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    Noble de La République
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    Verndrick Vindrœkir
    Verndrick Vindrœkir
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    Race: Humain/Elfe
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    Rang: B
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  • Lun 4 Nov - 18:37
    Clint Lesdelk revenait d’un long voyage, son dernier avant qu’il n’entame l’ultime. L’avantage de connaître l’heure de sa mort était de pouvoir s’y préparer sans crainte. Clint descendait d’une longue lignée de bijoutiers et de joailliers. Des métiers très stéréotypés pour le nain qu’il était, mais les clichés naissaient d'une part de vérité. Comme son père avant lui, il avait hérité du don. Il était capable de prendre des morceaux de métal, un morceau de pierre, et d’en façonner les plus beaux bijoux.

    À une époque, sa famille fournissait de magnifiques joyaux aux nobles à travers tout le Sekai. Mais leur âge d’or était passé depuis des siècles. Aujourd’hui, seuls quelques connaisseurs passaient des commandes pour des articles personnalisés. De vieilles familles qui n’avaient pas oublié le talent de la maison Lesdelk. Les Vindrœkir en faisaient partie, et il aurait pu compter sur eux pour redorer le blason de son nom. La vieille elfe qui gérait le manoir et la plupart des activités de cette famille d’aventuriers avait à de nombreuses reprises proposé de le présenter à de nouveaux clients dans la noblesse, mais Clint avait toujours décliné.

    La vérité était qu’il ne pouvait pas se permettre d’attirer sur lui ce genre de lumière. Cela perturberait ses réelles activités. Ses partenaires du monde souterrain, s’il pouvait les appeler ainsi, n’aimaient pas trop l’attention. C’était à cause d’eux qu’il avait dû fuir un temps. Le temps de s’assurer que l’héritage de sa famille perdurerait après sa mort. C’était à cause d’eux qu’il était revenu. Un autre cliché sur les nains était qu’ils avaient la rancune tenace. Et depuis qu’on avait détecté chez Clint une maladie incurable du cœur cinq ans plus tôt, il avait commencé la planification de sa vengeance envers ceux qui avaient muselé et abusé de son don. Il leur laisserait un petit cadeau de départ, le genre bien empoisonné.

    Le nain sourit en pensant à ce dernier mot, il était très approprié pour ce qui allait suivre. D’une main, il caressa la porte de sa boutique, qui était restée fermée plusieurs mois durant son absence, avant de la déverrouiller. La bâtisse était en pierre sombre et vieillie avec une devanture sobre qui pouvait passer pour intrigante quand on savait ce qu’elle abritait. Si Clint n’avait pas opté pour des fenêtres vitrées comme ses concurrents pour attirer l’œil des passants sur ses articles, l’enseigne qui trônait au-dessus du bâtiment, un marteau frappant une gemme avec écrit en dessous “Bijouterie Lesdelk”, indiquait clairement la nature de la boutique.

    En entrant dans l’établissement, on était souvent accueilli par une douce odeur de métal chauffé et de bois ciré. Clint, lui, ne sentit que de la poussière quand il ouvrit la porte après avoir temporairement désactivé son système d’alarme. Sous le faible éclat de l’orbe magique qu’il tenait, on pouvait voir des présentoirs en bois sombre garnissant les murs, exposant des bagues, colliers et diadèmes sertis de gemmes étranges. Beaucoup étaient de qualité moyenne voire médiocre, mais Clint aimait y cacher quelques rares articles exceptionnels que seul pouvait déceler un œil averti. Au fond de la pièce principale se trouvaient deux lourdes portes en bois. L’une d’elles, actuellement entrouverte, menait vers un atelier.

    À l’intérieur, on pouvait noter des traces du travail acharné du joaillier. Un établi en bois massif croulant sous les outils : marteaux, pinces, loupes, et fines lames de métal. Une grande enclume reposait près du fourneau, alimenté d’habitude par du charbon mais actuellement éteint. Près de lui, une meule à pédale permettait de polir les pierres précieuses, et plusieurs coffres jonchaient le sol de l’atelier. Des croquis de bijoux ornaient également le mur, souvent dessinés à la main, révélant un mélange de talent artistique et de rigueur de l’artisan.

