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Citoyen du Reike
Tulkas
Messages : 167
crédits : -147
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Info personnage
Race: Humain
Vocation: Guerrier combattant
Alignement: Loyal mauvais
Rang: B
- Honoré Khashis, le rapport stipule clai-
- J’ai lu vos rapports, Luteni. Que coupait la voix du Khashis Vitruvir, un vieil homme dont l’âge ne semblait pas avoir terni la force. Des créatures auraient attaqué votre campement dans la nuit, vous êtes le seul survivant. Mais comment expliquez-vous les corps brûlés découverts par la troupe du Nylsark Hraken sur le lieu de votre campement ?
- De quoi m’accusez-vous au juste, Khashis ?
La tension était palpable, l’officier Reikois qui avait exigé que soit entendu le Luteni Tulkas après la bataille de Melorn avait été malin. Profitant d’un déplacement de la Griffe et maniant son influence dans les sphères militaires avec habileté pour traîner le banneret dans la boue et le placer sous l’autorité de sa cour martiale. Deydreus avais beau être une légende vivante, ses Serres Pourpres des héros aux yeux du peuple, mais dans l’armée il existait toujours des éléments traditionnalistes, qui n’avaient pas forcément vu d’un bon œil les réformes militaires nécessaires qu’avait entrepris le nouveau bras droit de l’Empereur. Aussi, ils étaient décidés à le faire payer en amputant la Griffe de ses hommes de confiance. Le Tovyr était intouchable, dans sa forteresse d’airain, les autres Serres Pourpres étaient toujours en déplacement avec la Griffe et donc, sous sa protection.
Seul Tulkas, qui par sa nature de banneret, était amené à opérer régulièrement loin de la protection de la Griffe. Certains y voyaient une forme de désapprobation de la part du commandant-en-chef de la Kyrielle, Tulkas y voyait lui plus une forme de confiance et un mentorat avisé. Façonné, au fur et à mesure de ses aventures, le Luteni en un instrument aussi efficace au combat qu’en politique.
- Comment expliquez-vous, Luteni, que vous ayez survécu ?
Vitruvir était un des représentants de la vieille école martiale du Reike, pour qui l’échec était synonyme de lâcheté et de couardise. Si Tulkas avait été l’homme qu’il prétendais être, puissant, droit et glorieux, il n’aurait pas échoué, pire encore, il ne serait jamais revenu vivant. Et pourtant, face à lui, se dressait la figure du Taïsenois, de l’ancienne coqueluche des arènes, l’esclave devenu homme de confiance de l’un des hommes les plus puissant de tout l’Empire.
- Vous m’accusez de lâcheté, Khashis ? Que demanda Tulkas en levant les mains pour s’appuyer sur la rambarde de l’estrade.
- Cinquante cavaliers, Luteni. Que répondit sèchement le Khashis. Cinquante cavaliers de la garnison de Maël, des vétérans de la guerre contre les titans, morts, jusqu’au dernier, sous votre commandement. Cinquante cavaliers, Luteni. Qu’il répéta. Cinquante. Qu’il appuya. Et pas un d’entre eux n’a survécu à votre mission. Seul vous, quelle force est capable de venir à bout d’une force pareille sans qu’elle ne soit repérée par nos autres patrouilleurs ? Pourquoi sont-ils morts, eux, et pourquoi êtes-vous en vie, vous ? Pourquoi n’avons-nous trouvé que leurs corps brûlés ?
Tulkas se redressa, blessé dans son orgueil et marqua un temps d’arrêt pour considérer sa situation. Il était vrai qu’il était persuadé que personne n’allait retrouver les corps de ceux qu’Elle avait massacré en corrompant sa magie. Fermant les yeux, il inspira longuement avant de répondre.
- Honorable Khashis. Qu’il commença. Avez-vous seulement conscience de la gravité de la situation au Shoumeï ? Des créatures qui y rôdent ?
- J’ai lu les rapports, oui. Que répondit Vitruvir.
- Savez-vous ce qu’il s’y passe, quand on y meurt ? Que le Luteni demanda, grinçant des dents. Les corps se relèvent, animés par une nécromancie impie qui ferait vomir même le plus vil de nos thaumaturges. Ils ne sont pas réanimés par l’animus ou une quelconque magie, non, mais par une corruption manifeste. Si manifeste, qu’elle suinte par les pores de leurs peaux et par les plaies béantes qui les ont terrassés.
- Et donc ?
- Face à une défaite inévitable, j’ai canalisé ce qu’il me restait d’animus pour manifester les flammes de ma rage. Qu’il dit, baissant les yeux sur la paume qu’il venait d’ouvrir avant de ferme le poing. Et elle s’est manifestée en un grand torrent de flammes qui ont purifié les âmes de mes hommes, refusant la servitude de mes frères d’armes au Grand Ennemi.
Le Luteni tira lentement le gant qui recouvrait sa main bandée, dont il saisit le lin pour défaire le bandage qu’il enroulait autour de son autre main, révélant un quelconque cataplasme qui recouvrait les chairs brûlés de sa main, craquelée et noircie, semblable à celle d’un alligator tant elle était luisante. La chair guérirait, Tulkas avait subis de bien pires blessures dans sa vie, mais celle-ci avait une symbolique toute autre, qu’il se refusait d’effacer en canalisant son animus pour accélérer le processus.
- Nos mages de guerres me sont témoins, honorable Khashis, de la nature chaotique que prends l’animus depuis l’apparition de cette plaie suppurante à l’écorce de l’Arbre Monde. Et si vous, comme moi, en ressentons la perturbation alors que nous sommes terrés derrière les remparts d’Ikusa, je vous demande d’imaginer l’étendue de la corruption qui ravage la province du Shoumeï. Vous n’avez pas idée des dangers qui se terrent dans les plaines vitrifiées du sous-continent. Moi, si.
Ce que n’avait pas considéré Vitruvir, c’est que Tulkas avait été un excellent acteur durant sa carrière de gladiateur. Et un orateur capable de captiver des foules fortes de millier d’individus. Sa voix était puissante, sa posture impeccable, sa conviction se lisait sur son visage et il venait de faire de sa cour son estrade. Et le vent tourna.
- J’ai saigné pour l’empire, des entrailles de la désolation jusqu’à risquer ma vie pour protéger le cœur de Melorn. Je suis sur la ligne de front contre le Grand Ennemi depuis sa manifestation, comme le fait la Griffe et comme le fait le Tovyr du Courroux, comme le font les dévoreurs et les serres pourpres ! Tandis que d’autres se terrent derrière leurs murailles en espérant qu’elles ne soient pas balayées par la tempête qui viens... Nous... Nous saignons !
Un murmure s’éleva, les faits d’armes des Serres Pourpres et des Dévoreurs restaient des arguments de poids et Tulkas, en tant que banneret de la Griffe, rappelait à ces hommes cachés derrière les murailles d’Ikusa que c’était la bannière de Sable et de Gueule qui menait la charge contre les impurs et les enfants des titans. Murmure qui devint discussion qui se mua en brouhaha. La rhétorique du Luteni était incendiaire, dans d’autres circonstances elles auraient pu lui coûter sa tête, défier ainsi un Khashis était du suicide la plupart du temps, mais heureusement pour lui, ses états de services autrement impeccables donnaient du poids à son récit et le prestige de sa position étaient des armes qu’il utilisait pour la première fois. Rapidement, l’esclandre fut soumis par le martellement furieux de Vitruvir qui frappait du marteau contre une pierre pour ordonner le silence.
- Sur ce, honorable Khashis, je dois me rendre à Maël. Qu’il grinça des dents. Transmettez vos doléances à la Griffe, au lieu de me faire perdre mon temps.
Ce rappel, subtil, de la hiérarchie frappa assez durement Vitruvir dont la force sembla s’amenuir un instant, c’est comme si son plastron était soudainement plus grand. Et lui, plus maigre. Il hocha la tête, silencieusement avant de se redresser pour quitter ce théâtre dans lequel il réalisait qu’il venait de se faire ridiculiser. Tellement occupé à vouloir traîner les Serres Pourpres dans la boue qu’il n’avait pas vu venir le discours du Luteni qui avait retourné ses sbires contre lui. Une première, pour Tulkas, qui découvrait les joies de la politique qui lui avais été épargnée, jusqu’ici, par la Griffe.
Soupirant, l’homme quitta la chambre dans laquelle s’était réuni cette parodie de « cour martiale », et avança dans les couloirs du palais jusqu’à entendre le bruit de bottes ferrées lointain et la voix, craintive, d’un homme qui semblait parler à quelqu’un dont le statut le dépassait largement.
- Mon seigneur, comprenez bien que…
Tulkas s’arrêta, avant de ployer le genoux.
- Ma Griffe. Qu’il dit en baissant la tête. Vous n’aviez pas à vous déplacer pour ça.
- J’ai lu vos rapports, Luteni. Que coupait la voix du Khashis Vitruvir, un vieil homme dont l’âge ne semblait pas avoir terni la force. Des créatures auraient attaqué votre campement dans la nuit, vous êtes le seul survivant. Mais comment expliquez-vous les corps brûlés découverts par la troupe du Nylsark Hraken sur le lieu de votre campement ?
- De quoi m’accusez-vous au juste, Khashis ?
La tension était palpable, l’officier Reikois qui avait exigé que soit entendu le Luteni Tulkas après la bataille de Melorn avait été malin. Profitant d’un déplacement de la Griffe et maniant son influence dans les sphères militaires avec habileté pour traîner le banneret dans la boue et le placer sous l’autorité de sa cour martiale. Deydreus avais beau être une légende vivante, ses Serres Pourpres des héros aux yeux du peuple, mais dans l’armée il existait toujours des éléments traditionnalistes, qui n’avaient pas forcément vu d’un bon œil les réformes militaires nécessaires qu’avait entrepris le nouveau bras droit de l’Empereur. Aussi, ils étaient décidés à le faire payer en amputant la Griffe de ses hommes de confiance. Le Tovyr était intouchable, dans sa forteresse d’airain, les autres Serres Pourpres étaient toujours en déplacement avec la Griffe et donc, sous sa protection.
Seul Tulkas, qui par sa nature de banneret, était amené à opérer régulièrement loin de la protection de la Griffe. Certains y voyaient une forme de désapprobation de la part du commandant-en-chef de la Kyrielle, Tulkas y voyait lui plus une forme de confiance et un mentorat avisé. Façonné, au fur et à mesure de ses aventures, le Luteni en un instrument aussi efficace au combat qu’en politique.
- Comment expliquez-vous, Luteni, que vous ayez survécu ?
Vitruvir était un des représentants de la vieille école martiale du Reike, pour qui l’échec était synonyme de lâcheté et de couardise. Si Tulkas avait été l’homme qu’il prétendais être, puissant, droit et glorieux, il n’aurait pas échoué, pire encore, il ne serait jamais revenu vivant. Et pourtant, face à lui, se dressait la figure du Taïsenois, de l’ancienne coqueluche des arènes, l’esclave devenu homme de confiance de l’un des hommes les plus puissant de tout l’Empire.
- Vous m’accusez de lâcheté, Khashis ? Que demanda Tulkas en levant les mains pour s’appuyer sur la rambarde de l’estrade.
