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  • Dim 29 Sep - 19:44
    Le Loup Hurlant, cette taverne qui, au fil du temps, était devenue une auberge, toujours fréquentée par les grandes figures du crime de la ville. Une décision prise à la fois par Vaenys et, à la fois pour son Vicomte. Avoir un tel lieu déjà connu de tous était une aubaine pour les barons du crime, surtout depuis la conquête du Balancier à Justice et, l’entente commune qu’il s’était faite. Bref, aujourd’hui, en ce début de mois de septembre, en parallèle des manifestations de Courage, se déroulait une tout autre histoire. Vaenys, le puissant Prince Déchu et, son sbire à la fidélité à toute épreuve, s’étaient installés à une table, dans un coin de la pièce principale de l’auberge. Le tenancier avait déjà apporté la commande. Eldarion lui, buvait une simple bière locale, tandis que Vaenys, n’avait rien pris.

    Le Baron était tout de blanc vêtu, une nouvelle habitude qu’il prit à la suite des événements survenus à Melorn, tout comme son incapacité à ouvrir la bouche pour converser avec quiconque, si ce n’était les personnes qui lui étaient véritablement importantes. Un traumatisme à n’en point douter, que le Prince Déchu ne pouvait partager. Eldarion, de son côté, portait sa tunique habituelle, d’un noir aussi profond que la nuit, agrémentée de quelques touches de vert très foncé qui étaient même difficilement distinguables du reste. Son visage était en partie recouvert d’un masque d’acier aux dents acérées comme des griffes de Griffon. En outre, c’était une journée tout à fait banale pour nos protagonistes, à un détail prêt.

    Un jeune garçon, dans la dizaine, faiblement vêtu, démontrant d’une certaine pauvreté, arriva en courant auprès des criminels. Il était à bout de souffle, preuve de son dévouement envers le Baron et le Gardien.
    « Maître Baron ! Maître Gardien ! La caravane est en ville ! Le chef Hiraeth arrive avec de grandes nouvelles, comme promis ! » S’exclama-t-il, à voix basse, pour éviter d’ébruiter la nouvelle parmi les potentiels jaloux que pouvait abriter le Loup Hurlant. Vaenys resta stoïque, ce qui ne fut pas le cas d’Eldarion, qui tendit une pièce au jeune enfant, avant de lui répondre.

    « Bon travail, petit. Retourne à ton poste et préviens-nous si les gardes du seigneur venaient à arriver jusqu’ici. Il n’est pas question que cet abruti se mêle de trop de nos affaires. » Expliqua-t-il, tout en laissant le garçon retourner à ses occupations. Ses prunelles ambrées se tournèrent ensuite vers le Prince Déchu qui, de son regard d’améthyste, le regardait de travers, d’une expression interrogative. Oui, il ne savait pas pourquoi le garçon comme Eldarion étaient enjoués à l’idée de la présence de la Caravane en ville. En soi, ça lui faisait une belle jambe.
    « Maître Draknys, si je puis me permettre… » Commença-t-il, avant d’être stoppé par une violente migraine. C’était pourtant clair, Vaenys détestait que de simples sous-fifres le nomment par son nom. Ce privilège était réservé à ceux qui le méritaient, à ceux qui avaient partagé un bout de leur Histoire avec lui et, même si cela pouvait être le cas du Vampire, il n’était pas autorisé à l’appeler ainsi.

    « Pardonnez mon imprudence, Baron… » Fit-il, tout en se touchant la tête, avant de reprendre. « Je disais donc, si je puis me permettre… la Caravane revient de Courage avec des… nouvelles croustillantes, si je puis dire ? Je n’ai malheureusement aucune information supplémentaire à vous donner car, comme vous le savez, toute information a un prix et, je suis certain que ce bon Hiraeth saura nous les vendre. » Expliqua Eldarion. Vaenys l’écoutait avec attention, mais, il n’en donnait pas l’air. Le Vampire avait, pour ainsi dire, l’impression de parler à un véritable mur. Il savait son Maître capable de télépathie et pourtant, il n’en fit rien. Peut-être n’était-il pas digne de recevoir cette sainte parole ? Enfin, quoi qu’il en soit, il devait bien faire avec.

