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  • Mer 2 Oct - 6:17
    La joie des Chandeliers
    Mise en contexte

    CHALLENGE : INSOLITE
    PARTICIPANTS :
    @Herendil @Noctalys Dremur



    Aux portes du petit village de Kouarr, situé à quelques kilomètres au sud de la capitale, une caravane de fortune est immobilisée depuis trois jours. Cette dernière transporte quelques familles – hommes, femmes et enfants venus de villes républicaines en proie aux insécurités dans l'espoir de trouver refuge au cœur du Reike. Néanmoins, cet espoir se heurte à la volonté du Seigneur local, un certain Adès Webbex. Demi-nain aux origines plutôt floues (on raconte qu’il serait né bâtard, son père biologique issu de la République), ce jeune homme possédant de grandes ambitions personnelles porte sur ces immigrés un jugement assez cruel. La peau de ces pauvres gens - trop claire à son goût - ne reflèterait pas ce qu'il considère comme la pureté du sang reikois. Sous couvert de protéger son village, il s'enfonce dans des positions extrémistes, prêt à commettre l'irréparable afin de ne pas avoir à supporter le coût d'une intégration qu'il juge inutile et indigne. Peu à peu, la rumeur grandissante qu'il puisse exécuter ces familles vulnérables commence à circuler…

    Nonobstant cela, l'effervescence monte au sein de la rue des Chandeliers. Visiblement tous aussi méprisants que ce cher Seigneur, les citoyens de l’endroit se regroupent et se mobilisent. Puis, une marche s'organise. Des torches s'allument. Les voix s'élèvent, scandant des slogans de soutien à leur chef, glorifiant ainsi la "pureté" de leur peuple, rejetant ces étrangers telle une menace à leur mode de vie. Ils sont bien heureux qu’Adès partage pleinement leurs valeurs typiquement reikoises et se meurent d’envie d’assister à la possible future exécution !

    Pendant ce temps, les migrants, bloqués à l’entrée de Kouarr par des gardes, constatent avec un mélange d’incrédulité et de peur cette démonstration de haine. Le danger se veut réel, imminent. Et c’est là que vous intervenez ! Ayant été mis au courant de cette très fâcheuse situation, l’impératrice décide de vous envoyer, vous deux, pour essayer de calmer les choses et d’éviter un massacre de personnes innocentes. Elle vous demande de recourir à la diplomatie, histoire d’écarter toute escalade de violence inutile. Évidemment, Ayshara se doute bien que ce ne sera pas une tâche facile, car ce Adès pourrait se montrer hostile envers votre race hybride, mais elle considère que cette mission sera une bonne opportunité pour évaluer vos capacités !


    Note:

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  • Jeu 3 Oct - 2:35
    La joie des Chandeliers


    Cheminant donc vers notre mission, nous n'allions pas tarder à voir le village au loin. Pour ma part, j'avais été assez silencieux lors du trajet. Confus et pensif, je me demandais bien ce que Maitresse Ayshara cherchait réellement. Il était évident qu'une affaire d'enclave fermée aux étrangers verrait d'un mauvais œil la venue de deux hybrides... Et bien que je restais sûr d'une chose - notre bonne Maitresse ne cherchait pas à nous mener à la mort - j'étais perplexe sur son choix. Voulait -elle que nous prenions nous même le choix de la violence pour affirmer, dans mon cas du moins, que je ne me laisserais plus marcher sur les pieds ? Ou cherchait elle à nous mettre, mon camarade à fourrure et moi, en bien mauvaise posture pour nous lier d'amitié malgré nos instincts ? Impossible à dire... et là était bien ce qui me turlupinait.
    Mon camarade, justement. Je posai un léger regard sur lui, tout en marchant avec ma canne finement ouvragée. Pourquoi une part de moi cherchait encore à le fuir, comme s'il cherchait à me dévorer ? Il ne semblait pourtant pas de cet avis. Je le voyais bien. Mais impossible de me sortir cette voix de la tête, elle était comme celle du mari de ma mère. L'instinct est autant un fidèle allié... qu'un ennemi collant parfois.
    Pour les intentions derrière notre mission, je ne savais dire. Alors autant me cantonner à ce qui avais été dit clairement, espérant ne pas décevoir ma maitresse... Pour le jeune renard, il semblait prompt à faire ses preuves. Dévorer un camarade ne ferrait pas bonne figure à coup sûr... Alors je tachais de rationnaliser.

    "Mon jeune ami, nous n'allons pas tarder à arriver sur les lieux. A n'en point douter l'affaire sera ardue. Aussi je pense que parler brièvement stratégie peut être bon ton. Pour ce qui est de parlementer, je vois peu à dire : il nous faut voir la situation et négocier en fonction. Tachons seulement de rester attentifs à l'autre, de façon à accorder nos violons convenablement."
    Je n'avais aucune envie de "prendre la direction" ou quoi que ce soit du genre. Il n'était après tout pas impossible qu'Herendil soit douée pour le verbe, plus que moi encore. A vrai dire... réfléchir à une approche plus profonde aurait été bonne... mais nous manquions d'information précises, de connaissance mutuelle, et surtout de temps. Alors j'espérais simplement qu'une osmose rapide émergerait entre lui et moi. En revanche, je tenais à parler d'un autre cas... Après tout si ce demi-nain mentionné avait le sang chaud... nous n'étions pas au delà de toute menace non plus...
    "Par contre... nous mettre d'accord sur la marche à suivre en cas de... situation menaçante me semble à propos... A cette fin, pouvons nous partir sur un principe ? Toute action offensive serait initiée par moi - sauf en cas d'inconscience surprise - pour tapisser la zone d'une nuit offrant plus d'ombres ou se tapir. Je tacherais de tourner les discussions à l'intimidation afin d'éviter toute violence inutile, en les soumettant par la peur. En revanche, j'aurais besoin de toi, et ta discrétion si j'en crois ton pelage, pour éliminer qui il faut quand il faut. De cette façon je dirais : les personnes violentes s'il y en a peu... ou leur chef - une figure marquante - s'il y en a trop ? De cette façon, nous pourrions calmer ce malentendu par l'intimidation sans que nos vies ne soient directement en danger, et en tuant un minimum. Pour ce qui est de quand frapper, fit toi à ton jugement et je m'adapterais dans mes discours en fonction. Qu'en pense tu ?"
    Tenant ma canne des deux serres, je tournais plus amplement la tête vers lui sans mal, lui adressant un sourire. Peut être avais-je été trop alarmiste et inquiétant à parler de la pire des options ? Ce n'était pas mon intention... Mais mieux vaut prévenir que guérir...

    Nous n'étions plus très loin... Cachée par une dune, le village semblait déjà gronder d'un bruit diffus... trop puissant pour être normal, mais indéchiffrable encore. Arrivions nous au beau milieu du chaos, ou à temps pour intervenir ? Et éviter de faire couler le sang ? A défaut... autant faire couler le bon... bien que j'espérais encore avoir d'autres alternative. L'équilibre est une chose si fragile parfois... je ne le voyais que mieux ainsi... Mais le temps pour nous lamenter du monde serait plus tard... Nous avions à faire. Un regard allant de l'horizon bruyant au renard, j'attendais son avis pour presser - autant que faire ce peu - le pas.
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  • Sam 5 Oct - 15:41
    La joie des chandeliers


    La silhouette du village allait dans peu de temps se dessiner devant nous. Un voyage sous le signe d'un silence étrange, un mélange de méfiance, de doute, et d'un sentiment commun qui nous unissait. Il s'agissait de la première fois que nous passons plus de cinq minutes ensemble. Je ne savais pas trop comment appréhender Noctalys.
    Bien-sûr nous sommes unis par l'astre lunaire qui règne sur nos vies, vies qui sans elle seraient certainement terminées depuis belle lurette. Bien-sûr nous portons les mêmes souffrances, et les mêmes blessures causées par une mauvaise naissance. Mais il est un volatile, et moi un canidé, alors des différences nous en avons. Lesquelles ? Pour l'instant je ne savais pas trop. Mon inconscient profond me soufflerait peut-être de le dévorer, mais il serait certainement mal vu au vu de notre situation commune de laisser cet instinct primaire me dominer. Je suis assez curieux d'en savoir plus sur lui. Ses cornes étaient intrigantes, et la manière dont il avait de tourner sa tête me faisait frémir.

