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    Tulkas
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  • Jeu 3 Oct - 11:48
    - Honoré Khashis, le rapport stipule clai-
    - J’ai lu vos rapports, Luteni. Que coupait la voix du Khashis Vitruvir, un vieil homme dont l’âge ne semblait pas avoir terni la force. Des créatures auraient attaqué votre campement dans la nuit, vous êtes le seul survivant. Mais comment expliquez-vous les corps brûlés découverts par la troupe du Nylsark Hraken sur le lieu de votre campement ?
    - De quoi m’accusez-vous au juste, Khashis ?

    La tension était palpable, l’officier Reikois qui avait exigé que soit entendu le Luteni Tulkas après la bataille de Melorn avait été malin. Profitant d’un déplacement de la Griffe et maniant son influence dans les sphères militaires avec habileté pour traîner le banneret dans la boue et le placer sous l’autorité de sa cour martiale. Deydreus avais beau être une légende vivante, ses Serres Pourpres des héros aux yeux du peuple, mais dans l’armée il existait toujours des éléments traditionnalistes, qui n’avaient pas forcément vu d’un bon œil les réformes militaires nécessaires qu’avait entrepris le nouveau bras droit de l’Empereur. Aussi, ils étaient décidés à le faire payer en amputant la Griffe de ses hommes de confiance. Le Tovyr était intouchable, dans sa forteresse d’airain, les autres Serres Pourpres étaient toujours en déplacement avec la Griffe et donc, sous sa protection.

    Seul Tulkas, qui par sa nature de banneret, était amené à opérer régulièrement loin de la protection de la Griffe. Certains y voyaient une forme de désapprobation de la part du commandant-en-chef de la Kyrielle, Tulkas y voyait lui plus une forme de confiance et un mentorat avisé. Façonné, au fur et à mesure de ses aventures, le Luteni en un instrument aussi efficace au combat qu’en politique.

    - Comment expliquez-vous, Luteni, que vous ayez survécu ?

    Vitruvir était un des représentants de la vieille école martiale du Reike, pour qui l’échec était synonyme de lâcheté et de couardise. Si Tulkas avait été l’homme qu’il prétendais être, puissant, droit et glorieux, il n’aurait pas échoué, pire encore, il ne serait jamais revenu vivant. Et pourtant, face à lui, se dressait la figure du Taïsenois, de l’ancienne coqueluche des arènes, l’esclave devenu homme de confiance de l’un des hommes les plus puissant de tout l’Empire.

    - Vous m’accusez de lâcheté, Khashis ? Que demanda Tulkas en levant les mains pour s’appuyer sur la rambarde de l’estrade.
    - Cinquante cavaliers, Luteni. Que répondit sèchement le Khashis. Cinquante cavaliers de la garnison de Maël, des vétérans de la guerre contre les titans, morts, jusqu’au dernier, sous votre commandement. Cinquante cavaliers, Luteni. Qu’il répéta. Cinquante. Qu’il appuya. Et pas un d’entre eux n’a survécu à votre mission. Seul vous, quelle force est capable de venir à bout d’une force pareille sans qu’elle ne soit repérée par nos autres patrouilleurs ? Pourquoi sont-ils morts, eux, et pourquoi êtes-vous en vie, vous ? Pourquoi n’avons-nous trouvé que leurs corps brûlés ?

    Tulkas se redressa, blessé dans son orgueil et marqua un temps d’arrêt pour considérer sa situation. Il était vrai qu’il était persuadé que personne n’allait retrouver les corps de ceux qu’Elle avait massacré en corrompant sa magie. Fermant les yeux, il inspira longuement avant de répondre.

    - Honorable Khashis. Qu’il commença. Avez-vous seulement conscience de la gravité de la situation au Shoumeï ? Des créatures qui y rôdent ?
    - J’ai lu les rapports, oui. Que répondit Vitruvir.
    - Savez-vous ce qu’il s’y passe, quand on y meurt ? Que le Luteni demanda, grinçant des dents. Les corps se relèvent, animés par une nécromancie impie qui ferait vomir même le plus vil de nos thaumaturges. Ils ne sont pas réanimés par l’animus ou une quelconque magie, non, mais par une corruption manifeste. Si manifeste, qu’elle suinte par les pores de leurs peaux et par les plaies béantes qui les ont terrassés.
    - Et donc ?
    - Face à une défaite inévitable, j’ai canalisé ce qu’il me restait d’animus pour manifester les flammes de ma rage. Qu’il dit, baissant les yeux sur la paume qu’il venait d’ouvrir avant de ferme le poing. Et elle s’est manifestée en un grand torrent de flammes qui ont purifié les âmes de mes hommes, refusant la servitude de mes frères d’armes au Grand Ennemi.

    Le Luteni tira lentement le gant qui recouvrait sa main bandée, dont il saisit le lin pour défaire le bandage qu’il enroulait autour de son autre main, révélant un quelconque cataplasme qui recouvrait les chairs brûlés de sa main, craquelée et noircie, semblable à celle d’un alligator tant elle était luisante. La chair guérirait, Tulkas avait subis de bien pires blessures dans sa vie, mais celle-ci avait une symbolique toute autre, qu’il se refusait d’effacer en canalisant son animus pour accélérer le processus.

    - Nos mages de guerres me sont témoins, honorable Khashis, de la nature chaotique que prends l’animus depuis l’apparition de cette plaie suppurante à l’écorce de l’Arbre Monde. Et si vous, comme moi, en ressentons la perturbation alors que nous sommes terrés derrière les remparts d’Ikusa, je vous demande d’imaginer l’étendue de la corruption qui ravage la province du Shoumeï. Vous n’avez pas idée des dangers qui se terrent dans les plaines vitrifiées du sous-continent. Moi, si.

    Ce que n’avait pas considéré Vitruvir, c’est que Tulkas avait été un excellent acteur durant sa carrière de gladiateur. Et un orateur capable de captiver des foules fortes de millier d’individus. Sa voix était puissante, sa posture impeccable, sa conviction se lisait sur son visage et il venait de faire de sa cour son estrade. Et le vent tourna.

    - J’ai saigné pour l’empire, des entrailles de la désolation jusqu’à risquer ma vie pour protéger le cœur de Melorn. Je suis sur la ligne de front contre le Grand Ennemi depuis sa manifestation, comme le fait la Griffe et comme le fait le Tovyr du Courroux, comme le font les dévoreurs et les serres pourpres ! Tandis que d’autres se terrent derrière leurs murailles en espérant qu’elles ne soient pas balayées par la tempête qui viens... Nous... Nous saignons !

    Un murmure s’éleva, les faits d’armes des Serres Pourpres et des Dévoreurs restaient des arguments de poids et Tulkas, en tant que banneret de la Griffe, rappelait à ces hommes cachés derrière les murailles d’Ikusa que c’était la bannière de Sable et de Gueule qui menait la charge contre les impurs et les enfants des titans. Murmure qui devint discussion qui se mua en brouhaha. La rhétorique du Luteni était incendiaire, dans d’autres circonstances elles auraient pu lui coûter sa tête, défier ainsi un Khashis était du suicide la plupart du temps, mais heureusement pour lui, ses états de services autrement impeccables donnaient du poids à son récit et le prestige de sa position étaient des armes qu’il utilisait pour la première fois. Rapidement, l’esclandre fut soumis par le martellement furieux de Vitruvir qui frappait du marteau contre une pierre pour ordonner le silence.

    - Sur ce, honorable Khashis, je dois me rendre à Maël. Qu’il grinça des dents. Transmettez vos doléances à la Griffe, au lieu de me faire perdre mon temps.

    Ce rappel, subtil, de la hiérarchie frappa assez durement Vitruvir dont la force sembla s’amenuir un instant, c’est comme si son plastron était soudainement plus grand. Et lui, plus maigre. Il hocha la tête, silencieusement avant de se redresser pour quitter ce théâtre dans lequel il réalisait qu’il venait de se faire ridiculiser. Tellement occupé à vouloir traîner les Serres Pourpres dans la boue qu’il n’avait pas vu venir le discours du Luteni qui avait retourné ses sbires contre lui. Une première, pour Tulkas, qui découvrait les joies de la politique qui lui avais été épargnée, jusqu’ici, par la Griffe.

    Soupirant, l’homme quitta la chambre dans laquelle s’était réuni cette parodie de « cour martiale », et avança dans les couloirs du palais jusqu’à entendre le bruit de bottes ferrées lointain et la voix, craintive, d’un homme qui semblait parler à quelqu’un dont le statut le dépassait largement.

    - Mon seigneur, comprenez bien que…

    Tulkas s’arrêta, avant de ployer le genoux.

    - Ma Griffe. Qu’il dit en baissant la tête. Vous n’aviez pas à vous déplacer pour ça.


    La sentinelle de l'Ouest - Deydreus, Tensaï [Corruption : 30%] 5CwAax9
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    Le Chevalier Noir
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    Deydreus Fictilem
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  • Jeu 3 Oct - 14:26

    Le pas rapide, Deydreus marchait silencieusement. Derrière lui, les Serres Pourpres arboraient les couleurs du régiment. L'air semblait lourd, dense, alors que le groupe armé circulait dans les rues d'Ikusa. Ils étaient partis dès que la Griffe était arrivée à la caserne. Il n'y avait eu aucun repos, aucun compte rendu. Le chef des armées s'était déplacé en personne depuis les terres du nord. Et on pouvait lire dans son regard sang et glace à quel point il était agacé.

