sourire poliment par des années d'éducation aussi stricte que salutaire. Me tenir à carreau ? Sérieusement ? Je finis par lâcher, d’un ton sucré :
— Votre générosité n’a décidément pas de limites, Amiral. Un accès surveillé, des conseils avisés pour ne pas dire paternalistes... je vais finir par me sentir privilégiée. Je vous remercie pour les lunettes : je ne risque plus de rien manquer… surtout quand c'est aussi flagrant que votre attitude. Quoi ? Moi aussi j’ai bien le droit d’être à bout après une telle journée. Vous devriez vous montrer plus prudent, Monsieur Fallensword. Entre l’épisode du musée, et ça, – je note d’un regard éloquent le peu de distance qui nous sépare – vous risquez bien de nourrir quelques rumeurs indésirables.
Je le respecte à vomir, mais l’envie de l’empoisonner avec une flasque de sérum défectueux me titille sérieusement. Comme je suis d’une clémence irréprochable, je me contente de l’abandonner sur place. Il a au moins raison sur un point : il faut que j’aille voir de mes propres yeux ce qu’il s’est passé dehors. Mon regard s’assombrit lorsque je fais un premier pas hors de l'entrepôt. Dehors, c’est l’anarchie. Je me demande où est passée Vanay… j’espère qu’elle va bien. Et que le garçon qui nous a aidé va bien aussi. À mes pieds : un maelström de sang, de chair brûlée et de gémissements sourds. Les débris du navire gisent partout, éparpillés sur les docks. Des planches déchiquetées, des morceaux de métal tordus qui se confondent avec des entrailles encore chaudes. Je déambule dans une orgie de violence avortée. Et le silence me glace les os. La créature semble s’être évaporée… Le soleil se lève et m’éblouit un peu. Je crois que ça veut dire qu’on a gagné.
Mon pied bute contre un corps inerte au sol. Je baisse le nez, et je vois Pierrick.
Il ne me faut pas longtemps pour additionner 2 + 2 et pour comprendre ce qu'il s'est passé ici…
Perrine sent les poils de ses bras se dresser.
Et toute forme d’arrogance la déserte aussitôt.
C’est alors qu’une voix familière, posée, mais impérieuse, vient percer cette bulle d’intimité. J’ai relevé la tête vers La Perfectionniste, mon ancienne professeure à Magic. J’ouvre la bouche pour lui répondre, mais avant même que je n’ai pu le faire, elle me prend par les épaules comme seule une professeure envahissante pouvait le faire, l’air de dire : “je me permets car je suis plus responsable et que toi tu n’es qu’une petite cancre qui n’écoute jamais rien”, et me force à m’asseoir sur une chaise. J’ai envie de la mordre. Franchement, j’ai passé l’âge d’être punie. Devrais-je lui rappeler que je ne suis plus son élève depuis exactement cinq ans et sept mois ? Je n’ai pas l’occasion de protester.
— Vous allez les faire rapatrier à Magic ? J’ai froncé les sourcils.
Au vu de la catastrophe de la journée, rapatrier les Touchés dans une école hautement fréquentée ne me semble vraiment pas la meilleure idée qu’il soit, mais elle continue d’appuyer sur mes épaules sans me laisser la moindre possibilité de protester. Après tout, ce n’est pas mon rôle… Je regarde mes mains, encore intactes – si ce n’est pour le reste des brûlures – et je souris légèrement. Un sourire que je garde pour moi.
— Facteurs de contamination, protocole sanitaire… Oui, oui. Bien sûr, Professeure.
Je crois l’avoir dit d’un ton suffisamment respectueux, malgré la moutarde qui me monte au nez. J’espère. Je ne souhaite pas vraiment entacher nos relations. Au fond, je sais que la théorie de contagion aérienne ou par contact est aussi solide que du papier mouillé. Parce que si cette “Corruption” devait me transformer, elle l’aurait déjà fait : j’ai été au contact non seulement des Touchés, mais aussi de cette affreuse créature… Et j’ai touché du doigt chacune de leur pustule sans la moindre conséquence. Alors non, il n’y a rien de transmissible ici. Je garde pour moi cette certitude, et j’enterre profondément ce léger frisson d’excitation scientifique…
Elle se détourne de moi, et il ne me faut pas une seconde de plus pour quitter la chaise sur laquelle elle m’a collé le cul. Je n’ai malheureusement pas le temps de retourner à mes observations qu’une autre présence se profile devant moi. L’Amiral en personne. Je l’ai maintenant suffisamment côtoyé pour savoir que c’est un as. Il donne le sentiment de se caresser le nombril à chaque fois qu’il ouvre la bouche. Par un mécanisme d'émulation aussi étrange que stimulant, je me découvre autant d'envie de l'étriper que de l'admirer. C’est doublement le cas quand ce charmant connard écorche mon nom en guise de salut. Il me prend de haut. Je l’écoute attentivement malgré tout et je songe à Paulo et Pierrick. Un frisson me court dans la nuque. Il se penche vers moi, près, trop près, en chuchotant. J’ai tourné la tête vers lui. Il me saoule avec sa grosse tête de Monsieur Parfait. Même ses cheveux n’ont pas bougé d’un pouce : ils sont toujours impeccablement coiffés. Je devais probablement être rouge pivoine derrière les brûlures (que ses ordres avaient d’ailleurs provoqué). Pas à cause de la proximité (bon, peut-être un peu), mais surtout parce que j’évaluais les risques et les opportunités à lui coller une bonne gifle. Je retiens mon souffle, forcée à sourire poliment par des années d'éducation aussi stricte que salutaire. Me tenir à carreau ? Sérieusement ? Je finis par lâcher, d’un ton sucré :
— Votre générosité n’a décidément pas de limites, Amiral. Un accès surveillé, des conseils avisés pour ne pas dire paternalistes... je vais finir par me sentir privilégiée. Je vous remercie pour les lunettes : je ne risque plus de rien manquer… surtout quand c'est aussi flagrant que votre attitude. Quoi ? Moi aussi j’ai bien le droit d’être à bout après une telle journée. Vous devriez vous montrer plus prudent, Monsieur Fallensword. Entre l’épisode du musée, et ça, – je note d’un regard éloquent le peu de distance qui nous sépare – vous risquez bien de nourrir quelques rumeurs indésirables.
Je le respecte à vomir, mais l’envie de l’empoisonner avec une flasque de sérum défectueux me titille sérieusement. Comme je suis d’une clémence irréprochable, je me contente de l’abandonner sur place. Il a au moins raison sur un point : il faut que j’aille voir de mes propres yeux ce qu’il s’est passé dehors. Mon regard s’assombrit lorsque je fais un premier pas hors de l'entrepôt. Dehors, c’est l’anarchie. Je me demande où est passée Vanay… j’espère qu’elle va bien. Et que le garçon qui nous a aidé va bien aussi. À mes pieds : un maelström de sang, de chair brûlée et de gémissements sourds. Les débris du navire gisent partout, éparpillés sur les docks. Des planches déchiquetées, des morceaux de métal tordus qui se confondent avec des entrailles encore chaudes. Je déambule dans une orgie de violence avortée. Et le silence me glace les os. La créature semble s’être évaporée… Le soleil se lève et m’éblouit un peu. Je crois que ça veut dire qu’on a gagné.
Mon pied bute contre un corps inerte au sol. Je baisse le nez, et je vois Pierrick.
Il ne me faut pas longtemps pour additionner 2 + 2 et pour comprendre ce qu'il s'est passé ici…
Perrine sent les poils de ses bras se dresser.
Et toute forme d’arrogance la déserte aussitôt.
- Résumé:
- Perrine se fait disputer par maman Perfectionniste et papa Vandaos. Elle montre un peu les crocs, sort de l'entrepôt, tombe sur Pierrick... Et comprend qu'elle est responsable de bien plus que ce qu'elle imaginait.
