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Citoyen de La République
Vermine
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crédits : 422
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Le silence est angoissant, il est lourd, ennuyeux, soporifique et désagréable. Le silence rend fou. Plus encore que le millier de voix qui chuchotent sur mon épaule depuis plus de trente ans. Une part de moi les déteste, ces putains de voix, mais l’autre les adore et là, elles me manquent. Profondément enfoncés comme on l’est dans les catacombes de Liberty, avec pour seule compagnie le pas lourd de Ryven, j’en viendrais presque à avoir envie de me défenestrer. Ce qui est un peu dommage quand on connaît le concept des catacombes. Et puis, faut aussi saluer la prouesse de celui qui a créé des murs et un plafond assez large pour supporter la carrure d’un bœuf comme celui du patron. J’irais pas jusqu’à dire qu’il est à l’aise, ses ailes sont presque trop large pour s’y glisser et il prend toute la place dans le couloir. De temps à autre, un de ses coudes décroche par inadvertance un des crânes qui pavent notre route et je dois me retenir de me foutre de sa gueule. Il a l’air tellement désolé le pauvre garçon.
— Pleure pas, tu lui as pas fait mal. Que je lui lance en ramassant un troisième crâne qu’il a fait rouler jusqu’à mes bottes. Le front est enfoncé mais je pense pas que ce soit l'œuvre de Ryven. Plus probablement celle de celui qui l’a tué. Je peux pas m’empêcher de penser qu’on a vraiment une sale gueule une fois mort, enfin, pas moi mais c’est une autre paire de manches. Après avoir épousseté mon cousin le plus proche en ce bas monde, je le replace dans sa cavité puis je me retourne, bien décidé à ce qu’on s'enfonce plus profondément dans les entrailles de la capitale. A ce moment-là, le crâne se remet à rouler de son emplacement et j’ai pas le temps de dire ouf qu’il chute puis explose sur le sol en une dizaine de petits fragments. — Bon peut-être que là, si. Cela dit, je suis plus désolée par le bruit qu’on vient de faire que par le fait que le crâne soit en morceaux. — T’as qu’à perdre du poids mon vieux, c’est pas humain d’avoir trois biceps qu’est-ce que tu veux que je te dise… Rejeter la faute sur les autres, c’est quand même vachement plus simple.
De toute façon, c’est pas la mienne si on se retrouve à déambuler dans le labyrinthe des entrailles de Liberty. Le genre d’intérieur qui fait pas bander. Moi j’avais prévu d’aller jouer avec la bidoche de deux ou trois gaillard qu’on ramener les gars hier, fallait, paraît-il les rafistoler parce qu’ils ont pas été finaud avec eux. Le genre de boulot que j’aime bien, c’est tranquille. On papote, on plante l’aiguille, si le patient est pas aimable on s’y reprend à plusieurs fois. En plus ça permet de travailler l’anatomie des organes, c’est pas inintéressant et puis les copines, celles qui murmurent, elles ont souvent des infos croustillantes à balancer dans ces moments là. Puis elles sont créatives les bougresses. Quand je suis dans un bon jour, je les laisse choisir la taille du fil, parfois de l’aiguille, d’temps en temps, je leur laisse aussi le plaisir de s’amuser. Mais ça, c’est un secret entre elles et moi. Bref, une journée qui s’annonçait marrante avant que ce gros lourdaud rapplique pour m’arracher au Razkaal pendant plusieurs jours.
Machinalement, je tâte ma ceinture, tout est là. De l’épée à la plus petite aiguille. Un lot de six dagues est rangé le long de ma poitrine ou j’ai cousu des étuis pour les y loger, puis je sens le poids des petits couteaux dans mes bottes. Je tire un peu sur mon pourpoint, là ou l’armure me laisse une petite ouverture, pour glisser la main et j’en sors une carte qui tire la gueule.
— Ça va être long.
Sacrément long, même. D’après la carte et toute logique, on quitte à peine l’entrée des catacombes. On croisait encore des badauds y a pas cinq minutes. Quoi que ma gueule couplée à celle de Kieran leur à fait revoir le sens de leurs présences ici. Ils ont tous prit la poudre d’escampette et c’est pas plus mal parce que si j’en crois la tête de constipé du géant bleu, le truc qui rôde là dessous est pas le plus aimable qu’on ait eu à côtoyé. Je sens un frisson d’excitation qui me grignote l’échine.
— Bon d’après l’papier, on devrait entrer dans le vif du sujet bah… Maintenant. Et pour l’heure, la carte ment pas. J’ai pas finis de donner les infos que le couloir étroit qu’on emprunte s’ouvre sur une gigantesque pièce qui fait trois ou quatre Ryven en hauteur sous plafond et en largeur plus encore, je pense qu’on en a un paquet qui rentre, ailes déployées. Le sol est humide, presque boueux mais je m’attendais pas à mieux vu l’utilité des lieux. Les murs sont remplis d’alvéoles, elles-mêmes comblées de crânes édentés. Certains sont vieux de plusieurs centaines d’années, d’autres ont encore des bouts de chair pourrit accrochés aux gencives. On se sentirait presque comme à la maison. Dans les murs, parmi les crânes on distingues des enclaves, des portes sans portes qui mènent ont sait pas trop où. Je baisse les yeux sur la carte.
— Septième porte à droite. Putain… Je relève la tête avant de tendre la carte à Ryven. — T’as vu la gueule du bousin ? La septième porte à droite n’en est qu’une parmi la multitude que comporte la pièce et c’est quand je lève les yeux vers le fond que je me rend compte que même avec ma nyctalopie, j’en vois pas le bout. — Bah vaut mieux qu’on l’imprime bien, si on la perd, on passera le reste de nos jours en tête à tête. Puis je me décale sur le côté pour le laisser prendre les devant tout en lui lançant, l’air goguenard : — Après vous, mon seigneur Prévôt.
— Pleure pas, tu lui as pas fait mal. Que je lui lance en ramassant un troisième crâne qu’il a fait rouler jusqu’à mes bottes. Le front est enfoncé mais je pense pas que ce soit l'œuvre de Ryven. Plus probablement celle de celui qui l’a tué. Je peux pas m’empêcher de penser qu’on a vraiment une sale gueule une fois mort, enfin, pas moi mais c’est une autre paire de manches. Après avoir épousseté mon cousin le plus proche en ce bas monde, je le replace dans sa cavité puis je me retourne, bien décidé à ce qu’on s'enfonce plus profondément dans les entrailles de la capitale. A ce moment-là, le crâne se remet à rouler de son emplacement et j’ai pas le temps de dire ouf qu’il chute puis explose sur le sol en une dizaine de petits fragments. — Bon peut-être que là, si. Cela dit, je suis plus désolée par le bruit qu’on vient de faire que par le fait que le crâne soit en morceaux. — T’as qu’à perdre du poids mon vieux, c’est pas humain d’avoir trois biceps qu’est-ce que tu veux que je te dise… Rejeter la faute sur les autres, c’est quand même vachement plus simple.
De toute façon, c’est pas la mienne si on se retrouve à déambuler dans le labyrinthe des entrailles de Liberty. Le genre d’intérieur qui fait pas bander. Moi j’avais prévu d’aller jouer avec la bidoche de deux ou trois gaillard qu’on ramener les gars hier, fallait, paraît-il les rafistoler parce qu’ils ont pas été finaud avec eux. Le genre de boulot que j’aime bien, c’est tranquille. On papote, on plante l’aiguille, si le patient est pas aimable on s’y reprend à plusieurs fois. En plus ça permet de travailler l’anatomie des organes, c’est pas inintéressant et puis les copines, celles qui murmurent, elles ont souvent des infos croustillantes à balancer dans ces moments là. Puis elles sont créatives les bougresses. Quand je suis dans un bon jour, je les laisse choisir la taille du fil, parfois de l’aiguille, d’temps en temps, je leur laisse aussi le plaisir de s’amuser. Mais ça, c’est un secret entre elles et moi. Bref, une journée qui s’annonçait marrante avant que ce gros lourdaud rapplique pour m’arracher au Razkaal pendant plusieurs jours.
Machinalement, je tâte ma ceinture, tout est là. De l’épée à la plus petite aiguille. Un lot de six dagues est rangé le long de ma poitrine ou j’ai cousu des étuis pour les y loger, puis je sens le poids des petits couteaux dans mes bottes. Je tire un peu sur mon pourpoint, là ou l’armure me laisse une petite ouverture, pour glisser la main et j’en sors une carte qui tire la gueule.
— Ça va être long.
Sacrément long, même. D’après la carte et toute logique, on quitte à peine l’entrée des catacombes. On croisait encore des badauds y a pas cinq minutes. Quoi que ma gueule couplée à celle de Kieran leur à fait revoir le sens de leurs présences ici. Ils ont tous prit la poudre d’escampette et c’est pas plus mal parce que si j’en crois la tête de constipé du géant bleu, le truc qui rôde là dessous est pas le plus aimable qu’on ait eu à côtoyé. Je sens un frisson d’excitation qui me grignote l’échine.
— Bon d’après l’papier, on devrait entrer dans le vif du sujet bah… Maintenant. Et pour l’heure, la carte ment pas. J’ai pas finis de donner les infos que le couloir étroit qu’on emprunte s’ouvre sur une gigantesque pièce qui fait trois ou quatre Ryven en hauteur sous plafond et en largeur plus encore, je pense qu’on en a un paquet qui rentre, ailes déployées. Le sol est humide, presque boueux mais je m’attendais pas à mieux vu l’utilité des lieux. Les murs sont remplis d’alvéoles, elles-mêmes comblées de crânes édentés. Certains sont vieux de plusieurs centaines d’années, d’autres ont encore des bouts de chair pourrit accrochés aux gencives. On se sentirait presque comme à la maison. Dans les murs, parmi les crânes on distingues des enclaves, des portes sans portes qui mènent ont sait pas trop où. Je baisse les yeux sur la carte.
— Septième porte à droite. Putain… Je relève la tête avant de tendre la carte à Ryven. — T’as vu la gueule du bousin ? La septième porte à droite n’en est qu’une parmi la multitude que comporte la pièce et c’est quand je lève les yeux vers le fond que je me rend compte que même avec ma nyctalopie, j’en vois pas le bout. — Bah vaut mieux qu’on l’imprime bien, si on la perd, on passera le reste de nos jours en tête à tête. Puis je me décale sur le côté pour le laisser prendre les devant tout en lui lançant, l’air goguenard : — Après vous, mon seigneur Prévôt.
Dragon du Razkaal
Kieran Ryven
Messages : 339
crédits : 2203
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Info personnage
Race: Drakyn
Vocation: Guerrier combattant
Alignement: Neutre Bon
Rang: C
Les catacombes de Liberty, ce n'est pas exactement un endroit où un type comme moi devrait se retrouver à flâner. Me faufiler ici, c’est un exercice de patience et de contraintes. Les plafonds sont bas, à peine de quoi y replier mes ailes, chaque pas résonne comme un coup de marteau sur la pierre. Même dans cet endroit conçu pour les morts, c’est moi qui me sens trop encombrant, comme si l’endroit essayait de me vomir à chaque mouvement. Les murs sont trop proches, ils suintent une humidité poisseuse qui semble s’infiltrer jusqu’aux os. Les crânes qui longent notre route ne sont pas seulement là pour la décoration morbide, ils nous rappellent qu'ici, la vie s'éteint sans bruit, engloutie par le silence et les ténèbres. Je dois me courber pour passer sous certaines arches, les ailes repliées à m’en couper la circulation. J’ai la sensation de naviguer dans les tripes d’un monstre géant, étouffé par sa propre puanteur.
Je rétracte d'ailleurs mes appendices sous mes omoplates au risque de finir réellement coincé.
Bref. Revenons à nos dragons.
L'As de Pique. Sixte et moi, on s'était glissés comme des ombres dans son repaire, jouant au jeu du chasseur et du chassé. Mais dans ce monde, le chasseur a rarement la gueule qu'on attend. Un faux prisonnier, une fausse alliance. On avait fait notre boulot, l'As enchaîné et Sixte avec son sac de pièces. La mission était finie, mais j’avais encore ce goût de cendre dans la bouche. Je déteste quand les choses se passent "presque comme prévu". Mais c’était hier. Aujourd’hui, c'est le Trèfle qu’on poursuit. Un autre empaffé qui se croit à l'abri, caché derrière son réseau, ses sbires, et ses illusions de pouvoir. Ce qu'ils comprennent jamais, ces rois de pacotille, c’est qu’au final, peu importe leurs cartes. C’est toujours moi qui distribue, et aujourd’hui, c’est son tour de tomber.
Je laisse échapper un ricanement, sourd et guttural, en entendant Vermine jacasser derrière moi. Elle a toujours eu ce don pour transformer le pire des endroits en une conversation qui donnerait envie de se pendre, mais qui glisse sur moi comme la pluie sur une armure. Mais, quand mon poids arrive sur le sujet, je ne peux m'empêcher de me toiser, comme si cette action inutile allait me donner une information qui m'échapperait. Un sourire sarcastique trahit mes traits.
« Regarde-nous, Vermine, nous sommes la preuve qu'il faut de tout pour faire un monde. »
Un cadavre vivant aux allures de brunes sadiques, et un lézard bleu qu'on peut confondre avec une porte de prison. Je finis par gonfler "discrètement" mon bras, certainement pour me rassurer.