    La politique avait toujours été une plaie pour le bretteur aux lames jumelles. S'il y avait une chose qui avait le don de donner l'impression au vampire que le temps s'écoulait avec une lenteur insupportable, c'était bien les jeux politiques et autre manœuvres de cours. La plupart du temps, il ne s'agissait que de nobles gavés de richesses et dont les ambitions ne s'alignaient pas avec l'armée et la rigueur qui s'imposait à présent à l'Empire. Beaucoup des grandes familles de la nation du dragon semblaient oublier l'urgence de la guerre. Mais, malgré tout, le nombre de personnes osant s'opposer à l'Empereur ou son bras droit était très bas. La guerre les privait de quelques richesses qu'ils convoitaient, tout comme de leur influence, mais ils acceptaient pour la plupart de payer le prix. Seulement... Il arrivait parfois que ces intentions politiques et égoïstes proviennent des rangs de l'armée elle même.  

    Depuis qu'il avait fait son duel et qu'il était devenu immortel, Deydreus avait eu à cœur de "purger" son armée des faibles et des vaniteux. Il désirait voir les impériaux au sommet de leur art. Des combattants féroces. Des loups parmi les agneaux. Et si les éléments les plus laxistes avaient été remerciés, il n'empêchait que certain des officiers déjà en place était suffisamment efficace pour demeurer à leur poste malgré l'aversion ou la jalousie qu'ils auraient pu avoir contre la Griffe. Et en soit, le chevalier noir s'en moquait. Peu lui importait l'amour de certains de ses officiers tant que ces derniers lui demeuraient loyaux et exécutaient ses ordres. Qu'ils continuaient de se battre pour l'Empire et ses intérêts. Mais ce n'était pas le cas des plus vicieux. Des hommes les plus rongés par l'ambition et l'envie.

    Vtruvir était un Khashis particulièrement influent. Vétéran de nombreuses batailles, l'homme avait su garder toute son influence et sa force malgré les années. Si sa peau s'était ridée, sa stature n'avait pas perdu de sa superbe et il demeurait un combattant féroce au savoir tactique particulièrement développé. D'ailleurs, Deydreus avait pendant de nombreuses années estimé l'homme. Mais à présent, ce dernier était devenu plus aigri. Visiblement frustré de n'avoir pu prétendre au poste qu'occupait aujourd'hui le vampire, le militaire n'avait de cesse que de tenter de ternir le nom du régiment d'élite reikois ou du vampire lui même. A de trop nombreuses reprises, et pour éviter tout conflit inutile, Deydreus avait laissé faire. Il s'était simplement contenter de répondre de manière acerbe mais intelligente au capitaine. Lui faire comprendre l'étendu de son erreur et le ridicule de son comportement. Mais aujourd'hui, il était allé trop loin.

    Rapidement, la troupe armée arriva au niveau du palais impérial. S'arrêtant soudainement devant les premières murailles qui formaient l'enceinte du joyau d'Ikusa, le vampire se retourna pour observer ses hommes. Plus d'une cinquantaine de Serres pourpres se trouvaient là. Le reste des troupes étaient restées à la forteresse de Coeur-Ebene ou bien elles étaient parties rendre visite à la forteresse du Courroux. La présence de ces fantassins ici n'était pas de démontrer la moindre menace mais plutôt le soutien indéfectible d'hommes d'armes envers l'un de leur frère. S'approchant d'Esyleij et d'Ikaryon, le chevalier noir prit finalement la parole.

    - Allez rejoindre les gardes et formez un périmètre avec eux. Prêtez leur main forte dans leurs patrouilles. Parlez avec eux s'il faut. Je ne veux pas qu'on prenne votre présence comme une quelconque intention hostile quand ce n'est clairement pas le but. Mais... Observez les rues. On ne sait pas jusqu'où les ambitions de ce fou pourraient aller et je n'ai pas envie de voir une foule en colère débarquer au palais.

    Quittant donc ses hommes, le bretteur aux lames jumelles s'avança finalement vers l'entrée du dit palais. Là, les gardes le saluèrent et le laissèrent passer sans formalité. Outre sa notoriété, la Griffe n'avait pas à montrer patte blanche comme le reste des visiteurs. Il avait droit de circuler dans le palais pour pouvoir se rendre rapidement auprès de Tensai au besoin. Et puis, possédant le même sceau que Zéphyr, il ne pouvait pas non plus être la victime d'une usurpation d'identité. A l'intérieur des murs du bâtiment régalien, l'ambiance était étrange. On y sentait à la fois une légèreté naïve. Comme si la guerre et les problèmes de l'Empire et du Monde ne pouvaient percer les dorures et le marbre. Pour autant, on pouvait également y déceler une pression toute particulière. Surtout après le passage de la Griffe. A plusieurs reprises, les nobles et autres consultants devaient s'écarter pour le laisser passer, leurs yeux curieux et intimidés glissant sur l'armure d'ébène du sombre chevalier. L'audience qu'avait ordonné Vitruvir n'était un secret pour personne. Comme beaucoup d'autres "secrets", la nouvelle s'était répandue au sein du palais et de la noblesse comme une traînée de poudre. Manipulation politique ? Véritable procès ? Trahison ? Les mots étaient nombreux pour définir la volonté du Khashis. S'il aurait voulu être là depuis le début, Deydreus avait été retardé par une météo affreuse depuis le Nord. Il savait qu'il n'avait pas été convié par l'officier à l'origine de la dite audience. Mais il s'en moquait. Il n'était pas question d'un simple jugement envers un militaire lambda. On tentait de s'en prendre à l'un des siens. On tentait de salir la bannière sang et gueule. Et cela, il ne pouvait le tolérer.

    Sortant soudainement de ses pensées tandis qu'un garde hésitant se tenait devant lui en levant timidement les mains pour lui intimer de s'arrêter. Bien, si on tentait de l'arrêter, c'était qu'il était près de la salle d'audience. Plongeant son regard hétérochrome dans celui du garde, le chevalier se contenta de fixer celui qui essayait de le stopper dans sa marche. Quand il prit finalement la parole, le bretteur haussa un sourcil avant que le garde ne se fasse couper par la voix de Tulkas, un peu plus loin, saluant son supérieur. Posant sa dextre sur l'épaulière du malheureux se trouvant entre lui et son frère d'arme, le vampire écarta simplement ce dernier de son chemin avant de continuer d'avancer. Si la peur sembla gagner quelques secondes le protecteur du palais, ce dernier se mua dans un silence lourd de sens avant de se fondre dans le décor, conscient que son intervention avait plus causé des problèmes plutôt que d'apaiser l'humeur déjà désastreuse du chevalier noir.

    - Relève toi, Tulkas.

    Attendant que son luteni ne s'exécute, le vampire salua ensuite le lion de Taisen en lui serrant la main, avant de reprendre.

    - Je ne me suis pas déplacé simplement pour voir si tu parviendrais à te défendre. Cela, je n'en doute pas. En revanche, je ne peux tolérer plus longtemps les insultes de ce vieil homme. Suis moi.

    Se mettant alors de nouveau en marche, le bretteur jeta une dernière œillade au garde royal qui se contenta d'effectuer une révérence avant de reprendre sa propre patrouille, comprenant bien qu'il était à présent inutile pour lui de rester là. Bougeant les doigts de sa main droite pour faire cliqueter les jointures de son gantelets, l'être aux yeux vairons affichait à présent une mine froide et sans expression. Pourtant, il était évident que le vampire bouillonnait intérieurement. "Une perte de temps". Voila ce qu'était pour lui l'issue du comportement de Vitruvir. Arrivant finalement au niveau de la chambre qu'avait quitté quelques instants plus tôt Tulkas, la Griffe appuya d'un mouvement sec sur la lourde porte. Dans un bruit sourd, les battants de cette dernière claquèrent contre les murs de la grande salle. Faisant fi du nombre de regards qui venaient de plonger en sa direction, le vampire s'avança au travers de cette dernière, ses grèves frappant le marbre du palais comme un tonnerre grondant. Et au fond de la pièce, le Khashis   se releva subitement.

    - Seigneur Fictilem ? Nous ne nous attendions pas à ...

    Coupé dans sa phrase par la main dressé du chevalier noir, le militaire afficha une mine agacée tandis que les autres personnalités présentes commençaient déjà à discuter entre elles. Baissant doucement sa dextre, le vampire plongea ensuite directement son regard hétérochrome dans celui de l'homme qui lui faisait face. Et l'air sembla s'alourdir davantage.

    - Qu'est-ce donc que tout cela, Vitruvir ? Le poids de vos ambitions et votre jalousie n'a-t-il pas de limite qu'il vous force à tenter de salir l'honneur de mon banneret ? Que vous vous permettez, depuis votre siège confortable, de salir les actes d'un héros de guerre et de chercher à le faire passer pour un incompétent ?
    - Je cherchais simplement à faire la lumière sur...
    - Sur quoi ? Sur quel ordre ? Le mien ? Je ne pense pas. Les rapports ont été envoyés. Lus. Jugés par l'Oreille et moi même. Vous disposez peut être d'un grade supérieur à mon banneret, Khahsis, mais vous n'avez aucun droit de remettre en cause une décision que j'ai prise.
    - Je n'ai absolument pas chercher à...
    - Je me moque de votre défense. Je ne vous ai pas vu déployer la même énergie lorsque Brak'trarg, un héros de guerre lui aussi, a massacré nos hommes lors de la bataille de Sable d'Or sur une mauvaise décision. Et pourtant ce fait est connu de tous. Pourquoi alors, diriger spécifiquement votre venin envers mon banneret, si ce n'est pour jeter l'opprobre sur mes hommes, et sur mon luteni ?

    S'avançant encore un peu, Deydreus ne quittait plus des yeux l'homme qui lui faisait face. Les autres nobles et militaires présents, quant à eux, semblaient réduits au silence par les propos de la griffe et sa rage silencieuse.