CENDRES
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La Colère des Bougeoirs
ÉPILOGUE
Hélénaïs - Kieran - Pancrace - Bigorneau
Au dernier étage de l’imposante Tour Wessex, Quintia Wessex pousse la porte vitrée de la promenade et sort sur les balcons renforcés qui cintrent le haut de l’édifice en portant un plateau. L’elfe aux cheveux dénoués et aux rides naissantes aux creux des yeux à force de supporter les pressions du Conseil des Anciens s’avance un peu vers la petite table solidement rivetée au sol de la promenade et dépose ce qu’elle porte, un assortiment de biscuits aux céréals agrémentés de divers fruits sec et deux pichets de lait et de vin. Quintia s’avance ensuite en direction de la rambarde et observe la ville depuis le panorama surélevé de la Tour, regardant avec réserve les points fourmillants qui s’agitent dans les rues minuscules en contrebas. À une telle hauteur, les vents ont tendance à être bien plus violents et surprenant qu’à l’accoutumée et le vertige prend parfois certains des rares visiteurs par surprise, mais Quintia siège au Conseil depuis plusieurs centaines d’années et la Tour Wessex lui est bien plus que familière, son regard dévie sur les cales sèches en proie aux flammes au nord-ouest de la ville et ses yeux fins se plissent tandis qu’un sourire léger se fraye un chemin sur ses élégantes lèvres:
”Voilà qui devrait calmer les ardeurs du bâtard, cette journée finit par avoir du bon.” La femme a parlé à voix haute, mais elle n’est pas sûre que son invité l’ait seulement écouté. À vrai dire elle a ramené de quoi couper une éventuelle fin et soif mais elle n’est pas sûre non plus qu’il n’en éprouve le besoin. ”La manifestation touche à sa fin.” fait-elle en regardant les foules se déliter, les maigres clameurs qui leur parvenaient meurent aussi peu à peu pour se faire recouvrir par les murmures usuels du vent. ”Je ne dis pas cela pour vous chasser, bien entendu, mais je préfère toutefois que vous profitiez du chaos résiduel pour vous éclipser. Les forces de l’ordre continueront sans doute de quadriller la ville la nuit et il serait fâcheux qu’on puisse lier votre présence au sein de Courage à moi.”
Quintia reste impassible malgré l’absence de réponse de son invité, elle ne l’a pas souvent fréquenté mais elle sait suffisamment qui il est et elle a vécu assez d’expériences étranges au cours de sa longue existence pour ne pas être décontenancée par le comportement de celui-ci. Elle l’observe avec discrétion du coin de l’oeil, depuis qu’il est ici il n’a rien fait d’autre qu’observer la Mairie fixement presque sans bouger, surveillant la baie vitrée du bureau d’Arès avec une ferveur ironiquement quasi-religieuse et le tout dans un silence monastique. Ses yeux luisants travaillaient pour ajuster sa vue à travers les intempéries et maintenant qu’il faisait de nouveau un soleil radieux, la Wessex craignait même que quelqu’un ne le voie depuis le vaisseau volant de l’Amiral ou le ballon d’observation de la Général. Elle ne savait pas si son invité était réellement visible de loin, debout comme il était avec une jambe par dessus la rambarde du balcon, il avait un des clapets de son bras entrouvert, comme près à injecter la substance contenue dans la fiole à tout moment. Quintia se demandait bien ce qu’il pouvait surveiller comme ça et pourquoi il s’était tenu prêt à intervenir tout du long, mais elle n’a aucune légitimité à lui poser cette question, pas après le service qu’il lui a rendu. Éliminer certains des gros bras miliciens d’ennemis de la Grande Famille pour leur mettre une pression autre que simplement politique, Quintia avait trouvé le parfait exécuteur, mais elle s’était attendue à ce que le paiement ou du moins le retour de faveur ne soit trop onéreux. La demande de son invité avait finalement été plus que raisonnable, se résumant à un simple accès à la Tour Wessex pour la journée, et tout ce qu’elle avait à faire pendant sa présence, c’était de mettre en marche le brouilleur magique du Conseil tant qu’il était là.
”Sommes-nous désormais quittes? J’ose espérer que vous reconnaissez que j’ai honoré ma part de notre petit accord.”
Contre toute attente son invité esquisse un mouvement, et avec ses gestes résonnent le cliquetis des rouages tandis qu’un souffle rauque et caverneux agissant comme une parodie de voix s’élève pour lui répondre, Mortifère se tourne vers elle et se dirige vers la porte de la baie vitrée, refermant le clapet de sa fiole:
”Nous le sommes.”
Et dans un crépitement électrique caractéristique, il disparaît sous les yeux de Quintia.
Vanay - Kieran
Dans une des chambres à l’étage du Marsouin Blanc, le soleil fait timidement poindre quelques rayons de soleil à travers les rideaux tirés de la fenêtre. Le Prévôt du Razkaal aurait pu regagner ses propres appartements dans la Mairie mais après une journée aussi éprouvante que celle de la veille il y avait d’autres raisons plus douce qui l’avaient poussé à jeter son dévolu sur un endroit plus calme, moins fréquenté et surtout plus doux. Le Dragon de la forteresse maudite est debout, à écarter les rideaux de la pièce pour laisser la lumière entrer franchement dans la chambre et illuminer les courbes harmonieuses qui se cachent sous la couette du lit. Ils s’en sont tiré tout les deux, et c’est ça le plus important.
Une descente dangereuse dans les entrailles de la cité portuaire.
Une altercation avec l’Office Républicain.
Un combat contre un prêtre possédé par des puissances supérieures.
Un délit de fuite devant les forces de l’ordre les plus violentes de la République.
Une confrontation contre des pirates sanguinaires.
Un chaos sans nom sur les quais.
Une septicémie presque fatale.
Une entité corrompue venue d’ailleurs.
Ils en ont bravé des choses, et ils auraient eu toutes les occasions d’y laisser plus que des écailles, mais les deux Drakyns sont là le lendemain de cette cohue, sains, saufs, l’un profitant des quelques heures de repos avant de devoir retourner à sa mission qui l’appelle, l’autre à profiter des quelques jours de repos qui lui restent avant de devoir retourner aux affaires du Mouton Frisé.
Un petit moment d’accalmie après la violence inouïe de la journée d’hier.
Un son de cloche tire Kieran de ses pensées lorsque le pendule dans le couloir à l’extérieur de la chambre sonne neuf heure, et en voyant la chevelure de Vanay tracer des sillons rouges sur son visage paisible pendant qu’elle dort, un léger frisson descend dans le dos du Prévôt. Peut-être une sensation de déjà-vu. Comme à Liberty, la République a gagné la veille mais le plus dur reste à venir, il y a encore tellement à faire pour ramener de l’ordre dans cette nation, entre les aberrations de la science qui se baladent dans la nature, les entités corrompues qui s’attaquent désormais à la République, la menace des Titans et de leurs suivants qui plane au dessus de leurs têtes et les tensions avec le Reike, rien n’est fini et tout commence là. Un regard du Prévôt va à sa claymore fêlée, puis à sa douce endormie, ce moment de paix et de sérénité va bientôt prendre fin dès qu’il retournera à son travail, au final ce n’est que le calme avant la tempête n’est-ce pas. Dernier son de cloche de la part du pendule, il est venu le temps…
Ce n’est pas grave. Les fanatiques, les pirates, les Titans, les reikois, Mortifère, la Pègre… le Limier esquisse un sourire en plaçant son masque sur son visage, qu’ils viennent tous. Tant que lui et Vanay seront ensemble, ils peuvent bien essayer, ils ne les auront pas.
Takhys - Xera - Kieran
Quand le Dragon du Razkaal descend les marches du Marsouin Blanc pour arriver dans la salle commune de l’auberge, la malicieuse sirène accorde un regard à ce client très particulier. Sa discussion avec la salvatrice soigneuse de Naraim tombe au point mort pendant que Kieran quitte l’établissement après des au revoirs et laisse l’auberge en passant sa porte. La manifestation de la veille fut rude, et si Xera s’en est bien sortie et si Dame Suladran a rouvert ses portes tout juste le lendemain, cette dernière porte quand même les marques de ses exactions malgré les soins qu’elle a reçu. La sirène d’ordinaire si joueuse et athlétique reste assise sur un tabouret derrière son comptoir, une de ses jambes repliée contre son ventre pour faire un peu pression contre son ventre qui lui fait toujours un peu mal. Les reliquats des Bougeoirs feront longtemps parler d’eux à Courage, Takhys n’est pas prête de ne plus en entendre parler.