« Et ils sont très bien, mes biceps. »
Elle tâte sa ceinture, s’assure que tout est en place. Ses outils, ses aiguilles, ses petites dagues planquées un peu partout. Une petite médecin du chaos. Toujours à s’amuser avec les tripes des autres. Elle me balance la carte après avoir râlé sur la longueur du chemin, où je soupire, une nouvelle fois, en réponse. Septième porte à droite. Je prends le bout de papier entre mes doigts trop gros pour ce genre de chose et je plisse les yeux dessus. Pas que j’aie besoin d’une carte pour me rendre compte que c’est un foutu labyrinthe.
« Ça va être long, tu as raison. Et, nous deux, en tête à tête, ça ne suffira pas.Tu n'es même pas comestible, et je ne peux pas t'honorer sans te briser le pelvis. » Que je gronde, amusé, à mi-voix, pour éviter de me casser les esgourdes dans cet endroit.
Parler son langage salace me rappelle mes années militaires au Reike. Quand elle se décale pour me laisser passer en premier, son manège m'arrache un énième rictus tandis que je roule des yeux vers le plafond. Ah, Vermine. Elle me fait penser à une lame émoussée qu’on aurait forcée à redevenir tranchante, mais avec des éclats qui restent. Sa vie avant, dans les ruelles crasseuses, ça a forgé son caractère. Pas étonnant qu’elle ait fini chez les Limiers, et qu’elle ait rapidement monté les échelons. Mais ce n'est pas son parcours qui m’intéresse, c’est ce qu’elle est maintenant. Elle est morte, puis revenue, comme une liche, et ça, ça te change un être. Pas juste physiquement, mais mentalement aussi. Y’a un quelque chose qui grince dans son crâne, quelque chose qui pourrait la rendre complètement folle un jour, si ça bascule du mauvais côté.
Mais, elle tient bon, pour le moment.
Pas pour elle-même, pas pour un foutu honneur ou une quelconque mission divine. Non, elle tient bon parce que la folie, pour elle, c’est un jeu. Elle joue avec. Ça se sent dans ses blagues macabres, dans ses piques acides, dans ce regard qui te dit qu’elle est capable de rigoler en te plantant une aiguille dans l’œil juste pour voir comment tu réagis. Et malgré ça, malgré ce bordel qu’elle porte en elle, je sais que je peux compter sur elle. Je sais qu'elle ne me surinera pas lorsqu'elle sera dans mon dos, dans ces tunnels. J'ai affaire à une ancienne Prévôt. Je n'ai rien à lui apprendre.
Je l’appelle Vermine comme tout le monde, mais il n'y a pas de dédain là-dedans. C’est un surnom qui colle, parce que malgré tout ce qu’elle a traversé, malgré la pourriture autour d’elle et en elle, elle survit. Elle se faufile, elle ronge, elle refuse de crever. C'est une alliée fiable dans la tempête, mais pas une qu'on embrasse à bras ouverts.
Ma belle Vermine. Je t'ai cerné, et tu me déteste pour ça. Mais pas moi, bien au contraire. Pour ça, et pour sa capacité à se maintenir en équilibre sur ce fil qui la sépare du chaos, je lui accorde mon respect. Parce que moi, je sais ce que c’est que de tenir bon quand tout veut nous détruire. Je tranche sa mise en scène en posant une main sur son épaule, puis, plonge dans les abysses.
« Reste vigilante, Vermine. Notre cible est coriace. »
Pondéralement parlant, en tout cas. Allumer une flamme avec mes doigts reste la seule solution pour y voir quelque chose, mais le manque d'air ambiant crée simplement une petite mèche au bout de mon index, qui éclaire à peine devant moi. Faudra faire avec.
« On compte les portes. »
J’examine la carte. Ce n’est pas qu’un simple morceau de papier ; c’est notre lien avec l’extérieur, notre guide dans cet enfer. La septième porte est notre ticket d’entrée vers le Trèfle, l’autre face de cette pièce de jeu macabre. Au sol, je marche sur une flaque suspecte, et avise avec indifférence...
« Du vomis. » Que je termine, sans sourciller.
Qui s'étale, encore loin. Une fois à ladite porte, et je me fige un instant, observant les contours usés et fissurés de cette entrée, semblable à une bouche béante dans un visage de pierre. Je tourne la tête vers Vermine, la question muette sur mes lèvres. D’un geste, je pousse la porte, et un grincement sinistre résonne, brisant le silence pesant des catacombes. La porte s’ouvre lentement, révélant un intérieur plongé dans l’obscurité, une pièce vaste mais étriquée, remplie de débris et de crânes, un véritable musée de l’horreur.
« Le vomis va jusque là. »
Un brasero sur le côté, je le fais prendre feu. Et la lumière, timide, fut. Je scrute la pièce, notant chaque détail, chaque ombre qui pourrait se mouvoir. Les murs sont couverts de fresques sombres, des images gravées dans la pierre représentant des rituels macabres et des sacrifices. C’est là que je me rends compte que la pièce n’est pas seulement un entrepôt d’horreurs ; c’est aussi un sanctuaire. En avançant, je repère une trappe dans le sol, dissimulée par des débris, son contour à peine visible. Je m’y approche, me penchant pour examiner l’endroit
« On peut plonger, ou chercher d'abord des indices ici. C'est désert, il sait qu'on le cherche. »
Et il n’a aucune idée de ce qui l’attend. Mais, force est d’admettre que nous aussi.
Je rétracte d'ailleurs mes appendices sous mes omoplates au risque de finir réellement coincé.
Bref. Revenons à nos dragons.
L'As de Pique. Sixte et moi, on s'était glissés comme des ombres dans son repaire, jouant au jeu du chasseur et du chassé. Mais dans ce monde, le chasseur a rarement la gueule qu'on attend. Un faux prisonnier, une fausse alliance. On avait fait notre boulot, l'As enchaîné et Sixte avec son sac de pièces. La mission était finie, mais j’avais encore ce goût de cendre dans la bouche. Je déteste quand les choses se passent "presque comme prévu". Mais c’était hier. Aujourd’hui, c'est le Trèfle qu’on poursuit. Un autre empaffé qui se croit à l'abri, caché derrière son réseau, ses sbires, et ses illusions de pouvoir. Ce qu'ils comprennent jamais, ces rois de pacotille, c’est qu’au final, peu importe leurs cartes. C’est toujours moi qui distribue, et aujourd’hui, c’est son tour de tomber.
Je laisse échapper un ricanement, sourd et guttural, en entendant Vermine jacasser derrière moi. Elle a toujours eu ce don pour transformer le pire des endroits en une conversation qui donnerait envie de se pendre, mais qui glisse sur moi comme la pluie sur une armure. Mais, quand mon poids arrive sur le sujet, je ne peux m'empêcher de me toiser, comme si cette action inutile allait me donner une information qui m'échapperait. Un sourire sarcastique trahit mes traits.
« Regarde-nous, Vermine, nous sommes la preuve qu'il faut de tout pour faire un monde. »
Un cadavre vivant aux allures de brunes sadiques, et un lézard bleu qu'on peut confondre avec une porte de prison. Je finis par gonfler "discrètement" mon bras, certainement pour me rassurer.
« Et ils sont très bien, mes biceps. »
Elle tâte sa ceinture, s’assure que tout est en place. Ses outils, ses aiguilles, ses petites dagues planquées un peu partout. Une petite médecin du chaos. Toujours à s’amuser avec les tripes des autres. Elle me balance la carte après avoir râlé sur la longueur du chemin, où je soupire, une nouvelle fois, en réponse. Septième porte à droite. Je prends le bout de papier entre mes doigts trop gros pour ce genre de chose et je plisse les yeux dessus. Pas que j’aie besoin d’une carte pour me rendre compte que c’est un foutu labyrinthe.
« Ça va être long, tu as raison. Et, nous deux, en tête à tête, ça ne suffira pas.Tu n'es même pas comestible, et je ne peux pas t'honorer sans te briser le pelvis. » Que je gronde, amusé, à mi-voix, pour éviter de me casser les esgourdes dans cet endroit.
Parler son langage salace me rappelle mes années militaires au Reike. Quand elle se décale pour me laisser passer en premier, son manège m'arrache un énième rictus tandis que je roule des yeux vers le plafond. Ah, Vermine. Elle me fait penser à une lame émoussée qu’on aurait forcée à redevenir tranchante, mais avec des éclats qui restent. Sa vie avant, dans les ruelles crasseuses, ça a forgé son caractère. Pas étonnant qu’elle ait fini chez les Limiers, et qu’elle ait rapidement monté les échelons. Mais ce n'est pas son parcours qui m’intéresse, c’est ce qu’elle est maintenant. Elle est morte, puis revenue, comme une liche, et ça, ça te change un être. Pas juste physiquement, mais mentalement aussi. Y’a un quelque chose qui grince dans son crâne, quelque chose qui pourrait la rendre complètement folle un jour, si ça bascule du mauvais côté.
Mais, elle tient bon, pour le moment.
Pas pour elle-même, pas pour un foutu honneur ou une quelconque mission divine. Non, elle tient bon parce que la folie, pour elle, c’est un jeu. Elle joue avec. Ça se sent dans ses blagues macabres, dans ses piques acides, dans ce regard qui te dit qu’elle est capable de rigoler en te plantant une aiguille dans l’œil juste pour voir comment tu réagis. Et malgré ça, malgré ce bordel qu’elle porte en elle, je sais que je peux compter sur elle. Je sais qu'elle ne me surinera pas lorsqu'elle sera dans mon dos, dans ces tunnels. J'ai affaire à une ancienne Prévôt. Je n'ai rien à lui apprendre.
Je l’appelle Vermine comme tout le monde, mais il n'y a pas de dédain là-dedans. C’est un surnom qui colle, parce que malgré tout ce qu’elle a traversé, malgré la pourriture autour d’elle et en elle, elle survit. Elle se faufile, elle ronge, elle refuse de crever. C'est une alliée fiable dans la tempête, mais pas une qu'on embrasse à bras ouverts.
Ma belle Vermine. Je t'ai cerné, et tu me déteste pour ça. Mais pas moi, bien au contraire. Pour ça, et pour sa capacité à se maintenir en équilibre sur ce fil qui la sépare du chaos, je lui accorde mon respect. Parce que moi, je sais ce que c’est que de tenir bon quand tout veut nous détruire. Je tranche sa mise en scène en posant une main sur son épaule, puis, plonge dans les abysses.
« Reste vigilante, Vermine. Notre cible est coriace. »
Pondéralement parlant, en tout cas. Allumer une flamme avec mes doigts reste la seule solution pour y voir quelque chose, mais le manque d'air ambiant crée simplement une petite mèche au bout de mon index, qui éclaire à peine devant moi. Faudra faire avec.
« On compte les portes. »
J’examine la carte. Ce n’est pas qu’un simple morceau de papier ; c’est notre lien avec l’extérieur, notre guide dans cet enfer. La septième porte est notre ticket d’entrée vers le Trèfle, l’autre face de cette pièce de jeu macabre. Au sol, je marche sur une flaque suspecte, et avise avec indifférence...
« Du vomis. » Que je termine, sans sourciller.
Qui s'étale, encore loin. Une fois à ladite porte, et je me fige un instant, observant les contours usés et fissurés de cette entrée, semblable à une bouche béante dans un visage de pierre. Je tourne la tête vers Vermine, la question muette sur mes lèvres. D’un geste, je pousse la porte, et un grincement sinistre résonne, brisant le silence pesant des catacombes. La porte s’ouvre lentement, révélant un intérieur plongé dans l’obscurité, une pièce vaste mais étriquée, remplie de débris et de crânes, un véritable musée de l’horreur.
« Le vomis va jusque là. »
Un brasero sur le côté, je le fais prendre feu. Et la lumière, timide, fut. Je scrute la pièce, notant chaque détail, chaque ombre qui pourrait se mouvoir. Les murs sont couverts de fresques sombres, des images gravées dans la pierre représentant des rituels macabres et des sacrifices. C’est là que je me rends compte que la pièce n’est pas seulement un entrepôt d’horreurs ; c’est aussi un sanctuaire. En avançant, je repère une trappe dans le sol, dissimulée par des débris, son contour à peine visible. Je m’y approche, me penchant pour examiner l’endroit
« On peut plonger, ou chercher d'abord des indices ici. C'est désert, il sait qu'on le cherche. »
Et il n’a aucune idée de ce qui l’attend. Mais, force est d’admettre que nous aussi.
Citoyen de La République
Vermine
Messages : 29
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La main du gros sur mon épaule est détestable. Cette façon qu’il a de se soucier de son prochain, ça pourrait presque être mignon si la réalité était pas ce qu’elle est : ça sert à rien d’être gentil, demain on sera tous mort. Sauf moi, mais c’est pas vraiment un choix. Et s’ils sont pas morts, ils seront fous. Par défaut je dirais que la seconde option est préférable, au moins ils sont vivants et souvent, ils savent pas qu’ils sont fous. C’est les moins amusants d’ailleurs. Les plus drôles sont ceux qui savent d’une manière ou d’une autre qu’ils le sont. Généralement, c’est ceux-là qui arrivent à pas se faire enfermer immédiatement et qui oscillent comme des funambules entre réalité et démence. Séraphin était marrant, mais lui c’était encore une autre paire de manches. Puis il était con. Ah et au cas où quelqu'un aurait un doute, j’me compte parmi eux -les drôles, pas les cons-. Je suis pas folle, pas complètement mais je suis pas stupide au point de pas savoir que quand le Razkaal s’est mit à me causer c’est qu’y avait déjà une couille dans le potage. Pour autant, j’ai pas l’intention de glisser. J’emmerde le Razkaal, j’emmerde les dieux et j’emmerde mon créateur.
