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Citoyen de La République
Gunnar Bremer
Messages : 215
crédits : 1537
crédits : 1537
Info personnage
Race: Humain
Vocation: Guerrier assassin
Alignement: Chaotique Neutre
Rang: C
-Vous avez de la visite.
Je lève la tête de mon oreiller en fronçant un sourcil, dévisageant la guérisseuse. Qui est-ce que ça pourrait être ? Qui pourrait savoir que je suis là ? J’ai soudainement une idée et mon cœur se met à palpiter. C’est que je ne suis pas très présentable. J’ai les cheveux ébouriffés, la propreté est discutable, surtout après tout ce qu’on a traversé et enfin, je suis plutôt à mon aise sous mon drap. J’essaie de remettre un peu d’ordre aussi vite que je peux, c’est qu’il y a pas beaucoup de distance entre le coin où je me repose et l’entrée du bâtiment.
La voilà.
Elle rentre.
C’est Madame.
Et derrière, Krueger, Banania, Tarot, Surin et Bistouri entrent.
Si c’est eux, j’avais pas à m’inquiéter.
-Salut les gars.
-Capitaine ! Vous avez bonne mine.
-C’est que c’était pas si grave. Et puis, Bistouri m’a évité des complications.
-Oh, j’ai fait que mon devoir.
-Vous avez tous fait votre devoir, aussi.
-Oh, c’est gentil ça, Capitaine.
-J’ai entendu dire que vous aviez bien géré pour ramener les civils dans leur quartier.
-Ca, c’est surtout grâce à Banania.
-Yé été bien formé.
-Tu progresses vite. Un jour, tu seras un véritable officier républicain.
-Autre truc, Cinglé a pris une mise à pied. Il a menacé un civil qui l’a mal regardé.
-Quel con lui.
-Tenez Capitaine, on vous a ramené des biscuits.
Krueger me tend une petite boîte avec lesdits biscuits. Je peux m’attendre à avoir de la bonne qualité si c’est lui qui les a choisis. Surement un petit producteur faisant des spécialités d’un petit quartier que je ne connais pas. Je les remercie avant de les jauger du regard. Ca doit être la première fois qu’il m’offre quelque chose et j’ai déjà été blessé par le passé, ce n’est pas pour cette raison. Même à ma promotion de Capitaine, ils n’ont pas fait ça.
-Crachez le morceau.
Ils font mine de ne pas comprendre.
-Crachez le morceau où je m’en souviendrais davantage que ces biscuits.
Ils ont l’air embarrassés, se regardant les uns les autres à la recherche de celui qui se lancera. Finalement, Madame s’y met avec flegme.
-Ça bouge dans la hiérarchie. Il y a le Commissaire Lightborn qui a fait le con durant la manifestation. Du coup, il y a un divisionnaire qui monte et faut le remplacer.
-Et alors ?
Paraîtrait que votre nom fait partie des candidats.
Je les regarde tour à tour. Ils ont l’air sérieux. Divisionnaire ? J’espère qu’on peut refuser. Jamais j’ai pensé à obtenir ce grade. C’est des responsabilités et ça doit bien être le grade à partir duquel on sort de la lumière. Le grade où faut faire un peu de politique, le marchepied pour les trucs importants. J’ai jamais voulu ça. J’en veux pas. Les ombres me vont bien. être invisible et ne pas se faire remarquer, c’est éviter les emmerdes. Quand on est personne, personne ne vous cherche. Je comprends ce qu’ils font là. Ils veulent être en bon terme avec moi si je deviens le nouveau divisionnaire. Ce qu’ils peuvent être bêtes. ils ont déjà mon estime, en tant que collègue et je les remplacerais pour rien au monde.
-Des bruits de couloir. Vaut mieux se concentrer sur les faits. Vous êtes pas chargés de la rénovation.
Petit silence. Je comprends vite.
-Sous prétexte de venir me voir, vous esquivez les corvées ?
-Il y a peut-être un peu de ça…
-Et bien vous allez y retourner, et au trot. Sinon, je m’en souviendrais.
Mon espace vital est rapidement libéré. La guérisseuse revient peu après.
-On va vous placer le bras en écharpe. Essayez d’éviter les mouvements brusques et dangereux. Il ne devrait pas avoir de problème, mais c’est pour éviter d’eventuelles complications. Vous pourrez sortir.
En vrai, c’est pas trop tôt. C’est que je n’étais pas tant blessé que ça. A part mon bras qui a pris tarot, je n’ai eu que des blessures légères. Dans la caserne transformée temporairement en hôpital de campagne, d’autres officiers républicains sont moins chanceux. Heureusement, il y a eu peu de morts, mais nombre d’officiers et soldats ont été blessés à des degrés divers. Une masse de blessés qui nécessitent d’être pris en charge rapidement après le relatif succès qu’on a tiré de cette histoire. La guérisseuse m’aide à m’habiller avant de faire ce qu’elle dit, finissant par me libérer. La cape sur les épaules, j’avance d’un pas assuré, passant en revue les visages des blessés, faisant un signe de tête envers quelques têtes que je reconnais.
Que faire maintenant ? J’ai probablement quelques jours de repos pour me remettre en état. Faut dire que j’ai rarement pris des jours de repos. L’Office, c’est presque la famille et on s’y amuse chaque jour malgré ce qu’on peut dire dessus. Traîner dans les rues sans but, ça ne m’enjaille pas tant que ça. Aller voir les collègues et subir les questions sur mon hypothétique promotion, c’est encore moins intéressant. J’envisage des solutions, mais c’est pour ne pas penser à une idée qui m’est venue et qui se fait de plus en plus insistante dans mon esprit. Jusqu’à naturellement s’imposer. Qu’est ce que j’ai à perdre ? Tout comme mes officiers républicains, on ne dit jamais non à une visite de courtoisie.
Je me retourne vers le soigneur le plus proche.
-Vous savez où sont les blessés de la GAR ?
-Un entrepôt a été réquisitionné sur le port pour tous les soldats. VOus pourrez pas le louper.
Je m’apprête à y aller avant de revenir poser une question plus précise.
-Et pour les Officiers supérieurs ?
Il me jette un regard en fronçant les sourcils avant de répondre.
-Je crois que c’est dans un hôtel particulier à côté du Pont de la Tour-Chaussée. Là encore, il doit y avoir un des gardes, vous le trouverez facilement.
-Merci.
Est-ce que je dois venir avec un cadeau ? Et quel cadeau ? J’en sais rien. Dans le doute, ne rien faire. C’est juste une visite de courtoisie, hein.
Je lève la tête de mon oreiller en fronçant un sourcil, dévisageant la guérisseuse. Qui est-ce que ça pourrait être ? Qui pourrait savoir que je suis là ? J’ai soudainement une idée et mon cœur se met à palpiter. C’est que je ne suis pas très présentable. J’ai les cheveux ébouriffés, la propreté est discutable, surtout après tout ce qu’on a traversé et enfin, je suis plutôt à mon aise sous mon drap. J’essaie de remettre un peu d’ordre aussi vite que je peux, c’est qu’il y a pas beaucoup de distance entre le coin où je me repose et l’entrée du bâtiment.
La voilà.
Elle rentre.
C’est Madame.
Et derrière, Krueger, Banania, Tarot, Surin et Bistouri entrent.
Si c’est eux, j’avais pas à m’inquiéter.
-Salut les gars.
-Capitaine ! Vous avez bonne mine.
-C’est que c’était pas si grave. Et puis, Bistouri m’a évité des complications.
-Oh, j’ai fait que mon devoir.
-Vous avez tous fait votre devoir, aussi.
-Oh, c’est gentil ça, Capitaine.
-J’ai entendu dire que vous aviez bien géré pour ramener les civils dans leur quartier.
-Ca, c’est surtout grâce à Banania.
-Yé été bien formé.
-Tu progresses vite. Un jour, tu seras un véritable officier républicain.
-Autre truc, Cinglé a pris une mise à pied. Il a menacé un civil qui l’a mal regardé.
-Quel con lui.
-Tenez Capitaine, on vous a ramené des biscuits.
Krueger me tend une petite boîte avec lesdits biscuits. Je peux m’attendre à avoir de la bonne qualité si c’est lui qui les a choisis. Surement un petit producteur faisant des spécialités d’un petit quartier que je ne connais pas. Je les remercie avant de les jauger du regard. Ca doit être la première fois qu’il m’offre quelque chose et j’ai déjà été blessé par le passé, ce n’est pas pour cette raison. Même à ma promotion de Capitaine, ils n’ont pas fait ça.
-Crachez le morceau.
Ils font mine de ne pas comprendre.
-Crachez le morceau où je m’en souviendrais davantage que ces biscuits.
Ils ont l’air embarrassés, se regardant les uns les autres à la recherche de celui qui se lancera. Finalement, Madame s’y met avec flegme.
-Ça bouge dans la hiérarchie. Il y a le Commissaire Lightborn qui a fait le con durant la manifestation. Du coup, il y a un divisionnaire qui monte et faut le remplacer.
-Et alors ?
Paraîtrait que votre nom fait partie des candidats.
Je les regarde tour à tour. Ils ont l’air sérieux. Divisionnaire ? J’espère qu’on peut refuser. Jamais j’ai pensé à obtenir ce grade. C’est des responsabilités et ça doit bien être le grade à partir duquel on sort de la lumière. Le grade où faut faire un peu de politique, le marchepied pour les trucs importants. J’ai jamais voulu ça. J’en veux pas. Les ombres me vont bien. être invisible et ne pas se faire remarquer, c’est éviter les emmerdes. Quand on est personne, personne ne vous cherche. Je comprends ce qu’ils font là. Ils veulent être en bon terme avec moi si je deviens le nouveau divisionnaire. Ce qu’ils peuvent être bêtes. ils ont déjà mon estime, en tant que collègue et je les remplacerais pour rien au monde.
-Des bruits de couloir. Vaut mieux se concentrer sur les faits. Vous êtes pas chargés de la rénovation.
Petit silence. Je comprends vite.
-Sous prétexte de venir me voir, vous esquivez les corvées ?
-Il y a peut-être un peu de ça…
-Et bien vous allez y retourner, et au trot. Sinon, je m’en souviendrais.
Mon espace vital est rapidement libéré. La guérisseuse revient peu après.
-On va vous placer le bras en écharpe. Essayez d’éviter les mouvements brusques et dangereux. Il ne devrait pas avoir de problème, mais c’est pour éviter d’eventuelles complications. Vous pourrez sortir.
En vrai, c’est pas trop tôt. C’est que je n’étais pas tant blessé que ça. A part mon bras qui a pris tarot, je n’ai eu que des blessures légères. Dans la caserne transformée temporairement en hôpital de campagne, d’autres officiers républicains sont moins chanceux. Heureusement, il y a eu peu de morts, mais nombre d’officiers et soldats ont été blessés à des degrés divers. Une masse de blessés qui nécessitent d’être pris en charge rapidement après le relatif succès qu’on a tiré de cette histoire. La guérisseuse m’aide à m’habiller avant de faire ce qu’elle dit, finissant par me libérer. La cape sur les épaules, j’avance d’un pas assuré, passant en revue les visages des blessés, faisant un signe de tête envers quelques têtes que je reconnais.
Que faire maintenant ? J’ai probablement quelques jours de repos pour me remettre en état. Faut dire que j’ai rarement pris des jours de repos. L’Office, c’est presque la famille et on s’y amuse chaque jour malgré ce qu’on peut dire dessus. Traîner dans les rues sans but, ça ne m’enjaille pas tant que ça. Aller voir les collègues et subir les questions sur mon hypothétique promotion, c’est encore moins intéressant. J’envisage des solutions, mais c’est pour ne pas penser à une idée qui m’est venue et qui se fait de plus en plus insistante dans mon esprit. Jusqu’à naturellement s’imposer. Qu’est ce que j’ai à perdre ? Tout comme mes officiers républicains, on ne dit jamais non à une visite de courtoisie.
Je me retourne vers le soigneur le plus proche.
-Vous savez où sont les blessés de la GAR ?
-Un entrepôt a été réquisitionné sur le port pour tous les soldats. VOus pourrez pas le louper.
Je m’apprête à y aller avant de revenir poser une question plus précise.
-Et pour les Officiers supérieurs ?
Il me jette un regard en fronçant les sourcils avant de répondre.
-Je crois que c’est dans un hôtel particulier à côté du Pont de la Tour-Chaussée. Là encore, il doit y avoir un des gardes, vous le trouverez facilement.
-Merci.
Est-ce que je dois venir avec un cadeau ? Et quel cadeau ? J’en sais rien. Dans le doute, ne rien faire. C’est juste une visite de courtoisie, hein.
La Veuve Noire
Leonora de Hengebach
Messages : 277
crédits : 2841
crédits : 2841
Info personnage
Race: Humaine
Vocation: Guerrier assassin
Alignement: Loyale neutre
Rang: B
Le matin se lève doucement, filtrant une lumière pâle à travers les rideaux tirés de la chambre. La nuit avait été difficile, longue et parsemée d'éveils en sursaut. Dans sa tunique de lin blanche, dans ce grand lit, la lieutenante se réveillait doucement, grimaçante. Malgré les soins attentionnés du guérisseur, certaines blessures étaient résistantes, profondément ancrées, insaisissables. Et celles-ci ne guérissaient pas aussi facilement que les ecchymoses visibles et les plaies soigneusement bandées. Il était formelle, aujourd'hui, elle resterait dans cette immense chambre aux allures de petit appartement plutôt luxueux où les heures semblaient s'étirer, rythmées par le murmure des bruits du couloir et le chant lointain des oiseaux. Elle pourrait peut-être faire un tour dans les jardins si le temps le permettait, si elle s’en sentait capable, pour respirer un peu l'air frais et prendre quelques couleurs, mais pas plus. "Repos complet", avait-il dit. Il lui fallait encore patienter, laisser le temps accomplir son œuvre, que les douleurs s'estompent...