    La conjoncture actuelle au sein du village faisait état d'une atmosphère extrême où un demi-nain porter une haine viscérale à l'étranger et aux apparences.
    Forcement en nous voyant, j'imaginais mal voir le demi-nain nous dérouler le tapis rouge. Maîtresse Ayshara devait en avoir conscience, aussi devait elle être certaine de nos compétences pour mener à bien la mission qu'elle nous a confiée.
    Soudain Noctalys prit la parole.
    Désireux de mettre en place une stratégie et d'accorder nos violons, je l'écoutais attentivement. Ce qu'il disait était marqué par le bon sens. En effet, il était sans doute trop tôt pour définir ce que nous allons dire sans être sur place pour palper l'atmosphère.
    Faire couler le sang serait la pire des solutions. Surtout que nous ne savions pas à qui nous aurons à faire.

    - Faisons cela si jamais la situation s'envenime. Je te laisserai lancer la première pierre. Dis-je d'un ton ordinaire, j'imagine déjà la tête du demi-nain lorsqu'il nous verra. Il verra en ma fourrure et en tes plumes de quoi faire fortune. Espérons que l'aura de Maîtresse Ayshara qui flotte sur nos crânes nous permettent de gagner un peu de temps afin d'entamer des négociations. Peut-être il y a t'il dans ce village des âmes dont l'avis va dans notre sens dont nous pourrions tirer profit.

    J'observe le ciel, et les nuages gris donnant une atmosphère assez ténébreuse à cette mer de sable qui cache derrière elle la fameuse enclave. Nos pas sont discrets, rythmé par le bruit de la canne frappant le sol sableux.
    Avec mes pattes supérieures je réajuste mon foulard rouge.
    - Espérons que la diplomatie fonctionne comme le souhaite notre Maîtresse, et que nous n'aurons pas besoin de mettre en pratique ton plan. Cela serait fort malheureux. Mais dis moi, à ton avis, quelle fin serait synonyme de réussite ? Doit-on obligatoirement permettre à ce Adès d'accueillir les immigrés  ? Ou bien pourrions nous peut-être trouver une autre solution qui apaiserait autant le village que le désespoir des immigrés ? En parlant je me gratte le museau.

    Au loin on pouvait entendre des murmures et des cris. Que se passait-il ? Allons-nous nous présenter en pleine émeute ? Ou pire encore dans une bataille sanglante ?
    Si c'était le cas, alors nous pouvions considérer être arrivés trop tard.

    - Tu entends ? On dirait que c'est animé. Annoncé-je en avançant avec un peu plus de prudence afin de ne pas alerter de notre arrivée. D'une patte agile j'invite mon compagnon d'aventure de regarder un peu plus loin. J'ai l'impression que ça chauffe, je crois que les gardes ne tiendront pas bien longtemps si nous tardons à intervenir.
    En effet les immigrés protestent de plus en plus, d'autres en revanche semblent résigner. L'ambiance est étrange, un mélange de colère et de désespoir. Combien sont-ils ? Je l'ignore.
    De l'autre côté, quelques habitants du village tenaient fièrement des torches en crachant des insultes et en se montrant de plus en plus agressifs. A l'ombre d'une dune proche de là où se trouve Noctalys j'observe. Je souffle en regardant le ciel, je me dis que l'intervention de la Lune ne serait pas de trop pour accomplir notre devoir de la meilleure des façon. Je me gratte derrière une oreille, pensif face à cette scène. Où pouvez bien se trouver Adès ?

    - Je me fis à tes talents d'ambassadeur mon ami ! A ton avis comment devons-nous agir ? Comment pourrions nous déjà apaiser cette scène ? Ce serait un bon début.
    Bien que je savais être rusé et que j'étais un animal doté d'une certaine intelligence, je n'avais jamais vécu telle situation.




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  • Mar 8 Oct - 1:18
    La joie des Chandeliers


    D'un pas plus claudiquant que mon jeune camarade, je le suivis pour observer. Légèrement avant, sa mention à l'idée de nous faire dépecer m'avait hérissé les plumes quelques secondes. Ah, qui voudrait d'un vieux cuir comme le mien ? J'étais certain qu'il n'y avait pas grand chose à en faire... les plumes en revanche... j'osais à peine imaginer les dégénérés pouvant se targuer d'avoir un duvet en plume d'hybride sur leur lit... De toute façon, ça n'arriverait pas. Et pour cela, l'option offensive et violente, quoique peu désirable, restait notre meilleure arme... Aussi j'approuvais d'un signe de tête à ses propos. Je retenais tout de même un léger sourire à certaines de ses phrases. Oui, nous pouvions espérer autant un appui de notre maitresse, qu'un de certains habitants. En soit, nous pouvions, mais je ne pus m'empêcher de voir en cet espoir une certaines naïveté. Je n'avais pas l'audace de penser que le jeune renard n'avait pas subis - rien que notre naissance nous place sous l'auspice des horreurs humaines. Mais peut être que son jeune âge lui offrait encore la volonté d'y croire... là où je restais pessimiste. La fougue de la jeunesse ! Probablement.
    Le spectacle actuel était bien moins agréable, faisant retomber mon léger sourire. Les gens devenaient fous... que pensaient des immigrés agressifs... être laissés en paix une fois rentrés ? Que pensait les villageois hargneux ? Bruler leurs soucis et coller les cendres sous le tapis ? Le regard grave, j'hochais la tête aux propos d'Herendil.
    "Approchons et portons notre voix. Les simples d'esprits sont souvent intimidés par les symboles. Maitresse Ayshara n'est peut être pas en notre présence, mais ce sera tout comme, enfin presque."
    Mon ton était plus sombre, peut être un brin agacé... Pourquoi fallait il que les gens se déchirent ainsi ? Sans la moindre raison ? Ce demi nain se plaint de la pureté de sang des reikois ? Je n'en avais que faire... on fait tout faire par la peur... Et j'étais convaincu de pouvoir le terrifier. J'approchais, adressant au jeune rouquin quelques derniers mots.
    "Peut importe qu'ils nous supplante en nombre ou en puissance. Il suffit qu'ils croient le contraire, et leur peur fera le reste."
    J'approchais encore, finissant par arriver à bonne porté. Nous étions juste derrière la cohue, et je tapais de la canne au sol, une nuit vorace et soudaine apparaissant tout autour de nous, sur une vingtaine de mètres. C'était comme si, d'une certaine manière, Maitresse Ayshara nous accompagnait. Sous la lueur de la Lune nouvellement venue, mes bois se dessinait dans une légère lueur spectrale. Mes yeux, luisant, fixait la foule d'un regard inquisiteur. Je pris une grande inspiration, voulant me faire entendre, cette nuit venue à l'improviste ayant déjà un brin calmée les ardeurs...
    "Quelle audace d'avoir ainsi importuné les serviteurs de notre Déesse Lune... Nous, envoyés de notre cher astre, sommes venus ici pour tirer au clair ces rixes. Cependant, si vous souhaitez que cela se fasse dans le sang, cela se fera dans vos larmes et supplications."
    Je posais un temps d'arrêt, les fixant d'un regard inquisiteur. Il était primordial de marquer notre arrivé.
    "Nous sommes ici pour instaurer une solution convenable, acceptable et faisant consensus pour tous les parties, pour le bien de l'Empire. Seulement, et nous l'affirmons au nom de la Déesse Lune elle même, seule une position ouverte et prompt au compromis pourra mener cette nuit à une issue agréable, pour le bien commun."
    J'appuyais un brin sur mon énergie, laissant l'ombre un peu plus intense quelques secondes pour appuyer mes propos.
    "Le choix est votre..."
    Mon intervention, grandiloquente et théâtrale, laissa un peu songeur mon auditoire. J'avais calmé la situation, c'était déjà cela. Je sentais dans leur regard une once d'hésitation, comme songeur de la terreur promise. Ils semblaient me jauger, mais déjà un brin plus calmés et repoussés par l'idée de se battre. C'était déjà ça.