    Clint ignora cette porte et se dirigea vers la seconde, celle qui menait à sa chambre. Une pièce plus sobre et dépourvue d’ornements. Le nain infusa du thé à l’aide du petit brûleur posé sur le bureau, puis s’installa dans le lit à côté quand le breuvage fut prêt. Il y versa le contenu d’un petit sachet de poudre avant de porter la tasse à ses lèvres. Le poison était censé être indolore. Il sourit en pensant à ses dernières actions avant de rejoindre la boutique.

    Il avait chargé le seul employé qui l’aidait à tenir la boutique de faire parvenir une missive au manoir Vindrœkir dans les cinq jours à venir. Norbald n’avait pas compris pourquoi il lui confiait la lettre autant en avance. Le pauvre gobelin serait le premier à découvrir son cadavre le lendemain à l’aube quand il viendrait ouvrir la boutique. Il avait besoin que l’Office fasse son enquête préalable et que la Banque des chaînes ait eu le temps de mettre un enquêteur sur son dossier avant l’intervention de la famille de la vieille noble. Avoir la banque qui se mêlait de l’affaire finirait de les convaincre que son supposé meurtre méritait une enquête approfondie. Et le contenu de ses coffres, comme l’absence d’un testament, lui assurait cela.

    Clint était très vieux. Et s’il ne le montrait jamais, il avait accumulé une petite fortune au cours des cent vingt années qu’il avait passées sous le soleil. Le genre de fortune qui motivait la recherche d’un héritier. C’était un détail qu’il avait tenu à préciser dans la lettre adressée aux Vindrœkir. Elle était courte et directe comme il les aimait.

    Dame Satoshi,

    Si vous lisez cette lettre, c’est que je suis mort, sûrement assassiné par l’un de mes nombreux ennemis. Vous m’avez proposé votre aide à de nombreuses reprises et j’ai chaque fois refusé. Je viens la solliciter maintenant que j’ai poussé mon dernier souffle. Je n’ai jamais aimé la charité. Je vous ai confectionné il y a environ un an un ensemble de bijoux. Vous m’aviez demandé alors la valeur de mon travail. J’avais demandé un service futur au lieu d’or en guise de paiement.

    Aujourd’hui, je réclame mon dû. La valeur de mon travail, c’est votre fils, Verndrick. Je veux qu’il enquête sur ma mort. Qu’il retrouve et punisse mes ennemis. Et qu’il retrouve mon seul héritier. Je l’ai caché pour qu’il ne soit pas pris pour cible. Il trouvera des indices sur sa cachette dans ma boutique. J’ai joint une clé à la lettre. Je dirai bien que je suis désolé de vous forcer la main par ma mort, mais ce n’est pas le cas.

    Bien à vous,

    Clint Lesdelk

    ***

    Il fallut plusieurs lectures à Verndrick pour digérer tout le contenu de la missive. “Punir ses ennemis”, le joaillier le prenait-il pour une sorte de vengeur ? Le ton sec de la lettre et le fait qu’elle passait pour du chantage le rendirent très réticent à accepter la requête. Satoshi confirma néanmoins les mots de Clint, et l’aventurier se décida à mener l’enquête, ne serait-ce que pour satisfaire sa curiosité.

    La boutique en question se trouvait à l’orée des quartiers des nantis et l’aventurier ne mit pas longtemps à la rejoindre. Le courrier était venu à peine une heure plus tôt et il voulait se rendre sur place et inspecter les lieux avant que les fameux indices qu’elle contenait ne soient altérés. Il comptait ensuite toucher un de ses contacts dans l’OR pour récupérer les informations qu’ils avaient sur l’enquête.

    Il allait se saisir de la clé de l’établissement quand il se rendit compte que l’entrée n'était pas fermée. Les banderoles indiquant la saisie temporaire du bâtiment par l’OR avaient été arrachées et la porte était entrouverte. Verndrick dégaina un poignard et poussa légèrement la porte pour rentrer dans la boutique. Cependant, sa tentative de discrétion fut aussitôt sabotée par le bruit distinctif d’une sonnette. Ce n’était pas une alarme classique, mais une rune magique dessinée juste au-dessus de l’entrée qui se déclenchait en détectant le mouvement de la porte.

    Pourquoi est-elle aussi sensible,” souffla-t-il entre les dents avant de balayer la pièce du regard pour voir qui l’avait précédé.


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