La convalescence n'avait pas suffi à dissuader De Noirvitrail pour lui demander des comptes. Peu importait que son état l'entrave ou que ses forces soient limitées, un rapport était attendu pour l'après-midi et Athénaïs ne laissait jamais traîner les affaires en cours, même quand il s'agissait de blessés. Elle avait donc pris sur elle de rassembler les informations, concentrée pour produire un document digne de sa fonction.
Lorsque l'après-midi arriva, ce furent Nicée et Myrthelle, deux copies conformes de la Commandante, qui vinrent chercher le rapport. Nicée s'approcha d'elle avec une boîte de muffins, son ton adoucit. Elle lui tendit les pâtisseries et la lieutenante sentit un instant son humeur s'alléger devant la promesse de cette douceur sucrée. Tandis que Nicée feuilletait le rapport silencieusement, Myrthelle, elle, avait déjà entrepris d'ouvrir la boîte et de croquer dans un premier muffin. Encore affaiblie mais souriante, Léonora se disait qu'elle aurait bientôt droit à sa part. Mais c'était sans compter sur l'appétit redoutable de Myrthelle, qui, sans remords apparents, engloutit un à un les muffins sous le regard amusé de Nicée et ne laissa que des miettes dans la boîte avant de refermer le tout. Le rapport, quant à lui, semblait satisfaire Nicée qui referma le dossier sans un mot de plus.
Avec un dernier sourire, les deux clones quittèrent la chambre en un tourbillon silencieux, emportant le rapport et ses espoirs de goûter aux muffins. Il lui faudrait plus qu'un peu de patience et de résilience pour survivre à ce genre de visites impromptues à l’avenir. Mais qui viendrait la voir ?
Elle poussa un profond soupir. Au fond d'elle, cette solitude n'était pas nouvelle. Pourtant, elle pesait davantage aujourd'hui, comme si le silence envahissait chaque recoin de la pièce. Pourquoi s'accrocher encore ? Les quelques personnes qu'elle avait côtoyées avaient soit disparu, soit choisi de s'éloigner, comme des ombres qu'on essaie de saisir et qui glissent entre les doigts. Wessex, cette pensée l'avait traversée un instant, mais elle s'était effacée presque aussitôt. Leur passé commun ne signifiait plus rien désormais. Quant aux autres, ils n'avaient été que des présences de passage, des visages de courte durée qui avaient laissé derrière eux un souvenir aussi vite fané. Elle ferma les yeux, cherchant un semblant de réconfort dans le moelleux de l'oreiller. Pourtant, même là, elle ne parvenait pas à échapper à ce sentiment d'abandon. Les murs de cette chambre, témoins silencieux de ses espoirs et de ses désillusions, semblaient se resserrer autour d'elle, comme pour lui rappeler qu'elle n'avait plus que sa propre compagnie.
Elle contempla le plafond un instant, avant de fermer les yeux une nouvelle fois, pour s’endormir, pour s'abandonner à la langueur imposée, apprivoiser le silence, seule avec ses pensées, ses blessures visibles et invisibles. Elles dérivèrent toujours, doucement vers ce baume inattendu, une présence discrète qui avait su faire plus pour elle que les mots ou les potions. L'image d'une épaule accueillante, d'un soutien silencieux se dessina dans son esprit, apaisant ses inquiétudes. Elle revoyait ce regard empreint de compassion ou peut être de douceur, sans jamais s'imposer. Il n'y avait pas eu de mots superflus, pas de promesses creuses, mais une écoute attentive dans un silence qui en disait long. Un silence lourd de compréhension et de compassion, sans jugement ni questions indiscrètes. Elle avait trouvé dans cette présence tranquille, quelque chose de précieux, une trêve dans sa douleur, un refuge où elle avait pu baisser la garde. Une chaleur discrète envahit sa poitrine à ce souvenir. Peut-être que, malgré tout, la guérison ne serait pas seulement des remèdes et des jours de repos, mais aussi de cette épaule, de ce regard, de cette paix qui l'entourait et la comprenait sans effort. Alors elle se le remémorait.
Les souvenirs lui échappaient à demi, comme des brumes flottantes, lorsqu'elle sombra doucement dans le sommeil. Elle ne savait pas combien de temps s'était écoulé avant qu'une voix douce et insistante la ramèna à la surface.
- Lieutenant ? Lieutenant ?
Les paupières encore lourdes, elle ouvrit les yeux et aperçut une jeune femme penchée vers elle, l'air désolé.
- Je suis désolée de vous réveiller, mais il y a un Capitaine qui souhaite vous voir, dit la soignante, hésitante.
Le soldat l'a laissé entrer… je crois que c'est important. Dois-je le faire venir ?
Qui est-ce ? murmura Léonora, encore ensommeillée.
- Capitaine Brumaire, je crois, répondit-elle avec incertitude.
Brumaire ? Brumaire… Ce nom ne lui disait rien.
- Il a le bras en écharpe, il était sûrement lui aussi sur la manifestation.
Mais…
Capitaine Bremer ? suggéra-t-elle, le visage soudain plus éveillé.
- Oui, c'est ça, Lieutenant, confirma la jeune femme.
L'information la réveilla pleinement. Elle passa une main sur sa nuque et ramena sa tresse sur le côté, commença à la refaire d'un geste rapide et précis.
Pouvez-vous me replacer les oreillers, s'il vous plaît ? Il faut que je sois redressée. À moins que… Elle fit mine de sortir du lit, mais la soignante la retint aussitôt.
- Non, lieutenant, vous devez rester alitée autant que possible. Sinon, un fauteuil, peut-être pour sortir, mais pas plus.
Hors de question que je m'assoie dans cette…chose roulante, répliqua Léonora, désignant le fauteuil d'un regard glacial.
La tresse achevée, elle s'installa comme il se devait, les oreillers bien disposés pour soutenir son dos. Une fois parfaitement redressée et les draps soigneusement ajustés, elle hocha la tête. Elle était prête à recevoir le Capitaine.
Quand il franchit le seuil de la porte, Léonora sentit son cœur manquer un battement. Son regard se posa immédiatement sur son bras en écharpe et elle fut soulagée de constater qu'il semblait aller relativement bien, malgré les marques de fatigue qui creusaient ses traits.
Bonjour, Capitaine, dit-elle en tentant de dissimuler l'émotion dans sa voix, une lueur de fatigue encore visible dans les yeux de la Lieutenante, mais aussi cette force qui émanait d'elle, même alitée. Je vous en prie, installez-vous, ajouta-t-elle en désignant un (vrai) fauteuil près de son lit. Je suis désolée de vous recevoir dans cette position. Je suppose que vous venez pour nos rapports ?
Sauf que De Noirvitrail était déjà passée par là.
La convalescence n'avait pas suffi à dissuader De Noirvitrail pour lui demander des comptes. Peu importait que son état l'entrave ou que ses forces soient limitées, un rapport était attendu pour l'après-midi et Athénaïs ne laissait jamais traîner les affaires en cours, même quand il s'agissait de blessés. Elle avait donc pris sur elle de rassembler les informations, concentrée pour produire un document digne de sa fonction.
Lorsque l'après-midi arriva, ce furent Nicée et Myrthelle, deux copies conformes de la Commandante, qui vinrent chercher le rapport. Nicée s'approcha d'elle avec une boîte de muffins, son ton adoucit. Elle lui tendit les pâtisseries et la lieutenante sentit un instant son humeur s'alléger devant la promesse de cette douceur sucrée. Tandis que Nicée feuilletait le rapport silencieusement, Myrthelle, elle, avait déjà entrepris d'ouvrir la boîte et de croquer dans un premier muffin. Encore affaiblie mais souriante, Léonora se disait qu'elle aurait bientôt droit à sa part. Mais c'était sans compter sur l'appétit redoutable de Myrthelle, qui, sans remords apparents, engloutit un à un les muffins sous le regard amusé de Nicée et ne laissa que des miettes dans la boîte avant de refermer le tout. Le rapport, quant à lui, semblait satisfaire Nicée qui referma le dossier sans un mot de plus.
Avec un dernier sourire, les deux clones quittèrent la chambre en un tourbillon silencieux, emportant le rapport et ses espoirs de goûter aux muffins. Il lui faudrait plus qu'un peu de patience et de résilience pour survivre à ce genre de visites impromptues à l’avenir. Mais qui viendrait la voir ?
Elle poussa un profond soupir. Au fond d'elle, cette solitude n'était pas nouvelle. Pourtant, elle pesait davantage aujourd'hui, comme si le silence envahissait chaque recoin de la pièce. Pourquoi s'accrocher encore ? Les quelques personnes qu'elle avait côtoyées avaient soit disparu, soit choisi de s'éloigner, comme des ombres qu'on essaie de saisir et qui glissent entre les doigts. Wessex, cette pensée l'avait traversée un instant, mais elle s'était effacée presque aussitôt. Leur passé commun ne signifiait plus rien désormais. Quant aux autres, ils n'avaient été que des présences de passage, des visages de courte durée qui avaient laissé derrière eux un souvenir aussi vite fané. Elle ferma les yeux, cherchant un semblant de réconfort dans le moelleux de l'oreiller. Pourtant, même là, elle ne parvenait pas à échapper à ce sentiment d'abandon. Les murs de cette chambre, témoins silencieux de ses espoirs et de ses désillusions, semblaient se resserrer autour d'elle, comme pour lui rappeler qu'elle n'avait plus que sa propre compagnie.
Elle contempla le plafond un instant, avant de fermer les yeux une nouvelle fois, pour s’endormir, pour s'abandonner à la langueur imposée, apprivoiser le silence, seule avec ses pensées, ses blessures visibles et invisibles. Elles dérivèrent toujours, doucement vers ce baume inattendu, une présence discrète qui avait su faire plus pour elle que les mots ou les potions. L'image d'une épaule accueillante, d'un soutien silencieux se dessina dans son esprit, apaisant ses inquiétudes. Elle revoyait ce regard empreint de compassion ou peut être de douceur, sans jamais s'imposer. Il n'y avait pas eu de mots superflus, pas de promesses creuses, mais une écoute attentive dans un silence qui en disait long. Un silence lourd de compréhension et de compassion, sans jugement ni questions indiscrètes. Elle avait trouvé dans cette présence tranquille, quelque chose de précieux, une trêve dans sa douleur, un refuge où elle avait pu baisser la garde. Une chaleur discrète envahit sa poitrine à ce souvenir. Peut-être que, malgré tout, la guérison ne serait pas seulement des remèdes et des jours de repos, mais aussi de cette épaule, de ce regard, de cette paix qui l'entourait et la comprenait sans effort. Alors elle se le remémorait.
Les souvenirs lui échappaient à demi, comme des brumes flottantes, lorsqu'elle sombra doucement dans le sommeil. Elle ne savait pas combien de temps s'était écoulé avant qu'une voix douce et insistante la ramèna à la surface.
- Lieutenant ? Lieutenant ?
Les paupières encore lourdes, elle ouvrit les yeux et aperçut une jeune femme penchée vers elle, l'air désolé.
- Je suis désolée de vous réveiller, mais il y a un Capitaine qui souhaite vous voir, dit la soignante, hésitante.
Le soldat l'a laissé entrer… je crois que c'est important. Dois-je le faire venir ?
Qui est-ce ? murmura Léonora, encore ensommeillée.
- Capitaine Brumaire, je crois, répondit-elle avec incertitude.
Brumaire ? Brumaire… Ce nom ne lui disait rien.
- Il a le bras en écharpe, il était sûrement lui aussi sur la manifestation.
Mais…
Capitaine Bremer ? suggéra-t-elle, le visage soudain plus éveillé.
- Oui, c'est ça, Lieutenant, confirma la jeune femme.
L'information la réveilla pleinement. Elle passa une main sur sa nuque et ramena sa tresse sur le côté, commença à la refaire d'un geste rapide et précis.
Pouvez-vous me replacer les oreillers, s'il vous plaît ? Il faut que je sois redressée. À moins que… Elle fit mine de sortir du lit, mais la soignante la retint aussitôt.
- Non, lieutenant, vous devez rester alitée autant que possible. Sinon, un fauteuil, peut-être pour sortir, mais pas plus.
Hors de question que je m'assoie dans cette…chose roulante, répliqua Léonora, désignant le fauteuil d'un regard glacial.
La tresse achevée, elle s'installa comme il se devait, les oreillers bien disposés pour soutenir son dos. Une fois parfaitement redressée et les draps soigneusement ajustés, elle hocha la tête. Elle était prête à recevoir le Capitaine.
Quand il franchit le seuil de la porte, Léonora sentit son cœur manquer un battement. Son regard se posa immédiatement sur son bras en écharpe et elle fut soulagée de constater qu'il semblait aller relativement bien, malgré les marques de fatigue qui creusaient ses traits.
Bonjour, Capitaine, dit-elle en tentant de dissimuler l'émotion dans sa voix, une lueur de fatigue encore visible dans les yeux de la Lieutenante, mais aussi cette force qui émanait d'elle, même alitée. Je vous en prie, installez-vous, ajouta-t-elle en désignant un (vrai) fauteuil près de son lit. Je suis désolée de vous recevoir dans cette position. Je suppose que vous venez pour nos rapports ?
Sauf que De Noirvitrail était déjà passée par là.
Citoyen de La République
Gunnar Bremer
Messages : 215
crédits : 1537
crédits : 1537
Info personnage
Race: Humain
Vocation: Guerrier assassin
Alignement: Chaotique Neutre
Rang: C
-Nos… Nos rapports ?