    Cherchant à saisir l'opportunité,  une jeune femme, faisant partie des immigrés en retrait et résignés, s'approcha. Elle tenait dans ses bras un paquet emmailloté dans des draps...Ce n'est que proche que je pus voir la tête d'un bébé...
    "Sir, nous pensions que vos terres étaient des zones de paix et de prospérité, pour quiconque capable de travailler et offrir la sueur de son front à l'Empire. La Déesse Lune m'en soit témoin, je suis capable de trimer sang et eau pour mon bébé... je vous en pris... je souhaite juste une demeure sereine pour l'élever..."
    Son regard perçait les abysses du mien. Le petit pleurait... Un brin assommé, je les fixait d'un œil froid - remercions mon faciès animal - cachant un cœur s'effritant peu à peu.
    "Ton enfant vivra."
    Peut importe comment, il le fera. Inutile d'en ajouter plus, elle vivra, et il vivra avec elle. Si la diplomatie demandait parfois d'arrondir nos vérités pour assainir les discussions,  ici nul besoin. Ils vivraient, peut importe ce qu'en disent les détracteurs du village... La Lune m'en soit témoin.

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  • Sam 12 Oct - 15:07
    La joie des chandeliers


    L'heure n'était pas à la légèreté. Au contraire, l'atmosphère était empreinte de gravité, et la tension ne cessait de croître. Les immigrés, animés d'un ardent désespoir, exprimaient leur colère avec force, tandis que les villageois répliquaient avec une intensité tout aussi vive. Parmi eux, quelques âmes fatiguées, le regard tourné vers l'horizon, observaient en silence cette scène tumultueuse, comme des spectateurs d'un drame inéluctable.
    D'un léger mouvement de tête, j'accueillis les paroles de Noctalys, conscient qu'il était vain de tergiverser davantage. L'heure était à l'action, à la rencontre de cette assemblée hostile. L'air grave du hibou me surprit, mais je comprenais sa soif de bienveillance, un désir que je partageais, bien que cet élan puisse engendrer une certaine nervosité. Peut-être était-ce la tristesse de la scène qui assombrissait son regard ?

    Pourrions-nous triompher de cette épreuve ? Ma foi en la Lune était inébranlable, et j'avais la certitude qu'elle éclairerait notre chemin. Les mots de mon compagnon hibou résonnaient en moi avec justesse. D'un pas résolu, je m'avançais, mes yeux rivés sur la foule, prêt à affronter le tumulte de leurs âmes.

    L'ambassadeur s'immobilisa  derrière une foule en émoi. Sa canne heurta le sol. Je levai les yeux vers le ciel où la nuit comme une mer obscure engloutissait le village dans un voile mystérieux. La scène à la fois sublime et terrifiante suscita la curiosité de tous les témoins.
    Au sol, l'ombre du hibou, immense et sinistre, s'étendait comme une menace.
    Pourtant ce spectacle troublant semblait apaiser la folie des âmes en proie au chagrin. Mon compère, d'une voix certaine, rompit le silence, son discours se mêlant aux murmures.

    Je caressai mon foulard de mes pattes avant, scrutant les visages qui se tournaient vers nous, leurs yeux illuminaient d'une lueur d'inquiétude et d'espoir. Surprise et effroi se dessinaient sur leurs traits, et les chuchotements s'élevèrent. Certains tremblaient, effrayés par notre nature hybride, tandis que les villageois, fidèle à leur méfiance, laissaient éclater leur colère, crachant leur dédain à l'égard de notre présence, nous voyant comme des aberrations au sein de leur ordinaire.
    Pourtant dans cette nuit d'angoisse, une lueur d'espoir apparue, car les deux camps, rivés dans leur méfiance avaient suspendu leurs querelles pour écouter le volatile. Sa voix profonde s'élevait, chantant des vérités, et apaisa la plupart des coeurs tourmentés. Cela serait-il suffisant pour réconcilier ce petit monde à la dérive ?

    Les villageois et les immigrés l'écoutaient, tandis que j'observais vigilant. La tranquillité apparente dissimulait l'inquiétude et l'espérance. Noctalys, en véritable maître de la scène captivait son public. Son discours était puissant. A la fin de son allocution, un silence lourd enveloppa l'assemblée.
    Soudain, une silhouette fragile s'avança, un paquet serré contre sa poitrine. La tristesse qui émanait de son visage m'atteignit, touchant mon coeur. Je me grattai machinalement l'avant-bras de ma patte droite, souvenir d'une ancienne blessure causée par un piège à loup, dont la douleur se réveillait parfois.
    La jeune femme femme s'exprima. Des pleurs me révéla que dans ses bras un être vivait, un bébé. Mon souffle se fit plus lourd, et l'affirmation de Noctalys résonna en moi. Oui, cet enfant devait vivre. Il était impensable de laisser ce demi-nain imposer sa haine et le rejet de l'autre.

    Je me rapprochai, mes prunelles canines se posant brièvement sur l'entant, puis, je levai les yeux vers l'entrée du village, solidement barricadée pour empêcher les intrus d'entrer.
    Là-haut, perchée dans une tour de garde, une silhouette bourrue m'observait, sa pique serrée dans une main rugueuse. Je me raclai la gorge, déterminé.
    - Avez-vous entendu ? Nous venons au nom de l'Impératrice, la Déesse Lune incarnée parmi nous. Avec la révérence qui lui est due, nous aspirons à converser avec votre chef, déclarai-je, ma voix empreinte d'une sincère conviction alors que lentement je fis un pas en avant.

    Le garde, imposant, se contenta de me dévisager avec dégoût. Sa barbe mal taillée, et son casque trop grand pour lui, lui conféra une allure à la fois comique et menaçante. Il me pointa de sa pique.

    - Ne bouge plus, sale bête ! Grogna-t-il, sa voix rugueuse trahissant un profond dédain, nous n'aimons pas les monstres comme toi ou le piaf, ajouta-t-il avec un ton dépourvu de sympathie.
    Il se détourna un instant, ordonnant à l'un de ses acolytes, d'informer leur chef de notre présence.
    Je me tournai vers mon compagnon et la jeune femme, tandis que les insultes, vestiges d'un passé révolu ne me blessaient plus depuis belle lurette. Des mots qui jadis ressemblaient à des poignards, n'étaient désormais plus que du vent.

    - Mademoiselle, si votre foi en notre Impératrice est sincère, alors sachez que votre voeu se réalisera, puis plongeant mon regard dans celui de l'hibou, je poursuivis, même si le calme est fragile, il semble que nous ayons pour l'heure, évité le pire.
    Je ne pouvais que reconnaître le génie de Noctalys en la matière, son rang d'ambassadeur était plus que légitime.
    La villageoise, en réponse serra l'enfant un peu plus fort contre elle, et agita son visage avec une détermination palpable, comme pour assurer de sa foi et son désir de tout faire pour son gamin.  Dans un élan quelques villageois saisirent l'occasion pour se rassembler autour de nous, voyant en notre présence la solution à leur peine.

    Soudain, au loin, une trompette au son âpre retentit, brisant l'atmosphère et attira les yeux. Derrière la barricade, une clameur s'éleva. J'entendis le fracas des pas qui gravissaient des marches en bois.
    Tout en haut de la tour de garde apparut le fameux demi-nain, se tenant fièrement sur une sorte de bouclier usée, porté par deux solides gaillards.
    Il leva les bras dans un geste grotesque, et un vacarme jaillit de ses partisans.

    Je l'observai, perplexe, me demandant comment il avait su envoûter tout un village avec une telle idéologie. D'un geste délicat, je fis signe aux immigrés de garder leur sérénité. Une intuition me soufflait qu'il était sage de ne pas le défier, du moins pour l'instant. À cet instant, il était essentiel que l'ambassadeur en titre joue sa plus belle symphonie.