- Cinquante cavaliers, Luteni. Que répondit sèchement le Khashis. Cinquante cavaliers de la garnison de Maël, des vétérans de la guerre contre les titans, morts, jusqu’au dernier, sous votre commandement. Cinquante cavaliers, Luteni. Qu’il répéta. Cinquante. Qu’il appuya. Et pas un d’entre eux n’a survécu à votre mission. Seul vous, quelle force est capable de venir à bout d’une force pareille sans qu’elle ne soit repérée par nos autres patrouilleurs ? Pourquoi sont-ils morts, eux, et pourquoi êtes-vous en vie, vous ? Pourquoi n’avons-nous trouvé que leurs corps brûlés ?
Tulkas se redressa, blessé dans son orgueil et marqua un temps d’arrêt pour considérer sa situation. Il était vrai qu’il était persuadé que personne n’allait retrouver les corps de ceux qu’Elle avait massacré en corrompant sa magie. Fermant les yeux, il inspira longuement avant de répondre.
- Honorable Khashis. Qu’il commença. Avez-vous seulement conscience de la gravité de la situation au Shoumeï ? Des créatures qui y rôdent ?
- J’ai lu les rapports, oui. Que répondit Vitruvir.
- Savez-vous ce qu’il s’y passe, quand on y meurt ? Que le Luteni demanda, grinçant des dents. Les corps se relèvent, animés par une nécromancie impie qui ferait vomir même le plus vil de nos thaumaturges. Ils ne sont pas réanimés par l’animus ou une quelconque magie, non, mais par une corruption manifeste. Si manifeste, qu’elle suinte par les pores de leurs peaux et par les plaies béantes qui les ont terrassés.
- Et donc ?
- Face à une défaite inévitable, j’ai canalisé ce qu’il me restait d’animus pour manifester les flammes de ma rage. Qu’il dit, baissant les yeux sur la paume qu’il venait d’ouvrir avant de ferme le poing. Et elle s’est manifestée en un grand torrent de flammes qui ont purifié les âmes de mes hommes, refusant la servitude de mes frères d’armes au Grand Ennemi.
Le Luteni tira lentement le gant qui recouvrait sa main bandée, dont il saisit le lin pour défaire le bandage qu’il enroulait autour de son autre main, révélant un quelconque cataplasme qui recouvrait les chairs brûlés de sa main, craquelée et noircie, semblable à celle d’un alligator tant elle était luisante. La chair guérirait, Tulkas avait subis de bien pires blessures dans sa vie, mais celle-ci avait une symbolique toute autre, qu’il se refusait d’effacer en canalisant son animus pour accélérer le processus.
- Nos mages de guerres me sont témoins, honorable Khashis, de la nature chaotique que prends l’animus depuis l’apparition de cette plaie suppurante à l’écorce de l’Arbre Monde. Et si vous, comme moi, en ressentons la perturbation alors que nous sommes terrés derrière les remparts d’Ikusa, je vous demande d’imaginer l’étendue de la corruption qui ravage la province du Shoumeï. Vous n’avez pas idée des dangers qui se terrent dans les plaines vitrifiées du sous-continent. Moi, si.
Ce que n’avait pas considéré Vitruvir, c’est que Tulkas avait été un excellent acteur durant sa carrière de gladiateur. Et un orateur capable de captiver des foules fortes de millier d’individus. Sa voix était puissante, sa posture impeccable, sa conviction se lisait sur son visage et il venait de faire de sa cour son estrade. Et le vent tourna.
- J’ai saigné pour l’empire, des entrailles de la désolation jusqu’à risquer ma vie pour protéger le cœur de Melorn. Je suis sur la ligne de front contre le Grand Ennemi depuis sa manifestation, comme le fait la Griffe et comme le fait le Tovyr du Courroux, comme le font les dévoreurs et les serres pourpres ! Tandis que d’autres se terrent derrière leurs murailles en espérant qu’elles ne soient pas balayées par la tempête qui viens... Nous... Nous saignons !
Un murmure s’éleva, les faits d’armes des Serres Pourpres et des Dévoreurs restaient des arguments de poids et Tulkas, en tant que banneret de la Griffe, rappelait à ces hommes cachés derrière les murailles d’Ikusa que c’était la bannière de Sable et de Gueule qui menait la charge contre les impurs et les enfants des titans. Murmure qui devint discussion qui se mua en brouhaha. La rhétorique du Luteni était incendiaire, dans d’autres circonstances elles auraient pu lui coûter sa tête, défier ainsi un Khashis était du suicide la plupart du temps, mais heureusement pour lui, ses états de services autrement impeccables donnaient du poids à son récit et le prestige de sa position étaient des armes qu’il utilisait pour la première fois. Rapidement, l’esclandre fut soumis par le martellement furieux de Vitruvir qui frappait du marteau contre une pierre pour ordonner le silence.
- Sur ce, honorable Khashis, je dois me rendre à Maël. Qu’il grinça des dents. Transmettez vos doléances à la Griffe, au lieu de me faire perdre mon temps.
Ce rappel, subtil, de la hiérarchie frappa assez durement Vitruvir dont la force sembla s’amenuir un instant, c’est comme si son plastron était soudainement plus grand. Et lui, plus maigre. Il hocha la tête, silencieusement avant de se redresser pour quitter ce théâtre dans lequel il réalisait qu’il venait de se faire ridiculiser. Tellement occupé à vouloir traîner les Serres Pourpres dans la boue qu’il n’avait pas vu venir le discours du Luteni qui avait retourné ses sbires contre lui. Une première, pour Tulkas, qui découvrait les joies de la politique qui lui avais été épargnée, jusqu’ici, par la Griffe.
Soupirant, l’homme quitta la chambre dans laquelle s’était réuni cette parodie de « cour martiale », et avança dans les couloirs du palais jusqu’à entendre le bruit de bottes ferrées lointain et la voix, craintive, d’un homme qui semblait parler à quelqu’un dont le statut le dépassait largement.
- Mon seigneur, comprenez bien que…
Tulkas s’arrêta, avant de ployer le genoux.
- Ma Griffe. Qu’il dit en baissant la tête. Vous n’aviez pas à vous déplacer pour ça.
- Ud rea, ud sura rea -
Le Chevalier Noir
Deydreus Fictilem
Messages : 606
crédits : 1161
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Info personnage
Race: Vampire
Vocation: Guerrier combattant
Alignement: Loyal mauvais
Rang: B - Griffe
Empereur-dragon du Reike
Tensai Ryssen
Messages : 286
crédits : 3184
crédits : 3184
Info personnage
Race: Drakyn
Vocation: Guerrier combattant
Alignement: Chaotique neutre
Rang: S
Parfois, le palais royal était calme. Mais il n’était pas rare non plus qu’il soit une fourmilière, et aujourd’hui, la demeure impériale était effectivement en pleine effervescence. Il fallait dire que le Kharsis Vitruvir avait tout fait dans les règles de l’art. Convoquant un Luteni qui était hiérarchiquement en-dessous de lui, profitant de l’absence de la Griffe qui était en voyage, il avait absolument toutes les cartes en main pour avoir l’avantage lors de cette passe d’arme. Certes, cette dernière était davantage administrative et juridique, mais elle pouvait être désastreuse pour l’honneur et la réputation d’un homme. Et le vieil militaire savait par ailleurs que, si Tensai s’immisçait dans cette affaire, la Couronne sortirait de cette neutralité qu’elle devait avoir envers tout et tous. Pas de favoritisme dans l’armée. Sinon, l’affaire deviendrait un scandale. On s’assurerait, tout du moins, à ce que la noblesse en parle et à ce que les vétérans militaires manifestent leur mécontentement au couple royal. Il valait mieux laisser le général de l’armée prendre la main, quand il rentrerait. C’était pitoyablement ce que tentait de faire comprendre à l’Empereur un conseiller royal, et il n’avait eu droit qu’un grognement de mauvais augure en réponse.
- En d’autres termes, je dois faire comme si cet entretien ne me concernait pas.
- Précisément, sire.
- Alors que cet homme a porté nos valeurs à Melorn, lutté contre un de nos ennemis ?
- Eh bien…
- Dois-je rappeler encore qu’il a assisté mon épouse lorsqu’elle était de sortie dans l’Empire ?
- C’est que…
- Est-il également nécessaire de souligner qu’il a fait partie des volontaires pour chercher un remède à la Peste Obscure et qu’il était présent à l’expédition de Vent d’Acier ?
- Certes mais…
- Qu’ils ont affronté un Archonte – un Archonte, Luka – et qu’ils en sont revenus victorieux pendant que d’autres buvaient leurs verres bien en sécurité à la capitale ?
- Vous dites vrai, Majesté, cependant…
- Alors pourquoi nous faites-vous perdre votre temps avec des futilités ?
Le ton de l’Empereur est cette fois nettement irrité, et le noble prend une profonde respiration avant de continuer ce bras de fer avec le Tueur de Titans.
- Votre Altesse, si je puis me permettre, cela n’efface pas le fait qu’il y a eu des morts...
- Un fait inévitable durant une guerre contre les Titans et la corruption de l’Arbre-Monde.
- Cela n’efface pas non plus le fait que les familles sont endeuillées...
- Elles obtiendront des rentes de l’état pour compenser la perte de leur mari ou de leurs enfants.
- … Et qu’elles réclament justice...
- Qu’elles dirigent leur rage vers les responsable de cette dégénérescence ! rugit le Drakyn alors que, pour la première fois, le conseiller royal se fait subitement bien plus petit sous l’ire de son souverain. N'avons-nous pas d'autres guerres à mener plutôt que de traîner le banneret de mon général dans la boue ? Sa voix sifflante trahit la colère et l’impatience qui flamboient désormais dans les yeux du Conquérant.
Ils sont désormais sur une pente glissante. Le dénommé Luka sent peut-être que, à défaut du Kharsis Vitruvir, c’est peut-être sa tête qui pourrait être collée sur le bout d’une pique.
- C’est justement pour que l’armée puisse avancer et passer à autre chose que cette cour martiale a été levée au plus vite...
- Foutaises, grommelle l’Empereur, et c’est sur ses mots qu’il descend de son trône pour descendre de l’estrade et se diriger en dehors de la salle d’audience. J’ai assez perdu mon temps avec toi.
Le conseiller pâlit, soupire peut-être de soulagement quand l’homme-dragon le dépasse, puis, il se rappelle brusquement son devoir et se retourne pour suivre à toute vitesse le monarque.
- Sire, sire, où allez-vous ?...
- Stopper cette mascarade.
- Vous ne pouvez pas !!
Le cri, aussi spontané que sincère, s’échappe, et l’érudit est à deux doigts de rentrer dans l’Empereur quand celui-ci s’arrête.
- Je ne peux pas… ?
La voix du principal concerné devient encore plus sombre qu’à l’accoutumée tandis qu’il se retourne et plante un regard sur le malheureux fonctionnaire.
- Ose donc me répéter ça ?
Les mots s’étranglent un instant dans la bouche de l’infortuné, alors qu’il a l’impression que l’air ambiant autour de lui se réchauffe de manière anormale. L’espace d’un instant, il croit même que les yeux de Tensai flamboient d’une lueur dorée, et qu’il va être brûlé sur place. Seuls les Astres savent comment il réussit encore à dire quelque chose ensuite.
- Si vous intervenez, vous ou la Griffe, gémit-il, on croira que vous prenez parti.
- A raison. Qui commande l’armée, ici ?
Le pauvre bougre n’a pas le temps de répondre qu’un autre protagoniste aux habits distingués entre en scène.
- Votre Altesse.
Luka se rend compte qu’il tremble légèrement alors qu’un de ses collègues pose les yeux sur lui pour aussitôt revenir sur le monarque en armure.
- La cour martiale va bientôt être finie.
Un grognement.
- Tu m’as trop ralentí, Luka.
Heureusement, pense le quadragénaire.