Je fronce les sourcils, hébétés, voire groggy. Comme si j’avais pris un coup de poing dans la figure. J’ai cheminé à travers la ville, observant çà et là les vestiges des débordements. Des blessures qui perdureront sans doute pendant des années, voire à jamais, marquant une façade, une rue ou un croisement tout autant qu’elles ont marqué nos esprits. J’ai contemplé ce que nous avions traversé, risquant nos vies et la vie de nos hommes pour constater que le pire était derrière nous. Et pourtant, j’avais une inquiétude au cœur. l’idée de base paraissait séduisante, mais à chaque pas s’approchant de ma destination, la décision se faisait plus incertaine, voire inconvenante. Je cherchais le bon angle. Une petite blague ? Une banalité ? Un mot pour sa perte ? J’étais indécis. Et une fois arrivée devant la bâtisse, solidement surveillée par deux escouades de la Troisième, tout ceci me paraissait une belle idiotie. J’ai pensé à faire demi-tour. J’ai senti les regards suspicieux des hommes et des femmes postés là comme s’ils jugeaient mes intentions et interdisaient le passage.
J’ai eu un regain de conviction et j’ai franchi le pas de la porte. On m’a récupéré. J’ai donné son nom, on m’a fait patienter. Et j’ai patienté sur une chaise simple, dans un couloir, sous le regard curieux d’un sous-officier parlant avec un guérisseur. Je devais être très bizarre, droit comme un piquet, le regard allant de gauche à droite sans arriver à se fixer sur une cible à l’image de mon esprit qui vagabondait d’une idée à l’autre, d’un plan foireux à l’autre. Le guérisseur m’a interpellé et j’ai sursauté. C’était pour ma blessure, mais j’ai bredouillé que je n’avais besoin de personne. Ça m'a changé les idées : pendant cinq minutes, je me suis demandé si je n’étais pas trop suspect dans ma réponse alors que le type a oublié mon existence quelques secondes après.
-Suivez-moi.
A ces mots, j’ai levé les yeux sans comprendre, puis j’ai compris et j’en suis voulu de ne pas avoir fait une chose plus simple. Comme aller mettre des procès-verbaux aux deux charrettes que j’avais vu mal garées dans la rue, même si c’était celle de la Troisième, justement. Ou voir les potes. Ou encore mieux, descendre quelques pintes et se féliciter de la vie qui continue. Mais non. J’en étais encore à me demander quoi faire quand je marchais presque mécaniquement à la suite de la soignante jusqu’à entrer par la porte qu’elle me désignait, le tout sans me préparer et prenant conscience trop tard que je ne pouvais plus reculer.
L’espace d’un instant, j’étais juste content de la voir en bonne santé.
Et puis cette question.
Dans l’hébètement, je me dirige d’un pas irrégulier vers la dite chaise, posant une main sur son dossier, le regard subitement dans le vague. Ce ton formel, cette position rigide même alitée. Le sens des priorités pour la hiérarchie et les responsabilités militaires : tout paraît extrêmement logique, mais je ne m’y attendais pas. Je me disais, certes beaucoup de choses, mais qu’à travers la situation que nous avons traversé et étant donné nos blessures respectives, il pouvait en être autrement. Pas juste un échange d’un capitaine de l’Office Républicain à une lieutenante de la Grande Armée Républicaine. Juste deux âmes blessées récupérant de l’épreuve traversée.
Je me suis trompé.
Je n’avais pas de folles espérances, mais elles ont été touchés. Malgré les îles paradisiaques, malgré Courage, je me suis fourvoyé.
-Je…
Que dire ? Soudainement, je ne me sens pas à ma place.
-Je… ne suis pas venu pour votre rapport. Nous ne sommes pas de la même unité.
Ça sort tout seul. L’évidence, confirmant que je n’ai à être là. Je ne suis pas censé reprendre ce rôle.
-Je voulais juste…
Qu’est ce que je voulais ? Des conneries.
-Je voulais juste savoir si vous alliez bien, lieutenante.
J’opte pour le même formalisme. Le vouvoiement. le grade. Je me voyais plutôt échanger des banalités sur un ton moins formel.
-Je voulais juste…
M’en aller.
-Rien d’important.
J’ai un sourire forcé.
-Vous devez sans doute attendre des gens importants… plus important. Je ne veux pas vous déranger.
Et je fais un pas pour partir, de quitter cette atmosphère devenue subitement étouffante. Boire des coups, c’est bien en vrai. On ne se fait pas d' idées avec la bière.
Je fronce les sourcils, hébétés, voire groggy. Comme si j’avais pris un coup de poing dans la figure. J’ai cheminé à travers la ville, observant çà et là les vestiges des débordements. Des blessures qui perdureront sans doute pendant des années, voire à jamais, marquant une façade, une rue ou un croisement tout autant qu’elles ont marqué nos esprits. J’ai contemplé ce que nous avions traversé, risquant nos vies et la vie de nos hommes pour constater que le pire était derrière nous. Et pourtant, j’avais une inquiétude au cœur. l’idée de base paraissait séduisante, mais à chaque pas s’approchant de ma destination, la décision se faisait plus incertaine, voire inconvenante. Je cherchais le bon angle. Une petite blague ? Une banalité ? Un mot pour sa perte ? J’étais indécis. Et une fois arrivée devant la bâtisse, solidement surveillée par deux escouades de la Troisième, tout ceci me paraissait une belle idiotie. J’ai pensé à faire demi-tour. J’ai senti les regards suspicieux des hommes et des femmes postés là comme s’ils jugeaient mes intentions et interdisaient le passage.
J’ai eu un regain de conviction et j’ai franchi le pas de la porte. On m’a récupéré. J’ai donné son nom, on m’a fait patienter. Et j’ai patienté sur une chaise simple, dans un couloir, sous le regard curieux d’un sous-officier parlant avec un guérisseur. Je devais être très bizarre, droit comme un piquet, le regard allant de gauche à droite sans arriver à se fixer sur une cible à l’image de mon esprit qui vagabondait d’une idée à l’autre, d’un plan foireux à l’autre. Le guérisseur m’a interpellé et j’ai sursauté. C’était pour ma blessure, mais j’ai bredouillé que je n’avais besoin de personne. Ça m'a changé les idées : pendant cinq minutes, je me suis demandé si je n’étais pas trop suspect dans ma réponse alors que le type a oublié mon existence quelques secondes après.
-Suivez-moi.
A ces mots, j’ai levé les yeux sans comprendre, puis j’ai compris et j’en suis voulu de ne pas avoir fait une chose plus simple. Comme aller mettre des procès-verbaux aux deux charrettes que j’avais vu mal garées dans la rue, même si c’était celle de la Troisième, justement. Ou voir les potes. Ou encore mieux, descendre quelques pintes et se féliciter de la vie qui continue. Mais non. J’en étais encore à me demander quoi faire quand je marchais presque mécaniquement à la suite de la soignante jusqu’à entrer par la porte qu’elle me désignait, le tout sans me préparer et prenant conscience trop tard que je ne pouvais plus reculer.
L’espace d’un instant, j’étais juste content de la voir en bonne santé.
Et puis cette question.
Dans l’hébètement, je me dirige d’un pas irrégulier vers la dite chaise, posant une main sur son dossier, le regard subitement dans le vague. Ce ton formel, cette position rigide même alitée. Le sens des priorités pour la hiérarchie et les responsabilités militaires : tout paraît extrêmement logique, mais je ne m’y attendais pas. Je me disais, certes beaucoup de choses, mais qu’à travers la situation que nous avons traversé et étant donné nos blessures respectives, il pouvait en être autrement. Pas juste un échange d’un capitaine de l’Office Républicain à une lieutenante de la Grande Armée Républicaine. Juste deux âmes blessées récupérant de l’épreuve traversée.
Je me suis trompé.
Je n’avais pas de folles espérances, mais elles ont été touchés. Malgré les îles paradisiaques, malgré Courage, je me suis fourvoyé.
-Je…
Que dire ? Soudainement, je ne me sens pas à ma place.
-Je… ne suis pas venu pour votre rapport. Nous ne sommes pas de la même unité.
Ça sort tout seul. L’évidence, confirmant que je n’ai à être là. Je ne suis pas censé reprendre ce rôle.
-Je voulais juste…
Qu’est ce que je voulais ? Des conneries.
-Je voulais juste savoir si vous alliez bien, lieutenante.
J’opte pour le même formalisme. Le vouvoiement. le grade. Je me voyais plutôt échanger des banalités sur un ton moins formel.
-Je voulais juste…
M’en aller.
-Rien d’important.
J’ai un sourire forcé.
-Vous devez sans doute attendre des gens importants… plus important. Je ne veux pas vous déranger.
Et je fais un pas pour partir, de quitter cette atmosphère devenue subitement étouffante. Boire des coups, c’est bien en vrai. On ne se fait pas d' idées avec la bière.
La Veuve Noire
Leonora de Hengebach
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Le Capitaine Bremer fit un pas vers elle, mais son allure trahissait quelque chose d'inhabituel. La jeune femme se redressa, l’inquiétude se dessinait dans son regard. Avait-il des difficultés à se déplacer ? Était-il plus gravement blessé qu'il ne laissait paraître ? Cependant, il ne semblait pas affecté physiquement, ce n'était pas la douleur qui pesait sur lui. Au lieu de s’installer dans le fauteuil, comme elle lui avait proposé, il s’arrêta juste à côté, hésitant, gêné, il cherchait ses mots ce qui éveilla ses soupçons. Sa voix était plus fragile qu’à l’ordinaire. Il parlait avec une hésitation qu’elle ne lui connaissait pas. Elle fronça légèrement les sourcils, tentant de deviner ce qui le troublait ainsi.
Puis elle comprit. La sensation qu’une boule se forma dans sa gorge et sa respiration devint un peu plus difficile. Ce n'était pas le Capitaine devant elle. C'était lui. Gunnar. Et cette visite, n'avait rien de professionnel.
Son cœur se serra, comprimé par un mélange de sentiments qu'elle peinait à définir. L'appréhension, la surprise, et quelque chose de plus profond. Elle tenta de garder contenance mais l’envie irrépressible de se cacher sous les draps pour lui échapper lui traversa l’esprit. Mais elle restait là, immobile, figée entre son envie de disparaître et l’intense envie de le retenir alors qu’il faisait déjà marche arrière pour partir.
En effet, ils n’étaient peut-être pas dans la même unité. Mais ils étaient intervenus à son appel à l’aide, ils ont vu ce qu’il restait de Leif. Cette partie de rapport aurait pu être écrite conjointement.
- Il est vrai. Mais…
Mais quoi ?
Et puis, à quoi bon tergiverser ? Bon sang, quelle visite pourrait être plus importante que celle-ci ? Aucune, évidemment. Gunnar était là, dans sa chambre et même si son cœur se serrait, il était hors de question de laisser son trouble prendre le dessus. Alors, elle prit sur elle, redressa légèrement la tête. Petite pique sur la seule parole qu’il avait pu lui dire ce jour là.
Tu… voulais juste… voir si j’avais toujours cette mine effroyable ? lance-t-elle avec un demi-sourire, teinté d'une légère ironie qui manquait peut-être un peu de joie à cause des circonstances.
Elle guetta sa réaction, un peu nerveuse malgré tout, ses yeux cherchaient les siens, la seule chose à quoi se raccrocher, une tentative maladroite de désamorcer la situation. Il y avait chez Léonora, une véritable volonté de renouer un lien.
Sache que cette visite est de loin celle qui me fait le plus plaisir, Gunnar.
Si son cœur battait encore trop fort à son goût, une part d'elle espérait qu'il comprendrait ce qu'elle essayait maladroitement d'exprimer, qu'il était important pour elle qu'il soit là, même si elle n'osait pas encore le dire franchement.
Doucement elle sortit de ses draps pour se glisser au bord du lit avec une légère grimace et faire face à fauteuil encore vide. Assise, une main de chaque côté pour assurer son équilibre, puis croisa ses pieds nus.
Comment vas-tu ? Et, comptes-tu rester debout encore longtemps ?
Elle espérait, presque désespérément, qu'il resterait. Qu'il ne ferait pas demi-tour une fois les politesses échangées. Qu'il ne repartirait pas en prétendant que tout allait bien pour lui et qu’il voyait que pour elle aussi, la laissant seule avec ce silence. Elle voulait qu'il reste, là, à portée de voix, de main, d’épaule...
Puis elle comprit. La sensation qu’une boule se forma dans sa gorge et sa respiration devint un peu plus difficile. Ce n'était pas le Capitaine devant elle. C'était lui. Gunnar. Et cette visite, n'avait rien de professionnel.
Son cœur se serra, comprimé par un mélange de sentiments qu'elle peinait à définir. L'appréhension, la surprise, et quelque chose de plus profond. Elle tenta de garder contenance mais l’envie irrépressible de se cacher sous les draps pour lui échapper lui traversa l’esprit. Mais elle restait là, immobile, figée entre son envie de disparaître et l’intense envie de le retenir alors qu’il faisait déjà marche arrière pour partir.
En effet, ils n’étaient peut-être pas dans la même unité. Mais ils étaient intervenus à son appel à l’aide, ils ont vu ce qu’il restait de Leif. Cette partie de rapport aurait pu être écrite conjointement.
- Il est vrai. Mais…
Mais quoi ?
Et puis, à quoi bon tergiverser ? Bon sang, quelle visite pourrait être plus importante que celle-ci ? Aucune, évidemment. Gunnar était là, dans sa chambre et même si son cœur se serrait, il était hors de question de laisser son trouble prendre le dessus. Alors, elle prit sur elle, redressa légèrement la tête. Petite pique sur la seule parole qu’il avait pu lui dire ce jour là.