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  • Jeu 17 Oct - 20:02
    La joie des Chandeliers


    Cette hargne nouvellement trouvé, je la devait à notre chère Maitresse. Et, voir cet enfant avait éveillé une chose en moi : la détermination. Si le compromis est une chose pouvant être souvent jugé comme "acceptable" en moi, il ne l'était plus une fois le malheur -voir la mort- d'un si jeune être en jeu. Si morts il devait y avoir, cela serait des impies fermés d'esprits. Une façon d'assainir l'Empire en éliminant les idiots... en somme.
    Alors que je sentais ma magie me titiller, comme un picotement au bout des serres prêt à exploser pour tout dévaster, mon jeune camarade reprit. S'il voulait mon avis, il prenait bien trop de pincettes face à des ignares voulant autant notre mort que celle des réfugiés... Mais peut être allais je trop vite en besogne... Les souvenirs de quelques histoires lointaines sur des affaires diplomatique ayant mal tournée dont j'ai eux vent... Nous sommes aussi là pour essayer que ça se passe bien... tout en assurant la destruction du bon partie en cas contraire... Et cette idée m'effleura l'esprit en voyant la réaction du garde. Arme levée vers le jeune renard, qui ne fit écho qu'à ma serre redressée vers lui en retour. Qu'il essaye pour voir... Mais il n'en fit rien, alors qu'Herendil recula, et ma poigne retomba légèrement. Ses mots m'importait peu, c'était plus son mouvement qui m'énervait...

    Songeant peut être à passer un léger message, je détournais légèrement le regard de ce malotrue pour observer mon interlocuteur. Fragile ? Le calme était inexistant, tout au plus caché sous un tapis formant la silhouette d'une colline, qui ne tarderait pas à devenir montagne. Mais son optimisme était peut être quelque chose me faisant du bien. Assez pour adoucir mon esprit aussi brulant que les flamme de Valeryon.
    "Un bon début en effet..."
    Les réfugiés commençant à s'approcher, il fallait garder une stature impeccables, en accord avec la personne nous ayant envoyé. Une posture droite, une position ferme... d'ailleurs...
    "Il ne reste qu'à éclaircir cette affaire avec force et conviction dues à notre rang... Nous montrer ferme, sans pour autant en devenir inquisitorial. Nous connaissons la raison de notre venue."
    Et pour ce faire... tant que nous attendions, un exemple était de mise... enfin je trouve... Tournant de nouveau mon regard vers de garde agressif, je vis qu'il tenait encore sa lance un peu vers nous, comme une façon de nous tenir à l'écart... Était ce de la peur dans ses yeux ? Mignon... et pathétique. A se demander qui est le prédateur, et qui est la proie. Repensant un instant aux raisons m'ayant gardé loin du jeune renard, je retint un sourire. C'était ironique : face à ces villageois, nous pourrions tous deux être les chasseurs, j'en étais persuadé. Mais il n'était pas tant de sourire... vraiment pas.
    "Et toi... toi..." repris-je d'une voix plus portée -pour qu'il puisse m'entendre- et un brin menaçante, il fallait dire. "Ton cure dent pointé vers les envoyés de l'Impératrice et un affront à la Déesse Lune elle même, un outrage au ciel et une honte pour les morts constellant le ciel nocturne. Baisse. Les. Yeux."
    Bien entendu, des paroles accompagnées d'un murmure magique. Assez pour faire grandir sa légère appréhension en peur panique. Se décomposant donc en quelques secondes, il lâcha son arme sous les tremblements. Mes yeux, rivées sur lui étaient comme des abymes étrangement luisants dans l'obscurité, dans lesquels il pouvait se noyer, encore et encore, et encore. Rapidement, il recula, sans pour autant me lâcher du regard, et se mit à tambouriner à la porte de leur barricade pour qu'on le laisse entrer. Chaque coup était plus fort que le précédant. La proie se sentait acculée, visiblement.
    "Alaric ! Tu... tu me remplaces ok ? Juste... juste un moment... s...s'il te plait..."
    Visiblement, ils eurent pitié de lui, puisqu'il put rentrer, un autre prenant aussitôt sa place. Je sentais en ce probablement Alaric un brin d'inquiétude, lorsque je posais mon regard sur lui... Il sont si facilement impressionnables... Même ma pauvre victime, que l'ont voyait à présent de loin, à peine, bien caché derrière les barricades, n'était plus sous le joux de ma magie. Mais je percevais dans son être un petit quelque chose, entre incompréhension, stupeur et nervosité intense, assez appréciable à voir en vérité. Ca leur apprendra à lever l'arme sur un envoyé de Maitresse Ayshara.


    Finalement, notre attente pris fin, et cette mascarade poursuivit. Mon camarade faisant signe de calme aux réfugiés autour de nous, j'appuyais cette initiative d'un signe de tête entendu. La pire des chose était que je peine à converser avec ce grotesque demi nain, dont le nanisme de son intelligence devait être total d'ailleurs. Tout empestait l'enclave ou la stupidité avait croupie dans l'enfermement. Je n'avais presque pas envie de laisser l'enfant vivre ici. Peut être allait il devenir aussi idiot qu'eux. Il ne méritait pas cela.
    Mais pour l'heure, le seigneur - probablement de ses latrines - me toisait d'un œil supérieur et puérilement arrogant. Voyons ce que converser donnerait. Même si le faire autour d'une table dans leur village aurait été plus pratique. Soupirant intérieurement, je l'imaginais déjà nous supplier... je ne savais pas encore bien de quoi, mais peut importait. M'approchant un peu -pour aider ma voix à porter sans pour autant me heurter aux stupides gardes extérieurs- je me rompis en une légère inclinaison avant me présenter.
    "Sir Adès Webbex, laissez moi humblement me décliner mon identité. Je me nomme Noctalys Dremur, diplomate et ambassadeur de notre bon Empire, envoyé avec mon camarade ici présent pour parlementer sur le différent ayant éclaté aux portes de votre sublime village."
    "Négocier ? Je ne vois aucune raison de négocier. Mon village, comme vous dites, prospère tranquillement depuis un bon moment déjà. Et autant de bouche à nourrir, c'est risqué. Alors je ne verrais aucune raison valable de prendre ces risques pour des linges bien trop lavés pour le coin."
    Nous y voilà... Un regard légèrement plus méprisant m'échappa. Ayez des plumes, ou des poils, et on les jugera. N'en ayez pas, et on comparera les peaux dans les moindre détailles, couleurs, même taches de rousseurs, et on jugera la moindre différence. N'en ayez pas, et on jugera ce que l'ont voit comme une différence dans les têtes... Si ce dernier ne voulait pas se servir de la sienne... je songeais sérieusement à la lui retirer... Mais il reprit, peut être conscient du regard que je lui avais adressé.
    "Puis, qu'est ce qui me dit que vous êtes bien envoyés de notre Impératrice ? Notre bon Empereur a approuvé cette initiative ? Si deux hybrides seulement ont étés envoyés pour le sort de ces réfugiés, ils ne s'inquiètent que bien peu de leur destin !"
    "Nous l'avons, Sir. Je peux vous l'affirmer, et même vous le prouver, pour peu que nous puissions parler plus proche l'un de l'autre que nous le sommes actuellement."
    Devoir prouver nos dires par la missive de Maitresse Ayshara : pathétique... Il ne méritait pas d'admirer sa grâce, pas même au travers de son écriture. Mais alors que je rongeais un peu mon frein, une voix s'éleva de derrière les barricades... Peut être un "notable" de cette cuvette. Probablement préposé à gouverner la brosse pour récurer les toilettes...
    "Mon bon Sir ! Comment croire des hybrides envoyés par l'Impératrice ? L'Empereur ne peut pas être en accord avec cela ! Si notre bonne Impératrice s'est laissé aller à ce genre de niaiserie, au point de s'approcher de ces aberrations, notre Seigneur Soleil ne peut approuver pareil outrage à notre pureté reikoise ! Si nous laissons ces farces de diplomates entrer, l'Empire va à volo ! "
    Je la lui ferrait bien bouffer, cette missive en fait... et qu'il s'étouffe avec... Personne ne pourrait l'en sauver... Prenant quelques secondes pour parvenir à contenir ma colère, je laissais peut être mon optimiste jeune camarade intervenir, si l'envie lui en prenait.