- En revanche, sire, et la voix de Zéphyr est étrangement guillerette, non seulement j’ai ouï-dire que Tulkas se défend très bien, mais vous serez également ravi d’apprendre que la Griffe est aux portes du château.
Ah.
Enfin une bonne nouvelle.
Le regard de Tensai est étonnamment satisfait pendant que celui de Luka est sincèrement interloqué.
- Conduis-moi jusque-là. Un bref hochement de tête de la part de l’Oreille, pendant qu’il ignore superbement le geste de dénégation de son collègue, qui le supplie silencieusement de ne pas le conduire leur chef de guerre jusque-là. Le maître-espion fait semblant de ne pas le voir, et c’est presque en trainant la patte que Luka suit les deux guerriers. Zéphyr résume pendant ce temps succinctement ce qu’il s’est passé.
- Tu as l’air étonnamment de bonne humeur.
- De ce que j’ai entendu, la répartie de Tulkas était terrible et allait clore le débat, déclara tranquillement l’assassin. Mais outre cela, je n’aime pas les imbéciles et il risque d’y en avoir un de moins dans nos pattes d’ici la fin de la journée. Un haussement des épaules. Ca ne peut que me mettre de bonne humeur.
Soit il deviendrait totalement inoffensif suite à une punition de la Griffe elle-même, soit il allait en prendrait pour son grade, et cela convenait aussi bien au ministre qu’à l’Empereur en réalité. Ce qui est sûr, c’est qu’entretemps, Deydreus a déjà rejoint Tulkas, et même, il est déjà entré dans la salle où s’est tenue la cour martiale. Tensai fait signe aux deux fonctionnaires de ne faire aucun bruit, pour ne pas interrompre l’échange des deux guerriers. Son regard, auparavant colérique, est redevenu imperturbable, tel un juge qui doit trancher des gamineries, alors que la Griffe aussi bien que Tulkas et lui-même ont d’autres choses à faire.
Et la sentence tombe.
Un holmgang est impossible à refuser, encore plus par des vétérans de guerre. Mais Deydreus a ceci de particulier qu’il est une légende vivante, et ce depuis qu’il a su tenir tête à l’Empereur tête en personne lors d’un duel qui lui a valu sa promotion. Depuis, presque deux ans sont passés, et le vampire a su s’améliorer. De part ses nombreux entrainements, de part ses nombreux combats sur le terrain, de par sa transformation vampirique, aussi. Le Kharsis sait qu’il va affronter plus fort que soi, sa tête montre d’ailleurs qu’il ne s’est pas attendu à une telle évolution des choses, et son expression trahit à quel point il est désarçonné. Son regard passe fixe un instant sur le général des armées, puis son regard pâlit encore plus quand il remarque la nouvelle présence de Tensai, alors que, autour d’eux, la cour a fait un salut reikois de façon presque unanime face à l’entrée du souverain.
- Ta réponse, Kharsis.
L’officier sait qu’Il n’a pas le choix, et de toute façon, l’homme a trop d’honneur pour plier l’échine. Refuser reviendrait de toute façon à admettre qu’il est coupable… Et il y a trop d’envie en son cœur pour qu’il puissese repentir de son archanement contre les Serres.
- J’accepte le holmgang.
Un bref hochement de tête de la part de Tensai, alors qu’il reprend la parole d’une voix forte, qui ne souffre d’aucune contestation possible, et ce de qui ce soit.
- L’affrontement aura lieu à la tombée de la nuit, comme le veut la tradition de nos terres. Le duel ne terminera à la mort d’un des deux combattants. Une très légère pause, pendant laquelle l’homme-dragon désigne d’une fenêtre le soleil couchant. Le combat aura lieu dans moins d’une heure. Qu’on prépare l’arène où je m’entraine avec mes gardes royaux !
D’habitude, il ne tolèrerait pas qu’il y ait un public entre les deux adversaires. Cependant, il faut que la défaite soit vue de tous pour que des rumeurs de triche ou de parti pris ne se propage pas de nouveau au palais dès le lendemain. Les calomniateurs traiteront naturellement de Deydreus de barbares là où les soldats las de ces guerres intestines célèbreront le fait qu’un officier devenu pourri-gâté ait quitté ce monde.
- J’assisterai moi-même au holmgang. Tout comme la Lune sera le témoin de ce duel, je verrai moi-même le résultat de ce combat à mort.
Tensai n’attend ni la désapprobation ni l’accord des deux concernés.
- Vous choisirez vous-mêmes vos armes et vos protections. Kharsis, je mets à votre disposition l’armurerie royale, si vous n’avez pas ce qu’il vous faut sous la main. La même chose vaut pour la Griffe. Même si les deux guerriers savaient que ce n’était pas nécessaire. Luteni, tu peux accompagner ton général jusqu’au début du holmgang. Soyez prêt quand la nuit tombera sur Ikusa.
A l’entrée, Luka, qui a assisté à la scène, constate que son collègue aux yeux dorés, visiblement satisfait, se détourne et reprend la route vers un couloir du palais.
- Vous ne restez pas ?
- Pas besoin.
Un murmure presque indifférent.
- Nous savons tous les quatre qui va mourir ce soir.
- En d’autres termes, je dois faire comme si cet entretien ne me concernait pas.
- Précisément, sire.
- Alors que cet homme a porté nos valeurs à Melorn, lutté contre un de nos ennemis ?
- Eh bien…
- Dois-je rappeler encore qu’il a assisté mon épouse lorsqu’elle était de sortie dans l’Empire ?
- C’est que…
- Est-il également nécessaire de souligner qu’il a fait partie des volontaires pour chercher un remède à la Peste Obscure et qu’il était présent à l’expédition de Vent d’Acier ?
- Certes mais…
- Qu’ils ont affronté un Archonte – un Archonte, Luka – et qu’ils en sont revenus victorieux pendant que d’autres buvaient leurs verres bien en sécurité à la capitale ?
- Vous dites vrai, Majesté, cependant…
- Alors pourquoi nous faites-vous perdre votre temps avec des futilités ?
Le ton de l’Empereur est cette fois nettement irrité, et le noble prend une profonde respiration avant de continuer ce bras de fer avec le Tueur de Titans.
- Votre Altesse, si je puis me permettre, cela n’efface pas le fait qu’il y a eu des morts...
- Un fait inévitable durant une guerre contre les Titans et la corruption de l’Arbre-Monde.
- Cela n’efface pas non plus le fait que les familles sont endeuillées...
- Elles obtiendront des rentes de l’état pour compenser la perte de leur mari ou de leurs enfants.
- … Et qu’elles réclament justice...
- Qu’elles dirigent leur rage vers les responsable de cette dégénérescence ! rugit le Drakyn alors que, pour la première fois, le conseiller royal se fait subitement bien plus petit sous l’ire de son souverain. N'avons-nous pas d'autres guerres à mener plutôt que de traîner le banneret de mon général dans la boue ? Sa voix sifflante trahit la colère et l’impatience qui flamboient désormais dans les yeux du Conquérant.
Ils sont désormais sur une pente glissante. Le dénommé Luka sent peut-être que, à défaut du Kharsis Vitruvir, c’est peut-être sa tête qui pourrait être collée sur le bout d’une pique.
- C’est justement pour que l’armée puisse avancer et passer à autre chose que cette cour martiale a été levée au plus vite...
- Foutaises, grommelle l’Empereur, et c’est sur ses mots qu’il descend de son trône pour descendre de l’estrade et se diriger en dehors de la salle d’audience. J’ai assez perdu mon temps avec toi.
Le conseiller pâlit, soupire peut-être de soulagement quand l’homme-dragon le dépasse, puis, il se rappelle brusquement son devoir et se retourne pour suivre à toute vitesse le monarque.
- Sire, sire, où allez-vous ?...
- Stopper cette mascarade.
- Vous ne pouvez pas !!
Le cri, aussi spontané que sincère, s’échappe, et l’érudit est à deux doigts de rentrer dans l’Empereur quand celui-ci s’arrête.
- Je ne peux pas… ?
La voix du principal concerné devient encore plus sombre qu’à l’accoutumée tandis qu’il se retourne et plante un regard sur le malheureux fonctionnaire.
- Ose donc me répéter ça ?
Les mots s’étranglent un instant dans la bouche de l’infortuné, alors qu’il a l’impression que l’air ambiant autour de lui se réchauffe de manière anormale. L’espace d’un instant, il croit même que les yeux de Tensai flamboient d’une lueur dorée, et qu’il va être brûlé sur place. Seuls les Astres savent comment il réussit encore à dire quelque chose ensuite.
- Si vous intervenez, vous ou la Griffe, gémit-il, on croira que vous prenez parti.
- A raison. Qui commande l’armée, ici ?
Le pauvre bougre n’a pas le temps de répondre qu’un autre protagoniste aux habits distingués entre en scène.
- Votre Altesse.
Luka se rend compte qu’il tremble légèrement alors qu’un de ses collègues pose les yeux sur lui pour aussitôt revenir sur le monarque en armure.
- La cour martiale va bientôt être finie.
Un grognement.
- Tu m’as trop ralentí, Luka.
Heureusement, pense le quadragénaire.
- En revanche, sire, et la voix de Zéphyr est étrangement guillerette, non seulement j’ai ouï-dire que Tulkas se défend très bien, mais vous serez également ravi d’apprendre que la Griffe est aux portes du château.
Ah.
Enfin une bonne nouvelle.
Le regard de Tensai est étonnamment satisfait pendant que celui de Luka est sincèrement interloqué.
- Conduis-moi jusque-là. Un bref hochement de tête de la part de l’Oreille, pendant qu’il ignore superbement le geste de dénégation de son collègue, qui le supplie silencieusement de ne pas le conduire leur chef de guerre jusque-là. Le maître-espion fait semblant de ne pas le voir, et c’est presque en trainant la patte que Luka suit les deux guerriers. Zéphyr résume pendant ce temps succinctement ce qu’il s’est passé.
- Tu as l’air étonnamment de bonne humeur.
- De ce que j’ai entendu, la répartie de Tulkas était terrible et allait clore le débat, déclara tranquillement l’assassin. Mais outre cela, je n’aime pas les imbéciles et il risque d’y en avoir un de moins dans nos pattes d’ici la fin de la journée. Un haussement des épaules. Ca ne peut que me mettre de bonne humeur.
Soit il deviendrait totalement inoffensif suite à une punition de la Griffe elle-même, soit il allait en prendrait pour son grade, et cela convenait aussi bien au ministre qu’à l’Empereur en réalité. Ce qui est sûr, c’est qu’entretemps, Deydreus a déjà rejoint Tulkas, et même, il est déjà entré dans la salle où s’est tenue la cour martiale. Tensai fait signe aux deux fonctionnaires de ne faire aucun bruit, pour ne pas interrompre l’échange des deux guerriers. Son regard, auparavant colérique, est redevenu imperturbable, tel un juge qui doit trancher des gamineries, alors que la Griffe aussi bien que Tulkas et lui-même ont d’autres choses à faire.
Et la sentence tombe.
Un holmgang est impossible à refuser, encore plus par des vétérans de guerre. Mais Deydreus a ceci de particulier qu’il est une légende vivante, et ce depuis qu’il a su tenir tête à l’Empereur tête en personne lors d’un duel qui lui a valu sa promotion. Depuis, presque deux ans sont passés, et le vampire a su s’améliorer. De part ses nombreux entrainements, de part ses nombreux combats sur le terrain, de par sa transformation vampirique, aussi. Le Kharsis sait qu’il va affronter plus fort que soi, sa tête montre d’ailleurs qu’il ne s’est pas attendu à une telle évolution des choses, et son expression trahit à quel point il est désarçonné. Son regard passe fixe un instant sur le général des armées, puis son regard pâlit encore plus quand il remarque la nouvelle présence de Tensai, alors que, autour d’eux, la cour a fait un salut reikois de façon presque unanime face à l’entrée du souverain.