Les quelques autres clients attablés à cette heure un peu matinale ne font que discuter des évènements de la veille, conversant sur le changement du Maire, sur la peur de ce que les réfugiés vont apporter avec eux, sur l’état des quais après la manifestation et sur les rumeurs qui courrent. L’oreille attentive de la sirène écoute ces nouvelles à la véracité relative et plonge son regard dans les yeux de l’herboriste. La cité a changé, c’est indéniable. Avec la venue peut-être temporaire de la Maire Aldobrandini il y a peut-être une accalmie certaine des ferveurs Optimates qui sera envisageable, mais le commerce et le tourisme de la ville portuaire continueront d’essuyer les frais de ce soulèvement encore quelques temps. Suladran ne s’en fait pourtant pas au niveau des affaires, elle a peut-être perdu des hommes et des femmes pendant la journée d’hier mais s’il y a bien des gens qui tirent toujours profit des temps troublés, c’est bien le monde d’en bas.
Zéphyr - Bélial - Mirage - Leif - Ruby
L’élémentaire de vapeur doté de son éternelle expression d’ennui regarde à travers la fenêtre du premier étage de l’Ambassade en direction des grilles qui bordent le jardin du bâtiment. Plusieurs patrouilles d’Officiers sont en stationnement dans les rues aux alentours et les bleus n’ont vraiment pas l’air décidés à lâcher l’affaire, pourtant personne ne saurait dire où s’est réellement volatilisé le faux Révérend-Père Aginta il y a quelques jours à la fin de la bataille contre les aberrations de Shoumeï. Enfin… si, tout le monde sait le dire, mais étrangement dès lors qu’il faille étoffer les hypothèses avec des preuves il n’y a plus personnes. Au final c’est peut-être la seule chose qui parvienne encore à faire sourire Mirage, l’arnaque unilatérale sans aucune forme de contre-partie, et à l’idée d’avoir réussi à tirer profit de la situation sans qu’il puisse être incriminé, ses lèvres pinçant doucement le cul d’un cigare fumant se tordent pour esquisser un début de rictus qui meurt de suite dès qu’il entend les gonds de la porte travailler de l’autre côté de la pièce.
Un des employés de l’Ambassade entre dans le petit salon pour se joindre à Mirage et à son garde du corps posé dans un coin de la pièce sur un canapé. Le Démon installé confortablement regarde le jeune homme endimanché qui rapporte une lettre à l’Ambassadeur avant de retourner vers le cadre de la porte et de s’y arrêter, comme s’il venait de penser à quelque chose.
”Comment vont vos blessures Monsieur? Besoin de quelque chose?” fait le fonctionnaire reikois à Bélial.
En l’absence de soin de la part des Républicains, le véritable garde du corps de Mirage avait dû se reposer sur les moyens du bord bien moins soutenus de l’Ambassade pour palier à la balafre qu’il avait essuyé face au monstre de corruption. Baalthazar congédie l’employé sans plus d’expression, tandis que son patron observe la lettre avec une indifférence désinvolte. Le contact a été établi avec l’Empire reikois, ce qui signifie non seulement que bientôt les diplomates des deux nations vont pouvoir échanger en ce qui concerne les évènements de Courage, mais aussi que Mirage va pouvoir demander une extradition des reikois sous quarantaine dans le port et faire parvenir jusqu’à l’Ambassade de Courage un moyen permettant à l’Empire d’extraire le fameux Melkor qui se trouve actuellement dans la cave du bâtiment. Les volutes de fumée se dégageant de la bouche de l’élémentaire se délitent avant même d’arriver jusqu’au plafond, devenant autant invisibles que le mystérieux conseiller royal qui a acheminé le séparatiste en un éclair à l’Ambassade avant de disparaître dans la nature avant même que Mirage et Bélial n’y retournent. Étrange rencontre… bien étrange, même si le diplomate a bien sa petite explication sur le sujet.
Pancrace - Gunnar - Konrad - Arès
En faisant tourner son porte-plume lascivement dans ses doigts, le Divisionnaire Mollard le fait tomber sur le bureau du Commissaire Patrick, surnommé Patoche par l’ensemble de sa circonscription. L’objet projette quelques gouttes d’encre sur le bois vernis que Mollard s’empresse d’éponger avec un buvard avant que son supérieur ne s’en aperçoive, trop occupé à regarder avec consternation à travers la fenêtre. Le soleil de mi-Septembre est bien haut dans le ciel, radieux, étincelant même, mais il ne réchauffe pas d’un pouce la cité couragéenne à cause du vent frais qui souffle aujourd’hui depuis le littoral. Le Commissaire soupire un instant avant de reprendre la parole, suscitant l’attention de son subordonné:
”Le Préfet de Liberty a demandé un renfort de l’Office là bas, il disent que les travaux de remise sur pieds de la capitale toucheront bientôt à leur fin.” Un instant de silence suit cette déclaration et le Divisionnaire s’enfonce dans son fauteuil en tendant les jambes sous le bureau, comprenant implicitement où Patoche veut en venir. Celui-ci se retourne vers son collègue et retourne s’asseoir de l’autre côté du meuble. ”Va falloir muter. Pas le choix.”
”Nan mais je comprend hein, ils doivent être débordés là bas après tout, ils ont déjà les Effraies les trois quart du temps mais y’a tellement de criminalité à Liberty n’est-ce pas…”
”Je te jure que ça me ferait rire si c’était pas autant du foutage de gueule.” Patoche s’installe et commence à trier quelques dossiers pour en extirper une chemise qu’il tend à Mollard. ”Tiens, vu qu’ils vont certainement nous demander d’envoyer du monde là bas faut qu’on en profite pour faire du tri et un peu de rangement.”
”À commencer par?”
”Déjà le remplacement de l’autre guignol… Lightborn? ... Lightborn oui. Je t’ai recommandé pour la place.
”Ah euh, ben je, merci Commissaire ça me fait plaisir.”
”C’est mérité mon grand, mais ça veut aussi dire qu’il va falloir que tu te constitue une équipe de ton côté, et avant de partir faut remplacer ton unité. On va jouer aux sept Familles, il va me falloir un Divisionnaire à ta place et t’en profiteras pour aussi faire monter un Capitaine. Dosian à tout hasard.”
”Dosian? En tant que Divisionnaire?”
”Non bien sûr que non, certainement pas. Dosian comme Capitaine. Divisionnaire c’est un peu trop de grade pour lui, il avait déjà refusé une fois auparavant. Je l’avais rétrogradé parce qu’il fallait bien que quelqu’un paye pour l’Affaire Palladium mais la vérité c’est que c’est un bon élément, il l’a encore prouvé y’a quinze jours.”
”Mouais. Pourquoi pas, pour le poste de Divisionnaire du coup je pensais au Capitaine Bremer, lui pour le coup il n’a pas de bavure sur son état de service. Mais Dosian on pourrait en profiter pour l’envoyer à Liberty non s’il est problématique?”
Patoche grimace d’inconfort en faisant un non de la tête, il fait mine de se déplacer sur son siège pour masquer la réelle cause de sa frogne. S’il préfèrerait garder Pancrace ici à Courage c’est bien parce que l’Officier est justement un élément ni trop pourri ni trop zélé, le Commissaire lui-même a déjà eu recours à certains de services pour des petites commissions de rien du tout qu’il préfèrerait garder le plus loin possible des services d’investigation du SCAR ou des Effraies. C’est aussi pour ça qu’il compte bien empêcher le concerné de prendre trop de galon non plus, faudrait pas que Dosian se mette en tête de le faire sauter pour le remplacer.
”Et Lightborn du coup on a du nouveau?”
”Pas vraiment, pour l’instant personne n’est parvenu à lui mettre le grappin dessus. Je suppose que ça attendra la fin de l’enquête concernant le Maire Wessex pour plus d’avancements. Là le SCAR va surtout enquêter sur l’intégrité de Blaiddyd et s’ils ne trouvent rien de compromettant il récupèrera ses fonctions d’ici quelques mois, et puis sinon ce sera la vieille Aldo qui aura touché le gros lot parce qu’elle pourra finir le mandat. Du coup je pense que comme la pomme ne tombe jamais bien loin de l’arbre on verra sans doute Konrad refaire surface si Arès Wessex repose son cul sur le siège, il touchera sûrement une peine allégée ou juste une simple amende sais tu jamais, en attendant c’est pas mon problème et j’m’en fous.”