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  • Sam 19 Oct - 15:48
    La joie des chandeliers


    Je me tenais là, le regard rivé sur cette scène improbable, oscillant entre l’étonnement et l’amusement. Le garde, impassible au début, avait cédé aux paroles  du hibou. Dans un abandon de poste qui frôlait l’absurde, il s’éloigna, la silhouette se perdant dans l’ombre, tandis que je ne pouvais m’empêcher de contempler ce spectacle insolite. Quel prodige d’influence possédait donc mon compagnon à plumes !
    À peine le premier homme fut-il hors de vue qu’un autre prit sa place, l’air empreint d’inquiétude, comme si la responsabilité pesait sur ses épaules. Je ne pouvais qu’observer, amusé par ce ballet d’hommes, révélateur des mystères de cette vie, où même les plus stoïques peuvent se voir emportés par le charme d’un regard nocturne.

    La situation, bien qu'apparemment apaisée, vibrait d'une tension palpable. D'un geste délicat de ma patte, j'essayais de faire comprendre à ces immigrés qu'envenimer davantage la scène serait vain. Quelques-uns, attirés par la douceur des paroles de Noctalys, s'approchaient, comme si l'espoir renaissait en eux, une lueur vacillante dans leur regard. Ils semblaient rêver d'une issue favorable, tandis que d'autres, plus sages, murmuraient que notre quête était vouée à l'échec, un échec qui ne pourrait être évité qu'au prix d'un acte de violence, un sacrifice sanglant.
    La tension s'épaissit, semblable à un orage prêt à éclater, lorsque le demi-nain se montra enfin, fier et hâbleur. D'un geste théâtral, il harangua la foule, sa voix résonnant comme un tambour de guerre, galvanisant les cœurs et attisant les esprits.

    Quand l'ambassadeur se présenta et annonça le pourquoi de notre présence en ce lieu, je me risquai à décliner mon nom, m'inclinant avec une politesse empreinte de respect. Mon buste se plia, tandis que je mesurais le poids des regards fixés sur moi, des espoirs mélancoliques et des doutes tenaces, tous suspendus dans l'air.

    La réplique d'Adès ne tarda pas à s'élever, percutante et froide. Sa voix, à la fois rauque et puissante, trahissait une réticence tenace à l'idée même de la négociation. Il s'épancha sur la lourdeur de sa tâche, déclarant qu'il ne pouvait nourrir toutes ces bouches affamées. Son regard se fixa sur moi, scrutant ma détermination, quand il osa mettre en doute notre statut d'envoyés de l'Impératrice. À cette mention de l'empereur, mon cœur fit un bond.
    Je ressentis une colère sourde, un tumulte intérieur face à cette insulte. Dédaignait-il le pouvoir de l'Impératrice ? Était-ce en raison de son sexe ? Le poids de cette pensée m'accabla, une ombre dans l'éclat de notre mission.

    Mais Noctalys s'avança avec assurance. D'un souffle clair et décidé, il affirma que nous avions en notre possession la preuve de notre légitimité, un document écrit de la divine main de l'Impératrice elle-même. Ses mots résonnèrent dans l'air, comme une promesse de clarté au milieu des doutes, ranimant en nous l'espoir d'une réconciliation, d'un dialogue fructueux là où l'incompréhension semblait vouloir régner.

    Je trouvai néanmoins répugnant de penser que le regard de ce chef, empreint d'une arrogance palpable, puisse se poser sur l'écriture si délicate, si parfaite, de Maîtresse Ayshara. Une fureur sourde montait en moi, l'impression qu'il ne se contentait pas de remettre en question notre mauvaise naissance, mais qu'il osait également douter de la volonté même de l'Impératrice. Cette idée, telle une ombre, s'épaississait dans mon esprit.
    Elle gagna en force lorsque, d'un geste théâtral, un autre individu, sans doute issu de la noblesse de ce village, un homme svelte, élégamment vêtu, à l'allure hautaine, s'adressa d'une voix forte à son chef. Il lui offrit, comme un présent empoisonné, un argumentaire pour convaincre plus encore le peuple et Arès, renforçant ainsi leur résistance à notre présence. Cet homme semblait, lui aussi, plus enclin à écouter la voix de l'Empereur qu'à accorder une quelconque valeur à celle de notre Maîtresse.

    Je me mis à toussoter, mal à l'aise, touché par ces paroles qui résonnaient comme un appel à mes responsabilités. Ces mots me ramenaient à mon devoir, à la volonté de la Lune elle-même, celui de promouvoir la juste place des femmes dans ce monde Reikois où leur voix était trop souvent étouffée. Mais devant cette remise en question de l'autorité même de notre Impératrice adorée, je commençai à comprendre l'ampleur de ma tâche.

    Mes pattes s’agrippaient avec une ferveur désespérée au foulard qui ceignait mon cou, un lien fragile, mais ô combien chargé d’émotions tumultueuses. Je le serrais de toutes mes forces, comme si ce geste pouvait contenir la tempête qui grondait en moi. L’instinct sauvage, tel un souffle primal, me susurrait de me ruer sur ces deux ignobles personnages, de lacérer leurs visages, de percer leurs cœurs d’une rage ardente. Mais la sagesse de la Lune, toujours, m’en dissuadait : un carnage aujourd’hui ne serait point de mise, du moins pas encore.
    Derrière nous, une foule d’immigrés se tenait, figée entre l’inquiétude et la fureur, leurs regards amalgamant résignation et désespoir. Je me perdais en réflexions, me demandant si, même si par miracle nous parvenions à un accord, la cohabitation serait viable, pérenne. Que deviendrait tout cela, une fois notre présence évanouie ? La question, pertinente et douloureuse, se hissait dans mon esprit.

    - Sirs, mon compagnon détient un sceau de légitimité, une preuve irréfutable que nous sommes ici pour faire respecter la volonté de l’Impératrice. Ne serait-ce point imprudent, en vérité, de douter de son autorité ? Elle qui, en ce monde, est reconnue par tant comme l’incarnation même de la Déesse Lune, éclatante de lumière et de sagesse.

    N’est-il pas sage de réfléchir aux conséquences de votre défi ? Croyez-vous, en toute bonne foi, qu’il serait judicieux d’attiser sa colère ? En lui conférant une valeur qui ne saurait égaler celle de l’Empereur, ne vous exposez-vous pas à une tempête qui pourrait balayer vos certitudes ? Réfléchissez. Notre sort repose sur la reconnaissance de ce pouvoir sacré, et la moindre négligence pourrait nous précipiter dans un abîme dont il serait difficile de s’extirper.


    Il y avait, dans le timbre de ma voix, une ombre de menace, bien que mes intentions ne fussent guère belliqueuses. Je cherchais à confronter le demi-nain à la dure réalité, lui rappelant l’autorité indiscutable de la souveraine du Reike. Que se passerait-il, en effet, si, dans sa sombre obstination, il persistait à renier cette légitimité ?

    Les griffes de mes pattes s’accrochaient presque avec désespoir, à mon foulard, comme pour me donner la force d'une conversation apaisée. Tandis que le demi-nain et son acolyte échangaient des regards furtifs, je pouvais les voir se racler la gorge, l’anxiété trahissant leur audace. Derrière eux, les villageois faisaient preuve d'un désaccord palpable, leurs murmures s’élevant tel un vent léger, une brise de mécontentement.

    Les immigrés, eux aussi, commençaient à montrer des signes d’impatience. Mon regard se posa, plein de sollicitude, sur la jeune femme tenant son enfant dans ses bras, symbole même de l'innocence que nous devions protéger. Puis, avec une détermination douce mais ferme, je m’approchai de Noctalys.

    Les mains du seigneur des lieux se posèrent, lourdes et déterminées, sur la barricade qui se dressait entre nous. L'autre noble, s’arc-boutant dans l’ombre. Adès nous observait avec un regard empreint de dégoût et de mépris, ses doigts crispés sur le bois, comme si la seule force de sa volonté pouvait rassembler les éclats de sa fierté blessée. Une haine sourde s'épanouissait dans ses prunelles.

    Cinq gardes, s’avançaient vers nous, le pas lourd de menaces palpables, accentuant la tension qui emplissait l'air.