— Pourquoi ? T’aimerais me baiser Ryven ? L’idée m’arrache un rire. Putain ça serait un coup à rentrer en boitant pour les trois prochains jours. Cela dit, il m’a encore jamais envoyé une conquête pour fissure. J’imagine qu’il doit pas être si pire au pieux ou qu’il tape que dans des partenaires capable de recevoir le machin qu’il a entre les jambes. Quoi que dans les faits, je sais pas vraiment ce qui se passe là-bas, p’t’être que tout est pas proportionnel. V’la une question qui mérite d’être élucidée. — Pas que tu sois pas beau garçon, mais j’ai une préférence pour les gens de ma taille et moins gros. Les locations de lit de ton gabarit, ça coûte un bras, je tiens pas a y passer mon salaire. Et encore, je parle du lit mais je veux pas imaginer la gueule des chiottes et la quantité de bouffe qu’il ingurgite.
Finalement, je m’engouffre après Kieran dans la grande salle. Des fois je me dis que je suis trop jeune et que voir la construction d’un merdier pareil ça doit être quelque chose. Je veux dire, ça ressemblait à quoi avant de devenir des catacombes ? Est-ce qu’on a construit la ville dessus ? Est-ce qu'on a creusé sous la ville ? J’en ai aucune putain d’idée. Mais je l’aurais peut-être su si j’avais été à l’école, ce qui a jamais été le cas. Je sais juste lire et compter, les basiques, parce qu’un vieux de la vieille s’est dévoué quand je suis arrivée chez les limiers et que j'ai eut un paquet d'années pour le bosser. Enfin, j'crois. Ce que je sais de l’histoire de la République, je le tiens de ce qu’on a bien voulu me raconter. Mais bon, dans le fond, ça a pas vraiment d’importance : y a quand même un connard qui s’est dit qu’entasser des dizaines de milliers de cadavres sous sa cuisine c’était une bonne idée et après on a le culot de me dire que je suis morbide. L'hôpital se fout vraiment de la charité.
— Compter les portes ? Je grimace. Fais chier, j’ai une tête de larbin ? La question obtient vite sa réponse : ouais. — Fais chier. M’emmerdes. Autre chose à foutre que de compter des putains de portes. En plus, j’aime pas compter. C’est chiant. Franchement. Y a une carte. Que je grommelle dans ma barbe tout en m’éloignant. Je fais rapidement le tour avant de revenir vers Kieran. Un coup d'œil à la carte m’indique qu’elle est juste, si on ajoute les deux côtés, on est presque sur une vingtaine de portes. Rien que ça. Le gars qui a construit ça était vraiment un tordu de première.
— L’est coriace parce qu’il a la tête sur les épaules. Ce sera pas pareil ensuite. On est toujours moins tenace les boyaux à l’air.
On avance vers la porte jusqu’à être stoppé par un bruit disgracieux.
— Qu’est-ce’t’a écrasé ?
Avec des panards pareils, y a la moitié de la vermine des catacombes qui va y passer. Si un jour Ryven glisse trop, qu’il doit quitter les limiers, je pense que je viendrais le recommander comme chasseur de souris. Ca lui changera pas trop de la maison.
Ironiquement, il a tué personne. Mais à sa place j’aurais préféré.
— Dégueu.
Puis alors, je parle pas de l’odeur. On a pas le nez à la même hauteur et ça se voit.
— Tu pourrais au moins t’essuyer putain. Mais il est déjà en train de suivre les traces, et c’est un peu comme donner la chasse à une grosse limace. Qui pue. Qui pu sévère putain de merde. Pourtant je pense pas qu’en temps que limiers ont ait l’odorat trop délicats mais là…
La lumière du brasero m’arrache un grognement et je dois plisser les yeux, le temps que mes pupilles se rétractent pour se réhabituer à la luminosité. Il me faut deux secondes de plus que mon coéquipier pour prendre le mesure de la pièce qui nous entoure. C’est pas moins lugubre mais les crânes sont restés dans la pièce d’à côté et ont été remplacés par une gigantesque fresque. J’ai besoin de m’approcher un peu pour discerner les motifs ; la mort, des sacrifices, des gens qu’on mutile, qu’on torture, qu’on tue. La bonne époque. Un peu plus loin, derrière un autel, je découvre l’image d’une femme hurlante à qui ont a ouvert le ventre pour lui arracher une paire de jumeaux. C’est qu’ils étaient créatifs à l’époque… Je délaisse les œuvres, tout en me promettant d’y revenir plus tard et je reviens aux côtés du géant. Il a raison, sur le sol on discerne assez difficilement les contours d’une trappe. J’aurais pu la manquer s’il l’avait pas trouvé.
— Bah t’façon, y a pas cinquante solutions, si ?
Se faisant, je commence à dégager les gravats qui la recouvrent. Il faut pas très longtemps pour déblayer complètement l’ouverture puis la poignée. Je laisse l’honneur à Ryven de me tenir la porte, faudrait pas qu’il oublie les galanteries. La trappe fait pas long feu face à lui, mais m’est d’avis qu’elle était plutôt bien fermée. En dessous, il fait un noir d’encre, j’y vois goutte.
— Eteint ton brasero à la con, j’vois rien. Faut quelques instants mais il obtempère et ma nyctalopie peut enfin faire son job. Mais ce qu’elle me révèle me plait pas tellement, alors je me redresse et d’un coup de botte, je referme la trappe puis j’y pose un cailloux aussi gros que je peux dessus. —S’est fait baiser et pas comme j’aimerais. Si tu descends par là, t’auras un paquet de trou de balles en plus.
J’aime pas me tromper, encore moins dans une affaire aussi délicate et je peux pas m’empêcher de m’agacer contre moi-même, contre Kieran et contre le Trèfle. Je peux pas me passer les nerfs sur les deux premiers, mais bordel, je peux dire que le dernier va prendre cher. Quand on lui aura mit la main dessus.
— Il est dégueu et pas complètement con, visiblement. Quand on sortira d’ici, laisse moi une perm d’une demi-journée. J’ai un de mes indics à aller épingler. Je suis assez surprise que le salaud m’ait roulé d’ailleurs, je le pensais pas assez courageux. Il a sûrement prit la poudre d’escampette à l'heure qu'il est. Je verrais.
Le problème, c’est que du coup, je sais foutrement pas quoi faire. Alors je cogite, je retourne chaque pierre de la pièce, je passe un doigt sur chaque fragment de paroi, je gratte chaque truc qui ressemble à un bouton et même quand j’arrive à cours, je sors de la pièce pour arracher tous les crânes que je peux de leur emplacement. Sait-on jamais, p’t’être que l’un deux est la clé. Sans surprise, y s’passe rien. Je retourne dans la pièce, plante mes poings sur mes hanches et fusille les murs du regard comme si je pouvais les faire exploser juste comme ça.
— Fais chier. Je pensais pas ce fils de pute capable d’essayer de me doubler. Je marmonne, plus pour moi-même que pour l’autre.
Les fresques changent pas, les murs non plus, l’autel reste le même et mon caillou sur la trappe bouge pas d’un iota. Mes yeux refont le même cheminement, encore et encore. A tel point que j’ai l’impression de les abimer dessus. Jusqu’au moment ou y un truc qui me dérange. La gonzesse avec le bide ouvert et ses deux jumeaux. Elle pleure hurle plus. Elle sourit. Et pas le genre de truc charmant.
S’infiltrer dans l’esprit d’un drakyn, c’est un beau merdier. Je me sens comme un chat à la porte un jour de pluie.
“Le mur derrière l’autel. Y a un truc qui va pas. Illusion, p’t’être. Je suis d’avis de l’exploser sans poser de question.”
— Pourquoi ? T’aimerais me baiser Ryven ? L’idée m’arrache un rire. Putain ça serait un coup à rentrer en boitant pour les trois prochains jours. Cela dit, il m’a encore jamais envoyé une conquête pour fissure. J’imagine qu’il doit pas être si pire au pieux ou qu’il tape que dans des partenaires capable de recevoir le machin qu’il a entre les jambes. Quoi que dans les faits, je sais pas vraiment ce qui se passe là-bas, p’t’être que tout est pas proportionnel. V’la une question qui mérite d’être élucidée. — Pas que tu sois pas beau garçon, mais j’ai une préférence pour les gens de ma taille et moins gros. Les locations de lit de ton gabarit, ça coûte un bras, je tiens pas a y passer mon salaire. Et encore, je parle du lit mais je veux pas imaginer la gueule des chiottes et la quantité de bouffe qu’il ingurgite.
Finalement, je m’engouffre après Kieran dans la grande salle. Des fois je me dis que je suis trop jeune et que voir la construction d’un merdier pareil ça doit être quelque chose. Je veux dire, ça ressemblait à quoi avant de devenir des catacombes ? Est-ce qu’on a construit la ville dessus ? Est-ce qu'on a creusé sous la ville ? J’en ai aucune putain d’idée. Mais je l’aurais peut-être su si j’avais été à l’école, ce qui a jamais été le cas. Je sais juste lire et compter, les basiques, parce qu’un vieux de la vieille s’est dévoué quand je suis arrivée chez les limiers et que j'ai eut un paquet d'années pour le bosser. Enfin, j'crois. Ce que je sais de l’histoire de la République, je le tiens de ce qu’on a bien voulu me raconter. Mais bon, dans le fond, ça a pas vraiment d’importance : y a quand même un connard qui s’est dit qu’entasser des dizaines de milliers de cadavres sous sa cuisine c’était une bonne idée et après on a le culot de me dire que je suis morbide. L'hôpital se fout vraiment de la charité.
— Compter les portes ? Je grimace. Fais chier, j’ai une tête de larbin ? La question obtient vite sa réponse : ouais. — Fais chier. M’emmerdes. Autre chose à foutre que de compter des putains de portes. En plus, j’aime pas compter. C’est chiant. Franchement. Y a une carte. Que je grommelle dans ma barbe tout en m’éloignant. Je fais rapidement le tour avant de revenir vers Kieran. Un coup d'œil à la carte m’indique qu’elle est juste, si on ajoute les deux côtés, on est presque sur une vingtaine de portes. Rien que ça. Le gars qui a construit ça était vraiment un tordu de première.
— L’est coriace parce qu’il a la tête sur les épaules. Ce sera pas pareil ensuite. On est toujours moins tenace les boyaux à l’air.
On avance vers la porte jusqu’à être stoppé par un bruit disgracieux.
— Qu’est-ce’t’a écrasé ?
Avec des panards pareils, y a la moitié de la vermine des catacombes qui va y passer. Si un jour Ryven glisse trop, qu’il doit quitter les limiers, je pense que je viendrais le recommander comme chasseur de souris. Ca lui changera pas trop de la maison.
Ironiquement, il a tué personne. Mais à sa place j’aurais préféré.
— Dégueu.
Puis alors, je parle pas de l’odeur. On a pas le nez à la même hauteur et ça se voit.
— Tu pourrais au moins t’essuyer putain. Mais il est déjà en train de suivre les traces, et c’est un peu comme donner la chasse à une grosse limace. Qui pue. Qui pu sévère putain de merde. Pourtant je pense pas qu’en temps que limiers ont ait l’odorat trop délicats mais là…
La lumière du brasero m’arrache un grognement et je dois plisser les yeux, le temps que mes pupilles se rétractent pour se réhabituer à la luminosité. Il me faut deux secondes de plus que mon coéquipier pour prendre le mesure de la pièce qui nous entoure. C’est pas moins lugubre mais les crânes sont restés dans la pièce d’à côté et ont été remplacés par une gigantesque fresque. J’ai besoin de m’approcher un peu pour discerner les motifs ; la mort, des sacrifices, des gens qu’on mutile, qu’on torture, qu’on tue. La bonne époque. Un peu plus loin, derrière un autel, je découvre l’image d’une femme hurlante à qui ont a ouvert le ventre pour lui arracher une paire de jumeaux. C’est qu’ils étaient créatifs à l’époque… Je délaisse les œuvres, tout en me promettant d’y revenir plus tard et je reviens aux côtés du géant. Il a raison, sur le sol on discerne assez difficilement les contours d’une trappe. J’aurais pu la manquer s’il l’avait pas trouvé.
— Bah t’façon, y a pas cinquante solutions, si ?
Se faisant, je commence à dégager les gravats qui la recouvrent. Il faut pas très longtemps pour déblayer complètement l’ouverture puis la poignée. Je laisse l’honneur à Ryven de me tenir la porte, faudrait pas qu’il oublie les galanteries. La trappe fait pas long feu face à lui, mais m’est d’avis qu’elle était plutôt bien fermée. En dessous, il fait un noir d’encre, j’y vois goutte.
— Eteint ton brasero à la con, j’vois rien. Faut quelques instants mais il obtempère et ma nyctalopie peut enfin faire son job. Mais ce qu’elle me révèle me plait pas tellement, alors je me redresse et d’un coup de botte, je referme la trappe puis j’y pose un cailloux aussi gros que je peux dessus. —S’est fait baiser et pas comme j’aimerais. Si tu descends par là, t’auras un paquet de trou de balles en plus.