Les mains de Patoche claquent contre le bureau et il regarde Mollard avec des yeux un peu plus brillants:
”C’est pas tout ça mais il est déjà midi trente, je vais aller manger.”
”Ah ça, ça c’est une nouvelle qui me réchauffe le coeur, je te suis.”
”Magnifique, apéro d’abord?”
”Jamais dans l’exercice des fonctions Commissaires, on est gardiens de la paix avant tout. Après si c’est pendant la pause déj on exerce pas. N’est-ce pas?”
Leur rire de connivence accompagne le grincement des chaises sur le parquet ciré tandis que les deux hommes se lèvent.
Vandaos
Un doigt râpeux fait rouler la pierre du briquet et provoque une gerbe d’étincelle contre le silex pour faire apparaître une petite flamme dansante. Le temps couvert dehors plonge la salle du Conseil de la Défense dans une demi clarté à peine prononcée tandis que la minuscule flammèche enveloppe langoureusement le bout d’un cigare en embrasant le tabac à l’intérieur. D’un geste, le briquet s’éteint et les doigts de Falconi Genova se portent à ses lèvres pour retirer l’objet après en avoir tiré une première bouffée.
”Entrez.”
La porte de la salle de l’État-Major s’ouvre après une petite seconde sur le Contre-Amiral Fallensword, et contrairement à la chaleur joviale et aux rivalités électriques qui avaient animé la première venue de Vandaos dans cette pièce il y a maintenant plus de six mois, l’ambiance est nerveuse et pesante. L’expression du Président alors que l’officier de la Marine avance dans la pièce en refermant la porte derrière lui ne laisse aucun doute planer quant à la nature de sa convocation en ces lieux, il ne va pas passer un bon moment.
”Quatre-vingt sept morts.”
Accueillant le Contre-Amiral avec le bilan final de la manifestation des Bougeoirs la semaine précédente, le triple Président laisse lourdement tomber une chemise de documents sur la table de l’État-Major avec dédain. Son regard froid est difficile à cerner dans le contre-jour mais Vandaos peut très bien distinguer les contours plus sombres de ses sourcils froncé et surtout, la légère lueur du cigare qui se reflète dans l’unique iris orangée du chef de l’État. La noirceur de sa sclère donne un aspect presque menaçant à cet oeil dépourvu de paupière et éternellement écarquillé. Falconi Genova reprend la parole d’une voix placide, un calme trop serein pour une sanction en suspens:
”Et ô combien d’évitables. Le Directorat de la Societas exige réparation pour la perte de leur galion placé sous votre surveillance. C’est l’Amiral Littorina qui a pris le blâme public, mais nous savons tout deux ce qu’il y a dans ce rapport, mhm?” croisant les bras sur la table tout en se penchant légèrement en avant, Falconi poursuit sans laisser à son officier le temps de répondre. ”Je vais être clair, vous êtes ici sous une recommandation que je commence à reconsidérer après les erreurs massives qui ont été commises le cinq Septembre. Les pertes matérielles et humaines sur les quais découlent directement de vos actions et ce n’est pas à mon goût d’avoir un tel manque de sang-froid s’afficher publiquement parmi mes officiers supérieurs.”
Le Président s’écarte de la table pour s’enfoncer dans son siège, dépliant les bras pour s’appuyer contre l’accoudoir du fauteuil en passant une paire de doigts songeurs sur ses lèvres fines. Son oeil capable se plisse pour fusiller le Contre-Amiral du regard et il continue:
”La seule raison pour laquelle vous n’êtes pas simplement rétrogradé…” c’est parce que Falconi lui-même écoperait des retombées d’une aussi rapide démotion après avoir promu un aussi jeune élément au poste, mais ça même s’il peut le déduire, Vandaos n’a pas besoin de l’entendre. Pas de sa bouche. ”... c’est parce que Siegfried a été particulièrement convaincant concernant une éventuelle deuxième chance.” Et la Compagnie Horizon en remercie même l’officier. ”Vous mènerez donc bien l’opération sur Kaizoku, mais après ça… je vous ordonne de détacher une flotille et d’aller mener une opération extérieure de reconnaissance et de récupération sur les abords de ce qu’il reste de Port-Aurya.” Le ton du Président tranche bien trop avec la sévérité de son regard pour que ce soit bon signe. ”Vous n’aurez pas l’appui du SCAR parce que ce sera l’inverse, vous aurez pour mission d’établir un premier campement au sein des ruines de la cité, de tenir la position et d’investiguer sur les circonstances de sa chute. Vous fouillerez les restes de la ville à la recherche de ce qui peut constituer un quelconque intérêt pour la science et les arcanes, et vous mènerez éventuellement quelques études de terrain sur et autour de la ville en fonction des possibilités.”
Si l’ordre de mission paraît constituer un défi relativement éprouvant, la réalité des faits est bien plus oppressante qu’au premier regard. Accoster sans reconnaissance, pour une durée à priori indéterminée et sans savoir précisément ce qu’ils vont y trouver représente déjà des risques considérables quand on sait la puissance de ce qui a ravagé Port-Aurya il y a quelques semaines.
”L’échec ne sera plus une option. Contre-Amiral.”
Voilà, là réside donc la sanction qui pèse désormais sur le Fallensword, impossible pour Falconi de condamner autrement l’officier après les accords passés avec son patriarche et une éventuelle mise-à-pieds des opérations du Contre-Amiral aurait également laissé un goût amer au Président s’il devait forcer le Parangon de Justice à demeurer inactif, la meilleure option était donc ça, une mission suicide de haute difficulté, de laquelle le chef des armées ne pourrait ressortir que gagnant. Si Vandaos réussissait, Falconi obtiendrait une grande avancée pour la République sur les terres occidentales et un officier couvert de gloire au retour au pays, en cas d’échec, il pourrait librement se débarrasser du Fallensword. La balle est maintenant dans son camp.
”Disposez.”
Hélénaïs - Didier
”... levier contre Jacubin Doloré et le Sénateur Mirsk se retrouvera isolé. Ça nous permettrait de placer déjà quelques alliés de force au sein du Parti Genova et de mettre une place sur la sellette mais ça ne nous attirera pas que du bien, il faudra songer à partir de là à des alliances plus long terme.”
Les doigts de Cécilia Genova parcourent les divers feuillets étalés sur la table entre les dessins, les livres de politique et les différentes coupures de journal qui jonchent le meuble du salon. Assise confortablement dans le même canapé qui l’avait accueillie lors de sa dernière conversation avec feu le Sénateur Zelevas d’Élusie Fraternitas, Hélénaïs de Casteille écoute attentivement la discussion entre Didier et Cécilia en regardant dans le vide droit devant elle. Manoir de l’ancien candidat à la présidentielle et principal instigateur du scandal de la décennie, l’Affaire Palladium, Zelevas avait légué son domaine et une majeur partie de ses richesses à la jeune Sénatrice qui n’était pourtant pour le vieil homme que la fille d’un ami, pour des raisons encore floues. Toujours est-il que l’imposante propriété rénovée était maintenant plus qu’accueillante, le jardin avait retrouvé sa verve florale d’antan avec des bosquets de géraniums, parterres d’hostas et de campanules que la Sénatrice avait fait planter là, et l’intérieur avait reçu un coup de propre après quelques travaux pour retapisser les murs, rafraîchir les boiseries et le plancher usé et remplacer les carreaux troubles par des vitres neuves. Dans ce nouveau cocon excentré de Justice, les quatre complices avaient planifié pendant plus d’une semaine le retour de Cécilia à la vie civile et leurs plans se précisaient.
”Je pense que ça devrait le faire.” La nièce du Président passe une main contre sa nuque en se massant langoureusement le cou, elle accorde un sourire doucereux au marchand de l’autre côté de la table tandis que son regard se perd un instant dans le sien. ”Tout repose sur ton accès au Sénat Didier, si on arrive à convaincre mon oncle de te nommer à la place de Briyan Mirsk c’est gagné.”