Tu… voulais juste… voir si j’avais toujours cette mine effroyable ? lance-t-elle avec un demi-sourire, teinté d'une légère ironie qui manquait peut-être un peu de joie à cause des circonstances.
Elle guetta sa réaction, un peu nerveuse malgré tout, ses yeux cherchaient les siens, la seule chose à quoi se raccrocher, une tentative maladroite de désamorcer la situation. Il y avait chez Léonora, une véritable volonté de renouer un lien.
Sache que cette visite est de loin celle qui me fait le plus plaisir, Gunnar.
Si son cœur battait encore trop fort à son goût, une part d'elle espérait qu'il comprendrait ce qu'elle essayait maladroitement d'exprimer, qu'il était important pour elle qu'il soit là, même si elle n'osait pas encore le dire franchement.
Doucement elle sortit de ses draps pour se glisser au bord du lit avec une légère grimace et faire face à fauteuil encore vide. Assise, une main de chaque côté pour assurer son équilibre, puis croisa ses pieds nus.
Comment vas-tu ? Et, comptes-tu rester debout encore longtemps ?
Elle espérait, presque désespérément, qu'il resterait. Qu'il ne ferait pas demi-tour une fois les politesses échangées. Qu'il ne repartirait pas en prétendant que tout allait bien pour lui et qu’il voyait que pour elle aussi, la laissant seule avec ce silence. Elle voulait qu'il reste, là, à portée de voix, de main, d’épaule...
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Gunnar Bremer
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Je me retourne lentement au léger trait d’humour, avant tout surpris, parce que je ne m’y attendais pas. Ou peut-être bien que j’attendais quelque chose du genre juste parce que cette visite se voulait non professionnelle, uniquement par courtoisie et que l’humour est un grand remède pour lutter contre les affres qui nous affligent. Le changement d’ambiance est notable et je me dis que je n’y suis pas étranger. Je l’ai sans doute brusqué, en quelque sorte, par mes mots hésitants et distants. J’oublie ce qu’elle a pu traverser, je ne peux le comprendre et je viens me ramener avec ma simplicité et j’attendrais qu’on ait le ton aussi léger que moi ? C’est qu'il ne faudrait pas penser qu’à soi à partir d’un moment, mais penser à autrui. Au hasard, dans le cas présent, la lieutenante.
J’ai un petit sourire. C’est peut-être le signe qu’elle attend, celui qui fait dire que l’on est sur la même longueur d’ondes et qu’on peut mettre de côté les rapports et les postures officielles. Un sourire qui se béat de surprise quand elle m’appelle par mon prénom. Ce n’est… quasiment jamais arrivé ? Pas dans mon esprit. Peut-être qu’elle m’a appelé ainsi, sur la place, alors que les conventions sont peu de choses face à la fatigue, les blessures et la perte d’un être cher. Une simple désignation qui signifie quelque chose. Oui, on est sorti du professionnel. Le “o” de surprise laisse place à nouveau au sourire parce que l'égoïsme de mon idée s’en trouve utile. Ça lui plaît de lui rendre visite. J’ai bien fait de ne pas avoir reculé. Ça pourrait être des conneries, mais je ne la crois pas capable de ça. Ça n'aurait pas de sens. Sa déclaration appelle une réponse.
-Ca me fait plaisir que ça te fasse plaisir…
La phrase se termine dans une hésitation, comme le mot suivant, logique, est soudainement difficile à prononcer. Heureusement, je suis le genre de bonhomme à savoir braver bien des obstacles et celui-ci, je finis par m’en affranchir sans trop faiblir.
-... Leonora.
C’est bon. Le fossé est franchi. A son invitation, je me saisis de la chaise et je l’approche autant que le permet les convenances et surtout offrir une conversation intimiste. Elle paraît bien fragile sans son uniforme, se déplaçant en souffrance dans son lit, les jambes ballantes dans le vide. J’agite doucement mon bras.
-C’est plus impressionnant que ça en a l’air. La magie est capable de beaucoup, mais en dépenser pour des détails quand d’autres ont besoin, c’est pas génial. Deux ou trois jours avec ça et j’aurais sûrement plus rien.
Je la détaille sommairement de manière parfaitement visible et je fais la moue en levant un sourcil.
-J’ai déjà vu des mines plus affreuses. Cet uniforme de bandages te va très bien. Il te rend un peu moins…
Grimace et dans un murmure de connivence.
-... stricte.
Je m’attends à ce qu’elle se courrouce un peu, mais c’est pour créer une réaction, parler de tout et de rien, mettre derrière soi l’entrée en matière pitoyable et donner l’idée qu’on est là depuis un moment à discuter comme ça.
-Note que c’est pas si dérangeant que ça d’être strict. Ça donne un petit côté…
J’en dis pas plus exprès, gardant un sourire énigmatique qui en dirait long.
J’ai un petit sourire. C’est peut-être le signe qu’elle attend, celui qui fait dire que l’on est sur la même longueur d’ondes et qu’on peut mettre de côté les rapports et les postures officielles. Un sourire qui se béat de surprise quand elle m’appelle par mon prénom. Ce n’est… quasiment jamais arrivé ? Pas dans mon esprit. Peut-être qu’elle m’a appelé ainsi, sur la place, alors que les conventions sont peu de choses face à la fatigue, les blessures et la perte d’un être cher. Une simple désignation qui signifie quelque chose. Oui, on est sorti du professionnel. Le “o” de surprise laisse place à nouveau au sourire parce que l'égoïsme de mon idée s’en trouve utile. Ça lui plaît de lui rendre visite. J’ai bien fait de ne pas avoir reculé. Ça pourrait être des conneries, mais je ne la crois pas capable de ça. Ça n'aurait pas de sens. Sa déclaration appelle une réponse.
-Ca me fait plaisir que ça te fasse plaisir…
La phrase se termine dans une hésitation, comme le mot suivant, logique, est soudainement difficile à prononcer. Heureusement, je suis le genre de bonhomme à savoir braver bien des obstacles et celui-ci, je finis par m’en affranchir sans trop faiblir.
-... Leonora.
C’est bon. Le fossé est franchi. A son invitation, je me saisis de la chaise et je l’approche autant que le permet les convenances et surtout offrir une conversation intimiste. Elle paraît bien fragile sans son uniforme, se déplaçant en souffrance dans son lit, les jambes ballantes dans le vide. J’agite doucement mon bras.
-C’est plus impressionnant que ça en a l’air. La magie est capable de beaucoup, mais en dépenser pour des détails quand d’autres ont besoin, c’est pas génial. Deux ou trois jours avec ça et j’aurais sûrement plus rien.
Je la détaille sommairement de manière parfaitement visible et je fais la moue en levant un sourcil.
-J’ai déjà vu des mines plus affreuses. Cet uniforme de bandages te va très bien. Il te rend un peu moins…
Grimace et dans un murmure de connivence.
-... stricte.
Je m’attends à ce qu’elle se courrouce un peu, mais c’est pour créer une réaction, parler de tout et de rien, mettre derrière soi l’entrée en matière pitoyable et donner l’idée qu’on est là depuis un moment à discuter comme ça.
-Note que c’est pas si dérangeant que ça d’être strict. Ça donne un petit côté…
J’en dis pas plus exprès, gardant un sourire énigmatique qui en dirait long.
La Veuve Noire
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La surprise de Gunnar, lorsqu'elle l'appela par son prénom, arracha un sourire à Léonora, un sourire doux, sincère. C'était rare et cette réaction de l’officier avait totalement détendu l’atmosphère. Mais lorsqu'il répondit en usant à son tour de son prénom. Le son de son propre nom dans sa bouche avait une chaleur qu'elle n'aurait jamais imaginée, et cela la prit de court. Elle aurait voulu dissimuler cette gêne soudaine. Elle baissa la tête, les yeux fixés sur le drap, regrettant à cet instant précis d'avoir attaché ses cheveux en une tresse. Si seulement quelques mèches folles avaient pu cacher son visage, lui offrir un bouclier contre ce regard qu'elle sentait posé sur elle. Mais non. Elle était exposée, vulnérable, incapable de masquer ce trouble qui l'envahissait.
Ses doigts jouèrent un instant avec le bord du drap, un geste inconscient. Elle aurait voulu trouver quelque chose à dire, une réponse qui recentre la conversation, mais rien ne lui venait. Ce fut finalement Gunnar, plus à l'aise qui prit les devants. Il parla de sa blessure au bras, que cela allait beaucoup mieux, c’était rassurant. Après s'être installé sur la chaise qu'il approcha du lit, il la détailla d'un regard faussement critique, presque moqueur. Le commentaire, livré avec une lueur amusée dans le regard, prit Léonora totalement au dépourvue. Elle avait ouvert la bouche, les sourcils relevés de stupeur, un air faussement choqué peint sur son visage.
Moins stricte ? Je ne sais pas si je dois être flattée ou offensée, répliqua-t-elle finalement, la pointe d'ironie dans sa voix ne parvenant pas à masquer complètement le sourire qui menaçait de s'élargir. Elle se redressa légèrement, croisant les bras, comme pour feindre une position de défi.
Et cela me donne un petit côté de quoi, je te prie ? Je suis curieuse de savoir, vraiment.
Elle attendait sa réponse, le regardait, silencieuse, mais son esprit tourbillonnait de pensées qui se bousculaient sans relâche. Les questions se formaient une à une, s'entremêlaient, comme un flot qu'elle ne parvenait pas à contenir. Elle commença par s'interroger sur elle-même. Pourquoi cette proximité avec lui ? Pourquoi l'avait-elle invitée à s'installer aussi naturellement, sans chercher à le repousser comme elle l'aurait fait avec n'importe qui d'autre ? Pourquoi même croyait elle en vouloir davantage, comme une chose précieuse qu'elle ne saurait nommer mais qu'elle craignait de perdre à tout moment ? C'était insensé, contradictoire, et pourtant… là, au fond d'elle, ce besoin d'être proche de lui était bien réel.
Puis son regard glissa sur lui, détaillant ce visage qu'elle n'avait que rarement eu l'occasion d'observer d'aussi près. Pourquoi était-il là, aujourd’hui, à ses côtés ? Pourquoi s'était-il montré si attentif lorsqu'elle avait vacillé sous le poids de sa peine ? Qu'avait-il donc vu en elle pour ne pas s'éloigner comme tant d'autres l'auraient fait ? Qu'est-ce qui, chez elle, méritait qu'il lui tende la main, qu'il partage ce moment de silence, qu'il la regarde parfois avec cette intensité presque dérangeante ?
Et lui, qui était-il vraiment ? Quel genre d'homme venait-elle de laisser entrer, non seulement dans sa chambre, mais peut-être aussi, sans le savoir, dans cette partie d'elle-même ? Il ne pouvait pas être un lycan dégénéré avec trois démons dans le crâne, c'était déjà assez exceptionnel qu'un cas existe. Non, il était bien trop calme, trop posé. Elle plissa légèrement les yeux, cherchant à déceler une faille quelconque dans son attitude. Mais rien. Pas de prétention excessive, pas de mépris latent, ni même de racisme sournois. Non, cela semblait… normal. Et c'était peut-être cela qui l'effrayait le plus.
Normal. Voilà le mot. Comment pouvait-il être aussi… ordinaire ? Pas dans le sens péjoratif, mais dans celui d'une simplicité presque troublante. Il n'avait pas l'aura d'un homme brisé ou hanté, ni la carapace d'un prétentieux arrogant. Peut-être était-il même le plus jeune de tous ceux qu’elle avait côtoyé jusqu’ici et pourtant il semblait porter sur ses épaules un certain équilibre. Et c'était bien cela le problème. Parce qu'un homme "normal" comme lui n'avait rien à faire ici, avec elle, dans cette pièce. Rien à partager avec son chaos intérieur.
Cependant, elle ne put s'empêcher de le fixer un instant de plus, cherchant, espérant presque, une faille. Mais son regard posé sur elle ne faisait qu'amplifier cette angoisse sourde qui lui murmurait qu'il n'était peut-être pas aussi normal qu'il en avait l'air. Ou pire, qu'il l'était vraiment, et que c'était elle qui ne saurait jamais s'en montrer digne.
Non, elle se faisait des idées, voilà tout…
Ses doigts jouèrent un instant avec le bord du drap, un geste inconscient. Elle aurait voulu trouver quelque chose à dire, une réponse qui recentre la conversation, mais rien ne lui venait. Ce fut finalement Gunnar, plus à l'aise qui prit les devants. Il parla de sa blessure au bras, que cela allait beaucoup mieux, c’était rassurant. Après s'être installé sur la chaise qu'il approcha du lit, il la détailla d'un regard faussement critique, presque moqueur. Le commentaire, livré avec une lueur amusée dans le regard, prit Léonora totalement au dépourvue. Elle avait ouvert la bouche, les sourcils relevés de stupeur, un air faussement choqué peint sur son visage.
Moins stricte ? Je ne sais pas si je dois être flattée ou offensée, répliqua-t-elle finalement, la pointe d'ironie dans sa voix ne parvenant pas à masquer complètement le sourire qui menaçait de s'élargir. Elle se redressa légèrement, croisant les bras, comme pour feindre une position de défi.
Et cela me donne un petit côté de quoi, je te prie ? Je suis curieuse de savoir, vraiment.
Elle attendait sa réponse, le regardait, silencieuse, mais son esprit tourbillonnait de pensées qui se bousculaient sans relâche. Les questions se formaient une à une, s'entremêlaient, comme un flot qu'elle ne parvenait pas à contenir. Elle commença par s'interroger sur elle-même. Pourquoi cette proximité avec lui ? Pourquoi l'avait-elle invitée à s'installer aussi naturellement, sans chercher à le repousser comme elle l'aurait fait avec n'importe qui d'autre ? Pourquoi même croyait elle en vouloir davantage, comme une chose précieuse qu'elle ne saurait nommer mais qu'elle craignait de perdre à tout moment ? C'était insensé, contradictoire, et pourtant… là, au fond d'elle, ce besoin d'être proche de lui était bien réel.