J’aime pas me tromper, encore moins dans une affaire aussi délicate et je peux pas m’empêcher de m’agacer contre moi-même, contre Kieran et contre le Trèfle. Je peux pas me passer les nerfs sur les deux premiers, mais bordel, je peux dire que le dernier va prendre cher. Quand on lui aura mit la main dessus.
— Il est dégueu et pas complètement con, visiblement. Quand on sortira d’ici, laisse moi une perm d’une demi-journée. J’ai un de mes indics à aller épingler. Je suis assez surprise que le salaud m’ait roulé d’ailleurs, je le pensais pas assez courageux. Il a sûrement prit la poudre d’escampette à l'heure qu'il est. Je verrais.
Le problème, c’est que du coup, je sais foutrement pas quoi faire. Alors je cogite, je retourne chaque pierre de la pièce, je passe un doigt sur chaque fragment de paroi, je gratte chaque truc qui ressemble à un bouton et même quand j’arrive à cours, je sors de la pièce pour arracher tous les crânes que je peux de leur emplacement. Sait-on jamais, p’t’être que l’un deux est la clé. Sans surprise, y s’passe rien. Je retourne dans la pièce, plante mes poings sur mes hanches et fusille les murs du regard comme si je pouvais les faire exploser juste comme ça.
— Fais chier. Je pensais pas ce fils de pute capable d’essayer de me doubler. Je marmonne, plus pour moi-même que pour l’autre.
Les fresques changent pas, les murs non plus, l’autel reste le même et mon caillou sur la trappe bouge pas d’un iota. Mes yeux refont le même cheminement, encore et encore. A tel point que j’ai l’impression de les abimer dessus. Jusqu’au moment ou y un truc qui me dérange. La gonzesse avec le bide ouvert et ses deux jumeaux. Elle pleure hurle plus. Elle sourit. Et pas le genre de truc charmant.
S’infiltrer dans l’esprit d’un drakyn, c’est un beau merdier. Je me sens comme un chat à la porte un jour de pluie.
“Le mur derrière l’autel. Y a un truc qui va pas. Illusion, p’t’être. Je suis d’avis de l’exploser sans poser de question.”
Dragon du Razkaal
Kieran Ryven
Messages : 339
crédits : 2203
crédits : 2203
Info personnage
Race: Drakyn
Vocation: Guerrier combattant
Alignement: Neutre Bon
Rang: C
Je la sens avant même de l’entendre. Sa voix glisse dans mon esprit comme un murmure empoisonné, froide et acerbe. Vermine. Toujours ce mélange de sarcasme et de dédain, une amertume si profondément ancrée qu'elle semble presque avoir pris racine dans ses os. Pourtant, malgré ses remarques cinglantes, il y a une part de vérité dans ce qu'elle dit. Peut-être même une sagesse, distordue, mais là.
Elle déteste ma main sur son épaule, et je ne suis pas surpris. L’intimité, la camaraderie ? Ce ne sont pas des concepts qu’elle tolère bien. Son rire moqueur résonne dans ma tête, et je retiens un grognement. Ses paroles sont crues, comme toujours, mais je ne réponds pas. Je l’écoute, la laisse déverser son flot de pensées acides. J’ai appris, avec le temps, que répondre à ce genre de remarques ne mène à rien, si ce n’est prolonger l’échange inutile. Elle préfère se débrouiller seule, à sa manière, même si c'est dans le chaos. C'est une grande dame, elle va y arriver.
Je suis trop grand, trop encombrant, trop... tout. Je le sais. Et dans cet environnement, sous ces voûtes étroites et ces couloirs tortueux, je le ressens à chaque pas, à chaque mouvement. Il ne lui faut pas longtemps pour valider les informations de la carte, malgré sa mauvaise volonté affichée. Son sarcasme sur le gars qui a construit cet endroit m’arrache un sourire intérieur. Tordu, oui, c’est le mot juste. Eteindre le braséro, c'est me nous plonger dans une obscurité certaine, mais Vermine voit là-dedans comme en plein jour. A l'avenir, il faut que je songe à trouver ce pouvoir, peut-être par le biais d'un tatouage magique, faut juste trouver la place sur tout ce que j'ai déjà sur mon corps.
Mais revenons à nos dragons. La trappe est donc un piège.
« Intéressant, très intéressant. » Que je murmure pour moi-même.
Mon doigt s'allume d'une nouvelle mèche, et je peux recommencer mon observation. Vermine fouille chaque recoin, chaque fissure, cherchant quelque chose de tangible, une sortie ou une clé. Je la laisse faire, préférant observer les lieux à ma manière, tentant de comprendre l'énigme de cette salle. Sa voix résonne soudainement dans ma tête, lointaine, presque imperceptible. Un murmure qui se fraie un chemin à travers une brume épaisse.
"Le mur derrière l’autel. Y a un truc qui va pas. Illusion, p’t’être. Je suis d’avis de l’exploser sans poser de question."
C’est toujours la même sensation désagréable quand elle communique comme ça, par télépathie. Comme un fantôme qui gratte aux portes de mon esprit, essayant d’entrer. Sa voix est distante, étouffée, comme si elle parlait depuis un autre monde, à travers des kilomètres de roche et de ténèbres. Je déteste ça. Ce n’est pas douloureux, mais ça provoque cette gêne sous mes écailles, un fourmillement qui s’insinue dans mon crâne. Une pression sourde qui malmène ma patience, m’obligeant à me concentrer pour saisir chaque mot. Je me frotte machinalement la tempe, comme si ça pouvait chasser cette sensation étrange. J'ai bien saisis la stratégie, c'est pour ça que je ne la regarde pas, ne lui répond pas, et m'approche du mur, le poing fermé.
Les illusions peuvent tromper l’œil, mais pas le toucher. Je passe ma main sur la surface rugueuse. C’est bien là. Solide. Glacial. Ce mur ne cédera pas facilement. La fresque, en face de moi, semblait presque rire de nous. Cette femme éventrée de ses jumeaux, ses tripes à l’air, et ce sourire tordu. Un sourire qui disait que quelque chose clochait ici, bien plus que les simples horreurs sculptées sur les murs. Pourtant, j'étais persuadé qu'elle pleurait toute à l'heure. D'accord Vermine, je vois où tu veux en venir.
« Bien joué. Si un jour tu meurs, je prendrais tes yeux. »
Non. Mais c'est amusant de lui laisser penser que je pourrais le faire.
« Pourquoi tu as besoin d'une demi-journée de permission, on a besoin de cet indic ? » Que je lance pour faire semblant d'aborder une conversation alors que je prends mon élan.
J’ai roulé des épaules, un pas, deux pas... Puis j’ai lancé tout ce que j’avais sur ce mur. Mon poing, dur comme un marteau, a frappé la pierre. L’impact a résonné comme une cloche de mauvais augure. La surface de la fresque a craqué comme du verre ancien sous mes phalanges. Pas de surprise là-dessus. La pierre s’est désintégrée comme si elle avait attendu ce moment depuis des siècles. Derrière elle, le mur était plus mince, comme une peau de serpent attendant d’être arrachée. La poussière se soulève, et les fissure de l'impact se propage en toile d'araignée jusqu'au plafond. Je crois que j'ai cogné un peu fort. Quand tout retombe, on peut voir effectivement... Un accès.
« Une illusion, effectivement. »
Je peux deviner le sourire satisfait et du "je te l'avais dis dans ses yeux" sans même me retourner. Je me suis redressé, essuyant la poussière de mes écailles, jetant un coup d’œil dans l’ouverture. Derrière le mur, une nouvelle salle, encore plus sombre, plus étroite. Une autre porte qui nous attendait, comme une gueule putride et béante prête à nous avaler. La salle derrière la fresque, c’était un vrai cauchemar sculpté dans la pierre, et même pour un gaillard comme moi, habitué à voir le pire de l'humanité, ça donnait des frissons. L’air était lourd, pesant, et chaque respiration ressemblait à un pari avec la mort. Un murmure de vent, qui n'avait rien de naturel, serpentait autour de nous. On aurait dit que les murs eux-mêmes murmuraient des choses que je ne voulais pas entendre. C'était ça le quotidien, dans la tête de Séraphin ? La purge.
À première vue, la salle semblait plus petite que la précédente. Les murs, eux, étaient presque vivants sous la faible lueur de mon doigt enflammé. Ils grouillaient de sculptures, de visages grimaçants et de corps tordus dans des postures de douleur et de terreur. Des mains qui semblaient s’agripper à la pierre, cherchant à sortir de cette prison. Un véritable défilé d’agonie gravé dans la roche.
Mais ce qui a vraiment attiré mon attention, c’était ce qui trônait au centre de la pièce. Un autel, pas plus haut que ma cuisse, mais recouvert de symboles que j’aurais préféré ne jamais revoir. Des runes noires, anciennes, qui ressemblaient à des griffures plus qu’à de l’écriture. Un liquide sombre, coulait des bords, formant un petit bassin de noirceur à ses pieds. Au-dessus de l’autel, suspendue par des chaînes rouillées, une cage. Dedans, quelque chose bougeait. Lentement. Presque imperceptible. Cette chose dans la cage, ça bougeait toujours. Un léger frisson, comme un souffle. Et puis soudain, une voix. Faible, presque en sanglot. Celle d'une femme, nue, squelettique, et chauve comme un genou poilu.
« Libère moi... »
Un murmure, à peine audible, mais assez pour qu'on se sente comme un insecte pris dans la toile d’une araignée. Puis, les sculptures prennent vie derrière nous, dans une cacophonie de brisures rocheuses et d'os, se séparant des murs pour foncer droit sur nous.
« Non, ce n'est pas le projet. Vermine, baisse la tête. »
Si elle veut la garder en tout cas. Portecendres dégainé, je fais un tour circulaire pour envoyer quatre de ses créatures dans les murs. trois explosent à l'impact, l'autre rebondi contre un portail massif... Que je n'avais pas vu lorsque je suis arrivé. Avant que cette espèce de goule en pierre fonce sur Vermine, je lui attrape le crâne avant de le pendre à son niveau, se débattant comme un petit démon. Cherchant à enfoncer ses griffes sur mon ceste et mon gantelet beaucoup trop épais pour être dangereux, je fixe la cage.
Elle est vide, et ouverte. Le crâne se retrouve broyé entre mes phalanges, trahissant ma frustration.
« C'est quoi ce bordel. Que je crache avant de jeter la carcasse dans un coin. »
Tous les corps s'effondre dans un tas de poussières. Je m'approche du portail, et observe une fente au-dessus. Je devine rapidement qu'il doit être soulevé, mais pas de levier. L'arme dans son fourreau, je me penche, agrippe le bas du battant, et d'un geste sec, j'envoie le portail vers le haut pour nous ouvrir sur un couloir. Des torches vissées sur les parois s'allument, les unes après les autres, d'une couleur bleue. Et le long du mur...
...Des Trèfles. Dessinées avec une étrange substance noire.
« Tiens donc. »
Quelque chose me dit que notre ennemi est beaucoup plus sérieux que son camarade de Pique.
Elle déteste ma main sur son épaule, et je ne suis pas surpris. L’intimité, la camaraderie ? Ce ne sont pas des concepts qu’elle tolère bien. Son rire moqueur résonne dans ma tête, et je retiens un grognement. Ses paroles sont crues, comme toujours, mais je ne réponds pas. Je l’écoute, la laisse déverser son flot de pensées acides. J’ai appris, avec le temps, que répondre à ce genre de remarques ne mène à rien, si ce n’est prolonger l’échange inutile. Elle préfère se débrouiller seule, à sa manière, même si c'est dans le chaos. C'est une grande dame, elle va y arriver.
Je suis trop grand, trop encombrant, trop... tout. Je le sais. Et dans cet environnement, sous ces voûtes étroites et ces couloirs tortueux, je le ressens à chaque pas, à chaque mouvement. Il ne lui faut pas longtemps pour valider les informations de la carte, malgré sa mauvaise volonté affichée. Son sarcasme sur le gars qui a construit cet endroit m’arrache un sourire intérieur. Tordu, oui, c’est le mot juste. Eteindre le braséro, c'est me nous plonger dans une obscurité certaine, mais Vermine voit là-dedans comme en plein jour. A l'avenir, il faut que je songe à trouver ce pouvoir, peut-être par le biais d'un tatouage magique, faut juste trouver la place sur tout ce que j'ai déjà sur mon corps.
Mais revenons à nos dragons. La trappe est donc un piège.
« Intéressant, très intéressant. » Que je murmure pour moi-même.
Mon doigt s'allume d'une nouvelle mèche, et je peux recommencer mon observation. Vermine fouille chaque recoin, chaque fissure, cherchant quelque chose de tangible, une sortie ou une clé. Je la laisse faire, préférant observer les lieux à ma manière, tentant de comprendre l'énigme de cette salle. Sa voix résonne soudainement dans ma tête, lointaine, presque imperceptible. Un murmure qui se fraie un chemin à travers une brume épaisse.
"Le mur derrière l’autel. Y a un truc qui va pas. Illusion, p’t’être. Je suis d’avis de l’exploser sans poser de question."