    - Votre volonté de nuire à l'honneur de mes Hommes et de mon clan a dépassé le seuil de ma tolérance. Si j'ai fermé les yeux jusqu'à présent ce n'était que pour le bon fonctionnement de notre armée et par respect de vos états de service. Ce n'était pas par faiblesse ou complaisance. Mais à présent, vous avez dépassé les bornes. Les Archontes sont à nos portes. La guerre fait rage en Shoumei et chaque jour nos fils et frères tombent pour combattre des horreurs que vous avez visiblement oublié. Et vous, depuis la capitale, vous tentez de salir ces sacrifices. Salir le nom des Serres, de mon banneret, et donc de facto de ma personne. Cela ne peut plus durer.

    Détournant le regard vers un homme à la stature plus imposante que les autres et dont les cornes se voyaient habillées d'une couronne d'or, le vampire reprit la parole, sa voix grave résonnant dans la pièce comme un éclair déchirant le ciel.

    - Je demande un Holmgang.


    La sentinelle de l'Ouest - Deydreus, Tensaï [Corruption : 30%] 7bdNafm

    Apparence des épées de Deydreus:


    Empereur-dragon du Reike
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    Tensai Ryssen
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  • Sam 19 Oct - 0:09
    Parfois, le palais royal était calme. Mais il n’était pas rare non plus qu’il soit une fourmilière, et aujourd’hui, la demeure impériale était effectivement en pleine effervescence. Il fallait dire que le Kharsis Vitruvir avait tout fait dans les règles de l’art. Convoquant un Luteni qui était hiérarchiquement en-dessous de lui, profitant de l’absence de la Griffe qui était en voyage, il avait absolument toutes les cartes en main pour avoir l’avantage lors de cette passe d’arme. Certes, cette dernière était davantage administrative et juridique, mais elle pouvait être désastreuse pour l’honneur et la réputation d’un homme. Et le vieil militaire savait par ailleurs que, si Tensai s’immisçait dans cette affaire, la Couronne sortirait de cette neutralité qu’elle devait avoir envers tout et tous. Pas de favoritisme dans l’armée. Sinon, l’affaire deviendrait un scandale. On s’assurerait, tout du moins, à ce que la noblesse en parle et à ce que les vétérans militaires manifestent leur mécontentement au couple royal. Il valait mieux laisser le général de l’armée prendre la main, quand il rentrerait. C’était pitoyablement ce que tentait de faire comprendre à l’Empereur un conseiller royal, et il n’avait eu droit qu’un grognement de mauvais augure en réponse.

    - En d’autres termes, je dois faire comme si cet entretien ne me concernait pas.
    - Précisément, sire.
    - Alors que cet homme a porté nos valeurs à Melorn, lutté contre un de nos ennemis ?
    - Eh bien…
    - Dois-je rappeler encore qu’il a assisté mon épouse lorsqu’elle était de sortie dans l’Empire ?
    - C’est que…
    - Est-il également nécessaire de souligner qu’il a fait partie des volontaires pour chercher un remède à la Peste Obscure et qu’il était présent à l’expédition de Vent d’Acier ?
    - Certes mais…
    - Qu’ils ont affronté un Archonte – un Archonte, Luka – et qu’ils en sont revenus victorieux pendant que d’autres buvaient leurs verres bien en sécurité à la capitale ?
    - Vous dites vrai, Majesté, cependant…
    - Alors pourquoi nous faites-vous perdre votre temps avec des futilités ?

    Le ton de l’Empereur est cette fois nettement irrité, et le noble prend une profonde respiration avant de continuer ce bras de fer avec le Tueur de Titans.

    - Votre Altesse, si je puis me permettre, cela n’efface pas le fait qu’il y a eu des morts...
    - Un fait inévitable durant une guerre contre les Titans et la corruption de l’Arbre-Monde.
    - Cela n’efface pas non plus le fait que les familles sont endeuillées...
    - Elles obtiendront des rentes de l’état pour compenser la perte de leur mari ou de leurs enfants.
    - … Et qu’elles réclament justice...
    - Qu’elles dirigent leur rage vers les responsable de cette dégénérescence ! rugit le Drakyn alors que, pour la première fois, le conseiller royal se fait subitement bien plus petit sous l’ire de son souverain. N'avons-nous pas d'autres guerres à mener plutôt que de traîner le banneret de mon général dans la boue ? Sa voix sifflante trahit la colère et l’impatience qui flamboient désormais dans les yeux du Conquérant.

    Ils sont désormais sur une pente glissante. Le dénommé Luka sent peut-être que, à défaut du Kharsis Vitruvir, c’est peut-être sa tête qui pourrait être collée sur le bout d’une pique.

    - C’est justement pour que l’armée puisse avancer et passer à autre chose que cette cour martiale a été levée au plus vite...
    - Foutaises, grommelle l’Empereur, et c’est sur ses mots qu’il descend de son trône pour descendre de l’estrade et se diriger en dehors de la salle d’audience.  J’ai assez perdu mon temps avec toi.

    Le conseiller pâlit, soupire peut-être de soulagement quand l’homme-dragon le dépasse, puis, il se rappelle brusquement son devoir et se retourne pour suivre à toute vitesse le monarque.

    - Sire, sire, où allez-vous ?...
    - Stopper cette mascarade.
    - Vous ne pouvez pas !!
    Le cri, aussi spontané que sincère, s’échappe, et l’érudit est à deux doigts de rentrer dans l’Empereur quand celui-ci s’arrête.
    - Je ne peux pas… ?
    La voix du principal concerné devient encore plus sombre qu’à l’accoutumée tandis qu’il se retourne et plante un regard sur le malheureux fonctionnaire.
    - Ose donc me répéter ça ?

    Les mots s’étranglent un instant dans la bouche de l’infortuné, alors qu’il a l’impression que l’air ambiant autour de lui se réchauffe de manière anormale. L’espace d’un instant, il croit même que les yeux de Tensai flamboient d’une lueur dorée, et qu’il va être brûlé sur place. Seuls les Astres savent comment il réussit encore à dire quelque chose ensuite.

    - Si vous intervenez, vous ou la Griffe, gémit-il, on croira que vous prenez parti.
    - A raison. Qui commande l’armée, ici ?
    Le pauvre bougre n’a pas le temps de répondre qu’un autre protagoniste aux habits distingués entre en scène.
    - Votre Altesse.
    Luka se rend compte qu’il tremble légèrement alors qu’un de ses collègues pose les yeux sur lui pour aussitôt revenir sur le monarque en armure.
    - La cour martiale va bientôt être finie.
    Un grognement.
    - Tu m’as trop ralentí, Luka.
    Heureusement, pense le quadragénaire.
    - En revanche, sire, et la voix de Zéphyr est étrangement guillerette, non seulement j’ai ouï-dire que Tulkas se défend très bien, mais vous serez également ravi d’apprendre que la Griffe est aux portes du château.
    Ah.
    Enfin une bonne nouvelle.
    Le regard de Tensai est étonnamment satisfait pendant que celui de Luka est sincèrement interloqué.
    - Conduis-moi jusque-là. Un bref hochement de tête de la part de l’Oreille, pendant qu’il ignore superbement le geste de dénégation de son collègue, qui le supplie silencieusement de ne pas le conduire leur chef de guerre jusque-là. Le maître-espion fait semblant de ne pas le voir, et c’est presque en trainant la patte que Luka suit les deux guerriers. Zéphyr résume pendant ce temps succinctement ce qu’il s’est passé.

    - Tu as l’air étonnamment de bonne humeur.
    - De ce que j’ai entendu, la répartie de Tulkas était terrible et allait clore le débat, déclara tranquillement l’assassin. Mais outre cela, je n’aime pas les imbéciles et il risque d’y en avoir un de moins dans nos pattes d’ici la fin de la journée. Un haussement des épaules. Ca ne peut que me mettre de bonne humeur.

    Soit il deviendrait totalement inoffensif suite à une punition de la Griffe elle-même, soit il allait en prendrait pour son grade, et cela convenait aussi bien au ministre qu’à l’Empereur en réalité. Ce qui est sûr, c’est qu’entretemps, Deydreus a déjà rejoint Tulkas, et même, il est déjà entré dans la salle où s’est tenue la cour martiale. Tensai fait signe aux deux fonctionnaires de ne faire aucun bruit, pour ne pas interrompre l’échange des deux guerriers. Son regard, auparavant colérique, est redevenu imperturbable, tel un juge qui doit trancher des gamineries, alors que la Griffe aussi bien que Tulkas et lui-même ont d’autres choses à faire.  

    Et la sentence tombe.

    Un holmgang est impossible à refuser, encore plus par des vétérans de guerre. Mais Deydreus a ceci de particulier qu’il est une légende vivante, et ce depuis qu’il a su tenir tête à l’Empereur tête en personne lors d’un duel qui lui a valu sa promotion. Depuis, presque deux ans sont passés, et le vampire a su s’améliorer. De part ses nombreux entrainements, de part ses nombreux combats sur le terrain, de par sa transformation vampirique, aussi. Le Kharsis sait qu’il va affronter plus fort que soi, sa tête montre d’ailleurs qu’il ne s’est pas attendu à une telle évolution des choses, et son expression trahit à quel point il est désarçonné. Son regard passe fixe un instant sur le général des armées, puis son regard pâlit encore plus quand il remarque la nouvelle  présence de Tensai, alors que, autour d’eux, la cour a fait un salut reikois de façon presque unanime face à l’entrée du souverain.

    - Ta réponse, Kharsis.

    L’officier sait qu’Il n’a pas le choix, et de toute façon, l’homme a trop d’honneur pour plier l’échine. Refuser reviendrait de toute façon à admettre qu’il est coupable… Et il y a trop d’envie en son cœur pour qu’il puissese repentir de son archanement contre les Serres.

    - J’accepte le holmgang.

    Un bref hochement de tête de la part de Tensai, alors qu’il reprend la parole d’une voix forte, qui ne souffre d’aucune contestation possible, et ce de qui ce soit.