    - Mon cher Noctalys, dis-je, le souffle court d’un désespoir que je peinais à masquer, il semble que notre entreprise ne mènera qu’à la tourmente. Que l’astre Lunaire, éclatant et impassible, soit le témoin de notre patience, alors que l’ombre du conflit s’étend autour de nous...

    Un soupir m’échappa, empreint de mélancolie, tandis que je scrutais tour à tour ces gardes, armés et impatients, leurs yeux brillants d’une ferveur guerrière, attendant un ordre funeste qui pourrait mettre fin à notre résistance.

    - Sir, rétorqua le noble dans l'ombre qui cherchait à forcer la main de la réflexion, du moins, s’il était encore en mesure de réfléchir, ces propos ne sont que fadaises...

    Sa voix, se perdait dans les échos d’un drame qui s’annonçait... Adès allait-il faire le choix de nous recevoir ?

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  • Dim 27 Oct - 19:50
    La joie des Chandeliers


    Mon camarade était nerveux, et comment lui en vouloir? L'audace de ce nain était sans borne... et si notre bonne Maitresse n'était pas si douce, il l'en payerait surement de sa vie, quand bien même nous l'aurons pas à le faire par avance. L'idée n'était pas exclue... toute colère mise à part j'entend. Et alors même que mon mana me brulait les serres, prêts à étriper ce royal enfoiré et son sbire de purin, le jeune renard reprit.
    Quoi que l'axe était maladroit, le ton était efficient. Les éléments, tournés sur notre Maitresse, se voulaient défenseur, et je le comprenais... Mais face à un méprit tel... un argument reposant sur une femme aurait il du poids ? J'avais mal rien que d'en douter d'ailleurs... En revanche, ses airs menaçant pouvaient faire passer un sujet difficile à avaler pour eux. Il avait peut être ses chances... Le nain, accroché à sa balustrade comme à sa vie, semblait la serrer si fort qu'il était sur le point de la faire éclater. Moi, impassible mais bouillonnant, observais ça un œil attentif et méfiant, recueillant les impression du rouquin.
    "Il n'est pas homme à changer d'avis... plus à plier s'il n'a pas d'autres alternative... Et prêt à tout pour ses propres dogmes... dès qu'il en a l'occasion... Je doute que nous trouvions issue favorable... De toute manière, souhaite tu réellement laisser les réfugiés ici à présent ? Quant bien même il accepterais, je ne voudrais pas personnellement. Je n'ai aucune confiance..."
    Ces gardes approchant, je laissais l'ombre s'épaissir un peu autour de mon camarade et moi, juste au cas où. L'obscurité nous protègerait si jamais une lance venait à fendre l'air. Un silence s'épaissit de concert, laissant planer un doute sur la situation très proche... Et ce maudit amalgame de stupidité finit enfin par le briser.
    "Gardes ! Faites les entrer, les deux bestioles et uniquement eux ! Et vous, les "ambassadeurs" que je ne retrouve pas un seul poil ou une seule plume dans l'enceinte de mon village !"
    Une fureur pour dissimuler ses doutes... mais l'ordre ne laissait aucun mystère sur ses réelles intentions. Le doute s'était emparé de sa réflexion, et ça c'était un bon début. Bien rapidement, les gardes s'étant approchés nous encerclèrent, repoussant les réfugiés voulant se glisser entre eux et nous.
    "Restons méfiants..." murmurai je à Herendil tout en calmant les récalcitrants d'un signe de tête apaisé
    J'aurais juré voir brièvement ce seigneur de pacotille chuchoter quelques mots à l'oreille de son sous chandelier, complice des horreurs dites, et probablement commises sans notre intervention. Mais une fois dis, je suivis sans faire d'histoires, désireux d'enfin faire valoir notre droit de parole dans cette affaire... Et peut être pour faire ravaler son orgueil à cette fichue demi portion !

    Une fois rentrés, me voici devant ce nain, juste de l'autre coté de la palissade, sur un sol de terre battue sablonneuse. Toujours bien entouré, en présence d'Henrendil s'il avait suivis, je sortis de mon sac une lettre que je tendis vers cet enfoiré... Nous étions si proche... lui trancher la gorge avec un tout petit peut d'ombre serait si facile... Mais calme... Maitresse voulait une issue diplomatique autant que faire ce pouvait...
    "Je vois..." bougonna Webbex alors que ses yeux souillait la page de son regard "... dans ce cas... discutons... Je ne peux que croire en votre légitimité..."
    Sur ces mots, j'hochais simplement la tête. Mon camarade, s'il entendait ça, se sentirait très mal. Une migraine naissant dans le creux de ses oreilles pour attaquer sa tête, et des picotements dans les doigts, presque comme des fourmis le prenaient.
    "Vous m'en voyez ravi seigneur Webbex. Tout comme nous sommes ravi de vous voir ramené à la raison de la sorte." Une simple tournure de phrase usant du reste de ma patience... "Nous sommes certains que trouver issue favorable et réciproquement profitable sera à présent possible. Où souhaiteriez vous nous recevoir ?"
    "Hé bien... mes...sieurs, si vous voulez bien nous offrir encore une once de patience, nous jugions préférable de vous offrir une visite des lieux pour nous arrêter dans la demeure de notre bon Sir une fois finis. Ainsi, vous aurez meilleur aperçu de notre situation pour les négociations."
    Les sensations du jeune renard devaient s'intensifier alors que je me contentais de suivre... Ils préparaient forcément quelque chose... Mais sans ce genre de patience... aucune négociation ne pouvait se mener...
    "Soit... mais faites vites. Nous aimerions entrer dans le vif du sujet rapidement..."
    Plus nous laissions de temps... plus ils pouvaient se passer des choses en coulisses... et ça ne me plaisait pas... Mais jouer ce jeu semblait nécessaire au moins pour les calmer un peu. Bien rapidement, ce notable notablement détestable me présenta la place centrale, et je le guidais moi même vers des lieux attisant faussement ma curiosité pour accélérer la présentation. Je pus en pointer un ou deux, pas bien plus. Et les gardes nous suivaient encore et toujours... comme pour s'assurer que nous ne contaminions pas les habitants... quoi que nous puissions leur transmettre. Mais la sensation de mon camarade devait empirer encore... Le seigneur de malheur, lui, s'était effacé sur la visite, semblant satisfait de l'œuvre de son laquais notablement agaçant.
    "Le quartier marchand présente en effet tout ses intérêts en une présentation, mon bon monsieur, et je vous remercie d'éclairer ainsi ma lanterne sur la situation économique ici. Mais visiter un quartier résidentiel est il bien utile ? Ne serait ce pas de..."
    Alors que ma tentative d'écourter la visite prenait place, mon jeune camarade devait sentir comme un problème. Un bruit métallique fendant l'air, qui lui serait encore plus simple d'entendre s'il avait éveillé ses sens, juste derrière lui. En définitive... notre bon seigneur Webbex, sortant un coutelât à notre suite, n'avait jamais crus en notre légitimité... Pour lui, le sceau était falsifié. Et se débarrasser de manants cherchant à usurper la parole impérial lui vaudrait bien une grande récompense...


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  • Jeu 31 Oct - 20:58
    La joie des chandeliers


    Dans l’atmosphère lourde, la prémonition d’un verdict funeste flottait parmi nous. Noctalys, mon compagnon de route, semblait accablé par un morne pressentiment quant au destin qui nous attendait face à cet Adès, cet être obstiné, dont l’indifférence aux supplications des âmes errantes ne pouvait que créer de sombres répercussions. La tension était palpable. Si l'issue devait se révéler défavorable, il ne resterait plus qu’à faire appel à la fureur, cette violence sourde qui sommeillait en moi et qui, de mes griffes acérées, se nourrirait des cœurs de ceux qui ignorait la compassion.

    Pourtant, un souffle de soulagement m’envahit à la réponse évasive du demi-nain, malgré la rudesse de son langage, qui, bien que peu flatteur, trahissait peut-être une lueur d’espoir. Je ne pus m’empêcher d'afficher une satisfaction teintée de fierté, peut-être mal placée, d’avoir ouvert les portes de cet antre détestable, qui recelait certainement mille dangers. Les gardes, tels des ombres menaçantes, nous cernaient, préparant le cortège qui nous mènerait vers ces immenses portes de bois.