C’est toujours la même sensation désagréable quand elle communique comme ça, par télépathie. Comme un fantôme qui gratte aux portes de mon esprit, essayant d’entrer. Sa voix est distante, étouffée, comme si elle parlait depuis un autre monde, à travers des kilomètres de roche et de ténèbres. Je déteste ça. Ce n’est pas douloureux, mais ça provoque cette gêne sous mes écailles, un fourmillement qui s’insinue dans mon crâne. Une pression sourde qui malmène ma patience, m’obligeant à me concentrer pour saisir chaque mot. Je me frotte machinalement la tempe, comme si ça pouvait chasser cette sensation étrange. J'ai bien saisis la stratégie, c'est pour ça que je ne la regarde pas, ne lui répond pas, et m'approche du mur, le poing fermé.
Les illusions peuvent tromper l’œil, mais pas le toucher. Je passe ma main sur la surface rugueuse. C’est bien là. Solide. Glacial. Ce mur ne cédera pas facilement. La fresque, en face de moi, semblait presque rire de nous. Cette femme éventrée de ses jumeaux, ses tripes à l’air, et ce sourire tordu. Un sourire qui disait que quelque chose clochait ici, bien plus que les simples horreurs sculptées sur les murs. Pourtant, j'étais persuadé qu'elle pleurait toute à l'heure. D'accord Vermine, je vois où tu veux en venir.
« Bien joué. Si un jour tu meurs, je prendrais tes yeux. »
Non. Mais c'est amusant de lui laisser penser que je pourrais le faire.
« Pourquoi tu as besoin d'une demi-journée de permission, on a besoin de cet indic ? » Que je lance pour faire semblant d'aborder une conversation alors que je prends mon élan.
J’ai roulé des épaules, un pas, deux pas... Puis j’ai lancé tout ce que j’avais sur ce mur. Mon poing, dur comme un marteau, a frappé la pierre. L’impact a résonné comme une cloche de mauvais augure. La surface de la fresque a craqué comme du verre ancien sous mes phalanges. Pas de surprise là-dessus. La pierre s’est désintégrée comme si elle avait attendu ce moment depuis des siècles. Derrière elle, le mur était plus mince, comme une peau de serpent attendant d’être arrachée. La poussière se soulève, et les fissure de l'impact se propage en toile d'araignée jusqu'au plafond. Je crois que j'ai cogné un peu fort. Quand tout retombe, on peut voir effectivement... Un accès.
« Une illusion, effectivement. »
Je peux deviner le sourire satisfait et du "je te l'avais dis dans ses yeux" sans même me retourner. Je me suis redressé, essuyant la poussière de mes écailles, jetant un coup d’œil dans l’ouverture. Derrière le mur, une nouvelle salle, encore plus sombre, plus étroite. Une autre porte qui nous attendait, comme une gueule putride et béante prête à nous avaler. La salle derrière la fresque, c’était un vrai cauchemar sculpté dans la pierre, et même pour un gaillard comme moi, habitué à voir le pire de l'humanité, ça donnait des frissons. L’air était lourd, pesant, et chaque respiration ressemblait à un pari avec la mort. Un murmure de vent, qui n'avait rien de naturel, serpentait autour de nous. On aurait dit que les murs eux-mêmes murmuraient des choses que je ne voulais pas entendre. C'était ça le quotidien, dans la tête de Séraphin ? La purge.
À première vue, la salle semblait plus petite que la précédente. Les murs, eux, étaient presque vivants sous la faible lueur de mon doigt enflammé. Ils grouillaient de sculptures, de visages grimaçants et de corps tordus dans des postures de douleur et de terreur. Des mains qui semblaient s’agripper à la pierre, cherchant à sortir de cette prison. Un véritable défilé d’agonie gravé dans la roche.
Mais ce qui a vraiment attiré mon attention, c’était ce qui trônait au centre de la pièce. Un autel, pas plus haut que ma cuisse, mais recouvert de symboles que j’aurais préféré ne jamais revoir. Des runes noires, anciennes, qui ressemblaient à des griffures plus qu’à de l’écriture. Un liquide sombre, coulait des bords, formant un petit bassin de noirceur à ses pieds. Au-dessus de l’autel, suspendue par des chaînes rouillées, une cage. Dedans, quelque chose bougeait. Lentement. Presque imperceptible. Cette chose dans la cage, ça bougeait toujours. Un léger frisson, comme un souffle. Et puis soudain, une voix. Faible, presque en sanglot. Celle d'une femme, nue, squelettique, et chauve comme un genou poilu.
« Libère moi... »
Un murmure, à peine audible, mais assez pour qu'on se sente comme un insecte pris dans la toile d’une araignée. Puis, les sculptures prennent vie derrière nous, dans une cacophonie de brisures rocheuses et d'os, se séparant des murs pour foncer droit sur nous.
« Non, ce n'est pas le projet. Vermine, baisse la tête. »
Si elle veut la garder en tout cas. Portecendres dégainé, je fais un tour circulaire pour envoyer quatre de ses créatures dans les murs. trois explosent à l'impact, l'autre rebondi contre un portail massif... Que je n'avais pas vu lorsque je suis arrivé. Avant que cette espèce de goule en pierre fonce sur Vermine, je lui attrape le crâne avant de le pendre à son niveau, se débattant comme un petit démon. Cherchant à enfoncer ses griffes sur mon ceste et mon gantelet beaucoup trop épais pour être dangereux, je fixe la cage.
Elle est vide, et ouverte. Le crâne se retrouve broyé entre mes phalanges, trahissant ma frustration.
« C'est quoi ce bordel. Que je crache avant de jeter la carcasse dans un coin. »
Tous les corps s'effondre dans un tas de poussières. Je m'approche du portail, et observe une fente au-dessus. Je devine rapidement qu'il doit être soulevé, mais pas de levier. L'arme dans son fourreau, je me penche, agrippe le bas du battant, et d'un geste sec, j'envoie le portail vers le haut pour nous ouvrir sur un couloir. Des torches vissées sur les parois s'allument, les unes après les autres, d'une couleur bleue. Et le long du mur...
...Des Trèfles. Dessinées avec une étrange substance noire.
« Tiens donc. »
Quelque chose me dit que notre ennemi est beaucoup plus sérieux que son camarade de Pique.
Citoyen de La République
Vermine
Messages : 29
crédits : 422
crédits : 422
Je sais que j’ai réussi à pénétrer l'esprit de Kieran quand je le vois se gratter machinalement la tempe, un réflexe qu’il a toujours eu. Avec moi, avec les autres, il aime pas tellement qu’on s’immisce dans la psychée et je pourrais presque le comprendre si j’en avais pas rien à foutre. Ce qui m'importe c’est qu’il joue le jeu. Je sais pas ce qui nous toise derrière ou sur ce mur, mais la sensation d’être observé est trop présente pour être ignorée. Des fois je regrette ce corps chétif dont j’ai hérité, j’ai beau le vanner, Kieran à mine de rien l’avantage de faire réfléchir à deux fois avant de lui sauter sur le râble. En plus de nous créer des portes là où y'en a pas.
— Mes yeux ? En voilà une suggestion intéressante. Je recule nonchalamment, comme si je m’intéressais encore à un morceau de fresque. — Je vais finir par croire que t’as un faible pour moi. Dire que même dans la mort, tu voudrais m’garder. Plus romantique que t’en à l’air.
Ces roulements d’épaules, je les ai vus suffisamment souvent pour savoir ce qu’ils présagent. J’ai beau être résistante, je tiens pas forcément à être dans le secteur quand ça va partir. Si ça tenait qu’à moi, je sortirais même de la pièce. Quitte à ce qu’on soit enseveli, autant que je sois pas dans le lot.
— On en aura plus besoin une fois que j’aurais mis la main dessus. Comment tu crois que j’ai obtenu l’indication de la septième porte alors que j’ai jamais enquêté sur ta tripotée de fous à l’as ? L’art de brasser du vent, parce que tout ça, il le sait déjà. Tout comme il sait le genre de sorts que je vais réserver au bonhomme qui nous à mal renseigné.
J’ai même pas fini ma phrase que déjà le poing de Kieran s'abat sur la pierre et sans surprise, il en faut pas plus pour que la pièce bouge. Même les fondations semblent trembler sous la violence de l’impact. Au moins, si le Trèfle avait un doute sur notre venue, maintenant il est assuré. M’est avis qu’il était déjà au courant cela dit, auquel cas il aurait pas préparé des petits pièges stupides avec l’espoir qu’on tombe dedans et surtout, il aurait probablement fait l’effort de nettoyer son dégueulis. C’est pas le genre d’indice qu’un prince des catacombes laisse derrière lui quand il a pas envie qu’on le trouve. Là, je pense qu’il attend que ça ou pire, qu’il espère nous faire nous enfoncer si profondément qu’on le retrouvera jamais. Par réflexe, je pose un œil sur la carte. L’indic que j’ai rencontré, c’est pas un vieux de la vieille mais il date pas d’hier non plus. Ce qui veut pas dire qu’il a pas attendu son heure. Qu’est-ce qui me prouve, finalement, que la carte qu’on a est pas un ramassis de conneries et qu’on a été attiré ici comme des abeilles par du miel ? Pendant que tout s’effondre, le plafond compris et qu’un nuage de poussière nous recouvre, je peux pas m’empêcher de grogner. C’est sur ma gueule que ça va retomber cette histoire -et je parle pas du plafond-.
Bien sur que c’est une illusion, que j’ai envie de lui rétorquer mais je m’abstiens. Cette histoire de carte m’agace, j’ai presque envie de la rouler en boule, de la jeter par terre et de sauter à pied joint dessus. D’ailleurs, c’est sans étonnement que quand je vérifie la présence de cette nouvelle salle, je constate qu’y a rien dessus. Nouveau grognement, je replis le papier avant de le glisser par l’encolure dans mon pourpoint.
La pièce suivante est de belle envergure mais rien de comparable à l’espèce de hall d’entrée gigantesque par lequel on est arrivé. Au moins, on a le mérite de pas se marcher dessus. Par contre niveau déco, je pense que même le Razkaal est digne d’une colonie de vacances à côté. Ici aussi, des crânes et des ossements parcourent les murs mais il y a aussi des scènes sculptées dans la pierre. Des gens, la bouche ouverte, qui semblent hurler de terreur pendant qu’une créature étrange les bouffes vivant. A d’autres endroits, c'est des enfants qui se font avaler tout cru. Certaines me font même froncer le nez. Mais le pire ça reste ce qu’on trouve au centre de la pièce, un autel -décidément, ils aiment ça en république- avec un liquide sombre et épais. Ça ressemble à s’y méprendre à mon propre sang. Quand je lève le nez, j’ai ma confirmation.
— T’es sacrément moche.
Quoi ? C’est la vérité. Elle est laide comme un pou. Merci mes dieux de m’avoir permis de conserver ma trogne. Après j’admet, j’ai pas le teint le plus frais de République. Mais au moins, j’ai mes cheveux et l’air plus ou moins en vie si on y regarde pas de trop près. Elle… Passons. Je baisse à nouveau les yeux sur le sang. Nous les liches, on en a pas des masses, vu la quantité, ils doivent la saigner ici depuis un petit moment. Je grimace. Les gens savent pas vraiment ce que c’est que de revenir à la vie et d’avoir, du jour au lendemain, un créateur. Moi non plus, tout bien réfléchit. Et j’en suis bien contente. Si c’est pour survivre et finir comme un agneau sacrificiel chauve sur un autel à me faire saigner comme un goret tous les matins, autant crever une bonne fois pour toute.
— Eh, depuis quand t’as perdue ton empathie toi ? Le Razkaal t’as bouffé le cerv-... Quoi ? OH !
Même pas le temps de lancer une salve d’insulte que je suis obligée de courber l’échine pour pas que Portecendres me raccourcisse sur place. Je sens le mouvement d’air passer à un millimètre de mon cuir chevelu mais ce que je perçois avant tout, c’est l’explosion de la pierre contre le métal. En réponse, je sens ma peau se renforcer, c’est pas grand chose mais ça a le mérite d’éviter les coups de lames ou au moins de les faire riper. Puis je plante mes pieds dans le sol avant de laisser mes ombres faire le sale boulot. Mais comme tout un chacun le sait, Ryven est un rabat-joie. Alors avant même d’avoir eut le temps de réduire à l’état de gravier ma première statue, elle tombe en poussière.
— Tu m’as même pas laissé le temps de lui exploser la gueule !
Enfin, j’imagine que le problème vient de lui, c’est quand il a broyé le crâne de l’autre gargouille que ça a réduit les miens en poussière. Un coup d'œil vers lui m’avise de l’état de la cage où se trouvait la liche ; c’est peut-être sa disparition à elle qui a foutu en l’air le sort. L’idée est à creuser. Comme l’endroit où elle a pu filer. Est-ce qu’elle en a profité pour s’enfuir d’ici ou pour aller avertir son maître. P’t’être bien qu’elle va sagement rester dans l’ombre avant de nous sauter à la gorge quand on regardera pas. Par acquis de conscience, je braque le regard sur chaque zone d’ombre que Kieran peut pas voir. J’y décèle rien.
— Je sais pas. Mais ça pue.
Sans qu’il ait besoin de le demander, je le rejoins et me glisse sous le portail qu’il tient ouvert à mon attention. Le couloir qui nous attend est éclairé par une lueur d’un bleu pâle, et tout du long, notre route est jalonnée de Trêfle.