Puis son regard glissa sur lui, détaillant ce visage qu'elle n'avait que rarement eu l'occasion d'observer d'aussi près. Pourquoi était-il là, aujourd’hui, à ses côtés ? Pourquoi s'était-il montré si attentif lorsqu'elle avait vacillé sous le poids de sa peine ? Qu'avait-il donc vu en elle pour ne pas s'éloigner comme tant d'autres l'auraient fait ? Qu'est-ce qui, chez elle, méritait qu'il lui tende la main, qu'il partage ce moment de silence, qu'il la regarde parfois avec cette intensité presque dérangeante ?
Et lui, qui était-il vraiment ? Quel genre d'homme venait-elle de laisser entrer, non seulement dans sa chambre, mais peut-être aussi, sans le savoir, dans cette partie d'elle-même ? Il ne pouvait pas être un lycan dégénéré avec trois démons dans le crâne, c'était déjà assez exceptionnel qu'un cas existe. Non, il était bien trop calme, trop posé. Elle plissa légèrement les yeux, cherchant à déceler une faille quelconque dans son attitude. Mais rien. Pas de prétention excessive, pas de mépris latent, ni même de racisme sournois. Non, cela semblait… normal. Et c'était peut-être cela qui l'effrayait le plus.
Normal. Voilà le mot. Comment pouvait-il être aussi… ordinaire ? Pas dans le sens péjoratif, mais dans celui d'une simplicité presque troublante. Il n'avait pas l'aura d'un homme brisé ou hanté, ni la carapace d'un prétentieux arrogant. Peut-être était-il même le plus jeune de tous ceux qu’elle avait côtoyé jusqu’ici et pourtant il semblait porter sur ses épaules un certain équilibre. Et c'était bien cela le problème. Parce qu'un homme "normal" comme lui n'avait rien à faire ici, avec elle, dans cette pièce. Rien à partager avec son chaos intérieur.
Cependant, elle ne put s'empêcher de le fixer un instant de plus, cherchant, espérant presque, une faille. Mais son regard posé sur elle ne faisait qu'amplifier cette angoisse sourde qui lui murmurait qu'il n'était peut-être pas aussi normal qu'il en avait l'air. Ou pire, qu'il l'était vraiment, et que c'était elle qui ne saurait jamais s'en montrer digne.
Non, elle se faisait des idées, voilà tout…
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Gunnar Bremer
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Elle soutient le regard et plus les secondes passent, plus je sens qu’elle ne démodera pas. Je commence à ne pas savoir où me mettre. Généralement, j’ai le dernier mot. C’est moi qui gère les conversations et j’en suis maître, mais je sens qu’avec elle, ça ne va pas être la même histoire. Et c’est pas une histoire de grade. Je fais mine de ne pas vouloir répondre. De regarder ailleurs. De jouer au roi du silence, comme ce qu’on faisait quand on était môme. On pouvait la boucler toute une journée. Mais dans cette petite pièce en tête à tête, ça serait un peu bizarre, voire carrément malaisant. Chaque secondes de silence paraît une éternité et chaque seconde m’incite davantage à faire quelque chose, à dire quelque chose.
Qu’est ce que je voulais dire ?
Qu’est ce que je pense réellement ?
Que Léonora a ce quelque chose qui donne envie d’apprendre à la connaître. C’est pas courant. Faut dire que Léonora n’est pas le genre de femme que j’ai l’habitude de croiser. Une noble d’un pays étranger, quelqu’un avec de l’éducation, une réputation, des responsabilités et un fort caractère, mais faut pas le dire ça. Alors que moi, je suis juste un officier républicain comme les autres. Peut-être un peu plus si la rumeur se confirme, mais je suis né dans les quartiers populaires, j’ai grandi dans la rue et je suis facilement flemmard, pas toujours en phase avec la légalité. On est pas du même monde. On a peut-être un uniforme, mais il y a un millier de situations où on ne serait jamais croisé. Où l’on aurait jamais eu conscience de la présence de l’autre. Le moi d’avant n’aurait pas cru parler à quelqu’un comme Léonora, dans la discrétion d’une chambre d’infirmerie comme ça. Parler, un grand mot, mais du moins, partager un moment privilégié qui ne demande qu’à devenir plus.
Peut-être. Enfin, je me fais des idées.
Mais si Léonora paraît au-dessus de ça, elle ne brise pas le silence. Je sens son regard sur moi. Qui s’interroge, m’interrogeant à mon tour sur ses pensées, nourrissant l’espoir que les sentiments naissants d’une relation sortant de l’ordinaire sont réciproques. Que de la curiosité naît l’intérêt. Je me suis rarement abandonné à mes sentiments. Dans la logique, c’était de ne pas s’attacher, d’avoir des contraintes et de me mettre en danger. En restant loin des tentations, je me préservais. Je me suis rarement posé la question, finalement. Et il a suffi de baisser sa garde une fois pour que la tentation s’invite, que la question se pose et que je me retrouve dans un dilemme que j’ai toujours évité jusque-là. Dois-je tenter ma chance ?
Qu’est-ce que je risque ? Qu’elle veuille plus me parler ? Ça ferait dommage. Evidemment. ça ferait mal. Et ça m’inciterait à retourner à ma routine. A ma sécurité relative. Déjà que l’armure se brise à accepter des responsabilités, si en plus, sur le plan sentimental, je faiblis, je vais au devant des emmerdes.
-Mignon.
Je souris pour moi-même.
-Une lieutenante mignonne, ça ferait mauvais genre, peut-être ?
Ça va, c’est léger, on risque pas de m’accuser d’en faire trop. Mais faut que je change de sujet. N’importe quoi.
-T’es obligé de rester tout le temps à l’intérieur, ou tu peux sortir ? Pas que l’endroit soit moche, mais il fait beau dehors et après la pluie qu’on s’est pris dans la figure toute la journée, ça ferait pas de mal, non ? Enfin, je ne veux pas t’épuiser.
Et je ne voudrais pas attirer l’attention des guérisseurs. C’est un coup à se faire mettre dehors. Ça serait très frustrant.
Qu’est ce que je voulais dire ?
Qu’est ce que je pense réellement ?
Que Léonora a ce quelque chose qui donne envie d’apprendre à la connaître. C’est pas courant. Faut dire que Léonora n’est pas le genre de femme que j’ai l’habitude de croiser. Une noble d’un pays étranger, quelqu’un avec de l’éducation, une réputation, des responsabilités et un fort caractère, mais faut pas le dire ça. Alors que moi, je suis juste un officier républicain comme les autres. Peut-être un peu plus si la rumeur se confirme, mais je suis né dans les quartiers populaires, j’ai grandi dans la rue et je suis facilement flemmard, pas toujours en phase avec la légalité. On est pas du même monde. On a peut-être un uniforme, mais il y a un millier de situations où on ne serait jamais croisé. Où l’on aurait jamais eu conscience de la présence de l’autre. Le moi d’avant n’aurait pas cru parler à quelqu’un comme Léonora, dans la discrétion d’une chambre d’infirmerie comme ça. Parler, un grand mot, mais du moins, partager un moment privilégié qui ne demande qu’à devenir plus.
Peut-être. Enfin, je me fais des idées.
Mais si Léonora paraît au-dessus de ça, elle ne brise pas le silence. Je sens son regard sur moi. Qui s’interroge, m’interrogeant à mon tour sur ses pensées, nourrissant l’espoir que les sentiments naissants d’une relation sortant de l’ordinaire sont réciproques. Que de la curiosité naît l’intérêt. Je me suis rarement abandonné à mes sentiments. Dans la logique, c’était de ne pas s’attacher, d’avoir des contraintes et de me mettre en danger. En restant loin des tentations, je me préservais. Je me suis rarement posé la question, finalement. Et il a suffi de baisser sa garde une fois pour que la tentation s’invite, que la question se pose et que je me retrouve dans un dilemme que j’ai toujours évité jusque-là. Dois-je tenter ma chance ?
Qu’est-ce que je risque ? Qu’elle veuille plus me parler ? Ça ferait dommage. Evidemment. ça ferait mal. Et ça m’inciterait à retourner à ma routine. A ma sécurité relative. Déjà que l’armure se brise à accepter des responsabilités, si en plus, sur le plan sentimental, je faiblis, je vais au devant des emmerdes.
-Mignon.
Je souris pour moi-même.
-Une lieutenante mignonne, ça ferait mauvais genre, peut-être ?
Ça va, c’est léger, on risque pas de m’accuser d’en faire trop. Mais faut que je change de sujet. N’importe quoi.
-T’es obligé de rester tout le temps à l’intérieur, ou tu peux sortir ? Pas que l’endroit soit moche, mais il fait beau dehors et après la pluie qu’on s’est pris dans la figure toute la journée, ça ferait pas de mal, non ? Enfin, je ne veux pas t’épuiser.
Et je ne voudrais pas attirer l’attention des guérisseurs. C’est un coup à se faire mettre dehors. Ça serait très frustrant.
La Veuve Noire
Leonora de Hengebach
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Son temps, il l’avait pris, trop de temps. Il laissait chaque seconde s'étirait pour la faire languir. Il jouait avec elle, c'était évident et pourtant, elle ne pouvait s'empêcher de trouver cela amusant. Il n’y avait rien de méchant, il était juste taquin avec cet air qui lui donnait l’attitude d'un gamin et contre toute attente, ce duel silencieux lui plaisait. Elle avait même feint l'impatience.
Puis la suite tomba enfin, "mignon", avait-il dit, sa voix légèrement plus douce avec son sourire toujours présent. Léonora ne put sortir un seul mot sur l’instant. Mignonne ? Elle n'arrivait pas à décider si c'était une plaisanterie ou quelque chose de sincère. S'il se moquait, pourquoi ce ton si naturel ? Et s'il était sérieux ?
Son regard se détourna presque instinctivement, fuyant celui de Gunnar une fois de plus. Elle fixa ses pieds quelques secondes. Elle aurait voulu répondre quelque chose de plus percutant, quelque chose qui lui donnerait l'avantage dans ce jeu…
C'est peut être, parce qu'on n'attend pas cela d’une lieutenante, tu ne crois pas ?
Elle leva ses yeux verts vers les siens en relevant à peine la tête. Mais au fond elle espérait bien que cette remarque soit prise pour une simple défense, elle qui était toujours restée professionnelle. Puis elle voulait qu'il la trouve jolie, qu'il pense sincèrement ce qu'il venait de dire. Elle voulait qu'il la voie différemment des autres, pas seulement comme la lieutenante de la troisième ou une collègue ou quelqu’un de trop stricte. Le rouge lui montait presque aux joues et elle se détestait pour ça. Alors elle se força à le regarder à nouveau, le menton relevé. Elle cherchait à reprendre la contenance. Mais ses yeux ne mentaient pas.
Gunnar avait proposé qu'ils prennent un peu l'air, que le temps s'y prêtait parfaitement. Léonora tourna la tête vers la fenêtre où les rayons du soleil traversaient les rideaux en macramé, dessinant des motifs lumineux sur le sol de la chambre. L'idée d'une promenade dans les jardins, qu'elle avait jusqu'ici seulement devinés à travers la vitre la tentait bien. Ce serait une bouffée d'air après de longues heures passées entre ces murs.
Mais son regard se posa sur un objet dans le coin de la pièce et son visage se ferma aussitôt. Le fauteuil roulant soigneusement rangé près de l'armoire. Elle détourna les yeux, fixant de nouveau la fenêtre avant de répondre.
J'ai l'autorisation d'une courte sortie dans les jardins. Ils ont l'air plutôt jolis, si j'en crois ce que j’ai pu voir d'ici. Ce sera avec plaisir.
Son ton changea aussitôt lorsqu'elle désigna d'un geste le fauteuil.
Mais il est hors de question que j'utilise cette chose. Et si un soigneur me croise sans, je vais encore me prendre une remontrance.
Elle était ferme mais aussi amusée en quelque sorte. Son regard était comme désespéré, comme pour montrer qu'il n'y avait pas à discuter sur ce point. L'idée même semblait heurter quelque chose en elle, une part d'orgueil qu'elle n'admettrait jamais, pour ne pas paraître diminuée, surtout devant lui. Elle voulait cette promenade, mais pas au prix de s'asseoir là dedans.
D'un mouvement mesuré, elle se redressa. Elle posa ses pieds nus sur le parquet et se leva doucement. Elle se dirigea vers le valet de chambre où un uniforme neuf était suspendu. Elle attrapa ses bottes en cuir noir pour y glisser ses pieds sans laisser le moindre doute sur sa volonté de marcher. Puis, elle saisit une cape chaude accrochée à côté, en laine épaisse doublée de fourrure et l'enfila lentement sur ses épaules, par-dessus la chemise de lin qu'elle portait encore. Elle était prête, se tourna légèrement vers Gunnar avec le sourire.
Nous pouvons y aller, si tu veux bien.
Puis la suite tomba enfin, "mignon", avait-il dit, sa voix légèrement plus douce avec son sourire toujours présent. Léonora ne put sortir un seul mot sur l’instant. Mignonne ? Elle n'arrivait pas à décider si c'était une plaisanterie ou quelque chose de sincère. S'il se moquait, pourquoi ce ton si naturel ? Et s'il était sérieux ?
Son regard se détourna presque instinctivement, fuyant celui de Gunnar une fois de plus. Elle fixa ses pieds quelques secondes. Elle aurait voulu répondre quelque chose de plus percutant, quelque chose qui lui donnerait l'avantage dans ce jeu…
C'est peut être, parce qu'on n'attend pas cela d’une lieutenante, tu ne crois pas ?