    C’était ainsi que débuta cette histoire. Deux criminels attendant l’arrivée du troisième dans cette auberge qui portait le nom de « Loup Hurlant ». Vaenys espérait simplement que le chef de la Caravane avait de véritables informations à lui donner, sans quoi, la sanction serait sévère pour un tel dérangement.
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  • Lun 30 Sep - 22:30


    Dans l'air miroitant du soleil couchant, les coupoles, flèches et tuiles de Kyouji étincellent. La rumeur de la cité s'enjolive du trille d'oiseaux en bandes, chassant les premiers insectes de la nuit. Les premières lumières s'allument, et le feu du soir embrase le miroir du Lac.

    Pesamment, deux chariots poussiéreux et bariolés attelés d'azhoos passent l'arche d'une entrée, évoluent dans les bas quartiers. Les bêtes sentent l'écurie et grognent, pressant l'allure. L'équipage attire aussitôt quelques bandes de gosses des rues, curieux, la langue bien pendue. Le premier attelage est mené par un homme en noir qui houspille les gens sans ménagement, chassant d'un clappement de langue ceux qui osent se mettre sur leur passage.

    Oko Jero : « Ouste ! Place ! …Mais dégagez du milieu, bande de... ! … ah, je déteste la ville... »

    A ses côtés, emmitouflé dans une cape de voyage et coincé sous un galure allongé, un autre homme soupire et se redresse lentement. L’œil embué de sommeil contemple la cité, le peuple qui se presse dans les rues étroites, et l'échalas s'étire, baille et ricane.

    Hiraeth : « T'aimes rien de toute façon. Pense à l'auberge, ça va te détendre. »

    L'homme noir renifle bruyamment, tandis qu'Hiraeth se secoue et prend d'autorité les rênes, soudain alerte. Un mioche un peu plus grand court à sa hauteur et demande, effronté :

    « Vous êtes le nomade à l’œil de démon ? »

    Sans lui laisser le temps de répondre, Oko Jero se penche sur l'insolent et à l'aide d'une illusion de son cru, se crée des cornes de feu et des yeux de glace avant de grimacer violemment.

    OJ « BLEEEEEH ! »

    Dans un cri, les gamins s'égaillent dans tous les sens. Des chuchotis, des rires. Ils ne sont pas dupes.

    H (ironique) : « Tu ne peux pas t'en empêcher, hein ? »

    OJ (hausse les épaules) : « Faut bien nourrir la légende. »

    A l'arrière, les moustiques ont trouvé quelqu'un d'autre à parasiter : le second équipage est bien plus souriant et bien disposé. L'elfe accueille les regards avec un grand sourire et semble enchantée de la cohue. A côté d'elle, un humain mal coiffé se tourne et récupère un luth dans l'abri de toile, pour jouer quelques airs entraînants, enchaînant les fausses notes à chaque cahot, ce qui fait hurler de rire quelques chiards. Un raton passe la tête par la tenture, un hybride manifestement dérangé par tout ce raffut.

    Le Raton : « Pouvez pas la fermer un peu ? On pionce, ici. »

    L'Elfe : « Temps de vous s'couer. On arrive dans quelques minutes. »

    Aussi promptement le raton s'esquive, tandis que les chariots s'engagent dans une rue secondaire, ralentissant au vu de l'étroitesse de la voie. Le premier cocher râle et ses invectives animent le reste de l'équipage. Deux êtres encapuchonnés escaladent agilement les abords du chariot et sautent à terre, s'avançant vers une double porte qui s'ouvre à leur approche. Le bercail, enfin. Le raton s'accroche à l'armature, surveillant le passage de l'arrière des chariots. Il repousse vaguement du pied les marmots trop intrépides en sifflant entre ses joues.