- Ta réponse, Kharsis.
L’officier sait qu’Il n’a pas le choix, et de toute façon, l’homme a trop d’honneur pour plier l’échine. Refuser reviendrait de toute façon à admettre qu’il est coupable… Et il y a trop d’envie en son cœur pour qu’il puissese repentir de son archanement contre les Serres.
- J’accepte le holmgang.
Un bref hochement de tête de la part de Tensai, alors qu’il reprend la parole d’une voix forte, qui ne souffre d’aucune contestation possible, et ce de qui ce soit.
- L’affrontement aura lieu à la tombée de la nuit, comme le veut la tradition de nos terres. Le duel ne terminera à la mort d’un des deux combattants. Une très légère pause, pendant laquelle l’homme-dragon désigne d’une fenêtre le soleil couchant. Le combat aura lieu dans moins d’une heure. Qu’on prépare l’arène où je m’entraine avec mes gardes royaux !
D’habitude, il ne tolèrerait pas qu’il y ait un public entre les deux adversaires. Cependant, il faut que la défaite soit vue de tous pour que des rumeurs de triche ou de parti pris ne se propage pas de nouveau au palais dès le lendemain. Les calomniateurs traiteront naturellement de Deydreus de barbares là où les soldats las de ces guerres intestines célèbreront le fait qu’un officier devenu pourri-gâté ait quitté ce monde.
- J’assisterai moi-même au holmgang. Tout comme la Lune sera le témoin de ce duel, je verrai moi-même le résultat de ce combat à mort.
Tensai n’attend ni la désapprobation ni l’accord des deux concernés.
- Vous choisirez vous-mêmes vos armes et vos protections. Kharsis, je mets à votre disposition l’armurerie royale, si vous n’avez pas ce qu’il vous faut sous la main. La même chose vaut pour la Griffe. Même si les deux guerriers savaient que ce n’était pas nécessaire. Luteni, tu peux accompagner ton général jusqu’au début du holmgang. Soyez prêt quand la nuit tombera sur Ikusa.
A l’entrée, Luka, qui a assisté à la scène, constate que son collègue aux yeux dorés, visiblement satisfait, se détourne et reprend la route vers un couloir du palais.
- Vous ne restez pas ?
- Pas besoin.
Un murmure presque indifférent.
- Nous savons tous les quatre qui va mourir ce soir.
Citoyen du Reike
Tulkas
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Info personnage
Race: Humain
Vocation: Guerrier combattant
Alignement: Loyal mauvais
Rang: B
Qu’ils soient fils du désert ou enfants des montagnes, que leurs voix chantent avec la douceur du désert ou soit grave et sévère comme les pics enneigés du Nord, qu’ils parlent la langue des dunes ou celle des glaciers, il n’y’a pas d’injonction plus sérieuse pour un guerrier du Reike.
Car derrière les atours d’or et de tissus dont se parent ceux qui portent le dragon à même la chair reposent des âmes bercées dans les contes de milles et unes sagas et légendes, chantés par les scaldes d’antan et les poètes oubliés du grand désert. Les Reikois sont les descendants des dragons, et en eux brûle une flamme de fierté, d’honneur et surtout, d’arrogance. Une force, comme une faiblesse, qui garantis le règne des plus forts, a défaut de parfois, des plus compétents. Aussi, quand la Griffe elle-même lance ces paroles sacrées, des voix s’élèvent.
Un poing fermé s’écrase sur le tambour d’une poitrine gonflée d’orgueil et de fierté. Repris en chœur par d’autres quand l’Empereur lui-même prends la voix, chacun de ses mots appuyés par un chant martial dont la ferveur, tonitruante et assourdissante comme les battements du cœur de Valerion lui-même demande au Khashis sa réponse. Vitruvir inspire, pâle, assourdit par le bruit de son cœur qui tambourine dans son cœur. Le crâne dégarni, la barbe nourrie, l’homme se redresse alors à son tour avec toute la dignité que l’on attend de son rang. Vitruvir jalousait certes la montée au pouvoir de Deydreus et du prestige de ses troupes, oh, bien entendu qu’il avait fomenté et conspiré pour atténuer le prestige de celui qui avait eu le courage d’affronter l’Empereur lui-même dans un duel pour prouver sa valeur.
Vitruvir était tout ça, et bien plus encore. Un vétéran de la grande guerre, un homme de guerre dont les cicatrices étaient les témoins d’une vie glorieuse, glorieusement menée. Il était tout ça, et bien plus encore, mais il y a bien quelque chose qu’il n’était pas.
Et cette chose, c’était un lâche.
- J’accepte le holmgang.
Avait-il clamé avec cette dignité qu’avaient les hommes résolus face à la mort. Vitruvir avait joué le jeu de la politique, il avait mené nombreuses parties, gagné un grand nombre d’entre elles. S’étant distingué sur le champ d’honneur comme dans la conjuration d’assassins qu’étaient les chambres du palais d’Ikusa, il acceptait son destin avec dignité. Et cela, personne ne pourrait jamais le lui ôter.
L’heure du combat avait été décidée, la lune serait le témoin de ce combat judiciaire, comme elle l’avait été un nombre incalculable de fois auparavant, et comme elle le serait une infinité de fois par après.
Et avec la réponse de l’Empereur, dont la parole faisait loi, Tulkas tourna la tête vers la Griffe pour l’observer. Lui, le seigneur de guerre légendaire qui s’était hissé au rang de grand parmi les grands à la seule force de son épée et de celle de son armée. Un idéal à suivre pour bien de jeunes officiers et de jeunes guerriers. Il était parfois difficile de démêler le vrai du faux, quand on était dans la présence d’un homme de cette stature. Les légendes étaient-elles vraies ou grossièrement exagérées ? Tulkas avait été témoin de bien des faits d’armes de son Seigneur et même lui parfois avait du mal à défaire le mythe de la vérité quand Ikaryon et d’autres Serres plus vétéranes racontaient ses faits d’armes. Mais quand on était en sa présence, le mythe semblait bien prendre corps et s’imposer comme étant une réalité.
Ce soir, et ça le Luteni en était convaincu, Vitruvir trouverait la mort. Une forme d’amertume passa sur lui, déformant le tracé de ses lèvres en une grimace discrète. C’était à lui qu’aurait dû revenir l’honneur de le défier et d’exiger un duel judiciaire, mais sa situation précaire, son manque de hauts faits d’armes – du moins aux yeux des pairs de la Kyrielle – et la différence de rang entre lui et Vitruvir lui interdisait de prononcer les mots sacrés du duel.
Suivant Deydreus qui quitta la salle sous les acclamations des officiers réunis et sous le regard de l’Empereur, Tulkas détailla un instant l’architecture du palais. Toute monarchie se doit de montrer ostensiblement son pouvoir, aussi bien pour décourager les ennemis de l’extérieur, que de l’intérieur, de mettre en doute sa légitimité. Un petit sourire se dessina sur les lèvres du luteni qui marchait aux côtés de la Griffe.
- Tout défi au pouvoir. Commença-il. Ne peut-être ignoré, qu’il soit hurlé dans la clameur de l’acier ou fomenté depuis les ombres. Observa-il. J’avoue n’avoir pas compris pourquoi vous exigiez un holmgang alors que votre démonstration de force suffisait amplement à faire taire Vitruvir et ses conspirateurs. Dit-il en s’arrêtant un instant pour se poser près d’une balustrade. Ce n’est pas seulement un désir de vengeance ou qu’on ait remis l’honneur de vos troupes, et le votre par extension, qui anime cette décision. C’est aussi un rappel aux autres grands officiers que toute forme de sédition sera punie sévèrement. Dit-il en observant les traits du commandant suprême. Ais-je bien compris ?
Les bras du luteni se croisèrent sur son plastron. Les lèvres se plissèrent un instant et le nez se retroussa, le regard fuyant.
- Pardonne-moi, Deydreus. Dit-il, s’adressant pour l’une des premières fois à son commandant sans le vouvoyer. Je me suis laissé faire avoir par les machinations de vos rivaux à la capitale. Peut-être souhaites tu savoir ce qu’il en est ? Je sais que mes rapports ne parviennent pas toujours à Coeurébène, ceux-ci ont d’ailleurs été apparemment interceptés par le Khashis Vitruvir.
Il marqua un temps d’arrêt, avant d’ajouter.
- Comme vous me l’aviez ordonné, j’ai dirigé une troupe de cavaliers de la garnison de Maël dans le sillage du ravage de la Horde du Courroux pour interdire aux serviteurs du Grand Ennemi toute occasion de consolider le peu de forces qui leurs restaient. Commença-il. Avec mes camarades, nous avons intercepté une grande caravane que nous avons passé par l’épée, n’épargnant personne et avons libérés leurs prisonniers. C’était peu de temps après que l’Arbre-Monde lui-même ne se mette à saigner, et que l’animus qui coule dans nos veines ne se révolte de lui-même…
La honte se lisait sur son visage, retroussant le nez, Tulkas décroisa les bras pour croiser le regard vairon de Deydreus, inspirant un peu, il acheva :
- Après une journée et une nuit de chevauchée, nous n’avions plus qu’un bivouac à monter avant d’atteindre Maël et de nous y réfugier et dans la nuit, quelque chose d’inhumain nous a attaqués, je me suis réveillé dans un camp en flammes avec la majorité de mes camarades morts et les prisonniers éparpillés ou en fuite. J’ai donné une mort digne à mes camarades, réduit leurs corps en cendres pour priver le Grand Ennemi de leurs chairs et de leurs os. Puis, j’ai du traverser les pins argentés pour rejoindre Maël où… J’ai vu les horreurs qui rôdent dans les ténèbres du Shoumeï. Deydreus, la situation est bien plus grave que les rapports ne veulent bien le rapporter, les patrouilleurs se terrent derrière la muraille blanche de la Cité des Savants. Les officiers et la garnison se contentent tout au plus de purger les revenants qui se lèvent dans la ville et s’assurent du maintien du ravitaillement en grain de la ville. Mais moi, j’ai vu ce qui se terre dans l’Ombre et… Je refuse de rester les bras croisés. J’aimerais te demander quelque chose, monseigneur
Tulkas observa son maître, son commandant en inspirant longuement.
- Une guerre se prépare, contre un mal bien plus insidieux que les archontes, une noirceur qui menace de s’insinuer jusque dans nos cœurs et de corrompre jusqu’à notre âme. Je refuse de rester les bras croisés tandis que le gouverneur Lucifer et ses séides se cachent derrière les murs de Maël. Je te demande, monseigneur, d’être nommé protecteur de Maël. Comme mes frères protègent la marche du Nord sous la bannière de sable et de gueule, que la bannière de gueule protège les marches de l’Est, laisse-moi être ta sentinelle de l’Ouest et porter ta bannière pour la planter dans le cœur même des ténèbres.
Il conclut sa phrase, observant Deydreus. Le Holmgang viendrait, il regardait par dessus l'épaule de la Griffe un instant, cherchant du regard la figure de l'Empereur pour voir si le Dragon lui même allait venir les rejoindre ou non.
Holmgang.