    - L’affrontement aura lieu à la tombée de la nuit, comme le veut la tradition de nos terres. Le duel ne terminera à la mort d’un des deux combattants. Une très légère pause, pendant laquelle l’homme-dragon désigne d’une fenêtre le soleil couchant. Le combat aura lieu dans moins d’une heure. Qu’on prépare l’arène où je m’entraine avec mes gardes royaux !

    D’habitude, il ne tolèrerait pas qu’il y ait un public entre les deux adversaires. Cependant, il faut que la défaite soit vue de tous pour que des rumeurs de triche ou de parti pris ne se propage pas de nouveau au palais dès le lendemain. Les calomniateurs traiteront naturellement de Deydreus de barbares là où les soldats las de ces guerres intestines célèbreront le fait qu’un officier devenu pourri-gâté ait quitté ce monde.

    - J’assisterai moi-même au holmgang. Tout comme la Lune sera le témoin de ce duel, je verrai moi-même le résultat de ce combat à mort.

    Tensai n’attend ni la désapprobation ni l’accord des deux concernés.

    - Vous choisirez vous-mêmes vos armes et vos protections. Kharsis, je mets à votre disposition l’armurerie royale, si vous n’avez pas ce qu’il vous faut sous la main. La même chose vaut pour la Griffe. Même si les deux guerriers savaient que ce n’était pas nécessaire. Luteni, tu peux accompagner ton général jusqu’au début du holmgang. Soyez prêt quand la nuit tombera sur Ikusa.

    A l’entrée, Luka, qui a assisté à la scène, constate que son collègue aux yeux dorés, visiblement satisfait, se détourne et reprend la route vers un couloir du palais.

    - Vous ne restez pas ?
    - Pas besoin.
    Un murmure presque indifférent.
    - Nous savons tous les quatre qui va mourir ce soir.
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  • Ven 8 Nov - 22:38
    Qu’ils soient fils du désert ou enfants des montagnes, que leurs voix chantent avec la douceur du désert ou soit grave et sévère comme les pics enneigés du Nord, qu’ils parlent la langue des dunes ou celle des glaciers, il n’y’a pas d’injonction plus sérieuse pour un guerrier du Reike.

    Holmgang.

    Car derrière les atours d’or et de tissus dont se parent ceux qui portent le dragon à même la chair reposent des âmes bercées dans les contes de milles et unes sagas et légendes, chantés par les scaldes d’antan et les poètes oubliés du grand désert. Les Reikois sont les descendants des dragons, et en eux brûle une flamme de fierté, d’honneur et surtout, d’arrogance. Une force, comme une faiblesse, qui garantis le règne des plus forts, a défaut de parfois, des plus compétents. Aussi, quand la Griffe elle-même lance ces paroles sacrées, des voix s’élèvent.

    Holmgang !

    Un poing fermé s’écrase sur le tambour d’une poitrine gonflée d’orgueil et de fierté. Repris en chœur par d’autres quand l’Empereur lui-même prends la voix, chacun de ses mots appuyés par un chant martial dont la ferveur, tonitruante et assourdissante comme les battements du cœur de Valerion lui-même demande au Khashis sa réponse. Vitruvir inspire, pâle, assourdit par le bruit de son cœur qui tambourine dans son cœur. Le crâne dégarni, la barbe nourrie, l’homme se redresse alors à son tour avec toute la dignité que l’on attend de son rang. Vitruvir jalousait certes la montée au pouvoir de Deydreus et du prestige de ses troupes, oh, bien entendu qu’il avait fomenté et conspiré pour atténuer le prestige de celui qui avait eu le courage d’affronter l’Empereur lui-même dans un duel pour prouver sa valeur.

    Vitruvir était tout ça, et bien plus encore. Un vétéran de la grande guerre, un homme de guerre dont les cicatrices étaient les témoins d’une vie glorieuse, glorieusement menée. Il était tout ça, et bien plus encore, mais il y a bien quelque chose qu’il n’était pas.

    Et cette chose, c’était un lâche.

    - J’accepte le holmgang.

    Avait-il clamé avec cette dignité qu’avaient les hommes résolus face à la mort. Vitruvir avait joué le jeu de la politique, il avait mené nombreuses parties, gagné un grand nombre d’entre elles. S’étant distingué sur le champ d’honneur comme dans la conjuration d’assassins qu’étaient les chambres du palais d’Ikusa, il acceptait son destin avec dignité. Et cela, personne ne pourrait jamais le lui ôter.

    L’heure du combat avait été décidée, la lune serait le témoin de ce combat judiciaire, comme elle l’avait été un nombre incalculable de fois auparavant, et comme elle le serait une infinité de fois par après.

    Et avec la réponse de l’Empereur, dont la parole faisait loi, Tulkas tourna la tête vers la Griffe pour l’observer. Lui, le seigneur de guerre légendaire qui s’était hissé au rang de grand parmi les grands à la seule force de son épée et de celle de son armée. Un idéal à suivre pour bien de jeunes officiers et de jeunes guerriers. Il était parfois difficile de démêler le vrai du faux, quand on était dans la présence d’un homme de cette stature.  Les légendes étaient-elles vraies ou grossièrement exagérées ? Tulkas avait été témoin de bien des faits d’armes de son Seigneur et même lui parfois avait du mal à défaire le mythe de la vérité quand Ikaryon et d’autres Serres plus vétéranes racontaient ses faits d’armes. Mais quand on était en sa présence, le mythe semblait bien prendre corps et s’imposer comme étant une réalité.

    Ce soir, et ça le Luteni en était convaincu, Vitruvir trouverait la mort. Une forme d’amertume passa sur lui, déformant le tracé de ses lèvres en une grimace discrète. C’était à lui qu’aurait dû revenir l’honneur de le défier et d’exiger un duel judiciaire, mais sa situation précaire, son manque de hauts faits d’armes – du moins aux yeux des pairs de la Kyrielle – et la différence de rang entre lui et Vitruvir lui interdisait de prononcer les mots sacrés du duel.

    Suivant Deydreus qui quitta la salle sous les acclamations des officiers réunis et sous le regard de l’Empereur, Tulkas détailla un instant l’architecture du palais. Toute monarchie se doit de montrer ostensiblement son pouvoir, aussi bien pour décourager les ennemis de l’extérieur, que de l’intérieur, de mettre en doute sa légitimité. Un petit sourire se dessina sur les lèvres du luteni qui marchait aux côtés de la Griffe.

    - Tout défi au pouvoir. Commença-il. Ne peut-être ignoré, qu’il soit hurlé dans la clameur de l’acier ou fomenté depuis les ombres. Observa-il. J’avoue n’avoir pas compris pourquoi vous exigiez un holmgang alors que votre démonstration de force suffisait amplement à faire taire Vitruvir et ses conspirateurs. Dit-il en s’arrêtant un instant pour se poser près d’une balustrade. Ce n’est pas seulement un désir de vengeance ou qu’on ait remis l’honneur de vos troupes, et le votre par extension, qui anime cette décision. C’est aussi un rappel aux autres grands officiers que toute forme de sédition sera punie sévèrement. Dit-il en observant les traits du commandant suprême. Ais-je bien compris ?

    Les bras du luteni se croisèrent sur son plastron. Les lèvres se plissèrent un instant et le nez se retroussa, le regard fuyant.

    - Pardonne-moi, Deydreus. Dit-il, s’adressant pour l’une des premières fois à son commandant sans le vouvoyer. Je me suis laissé faire avoir par les machinations de vos rivaux à la capitale. Peut-être souhaites tu savoir ce qu’il en est ? Je sais que mes rapports ne parviennent pas toujours à Coeurébène, ceux-ci ont d’ailleurs été apparemment interceptés par le Khashis Vitruvir.

    Il marqua un temps d’arrêt, avant d’ajouter.

    - Comme vous me l’aviez ordonné, j’ai dirigé une troupe de cavaliers de la garnison de Maël dans le sillage du ravage de la Horde du Courroux pour interdire aux serviteurs du Grand Ennemi toute occasion de consolider le peu de forces qui leurs restaient. Commença-il. Avec mes camarades, nous avons intercepté une grande caravane que nous avons passé par l’épée, n’épargnant personne et avons libérés leurs prisonniers. C’était peu de temps après que l’Arbre-Monde lui-même ne se mette à saigner, et que l’animus qui coule dans nos veines ne se révolte de lui-même…

    La honte se lisait sur son visage, retroussant le nez, Tulkas décroisa les bras pour croiser le regard vairon de Deydreus, inspirant un peu, il acheva :

    - Après une journée et une nuit de chevauchée, nous n’avions plus qu’un bivouac à monter avant d’atteindre Maël et de nous y réfugier et dans la nuit, quelque chose d’inhumain nous a attaqués, je me suis réveillé dans un camp en flammes avec la majorité de mes camarades morts et les prisonniers éparpillés ou en fuite. J’ai donné une mort digne à mes camarades, réduit leurs corps en cendres pour priver le Grand Ennemi de leurs chairs et de leurs os. Puis, j’ai du traverser les pins argentés pour rejoindre Maël où… J’ai vu les horreurs qui rôdent dans les ténèbres du Shoumeï. Deydreus, la situation est bien plus grave que les rapports ne veulent bien le rapporter, les patrouilleurs se terrent derrière la muraille blanche de la Cité des Savants. Les officiers et la garnison se contentent tout au plus de purger les revenants qui se lèvent dans la ville et s’assurent du maintien du ravitaillement en grain de la ville. Mais moi, j’ai vu ce qui se terre dans l’Ombre et… Je refuse de rester les bras croisés. J’aimerais te demander quelque chose, monseigneur

    Tulkas observa son maître, son commandant en inspirant longuement.