Et pour convaincre le Président de faire une telle chose, les yeux de Cécilia se tournent ensuite vers la servante et confidente de la demoiselle dont elle s’est habituée à ce qu’elle serve d’yeux pour la Sénatrice.
”Je pense que nous sommes prêts. Vous pensez que vous parviendrez à obtenir rapidement une audience avec mon oncle Sénatrice? Je vous remercie encore mille fois pour votre aide Mademoiselle.”
CENDRES
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La Colère des Bougeoirs
ÉPILOGUE
Orifa - Verndrick - Carl
Les pupilles de jade du Serpent auraient pu se plisser de méfiance devant la menace qui lui était adressée à lui et à la mère Jenkins. La lumière blafarde qui s’engageait dans l’atelier de la vieille femme au caractère bien trempé mettait d’abord en évidence la poussière qui virevoltait en suspension entre ses quatre murs miteux avant de traverser la pièce mal éclairée en fuseaux lumineux pour se poser sur un établi plein d’outils et d’un réchaud à peine fonctionnel et couvert de suif de boeuf. Ça et là entre les couleurs aux teintes monochromes marrons-grises dues à la poussière omniprésente et les grincements incessants du plancher pourri à chaque pas des personnes présentes, l’ambiance tendue qui régnait dans la petite ciergerie artisanale était tendue à couper au couteau. Carl Sorince a pourtant un visage toujours aussi étrange, à l’expression à mi-chemin entre une douceur patiente et compréhensive et le sourire du prémisse de violence inouïe. En l’occurence, on tendait plutôt vers la deuxième option dans un futur très proche qui signerait l’arrêt du futur lointain de ses interlocuteurs. L’atelier de bougie tenu au milieu des Bougeoirs depuis plus de trente cinq ans par la mère d’un des Sanglots servait pour le chef de la Pègre de Justice de relai d’affaires pour le criminel, un point stratégique bien pratique pour son ’commerce’ depuis que le Baron de la pègre reikoise Vaenys Draknys en personne lui avait confié la gestion de la ville bordant le Lac Rebirth et de son réseau criminel du Balancier. Seule ombre récente au tableau, la ville portuaire avait subitement diminué ses transits de marchandises illégales en direction de Justice, et en l’absence d’explication il avait refait le trajet jusqu’à Courage.
D’ordinaire la vieille Jenkins exige toujours de conduire les affaires sales en dehors de sa boutique, mais il faut croire que ses demandes étaient tombés dans les oreilles sourdes des six gaillards qui étaient entrés à l’intérieur tantôt. Carl les avait patiemment écouté tandis que celui qui s’apparentait au chef de cette petite bande lui avait expliqué que désormais, la loi à Courage était celle de leur chef, le Baron. Le Serpent avait d’abord cru à une mauvaise farce, peut-être une colossale erreur de la part d’un nouveau petit caïd qui ne savait pas qu’il s’adressait au bras droit de ce même Baron, mais quand il fut clair que son Baron et ce Baron n’étaient pas les mêmes entités, le sourire du Serpent se mis à exprimer autre chose.
La Pègre de Courage était vraisemblablement tombée aux mains d’un nouveau boss, un type qui se fait appeler le Baron -titre ayant suscité la confusion du bras droit de Vaenys, le Baron- et qui a apparemment profité de l’agitation des Bougeoirs il y a deux semaines pour tirer son épingle du jeu. Dès la fin des manifestations le cinq au soir, les coups de pression se sont démultipliés dans le monde souterrain de la ville et les gangs criminels majeurs de Courage ont été forcés ou bien de courber l’échine, ou bien d’accepter la réalité qu’il leur était plus profitable de rejoindre le réseau de ce nouveau Baron plutôt que de s’y opposer. Ça signifiait donc sans doute qu’avec cette nouvelle figure à la tête Courage il allait falloir jouer de diplomatie et négocier des arrangements si le Serpent voulait continuer ses trafics, mais ça ne voulait certainement pas dire que ces merdeux pouvaient s’inviter impunément chez Madame Jenkins sous le nez de Carl ni s’adresser de la sorte à quelqu’un dont ils ignoraient clairement tout. Lorsque le sourire sardonique de Sorince s’étire un peu plus sur ses lèvres, la moitié des gaillards bien mal avisés se retournent en entendant la porte de l’atelier s’ouvrir et découvrir le visage fou d’Alexeï dans le cadre de l’entrée, avant de voir Darius sortir à son tour de l’arrière boutique.
Puisque le Baron de Courage est nouveau, autant lui adresser un petit message de bienvenue.
Perrine - La Perfectionniste
L’assistant Monsart Dagotwin vérifie une dernière fois que son masque est bien en place, il regarde ses gants et réajuste sa blouse. Un soupire de plus et il ferme les yeux en se préparant au pire. Il avait passé ces portes dans l’autre sens il y a un peu plus de cinq heures maintenant et l’intervention n’est toujours pas terminée, il y a fort à parier que l’état de leur patient a grandement évolué entre ce moment et maintenant. Rassemblant donc un peu de courage, le médecin assistant pousse les portes du bloc opératoire de l’hôpital de la Croix Bleue. À l’intérieur de la salle carrelée et précautionneusement entretenue, cinq autre mages, soigneurs et médecins s’affairent au dessus d’un table d’opération sur laquelle un homme inconscient est allongé. L’assistant regarde avec un léger rictus horrifié la quantité de sang qui macule les blouses, la table et les outils. Cette opération n’a vraiment mais alors vraiment rien de classique. Approchant un peu plus du groupe de spécialistes de la santé, il se fraye une place jusqu’au Touché encore plongé dans les vappes par le lourd anesthésiant qui court dans ses veines, on a certainement dû lui redonner une énième dose récemment vu qu’avec les pertes d’hémoglobine les effets du produit se dilapident rapidement.
”Ciseaux McIndoe” fait-il en tendant un outil au chirurgien en chef.
L’opération est ardue, d’ordinaire les mages de soins se contenteraient de résorber les hémorragie et d’empêcher que l’état du patient ne se dégrade singulièrement pendant le processus, mais là… le Touché réagit à chaque tentative de soin et la corruption progresse sur le corps du patient dès qu’ils tentent de refermer les plaies trop prononcées. Le ventre à ciel ouvert du patient démontre bien que son anatomie subit des changements progressifs selon les parties affectées mais que son fonctionnement physiologique reste globalement assimilable à du vivant. Aux côtés des opérants, une des deux femmes qui supervisent les vivisections est encore là, l’autre, l’ange avec l’estomac moins accroché, est certainement quelque part dans l’hôpital entrain de marquer une pause. La petite blondinette observe avec un grand intérêt les tissus déformés et l’évolution du mal sur les membres et la peau du Touché, pour une certaine raison sa magie à elle permet de résorber l’affliction du patient et c’est qui permet aux médecins de jouer à un dangereux yoyo en alternant entre soins magiques pour éviter une mort certaine au Touché aux prix d’une progression de sa corruption, et un résorption de sa condition pour poursuivre l’étude de la pathologie. C’est également pour cette raison qu’une quantité absolument faramineuse de sang pour un seul être humain a été versée, puisque le précieux carmin est régénéré à répétition. Monsart observe calmement la jeune femme prendre des notes, demander aux chirurgiens de procéder à tels ou tels manipulations, tester les réactions de la corruptions à divers produits et substances. Si lui est plutôt répugné par toute l’étude et par son processus qu’il trouve bien éloigné de l’éthos médical, il est également impressionné par le calme olympien du chirurgien qui répond sans objecter aux demandes de la jeune scientifique. Certaines rumeurs courrent dans l’hôpital à propos du chef opérant arrivé ici en début d’année, racontant qu’il aurait participé au Projet Palladium. Monsart n’est pas du genre à se préoccuper des bruits de couloirs d’habitude mais il doit bien avouer que maintenant il ne peut s’empêcher de se demander si c’est vrai, tout comme il n’a aucune envie d’en obtenir la réponse.
”Dagotwin?” La voix agacée du chirurgien en chef tire l’assistant de ses pensées. ”Curar zéro douze.”