    Noctalys renforça son sort, épaississant l’obscurité qui nous entourait, tel un voile protecteur qui, malgré cette petite victoire, ne saurait apaiser nos craintes. Le sol, sableux et traître, m’inspirait une haine profonde. Alors que nous franchissions ces portes sous une escorte vigilante, un étrange sentiment troublait mon esprit.

    Nous fûmes conduits vers le fameux Webbex, dont la réputation nous avait précédés, et je m’amusai à jouer avec mes moustaches de renard, caressant l’espoir d’une issue favorable. Je les lissai, observant avec attention mon cher compère qui, d’un geste assuré, tira de sa sacoche la lettre de notre Maîtresse. Il la présenta à notre interlocuteur, ce farouche représentant d’un monde que nous voulions détruire.

    Dans l'ombre de la place, quelque chose d’insaisissable flottait dans l’air, tel un parfum de méfiance. Mon esprit, aiguisé par mon flair animal, s’éveillait à chaque frémissement de l’environnement. Mes moustaches, ces délicates antennes de ma vigilance, se dressaient, captant les infimes vibrations d’un danger proche que je feignais de comprendre par un comportement nonchalant.

    Noctalys, l’ambassadeur, interrogea le demi-nain, lui demandant où nous pourrions être accueillis. Mais déjà, son acolyte, avec arrogance, nous implorait d’être patients, comme si le temps lui appartenait, comme s’il pouvait retenir les événements à venir. Mon esprit, lui, s’emballait, d’autant plus que la sincérité de ces deux êtres me semblait fausse.

    Je cessai d’accorder attention à mes précieuses moustaches, préférant laisser les sens en éveil, explorer ce qui m’entourait. Les regards des passants, chargés de méfiance, me parvenaient tels des échos d’un monde en proie à la haine. Les gardes, omniprésents, comme des statues de pierre, semblaient interdire toute forme de contact, rendant l’atmosphère plus pesante encore.

    La visite se poursuivait, mais elle n’avait rien de captivant. Une place ordinaire, vantée par le demi-nain comme l’orgueil de son fief. Je me surpris à penser qu'il serait préférable de persuader ces immigrés de fuir ce lieu, de chercher un asile plus digne, plus en accord avec l’espoir que l’on porte en soi. Pourtant, l’ardeur qui brûlait en moi ne pouvait se résoudre à laisser un tel endroit subsister. Cette promenade, vague et floue, se révélait être un piège subtil, un stratagème orchestré par l’acolyte d’Adès.

    Nous fîmes halte dans un quartier résidentiel. Noctalys tenta de mettre fin à cette visite futile, mais sa voix se perdit soudainement. Tout à coup, explosant derrière moi comme un orage un coup mortel menaçait mon existence. Je réagis, bondissant avec une agilité presque surnaturelle, esquivant le coup du demi-nain, dont la force impulsive le précipita en avant, l’attaquant avec la brutalité de sa propre énergie s'apprêtait à chuter.

    Aux alentours, la stupeur se répandait comme une ombre pesante.

    - Seigneur ! s’écria l’accolyte.

    Les gardes, empoignant leurs piques avec une fougue indomptable, se tenaient prêts à défendre leur honneur. Dans ce tumulte, d’un geste agile, je saisis le chef du village par le col, mes griffes effleurant sa gorge, telle une menace suspendue, pesant sur les cœurs de ceux qui, ivres de haine, nous entouraient. Le regard écarquillé, son arme tomba dans le sable, comme un symbole de sa défaite. Ce misérable Adès, tremblant comme une feuille au vent, agitait ses bras dans une danse désespérée, implorant ses hommes de ne point commettre l’irréparable.

    Je savais, hélas, que notre noble dessein d’agir sans violence s’effondrait. Mais qu’importe ! L’ennemi avait porté le premier coup ; nous n’étions que des défenseurs. L’obscurité, fruit du pouvoir de Noctalys, se révélait être pour nous une alliée précieuse, à l’instar de notre talent partagé pour voir dans la nuit la plus sombre.

    Un désir ardent brûlait en moi, celui de planter mes griffes dans cette chair tremblante. Cependant, je me contentais de titiller sa peau, savourant cette danse macabre, laissant un filet de sang s’échapper tel un doux nectar. Ainsi, dans ce moment suspendu, nous étions à la fois bourreaux et victimes.

    - Calmons-nous ! déclama l'adjoint d'Adès
    Le nobliau, levant les bras avec une prudente aisance, s’avançait, ignorant le danger qui l’assaillait. Mes griffes, luisantes sous la lumière blafarde, jouaient avec la gorge de sa proie, comme un avertissement. Comprenant ce geste, il s’immobilisa, un frisson d’effroi parcourant son être.

    La compassion de Maîtresse Ayshara irradiait en moi, seule raison qui maintenait en vie ce demi-nain, dont l’existence pendait à un fil.

    - Sir, il me semble que la quiétude nous était acquise avant votre perfidie, soufflai-je, serrant davantage la gorge de ma proie. Ses gesticulations désespérées, supplications maladroites pour sa propre survie, résonnaient dans l’air comme un chant grotesque. Je détournai le regard vers Noctalys, compagnon fidèle, dont les prunelles brillaient d’un désir sanguinaire, d’une impatience à voir cette proie expirer sous notre emprise.

    Pas encore, me répétai-je en me léchant les babines, la tentation du carnage flottant dans l’air. Je tournai mon regard vers les gardes présents, silhouettes figées dans l’attente, conscients qu’un geste maladroit serait synonyme de fin pour Adès.

    - Votre sceau est faux, comment osez-vous usurper la voix de notre Impératrice ?  s’écria l’adjoint de Webbex, sa provocation faisant bondir mon coeur. Cette audace me fit frémir, et je restai muet, laissant le silence, ma foi en Maîtresse Ayshara ne souffrant aucune réplique trop rapide.

    Noctalys, mon ami hibou, devait agir ! Son éloquence, je n’en doutais guère, pouvait-elle encore apaiser les tensions ? Eteindre les braises d’un conflit naissant. Mais, en ce moment, que faire des immigrés ? Une lutte sanglante serait-elle le reflet de notre dignité, de notre humanité ?

    La tension, comme un fil tendu, menaçait de céder, et au loin, les voix des villageois et des immigrés s’élevaient, s’entremêlant dans une cacophonie de disputes, d’insultes. Une étincelle, et tout exploserait.
    Dans un lent mouvement, forçant le demi-nain à avancer, je m’approchai de Noctalys.

    - Que la Déesse Lune soit le témoin de votre folie, car nous nous tenons ici en son nom, afin d'accomplir sa volonté ! Annonçai-je d’une voix claire, conscient que toute tentative de persuasion serait vaine. Le temps de convaincre était révolu, il était trop tard pour les mots.

    Dans un élan de colère, poussé par le désir de venger l'honneur de Maîtresse Ayshara, bafoué par l'incroyance de ses êtres pour ses écrits sacrés, je laissai mes griffes s’enfoncer dans la joue d’Adès. Avec une douceur troublante, je traçai cinq sillons écarlates sur sa peau. Son hurlement déchira l’air, résonnant comme un écho lugubre de sa douleur, tandis qu’il tremblait sous l’impact de ma rage.
    Désormais, la charge de l’action revenait à Noctalys. Qu’il choisisse de s'exprimer, de défier ce qui restait de diplomatie, ou de tourner la page de cette rencontre tragique en lançant le combat, j’étais prêt, conscient que les ombres de cette nuit marquaient un tournant irréversible. L’instant était grave sous le regard complice de la Lune.