    « Allez, barrez-vous. J'veux plus vous voir. »

    L'elfe surgit près de lui, et envoie au loin une poignée de limailles en riant. Aussi prestement les mioches se jettent sur la provende inattendue et les portes se ferment.

    « T'vois, c'comme ça qu'on fait. »

    Le raton fronce le nez et préfère aller s'occuper des bestiaux plutôt que d'argumenter.

    Ils sont entrés dans la cour intérieure du Champa Replet, une auberge de moyenne gamme qui présente le double avantage d'être à l'écart des grands axes et de posséder une large cour intérieure. Les propriétaires, deux frères à l'air stupide mais qui ne le sont décidément pas, laissent la Caravane prendre ses aises ici contre un pécule raisonnablement proportionné au grabuge potentiel généré par ses troupes.

    Lesdites troupes s'activent autour des azhoos, des marchandises, des affaires de chacun.

    Oko Jero ignore ostensiblement les corvées et se fume une pipe à l'abri d'un auvent, tranquille. Il s'amuse des regards venimeux des sbires.

    « Hé, jeunot, t'en veux ? »

    Hiraeth saute souplement du chariot dont il défaisait la banne et s'avance.

    « Sans façon, j'aime pas puer de la gueule. Je te laisse finir ? »

    Il lui colle le crochet qu'il tenait dans les mains et lui désigne les chariots, avant de se casser en beauté.

    Le mage noir grogne, puis finit par se lever sous les ricanements et les quolibets de la troupe.

    « L'a un peu trop bien appris, l'gandin. »


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    « Hé, hé, M'sieur Hiraeth ! »

    Le gamin surexcité essaie d'entrer dans la salle, mais l'aubergiste barre l'accès. Par un signe, le nomade intime à l'homme de laisser le passage, et le gosse s'avance, les yeux brillants, pour lui souffler :

    « On vous attend au Loup Hurlant. J'vous mène ? »

    Il attend sa piécette, qu'Hiraeth colle sur la table pensivement. Le Loup Hurlant... Déjà ? Il s'attendait à ce que ce soit rapide, mais pas au point de sauter son bain. Eh merde.

    « Attends-moi quelques minutes. Caleb, sers donc une assiette à ce mioche en attendant. »

    Le Loup Hurlant. Du gros poisson, bien froid et bien gras, là-bas. Peut-être pas le temps de prendre un bain, mais hors de question de s'y pointer avec la poussière de la route sur le dos s'il veut être pris au sérieux. C'est ça, avec ceux qui sont pas sur le terrain.

    Ses caravaniers ont fini le job et rentrent leur bordel perso. Le borgne chope l'elfe et le noir dans le couloir.

    « Les Huiles, les gars. Chuis convoqué au Loup Hurlant. »

    OJ : « Convoqué ? »

    Hiraeth eut un regard éloquent. Le mage clappa de la langue et chercha à forcer le passage.

    « Toi ou Astuce ? »

    « Elle présente mieux. »

    « Il est plus expérimenté. »

    Les deux se défient, la prunelle agacée.

    « Mettez-vous d'accord, je m'en fous. J'en veux un qui ferme sa gueule et qui réfléchisse vite. Propre et armé, en bas dans dix minutes. Rompez. »


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    Décrassé sommairement et vêtu de propre, Hiraeth suit le gamin à travers les rues pour atteindre l'auberge à la glorieuse réputation criminelle. Il a dosé le personnage, suffisamment bien sapé avec son costume pour « paraître », mais sans passer pour un prétentieux. Pas de miracle, dix minutes pour effacer une semaine de route à bouffer du cuir et pioncer sur des cailloux...