Elle leva ses yeux verts vers les siens en relevant à peine la tête. Mais au fond elle espérait bien que cette remarque soit prise pour une simple défense, elle qui était toujours restée professionnelle. Puis elle voulait qu'il la trouve jolie, qu'il pense sincèrement ce qu'il venait de dire. Elle voulait qu'il la voie différemment des autres, pas seulement comme la lieutenante de la troisième ou une collègue ou quelqu’un de trop stricte. Le rouge lui montait presque aux joues et elle se détestait pour ça. Alors elle se força à le regarder à nouveau, le menton relevé. Elle cherchait à reprendre la contenance. Mais ses yeux ne mentaient pas.
Gunnar avait proposé qu'ils prennent un peu l'air, que le temps s'y prêtait parfaitement. Léonora tourna la tête vers la fenêtre où les rayons du soleil traversaient les rideaux en macramé, dessinant des motifs lumineux sur le sol de la chambre. L'idée d'une promenade dans les jardins, qu'elle avait jusqu'ici seulement devinés à travers la vitre la tentait bien. Ce serait une bouffée d'air après de longues heures passées entre ces murs.
Mais son regard se posa sur un objet dans le coin de la pièce et son visage se ferma aussitôt. Le fauteuil roulant soigneusement rangé près de l'armoire. Elle détourna les yeux, fixant de nouveau la fenêtre avant de répondre.
J'ai l'autorisation d'une courte sortie dans les jardins. Ils ont l'air plutôt jolis, si j'en crois ce que j’ai pu voir d'ici. Ce sera avec plaisir.
Son ton changea aussitôt lorsqu'elle désigna d'un geste le fauteuil.
Mais il est hors de question que j'utilise cette chose. Et si un soigneur me croise sans, je vais encore me prendre une remontrance.
Elle était ferme mais aussi amusée en quelque sorte. Son regard était comme désespéré, comme pour montrer qu'il n'y avait pas à discuter sur ce point. L'idée même semblait heurter quelque chose en elle, une part d'orgueil qu'elle n'admettrait jamais, pour ne pas paraître diminuée, surtout devant lui. Elle voulait cette promenade, mais pas au prix de s'asseoir là dedans.
D'un mouvement mesuré, elle se redressa. Elle posa ses pieds nus sur le parquet et se leva doucement. Elle se dirigea vers le valet de chambre où un uniforme neuf était suspendu. Elle attrapa ses bottes en cuir noir pour y glisser ses pieds sans laisser le moindre doute sur sa volonté de marcher. Puis, elle saisit une cape chaude accrochée à côté, en laine épaisse doublée de fourrure et l'enfila lentement sur ses épaules, par-dessus la chemise de lin qu'elle portait encore. Elle était prête, se tourna légèrement vers Gunnar avec le sourire.
Nous pouvons y aller, si tu veux bien.
Citoyen de La République
Gunnar Bremer
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Se redressant, je lui laisse aussitôt de l’espace, reculant mon siège dans un raclement avant de le soulever et de le déposer plus délicatement contre le mur. Elle se prépare, mue d’une volonté certaine de ne pas se faire priver de cette sortie. J’imagine bien qu’elle n’est pas du genre à rester enfermée et que c’est seulement contre son gré, par la force des choses et des impératifs médicaux qu’elle reste là. Elle n’a pas hésité une seconde. Pas parce que c’est moi qui le propose, mais sûrement pour retrouver un peu de liberté dont on la prive jusque-là. Elle se prépare et j’en profite pour la détailler. C’est que jusqu’à maintenant, je l’ai fréquenté en uniforme, dans des circonstances qui laissaient peu de place à des pensées intrusives. Fallait bosser. Fallait combattre. Fallait survivre. Ici, il n’y a rien de tout ça et on en revient aux choses basiques. Juste regarder. Aussi simple, sans artifice, sans l’uniforme et malgré ces blessures, elle a du charme. Authentique. Elle paraît fragile parce qu’elle est pas bien grande, mais c’est juste dans les apparences. Elle est forte. Fragilisée par les événements récents, mais ce n’est que temporaire.
Je détourne le regard quand elle me jette un regard. J’y retourne à la volée. Difficile de n’y pas faire attention quand on vient de s’en apercevoir. Cherchant le moindre détail. Mais ça ne dure pas.
-Je vais jeter un œil.
J’ouvre la porte et je passe la tête, personne. Je fais signe à Léonora de venir et on se faufile à l’extérieur. On a même pas fait trois pas qu’un cri nous fait sursauter.
-Ah non ! Pas de promenade sans chaise roulante !
Une guérisseuse fond sur nous comme un vautour. Maladroitement, on se retire dans la chambre et je me confonds en excuse.
-Pardon ! Pardon ! Je ne savais pas ! On va finalement rester là.
Elle nous regarde d’un oeil suspicieux.
-Et que je n’y vous reprends pas, ou je vous mets dehors !
-C’est noté.
Je referme la porte derrière moi et face à Léonora qui veut clairement se libérer de cette prison au demeurant confortable, je ne peux décemment pas la forcer à rester, même si un dragon nous bloque la sortie. Mais pas de panique, j’ai toujours des tours dans mon sac.
-Je vais nous téléporter.
Le problème de la téléportation, c’est qu’il faut avoir vu sa destination pour y aller et je n’ai pas beaucoup visité le bâtiment. Ce qui nous rapproche le plus des jardins, c’est un couloir y menant. C’est toujours mieux que rien et puis on passera l’autre surveillante comme ça. C’est la seule solution, alors, on s’en saisit et je me saisis de Léonora par la même occasion. Avec parcimonie, je passe un bras autour d’elle, hésitant sur la pression à exercer. C’est que ce n’est pas beau de profiter de l’occasion. C’est bizarre parce que je l’ai déjà téléporté et on a pas eu de soucis. Là, c’est tout de suite un peu plus étrange. Plus génant. J’évite son regard.
-Prêt ?
Je ne sais pas si je le suis. La magie, ça fatigue et je ne suis pas au firmament de mes capacités, mais il n'y a pas le choix. Je me concentre, je visualise et en un claquement de doigt, on se téléporte. Le couloir est vide et au bout, la lumière naturelle est visible. La dépense de magie est minime, ça ne me fait pas trop d’effet et elle n’est responsable en rien du rythme rapide de mes battements de cœur. Je desserre l’étreinte, à regret. Puis des bruits de pas se font entendre. ça arrive vers nous. On échange un regard paniqué, vraiment, alors que ce n’est pas terrible que ça les problèmes qu’on peut avoir. Genre juste nous séparer. Mais je m’y refuse catégoriquement. Dans la panique, donc, on ouvre la porte d’un cagibi trop grand à mon gout et dans l’obscurité, on laisse passer un blessé en route vers le jardin. Je n’y vois pas grand-chose, mais je peux la deviner si proche. Je reste parfaitement immobile. Pas pour rester discret, mais pour éviter le moindre contact. On pourrait croire que je profite aussi de cette occasion et c’est pas ce que je veux qu’on dise de moi.
Le blessé passé, on sort, Léonora en premier. Je couvre ses arrières. Devant nous, la liberté nous tend ses bras.
Je détourne le regard quand elle me jette un regard. J’y retourne à la volée. Difficile de n’y pas faire attention quand on vient de s’en apercevoir. Cherchant le moindre détail. Mais ça ne dure pas.
-Je vais jeter un œil.
J’ouvre la porte et je passe la tête, personne. Je fais signe à Léonora de venir et on se faufile à l’extérieur. On a même pas fait trois pas qu’un cri nous fait sursauter.
-Ah non ! Pas de promenade sans chaise roulante !
Une guérisseuse fond sur nous comme un vautour. Maladroitement, on se retire dans la chambre et je me confonds en excuse.
-Pardon ! Pardon ! Je ne savais pas ! On va finalement rester là.
Elle nous regarde d’un oeil suspicieux.
-Et que je n’y vous reprends pas, ou je vous mets dehors !
-C’est noté.
Je referme la porte derrière moi et face à Léonora qui veut clairement se libérer de cette prison au demeurant confortable, je ne peux décemment pas la forcer à rester, même si un dragon nous bloque la sortie. Mais pas de panique, j’ai toujours des tours dans mon sac.
-Je vais nous téléporter.
Le problème de la téléportation, c’est qu’il faut avoir vu sa destination pour y aller et je n’ai pas beaucoup visité le bâtiment. Ce qui nous rapproche le plus des jardins, c’est un couloir y menant. C’est toujours mieux que rien et puis on passera l’autre surveillante comme ça. C’est la seule solution, alors, on s’en saisit et je me saisis de Léonora par la même occasion. Avec parcimonie, je passe un bras autour d’elle, hésitant sur la pression à exercer. C’est que ce n’est pas beau de profiter de l’occasion. C’est bizarre parce que je l’ai déjà téléporté et on a pas eu de soucis. Là, c’est tout de suite un peu plus étrange. Plus génant. J’évite son regard.
-Prêt ?
Je ne sais pas si je le suis. La magie, ça fatigue et je ne suis pas au firmament de mes capacités, mais il n'y a pas le choix. Je me concentre, je visualise et en un claquement de doigt, on se téléporte. Le couloir est vide et au bout, la lumière naturelle est visible. La dépense de magie est minime, ça ne me fait pas trop d’effet et elle n’est responsable en rien du rythme rapide de mes battements de cœur. Je desserre l’étreinte, à regret. Puis des bruits de pas se font entendre. ça arrive vers nous. On échange un regard paniqué, vraiment, alors que ce n’est pas terrible que ça les problèmes qu’on peut avoir. Genre juste nous séparer. Mais je m’y refuse catégoriquement. Dans la panique, donc, on ouvre la porte d’un cagibi trop grand à mon gout et dans l’obscurité, on laisse passer un blessé en route vers le jardin. Je n’y vois pas grand-chose, mais je peux la deviner si proche. Je reste parfaitement immobile. Pas pour rester discret, mais pour éviter le moindre contact. On pourrait croire que je profite aussi de cette occasion et c’est pas ce que je veux qu’on dise de moi.
Le blessé passé, on sort, Léonora en premier. Je couvre ses arrières. Devant nous, la liberté nous tend ses bras.
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Dans l'étroitesse du cagibi où ils s'étaient réfugiés, dans l'obscurité, Gunnar était là, tout près, raide comme un piquet, mal à l'aise peut être. Son regard hésitait et la cherchait, elle. Léonora, s'adapta rapidement à cette obscurité, par réflexe elle avait activé sa nyctalopie. Elle se permit alors de le détailler, encore, comme elle l'avait déjà fait, mais cette fois sans crainte d'être surprise. Sa stature si solide, ici tendue comme s'il craignait de se mouvoir. Son visage affichait une tension qu'elle reconnaissait maintenant comme de la nervosité. Et dans cette immobilité, dans ce silence de cette minuscule pièce, elle se questionna sur ce qui le rendait si mal à l'aise. La proximité, l'endroit confiné, ou bien elle ? Cette idée la fit sourire en baissant légèrement la tête comme pour ne pas être vue. Puis elle revint sur lui, nota chaque détail. La courbe de sa mâchoire, sa moustache parfaitement disciplinée, ses épaules larges qui pouvaient porter n’importe quel poids. Mais elle n’abusa pas, elle y trouvait bien trop d’intérêt, c’en était désarmant.
C’est alors qu’elle ne put s'empêcher de repenser à leur précédente proximité, celle où, Gunnar avait passé son bras autour d'elle pour les téléporter. Son bras puissant l'avait entourée. Elle avait senti la fermeté de ses muscles, et pourtant, ce geste avait été d'une telle douceur… à moins que ce ne soit là encore que de la retenue. Il l'avait serrée avec une précaution, comme s'il mesurait la fragilité de son état sans qu'elle n'ait eu besoin de dire un mot. Voilà, c’était cela, de la simple précaution… Puis sa chaleur contre elle, une chaleur réconfortante qui l'avait enveloppée d'un sentiment de sécurité qu'elle n'éprouvait que pour la seconde fois. Elle s'était instinctivement rapprochée pour se presser très légèrement contre son corps. La première fois ? C’était déjà avec lui.
Et maintenant, alors que leurs corps se retrouvaient à quelques centimètres l'un de l'autre, ses pensées lui brûlaient l'esprit. Troublée, elle attendait silencieusement de sortir. Elle se mordit légèrement la lèvre, agacée contre elle-même. N'avait-elle pas déjà ressenti cela ? Cette envie qu'une personne reste près d'elle, la connaisse, la regarde vraiment. Et dans cette petite pièce, où il n'y avait qu'eux et ce noir, elle se demanda si lui aussi ressentait cela ? Elle avait déjà ressenti une légère inclinaison une fois ou deux, mais rien de comparable à celle-ci.
Ils purent enfin sortir, Gunnar la suivait de près, elle pressa le pas vers l’extérieur. Ils passèrent la porte, l'air frais et le soleil qui caressaient son visage eurent un effet immédiat. Elle inspira profondément, la vie revenait dans son corps encore marqué. Devant elle s'étendait le petit chemin de gravier blanc qui serpentait à travers les jardins, bordé de fleurs d'automne et de buissons soigneusement taillés.