    - Une guerre se prépare, contre un mal bien plus insidieux que les archontes, une noirceur qui menace de s’insinuer jusque dans nos cœurs et de corrompre jusqu’à notre âme. Je refuse de rester les bras croisés tandis que le gouverneur Lucifer et ses séides se cachent derrière les murs de Maël. Je te demande, monseigneur, d’être nommé protecteur de Maël. Comme mes frères protègent la marche du Nord sous la bannière de sable et de gueule, que la bannière de gueule protège les marches de l’Est, laisse-moi être ta sentinelle de l’Ouest et porter ta bannière pour la planter dans le cœur même des ténèbres.

    Il conclut sa phrase, observant Deydreus. Le Holmgang viendrait, il regardait par dessus l'épaule de la Griffe un instant, cherchant du regard la figure de l'Empereur pour voir si le Dragon lui même allait venir les rejoindre ou non.


    La sentinelle de l'Ouest - Deydreus, Tensaï [Corruption : 30%] 5CwAax9
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  • Sam 9 Nov - 18:16

    Marchant silencieusement en quittant la salle d'audience, Deydreus fixait l'horizon de ses yeux vairons tandis que différents officiers l'acclamaient. Les mots qu'il avait prononcé n'étaient pas anodins et surtout reflétaient une pensée profonde. Lui emboitant le pas, Tulkas commença à prendre la parole pour interpeller son général, établissant un raisonnement vis à vis de la décision du chevalier noir.

    - C'est exactement ça. De trop nombreuses voix ont tendance à s'élever pour critiquer les hautes instances. C'était déjà le cas avant que je ne parvienne à mon poste, cela pourrait durer encore un temps. Mais nous ne sommes pas la République. Ici le débat n'a pas toujours sa place. Tu sais Tulkas, j'ai purgé violemment notre armée de ses éléments faibles et laxistes lors de ma prise de position. Sais-tu la seule réponse que j'ai eu, face à ces rétrogradations et nouvelles nominations ? Il marqua une pause, avant de reprendre. Seulement des applaudissements. Même des personnes chassées. La lâcheté et les manigances se sont installées dans nos rangs en raison de nos déplacements dans le pays pour le protéger. J'espère pouvoir faire une piqure de rappel via ce duel.

    Il reprit ensuite sa marche, tandis que son banneret entamait son récit. Ecoutant avec grande attention, Deydreus mena Tulkas jusqu'à ses quartiers, avant d'y entrer sans mot dire tandis que son luteni lui faisait sa demande. Souriant, le bretteur aux lames jumelles referma la porte et vint s'approcher d'un râtelier sur lequel il déposa Silence et Hurlement.

    - Alfregium. Le chevalier noir attendit, que son banneret ne porte son attention sur lui. Une ville spécialisée dans la faïence au milieu des terres Shoumeienne. Le Mausolée. Le repaire abject de Miséricorde. Celestia. Il se retourna, faisant face à Tulkas. Crois moi, je sais bien le mal qui rôde par delà les murs de la cité blanche. Je fus l'un des premiers à parcourir la boue shoumeienne pendant la guerre des Titans et bien après. Je te rejoins sur l'inaction de l'intendant actuel et de ses séides. Je te rejoins sur le fait qu'un mal autre que les affrontements directs existe. Pour le reste...

    Marchant un peu dans la pièce, Deydreus vint attraper une carte du monde pour la déployer sur un bureau non loin. Attendant l'ancien gladiateur, l'être aux yeux vairons pointa son doigt sur la région dévastée.

    - En temps normal, j'aurais refusé ta demande. Ton rang est trop bas dans l'armée et je n'ai pas eu le temps de te faire atteindre les grades de grands officiers. Ta légitimité est présente aux vues de tes faits d'armes mais ceux-ci importent peu dans une optique de régence sur un peuple qui nous voit d'un œil ingrat. Mais je compte aussi faire campagne en Shoumei tout en continuant ma surveillance des terres nordiques. Et je ne sais que trop bien à quel point les menaces sont insidieuses à Mael. Même si de nouvelles forces semblent vouloir s'allier à nous, les affrontements seront nombreux. Et la tâche ne sera pas facile, mon ami. Il posa sa main sanguine sur l'épaule de Tulkas. Mais je ne doute pas de ta réussite tant que tu conserveras cette flamme qui brille en toi. Tant que ton esprit garde en mémoire les mots prononcés lorsque tu nous as rejoint. Sois l'égide reikoise à Mael. Deviens le représentant des Serres dans la ville Blanche. Et ne te perds pas dans les jeux de pouvoirs et l'ivresse du luxe. Car ta chute serait alors terrible.

    La dernière phrase n'avait pas été prononcée au hasard. Deydreus se souvenait encore du gladiateur hédoniste qu'il avait rencontré dans l'arène. Qui se complaisait dans sa vie de servitude souhaitée. D'or, d'alcool et de femmes. Naturellement, Tulkas avait bien changé depuis qu'il avait rejoint les Serres. La vie militaire lui avait instauré une discipline nouvelle et éveillé chez lui un potentiel que la Griffe avait décelé au premier regard. Seulement, il était trop facile de retomber dans ses travers et le vampire refusait d'imaginer voir un autre des siens sombrer. Surtout dans la même paresse luxueuse que certains des officiers qu'il avait lui même chassé par le passé. Alors... Il avait dit ça. Il montrait son souhait d'accorder une nouvelle fois sa confiance à son frère d'armes, tout en gardant tout de même cet avertissement silencieux. C'était à Tulkas de lui montrer qu'il avait eu raison de l'accorder.

    - Pour le reste, il faut déjà que ce soir la Lune m'accorde sa bénédiction. Vitruvir est âgé, mais je ne doute pas de ses prouesses martiales. Et je ne compte pas utiliser le moindre de mes pouvoirs pour l'affronter.

    Quittant la table, l'être aux yeux vairons se dirigea vers l'âtre qui abritait les flammes destinées à réchauffer la pièce. D'un sourire discret, le vampire décrocha la lame qui siégeait au dessus du foyer pour la sortir de son fourreau en silence. Puis, se retournant vers l'enfant de Taisen, le bretteur fit doucement briller la lame dans les reflets des flammes incandescentes.

    - Résilience. Il bougea la lame rapidement, avant de la rengainer. La lame qui autrefois mordit la chair de Tensai lui même. La lame forgée par les Serres avant mon duel. Je trouve normal d'utiliser à présent cette même épée pour un affrontement avec celui qui a tenté de salir notre nom à tous, tu ne penses pas ?

    Ecoutant la réponse éventuelle de son ami, le vampire commença à décrocher les épaulières de l'armure d'ébène qu'il revêtait. Sous le regard du banneret, il se décida à reprendre la parole.

    - Je n'utiliserai pas d'armure non plus. Seulement mes vêtements habituels, marqués du blason des Serres pourpres. Que tous puissent voir ce qu'il en est. Que tous voient que même sans le moindre artifice, je leur suis supérieur. Que nous leur sommes supérieurs. Peu m'importe que Vitruvir se décide à revêtir une armure d'adamantine ou utilise des armes enchantées. Je le ferais tomber. Seul l'acier parlera. L'acier, et le résultat des entrainements de notre famille. Personne n'osera plus bafouer l'honneur de la bannière rouge et noir. Personne ne remettra en doute ma place. Ou la tienne. Viens à présent Tulkas. Buvons un peu tous les deux. Et espérons que ce ne soit pas notre dernier verre partagé.

    Guidant ainsi son banneret jusqu'à son bureau, Deydreus sorti une bouteille d'hydromel qu'il déboucha rapidement. Servant un verre qu'il tendit au luteni, le vampire versa ensuite le liquide alcoolisé dans le sien avant de venir s'asseoir.

    - Je me souviens encore de notre rencontre, et des commentaires sur le vin à l'époque. Ainsi que les livres que tu lisais et ta connaissance de l'elfique. Un sourire. Il est amusant de voir comme le temps affecte les gens. Ma nature rend mes jours plus longs, plus distordus. J'avais peur autrefois, en toute franchise, de voir mon esprit s'étioler à mesure que les lunes défilaient. De sombrer dans une lassitude constante à me dire que le côté éphémère de l'existence de nos gens rendaient leurs demandes obsolètes. Fort heureusement, mon pragmatisme est toujours présent. Tout comme la cruauté dont je peux faire preuve. Je vais revenir sur ce que tu as dit plus tôt Tulkas. Nous sommes déjà en guerre. Depuis Sable d'Or, les Titans ont prouvé qu'ils ne souhaitaient plus attendre avant de frapper. Apresol, Sable d'Or, Melorn, Mael, l'Expédition de Vent d'Acier... Nos ennemis jouent sur plusieurs tableaux. Cette menace dont tu parles, elle n'est en réalité le reflet que d'une volonté titanesque et destructrice, et nous devons l'écraser sur tous les plans. Tout en gardant également un œil sur les menaces intérieures. Il ricana. Nous sommes entourés d'adversaires qui ne souhaitent que notre chute. Même la République malgré sa nouvelle politique n'hésitera pas à nous sauter à la gorge s'ils remarquent la moindre faiblesse. Et Mael sera observée. Analysée. Sa chute reflèterait une faille dans nos défenses. Dans notre gestion. Tout comme la stabilisation de la région démontrerait notre suprématie. Il s'arrêta, levant son verre pour le faire trinquer avec celui de son banneret. Aux Serres pourpres. Prouvons de nouveau au monde que notre blason sauvegarde nos terres.

    *
    *  *


    L'arène avait été arrangée avec minutie. Autour de cette dernière, des bancs avaient été installés pour permettre aux nobles le souhaitant de venir assister au duel qui allait avoir lieu. Dans un coin, les affaires de la Griffe avaient été déposées. Dans l'autre, celles de Vitruvir. Et déjà, l'effervescence semblait s'être installée dans les lieux. Tensai était là, naturellement, Tulkas aussi, aux côtés de Deydreus. Dans le ciel, les étoiles brillaient silencieusement alors que la lune presque pleine venait baigner le terrain d'une lueur argentée discrète. En vérité, seules les lueurs orangées des torches murales venaient renforcer ce tableau solennel.