    Derrière lui, Astuce grince des dents et essaie de paraître à la fois digne et menaçante. Elle a perdu une fois de plus contre Oko Jero et sa jolie tronche boudeuse s'assortit d'une ride de colère entre les deux yeux. Enfin, dans son attirail de garde du corps, tenue en cuir, tabard assorti au costume d'Hiraeth et longue tresse battant l'air, c'est un intéressant contraste qui fera parler. Bon pour les affaires, ça.

    C'est sûr, l'auberge du Loup Hurlant a une autre allure. Plus épuré, plus classe, et ça sent meilleur.

    Le gamin les amène jusqu'à la table de deux personnes à l'allure à la fois patibulaire et opulente. De loin, ça ressemble au Baron. De près, ça ressemble encore plus au Baron.

    C'est le Baron.

    Astuce se décale imperceptiblement et ce sera la seule preuve de sa stupéfaction. Hiraeth se force à garder l'espace entre les sourcils détendus et salue avec l'obséquiosité que requiert la situation. Après tout, il est marchand, il peut se permettre les ronds de gambette même si sa nature profonde lui fout des gifles.

    « Bien le bonsoir, Messeigneurs. Hiraeth, pour vous servir. Que puis-je pour vous ? »

    Banalités, mais faut tâter le terrain avec cette sorte de poisson-là. Le mec en face a la moitié de la gueule en métal, et il se permet d'exhiber du tissu à vingt clinquants l'aune comme si c'était tous les jours. Le Baron a la gueule hautaine, la stature droite et maintenant qu'Hiraeth le voit vraiment en vrai de vrai, il a l'air un peu malade. Sans doute le manque de soleil. Les deux ont l'air de s'emmerder profondément, ce qui doit s'apparenter à se montrer hautain dans leur classe sociale.

    L'elfe est au garde-à-vous et Hiraeth, penché, attend le bon vouloir de ces messieurs.

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  • Mer 2 Oct - 18:23
    Après quelques minutes à attendre patiemment à cette table, Hiraeth fit son entrée, accompagné de joyeux lurons. Le regard de Vaenys se posa à peine sur le borgne et, encore moins sur eux. Il était concentré, il jaugeait celui qui avait de potentielles informations sur la ville de Courage. Il savait l’ambassadeur Mirage être là-bas et donc, Bélial, mais il n’avait que très peu d’information sur ce qu’il s’y passait réellement. Eldarion, quant à lui, se leva pour saluer les caravaniers, c’était la moindre des choses après qu’ils eussent fait le déplacement jusqu’à eux.
    « Eldarion, ravi de vous rencontrer. Il ne me semble pas vous connaître ? Mais, peut-être me trompé-je. Je passe principalement mon temps à Ikusa, mais il semblerait que monseigneur ait besoin de moi à Kyouji. Soit, je sais tout ce qu’il y a à savoir sur vous, brave homme. » Débuta le Vampire elfique, tout en invitant son interlocuteur à prendre place.

    Dans un premier temps, Eldarion fit un geste de la main au tenancier, lui intimant de faire venir de nouveaux rafraîchissements à la table et, dans un second temps, il mit la main dans l’une de ses poches, pour en sortir quelques pièces d’argent. Il les fit glisser sur la table, en direction du chef de la caravane, les pièces claquantes entre elles dans une cacophonie désagréable.
    « Voilà pour vous. Un petit avant-goût de ce que nous avons à vous s’offrir si, vos réponses conviennent au Baron. Bien, commençons, je vous prie. » Déclara Eldarion, son regard ambré jonglant entre les lascars qui se trouvaient face à lui.

    « Je vais aller droit au but. Le Baron et moi-même savons que vous revenez de Courage. Bien évidemment, tout travail mérite salaire, alors, nous vous écoutons. Que se passe-t-il dans la cité Républicaine ? De ce que nous savons, un navire venant de port-Aurya est bloqué sur les côtes, mais, peut-être en savez-vous davantage, non ? » Demanda le vampire elfique, laissant son regard venir cette fois-ci dans celui de Vaenys, qui lui, ne faisait qu’écouter.
    On pouvait, en toute logique, penser que c’était Eldarion qui était aux commandes et que, le Prince Déchu n’était là que pour faire beau, mais ce n’était pas le cas. Chacune des paroles d’Eldarion étaient choisies aux préalables, de manière à ne pas énerver ou frustrer son seigneur car, il le savait, la punition pour une simple erreur était parfois terrible.