— Mh… Il nous attend ton gus. J’aime pas ça. Mais Kieran a déjà relâché le portail et de toute façon, on peut pas rebrousser chemin maintenant. On perdrait probablement la seule piste qu’on a réussi à glaner sur notre As. Puis contrairement aux officiers républicains, on fait notre job et on lambine pas. Je lance un vague regard à Ryven, histoire de s’assurer qu’on est sur la même longueur d’onde puis on avance d’un même pas. Enfin, en décalé, j’ai pas envie de manger son aile en pleine gueule. Mais en tout cas, je suis sûre d’une chose : on est à deux dans la merde. Et c’est à peu près la seule chose qui lui vaut mon respect.
Le sol sur lequel on marche est solide et sombre, le corridor est interminable. On a beau avancer, on en voit jamais le bout, il n’y a pas d’angle, pas d’intersection, on continue tout droit sur le qui-vive et c’est tout. Les secondes s’écoulent, puis viennent les minutes et bientôt j’ai l’impression qu’on table sur les heures. Forcément, notre concentration se relâche ou en tout cas, la mienne. Autour de nous, tout n’est que lueur bleuté, torches et silence écrasant.
— Plein le cul.
A peine le temps de commencer à râler que je sens comme une vague sous mes pieds. Quand je relève ma botte, c’est plus de la terre mais de la boue. Pourtant, j’ai pas bougé d’un iota. A droite, en périphérie de ma vision, dans un trèfle particulièrement gros, je décèle un mouvement.
— Eh, j’interpelle Kieran. — Si t’as une quelconque qualité en course, c’est le moment de le montrer. Cours, putain ! Dans un dérapage plus ou moins contrôlé, je me glisse sous son aile et je me met à courir. A chaque pas la terre devient plus molle, et malgré tous mes efforts je vois toujours pas le bout de ce foutu tunnel. Dans notre dos, le long des murs, des créatures semble essayer de s'extirper des trèfles. Elles n’ont pas de visage, une paire d’yeux vides et simplement une bouche sans dents qui nous veut probablement pas du bien. Je sais pas si c’est des morts vivants ou une autre création bizarre d’un mage tordu mais j’ai pas envie de rester là pour le découvrir. — Faut qu’on trouve une solution et vite !
Non pas que mon cœur tienne pas la cadence ou que mon souffle soit court mais le sol est toujours plus mou, et je m’enfonce maintenant jusqu’à la taille.
— Ca doit encore être une illusion de merde, faut qu’on sort-...
Quelque chose se referme sur ma cheville et m'entraîne sous la surface, me remplissant les poumons d’eau croupie au passage. Mais ce que je déteste plus encore, c'est les souvenirs que ça remue, loin, très loin, dans ma mémoire.
Je savais que la journée serait pourrit putain.
— Mes yeux ? En voilà une suggestion intéressante. Je recule nonchalamment, comme si je m’intéressais encore à un morceau de fresque. — Je vais finir par croire que t’as un faible pour moi. Dire que même dans la mort, tu voudrais m’garder. Plus romantique que t’en à l’air.
Ces roulements d’épaules, je les ai vus suffisamment souvent pour savoir ce qu’ils présagent. J’ai beau être résistante, je tiens pas forcément à être dans le secteur quand ça va partir. Si ça tenait qu’à moi, je sortirais même de la pièce. Quitte à ce qu’on soit enseveli, autant que je sois pas dans le lot.
— On en aura plus besoin une fois que j’aurais mis la main dessus. Comment tu crois que j’ai obtenu l’indication de la septième porte alors que j’ai jamais enquêté sur ta tripotée de fous à l’as ? L’art de brasser du vent, parce que tout ça, il le sait déjà. Tout comme il sait le genre de sorts que je vais réserver au bonhomme qui nous à mal renseigné.
J’ai même pas fini ma phrase que déjà le poing de Kieran s'abat sur la pierre et sans surprise, il en faut pas plus pour que la pièce bouge. Même les fondations semblent trembler sous la violence de l’impact. Au moins, si le Trèfle avait un doute sur notre venue, maintenant il est assuré. M’est avis qu’il était déjà au courant cela dit, auquel cas il aurait pas préparé des petits pièges stupides avec l’espoir qu’on tombe dedans et surtout, il aurait probablement fait l’effort de nettoyer son dégueulis. C’est pas le genre d’indice qu’un prince des catacombes laisse derrière lui quand il a pas envie qu’on le trouve. Là, je pense qu’il attend que ça ou pire, qu’il espère nous faire nous enfoncer si profondément qu’on le retrouvera jamais. Par réflexe, je pose un œil sur la carte. L’indic que j’ai rencontré, c’est pas un vieux de la vieille mais il date pas d’hier non plus. Ce qui veut pas dire qu’il a pas attendu son heure. Qu’est-ce qui me prouve, finalement, que la carte qu’on a est pas un ramassis de conneries et qu’on a été attiré ici comme des abeilles par du miel ? Pendant que tout s’effondre, le plafond compris et qu’un nuage de poussière nous recouvre, je peux pas m’empêcher de grogner. C’est sur ma gueule que ça va retomber cette histoire -et je parle pas du plafond-.
Bien sur que c’est une illusion, que j’ai envie de lui rétorquer mais je m’abstiens. Cette histoire de carte m’agace, j’ai presque envie de la rouler en boule, de la jeter par terre et de sauter à pied joint dessus. D’ailleurs, c’est sans étonnement que quand je vérifie la présence de cette nouvelle salle, je constate qu’y a rien dessus. Nouveau grognement, je replis le papier avant de le glisser par l’encolure dans mon pourpoint.
La pièce suivante est de belle envergure mais rien de comparable à l’espèce de hall d’entrée gigantesque par lequel on est arrivé. Au moins, on a le mérite de pas se marcher dessus. Par contre niveau déco, je pense que même le Razkaal est digne d’une colonie de vacances à côté. Ici aussi, des crânes et des ossements parcourent les murs mais il y a aussi des scènes sculptées dans la pierre. Des gens, la bouche ouverte, qui semblent hurler de terreur pendant qu’une créature étrange les bouffes vivant. A d’autres endroits, c'est des enfants qui se font avaler tout cru. Certaines me font même froncer le nez. Mais le pire ça reste ce qu’on trouve au centre de la pièce, un autel -décidément, ils aiment ça en république- avec un liquide sombre et épais. Ça ressemble à s’y méprendre à mon propre sang. Quand je lève le nez, j’ai ma confirmation.
— T’es sacrément moche.
Quoi ? C’est la vérité. Elle est laide comme un pou. Merci mes dieux de m’avoir permis de conserver ma trogne. Après j’admet, j’ai pas le teint le plus frais de République. Mais au moins, j’ai mes cheveux et l’air plus ou moins en vie si on y regarde pas de trop près. Elle… Passons. Je baisse à nouveau les yeux sur le sang. Nous les liches, on en a pas des masses, vu la quantité, ils doivent la saigner ici depuis un petit moment. Je grimace. Les gens savent pas vraiment ce que c’est que de revenir à la vie et d’avoir, du jour au lendemain, un créateur. Moi non plus, tout bien réfléchit. Et j’en suis bien contente. Si c’est pour survivre et finir comme un agneau sacrificiel chauve sur un autel à me faire saigner comme un goret tous les matins, autant crever une bonne fois pour toute.
— Eh, depuis quand t’as perdue ton empathie toi ? Le Razkaal t’as bouffé le cerv-... Quoi ? OH !
Même pas le temps de lancer une salve d’insulte que je suis obligée de courber l’échine pour pas que Portecendres me raccourcisse sur place. Je sens le mouvement d’air passer à un millimètre de mon cuir chevelu mais ce que je perçois avant tout, c’est l’explosion de la pierre contre le métal. En réponse, je sens ma peau se renforcer, c’est pas grand chose mais ça a le mérite d’éviter les coups de lames ou au moins de les faire riper. Puis je plante mes pieds dans le sol avant de laisser mes ombres faire le sale boulot. Mais comme tout un chacun le sait, Ryven est un rabat-joie. Alors avant même d’avoir eut le temps de réduire à l’état de gravier ma première statue, elle tombe en poussière.
— Tu m’as même pas laissé le temps de lui exploser la gueule !
Enfin, j’imagine que le problème vient de lui, c’est quand il a broyé le crâne de l’autre gargouille que ça a réduit les miens en poussière. Un coup d'œil vers lui m’avise de l’état de la cage où se trouvait la liche ; c’est peut-être sa disparition à elle qui a foutu en l’air le sort. L’idée est à creuser. Comme l’endroit où elle a pu filer. Est-ce qu’elle en a profité pour s’enfuir d’ici ou pour aller avertir son maître. P’t’être bien qu’elle va sagement rester dans l’ombre avant de nous sauter à la gorge quand on regardera pas. Par acquis de conscience, je braque le regard sur chaque zone d’ombre que Kieran peut pas voir. J’y décèle rien.
— Je sais pas. Mais ça pue.
Sans qu’il ait besoin de le demander, je le rejoins et me glisse sous le portail qu’il tient ouvert à mon attention. Le couloir qui nous attend est éclairé par une lueur d’un bleu pâle, et tout du long, notre route est jalonnée de Trêfle.
— Mh… Il nous attend ton gus. J’aime pas ça. Mais Kieran a déjà relâché le portail et de toute façon, on peut pas rebrousser chemin maintenant. On perdrait probablement la seule piste qu’on a réussi à glaner sur notre As. Puis contrairement aux officiers républicains, on fait notre job et on lambine pas. Je lance un vague regard à Ryven, histoire de s’assurer qu’on est sur la même longueur d’onde puis on avance d’un même pas. Enfin, en décalé, j’ai pas envie de manger son aile en pleine gueule. Mais en tout cas, je suis sûre d’une chose : on est à deux dans la merde. Et c’est à peu près la seule chose qui lui vaut mon respect.
Le sol sur lequel on marche est solide et sombre, le corridor est interminable. On a beau avancer, on en voit jamais le bout, il n’y a pas d’angle, pas d’intersection, on continue tout droit sur le qui-vive et c’est tout. Les secondes s’écoulent, puis viennent les minutes et bientôt j’ai l’impression qu’on table sur les heures. Forcément, notre concentration se relâche ou en tout cas, la mienne. Autour de nous, tout n’est que lueur bleuté, torches et silence écrasant.
— Plein le cul.
A peine le temps de commencer à râler que je sens comme une vague sous mes pieds. Quand je relève ma botte, c’est plus de la terre mais de la boue. Pourtant, j’ai pas bougé d’un iota. A droite, en périphérie de ma vision, dans un trèfle particulièrement gros, je décèle un mouvement.
— Eh, j’interpelle Kieran. — Si t’as une quelconque qualité en course, c’est le moment de le montrer. Cours, putain ! Dans un dérapage plus ou moins contrôlé, je me glisse sous son aile et je me met à courir. A chaque pas la terre devient plus molle, et malgré tous mes efforts je vois toujours pas le bout de ce foutu tunnel. Dans notre dos, le long des murs, des créatures semble essayer de s'extirper des trèfles. Elles n’ont pas de visage, une paire d’yeux vides et simplement une bouche sans dents qui nous veut probablement pas du bien. Je sais pas si c’est des morts vivants ou une autre création bizarre d’un mage tordu mais j’ai pas envie de rester là pour le découvrir. — Faut qu’on trouve une solution et vite !
Non pas que mon cœur tienne pas la cadence ou que mon souffle soit court mais le sol est toujours plus mou, et je m’enfonce maintenant jusqu’à la taille.
— Ca doit encore être une illusion de merde, faut qu’on sort-...
Quelque chose se referme sur ma cheville et m'entraîne sous la surface, me remplissant les poumons d’eau croupie au passage. Mais ce que je déteste plus encore, c'est les souvenirs que ça remue, loin, très loin, dans ma mémoire.
Je savais que la journée serait pourrit putain.
Dragon du Razkaal
Kieran Ryven
Messages : 339
crédits : 2203
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Info personnage
Race: Drakyn
Vocation: Guerrier combattant
Alignement: Neutre Bon
Rang: C
Un couloir.
C'était comme si on nous traçait un chemin, les murs cachant des griffes qui n'attendaient que de se refermer sur nous. Le piège est prévisible, l'appréhension persiste. Comme si chaque angle mort dissimulait une lame aiguisée prête à nous trancher la jugulaire. Pourtant, il fallait plonger, entrer dans ce boyau malade, maquillé par les symboles du Trèfle. Un symbole qui m'a l'air de cacher un bien grand égo, en plus de nous faire une jolie visite des lieux. Vermine a raison. Quand bien même j'ai fait le ménage sans ses ombres.
Ça pue. Et quelque chose me dit qu'on ne sera pas trop de deux.
Nos bottes font écho dans le couloir comme un tambour de guerre, les pierres qui le soutiennent paraissent fissurées, effritées, supportant le plafond depuis beaucoup trop longtemps pour en avoir une précision exacte.
Alors, on marche. Encore. Et encore. Et encore.
Je fronce les sourcils, il ne me faudra pas longtemps pour observer ce couloir sans fond, mais tout en observant des détails. Comme ce trèfle peint sur le mur. Une tâche noire de peinture est sur la droite... Et c'est la quatrième fois que je le vois. Le chemin ne fait aucun crochet, pas d'irrégularité, hormis cette tâche que je remarque assez de fois pour soumettre mon cerveau dans une rude épreuve. Notre avancée va ensuite se rythmer par des clapotis étranges sous nos bottes. De la boue, là, qui vient de nulle part.