”Tout de suite.” Il n’a pas le temps de rêvasser, il reste encore beaucoup à faire avant de pouvoir recoudre le patient et le délivrer de sa condition.
Léonora - Athénaïs - Leif
Les tilleuls murmurent leur doux bruissement sous la caresse délicate du vent qui fait frémir leurs feuilles, Une mosaïque de lumière danse en un kaléidoscope de dentelles sombres sous les rayons de soleil qui parviennent à traverser le feuillage morcelé des arbres pour reluire sur les herbes vertes en contrebas. La légère brise qui souffle sur le cimetière militaire du Levain fait briller le gazon en le parcourant de reflets ondulant tandis que le vent emporte avec lui quelques pétales roses virevoltant des clérodendrons en fleur. Dressées en rang comme les soldats d’une armée éternelle, les pierres tombales en apatite apportent une touche bleutée au couleurs de fin d’automne et de l’après-midi plus tardif. Sur ce tableau poétique dépeignant pourtant une triste mélancolie existentielle, une femme est debout dans les rangées de défunts, son uniforme noir apporte une sobre tache d’encre à une toile autrement vive comme si le deuil n’y avait cruellement pas sa place.
En face d’une énième tombe toute neuve aux gravures distinctes, la jeune femme demeure silencieusement tête baissée devant la sépulture de ce qui fut autrefois plus qu’un homme, un ami. La terre encore fraîchement retournée n’a pas laissé le temps à l’herbe de pousser pour masquer les marques de l’enterrement devant la stèle funéraire et la Lieutenant de Hengebach semble absente, ses yeux perdus dans le vide du sol meuble, à contempler une mortalité qui a rattrapé une fois de plus ceux qui lui était cher. Le vent souffle doucement contre son uniforme de cérémonie et balaie ses cheveux laissés libres dans son dos, tandis qu’une première goutte de pluie tombe sur la terre meuble de la tombe de Leif Brynjolf. Relevant la tête en se pinçant les lèvres, Léonora sourit amèrement au ciel d’un azur immaculé, avant de respirer un grand coup, il est temps d’y aller. Elle s’agenouille pour déposer une gerbe de fleurs devant la sépulture et récupère un dernier objet de sa poche pour le laisser en offrande sur la pierre tombale, une bouteille d’amer d’orange, un des alcools favoris du défunt. Un ultime salut militaire, et Léonora de Hengebach sort du cimetière du Levain, la gorge serrée et une nouvelle lueur dans le regard.
La silhouette qui l’attend à la sortie se tourne à son approche, un respect mutuel s’échange dans un silence lourd et d’un signe seulement de la tête, la Général de Noirvitrail invite sa subordonnée à monter dans la diligence qui les ramènera à la caserne. À peine quelques semaines après la manifestation des Bougeoirs qui a ébranlé Courage, les forces armées de la République s’apprêtent à rendre la monnaie de leur pièce aux pirates qui ont osé semer le trouble pendant l’expression démocratique du peuple. Léonora inspire profondément et relâche ses épaules en montant à bord du véhicule, suivie par la Général. Prochaine étape pour la IIIème, Kaizoku.
Fulgurys - Jamby
Dans une salle de réunion à Liberty au siège des Effraies d’Acier, les Coordinateurs spécialistes ainsi que chacun des Capitaines d’escouade attendent patiemment l’arrivée du Commandant des Effraies d’Acier dans une ambiance extatique. Depuis la création du corps d’élite par la Loi Égide passée l’année dernière au Sénat, l’unité expérimentale approche désormais de sa première année d’existence, et plus particulièrement de ses sept premiers mois de fonctionnement sous la direction plus intransigeante du nouveau Consul Conservateur. Suite à la restructuration des Effraies en Février dernier, les soldats ont ensuite manqué d’occasions de pouvoir s’illustrer proprement, mais l’opération de sécurisation de la Mairie pendant la manifestation des Bougeoirs il y a plusieurs semaines a permi aux troupes d’élite de non seulement prouver leur efficacité mais aussi de démontrer leur utilité. En laissant non seulement l’Office se concentrer pleinement sur leur mission dans les rues de la cité portuaire grâce au soutient des Effraies au sein même de la Mairie, à la coordination supplémentaire apportée par l’unité grâce à ses agents de liaison déployés au Quartier Général ainsi qu’à leur investigation du réseau d’égoût et à la neutralisation subséquente de la menace qui s’y tapissait, le commandement du corps d’élite a de quoi être fier de sa première grosse opération et de son bilan du cinq Septembre. Tandis que le Commandant des Effraies d’Acier entre dans la salle avec un sourire aux lèvres, les Capitaines se mettent à applaudir brièvement avant que le sérieux et la rigueur militaire n’appelle de nouveau au silence une fois que leur supérieur se poste en position derrière le bureau pour prendre la parole.
”Soldats, vous avez raison de pouvoir vous applaudir. Notre mission est un succès colossal et c’est entièrement de votre fait.” Une nouvelle vague d’auto-congratulation se répand tandis qu’une paire de sifflements accompagne cette fois les propos du Commandant, celui-ci reprend la parole et provoque de suite un silence respectueux. ”Dans les documents que je vous distribue vous trouverez le bilan complet de notre opération ainsi qu’un récapitulatif des évènements. Je vais revenir sur certains points qui ont fait défaut à notre organisation et à notre préparation pendant notre déploiement à Courage, puis je vais vous laisser prendre pleinement connaissance des caractéristiques de notre opération.” Donnant les dossiers à un des militaire du premier rang, le Commandant retourne à son bureau pour continuer tandis que les Capitaines et les Coordinateurs se passent les papiers et prennent connaissance de leur contenu. ”Je souhaite également féliciter notre Coordinateur en Magie, Fulgurys, pour sa performance exceptionnelle lors de l’opération. Son intervention dans les rues et les égoûts de Courage a sauvé d'innombrables vies et nous a permi d’éviter un des pires scénario possible lors de cette manifestation.”
Fulgurys assis dans la salle au milieu de ses trois autres confrères, sent des tapes dans le dos de la part de ses camarades derrière lui tandis que d’autres se tournent pour lui adresser des signes approbatifs.
”Fuglurys c’est avec un grand plaisir que je vous annonce que le Consul de la République souhaitera vous rencontrer pour vous remettre en personne une distinction militaire, ce sera la première de l’histoire de notre institution, je vous paierai le champagne.”
Une vague de sifflements et de raillements de franche camaraderie parcourt la petite assemblée tandis que le Commandant reprend:
”Voilà, on s’est bien saucé maintenant je vais vous demander d’ouvrir le dossier à la page deux et je vais retoucher deux mots sur l’établissement de périmètre et l’interaction avec les institutions alliées sur le terrain en cas de surveillance d’un périmètre à ligne de vue occultée.”
C’est une première grosse victoire pour les Effraies d’Acier, mais comme le mal ne dort jamais sur Sekaï il est certain que ce ne sera pas la dernière, et que chacune d’entre elle devra s’arracher au sang et à la sueur des membres des Effraies.
Jamby - Leif - Léonora - La Perfectionniste - Doudou
Des petits pieds lèvent des gerbes d’éclaboussures en courant dans les quelques flaques d’eau croupie de l’étroite ruelle, au dessus de la gamine les toits et les balcons improvisés du Quartier des Bougeoirs cachent partiellement le soleil timide de cette fin de Septembre et jettent des nappes clair-obscures sur le dédale d’allées maladives et insalubres. Ici rien n’a vraiment changé, enfin pour le moment. Les adultes parlent beaucoup de travaux, d’arrivées d’aides, à ce qu’il paraît il y a du changement, mais Alice est trop petite pour tout comprendre et elle a besoin de voir des choses concrètes pour bien saisir les trucs importants. Y’a des rues qui se sont déjà bien améliorées, ce sont surtout les trois gros boulevards, y’a eu beaucoup de changement là bas, des gens sont venus, ils sont restés longtemps en prenant tout un tas de mesures et en regardant partout, un peu comme des policiers mais pas vraiment. Pour le reste… on lui dit que ça viendra, qu’il faudra attendre, toujours les mêmes excuses, toujours les mêmes paroles.