    Le tenancier arriva enfin avec la commande d’Eldarion. Cet homme était pour le moins… étrange. Le tenancier du Loup Hurlant avait changé, depuis les quelques désagréments que Vaenys avait eus avec les membres de la Main. Mais, cet homme, ce Culgrax, était véritablement louche. À chaque fois que le Prince Déchu l’avait dans son champ de vision, il le fusillait du regard, comme s’il attendait qu’il fasse la moindre erreur. En même temps, le dernier tenancier était un grand collaborateur du Baron, ce qui n’était pas spécialement le cas de celui-ci. Il était donc tout à fait normal que ces hommes adoptent un tel comportement. Après tout, le frère d’Ayshara était bien du genre à attendre que quelqu’un fasse une erreur pour le punir, bien souvent par la mort. Un comportement qui semble s’être légèrement dissipé dans la manière de faire de Vaenys. Pour l’ancien tenancier alors ? Eh bien, il n’y avait aucune nouvelle, si ce n’était qu’il était retenu prisonnier dans l’une des prisons.

    Les bocks apportés par ce brave mais étrange Culgrax étaient tous remplis à ras bord d’une bière locale, venant directement d’une brasserie située non loin de l’auberge du Loup Hurlant.
    « J’espère que ces boissons vous plairont. Il est inutile de préciser qu’elles vous sont offertes. » Expliqua-t-il, juste avant de commencer à boire. Vaenys, quant à lui, ne buvait toujours pas, il restait stoïque et, se contentait d’observer ses invités, le bras droit délicatement déposé sur la table, laissant une aura noire se dégager de son corps.
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  • Mer 2 Oct - 22:55



    Brave homme. Ahahah. Hiraeth se demande intérieurement la dernière fois qu'on l'a appelé ainsi. En tout cas, dans ces circonstances, il ne s'y attendait pas.

    Ledit Eldarion, malgré sa gueule d'ange, semble s'attacher à les mettre à l'aise. Des chances qu'il soit le seul à jacter, de son côté de la table, le Baron semblant étrangement détaché et pourtant... il l'a dévisagé, étudié, comme si le Caravanier était un objet, un outil. Après tout, c'est ce qu'il est, lui et sa troupe, si vivante, si disparate, ne sont que des outils sans grand intérêt aux yeux de cet être.


    ...

    Boarf, c'est le Baron quoi.



    Hiraeth concentre son attention sur Eldarion, tout en gardant au coin de l’œil les expressions... euh les gestes... bon, les regards jetés par le Baron. Ce bras étrange qu'il a posé l'air de rien sur la table, ces brumes de magie noire qui l'entourent supposent une puissance qui aurait fait grincer des dents Oko Jero. Pas plus mal que ce soit l'Elfe qui l'ait accompagné. Hiraeth s'efforce de ne pas y porter davantage qu'un intérêt poli, mais sa nuque se hérisse d'une sensation sourde de danger.

    Une fois bien installés et l'oraison du métallique Eldarion terminée, le Caravanier d'un signe de tête intime à Astuce de s'emparer de la provende argentée, ce dont l'Elfe s'empresse en la faisant disparaître par quelque échancrure de son armure. Lui prend une pose étudiée, ouverte, exhibe un visage attentif et il l'espère, intelligent. Il remercie d'un signe de tête l'offrande de la mousse généreuse, et remercie également son père de lui avoir appris à parler droit.


    « Merci. Nous arrivons tout juste de Courage, comme vous le savez, et vous aurez la primeur de nos informations, bien entendu.