    Jaugeant son adversaire des yeux, le vampire laissa son regard hétérochrome glisser sur toute la foule, puis sur l'empereur lui même. Peut être que ce dernier comptait venir s'adresser à eux en attendant. Ou bien faire un discours pour celles et ceux venus voir la mort d'un vétéran usé ou de la Griffe.

    Dans tous les cas, le duel allait commencer. Et l'acier et le sang allaient parler.



    La sentinelle de l'Ouest - Deydreus, Tensaï [Corruption : 30%] 7bdNafm

    Apparence des épées de Deydreus:


    Empereur-dragon du Reike
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  • Sam 16 Nov - 21:34
    Redavil ne pouvait s’empêcher de pester.
    Aucun lien de sang ne le rattachait à Vitruvir. Le Kharsis et lui venaient, au contraire, de deux milieux totalement différent. L’un était un roturier, un membre de la plèbe, comme dirait les nobles du Reike. L’autre venait d’une bonne famille, celle-là même qui avait tout pour réussir. Très tôt dans sa jeunesse, d’ailleurs, Vitruvir s’était illustré par son comportement exemplaire à Drakstrang, d’abord, par ses faits d’armes sur le champ de bataille ensuite. D’abord simple Nylsark, le guerrier avait finit par gravir les échelons un par un. C’est que l’homme avait une intelligence certaine. Non seulement il était stratège et savait user de chaque élément en sa faveur pour arracher la victoire, mais il savait également rester lucide face à des situations sous tension.

    La défense de la forteresse de Vagnes en avait été un exemple. Le Kharsis, alors Adujar, avait répondu à l’appel en détresse d’un seigneur mineur, qui n’arrivait plus à défendre correctement ses terres et ses vassaux face à la hargne bien trop présente de plusieurs clans barbares. Ces derniers avaient décidé de se rebeller ouvertement face aux taxes qu’on leur imposait, mais officieusement, c’était surtout la personnalité dudit seigneur qui posait problème. Trop transparent, trop timide, pas assez imposant, peu doué pour les faits d’armes : l’homme avait plus l’air d’un commerçant que d’un véritable suzerain, et il n’avait pu que faire appel à la Couronne pour se sortir de là. Vitruvir n’avait eu guère de difficultés à rejoindre son compatriote, c’était ensuite que les choses s’étaient corsées. Un siège avait sournoisement commencé entre les deux partis, les rebelles escomptant que les soldats qui avaient accompagné l’officier ne soient que des bouches à nourrir qui videraient rapidement les réserves de la forteresse. Ce serait un moyen de ridiculiser les autorités reikoises une fois de plus, s’étaient dits les belligérants. Sauf que ceux-ci n’avaient pas prévu que l’Adujar divise ses forces pour les prendre à revers. Le guerrier avait affiché l’arrivée d’un de ses bataillons et proposé à un Redavil de jouer son rôle, pendant que le commandant observait, grâce à certains éclaireurs et unités des forces spéciales, les mouvements adverses. Une fois leurs forces établies, les attirer par une fausse reddition avait été facile. En vérité, les rebelles n’avaient eu guère de chances de s’en sortir, et Vitruvir en était sorti avec les honneurs.

    Son ascension semblait sûre, prospère, il avait même su sentir le changement de régime avec l’arrivée des Ryssen au pouvoir. Comme Deydreus, il avait été las de ses officiers ventripotents, qui avaient plus obtenus leurs grades grâce au prestige familial que par leurs génie militaire et il avait vu dans l’homme-dragon l’espoir d’un renouveau. Il avait eu raison. Le Kharsis, par ailleurs, savait se faire apprécier par l’armée, et les années qui passèrent ne l’aidèrent pas à avoir une humble opinion de lui-même. Fer de lance de l’Empire, tout laissait présager qu’il deviendrait un jour la Griffe du Royaume.

    Jusqu’à ce que l’Empereur soit défié par Deydreus Fictilem.

    Cette nomination, en soi, aurait pu être passagère. C’était ce qu’avait espéré dans un premier temps le combattant, afin de ne pas être enseveli par l’amertume de se voir voler son poste. Tous ici savaient que Tensai était d’une humeur capricieuse : rien ne garantissait que le chef des Serres Pourpres ne serait pas limogé par le roi en personne. Mais l’avenir lui avait donné tort. Pis, l’Empereur semblait soutenir les initiatives de son général – si Vitruvir avait été un peu de bonne foi, il les aurait approuvées, d’ailleurs – et pour sa plus grande colère, le monarque semblait aligné avec les idées du vampire. Au point de le considérer suffisamment digne pour l’accompagner combattre un Archonte. Vitruvir avait certainement senti le vent tourner à partir de cette période : il n’y aurait ni licenciement, ni retour en arrière. S’il avait pu être un temps un des candidats potentiels de Tensai, le Drakyn ne songeait clairement pas à nommer un nouveau général et la nature immortelle du frère d’Alasker laissait présager une période de stabilité pour la Main de l’Empire.  A partir de là, l’amertume avait certes commencé à gagner Vitruvir.

    … Mais au point d’en arriver au Holmgang ?

    - Vous auriez dû refuser, aboya Redavil en entrant dans les quartiers réservés à Vitruvir pour préparer l’affrontement.
    Le Kharsis ne sembla pas surpris de l’arrivée de son subordonné, à qui il avait, à dire vrai, tout appris depuis qu’il avait intégré son bataillon.
    - Est-ce que tu veux faire de moi la honte du pays ?
    - Le prix du holmgang…
    - C’est la mort, lui répliqua le vieil officier. Crois-tu que je ne sois pas au courant ? Me vois-tu trembler pour autant ? Je préfère mourir en respectant mes valeurs plutôt qu’en n’osant pas lever l’épée par peur et par lâcheté.
    - Mais vous n’aviez pas prévu…
    - Bien sûr que je ne l’avais pas prévu, déclara le Kharsis d’une voix sèche. Ma première erreur a été de sous-estimer l’éloquence du Luteni. Ma seconde a été de sous-estimer les déplacements de la Griffe. Je continue à penser chacun de mes mots, cependant. Il y a eu trop de morts sous ce banneret de la Griffe. Enfin. Là n’est plus la priorité. L’homme aux cheveux grisonnant se leva et l’espace d’un instant, il sembla vieilli. A dire vrai, je ne sais pas si je dois voir cette occasion comme une malédiction ou une bénédiction. Ce soir, je peux rejoindre les Astres. Et en même temps, l’Empereur assiste au combat. Si je vaincs, je pourrai réclamer le poste de la Griffe au roi.
    - Serait-il enclin à accepter une telle nomination ?
    - Il sait mieux que personne que le poste de Griffe ne peut être vacant. Pourquoi crois-tu qu’il assiste au duel ? Pour suivre un bon combat ? C’est l’avenir d’un membre de sa Main qui est en jeu. Même s’il l’estime et que cela peut motiver sa décision d’être présent, il vient plus en tant que monarque que par pure amitié.
    - Et votre équipement ?
    - Je porterai celui que j’ai toujours porté. Je mettrai mon armure en mitrhil et je prendrai mon épée, la Sableuse. Je sais que la Griffe est lui aussi un épéiste. Nous allons voir qui entre lui et moi a la meilleure technique.

    *
    *  *

    Il était temps.

    Assis sur un trône de fortune qui dominait les gradins, Tensai contemplait l’arrivée des deux combattants d’un air pensif.

    Il connaissait la valeur de l’un et de l’autre. Vitruvir parce qu’il était l’un des hauts-officiers bien connu de son armée – et même, à certains égards, certains conservateurs  reikois l’appréciaient plus que la tovyr Leezen et le tovyr Crudelis. Deydreus, ensuite, avait été le meneur pour les renforts de Sable d’Or, avait participé à l’expédition de Vent d’Acier et naturellement, était un de ses bras droits. Le dirigeant était suffisamment honnête avec lui-même pour savoir où était sa préférence. Même en cas de victoire de Vitruvir, ce dernier risquait de s’enorgueillir de ce haut-fait d’armes et de voir tout le monde avec arrogance, s’il venait à sauver sa vie. A tous les cas, il demanderait au monarque le rôle de la Griffe. Et même s’il venait à être un bon général – ce qui était possible – engendrer (encore) toute une série de changements pour imposer sa marque et son commandement ne plairait pas à l’Empereur, qui voulait désormais voir son armée aller de l’avant. Celle-ci se renforçait déjà depuis un an, depuis le décret impérial. Changer de général ne donnerait en l’état rien de bon, mais… comme n’importe quel roi du Reike, et comme barbare également, il allait laisser faire les traditions ancestrales. Il ne bafouerait pas l’honneur de ces deux hommes, qui mettaient leur vie en jeu pour défendre leurs noms et leurs blasons.

    D’ailleurs, voilà que les combattants s’avançaient dans l’arène. L’homme-dragon aurait pu aller leur adresser à chacun un mot, mais ç’aurait été retardé l’inéluctable, et les nobles ici présents décortiquaient le moindre geste, le moindre propos des participants à ce duel. Le Conquérant non plus n’échappait pas à la règle, et accorder trop d’attention au Luteni comme à la Griffe pourraient davantage leur créer des misères dans le domaine politique. Deydreus s’en moquait. Tulkas le pouvait moins, puisqu’il aurait un rôle conséquent à Maël. Aussi, en public, Tensai s’abstiendrait de donner des armes à l’aristocratie pédante du désert. Au contraire, le souverain jouerait la carte de l’impassibilité – ce qui n’était pasbien difficile bien sûr, vu son regard naturellement froid et insensible. Ceux qui l’entouraient avaient d’ailleurs bien compris que l’époux d’Ayshara ne souhaitait pas faire causette et le silence vint sur l’assemblée lorsque le colosse se leva de son siège.