Car derrière les atours d’or et de tissus dont se parent ceux qui portent le dragon à même la chair reposent des âmes bercées dans les contes de milles et unes sagas et légendes, chantés par les scaldes d’antan et les poètes oubliés du grand désert. Les Reikois sont les descendants des dragons, et en eux brûle une flamme de fierté, d’honneur et surtout, d’arrogance. Une force, comme une faiblesse, qui garantis le règne des plus forts, a défaut de parfois, des plus compétents. Aussi, quand la Griffe elle-même lance ces paroles sacrées, des voix s’élèvent.
Holmgang !
Un poing fermé s’écrase sur le tambour d’une poitrine gonflée d’orgueil et de fierté. Repris en chœur par d’autres quand l’Empereur lui-même prends la voix, chacun de ses mots appuyés par un chant martial dont la ferveur, tonitruante et assourdissante comme les battements du cœur de Valerion lui-même demande au Khashis sa réponse. Vitruvir inspire, pâle, assourdit par le bruit de son cœur qui tambourine dans son cœur. Le crâne dégarni, la barbe nourrie, l’homme se redresse alors à son tour avec toute la dignité que l’on attend de son rang. Vitruvir jalousait certes la montée au pouvoir de Deydreus et du prestige de ses troupes, oh, bien entendu qu’il avait fomenté et conspiré pour atténuer le prestige de celui qui avait eu le courage d’affronter l’Empereur lui-même dans un duel pour prouver sa valeur.
Vitruvir était tout ça, et bien plus encore. Un vétéran de la grande guerre, un homme de guerre dont les cicatrices étaient les témoins d’une vie glorieuse, glorieusement menée. Il était tout ça, et bien plus encore, mais il y a bien quelque chose qu’il n’était pas.
Et cette chose, c’était un lâche.
- J’accepte le holmgang.
Avait-il clamé avec cette dignité qu’avaient les hommes résolus face à la mort. Vitruvir avait joué le jeu de la politique, il avait mené nombreuses parties, gagné un grand nombre d’entre elles. S’étant distingué sur le champ d’honneur comme dans la conjuration d’assassins qu’étaient les chambres du palais d’Ikusa, il acceptait son destin avec dignité. Et cela, personne ne pourrait jamais le lui ôter.
L’heure du combat avait été décidée, la lune serait le témoin de ce combat judiciaire, comme elle l’avait été un nombre incalculable de fois auparavant, et comme elle le serait une infinité de fois par après.
Et avec la réponse de l’Empereur, dont la parole faisait loi, Tulkas tourna la tête vers la Griffe pour l’observer. Lui, le seigneur de guerre légendaire qui s’était hissé au rang de grand parmi les grands à la seule force de son épée et de celle de son armée. Un idéal à suivre pour bien de jeunes officiers et de jeunes guerriers. Il était parfois difficile de démêler le vrai du faux, quand on était dans la présence d’un homme de cette stature. Les légendes étaient-elles vraies ou grossièrement exagérées ? Tulkas avait été témoin de bien des faits d’armes de son Seigneur et même lui parfois avait du mal à défaire le mythe de la vérité quand Ikaryon et d’autres Serres plus vétéranes racontaient ses faits d’armes. Mais quand on était en sa présence, le mythe semblait bien prendre corps et s’imposer comme étant une réalité.
Ce soir, et ça le Luteni en était convaincu, Vitruvir trouverait la mort. Une forme d’amertume passa sur lui, déformant le tracé de ses lèvres en une grimace discrète. C’était à lui qu’aurait dû revenir l’honneur de le défier et d’exiger un duel judiciaire, mais sa situation précaire, son manque de hauts faits d’armes – du moins aux yeux des pairs de la Kyrielle – et la différence de rang entre lui et Vitruvir lui interdisait de prononcer les mots sacrés du duel.
Suivant Deydreus qui quitta la salle sous les acclamations des officiers réunis et sous le regard de l’Empereur, Tulkas détailla un instant l’architecture du palais. Toute monarchie se doit de montrer ostensiblement son pouvoir, aussi bien pour décourager les ennemis de l’extérieur, que de l’intérieur, de mettre en doute sa légitimité. Un petit sourire se dessina sur les lèvres du luteni qui marchait aux côtés de la Griffe.
- Tout défi au pouvoir. Commença-il. Ne peut-être ignoré, qu’il soit hurlé dans la clameur de l’acier ou fomenté depuis les ombres. Observa-il. J’avoue n’avoir pas compris pourquoi vous exigiez un holmgang alors que votre démonstration de force suffisait amplement à faire taire Vitruvir et ses conspirateurs. Dit-il en s’arrêtant un instant pour se poser près d’une balustrade. Ce n’est pas seulement un désir de vengeance ou qu’on ait remis l’honneur de vos troupes, et le votre par extension, qui anime cette décision. C’est aussi un rappel aux autres grands officiers que toute forme de sédition sera punie sévèrement. Dit-il en observant les traits du commandant suprême. Ais-je bien compris ?
Les bras du luteni se croisèrent sur son plastron. Les lèvres se plissèrent un instant et le nez se retroussa, le regard fuyant.
- Pardonne-moi, Deydreus. Dit-il, s’adressant pour l’une des premières fois à son commandant sans le vouvoyer. Je me suis laissé faire avoir par les machinations de vos rivaux à la capitale. Peut-être souhaites tu savoir ce qu’il en est ? Je sais que mes rapports ne parviennent pas toujours à Coeurébène, ceux-ci ont d’ailleurs été apparemment interceptés par le Khashis Vitruvir.
Il marqua un temps d’arrêt, avant d’ajouter.
- Comme vous me l’aviez ordonné, j’ai dirigé une troupe de cavaliers de la garnison de Maël dans le sillage du ravage de la Horde du Courroux pour interdire aux serviteurs du Grand Ennemi toute occasion de consolider le peu de forces qui leurs restaient. Commença-il. Avec mes camarades, nous avons intercepté une grande caravane que nous avons passé par l’épée, n’épargnant personne et avons libérés leurs prisonniers. C’était peu de temps après que l’Arbre-Monde lui-même ne se mette à saigner, et que l’animus qui coule dans nos veines ne se révolte de lui-même…
La honte se lisait sur son visage, retroussant le nez, Tulkas décroisa les bras pour croiser le regard vairon de Deydreus, inspirant un peu, il acheva :
- Après une journée et une nuit de chevauchée, nous n’avions plus qu’un bivouac à monter avant d’atteindre Maël et de nous y réfugier et dans la nuit, quelque chose d’inhumain nous a attaqués, je me suis réveillé dans un camp en flammes avec la majorité de mes camarades morts et les prisonniers éparpillés ou en fuite. J’ai donné une mort digne à mes camarades, réduit leurs corps en cendres pour priver le Grand Ennemi de leurs chairs et de leurs os. Puis, j’ai du traverser les pins argentés pour rejoindre Maël où… J’ai vu les horreurs qui rôdent dans les ténèbres du Shoumeï. Deydreus, la situation est bien plus grave que les rapports ne veulent bien le rapporter, les patrouilleurs se terrent derrière la muraille blanche de la Cité des Savants. Les officiers et la garnison se contentent tout au plus de purger les revenants qui se lèvent dans la ville et s’assurent du maintien du ravitaillement en grain de la ville. Mais moi, j’ai vu ce qui se terre dans l’Ombre et… Je refuse de rester les bras croisés. J’aimerais te demander quelque chose, monseigneur
Tulkas observa son maître, son commandant en inspirant longuement.
- Une guerre se prépare, contre un mal bien plus insidieux que les archontes, une noirceur qui menace de s’insinuer jusque dans nos cœurs et de corrompre jusqu’à notre âme. Je refuse de rester les bras croisés tandis que le gouverneur Lucifer et ses séides se cachent derrière les murs de Maël. Je te demande, monseigneur, d’être nommé protecteur de Maël. Comme mes frères protègent la marche du Nord sous la bannière de sable et de gueule, que la bannière de gueule protège les marches de l’Est, laisse-moi être ta sentinelle de l’Ouest et porter ta bannière pour la planter dans le cœur même des ténèbres.
Il conclut sa phrase, observant Deydreus. Le Holmgang viendrait, il regardait par dessus l'épaule de la Griffe un instant, cherchant du regard la figure de l'Empereur pour voir si le Dragon lui même allait venir les rejoindre ou non.
- Ud rea, ud sura rea -
Le Chevalier Noir
Deydreus Fictilem
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Info personnage
Race: Vampire
Vocation: Guerrier combattant
Alignement: Loyal mauvais
Rang: B - Griffe
Empereur-dragon du Reike
Tensai Ryssen
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Info personnage
Race: Drakyn
Vocation: Guerrier combattant
Alignement: Chaotique neutre
Rang: S
Redavil ne pouvait s’empêcher de pester.
Aucun lien de sang ne le rattachait à Vitruvir. Le Kharsis et lui venaient, au contraire, de deux milieux totalement différent. L’un était un roturier, un membre de la plèbe, comme dirait les nobles du Reike. L’autre venait d’une bonne famille, celle-là même qui avait tout pour réussir. Très tôt dans sa jeunesse, d’ailleurs, Vitruvir s’était illustré par son comportement exemplaire à Drakstrang, d’abord, par ses faits d’armes sur le champ de bataille ensuite. D’abord simple Nylsark, le guerrier avait finit par gravir les échelons un par un. C’est que l’homme avait une intelligence certaine. Non seulement il était stratège et savait user de chaque élément en sa faveur pour arracher la victoire, mais il savait également rester lucide face à des situations sous tension.
La défense de la forteresse de Vagnes en avait été un exemple. Le Kharsis, alors Adujar, avait répondu à l’appel en détresse d’un seigneur mineur, qui n’arrivait plus à défendre correctement ses terres et ses vassaux face à la hargne bien trop présente de plusieurs clans barbares. Ces derniers avaient décidé de se rebeller ouvertement face aux taxes qu’on leur imposait, mais officieusement, c’était surtout la personnalité dudit seigneur qui posait problème. Trop transparent, trop timide, pas assez imposant, peu doué pour les faits d’armes : l’homme avait plus l’air d’un commerçant que d’un véritable suzerain, et il n’avait pu que faire appel à la Couronne pour se sortir de là. Vitruvir n’avait eu guère de difficultés à rejoindre son compatriote, c’était ensuite que les choses s’étaient corsées. Un siège avait sournoisement commencé entre les deux partis, les rebelles escomptant que les soldats qui avaient accompagné l’officier ne soient que des bouches à nourrir qui videraient rapidement les réserves de la forteresse. Ce serait un moyen de ridiculiser les autorités reikoises une fois de plus, s’étaient dits les belligérants. Sauf que ceux-ci n’avaient pas prévu que l’Adujar divise ses forces pour les prendre à revers. Le guerrier avait affiché l’arrivée d’un de ses bataillons et proposé à un Redavil de jouer son rôle, pendant que le commandant observait, grâce à certains éclaireurs et unités des forces spéciales, les mouvements adverses. Une fois leurs forces établies, les attirer par une fausse reddition avait été facile. En vérité, les rebelles n’avaient eu guère de chances de s’en sortir, et Vitruvir en était sorti avec les honneurs.
Son ascension semblait sûre, prospère, il avait même su sentir le changement de régime avec l’arrivée des Ryssen au pouvoir. Comme Deydreus, il avait été las de ses officiers ventripotents, qui avaient plus obtenus leurs grades grâce au prestige familial que par leurs génie militaire et il avait vu dans l’homme-dragon l’espoir d’un renouveau. Il avait eu raison. Le Kharsis, par ailleurs, savait se faire apprécier par l’armée, et les années qui passèrent ne l’aidèrent pas à avoir une humble opinion de lui-même. Fer de lance de l’Empire, tout laissait présager qu’il deviendrait un jour la Griffe du Royaume.