    Je suppose que vous êtes d'ores et déjà informés du contexte géopolitique tendu, en République. L'arrivée des réfugiés shoumeïens, portant avec eux misère et pestes, le désarçonnement du gouvernement Goldheart, la reconstruction de Liberty et la récession économique... Autant d'éléments qui ont déstabilisé la société et élargi les failles entre riches et pauvres notamment. »


    Mec, s'ils avaient besoin d'un cours d'histoire, ils ne seraient pas venus te chercher. Il entend presque l'ironie dans la voix d'Oko Jero sise sous son crâne. Le mage n'est pas là, mais ses avis désagréables ont imprégné la psyché du Caravanier. Il porte la chope à ses lèvres sans boire vraiment et réfléchit à toute vitesse. Les éléments qu'il possède sont maigres, ils sont partis justement parce que ça allait éclater. Comment présenter les éléments de la meilleure manière possible pour allécher ces messieurs ?

    En commençant par cette introduction. Continuons.


    « Courage est par tradition une cité conservatrice, mais aussi une cité qui brasse énormément de cultures, de monde, de par sa position en front de mer. Les Optimates y gagnent du terrain, et resserrent la vis en matière de politique sociale et de sécurité portuaire, depuis des années. La vague de réfugiés accueillis a tiré l'économie et la qualité de vie des républicains vers le bas. Le divinisme est mal vu, surtout depuis les événements de Liberty. Et Wessex, le maire de Courage, a vraiment mis le paquet sur les forces de sécurité. Les shoumeïens sont parqués dans les mauvais quartiers, dans des conditions de vie insalubres. Tout cela est en train de créer un cocktail... détonnant. »

    Il observe pensivement sa chope, surprend le regard peu amène du Baron sur l'aubergiste. Vraiment peu amène. Même... cruel. On dirait un loup guettant sa proie. Ne nous laissons pas perturber.

    « J'en viens au fait. L'Obseedra III, un navire de la SSG venu de Shoumeï, a voulu accoster mais les autorités ne lui en ont pas accordé l'autorisation. Ce navire est empli de réfugiés shouméïens qui n'ont plus d'endroit pour aller, plus rien à eux. Officiellement, les autorités imposent une quarantaine par rapport aux foyers d'épidémie qu'ils peuvent représenter, et à l'immigration de masse illégale que ça représente. Régulariser administrativement tout ce monde s'avère compliqué, et l'absorber dans la cité... »

    Il laisse sa phrase en suspens, omet le « officieusement... » qui doit suivre. Si Gueule-de-Métal mord à l'hameçon, il comprendra qu'il y a davantage à dire, et le lui demandera. Sinon, eh bien, c'est qu'il se serait trompé sur la finesse d'esprit de ses interlocuteurs, et ce serait bien dommage pour les deux partis. Il trouvera bien le moyen de raccrocher les chariots, si ça se présente.

    Buvant plus franchement une gorgée, il observe les réactions des Huiles.


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  • Sam 12 Oct - 10:36
    Chacune des paroles prononcées par ce brave Hiraeth entraient dans une oreille de Vaenys, pour y sortir de l’autre. Les affaires de la République, il n’en avait que faire, ses pensées étant obstruées par l’Entité Sombre et cette vision, cet acte. Tout ce qui avait d’importance aujourd’hui pour lui, en plus de son royaume, était sa petite sœur. Malheureusement, il ne pouvait pas encore la voir, pour telle ou telle raison, c’était impossible.
    Eldarion, par contre, était tout ouïe. Il buvait les paroles de son interlocuteur comme si chacun de ses mots lui coûtait une fortune, ce qui, fatalement, était bel et bien le cas. Il attendit la fin du discours de son interlocuteur pour prendre la parole à son tour.