Alice court en serrant bien fort l’objet qu’elle tient contre sa poitrine, sa cavalcade à travers les ruelles un peu froide des Bougeoirs la mène de fil en aiguille jusqu’à une impasse nichée au coeur du labyrinthe d’allées sombres et de couloirs biscornus où plusieurs voix font entendre des liturgies mélodieuses. La petite s’arrête doucement devant l’entrée de l’impasse et regarde à l’intérieur. Contre les murs exigus, une rangée d’hommes et de femmes sont adossés silencieusement dans une posture religieuse, les mains jointes contre leurs cuisses et la tête légèrement inclinée par manque de place, écoutant les quelques fervents qui chantent au fond de l’allée. Alice s’engage à l’intérieur en frôlant le mur de gauche pour ne pas déranger les communiants en pleine prière et s’avance jusqu’au fond où une lueur chaude et dansante brille à côté des chanteurs. Les habitants des Bougeoirs ont érigé ici un petit autel rudimentaire à l’aide d’une lourde pierre et de quelques tissus ornementaux brodés eux-mêmes, des offrandes et des bougies jonchent la petite stèle en fonction des moyens du bord, quelques dessins bien au sec grâce aux cierges allumés, seule denrée commune au sein de l’ancien quartier industriel, des objets de défunts, quelques pièces qui disparaîtront sans doute d’ici un ou deux jours au passage de miséreux trop pauvres pour respecter la spiritualité de leurs pairs, quelques aliments qui suivront sans doute le même destin. Des autels comme celui-ci il y en a des dizaines qui ont commencé à apparaître dans le quartier défavorisé depuis la fin de la manifestation pour honorer le nouveau saint patron des Bougeoirs, mais la petite fille a une raison particulière d’être spécifiquement venue à celui-ci précisément. Alice s’approche de la stèle et commence à sentir une légère larme lui monter à l’oeil. Elle hésite un instant, sa lèvre se met à trembloter doucement tandis qu’elle essaie d’être courageuse et de se retenir de pleurer. Ses petites mains tendent alors la sculpture en bois qu’elle a façonné elle-même avec son couteau ces derniers jours pour la déposer aux côtés des offrandes qu’elle avait placé là il y a deux semaines. Elle cale bien précautionneusement la statuette du saint patron entre le gobelet sculpté de son père et un morceau de kilt. Fixant avec un regard incertain le petit nain ventripotent en bois qui surveillait les objets des défunts, Alice grimace malgré elle quand la colère injuste tord sa bouche.
Peut-être qu’elle est trop jeune pour comprendre beaucoup de choses et les histoires des adultes c’est toujours très compliqué, mais elle a grandit dans la misère, elle a traversé le monde entier pour échapper à la mort qui est finalement venue cueillir son père ici, elle se débrouille toute seule depuis presque un mois maintenant. Elle est bientôt grande, alors elle sait, elle sait qu’elle aussi elle a envie de lutter contre tout ça, comme la Lieutenant. On lui dit qu’elle est trop jeune pour s’engager, on lui dit que ça viendra, qu’il faudra attendre, toujours les mêmes excuses, toujours les mêmes paroles, mais elle sait. Ses petites mains éreintées par l’épée en bois avec laquelle elle s’entraîne tout les jours depuis le cinq se serrent de rage. Elle leur montrera, comme Hengebach, elle leur montrera aux méchants ce que c’est que la colère des Bougeoirs.
La Perfectionniste - Hélénaïs
Les Officiers Républicains sont omni-présents, postés en nombre à chaque ruelle, chaque porte et surveillant les angles dans toutes les directions possibles, les forces de l’ordre ont bien sécurisé l’un des trois axes de navigation important du Quartier des Bougeoirs pour préparer la venue de la nouvelle Maire temporaire de Courage ainsi que celle d’une des prestigieuse Pléiade de l’Université MAGIC. Accompagnés par le Doyen Hensworth, Lucia Aldobrandini et la Perfectionniste marchent le long du passage étroitement surveillé par les Officiers pour parvenir jusqu’à une intersection imposante où tout les pavés ont été retirés pour ne plus laisser que le lit sablonneux de sédiments en dessous. La Matriarche regarde avec grand intérêt les façades des bâtiments qui bordent le carrefour et dont la plupart ont été abattues pour être rénovées. Un des premiers chantiers de ce qui promet d’être une série projette de ravaler le Croisement des Lanternottes et de détruire une des habitations insalubres pour en faire une petite école digne de ce nom sous la supervisation d’Inana.
Plus d’un mois s’est écoulé depuis que l’Ange et la Sénatrice de Casteille se sont débattues avec la délégation shoumeïenne pour leur garantir un changement quelconque, et ce chantier de construction sur lequel s’affairent plusieurs ouvrier recrutés parmi la population des Bougeoirs est un premier pas prometteur qui a fait beaucoup de bien au sein du Quartier. Les sceptiques et les aigris prétendent bien sûr toujours que le Croisement des Lanternottes ne sera qu’une diversion, une itération unique pour mettre un peu de pommade sur la manifestation d’il y a un mois afin de donner un prétexte au Conseil Tri-Parti pour se lover dans l’inaction plus tard, d’autres avancent encore que le projet d’école ne sera qu’un piège quelconque qui manipulera encore une fois la populace des Bougeoirs dans un faux sentiment d’écoute, mais ce qui est sûr c’est que grâce à ce projet, il y a au moins un peu d’espoir qui est revenu chez les habitants du quartier défavorisé et qu’une bonne centaine d’emploi bien que temporaires ont été générés pour l’occasion. La Maire tourne la tête en direction d’un garde-fou qui protège les abords d’un gouffre excentré de la chaussée et lève un sourcil interrogateur en le pointant du doigt:
”Je croyais qu’il serait impossible de faire placer de nouveaux puits dans cette partie de la ville, il me semblait que les sous-sols phréatiques étaient contaminés par les déchets des abattoirs non?”
Et les croyants de ces rumeurs de conspirations auraient pourtant bien raison de voir le mal partout, Lucia Aldobrandini avait certes accepté la formation du Conseil Tri-Parti mais elle avait également validé sans broncher le fait d’en peupler son tiers neutre avec des érudits choisis parmi les spécialistes des domaines du moment selon les problématiques actuelles du Conseil. Ce qui est pratique avec les savants, les chercheurs et les autres spécialistes, c’est que ce sont souvent, bien souvent, trop souvent des personnes dont l’autonomie financière repose d’un côté sur le soutient de lobbys, d’investisseurs privés ou d’institutions de leurs domaines et de l’autre, de la visibilité de leurs publications. Autrement dit, les ficelles qui permettent de faire ployer ces personnes bien précises sont d’autant plus faciles à tirer que les cibles sont individuelles et aisément effrayées par des menaces d’ostracisme ou de censure plus ou moins directes de leurs travaux.
”Et bien c’était ce que nous croyions, jusqu’à ce que l’Université ne trouve un moyen de purifier l’eau puisée à même le puit. C’est une solution beaucoup moins onéreuse à mettre en place que de purifier tout les souterrains et ça permettrait d’établir plusieurs dizaines de points d’accès à de l’eau potable à travers les Bougeoirs.” Le Doyen Hensworth est tatillons, loin d’être ignorant des pressions qui existent encore entre les membres du tier Bougeoirs du Conseil et le reste, il est néanmoins d’une physionomie beaucoup plus avenante qu’au cinq Septembre.
”Formidable.” fait la Maire avec un regard admiratif envers la Pléiade.
Lentement, tandis que le Doyen, la Maire et la Perfectionniste écoutent attentivement les explications du contremaître sur les avancements du chantier et qu’il montre les dessins et les plans de la construction aux trois personnalités, une masse de gens mi-curieux mi-enthousiastes vient s’amasser contre les rangs d’Officiers qui barrent la voie pour venir apercevoir la nouvelle Maire et la bienfaitrice du Quartier. Ce qui est certain c’est que l’Ange suscite un avis assez mitigé au sein de la population des Bougeoirs, provoquant à la fois jalousie, accusations pour certaines d’hypocrisie et pour d’autres de traîtrise à caractère plus religieux, mais suscitant également un profond respect pour les plus fervents des divinistes tandis que les petites gens moins extrêmes ou moins dubitatifs sur la questions apprécient surtout les efforts concrets d’aménagement de leur quartier financés par la Pléiade. Une agitation excitée commence à se répandre en voyant les leurs travailler à l’amélioration de leurs conditions de vie tandis que la fameuse Ange se tient debout devant les fondations de l’école en question, et l’espace d’un instant, le peuple de Shoumeï a le droit d’entrevoir un futur.