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    Noctalys Dremur
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  • Sam 2 Nov - 21:25
    La joie des Chandeliers


    Je sentais bien la tension de mon camarade, conscient qu'elle était bien légitime. A dire vrai, je l'étais aussi, juste assez pour réagir rapidement en cas de besoin. Pour autant, et ce même si le notable commençait à m'agacer avec ces discours à rallonge, les choses semblaient se décanter lentement. Et alors même que je tentais d'accélérer les choses... un courant d'air souffla dans mon dos. J'avais... vraiment rien vu venir... Avec une rapidité saisissante, le jeune renard avait déjoué une attaque en traitre du Seigneur... de la connerie. Il l'avait même maitrisé, enserrant violemment son cou. Observant cela, je m'empressais de distordre ma propre ombre, assez pour l'enrouler autour de moi même. Restant visible par transparence, je laissais mon obscur tête surplomber la mienne, des trous menaçant à la place des yeux couronnant une bouche aux dents crochues. Si le rouquin était sous couvert de sa menace, on ne pouvait exclure une tentative d'en attenter à ma vie, voir même me prendre en otage, pour contrebalancer le renversement de situation récent. Alors autant être trop prévenant.
    Mes yeux, et bien les miens cette fois, scrutait tous les protagonistes de cette scène. Le notable, semblant sincèrement inquiet pour son cher seigneur, s'épanchait en émotions et en suppliques. Les gardes, armes au clair, attendaient la moindre occasion de reprendre l'avantage. Il sera définitivement bien complexe d'éviter toute effusion de sang, comme demandé par notre bonne Maitresse. D'autant plus que mon camarade semblait avoir une soif sanguinaire à assouvir... Un instant perplexe, je réfléchissais. Si cet élan ne m'étais pas désagréable à imaginer, peut être que ses instincts demandait plus de méfiance... Ce murmure... léger chez moi, était peut être plus intense chez lui... Et éviter de le laisser s'épancher dedans serait peut être préférable... Voilà une situation bien délicate... Définitivement. L'ironie était bien là. Je passais donc de la peur de ses instincts pour ma propre survie, à cette même peur... alors qu'il était en phase de l'exprimer pour me défendre. Enfin, nous défendre plus précisément.

    Finalement, l'acolyte dans la stupidité de Webbex énonça tout haut ce qui m'avait échappé. Voilà donc le problème... Quoi que nous leur montrerions... ils étaient décidés à ne pas nous croire... Couvrant mon soupire, le jeune hybride répliqua rapidement. Les choses allaient vraiment mal finir...
    "Herendil..." murmurai je assez bas, juste assez pour me faire entendre du renard, et fatalement du demi nain, bien que cela l'encouragerait peut être à rester docile... "... commences par garder ton calme. Et je sais bien que ça n'est pas chose aisée. Je me fais peut être des idées l'ami... mais cette piètre créature ne mérite même pas d'être qualifiée de proie..."
    Sur ces mots, le moins que rien gesticulant et hurlant me dévisagea d'un regard de panique, entre l'implorant et le terrifié. Peut être espérait il que je ne le libère de l'emprise du rouquin ?
    "Oui ! Oui voilà ! Et... et si vous pourriez me lâcher !!!"
    J'avais donc vu juste... pathétique... Secouant la tête en signe de désapprobation, je posais un regard appuyé mais calme sur Herendil, comme pour lui affirmer de ne pas le lâcher pour autant. J'avais confiance en sa maitrise de lui.
    "Habitants de ce village et autres notables entourant peut être peu habilement votre Seigneur, sachez que vous avez gagné. Vous n'accueillerez pas les réfugiés."
    Cette traitrise était celle de trop. Nous ne pouvions pas leur faire confiance. J'avais toutes les preuves tendant à dire que si nous continuions dans cette voie, celle de les forcer à accepter les réfugiés, ils ne ferraient que les tuer une fois mon camarade et moi partis. Et si nous avions à faire couler le sang -celui de leur Seigneur ou autre- ils y verraient là même une vengeance. Un sang pour sang... Et cela irait de morts d'idiots en celle d'innocents malchanceux jusqu'à la destruction du village... Et si la mort des abrutis de ce village m'était une douce idée... Perdre une force de travail aussi infime soit elle était désavantageux pour l'Empire... AH !!! La situation était rageante. Et si notre envie personnelle allait vers le sang... Nous n'étions pas là pour laisser libre court à nos désirs... Mais pour le Reike. Les effusions de sang oubliables étaient peut être même de mauvaise augure pour les réfugiés...
    "Donnez nous des vivres, nourriture et eaux. Assez pour permettre aux réfugiés de se nourrir pendant plusieurs jours de marche. Faites le et nous repartirons avec eux. Ainsi vous n'entendez plus jamais parlez d'eux. De l'Empire, au vu de votre stupidité manifeste, je ne garanti rien. Mais déjà, vous serez débarrassés d'eux, voir peut être aussi de nous."
    Ma demande, semblant surprendre, laissa des murmures et des émois de surprises raisonner tout autour de nous. Cela semblait avoir fait parler. Les habitants, semblant hésitants, n'étaient pas vraiment attirés par l'idée. Et je m'en doutais. Mais on n'avait rien sans rien... Et sans vivre... Les réfugiés ne tiendraient pas la marche jusqu'au prochain village. Si notre cher demi nain restait hagard, ayant même abandonné l'idée de se libérer visiblement, ce fut bien son acolyte qui s'approcha alors -plus de moi que du jeune renard.
    "Mon bon monsieur... Nous comprenons vos revendications... Et sommes tout ouïe... Mais nourrir autant de bouches pour plusieurs jours nous mettrait à coup sûr sur la paille... Et cette dépense imprévue comme inconsidérée pourrait bien signer une famine sur notre village, qu'il est du devoir de notre... notre bon Seigneur d'éviter vous voyez ?"
    Revendications ? Nous n'étions donc ici rien de plus que de simples criminels... Toujours étant que je n'étais guerre prêt à faire concession sur cette demande. La priorité était la sécurité des réfugiés. Songeur et réfléchissant, je scrutais un instant les alentours. Derrière les gardes pétrifiés face à la situation, se trouvait les habitants s'indignant à demi mots. Parmi eux des femmes, des jeunes gens, voir même quelques enfants que l'ont voyait à peine entre les jambes des plus grands... Merde...
    "En ce cas, donnez nous ce que nous réclamons, et dès notre retour à Ikusa, je m'occuperais de payer toutes les fournitures en les remplaçant par équivalent. Ce genre de frais peut être envisagé dans le cadre de notre mission. Il nous faudra simplement le temps de faire partir un convoi, et à ce dernier d'arriver."
    "Hé bien... J'ai bien peur que cette acte de foi réclamé ne rende notre population très réticente... Nous entendons bien votre version des faits... Mais dans l'éventualité ou vous n'êtes pas ce que vous prétendez être... Nous n'avons aucune garantie pour un tel échange de bon procédé. Et alors c'est à nos sujets que la nourriture manquera..." Il sembla s'agiter un peu, nerveux "Et si... pour commencer, vous libériez notre bon Seigneur... en guise de bonne foi !"
    Il campait sur ses positions... tentait même une demande en laquelle je n'avais plus aucune confiance... Quelle poisse... En définitive, j'étais prêt à faire partir des vivres vers le village, remboursé au double et sur ma solde s'il le fallait... Notre bonne Maitresse ayant la bonté de nous loger : je pensais pouvoir me permettre telle bonté d'âme. Même si, dans sa bonté à elle, notre douce Déesse Lune aurait probablement fait payer la couronne pour ces frais... Mais même cela il en était réticent... Comment les en convaincre ? Sans leur offrir toute ouverture pour nous tuer j'entend... Autre qu'en éliminant des cibles jusqu'à capitulation aussi... Si cette option pouvait, dans un sens marcher, elle pouvait dans un autre nous mettre en danger, voir créer le chaos.
    De même, je craignait que l'exposition au sang ne titille les instincts de mon camarade rouquin de par l'odeur... J'espérais simplement que chipoter trop longtemps n'allait pas épuiser toute sa retenue... Alors ce n'était plus pour moi que j'avais peur, mais pour eux. De même, je resterais de son coté, même en cas d'égarement de sa part... En espérant juste qu'il ne croque pas de civils peu coupables de la stupidité de leur "Seigneur"...

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    [Challenge] La joie des Chandeliers Sailor12
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