    - Le Holmgang.

    Sa voix naturellement forte s’imposa, ton empreint d’autorité et en même temps de calme, alors qu’un membre de sa Main était sur le point de jouer sa vie.

    - Le moyen par lequel nous lavons notre honneur. Le moyen par lequel nous faisons chanter les armes. Le moyen par lequel nous exposons notre âme. Tous ont désormais les yeux rivés sur le barbare. Ici, les mots ne comptent plus. Seuls les actes et nos prouesses martiales savent défendre ce que nous chérissons à tout prix.

    Plongeant son regard sur l’arène en contrebas, Tensai prit le temps de considérer les deux guerriers de sa patrie.

    - Et que chérissons-nous ? La vie ? Un léger rictus passa sur ses lèvres. La renommée ? Ses yeux passèrent sur Vitruvir. L’honneur de nos frères ? Son regard passa sur Deydreus, et puis sur Tulkas avant de continuer. Seuls ceux qui répondent au défi du Holmgang peuvent le dire. Pour autant. Sa voix se durcit. Cette nuit, parmi vous deux, il n’y aura qu’un seul survivant.

    Il aurait pu faire une prière muette, sauf que ce n’est absolument pas le genre de Tensai, qui a suffisamment confiance en son général pour que ce dernier réduise son adversaire en poussière.

    - Deydreus Fictilem. Griffe de l’Empire, dirigeant des Serres Pourpres, banneret de l’Empire. Vitruvir Donarq, Kharsis du Levant. Avez-vous une dernière volonté ?

    Un silence pour leur ménager une réponse. Puis, en shierak-quiya, l’homme-dragon donna le coup d’envoi :

    - Athdrivar vekhat mae noreth.

    « Que l’acier résonne et que le sang se répande ».

    C’était une veille formule que Deydreus comme Vitruvir reconnaîtraient aisément.
    Le Chevalier Noir
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    Deydreus Fictilem
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  • Dim 17 Nov - 15:11

    Silencieux, Deydreus n'accorda que peu de regard à Tulkas ou aux Serres pourpres présents. Il n'accorda pas plus de regard aux nobles venus assister au duel. Déjà concentré, le vampire s'était contenté de s'assurer que son armure d'ébène était correctement mise avant de placer Résilience à sa ceinture. Puis, d'un pas décidé, il s'était engouffré dans l'arène. Intérieurement, le bretteur aux lames jumelles se remémorait le duel qui l'avait mené à son poste actuel. Il se souvenait du sable, des clameurs. Du sang et de la sueur. De la douleur, également. Aujourd'hui, le sable n'était plus. Le sang, pas encore versé. Mais les clameurs étaient déjà présentes, tout comme les murmures et les complots. Au final, le champ de bataille n'avait fait qu'évoluer, muant des lignes parfaitement dessinées en un brouillard insidieux qui tentait de venir passer les défenses les mieux organisées. Combien, parmi ces nobles, souhaitaient voir le chevalier noir tomber ? Combien d'entre eux jalousaient sa place ? Ou bien celle de Tulkas ?

    Quittant ses pensées, Deydreus fit glisser ses yeux vairons vers l'Empereur, écoutant ses mots dans un silence presque religieux. Avec le temps, les deux hommes avaient appris à se connaître, à s'apprécier. Tensai était devenu un allié, et un ami. Outre leurs propres prouesses martiales et leurs rôles dans l'empire, les deux combattants s'étaient suffisamment parlé pour comprendre que leurs visions s'alignaient sur énormément de points. Qu'ils partageaient des valeurs communes. Un but semblable. Pourtant, l'Empereur n'avait même pas essayé de convaincre la Griffe de ne pas provoquer ce duel. Au contraire. Et en cela, Deydreus l'en remerciait. Il y avait d'autres moyens. D'autres méthodes pour faire taire un haut officier trop ambitieux. Mais l'être aux yeux hétérochromes avait choisi la voie des armes. Il s'en était référé à la plus vieille tradition reikoise, non pas par dépit, mais pour prouver quelque chose. Pour faire comprendre à son armée, et aux éventuels spectateurs extérieurs, que son post ne saurait être remis en question. Que les Serres pourpres ne sauraient être remis en question. Tulkas n'était pas parfait. Il était un homme fait de forces et de faiblesses et certaines étaient plus profondément ancrées en lui qu'il ne souhaitait l'admettre. Mais il n'était pas un lâche. C'était un héros de guerre. Il n'avait pas hésité à se jeter dans les profondeurs des tunnels de Puantrus avec les autres Serres et les membres du FMR pour vaincre la peste obscure. Il avait porté l'étendard reikois avec fierté à Melorn. Il ne méritait pas qu'on tente de trainer son nom dans la boue pour atteindre qui que ce soit. Vitruvir avait commis une erreur majeure en s'en prenant aux Serres. Il ne le réalisait sans doute que maintenant.

    - En effet. Si je tombe ce jour, je souhaite que le commandement des Serres revienne à Tulkas et au Tovyr Crudelis. Que la forteresse d'ébène devienne le foyer de Tulkas. Et que le combat contre les sbires des Titans continue. Pour le reste, faites ce que vous désirez de ma dépouille. Car si je tombe ce jour, alors c'est que je me suis trop reposé sur des lauriers que je n'aurais pas du recevoir.

    Ecoutant par la suite les volontés de son adversaires, Deydreus étira sous son heaume un sourire léger. Le vieil homme était résolu, déterminé, droit. Malgré toutes ses manigances et l'amertume qui rongeait ce guerrier, le vampire ne pouvait pas s'empêcher d'éprouver du respect pour ce dernier. Il n'avait pas refusé le duel. Il n'avait pas tenté de se justifier pour quoique ce soit. Il avait accepté son destin et s'était préparé en conséquence. Il n'avait pas laissé le doute l'envahir en apprenant qui serait son adversaire et il n'avait pas pris de champion à sa place. Aujourd'hui, le reike allait perdre un grand homme.

    - Cette armure est parfaite. Avançant lentement pour se mettre en position, Deydreus fixa son futur adversaire. Malgré les nombreuses batailles, elle a gardé tout son éclat. Seules les traces des lames l'ayant effleurée montrent son vécu.
    - Je ne fuis jamais un combat, Deydreus. Cette armure en est la preuve.
    - J'admire cela, vraiment. Même s'il aurait fallu le mener contre les forces de la Volonté et non pas vos frères d'armes.
    - Je ne regrette rien. Nous verrons bien qui les Astres favorisent.
    - Infelix est homo , qui deis fidit.

    Et plus aucun mot "amical" ne fut échangé entre les deux guerriers.




    Ripant contre l'épaulière de Vitruvir, Résilience laissa quelques étincelles jaillirent dans l'air. Cela faisait déjà quelques longues secondes que le combat était lancé que déjà les lames étaient venus s'entrechoquer. Deydreus, sur ses appuis, s'était contenté d'attendre que son opposant ne vienne l'attaquer en premier. Comme pour métaphoriser la situation, le vampire s'était montré patient et avait dans un premier temps uniquement attendu que ce soit l'autre qui attaque. Puis, il avait commencé à riposter.

    Comme il s'y était attendu, Vitruvir n'en était pas à son premier duel. Homme de talent, le vieil officier avait su déjouer les premières passes d'armes aisément et offrait au chevalier noir un combat intéressant. Dans les échanges de coups, les lames ne venaient presque jamais atteindre l'armure de l'autre. Elles se contentaient de se rencontrer dans des joutes diverses et des feintes habiles. Si l'endurance et la force allaient être des facteurs importants de cet affrontement, c'était surtout la technique qui finirait par déterminer le vainqueur. Le Khashis possédait, en plus, une armure dont les imperfections étaient presque inexistantes, forçant le vampire à adapter ses coups à cette dernière. Il ne pouvait pas simplement viser le ventre et frapper, il lui fallait viser spécifiquement les aisselles, la gorge, ou bien les articulations. Et ces choix restreints donnaient à son opposant des moyens de contrer ses coups plus facilement. Filant alors subitement dans l'air, la Sableuse força le dirigeant des Serres pourpres à se pencher d'un coup en arrière. Passant à quelques centimètres de son casque, la frappe soudaine aurait pu décapiter n'importe quel combattant inattentif. Puis, dans un clignement d'œil, le bretteur aux lames jumelles vint frapper lourdement du pommeau le coude droit de l'attaquant. Un bruit sourd résonna dans l'air, répartissant le choc dans un avertissement sonore. Grognant, Vitruvir recula, pestant ensuite contre lui même tandis qu'il baissa quelques instants sa garde. Si le coup avait plus était déstabilisant que douloureux, il permit au vampire de se jeter de nouveau sur l'officier. Dans un balayage rapide, Résilience s'écrasa contre une Sableuse placée de justesse devant la hanche du haut officier avant que Deydreus ne vienne asséner par la suite un violent coup d'épaule, repoussant brutalement l'humain de quelques pas en arrière.

    - Te affligam!

    Pressant le pas, le vampire déchaina alors un flot d'attaques sur son adversaire. Dirigeant le rythme du combat, l'être aux yeux vairons forçait son opposant à reculer, à réagir. Il dictait le ton de ce duel et montrait ainsi au vieil homme qu'il n'avait aucune chance. Il ne jouait pas avec sa proie, il lui faisait une leçon tout en restant méfiant. Deydreus n'était pas homme à se laisser avoir par le trop plein de confidence. S'il se savait meilleur que Vitruvir, il ne lui faisait pas l'insulte de le sous estimer. S'il enchainait ainsi les frappes, c'était aussi pour fatiguer l'autre duelliste. Pour épuiser des ressources précieuses et le forcer à subir plus qu'à prendre l'initiative. La technique était une chose dans un combat, mais la pression et le positionnement étaient eux aussi un facteur déterminant. Continuant donc ses manœuvres, la lame de la Griffe vint ajouter de nombreuses traces sur l'armure de mithril du khashis. Jusqu'à ce que ce dernier ne tente une contre-attaque.