Jusqu’à ce que l’Empereur soit défié par Deydreus Fictilem.
Cette nomination, en soi, aurait pu être passagère. C’était ce qu’avait espéré dans un premier temps le combattant, afin de ne pas être enseveli par l’amertume de se voir voler son poste. Tous ici savaient que Tensai était d’une humeur capricieuse : rien ne garantissait que le chef des Serres Pourpres ne serait pas limogé par le roi en personne. Mais l’avenir lui avait donné tort. Pis, l’Empereur semblait soutenir les initiatives de son général – si Vitruvir avait été un peu de bonne foi, il les aurait approuvées, d’ailleurs – et pour sa plus grande colère, le monarque semblait aligné avec les idées du vampire. Au point de le considérer suffisamment digne pour l’accompagner combattre un Archonte. Vitruvir avait certainement senti le vent tourner à partir de cette période : il n’y aurait ni licenciement, ni retour en arrière. S’il avait pu être un temps un des candidats potentiels de Tensai, le Drakyn ne songeait clairement pas à nommer un nouveau général et la nature immortelle du frère d’Alasker laissait présager une période de stabilité pour la Main de l’Empire. A partir de là, l’amertume avait certes commencé à gagner Vitruvir.
… Mais au point d’en arriver au Holmgang ?
- Vous auriez dû refuser, aboya Redavil en entrant dans les quartiers réservés à Vitruvir pour préparer l’affrontement.
Le Kharsis ne sembla pas surpris de l’arrivée de son subordonné, à qui il avait, à dire vrai, tout appris depuis qu’il avait intégré son bataillon.
- Est-ce que tu veux faire de moi la honte du pays ?
- Le prix du holmgang…
- C’est la mort, lui répliqua le vieil officier. Crois-tu que je ne sois pas au courant ? Me vois-tu trembler pour autant ? Je préfère mourir en respectant mes valeurs plutôt qu’en n’osant pas lever l’épée par peur et par lâcheté.
- Mais vous n’aviez pas prévu…
- Bien sûr que je ne l’avais pas prévu, déclara le Kharsis d’une voix sèche. Ma première erreur a été de sous-estimer l’éloquence du Luteni. Ma seconde a été de sous-estimer les déplacements de la Griffe. Je continue à penser chacun de mes mots, cependant. Il y a eu trop de morts sous ce banneret de la Griffe. Enfin. Là n’est plus la priorité. L’homme aux cheveux grisonnant se leva et l’espace d’un instant, il sembla vieilli. A dire vrai, je ne sais pas si je dois voir cette occasion comme une malédiction ou une bénédiction. Ce soir, je peux rejoindre les Astres. Et en même temps, l’Empereur assiste au combat. Si je vaincs, je pourrai réclamer le poste de la Griffe au roi.
- Serait-il enclin à accepter une telle nomination ?
- Il sait mieux que personne que le poste de Griffe ne peut être vacant. Pourquoi crois-tu qu’il assiste au duel ? Pour suivre un bon combat ? C’est l’avenir d’un membre de sa Main qui est en jeu. Même s’il l’estime et que cela peut motiver sa décision d’être présent, il vient plus en tant que monarque que par pure amitié.
- Et votre équipement ?
- Je porterai celui que j’ai toujours porté. Je mettrai mon armure en mitrhil et je prendrai mon épée, la Sableuse. Je sais que la Griffe est lui aussi un épéiste. Nous allons voir qui entre lui et moi a la meilleure technique.
Il était temps.
Assis sur un trône de fortune qui dominait les gradins, Tensai contemplait l’arrivée des deux combattants d’un air pensif.
Il connaissait la valeur de l’un et de l’autre. Vitruvir parce qu’il était l’un des hauts-officiers bien connu de son armée – et même, à certains égards, certains conservateurs reikois l’appréciaient plus que la tovyr Leezen et le tovyr Crudelis. Deydreus, ensuite, avait été le meneur pour les renforts de Sable d’Or, avait participé à l’expédition de Vent d’Acier et naturellement, était un de ses bras droits. Le dirigeant était suffisamment honnête avec lui-même pour savoir où était sa préférence. Même en cas de victoire de Vitruvir, ce dernier risquait de s’enorgueillir de ce haut-fait d’armes et de voir tout le monde avec arrogance, s’il venait à sauver sa vie. A tous les cas, il demanderait au monarque le rôle de la Griffe. Et même s’il venait à être un bon général – ce qui était possible – engendrer (encore) toute une série de changements pour imposer sa marque et son commandement ne plairait pas à l’Empereur, qui voulait désormais voir son armée aller de l’avant. Celle-ci se renforçait déjà depuis un an, depuis le décret impérial. Changer de général ne donnerait en l’état rien de bon, mais… comme n’importe quel roi du Reike, et comme barbare également, il allait laisser faire les traditions ancestrales. Il ne bafouerait pas l’honneur de ces deux hommes, qui mettaient leur vie en jeu pour défendre leurs noms et leurs blasons.
D’ailleurs, voilà que les combattants s’avançaient dans l’arène. L’homme-dragon aurait pu aller leur adresser à chacun un mot, mais ç’aurait été retardé l’inéluctable, et les nobles ici présents décortiquaient le moindre geste, le moindre propos des participants à ce duel. Le Conquérant non plus n’échappait pas à la règle, et accorder trop d’attention au Luteni comme à la Griffe pourraient davantage leur créer des misères dans le domaine politique. Deydreus s’en moquait. Tulkas le pouvait moins, puisqu’il aurait un rôle conséquent à Maël. Aussi, en public, Tensai s’abstiendrait de donner des armes à l’aristocratie pédante du désert. Au contraire, le souverain jouerait la carte de l’impassibilité – ce qui n’était pasbien difficile bien sûr, vu son regard naturellement froid et insensible. Ceux qui l’entouraient avaient d’ailleurs bien compris que l’époux d’Ayshara ne souhaitait pas faire causette et le silence vint sur l’assemblée lorsque le colosse se leva de son siège.
- Le Holmgang.
Sa voix naturellement forte s’imposa, ton empreint d’autorité et en même temps de calme, alors qu’un membre de sa Main était sur le point de jouer sa vie.
- Le moyen par lequel nous lavons notre honneur. Le moyen par lequel nous faisons chanter les armes. Le moyen par lequel nous exposons notre âme. Tous ont désormais les yeux rivés sur le barbare. Ici, les mots ne comptent plus. Seuls les actes et nos prouesses martiales savent défendre ce que nous chérissons à tout prix.
Plongeant son regard sur l’arène en contrebas, Tensai prit le temps de considérer les deux guerriers de sa patrie.
- Et que chérissons-nous ? La vie ? Un léger rictus passa sur ses lèvres. La renommée ? Ses yeux passèrent sur Vitruvir. L’honneur de nos frères ? Son regard passa sur Deydreus, et puis sur Tulkas avant de continuer. Seuls ceux qui répondent au défi du Holmgang peuvent le dire. Pour autant. Sa voix se durcit. Cette nuit, parmi vous deux, il n’y aura qu’un seul survivant.
Il aurait pu faire une prière muette, sauf que ce n’est absolument pas le genre de Tensai, qui a suffisamment confiance en son général pour que ce dernier réduise son adversaire en poussière.
- Deydreus Fictilem. Griffe de l’Empire, dirigeant des Serres Pourpres, banneret de l’Empire. Vitruvir Donarq, Kharsis du Levant. Avez-vous une dernière volonté ?
Un silence pour leur ménager une réponse. Puis, en shierak-quiya, l’homme-dragon donna le coup d’envoi :
- Athdrivar vekhat mae noreth.
« Que l’acier résonne et que le sang se répande ».
C’était une veille formule que Deydreus comme Vitruvir reconnaîtraient aisément.
Aucun lien de sang ne le rattachait à Vitruvir. Le Kharsis et lui venaient, au contraire, de deux milieux totalement différent. L’un était un roturier, un membre de la plèbe, comme dirait les nobles du Reike. L’autre venait d’une bonne famille, celle-là même qui avait tout pour réussir. Très tôt dans sa jeunesse, d’ailleurs, Vitruvir s’était illustré par son comportement exemplaire à Drakstrang, d’abord, par ses faits d’armes sur le champ de bataille ensuite. D’abord simple Nylsark, le guerrier avait finit par gravir les échelons un par un. C’est que l’homme avait une intelligence certaine. Non seulement il était stratège et savait user de chaque élément en sa faveur pour arracher la victoire, mais il savait également rester lucide face à des situations sous tension.
La défense de la forteresse de Vagnes en avait été un exemple. Le Kharsis, alors Adujar, avait répondu à l’appel en détresse d’un seigneur mineur, qui n’arrivait plus à défendre correctement ses terres et ses vassaux face à la hargne bien trop présente de plusieurs clans barbares. Ces derniers avaient décidé de se rebeller ouvertement face aux taxes qu’on leur imposait, mais officieusement, c’était surtout la personnalité dudit seigneur qui posait problème. Trop transparent, trop timide, pas assez imposant, peu doué pour les faits d’armes : l’homme avait plus l’air d’un commerçant que d’un véritable suzerain, et il n’avait pu que faire appel à la Couronne pour se sortir de là. Vitruvir n’avait eu guère de difficultés à rejoindre son compatriote, c’était ensuite que les choses s’étaient corsées. Un siège avait sournoisement commencé entre les deux partis, les rebelles escomptant que les soldats qui avaient accompagné l’officier ne soient que des bouches à nourrir qui videraient rapidement les réserves de la forteresse. Ce serait un moyen de ridiculiser les autorités reikoises une fois de plus, s’étaient dits les belligérants. Sauf que ceux-ci n’avaient pas prévu que l’Adujar divise ses forces pour les prendre à revers. Le guerrier avait affiché l’arrivée d’un de ses bataillons et proposé à un Redavil de jouer son rôle, pendant que le commandant observait, grâce à certains éclaireurs et unités des forces spéciales, les mouvements adverses. Une fois leurs forces établies, les attirer par une fausse reddition avait été facile. En vérité, les rebelles n’avaient eu guère de chances de s’en sortir, et Vitruvir en était sorti avec les honneurs.
Son ascension semblait sûre, prospère, il avait même su sentir le changement de régime avec l’arrivée des Ryssen au pouvoir. Comme Deydreus, il avait été las de ses officiers ventripotents, qui avaient plus obtenus leurs grades grâce au prestige familial que par leurs génie militaire et il avait vu dans l’homme-dragon l’espoir d’un renouveau. Il avait eu raison. Le Kharsis, par ailleurs, savait se faire apprécier par l’armée, et les années qui passèrent ne l’aidèrent pas à avoir une humble opinion de lui-même. Fer de lance de l’Empire, tout laissait présager qu’il deviendrait un jour la Griffe du Royaume.
Jusqu’à ce que l’Empereur soit défié par Deydreus Fictilem.