    « Et les faire entrer dans la ville qui est justement sous le joug d’un fasciste… ce n’est pas des plus simple. À l’heure actuelle, je suppose que nous ne savons pas s’il y a des reikois au bord de l’Obseedra III, n’est-ce pas ? Cela pourrait engendrer une véritable catastrophe diplomatique. Et puis, nous ne sommes pas là pour parler politique, dans le pire des cas. Cependant, vous savez qu’il y a autre chose qui m’intéresse et qui… intéresse le Baron. » Commença-t-il à répondre, avant de replonger sa main dans son manteau. D’ici, il sortit une nouvelle bourse remplie de pièces de cuivre et d’argent. Il y avait de quoi se nourrir pendant plusieurs semaines, là-dedans.

    « Nous avons des alliés dans la ville de Justice, comme vous devez certainement le savoir. Le Vicomte de Kyouji est également une grande figure de la Pègre Justicéenne. Cependant, il ne nous semble pas avoir d'alliés à Courage. Alors, vous qui avez mis les pieds dans cette grande toile d’araignée, que pouvez-vous nous apprendre à son sujet ? Les républicains sont-ils hostiles à l’idée de voir mon Maître sur le trône de leur réseau souterrain ? Est-il seulement possible d’espérer au moins collaborer avec eux ? Ou, au contraire, sont-ils réticents à l’idée de traiter avec le Reike ? Car, ce qu’il faut bien comprendre, c’est que le Baron est un expert dans le domaine, n’est-ce pas ? Et eux, ils ne sont qu’une brochette d’imbéciles se marchant sur les pieds les uns et les autres. En plus de cela, ils sont racistes, tout comme… certains d’entre nous, nous pouvons bien l’avouer. » Continua l’Elfe devenu un Vampire il y a des millénaires de cela.

    « Avons-nous une chance d’obtenir un marché avec la Pègre de Courage, Caravanier ? » Finit-il par demander, l’air plus que sérieux. Ni le Vampire, ni le Vosdraak n’avaient la moindre intention de tergiverser ici durant des heures. Plus vite ils auraient terminé avec ce brave homme, plus vite ils pourraient regagner leur domicile.

    Les prunelles d’améthyste de Vaenys étaient toujours rivées sur ce tavernier. Plus les secondes s’écoulaient, plus son regard devenait noir, comme s’il était prêt à lui sauter à la gorge. Par ailleurs, il usait de sa magie sans s’en rendre compte, les ténèbres commençant à s’échapper de son bras difforme pour ramper sur la table, puis s’écouler en cascade sur le sol pour se diriger en direction du comptoir.
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    Hiraeth
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  • Hier à 23:12


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    Hiraeth sent Astuce se figer à ses côtés. Bien sûr, ce n'est pas l'apparition de la bourse pansue sur leur table qui provoque cette tension.
    Gueule d'Ange a compris le message caché, même trop vite. La décision d'établir leur pouvoir sur Courage en y plaçant quelqu'un avait manifestement été prise avant même leur entrevue.
    Exactement ce que le Caravanier aurait souhaité, quand bien même c'est clairement une manipulation à son encontre... mais à présent, sa satisfaction est plus que tempérée par cette entrevue malaisante.
    Gueule d'Ange a vomi l'équivalent de trois missions habituelles de la Caravane en l'espace de quelques secondes sur ce bois poli, sans ciller, et laisse sur le plateau le contrat en blanc à un type qu'il ne connaît ni d'Aurya ni de Lothab, pour reprendre la vieille complainte des divinistes.
    Plus que cela, l'aura cruelle qui sourde du Baron s'est encore intensifiée, les ombres qui l'entourent se sont rassemblées et tendent vers le comptoir où s'affaire le malheureux aubergiste qui a dû offenser le Chef de la Pègre Reikoise.
    Hiraeth n'a pas du tout envie d'assister à ça. Astuce est légèrement verdâtre.
    Pas que les exécutions iniques les rendent malades, mais la dernière fois qu'ils ont vu autant de magie noire à l’œuvre... le seul humain attablé ici avait encore ses deux yeux.