    Se tordant subitement, Vitruvir esquiva un coup d'estoc qui aurait pu lui être fatal pour venir tenter de toucher Deydreus à la jambe. Contorsionné, l'humain fit tournoyer la Sableuse pour que le tranchant de la lame s'abatte sur la cuisse du vampire. Une frappe risquée, audacieuse, mais terriblement rapide. Ployant rapidement le genou et abaissant sa lame, Deydreus contra cet assaut soudain dans un claquement bruyant entre les deux épées alors que ses traits étaient figés dans un sérieux absolu. Bougeant ses prunelles bicolores sur son adversaire, le chevalier noir analysait déjà ses prochains coups. Tournant autour de la lame de Vitruvir, le dirigeant des Serres pourpres pivota pour changer d'angle d'attaque en amenant la pointe de son épée vers le dos de l'humain. En réponse, ce dernier fit glisser la Sableuse pour venir en opposition, réalisant une demi seconde trop tard qu'il s'agissait là d'une énième feinte. Celle-là même qui avait autrefois blessé Tensai lui même. Cassant rapidement l'angle de son poignet, Deydreus venait de changer la direction de son coup, passant du dos de l'officier supérieur à son genou opposé. Parfaitement exposé, ce dernier ne pouvait être protégé par la lame déjà positionné du khashis qui comprit alors que la lame mordrait bientôt sa chair.

    Et dans un râle étouffé par son propre casque, Vitruvir sentit l'acier tranchant à vif. Propulsant sur le sol de l'arène les premières gouttes de sang de ce duel à mort.



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    Apparence des épées de Deydreus:


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  • Mar 17 Déc - 22:03
    - Je n’aime pas ça.

    L’invective du banneret avait surpris son camarade qui se tenait là, les bras croisés, à côté de lui. Il était vêtu, à l’instar du banneret, d’un harnois d’acier noir décoré de l’emblème des Serres. Plus simple, mois ornementé, mais tout de même assez similaire pour que l’allégeance des deux hommes ne soit un secret que pour les ignares et les aveugles.

    Les gradins étaient remplis d’ombres et de murmures, peuplé de conspirateurs, de curieux et de voyeurs qui n’allaient pas manquer l’occasion de voir un Holmgang, surtout quand c’était la Griffe elle-même qui l’avait invoqué. Et pourtant, les quelques Serres présentes s’étaient isolées de la masse pour se tenir en hauteur et observer depuis la relative intimité de gradins plus élevés le combat qui s’annonçait.

    - C’est une formalité, tu sais très bien que –

    La voix de l’Empereur s’éleva alors, imposant par sa simple volonté et la puissance de sa voix un silence tout en captivant l’attention de tous, qu’ils soient hommes d’armes, conspirateurs ou politiciens. Il faut dire que c’était rare que l’Empereur préside un Holmgang et pourtant pouvait-il en être autrement quand il en allait de l’honneur de son bras droit ? Ou plus spécifiquement, du prolongement de ce dit bras ? Des Serres de sa Griffe ? Certainement pas.

    - Hm. Que fit l’homme d’armes avant de claquer de la langue. Tu ne me croiras jamais mais c’est la première fois que je vois l’Empereur de si près, je comprends mieux le fanatisme des Stellaires. Qu’il conclut avant de retourner son attention sur le banneret. C’est une formalité.

    S’ébrouant un instant, Tulkas retourna son attention sur l’homme.

    - Quoi donc ?
    - Le Holmgang. Qu’il souligna. C’est une formalité.
    - Il n’y’a rien de « formel » dans ces duels, Varech.
    - L’issue est connue d’avance, Bracchus. Que répondit la Serre. Retire à la cérémonie tout son mysticisme et tu te retrouves avec ni plus ni moins qu’une exécution. Un rire mauvais s’invita pour ponctuer la phrase.
    - Foutu hérétique.

    L’accusation de Bracchus déclencha un ricanement généralisé dans la troupe de soldats. Car si Varech n’avait jamais été un zélote, voir même un adhérent du culte impérial, Bracchus lui avait été élevé par des stellaires et sa foi en la quasi-divinité du couple impérial était aussi brillante que les étoiles qui flottaient dans les sphères du dôme de la nuit. En d’autres temps, en d’autres lieux, le désaccord aurait pu se régler en quelques coups de poings avant d’être définitivement enterré par le rugissement d’un officier, rappelant aux deux hommes les saintes vertus de discipline qui faisaient d’eux l’élite de l’Empire. Mais ici, c’est simplement la voix de la Griffe, s’élevant jusque dans les gradins, qui imposa le silence aux Serres rassemblées.

    Tulkas ? Successeur éventuel ?

    Des visages se tournèrent vers le banneret qui redressa la tête, son cœur venait de manquer un battement et il s’efforçait pourtant de rester aussi digne que possible. Puis, c’était au tour de Vitruvir de prendre la parole.

    - Alors entends ma dernière volonté, mon Empereur. Digne, droit et fier, le Khashis avait une voix forte, qui faisait honneur à une longue carrière. Toute ma vie je n’ai fait qu’œuvrer pour renforcer la nation, j’ai vécu aussi bien par la plume que par l’épée et si je meurs aujourd’hui aux mains de la griffe je veux que ça soit comme un officier et non comme un traitre.

    Et ainsi, il s’inclina pour ensuite se tourner vers la griffe qui l’attendait, Résilience au clair. Tulkas, lui s’approcha du bord de la balustrade depuis laquelle il observait les deux combattants se tourner autour, les bras croisés sur son torse et le regard figé sur les combattants. Ce n’était que la deuxième fois de sa vie qu’il observait un combat depuis les gradins, et à chaque fois c’était lui. Deydreus, la Griffe en personne, qui défiait les puissants pour prouver sa valeur et cette fois, celle de ses hommes. Il aurait dû être honoré de ce geste d’amour de la part de son supérieur et pourtant, il peinait à cacher une grimace de dégoût profonds qui déformait les traits augustes de son visage. Son nez aquilin légèrement froissé, les sourcils alourdis par une colère froide, une honte profonde lui rongeant le ventre.

    Bien sûr qu’il n’aimait pas ça, comment pouvait-il en être autrement ? Voir son officier, son libérateur prendre le risque, même infinitésimal, d’être fauché par la mort pour laver son honneur lui donnait l’impression désagréable d’être infantilisé.

    « C’était à moi. » qu’il écrirait plus tard dans ses mémoires, une habitude qui lui viendrais à l’avenir pour détourner son esprit des affres de la corruption. « Et non à lui, de prendre ce risque. Je n’ose pas imaginer la crise qui aurait frappé l’armée, la colère terrible d’Iratus si jamais le pire était arrivé. » qu’il coucherait sur le vélin d’un papier, ignorant jusqu’au moucheron qui vint se noyer dans le vin qui reposait dans une timbale de bois. « Même si Vitruvir n’avait aucune chance de gagner, je sais que l’arrogance est le premier pas menant au cimetière et une partie de moi craignait que la Griffe, dans sa toute-puissance, n’oublie qu’il restait mortel, malgré sa jeunesse éternelle. »

    Et pourtant, le sort de Vitruvir était déjà gravé dans le marbre car Tulkas savait, à ce moment-là, que prendre les armes contre Deydreus était l’équivalent d’un glorieux suicide. Et cette cérémonie, sous les auspices de la Lune, sous le regard de l’Empereur et de ses hommes, garantissait à lui seul que l’honneur du Khashis soit sauf. Tout ce qu’il lui restait à faire, c’était mourir avec dignité.

    Pourtant, aucun élan de magie surpuissante, aucune vitesse prodigieuse que seul Tulkas et l’Empereur lui-même auraient été capables de suivre de l’œil, pas la moindre once de magie, rien de plus que l’expertise de deux bretteurs qui croisaient le fer pour la première et la dernière fois.

    L’honneur du premier sang revint à Deydreus, qui d’un jeu de jambes trahissant la perfection de son escrime, réitéra cette passe d’armes qui avait fait couler le sang de l’Empereur lui-même par le passé. Pas un cri ne s’éleva quand le sable de l’arène s’abreuva de l’eau-de-vie de Vitruvir qui planta sa lame dans le sol pour éviter de s’effondrer. Sur les centaines de coups envoyés par le maître des armées en quelques instants, un seul avait réellement compté. Celui qui vint sectionner le creux du genoux, tranchant veines, artères et tendons. Maintenant, le duel pris des airs de course contre la montre et ça, Tulkas le savait. D’ici moins de deux minutes, le saignement suffirait à faire tomber l’homme dans l’inconscience et encore fallait-il qu’il soit capable de se relever. Aurait-il été capable, alors, de seulement se défendre contre une nouvelle déferlante ? Son bras affaibli par le sang qui s’échappait de son corps, les sens assourdis par une douleur atroce et fulgurante ? Tulkas savait très bien à quoi ressemblerait la suite du combat, une mise à mort et à ses yeux, Deydreus ne s’attarderait pas à en faire un spectacle. Tout au plus, il dirait quelque chose à la mémoire du vieil homme qui se redressait face à lui pour le regarder, son visage déjà devenu pâle dans cette lutte contre son propre corps qui s’affaiblissait à vue d’œil. Il gonfla les joues, soufflant quelque chose que seul la Griffe pourrait entendre.

    Résilience se leva, fendant pour venir se figer dans l’interstice du plastron.
    Une main se dressa, perforée par la pointe de l’épée.
    Et l’acier du vieux Khashis frappa.
    Car le Reike ne se rends pas.



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