Cette nomination, en soi, aurait pu être passagère. C’était ce qu’avait espéré dans un premier temps le combattant, afin de ne pas être enseveli par l’amertume de se voir voler son poste. Tous ici savaient que Tensai était d’une humeur capricieuse : rien ne garantissait que le chef des Serres Pourpres ne serait pas limogé par le roi en personne. Mais l’avenir lui avait donné tort. Pis, l’Empereur semblait soutenir les initiatives de son général – si Vitruvir avait été un peu de bonne foi, il les aurait approuvées, d’ailleurs – et pour sa plus grande colère, le monarque semblait aligné avec les idées du vampire. Au point de le considérer suffisamment digne pour l’accompagner combattre un Archonte. Vitruvir avait certainement senti le vent tourner à partir de cette période : il n’y aurait ni licenciement, ni retour en arrière. S’il avait pu être un temps un des candidats potentiels de Tensai, le Drakyn ne songeait clairement pas à nommer un nouveau général et la nature immortelle du frère d’Alasker laissait présager une période de stabilité pour la Main de l’Empire. A partir de là, l’amertume avait certes commencé à gagner Vitruvir.
… Mais au point d’en arriver au Holmgang ?
- Vous auriez dû refuser, aboya Redavil en entrant dans les quartiers réservés à Vitruvir pour préparer l’affrontement.
Le Kharsis ne sembla pas surpris de l’arrivée de son subordonné, à qui il avait, à dire vrai, tout appris depuis qu’il avait intégré son bataillon.
- Est-ce que tu veux faire de moi la honte du pays ?
- Le prix du holmgang…
- C’est la mort, lui répliqua le vieil officier. Crois-tu que je ne sois pas au courant ? Me vois-tu trembler pour autant ? Je préfère mourir en respectant mes valeurs plutôt qu’en n’osant pas lever l’épée par peur et par lâcheté.
- Mais vous n’aviez pas prévu…
- Bien sûr que je ne l’avais pas prévu, déclara le Kharsis d’une voix sèche. Ma première erreur a été de sous-estimer l’éloquence du Luteni. Ma seconde a été de sous-estimer les déplacements de la Griffe. Je continue à penser chacun de mes mots, cependant. Il y a eu trop de morts sous ce banneret de la Griffe. Enfin. Là n’est plus la priorité. L’homme aux cheveux grisonnant se leva et l’espace d’un instant, il sembla vieilli. A dire vrai, je ne sais pas si je dois voir cette occasion comme une malédiction ou une bénédiction. Ce soir, je peux rejoindre les Astres. Et en même temps, l’Empereur assiste au combat. Si je vaincs, je pourrai réclamer le poste de la Griffe au roi.
- Serait-il enclin à accepter une telle nomination ?
- Il sait mieux que personne que le poste de Griffe ne peut être vacant. Pourquoi crois-tu qu’il assiste au duel ? Pour suivre un bon combat ? C’est l’avenir d’un membre de sa Main qui est en jeu. Même s’il l’estime et que cela peut motiver sa décision d’être présent, il vient plus en tant que monarque que par pure amitié.
- Et votre équipement ?
- Je porterai celui que j’ai toujours porté. Je mettrai mon armure en mitrhil et je prendrai mon épée, la Sableuse. Je sais que la Griffe est lui aussi un épéiste. Nous allons voir qui entre lui et moi a la meilleure technique.
*
* *
* *
Il était temps.
Assis sur un trône de fortune qui dominait les gradins, Tensai contemplait l’arrivée des deux combattants d’un air pensif.
Il connaissait la valeur de l’un et de l’autre. Vitruvir parce qu’il était l’un des hauts-officiers bien connu de son armée – et même, à certains égards, certains conservateurs reikois l’appréciaient plus que la tovyr Leezen et le tovyr Crudelis. Deydreus, ensuite, avait été le meneur pour les renforts de Sable d’Or, avait participé à l’expédition de Vent d’Acier et naturellement, était un de ses bras droits. Le dirigeant était suffisamment honnête avec lui-même pour savoir où était sa préférence. Même en cas de victoire de Vitruvir, ce dernier risquait de s’enorgueillir de ce haut-fait d’armes et de voir tout le monde avec arrogance, s’il venait à sauver sa vie. A tous les cas, il demanderait au monarque le rôle de la Griffe. Et même s’il venait à être un bon général – ce qui était possible – engendrer (encore) toute une série de changements pour imposer sa marque et son commandement ne plairait pas à l’Empereur, qui voulait désormais voir son armée aller de l’avant. Celle-ci se renforçait déjà depuis un an, depuis le décret impérial. Changer de général ne donnerait en l’état rien de bon, mais… comme n’importe quel roi du Reike, et comme barbare également, il allait laisser faire les traditions ancestrales. Il ne bafouerait pas l’honneur de ces deux hommes, qui mettaient leur vie en jeu pour défendre leurs noms et leurs blasons.
D’ailleurs, voilà que les combattants s’avançaient dans l’arène. L’homme-dragon aurait pu aller leur adresser à chacun un mot, mais ç’aurait été retardé l’inéluctable, et les nobles ici présents décortiquaient le moindre geste, le moindre propos des participants à ce duel. Le Conquérant non plus n’échappait pas à la règle, et accorder trop d’attention au Luteni comme à la Griffe pourraient davantage leur créer des misères dans le domaine politique. Deydreus s’en moquait. Tulkas le pouvait moins, puisqu’il aurait un rôle conséquent à Maël. Aussi, en public, Tensai s’abstiendrait de donner des armes à l’aristocratie pédante du désert. Au contraire, le souverain jouerait la carte de l’impassibilité – ce qui n’était pasbien difficile bien sûr, vu son regard naturellement froid et insensible. Ceux qui l’entouraient avaient d’ailleurs bien compris que l’époux d’Ayshara ne souhaitait pas faire causette et le silence vint sur l’assemblée lorsque le colosse se leva de son siège.
- Le Holmgang.
Sa voix naturellement forte s’imposa, ton empreint d’autorité et en même temps de calme, alors qu’un membre de sa Main était sur le point de jouer sa vie.
- Le moyen par lequel nous lavons notre honneur. Le moyen par lequel nous faisons chanter les armes. Le moyen par lequel nous exposons notre âme. Tous ont désormais les yeux rivés sur le barbare. Ici, les mots ne comptent plus. Seuls les actes et nos prouesses martiales savent défendre ce que nous chérissons à tout prix.
Plongeant son regard sur l’arène en contrebas, Tensai prit le temps de considérer les deux guerriers de sa patrie.
- Et que chérissons-nous ? La vie ? Un léger rictus passa sur ses lèvres. La renommée ? Ses yeux passèrent sur Vitruvir. L’honneur de nos frères ? Son regard passa sur Deydreus, et puis sur Tulkas avant de continuer. Seuls ceux qui répondent au défi du Holmgang peuvent le dire. Pour autant. Sa voix se durcit. Cette nuit, parmi vous deux, il n’y aura qu’un seul survivant.
Il aurait pu faire une prière muette, sauf que ce n’est absolument pas le genre de Tensai, qui a suffisamment confiance en son général pour que ce dernier réduise son adversaire en poussière.
- Deydreus Fictilem. Griffe de l’Empire, dirigeant des Serres Pourpres, banneret de l’Empire. Vitruvir Donarq, Kharsis du Levant. Avez-vous une dernière volonté ?
Un silence pour leur ménager une réponse. Puis, en shierak-quiya, l’homme-dragon donna le coup d’envoi :
- Athdrivar vekhat mae noreth.
« Que l’acier résonne et que le sang se répande ».
C’était une veille formule que Deydreus comme Vitruvir reconnaîtraient aisément.
Le Chevalier Noir
Deydreus Fictilem
Messages : 606
crédits : 1161
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Info personnage
Race: Vampire
Vocation: Guerrier combattant
Alignement: Loyal mauvais
Rang: B - Griffe
Citoyen du Reike
Tulkas
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crédits : -147
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Info personnage
Race: Humain
Vocation: Guerrier combattant
Alignement: Loyal mauvais
Rang: B
- Je n’aime pas ça.
L’invective du banneret avait surpris son camarade qui se tenait là, les bras croisés, à côté de lui. Il était vêtu, à l’instar du banneret, d’un harnois d’acier noir décoré de l’emblème des Serres. Plus simple, mois ornementé, mais tout de même assez similaire pour que l’allégeance des deux hommes ne soit un secret que pour les ignares et les aveugles.
Les gradins étaient remplis d’ombres et de murmures, peuplé de conspirateurs, de curieux et de voyeurs qui n’allaient pas manquer l’occasion de voir un Holmgang, surtout quand c’était la Griffe elle-même qui l’avait invoqué. Et pourtant, les quelques Serres présentes s’étaient isolées de la masse pour se tenir en hauteur et observer depuis la relative intimité de gradins plus élevés le combat qui s’annonçait.
- C’est une formalité, tu sais très bien que –
La voix de l’Empereur s’éleva alors, imposant par sa simple volonté et la puissance de sa voix un silence tout en captivant l’attention de tous, qu’ils soient hommes d’armes, conspirateurs ou politiciens. Il faut dire que c’était rare que l’Empereur préside un Holmgang et pourtant pouvait-il en être autrement quand il en allait de l’honneur de son bras droit ? Ou plus spécifiquement, du prolongement de ce dit bras ? Des Serres de sa Griffe ? Certainement pas.
- Hm. Que fit l’homme d’armes avant de claquer de la langue. Tu ne me croiras jamais mais c’est la première fois que je vois l’Empereur de si près, je comprends mieux le fanatisme des Stellaires. Qu’il conclut avant de retourner son attention sur le banneret. C’est une formalité.
S’ébrouant un instant, Tulkas retourna son attention sur l’homme.
- Quoi donc ?
- Le Holmgang. Qu’il souligna. C’est une formalité.
- Il n’y’a rien de « formel » dans ces duels, Varech.
- L’issue est connue d’avance, Bracchus. Que répondit la Serre. Retire à la cérémonie tout son mysticisme et tu te retrouves avec ni plus ni moins qu’une exécution. Un rire mauvais s’invita pour ponctuer la phrase.
- Foutu hérétique.
L’accusation de Bracchus déclencha un ricanement généralisé dans la troupe de soldats. Car si Varech n’avait jamais été un zélote, voir même un adhérent du culte impérial, Bracchus lui avait été élevé par des stellaires et sa foi en la quasi-divinité du couple impérial était aussi brillante que les étoiles qui flottaient dans les sphères du dôme de la nuit. En d’autres temps, en d’autres lieux, le désaccord aurait pu se régler en quelques coups de poings avant d’être définitivement enterré par le rugissement d’un officier, rappelant aux deux hommes les saintes vertus de discipline qui faisaient d’eux l’élite de l’Empire. Mais ici, c’est simplement la voix de la Griffe, s’élevant jusque dans les gradins, qui imposa le silence aux Serres rassemblées.
Tulkas ? Successeur éventuel ?
Des visages se tournèrent vers le banneret qui redressa la tête, son cœur venait de manquer un battement et il s’efforçait pourtant de rester aussi digne que possible. Puis, c’était au tour de Vitruvir de prendre la parole.
- Alors entends ma dernière volonté, mon Empereur. Digne, droit et fier, le Khashis avait une voix forte, qui faisait honneur à une longue carrière. Toute ma vie je n’ai fait qu’œuvrer pour renforcer la nation, j’ai vécu aussi bien par la plume que par l’épée et si je meurs aujourd’hui aux mains de la griffe je veux que ça soit comme un officier et non comme un traitre.
Et ainsi, il s’inclina pour ensuite se tourner vers la griffe qui l’attendait, Résilience au clair. Tulkas, lui s’approcha du bord de la balustrade depuis laquelle il observait les deux combattants se tourner autour, les bras croisés sur son torse et le regard figé sur les combattants. Ce n’était que la deuxième fois de sa vie qu’il observait un combat depuis les gradins, et à chaque fois c’était lui. Deydreus, la Griffe en personne, qui défiait les puissants pour prouver sa valeur et cette fois, celle de ses hommes. Il aurait dû être honoré de ce geste d’amour de la part de son supérieur et pourtant, il peinait à cacher une grimace de dégoût profonds qui déformait les traits augustes de son visage. Son nez aquilin légèrement froissé, les sourcils alourdis par une colère froide, une honte profonde lui rongeant le ventre.