Puis le vrombissement qui précède des tremblements, suffisamment occupant pour faire vibrer les écailles de ma nuque. Vermine va se retourner, et à ses mots, je me retourne doucement, en redoutant le pire. Bon sang, cette mission est une véritable farce. La liche me double, et c'est là que je réalise à quel point mes ailes deviennent beaucoup trop encombrantes ; dans une cacophonie dérangeante, elles se rétractent sous mes omoplates, et laissent la liberté de passage à mon binôme, et au passage, sauver mes esgourdes de ses futures plaintes.
Maintenant il était question de cavaler.
Le buste penché vers l'avant, mes jambes me propulsent vers l'avant en retournant la boue pour mieux marquer les murs. Le couloir se déforme en espèce de cauchemar sinistre, où même les murs ne sont même plus des soutiens. Les Trèfles s'ouvrent comme des gueules tordues, crachant des créatures édentées aux orbites vides qui dégagent leurs bras crochus fins, comme le branchage d'un arbre mort contre les parois du corridor. Il fallait trouver une solution, et vite. Sortir de là était le premier objectif, raté. Maintenant on se fait pourchasser par des êtres difformes, et avant que je ne puisse continuer à réfléchir... Vermine se fait avaler par le sol, voyant un dégueulis de boue s'introduire dans sa bouche comme pour s'assurer de sa fatale noyade. Mon bras part dans sa direction, pour essayer de l'attraper, quitte à la sortir de là par les cheveux, mais trop tard.
« VERMINE. »
Mais Vermine est Vermine. Un cafard increvable. Mes deux bras levés pour pulvériser le sol et au moins essayer de la rejoindre, des bras m'attrapent à la gorge, aux épaules aux jambes, me faisant chanceler vers l'arrière, et tomber de manière vertigineuse dans un des trèfles, m'avalant moi et facilement cinq créatures qui commencent à enfoncer leurs crochets acérés dans mon uniforme pour creuser ma chair.
On tombe dans les ténèbres, qui ne s'éclairent même pas, malgré le torrent de flamme qui s'échappe de ma bouche, incinérant ces monstruosités dans des plaintes stridentes. Doucement, je ressens l'air ambiant des catacombes, le sifflement du vent puis un sol qui grandit... Réalisant que je chute, vite, beaucoup trop vite. Mes ailes se déploient et je parviens in extremis à ralentir ma course pour atterrir, un genou et un poing au sol dans une lourde secousse. Quelque perles de sang commencent à couler à différent endroit de moi, des plaies aussitôt régénérées. Face à moi, un trèfle fabriqué avec des ossements, posés sur un socle, à l'entrée d'un nouveau couloir.
Je commence à saisir la manœuvre. Nous sommes deux rats piégés dans les entrailles d'une cour de récréation, dont notre cible prend un malin plaisir à nous malmener. Je contourne le symbole osseux, plongeant cette dans une ridelle à peine éclairée. J'arrache un ossement, le brûle en soufflant dessus pour m'en faire une nouvelle torche. Ma voix caverneuse remplit l'endroit, le son poignardant l'autre bout dans un écho presque éthérique. Il y a comme une odeur de renfermée, de poussières, et bien sûr... De cadavre.
« Vermine ? Tu m'entends ? »
Nous séparer pour nous affaiblir. C'est une bonne idée. Dommage que le plan soit appliqué aux gardiens de prison les plus redoutables de la République. Ma cape déchirée par la précédente attaque lèche le sol dans une friction régulière, marchant dans l'obscurité sans la moindre hésitation dans mes pas.
« Tu crois que l'obscurité est ton allié, pourtant le Razkaal est né dedans, Trèfle. » Que je siffle, tranchant.
Nos cartes ne sont pas encore posées, et je prends un malin plaisir à observer son jeu.
On arrive, et tu ne sauras pas nous arrêter.
C'était comme si on nous traçait un chemin, les murs cachant des griffes qui n'attendaient que de se refermer sur nous. Le piège est prévisible, l'appréhension persiste. Comme si chaque angle mort dissimulait une lame aiguisée prête à nous trancher la jugulaire. Pourtant, il fallait plonger, entrer dans ce boyau malade, maquillé par les symboles du Trèfle. Un symbole qui m'a l'air de cacher un bien grand égo, en plus de nous faire une jolie visite des lieux. Vermine a raison. Quand bien même j'ai fait le ménage sans ses ombres.
Ça pue. Et quelque chose me dit qu'on ne sera pas trop de deux.
Nos bottes font écho dans le couloir comme un tambour de guerre, les pierres qui le soutiennent paraissent fissurées, effritées, supportant le plafond depuis beaucoup trop longtemps pour en avoir une précision exacte.
Alors, on marche. Encore. Et encore. Et encore.
Je fronce les sourcils, il ne me faudra pas longtemps pour observer ce couloir sans fond, mais tout en observant des détails. Comme ce trèfle peint sur le mur. Une tâche noire de peinture est sur la droite... Et c'est la quatrième fois que je le vois. Le chemin ne fait aucun crochet, pas d'irrégularité, hormis cette tâche que je remarque assez de fois pour soumettre mon cerveau dans une rude épreuve. Notre avancée va ensuite se rythmer par des clapotis étranges sous nos bottes. De la boue, là, qui vient de nulle part.
Puis le vrombissement qui précède des tremblements, suffisamment occupant pour faire vibrer les écailles de ma nuque. Vermine va se retourner, et à ses mots, je me retourne doucement, en redoutant le pire. Bon sang, cette mission est une véritable farce. La liche me double, et c'est là que je réalise à quel point mes ailes deviennent beaucoup trop encombrantes ; dans une cacophonie dérangeante, elles se rétractent sous mes omoplates, et laissent la liberté de passage à mon binôme, et au passage, sauver mes esgourdes de ses futures plaintes.
Maintenant il était question de cavaler.
Le buste penché vers l'avant, mes jambes me propulsent vers l'avant en retournant la boue pour mieux marquer les murs. Le couloir se déforme en espèce de cauchemar sinistre, où même les murs ne sont même plus des soutiens. Les Trèfles s'ouvrent comme des gueules tordues, crachant des créatures édentées aux orbites vides qui dégagent leurs bras crochus fins, comme le branchage d'un arbre mort contre les parois du corridor. Il fallait trouver une solution, et vite. Sortir de là était le premier objectif, raté. Maintenant on se fait pourchasser par des êtres difformes, et avant que je ne puisse continuer à réfléchir... Vermine se fait avaler par le sol, voyant un dégueulis de boue s'introduire dans sa bouche comme pour s'assurer de sa fatale noyade. Mon bras part dans sa direction, pour essayer de l'attraper, quitte à la sortir de là par les cheveux, mais trop tard.
« VERMINE. »
Mais Vermine est Vermine. Un cafard increvable. Mes deux bras levés pour pulvériser le sol et au moins essayer de la rejoindre, des bras m'attrapent à la gorge, aux épaules aux jambes, me faisant chanceler vers l'arrière, et tomber de manière vertigineuse dans un des trèfles, m'avalant moi et facilement cinq créatures qui commencent à enfoncer leurs crochets acérés dans mon uniforme pour creuser ma chair.
On tombe dans les ténèbres, qui ne s'éclairent même pas, malgré le torrent de flamme qui s'échappe de ma bouche, incinérant ces monstruosités dans des plaintes stridentes. Doucement, je ressens l'air ambiant des catacombes, le sifflement du vent puis un sol qui grandit... Réalisant que je chute, vite, beaucoup trop vite. Mes ailes se déploient et je parviens in extremis à ralentir ma course pour atterrir, un genou et un poing au sol dans une lourde secousse. Quelque perles de sang commencent à couler à différent endroit de moi, des plaies aussitôt régénérées. Face à moi, un trèfle fabriqué avec des ossements, posés sur un socle, à l'entrée d'un nouveau couloir.
Je commence à saisir la manœuvre. Nous sommes deux rats piégés dans les entrailles d'une cour de récréation, dont notre cible prend un malin plaisir à nous malmener. Je contourne le symbole osseux, plongeant cette dans une ridelle à peine éclairée. J'arrache un ossement, le brûle en soufflant dessus pour m'en faire une nouvelle torche. Ma voix caverneuse remplit l'endroit, le son poignardant l'autre bout dans un écho presque éthérique. Il y a comme une odeur de renfermée, de poussières, et bien sûr... De cadavre.
« Vermine ? Tu m'entends ? »
Nous séparer pour nous affaiblir. C'est une bonne idée. Dommage que le plan soit appliqué aux gardiens de prison les plus redoutables de la République. Ma cape déchirée par la précédente attaque lèche le sol dans une friction régulière, marchant dans l'obscurité sans la moindre hésitation dans mes pas.
« Tu crois que l'obscurité est ton allié, pourtant le Razkaal est né dedans, Trèfle. » Que je siffle, tranchant.
Nos cartes ne sont pas encore posées, et je prends un malin plaisir à observer son jeu.
On arrive, et tu ne sauras pas nous arrêter.
Citoyen de La République
Vermine
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La vie, c’est toujours deux poids, deux mesures. Elle te chie autant dessus que tu lui chie dessus. Parfois plus, histoire de te rappeler qui c’est qui commande et si tu décides d’être meilleur qu’elle, elle trouve toujours un moyen de te rappeler qu’ici, c’est pas toi qui fait la loi. Mon existence est un pied de nez à cette connasse. Même si j’ai pas demandé ni à crever, ni à revenir dans cet état. Mais ça, la vie, elle s’en carre le cul comme de sa première culotte. Tout ce qu’elle retient c’est que je suis là et que je devrais pas y être, alors elle s’évertue à m’emmerder chaque jour que ces putains de dieux font. Y’en a juste certains qui sont plus évident à vivre que d’autres et celui là, vraiment, quelle merde.
La voix de Kieran éclate entre les murs de pierre, mon prénom sur ses lèvres et je tends bêtement la main vers la sienne tout en sachant pertinemment qu'il ne pourra pas me remettre la main dessus, pas plus que lui beugler de m’aider changera quelque chose. Au contraire, ça m’oblige à avaler de travers un grand bol d’eau crade. Le problème d’avoir un corps mort et un esprit vivant, c’est que les réflexes restent. Quand je sens la première gorgée arriver dans mes poumons, ma tête à déjà disparu en dessous de la surface. Machinalement, j’essaye de tousser pour expulser l’eau que je sens m’asphyxier. Marrant ce que le cerveau est capable de reproduire comme sensation. Je mourrais pas noyée, c’est déjà fais, maintenant ça ne peut plus se reproduire mais ça m’empêche pas de paniquer et d’oublier. Je veux de l’air et cracher tout ce qui se balade dans mes poumons. C’est la seule pensée qui arrive à se frayer un chemin dans mon esprit. Mon corps veut quelque chose dont il a pas besoin et moi je suis incapable raisonner. Alors j’inspire, exactement comme le ferait n’importe quel être humain dont le corps le force à respirer. Triste concept que celui de la noyade, avoir l'organisme qui panique tellement que c’est lui qui finit par t’achever. Quoi que l’évanouissement t’épargne la partie pas amusante de la chose en général.
Mes poumons sont en feu, ce qui me tient la cheville refuse de lâcher malgré mes ruades mais je ne meurs pas. Je me noie perpétuellement, dans un cycle interminable. Je revis cette nuit-là inlassablement. Je sais pas combien de temps il s’écoule, pas plus que je ne sais depuis combien de temps on m’a laissé crevé dans ces égouts. Autour de moi, tout est noir. La lueur dans mes yeux ne suffit pas à discerner autre chose qu’une eau grise, tout me semble sans début ni fin. Et il fait froid, froid, froid. Comme la dernière fois. Sauf que cette fois là, c’était la vie qui quittait mon corps, là c’est juste les putains catacombes. Ça me revient brusquement comme si je me réveillais enfin d’un cauchemar. Ma main plonge sur la dague la plus proche avant que me recroqueville aussi vite que possible pour frapper à l’endroit ou je devine qu’on me retient. Un coup, deux coups, trois coups. Merde, ça tiens bon. J’attrape une seconde lame, cette fois à dents et je recommence. Un, deux, trois, quatre. Le goût de la terre se mêle à celui de la cendre bientôt saupoudré de cet arrière goût ferrugineux. Je l’ai. La détermination renouvelée, je me tord encore plus pour atteindre ma cible. Je ne sais pas trop ni ou, ni comment mais dans la profondeur des ténèbres, j’ai l’impression d’entendre un cri puis le poids qui me retenait prisonnière se défait. J’abandonne mes armes, prêtes à nager vers la surface. Mais comme je l’ai dis, le principe de la vie, c’est de me chier dessus alors plutôt que de remonter vers la surface, je me fais aspirer plus profond encore comme dans le siphon d’un évier.
Autour de moi tout tourne, mon corps est brinquebalé dans tous les sens, malmené comme si j’étais rien de plus qu’une poupée de chiffon. Je sens mes os qui craquent, mes articulations qui gémissent. Ça va vite, trop vite et à la fois trop lentement jusqu’à ce que mon dos heurte une surface dure avec tellement de force qu’à défaut de me couper un souffle que j’ai pas, ça me fait dégueuler au moins un litre d’eau. Le deuxième tarde pas à suivre après que je me sois enfoncé deux doigts jusqu’à la glotte plusieurs fois. Foutu réflexe vomitif inexistant. Quoi que ça peut avoir ses avantages mais là n’est pas le sujet.