    Se focalisant sur le mec en métal, le Caravanier renoue le fil de la conversation. Il lui vient à l'esprit que Gueule d'Ange écourte peut-être volontairement les négociations pour éviter les débordements promis par l'attitude de son supérieur...


    « A Courage, il y a un hic. La pègre est plutôt organisée, avec plusieurs têtes qui se divisent les marchés. Pourtant, depuis quelque temps, la rumeur se fait entendre qu'un groupe prend le dessus et rassemble à lui seul plusieurs de ces marchés, en ayant tout simplement mis à bas d'une manière ou d'une autre les opposants. Le nom qu'on murmure, au fond des ruelles comme dans les salons feutrés, est celui de la Reine Écarlate... Qui que cela puisse représenter, ils sont organisés, trop bien rodés, et n'ont aucun scrupule à faire couler le sang. Beaucoup de sang.

    A vrai dire, je me demande s'ils ne sont pas impliqués dans le chaos que vit actuellement la ville.
    Si quelqu'un avait voulu déclencher une guerre civile à Courage, il n'aurait pas mieux fait. La situation pourrie des Bougeoirs, l'acculturation forcée des Shouméïens, la montée des Optimates, et ce nouveau navire plein à craquer, en quarantaine là où tout le monde peut le voir... Des reikois à bord, avez-vous dit ? Je ne sais pas s'il y en a, mais effectivement, voilà qui achèverait de transformer l'Obseedra III en bombe... Intéressant. »


    Hiraeth frotte son menton mal rasé, réfléchissant à toute vitesse. La suggestion est plus qu'intéressante. Cela rejoint ses hypothèses précédentes : derrière tout cela, il y a une force dans l'ombre. Peut-être plusieurs. Au moins une qui veut que le chaos explose dans la ville. Pour prendre le pouvoir ? Pour profiter de la désorganisation ? Les Titans ? Leurs serviteurs ? Quelqu'un qui se sert d'eux ?

    Et s'il y avait effectivement des Reikois dans l'Obseedra ? ...Et si c'était justement le fait du Baron ?

    Une Reine trop puissante pour la Caravane. Un Baron trop puissant également, et instable. Il va falloir jouer fin pour devenir le lien ténu, l'intermédiaire entre les deux... et non pas le métal entre le marteau et l'enclume.
    La bière est bien amère, ce soir.


    « J'ai le réseau nécessaire pour rencontrer ce nouveau cartel républicain. Je ne me leurre pas, s'il y a négociation, ce sera pour quelques parts de marché, une collaboration. Ils ne laisseront pas la place sans se battre. Et nous n'en savons pas assez à leur sujet à l'heure actuelle.

    D'autre part, si les pouvoirs publics ne parviennent pas à désamorcer cette bombe, la ville va littéralement imploser. Le chaos va rebattre les cartes. Peut-être que ce groupe sera démantelé, mais j'en doute très fortement. Je pense qu'ils vont plutôt gagner en puissance. Ce genre d'événement est profitable aux professions de l'ombre, en général.

    Avant d'accepter votre offre généreuse, je dois donc m'assurer d'une chose : vous satisferez-vous de parts de marché et d'une collaboration avec ce groupe ? C'est mitigé, mais cela peut nous permettre d'avoir un pied dans la ville, d'apprendre à qui on a affaire... et d'en tirer parti. »


    Astuce a fini sa chope et semble assise posément, regardant dans le vague, mais Hir sait qu'elle a une main proche de la miséricorde cachée dans sa manche. Le Baron semble n'avoir que faire de la conversation. La sensation d'un danger imminent cisaille leurs nerfs, et le Caravanier sent le sang battre à ses tempes, ravivant temporairement la douleur dans son orbite cachée. Les derniers mots qu'il vient de prononcer peuvent lui valoir diverses réactions négatives, et il couve de l’œil autant Gueule d'Ange qui n'a rien d'un ange que le Baron dans sa noirceur extrême.


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