Lui, laissait entendre le crissement des cailloux sous ses bottes. Elle, avançait toujours aussi décidée. Conquérante, elle venait de remporter une victoire personnelle en mettant les pieds ici. Sur le chemin, après quelques mètres, elle pivota pour se retrouver face à lui. Elle continuait de marcher à reculons. Ses lèvres s'étirèrent en un sourire éclatant, une expression rare chez elle. Une étincelle de malice brillait dans ses yeux clairs, comme une enfant heureuse d'avoir échappé à une surveillance trop stricte, illuminés par ce plaisir simple qu'il lui avait offert et de se replacer à ses côtés. Mais ce qu’elle préférait dans ce moment, cette vérité pénétra doucement en elle, une chaleur discrète qui venait adoucir la fraîcheur de l'air, c'était sa présence, à lui. Lorsqu'elle croisa de nouveau son regard, il y avait dans ses yeux une intensité qu'elle ne chercha pas à dissimuler. Une sorte de douceur timide. Elle ralentit légèrement ses pas pour attirer son attention.
Gunnar, je crois… ne t'avoir jamais remercié. Pour ce que tu as fait pour moi.
Elle baissa un instant les yeux, fixa les gravillons sous ses bottes, comme si elle cherchait ses mots parmi eux. Puis, elle planta son regard dans le sien.
Pas seulement pour aujourd'hui, mais aussi pour tout le reste. Et ce jour-là, quand… tout s'est effondré autour de moi. Tu n'avais aucune raison de le faire, aucune obligation. Et pourtant, tu as été là. Tu m'as offert ton aide… et ton silence, quand j'en avais le plus besoin.
Un sourire effleura ses lèvres. Alors, merci. Pour ça. Pour tout. D’être là.
C’est alors qu’elle ne put s'empêcher de repenser à leur précédente proximité, celle où, Gunnar avait passé son bras autour d'elle pour les téléporter. Son bras puissant l'avait entourée. Elle avait senti la fermeté de ses muscles, et pourtant, ce geste avait été d'une telle douceur… à moins que ce ne soit là encore que de la retenue. Il l'avait serrée avec une précaution, comme s'il mesurait la fragilité de son état sans qu'elle n'ait eu besoin de dire un mot. Voilà, c’était cela, de la simple précaution… Puis sa chaleur contre elle, une chaleur réconfortante qui l'avait enveloppée d'un sentiment de sécurité qu'elle n'éprouvait que pour la seconde fois. Elle s'était instinctivement rapprochée pour se presser très légèrement contre son corps. La première fois ? C’était déjà avec lui.
Et maintenant, alors que leurs corps se retrouvaient à quelques centimètres l'un de l'autre, ses pensées lui brûlaient l'esprit. Troublée, elle attendait silencieusement de sortir. Elle se mordit légèrement la lèvre, agacée contre elle-même. N'avait-elle pas déjà ressenti cela ? Cette envie qu'une personne reste près d'elle, la connaisse, la regarde vraiment. Et dans cette petite pièce, où il n'y avait qu'eux et ce noir, elle se demanda si lui aussi ressentait cela ? Elle avait déjà ressenti une légère inclinaison une fois ou deux, mais rien de comparable à celle-ci.
Ils purent enfin sortir, Gunnar la suivait de près, elle pressa le pas vers l’extérieur. Ils passèrent la porte, l'air frais et le soleil qui caressaient son visage eurent un effet immédiat. Elle inspira profondément, la vie revenait dans son corps encore marqué. Devant elle s'étendait le petit chemin de gravier blanc qui serpentait à travers les jardins, bordé de fleurs d'automne et de buissons soigneusement taillés.
Lui, laissait entendre le crissement des cailloux sous ses bottes. Elle, avançait toujours aussi décidée. Conquérante, elle venait de remporter une victoire personnelle en mettant les pieds ici. Sur le chemin, après quelques mètres, elle pivota pour se retrouver face à lui. Elle continuait de marcher à reculons. Ses lèvres s'étirèrent en un sourire éclatant, une expression rare chez elle. Une étincelle de malice brillait dans ses yeux clairs, comme une enfant heureuse d'avoir échappé à une surveillance trop stricte, illuminés par ce plaisir simple qu'il lui avait offert et de se replacer à ses côtés. Mais ce qu’elle préférait dans ce moment, cette vérité pénétra doucement en elle, une chaleur discrète qui venait adoucir la fraîcheur de l'air, c'était sa présence, à lui. Lorsqu'elle croisa de nouveau son regard, il y avait dans ses yeux une intensité qu'elle ne chercha pas à dissimuler. Une sorte de douceur timide. Elle ralentit légèrement ses pas pour attirer son attention.
Gunnar, je crois… ne t'avoir jamais remercié. Pour ce que tu as fait pour moi.
Elle baissa un instant les yeux, fixa les gravillons sous ses bottes, comme si elle cherchait ses mots parmi eux. Puis, elle planta son regard dans le sien.
Pas seulement pour aujourd'hui, mais aussi pour tout le reste. Et ce jour-là, quand… tout s'est effondré autour de moi. Tu n'avais aucune raison de le faire, aucune obligation. Et pourtant, tu as été là. Tu m'as offert ton aide… et ton silence, quand j'en avais le plus besoin.
Un sourire effleura ses lèvres. Alors, merci. Pour ça. Pour tout. D’être là.
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Gunnar Bremer
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Elle rayonne, littéralement. Elle a perdu cette fragilité de sa chambre de soin, allité elle s’affaiblit. Elle est faite pour bouger, respirer à l’air libre et faire un bain de soleil directement sur sa peau. Elle est comme moi. On ne recherche pas le confort des maisonnées plein de confort et d’immobilisme. On passe notre temps en vadrouille. Ça passe par des moments pas toujours agréables, mais c’est comme ça qu’on vit. C’est comme ça qu’on se ressent vivre. Elle rayonne. Elle se permet une espièglerie, me défiant du regard par sa démarche assurée, même à reculons. Cette démonstration de joie, elle me remplit d'allégresse, dissipant toutes les hésitations et les doutes. Sans logique, juste par les tripes, ça me rend heureux qu’elle soit heureuse. Et ce qui a pu être fait auparavant par esprit de camaraderie ou juste de l’humanité prend tout un autre sens.
Elle s’éloigne autant que je m’approche, comme une sorte d’allégorie, taquinant mon courage. Oserais-je la rattraper ? Imperceptiblement, je presse le bas et dans une certaine mesure, elle ralentit. On s’éloigne toujours plus loin dans les profondeurs du jardin. Les massifs de fleurs, les arbustes et les arbres bas forment peu à peu une muraille nous séparant des autres blessés qui se concentrent aux abords de la demeure, non loin des guérisseurs, profitant juste du soleil. Ils n’ont pas la chance de courir après un autre astre qui me réchauffe le cœur. Ses pas s’arrêtent. J’efface sans m’en rendre compte les derniers mètres nous séparant alors qu’elle a ses premiers mots depuis qu’on est sorti.
Un tressaillement parcourt tout mon corps et mon cœur s'emplit d’une émotion soudaine qui pourrait tout submerger, m'enivrant l’esprit. Ces mots viennent remplir un bassin qui n'attendait justement que ces mots. Le fait d’avoir été là pour elle. Qu’elle soit heureuse que j’existe. Que je sois juste là. Toutes les restrictions qui ont régi ma vie toutes ces années s’effondrent et je me sens plonger sans espérer en aucune mesure en réchapper. Me faire avaler par l’océan de possibilité et de sentiments qui s’ouvrent à moi. Le mur d’enceinte est proche et je suis littéralement dos au mur. On pourrait faire durer l’indécision encore longtemps, mais la confession déclenche quelque chose. J’ai pas trop eu l’occasion de m’entrainer dans l’exercice, alors j’ai toutes les chances de me foirer.
Je m’approche encore, l'obligeant à lever la tête pour continuer à tenir notre lien. Elle entrouvre la bouche, probablement de surprise et je détaille comme hypnotiser ces lèvres qui paraissent soudainement si importantes. Je lève mes mains et je viens lentement me saisir des siennes, les réunissant devant nous, presser l’un contre l’autre, formant une mince limite entre nos corps. Je tressaille du contact de ses doigts sous les miens et je savoure la chaleur de son corps contre ma main.
-Léo…
Je m’humecte les lèvres, choisissant chaque mot sans avoir aucune foutre idée de si c’est un bon choix ou pas.
-Si tu le veux, je peux être tout le temps là pour toi.
Je me sens incapable de respirer, retenu à ses lèvres, aux mots qu’elle s’apprête à répondre à ces mots qui disent beaucoup, mais qui pourrait encore dire davantage. J’ai fait le pas entre nous. C’est à son tour.
-J’AVAIS DIT AVEC LE FAUTEUIL ROULANT !
Je tourne la tête subitement. Se précipitant dans notre direction, la guérisseuse, furieuse, pointe un doigt accusateur dans ma direction.
-CAPITAINE ! JE VAIS VOUS EXPULSÉ À GRAND COUP DE PIED DANS LE CUL !
Ma présence n’est plus souhaitable. J’ai envie de rester, mais je sens que je vais le regretter. Elle a l’air très en colère et assez forte pour mettre ces menaces à exécution. Je lâche Léonora, totalement à regret et quelques enjambées je saute le mur, me mettant à califourchon dessus. J’hésite. Elle est presque sur nous. Je tends alors une main vers Léo. Malgré le danger de la situation, j’ai encore envie d’avoir ces mains dans les miennes. Alors, je l’invite.
-Viens.
Si tu le veux, viens. Pour la véritable liberté.
Elle s’éloigne autant que je m’approche, comme une sorte d’allégorie, taquinant mon courage. Oserais-je la rattraper ? Imperceptiblement, je presse le bas et dans une certaine mesure, elle ralentit. On s’éloigne toujours plus loin dans les profondeurs du jardin. Les massifs de fleurs, les arbustes et les arbres bas forment peu à peu une muraille nous séparant des autres blessés qui se concentrent aux abords de la demeure, non loin des guérisseurs, profitant juste du soleil. Ils n’ont pas la chance de courir après un autre astre qui me réchauffe le cœur. Ses pas s’arrêtent. J’efface sans m’en rendre compte les derniers mètres nous séparant alors qu’elle a ses premiers mots depuis qu’on est sorti.
Un tressaillement parcourt tout mon corps et mon cœur s'emplit d’une émotion soudaine qui pourrait tout submerger, m'enivrant l’esprit. Ces mots viennent remplir un bassin qui n'attendait justement que ces mots. Le fait d’avoir été là pour elle. Qu’elle soit heureuse que j’existe. Que je sois juste là. Toutes les restrictions qui ont régi ma vie toutes ces années s’effondrent et je me sens plonger sans espérer en aucune mesure en réchapper. Me faire avaler par l’océan de possibilité et de sentiments qui s’ouvrent à moi. Le mur d’enceinte est proche et je suis littéralement dos au mur. On pourrait faire durer l’indécision encore longtemps, mais la confession déclenche quelque chose. J’ai pas trop eu l’occasion de m’entrainer dans l’exercice, alors j’ai toutes les chances de me foirer.
Je m’approche encore, l'obligeant à lever la tête pour continuer à tenir notre lien. Elle entrouvre la bouche, probablement de surprise et je détaille comme hypnotiser ces lèvres qui paraissent soudainement si importantes. Je lève mes mains et je viens lentement me saisir des siennes, les réunissant devant nous, presser l’un contre l’autre, formant une mince limite entre nos corps. Je tressaille du contact de ses doigts sous les miens et je savoure la chaleur de son corps contre ma main.
-Léo…
Je m’humecte les lèvres, choisissant chaque mot sans avoir aucune foutre idée de si c’est un bon choix ou pas.
-Si tu le veux, je peux être tout le temps là pour toi.
Je me sens incapable de respirer, retenu à ses lèvres, aux mots qu’elle s’apprête à répondre à ces mots qui disent beaucoup, mais qui pourrait encore dire davantage. J’ai fait le pas entre nous. C’est à son tour.
-J’AVAIS DIT AVEC LE FAUTEUIL ROULANT !
Je tourne la tête subitement. Se précipitant dans notre direction, la guérisseuse, furieuse, pointe un doigt accusateur dans ma direction.
-CAPITAINE ! JE VAIS VOUS EXPULSÉ À GRAND COUP DE PIED DANS LE CUL !
Ma présence n’est plus souhaitable. J’ai envie de rester, mais je sens que je vais le regretter. Elle a l’air très en colère et assez forte pour mettre ces menaces à exécution. Je lâche Léonora, totalement à regret et quelques enjambées je saute le mur, me mettant à califourchon dessus. J’hésite. Elle est presque sur nous. Je tends alors une main vers Léo. Malgré le danger de la situation, j’ai encore envie d’avoir ces mains dans les miennes. Alors, je l’invite.
-Viens.
Si tu le veux, viens. Pour la véritable liberté.
La Veuve Noire
Leonora de Hengebach
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Les mots qu'il prononça en retour eurent sur Léonora un effet foudroyant. L'impact qu'ils avaient sur elle, la chaleur qui se propagerait dans sa poitrine au moment où il prit ses mains dans les siennes, le contact de sa peau contre la sienne, ce moment plus intime, elle n’avait pu jusqu’ici que l’espérer. Il s'était approché. Leur proximité faisait qu’ils ressentaient l'air de chaque respiration, chaque geste effaçait le reste du monde. Elle sentit son souffle devenir court, plus rapide. Il lui était impossible de maîtriser l'effet qu'il avait sur elle. Elle ne pouvait se résoudre à détourner les yeux, rompre ce lien qui se renforçait chaque seconde. Ses prunelles étaient ancrées dans les siennes, captives de la sincérité qu'elle y voyait. Sa respiration s'accélèrera encore et elle s'étonna de ne plus ressentir le froid de l'extérieur et en oublia sa douleur. Tout ce qu'elle percevait, c'était lui, sa chaleur, ses mains qui tenaient les siennes avec douceur. Les mots qu'il venait de lui dire résonnaient encore dans son esprit, la laissant suspendue à ses lèvres.