Je sais pas où je me trouve mais quand je commence enfin à rassembler mes idées, je remarque qu’ici aussi les murs sont ornés de dizaines de trèfles. Exactement comme la pièce où Ryven et moi avons été enfermés y a quelques minutes. Ou quelques heures. Je sais pas vraiment où j’en suis, toujours est-il que je suis encore dans les catacombes. Dans un grognement, je me remet sur mes pieds puis dégage la serpillère qui me sert de tignasse de mes yeux. Je me sens comme un caniche par un jour de pluie putain. Mes ombres qui s’étaient jusqu’à lors tenues tranquilles reviennent s’enrouler autour de moi à la manière d’un chat qui accueille son maître. Une sensation rassurante, en opposition aux affres de mon passé que je sens me lorgner à la lisière de ma folie.
— Hé, Ryven !
Ryven Ryven Ryven Ryven Ryven Ryven Ryven Ryven.
L’écho, c’est tout ce qui me répond.
Devant moi s’étend une allée si sombre que j’en vois pas le bout malgré ma vision dans le noir. Mes doigts pianotent sur mon corps, vérifient la présence de mes armes, hormis celles que j’ai abandonnées ; tout est trempé mais tout est là. Sauf mon petit doigt, merde.
N’ayant pas d’autres choix que celui d’avancer, je reprends ma marche dans les entrailles de la ville. Même si je suis certaine qu’on est toujours dans les catacombes, je suis pas foutu de savoir où et vu la gueule de la carte, c’est pas elle qui va m’aider. J’ose même pas l’ouvrir de peur qu’elle se désagrège complètement. J’avance aussi discrètement que possible jusqu’à arriver à un carrefour que j’observe attentivement avant de m’y engager, je le fais que quand je suis certaine de pas tomber dans un piège. Hélas, à peine je pénètre dans ce qui ressemble à un atrium que des torches s’allument l’une après l’autre à une vitesse vertigineuse, m’aveuglant au passage.
— Putain, c’est quoi ce bordel ! Je grommelle en me protégeant les yeux du bras.
— Et si on jouait à un jeu ? Murmure une petite voix qui pourtant se réverbère sur chaque mur comme un hurlement.
Ah.
La voix de Kieran éclate entre les murs de pierre, mon prénom sur ses lèvres et je tends bêtement la main vers la sienne tout en sachant pertinemment qu'il ne pourra pas me remettre la main dessus, pas plus que lui beugler de m’aider changera quelque chose. Au contraire, ça m’oblige à avaler de travers un grand bol d’eau crade. Le problème d’avoir un corps mort et un esprit vivant, c’est que les réflexes restent. Quand je sens la première gorgée arriver dans mes poumons, ma tête à déjà disparu en dessous de la surface. Machinalement, j’essaye de tousser pour expulser l’eau que je sens m’asphyxier. Marrant ce que le cerveau est capable de reproduire comme sensation. Je mourrais pas noyée, c’est déjà fais, maintenant ça ne peut plus se reproduire mais ça m’empêche pas de paniquer et d’oublier. Je veux de l’air et cracher tout ce qui se balade dans mes poumons. C’est la seule pensée qui arrive à se frayer un chemin dans mon esprit. Mon corps veut quelque chose dont il a pas besoin et moi je suis incapable raisonner. Alors j’inspire, exactement comme le ferait n’importe quel être humain dont le corps le force à respirer. Triste concept que celui de la noyade, avoir l'organisme qui panique tellement que c’est lui qui finit par t’achever. Quoi que l’évanouissement t’épargne la partie pas amusante de la chose en général.
Mes poumons sont en feu, ce qui me tient la cheville refuse de lâcher malgré mes ruades mais je ne meurs pas. Je me noie perpétuellement, dans un cycle interminable. Je revis cette nuit-là inlassablement. Je sais pas combien de temps il s’écoule, pas plus que je ne sais depuis combien de temps on m’a laissé crevé dans ces égouts. Autour de moi, tout est noir. La lueur dans mes yeux ne suffit pas à discerner autre chose qu’une eau grise, tout me semble sans début ni fin. Et il fait froid, froid, froid. Comme la dernière fois. Sauf que cette fois là, c’était la vie qui quittait mon corps, là c’est juste les putains catacombes. Ça me revient brusquement comme si je me réveillais enfin d’un cauchemar. Ma main plonge sur la dague la plus proche avant que me recroqueville aussi vite que possible pour frapper à l’endroit ou je devine qu’on me retient. Un coup, deux coups, trois coups. Merde, ça tiens bon. J’attrape une seconde lame, cette fois à dents et je recommence. Un, deux, trois, quatre. Le goût de la terre se mêle à celui de la cendre bientôt saupoudré de cet arrière goût ferrugineux. Je l’ai. La détermination renouvelée, je me tord encore plus pour atteindre ma cible. Je ne sais pas trop ni ou, ni comment mais dans la profondeur des ténèbres, j’ai l’impression d’entendre un cri puis le poids qui me retenait prisonnière se défait. J’abandonne mes armes, prêtes à nager vers la surface. Mais comme je l’ai dis, le principe de la vie, c’est de me chier dessus alors plutôt que de remonter vers la surface, je me fais aspirer plus profond encore comme dans le siphon d’un évier.
Autour de moi tout tourne, mon corps est brinquebalé dans tous les sens, malmené comme si j’étais rien de plus qu’une poupée de chiffon. Je sens mes os qui craquent, mes articulations qui gémissent. Ça va vite, trop vite et à la fois trop lentement jusqu’à ce que mon dos heurte une surface dure avec tellement de force qu’à défaut de me couper un souffle que j’ai pas, ça me fait dégueuler au moins un litre d’eau. Le deuxième tarde pas à suivre après que je me sois enfoncé deux doigts jusqu’à la glotte plusieurs fois. Foutu réflexe vomitif inexistant. Quoi que ça peut avoir ses avantages mais là n’est pas le sujet.
Je sais pas où je me trouve mais quand je commence enfin à rassembler mes idées, je remarque qu’ici aussi les murs sont ornés de dizaines de trèfles. Exactement comme la pièce où Ryven et moi avons été enfermés y a quelques minutes. Ou quelques heures. Je sais pas vraiment où j’en suis, toujours est-il que je suis encore dans les catacombes. Dans un grognement, je me remet sur mes pieds puis dégage la serpillère qui me sert de tignasse de mes yeux. Je me sens comme un caniche par un jour de pluie putain. Mes ombres qui s’étaient jusqu’à lors tenues tranquilles reviennent s’enrouler autour de moi à la manière d’un chat qui accueille son maître. Une sensation rassurante, en opposition aux affres de mon passé que je sens me lorgner à la lisière de ma folie.
— Hé, Ryven !
Ryven Ryven Ryven Ryven Ryven Ryven Ryven Ryven.
L’écho, c’est tout ce qui me répond.
Devant moi s’étend une allée si sombre que j’en vois pas le bout malgré ma vision dans le noir. Mes doigts pianotent sur mon corps, vérifient la présence de mes armes, hormis celles que j’ai abandonnées ; tout est trempé mais tout est là. Sauf mon petit doigt, merde.
N’ayant pas d’autres choix que celui d’avancer, je reprends ma marche dans les entrailles de la ville. Même si je suis certaine qu’on est toujours dans les catacombes, je suis pas foutu de savoir où et vu la gueule de la carte, c’est pas elle qui va m’aider. J’ose même pas l’ouvrir de peur qu’elle se désagrège complètement. J’avance aussi discrètement que possible jusqu’à arriver à un carrefour que j’observe attentivement avant de m’y engager, je le fais que quand je suis certaine de pas tomber dans un piège. Hélas, à peine je pénètre dans ce qui ressemble à un atrium que des torches s’allument l’une après l’autre à une vitesse vertigineuse, m’aveuglant au passage.
— Putain, c’est quoi ce bordel ! Je grommelle en me protégeant les yeux du bras.
— Et si on jouait à un jeu ? Murmure une petite voix qui pourtant se réverbère sur chaque mur comme un hurlement.
Ah.
Dragon du Razkaal
Kieran Ryven
Messages : 339
crédits : 2203
crédits : 2203
Info personnage
Race: Drakyn
Vocation: Guerrier combattant
Alignement: Neutre Bon
Rang: C
Les ténèbres s’alourdissent autour de moi, pressantes, comme si l’air lui-même cherchait à m’étouffer, moi et ma torche. Un chuchotement presque inaudible commence à s’infiltrer dans mes oreilles, des murmures étranges, insidieux. Ça ressemble à un langage inconnu, mais l’intention est claire : elles essaient de pénétrer ma tête. Je n’ai pas besoin de savoir ce qu’elles cherchent. Les murmures me parviennent lentement, un bourdonnement indistinct qui se tord autour de mes pensées. Un souffle froid, discret, mais persistant. Ces voix cherchent à s’insinuer dans mon esprit, comme des insectes qui bourdonnent dans l’ombre. Mais, je suis Drakyn. Je n’ai pas à m’inquiéter de ce genre de choses. En principe...
Je les ignore. Je sais qu’elles ne peuvent pas m’atteindre, mais quelque chose en moi, une frustration sourde, se réveille. C’est comme si elles cherchaient à me perturber, à me tester, mais il n’y a rien à gagner ici. Je resserre ma prise sur la claymore. Le sol tremble sous mes pieds. Un mouvement rapide dans l’obscurité, et trois silhouettes difformes surgissent soudainement. Des mort-vivants. Leur démarche est précipitée, leur respiration sifflante et irrégulière, mais leur intention est claire.
Le premier se rue sur moi, sa mâchoire déformée ouverte dans un râle silencieux, ses bras tendus comme des serres. Mais ce n’est qu’un pantin, dont les fils sont visibles. Avec une claque brutale, j'écrase son bras d’un coup de queue dorsale renforcée. Le crâne craque sous la pression, et je n’ai même pas besoin de bouger un muscle pour sentir sa structure fragile se briser. Il se fige, ses membres agités d’un dernier spasme avant de se jeter sur moi. D’un coup sec de la claymore, je tranche la créature en deux, l’odeur de chair morte se répandant dans l’air alors qu’elle s'effondre sans vie.
Je n'ai pas le temps de souffler. Le deuxième mort-vivant me charge, les dents claquées contre un visage déformé, des bras comme des piques qu’il projette sur moi. Mais je suis plus rapide. Un coup de ma queue dorsale le frappe de plein fouet, écrasant ses côtes et l’envoyant valser contre un mur dans un craquement sinistre. Il se redresse immédiatement, tel un pantin qu’on ne peut briser. Mais il est déjà trop tard. Je m’avance d’un pas, ma claymore virevoltant avec une fluidité mortelle, et je découpe son torse, faisant voler des morceaux de chair pourrie sous l'impact. Il s'effondre dans un silence macabre, sa silhouette vacillant avant de tomber.
Le troisième se rapproche. Ce n’est pas le même genre de créature. Celui-ci, plus agile, plus rusé. Il semble plus solide, comme si une force plus puissante animait sa carcasse. Il se jette vers moi dans une rafale de mouvement, mais je suis prêt. Ma queue dorsale se tend, mes écailles renforcées en acier s'illuminent d'une lueur sombre alors qu’elle s’écrase contre ses hanches, l’envoyant au sol. Mais il ne disparaît pas. Il rugit, se redressant immédiatement, ses bras s’agitant comme des fouets dans l’air. Mais sa bouche ouverte va recevoir ma botte lourde, pour mieux l'encastrer contre la paroi dans une brisure d'os et de chair déchirée.
Un instant de silence. Mes yeux balayent la pièce. Je m’assure que les créatures ne se relèveront pas. Pas de surprises. Je reprends ma respiration, me recentre. C’est le chaos, ici. Une tension sourde dans l’air, et le sol semble vouloir m’engloutir. Mais pour l’instant, ce n’est pas mon problème. Pas tant que je peux me tenir droit.
Je tourne le regard vers le couloir. Le vent qui passe dans les catacombes fait frémir l’air autour de moi. Cette fois, je me concentre uniquement sur ce que je dois faire. J’avance d’un pas. Un autre. Et encore un. Sans précipitation, sans bruit inutile.
L’obscurité m’enveloppe, mais elle ne me touche pas. Elle m’entoure comme une mer calme qui ne fait que suivre le mouvement de mes pas. Je suis déjà trop loin pour y prêter attention. Je repense à la Trèfle, aux symboles qui marquent ces murs. Cette magie n’est pas spontanée, elle est calculée. Contrôlée. Quelqu’un ou quelque chose a orchestré cela, et je suis prêt à parier que c'est la main du Trèfle. Ces monstres sont comme des spectres arrachés à la réalité, piégés entre l’illusion et la mort. La magie qui les maintient ici n’est pas que nécromancie. Elle est aussi manipulée par des illusions tissées dans l’obscurité, des failles dans l’esprit, des fragments de rêves qu’on a forcés à prendre vie. Et je remercie mon immunité de m'en préserver en partie.
Dans ce silence qui suit l’affrontement, je sais que tout ce qui m’attend, c’est plus de ténèbres à traverser.
« Vermine ? Où tu es ? » Que je tonne, entendant uniquement l'écho de ma voix.
Et je vais le faire.
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