Un son de cloche frappe dix heures depuis une des deux églises divinistes des Bougeoirs qui, bien qu’elles n’aient toujours pas rouvert leurs portes, ont déjà entamé leurs travaux de rénovations grâce à un financement conjoint entre la Mairie et des fonds privés, et même si le Conseil Tri-Parti demeurera toujours à moitié aux mains des conglomérats à cause de la composition de son tier neutre, même si dans l’ombre des quartiers plus riches les Bougeoirs seront obligés de courber l’échine, même si la population républicaine maintiendra toujours une certaine méfiance à l’égard des croyances religieuses de l’ancien Shoumeï, ce son de cloche aussi, c’est une petite victoire.
Bigorneau - Saumâtre - Doudou - Eustache
Le vent gonfle les voiles du brick qui file sur les mers le long de la côte. Advar observe ses compagnons qui s’affairent à manipuler les cordages de leur embarcation assez maladroitement, lui non plus n’est pas très doué en navigation mais il se débrouille un peu. Suffisamment en tout cas pour que l’équipage improvisé n’ait pas naufragé jusqu’ici. Enfin on ne parle pas non plus de malheur. Marchant un peu plus sur le pont du bateau commercial volé au port de Courage, le shoumeïen et ses camarades essaient coûte que coûte de garder la tête haute et un moral qui le soit aussi autant que possible. Après la manifestation des Bougeoirs il y a un mois, Advar sait que rien n’a réellement changé, il y a eu des mesures, des chantiers, il y a eu quelques améliorations.
De la merde. De la poudre aux yeux.
Il n’est pas dupe, enfin il n’est plus dupe, il l’a été, il ne le sera plus.
En quittant le Shoumeï il y a quatre ans, Advar Thorfindra avait renié ses racines en choisissant la fuite plutôt que la mort, mais il avait cru en une valeur nouvelle qu’il avait dédaigné une bonne partie de sa vie, une valeur que ironiquement, les Républicains chérissaient tendrement alors qu’ils en étaient le plus éloignés possible: la liberté. Enfermés dans leurs illusions de liberté par les conglomérats et les politiciens qui tiennent ce pays d’une main de fer, les citoyens de la République sont tout autant des bagnards déguisés que ne l’étaient les dociles fervents qui obéissaient au doigt et à l’oeil au clergé shoumeïen, il suffisait de voir avec quelle diligence le pays avait basculé dans la violence à l’époque pour assouvir la soif de sang de la tuteur du Haut-Prêtre pendant la purge nobiliaire, ou comment la République avait accepté de courber l’échine sans broncher devant ses propres lois lorsque le Wessex était arrivé au post de Maire après avoir été soi-disant réélu (soi-disant puisque personne n’a accès au résultat des élections sauf les sbires de l’État). Le potier avait donc réuni avec lui une poignée d’autres rebus du système comme les bleus disent, et ensemble ils avaient fait quelque chose que les grands de ce pays leur interdisent formellement: ils avaient rêvé.
Rêvé d’une vraie vie avec un sens, rêvé d’une quête de liberté, rêvé de richesses, de liberté, de tout ce qu’un homme peut vouloir et ne jamais avoir dans un système aussi froid et mensonger que celui de la République qui leur fait miroiter monts et merveilles sans jamais leur concéder une pièce de bronze. Ce n’est pas un hasard si Advar et ses camarades se sont tournés vers la piraterie, ils étaient là à la manif, aux Bougeoirs, au Boulevard, ils ont entendu l’Amiral. Ses mots avaient trouvé un écho dans le coeur de Thorfindra mais aussi dans bien d’autres et ils avaient résonné avec une vérité évidente. Advar se précipite au bord des bastingages en entendant les éclats de voix de ses compagnons, il se penche par dessus la rambarde pour constater avec effarement que l’eau se met à s’agiter de façon surnaturelle contre la coque de leur navire et d’un seul coup, un fracas terrible commence à retentir.
Ils ont finit de rêver.
Comme la gueule d’un Yagim sorti des profondeurs, la proue de la Ginette fracasse férocement la coque du brick et éventre l’embarcation en la clouant sur place tandis que les pirates de Brumerive se ruent sur le pont de leur vaisseau, sabre au clair.
”ON EST DES VÔTRES!” Advar lève les mains en l’air et recule de quelques pas devant une Nausicàa souriant voracement en le regarder des pieds à la tête, ”On… on… on vous cherchait, moi et mes compagnons nous souhaitons rejoindre votre équipage. S’il-vous-plaît.”
L’impitoyable Amiral de la Flotte Sans-Nom aurait sans doute pu se méfier et croire à une ruse, si ce n’était pas la quatrième fois que des défecteurs des Bougeoirs rejoignaient les rangs de Brumerive ce mois-ci. Le malaise d’Advar trahit son incertitude quand il regarde les dents carnassières de Bigorneau se dévoiler en un sourire immense.
”J’veux devenir un pirate… mon Amiral.”
CENDRES
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La Colère des Bougeoirs
RÉCOMPENSE
GAINS DE CRÉDITS:
Didier, Perrine, Takhys, Vanay, Bélial, La Perfectionniste, Zéphyr, Fulgurys, Leonora, Athénaïs, Kieran, Ruby, Vandaos, Gunnar, Pancrace, Verndrick, Orifa, Carl, Mirage, Hélénaïs, Bigorneau, Doudou, Eustache: +980 crédits
Leif: +910 crédits
Xera, Jamby: +870 crédits
Konrad: +800 crédits
Saumâtre: +560 crédits
Arès: +280 crédits
RÉCOMPENSES EN PALIER DE POUVOIR:
Sur cette évent, je vous donne le choix entre deux options:
Option 1: +4 Utilisations de Palier 2 et +2 Utilisations de Palier 3
Option 2: +1 Utilisation de Palier 4
Pour obtenir votre récompense de palier de pouvoir, il vous suffira de m'envoyer un MP forum sur le compte Falconi Genova avant le 13/11 avec votre choix.
RÉCOMPENSES UNIQUES:
Groupe Civil (Didier, Perrine, Jamby, Carl, Takhys, Vanay, Zéphyr, La Perfectionniste, Xera, Konrad):
Don du Rassasié: Au contact, permet une fois par RP de faire régresser la corruption d'un objet ou d'une personne pour lui rendre son état initial. Ne fonctionne que sur les corruptions d'origine titanesque (ne fonctionne pas sur l'Arbre-Monde)
Groupe Gardien de la Paix + Groupe Négociateurs (Pancrace, Gunnar, Mirage, Bélial, Hélénaïs, Orifa, Verndrick, Fulgurys, Kieran, Ruby, Vandaos, Léonora, Athénaïs, Arès):
Arme et Armure Spéciale: Acier des Miséreux. Ce métal aux propriétés changeformes a été fabriqué à partir du corps d'Hestian Monsoul à l'évènement La Colère des Bougeoirs. Votre PJ gagne un objet ou une arme de son choix (à la discrétion du MJ) forgé en ce matériau, l'objet pourra ensuite prendre la forme que son utilisateur désire selon une simple pensée et dans le respect des lois de conservation de la masse. Trop étirer le matériau le rendra donc plus fragile.
Pour obtenir votre objet en Acier des Miséreux, il vous suffira de m'envoyer un MP forum sur le compte Falconi Genova avant le 13/11 avec votre choix, en cas de refus je vous contacterai via Discord.
Groupe Perturbateur (Bigorneau, Doudou, Saumâtre, Eustache):
Témoin des Océnoarques: Permet 1 fois par PA/Évent de subitement faire apparaître une intempérie localisée pendant 3 tours, l'intempérie touche une zone de 50 mètres et peut aller de la petite averse à un gros orage avec vents violents, éclairs et forte pluie. Si la tempête est suffisamment violente pour causer des dégâts matériels elle coûtera un P2
CENDRES
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