Bien sûr qu’il n’aimait pas ça, comment pouvait-il en être autrement ? Voir son officier, son libérateur prendre le risque, même infinitésimal, d’être fauché par la mort pour laver son honneur lui donnait l’impression désagréable d’être infantilisé.
« C’était à moi. » qu’il écrirait plus tard dans ses mémoires, une habitude qui lui viendrais à l’avenir pour détourner son esprit des affres de la corruption. « Et non à lui, de prendre ce risque. Je n’ose pas imaginer la crise qui aurait frappé l’armée, la colère terrible d’Iratus si jamais le pire était arrivé. » qu’il coucherait sur le vélin d’un papier, ignorant jusqu’au moucheron qui vint se noyer dans le vin qui reposait dans une timbale de bois. « Même si Vitruvir n’avait aucune chance de gagner, je sais que l’arrogance est le premier pas menant au cimetière et une partie de moi craignait que la Griffe, dans sa toute-puissance, n’oublie qu’il restait mortel, malgré sa jeunesse éternelle. »
Et pourtant, le sort de Vitruvir était déjà gravé dans le marbre car Tulkas savait, à ce moment-là, que prendre les armes contre Deydreus était l’équivalent d’un glorieux suicide. Et cette cérémonie, sous les auspices de la Lune, sous le regard de l’Empereur et de ses hommes, garantissait à lui seul que l’honneur du Khashis soit sauf. Tout ce qu’il lui restait à faire, c’était mourir avec dignité.
Pourtant, aucun élan de magie surpuissante, aucune vitesse prodigieuse que seul Tulkas et l’Empereur lui-même auraient été capables de suivre de l’œil, pas la moindre once de magie, rien de plus que l’expertise de deux bretteurs qui croisaient le fer pour la première et la dernière fois.
L’honneur du premier sang revint à Deydreus, qui d’un jeu de jambes trahissant la perfection de son escrime, réitéra cette passe d’armes qui avait fait couler le sang de l’Empereur lui-même par le passé. Pas un cri ne s’éleva quand le sable de l’arène s’abreuva de l’eau-de-vie de Vitruvir qui planta sa lame dans le sol pour éviter de s’effondrer. Sur les centaines de coups envoyés par le maître des armées en quelques instants, un seul avait réellement compté. Celui qui vint sectionner le creux du genoux, tranchant veines, artères et tendons. Maintenant, le duel pris des airs de course contre la montre et ça, Tulkas le savait. D’ici moins de deux minutes, le saignement suffirait à faire tomber l’homme dans l’inconscience et encore fallait-il qu’il soit capable de se relever. Aurait-il été capable, alors, de seulement se défendre contre une nouvelle déferlante ? Son bras affaibli par le sang qui s’échappait de son corps, les sens assourdis par une douleur atroce et fulgurante ? Tulkas savait très bien à quoi ressemblerait la suite du combat, une mise à mort et à ses yeux, Deydreus ne s’attarderait pas à en faire un spectacle. Tout au plus, il dirait quelque chose à la mémoire du vieil homme qui se redressait face à lui pour le regarder, son visage déjà devenu pâle dans cette lutte contre son propre corps qui s’affaiblissait à vue d’œil. Il gonfla les joues, soufflant quelque chose que seul la Griffe pourrait entendre.
L’invective du banneret avait surpris son camarade qui se tenait là, les bras croisés, à côté de lui. Il était vêtu, à l’instar du banneret, d’un harnois d’acier noir décoré de l’emblème des Serres. Plus simple, mois ornementé, mais tout de même assez similaire pour que l’allégeance des deux hommes ne soit un secret que pour les ignares et les aveugles.
Les gradins étaient remplis d’ombres et de murmures, peuplé de conspirateurs, de curieux et de voyeurs qui n’allaient pas manquer l’occasion de voir un Holmgang, surtout quand c’était la Griffe elle-même qui l’avait invoqué. Et pourtant, les quelques Serres présentes s’étaient isolées de la masse pour se tenir en hauteur et observer depuis la relative intimité de gradins plus élevés le combat qui s’annonçait.
- C’est une formalité, tu sais très bien que –
La voix de l’Empereur s’éleva alors, imposant par sa simple volonté et la puissance de sa voix un silence tout en captivant l’attention de tous, qu’ils soient hommes d’armes, conspirateurs ou politiciens. Il faut dire que c’était rare que l’Empereur préside un Holmgang et pourtant pouvait-il en être autrement quand il en allait de l’honneur de son bras droit ? Ou plus spécifiquement, du prolongement de ce dit bras ? Des Serres de sa Griffe ? Certainement pas.
- Hm. Que fit l’homme d’armes avant de claquer de la langue. Tu ne me croiras jamais mais c’est la première fois que je vois l’Empereur de si près, je comprends mieux le fanatisme des Stellaires. Qu’il conclut avant de retourner son attention sur le banneret. C’est une formalité.
S’ébrouant un instant, Tulkas retourna son attention sur l’homme.
- Quoi donc ?
- Le Holmgang. Qu’il souligna. C’est une formalité.
- Il n’y’a rien de « formel » dans ces duels, Varech.
- L’issue est connue d’avance, Bracchus. Que répondit la Serre. Retire à la cérémonie tout son mysticisme et tu te retrouves avec ni plus ni moins qu’une exécution. Un rire mauvais s’invita pour ponctuer la phrase.
- Foutu hérétique.
L’accusation de Bracchus déclencha un ricanement généralisé dans la troupe de soldats. Car si Varech n’avait jamais été un zélote, voir même un adhérent du culte impérial, Bracchus lui avait été élevé par des stellaires et sa foi en la quasi-divinité du couple impérial était aussi brillante que les étoiles qui flottaient dans les sphères du dôme de la nuit. En d’autres temps, en d’autres lieux, le désaccord aurait pu se régler en quelques coups de poings avant d’être définitivement enterré par le rugissement d’un officier, rappelant aux deux hommes les saintes vertus de discipline qui faisaient d’eux l’élite de l’Empire. Mais ici, c’est simplement la voix de la Griffe, s’élevant jusque dans les gradins, qui imposa le silence aux Serres rassemblées.
Tulkas ? Successeur éventuel ?
Des visages se tournèrent vers le banneret qui redressa la tête, son cœur venait de manquer un battement et il s’efforçait pourtant de rester aussi digne que possible. Puis, c’était au tour de Vitruvir de prendre la parole.
- Alors entends ma dernière volonté, mon Empereur. Digne, droit et fier, le Khashis avait une voix forte, qui faisait honneur à une longue carrière. Toute ma vie je n’ai fait qu’œuvrer pour renforcer la nation, j’ai vécu aussi bien par la plume que par l’épée et si je meurs aujourd’hui aux mains de la griffe je veux que ça soit comme un officier et non comme un traitre.
Et ainsi, il s’inclina pour ensuite se tourner vers la griffe qui l’attendait, Résilience au clair. Tulkas, lui s’approcha du bord de la balustrade depuis laquelle il observait les deux combattants se tourner autour, les bras croisés sur son torse et le regard figé sur les combattants. Ce n’était que la deuxième fois de sa vie qu’il observait un combat depuis les gradins, et à chaque fois c’était lui. Deydreus, la Griffe en personne, qui défiait les puissants pour prouver sa valeur et cette fois, celle de ses hommes. Il aurait dû être honoré de ce geste d’amour de la part de son supérieur et pourtant, il peinait à cacher une grimace de dégoût profonds qui déformait les traits augustes de son visage. Son nez aquilin légèrement froissé, les sourcils alourdis par une colère froide, une honte profonde lui rongeant le ventre.
Bien sûr qu’il n’aimait pas ça, comment pouvait-il en être autrement ? Voir son officier, son libérateur prendre le risque, même infinitésimal, d’être fauché par la mort pour laver son honneur lui donnait l’impression désagréable d’être infantilisé.
« C’était à moi. » qu’il écrirait plus tard dans ses mémoires, une habitude qui lui viendrais à l’avenir pour détourner son esprit des affres de la corruption. « Et non à lui, de prendre ce risque. Je n’ose pas imaginer la crise qui aurait frappé l’armée, la colère terrible d’Iratus si jamais le pire était arrivé. » qu’il coucherait sur le vélin d’un papier, ignorant jusqu’au moucheron qui vint se noyer dans le vin qui reposait dans une timbale de bois. « Même si Vitruvir n’avait aucune chance de gagner, je sais que l’arrogance est le premier pas menant au cimetière et une partie de moi craignait que la Griffe, dans sa toute-puissance, n’oublie qu’il restait mortel, malgré sa jeunesse éternelle. »
Et pourtant, le sort de Vitruvir était déjà gravé dans le marbre car Tulkas savait, à ce moment-là, que prendre les armes contre Deydreus était l’équivalent d’un glorieux suicide. Et cette cérémonie, sous les auspices de la Lune, sous le regard de l’Empereur et de ses hommes, garantissait à lui seul que l’honneur du Khashis soit sauf. Tout ce qu’il lui restait à faire, c’était mourir avec dignité.
Pourtant, aucun élan de magie surpuissante, aucune vitesse prodigieuse que seul Tulkas et l’Empereur lui-même auraient été capables de suivre de l’œil, pas la moindre once de magie, rien de plus que l’expertise de deux bretteurs qui croisaient le fer pour la première et la dernière fois.
L’honneur du premier sang revint à Deydreus, qui d’un jeu de jambes trahissant la perfection de son escrime, réitéra cette passe d’armes qui avait fait couler le sang de l’Empereur lui-même par le passé. Pas un cri ne s’éleva quand le sable de l’arène s’abreuva de l’eau-de-vie de Vitruvir qui planta sa lame dans le sol pour éviter de s’effondrer. Sur les centaines de coups envoyés par le maître des armées en quelques instants, un seul avait réellement compté. Celui qui vint sectionner le creux du genoux, tranchant veines, artères et tendons. Maintenant, le duel pris des airs de course contre la montre et ça, Tulkas le savait. D’ici moins de deux minutes, le saignement suffirait à faire tomber l’homme dans l’inconscience et encore fallait-il qu’il soit capable de se relever. Aurait-il été capable, alors, de seulement se défendre contre une nouvelle déferlante ? Son bras affaibli par le sang qui s’échappait de son corps, les sens assourdis par une douleur atroce et fulgurante ? Tulkas savait très bien à quoi ressemblerait la suite du combat, une mise à mort et à ses yeux, Deydreus ne s’attarderait pas à en faire un spectacle. Tout au plus, il dirait quelque chose à la mémoire du vieil homme qui se redressait face à lui pour le regarder, son visage déjà devenu pâle dans cette lutte contre son propre corps qui s’affaiblissait à vue d’œil. Il gonfla les joues, soufflant quelque chose que seul la Griffe pourrait entendre.
Résilience se leva, fendant pour venir se figer dans l’interstice du plastron.
Une main se dressa, perforée par la pointe de l’épée.
Et l’acier du vieux Khashis frappa.
Car le Reike ne se rends pas.
Une main se dressa, perforée par la pointe de l’épée.
Et l’acier du vieux Khashis frappa.
Car le Reike ne se rends pas.
- Ud rea, ud sura rea -
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