Elle n'avait jamais pensé entendre une telle phrase, pas de lui, pas ainsi. Et pourtant, maintenant qu'il les avait dit, elle ne voulait plus qu'elles disparaissent. Alors, elle oublia tout le reste, elle laissa son cœur parler pour elle et un léger sourire se dessina sur ses lèvres. Parce que pour la première fois depuis longtemps, elle se sentait à sa place et c'était grâce à lui.
Mais le poids du moment s'écrasa d'un coup, brisé par un grognement qu'elle aurait pu reconnaître entre mille. Son cœur, qui battait déjà à un rythme effréné à cause de Gunnar, se serra dans une frustration lorsqu'elle vit la soigneuse apparaître au détour du chemin, son regard perçant était capable de traverser des murs, ce n’était pas possible autrement. Elle le savait. Elle l'avait senti. Cette femme était pire qu'une sangsue avec un sixième sens infaillible pour détecter le moindre écart, la moindre tentative de liberté de ses patients. Et surtout, elle était implacable. Déjà ce matin, elle l’avait sermonnée pour avoir osé poser un pied hors du lit. Mais cette fois, c'était pire, elle venait de briser leur moment et son ton aiguisé donnait l'impression qu'elle s'adressait à des enfants pris en flagrant délit de gourmandise.
- Je savais bien que je ne pouvais pas vous faire confiance pour respecter mes consignes. Vous deviez rester au repos, Lieutenant !
Mais quelle plaie cette femme !
Les joues brûlantes de colère, elle ouvrit la bouche pour se défendre, mais à côté d'elle, Gunnar venait de rompre leur contact et avait déjà enjambé le mur qui séparait le jardin de la rue. En cet instant précis, elle aurait voulu être n'importe où ailleurs du moment que c’était avec lui. Elle ne réfléchit pas vraiment ou plutôt, elle suivit cet élan irrésistible qui la poussait vers lui en ignorant la douleur qui pulse dans ses épaules alors qu'elle tendait la main pour saisir la sienne. Une grimace traversa son visage au moment où le mouvement tirait sur ses muscles encore fragiles, mais elle ne lâcha pas. Gunnar, était là pour l'aider. Avec un effort qui lui arracha un grognement léger, elle posa un pied sur la pierre et, avec son aide, passa de l'autre côté du mur. La douleur se fit plus vive un instant, mais elle la balaya d'un battement de cils, grâce à la chaleur de sa main qui enveloppait toujours la sienne.
Une fois de l'autre côté, elle ne put s'empêcher de lui lancer un regard chargé d'amusement.
Si je me fais gronder pour ça, je dirai que c'était ton idée.
Puis baissa les yeux sur elle-même et réalisa soudain l'absurdité de la situation. En simple chemise de nuit sous sa cape et pieds nus dans ses bottes. Ils étaient loin d'une grande évasion planifiée. Elle leva un regard amusé vers Gunnar qui lui-même semblait sur le point de rire en le détaillant de la tête aux pieds. Elle fronça les sourcils.
Ne dis rien… Je sais … Ce n'est pas exactement l'uniforme pour une fugue.
Mais ce n’était pas le pire. La soigneuse, avec sa ténacité, n'abandonnerait pas aussi facilement. Il ne leur restait que peu de temps avant qu'elle ne sonne l'alerte.
Bon, génie de l'évasion, que faisons-nous maintenant ?
Gunnar, un sourire en coin pencha légèrement la tête.
- On improvise.
Elle leva les yeux au ciel, toujours amusée.
Si elle nous trouve, je suis certaine qu'elle pourrait me traîner par les cheveux jusque dans ma chambre.
Ils avancèrent encore quelques mètres pour se retrouver devant une auberge à la façade correcte.
Tu penses qu’elle viendrait jusqu’ici ?
Elle n'avait jamais pensé entendre une telle phrase, pas de lui, pas ainsi. Et pourtant, maintenant qu'il les avait dit, elle ne voulait plus qu'elles disparaissent. Alors, elle oublia tout le reste, elle laissa son cœur parler pour elle et un léger sourire se dessina sur ses lèvres. Parce que pour la première fois depuis longtemps, elle se sentait à sa place et c'était grâce à lui.
Mais le poids du moment s'écrasa d'un coup, brisé par un grognement qu'elle aurait pu reconnaître entre mille. Son cœur, qui battait déjà à un rythme effréné à cause de Gunnar, se serra dans une frustration lorsqu'elle vit la soigneuse apparaître au détour du chemin, son regard perçant était capable de traverser des murs, ce n’était pas possible autrement. Elle le savait. Elle l'avait senti. Cette femme était pire qu'une sangsue avec un sixième sens infaillible pour détecter le moindre écart, la moindre tentative de liberté de ses patients. Et surtout, elle était implacable. Déjà ce matin, elle l’avait sermonnée pour avoir osé poser un pied hors du lit. Mais cette fois, c'était pire, elle venait de briser leur moment et son ton aiguisé donnait l'impression qu'elle s'adressait à des enfants pris en flagrant délit de gourmandise.
- Je savais bien que je ne pouvais pas vous faire confiance pour respecter mes consignes. Vous deviez rester au repos, Lieutenant !
Mais quelle plaie cette femme !
Les joues brûlantes de colère, elle ouvrit la bouche pour se défendre, mais à côté d'elle, Gunnar venait de rompre leur contact et avait déjà enjambé le mur qui séparait le jardin de la rue. En cet instant précis, elle aurait voulu être n'importe où ailleurs du moment que c’était avec lui. Elle ne réfléchit pas vraiment ou plutôt, elle suivit cet élan irrésistible qui la poussait vers lui en ignorant la douleur qui pulse dans ses épaules alors qu'elle tendait la main pour saisir la sienne. Une grimace traversa son visage au moment où le mouvement tirait sur ses muscles encore fragiles, mais elle ne lâcha pas. Gunnar, était là pour l'aider. Avec un effort qui lui arracha un grognement léger, elle posa un pied sur la pierre et, avec son aide, passa de l'autre côté du mur. La douleur se fit plus vive un instant, mais elle la balaya d'un battement de cils, grâce à la chaleur de sa main qui enveloppait toujours la sienne.
Une fois de l'autre côté, elle ne put s'empêcher de lui lancer un regard chargé d'amusement.
Si je me fais gronder pour ça, je dirai que c'était ton idée.
Puis baissa les yeux sur elle-même et réalisa soudain l'absurdité de la situation. En simple chemise de nuit sous sa cape et pieds nus dans ses bottes. Ils étaient loin d'une grande évasion planifiée. Elle leva un regard amusé vers Gunnar qui lui-même semblait sur le point de rire en le détaillant de la tête aux pieds. Elle fronça les sourcils.
Ne dis rien… Je sais … Ce n'est pas exactement l'uniforme pour une fugue.
Mais ce n’était pas le pire. La soigneuse, avec sa ténacité, n'abandonnerait pas aussi facilement. Il ne leur restait que peu de temps avant qu'elle ne sonne l'alerte.
Bon, génie de l'évasion, que faisons-nous maintenant ?
Gunnar, un sourire en coin pencha légèrement la tête.
- On improvise.
Elle leva les yeux au ciel, toujours amusée.
Si elle nous trouve, je suis certaine qu'elle pourrait me traîner par les cheveux jusque dans ma chambre.
Ils avancèrent encore quelques mètres pour se retrouver devant une auberge à la façade correcte.
Tu penses qu’elle viendrait jusqu’ici ?
Citoyen de La République
Gunnar Bremer
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Je reprends mon souffle, hésitant entre prendre un instant pour éclater de rire ou tout simplement profiter de notre avance pour la conserver. C’est qu’elle peut être tenace et si elle n’a pas la capacité de sauter le mur comme on l’a fait, il ne faudra pas longtemps avant qu’elle ne fasse le tour, des soldats sur les talons, pour nous mettre aux arrêts. Même si, ça serait assez saugrenu et que devant les officiers responsables de la sécurité, la situation va être difficile à expliquer. Mais on ne part pas tout de suite. Je reprends de l’air. C’est que tout s’est enchaîné de manière si rapide que je n’en ai plus retenu mon souffle que la normale. On improvise, oui. Et je secoue la tête, le sourire aux lèvres devant la situation qui se présente à nous. Qui l’aurait prédit ? Qu’elle est acceptée cette main tendue, c’est un lien qui s’est noué. Quelque chose qui ne pourra être défait. Quelque chose qui ne s’est pas exprimé avec des mots, mais qui ne saurait tarder et pour le moment, on n’y pense pas comme si ça n’existait pas alors que chacun de nos pas, de nos sourires ou encore de nos regards nous guident vers le moment où il faudra tout se dire. La voix est pavé de nos sourires.
On s’éloigne, côte à côte. Nos épaules et nos mains se frôlent dans un jeu rythmant les battements de mon cœur, du moins. Se cacher dans une auberge ? Je me mords la lèvre dans un nouveau sourire, confus par des pensées fugaces, mais c’est vraiment proche.
-C’est dangereux, on pourrait venir nous chercher. Elle pourrait nous retrouver.
Celle dont on ne doit pas prononcer le nom. La terreur de cette petite escapade interdite. Sauf qu’il ne faut pas sous-estimer l’état de Léonora et c’est sans parler qu’elle n’a pas l’équipement adéquat pour marcher d’un pas rapide dans les ruelles de courage pour fuir l’impensable. Elle va avoir besoin d’aide si on doit bouger plus loin et j’ai justement un plan qui s’élabore dans ma caboche.
-Je connais une adresse pas loin, plus discrète. On ne nous balancera pas. Je vais te porter.
Il y a plusieurs lunes, peut-être, elle aurait décliné la proposition par fierté. Pour ne pas paraître faible aux yeux des autres et préserver son autonomie gagnée après bien des efforts. C’était avant. Entre nous, dans cet état de grâce soudain où tout n’a aucune importance et où les apparences se limitent à une chemise de nuit pour l’une et un bras en écharpe pour l’autre, on ne va pas s'embarrasser de formalité. J’ai l’avantage de tenir parfaitement sur mes deux jambes.
Je m’agenouille alors, l’invitant à passer les bras autour de mon cou. Nos visages se font face l’espace d’un instant qui parait une éternité alors que nos deux regards glissent l’un sur l’autre, puis je me relève, passant mes bras et mes mains sous elle pour la supporter, faisant passer la majorité du poids sur le bras qui n’est pas en écharpe. C’est un poids plume, je n’ai pas trop de mal à la porter. Et puis, la sensation de sa tête contre mon torse et de ses cheveux contre mon visage, ça vous fait oublier tous les efforts nécessaires. Je me retiens de respirer à plein poumons l’odeur de ses cheveux ou même de m’y blottir carrément. Elle rit et commente.
-Quel duo d'éclopé on fait.
-Des éclopés qui vont plus vite tout de même !
Parce qu’on trace. Je connais la ville comme ma poche, c’est l’avantage et il faut pas longtemps pour mettre un labyrinthe de ruelles entre nous et la menace des guérisseurs, comme si nous n’avions pas envie de soin. Ironique. On nous regarde bizarrement sur notre passage, mais on n'en a cure. Et si Léonora pourrait avoir l’impression que je navigue au hasard, il n’en est vraiment rien. On se retrouve au bout de quelques minutes dans une ruelle qu’on pourrait penser malfamé mais qui n’en est rien. Le coin a été épargné par les émeutes et l’établissement devant nous ne paie pas de mine, mais il est géré par vieille Magotte, femme à chat un peu gateuse, gérant le batiment, dôté de plusieurs entrées pour plusieurs planques à usage limitée. Elles servent autant pour l’Office que pour des indics, voire même des criminels, tant qu’ils ont la vieille Magotte à la bonne. Si mon visage lui est connu, elle jette un regard un peu plus circonspect en direction de Léonora quand on lui fait face devant son entrée, entouré d’une demi-douzaine de félins miaulant en continu. On a évidemment pris le soin de remettre Léonora à terre, à contre-cœur, toujours, mais il faut savoir préparer son entrée.
-C’est pour le travail ou pour le personnel ?
-Le personnel, Magotte.
-C’est bien ce que je pensais. La troisième.
-Et personne ne nous a vu.
-Evidemment.
Je fais signe à Léonora de prendre l’escalier extérieur. Deuxième étage, on ne peut pas se tromper et de là, on aura tout le temps du monde pour se planquer. En toute courtoisie.
On s’éloigne, côte à côte. Nos épaules et nos mains se frôlent dans un jeu rythmant les battements de mon cœur, du moins. Se cacher dans une auberge ? Je me mords la lèvre dans un nouveau sourire, confus par des pensées fugaces, mais c’est vraiment proche.
-C’est dangereux, on pourrait venir nous chercher. Elle pourrait nous retrouver.
Celle dont on ne doit pas prononcer le nom. La terreur de cette petite escapade interdite. Sauf qu’il ne faut pas sous-estimer l’état de Léonora et c’est sans parler qu’elle n’a pas l’équipement adéquat pour marcher d’un pas rapide dans les ruelles de courage pour fuir l’impensable. Elle va avoir besoin d’aide si on doit bouger plus loin et j’ai justement un plan qui s’élabore dans ma caboche.
-Je connais une adresse pas loin, plus discrète. On ne nous balancera pas. Je vais te porter.
Il y a plusieurs lunes, peut-être, elle aurait décliné la proposition par fierté. Pour ne pas paraître faible aux yeux des autres et préserver son autonomie gagnée après bien des efforts. C’était avant. Entre nous, dans cet état de grâce soudain où tout n’a aucune importance et où les apparences se limitent à une chemise de nuit pour l’une et un bras en écharpe pour l’autre, on ne va pas s'embarrasser de formalité. J’ai l’avantage de tenir parfaitement sur mes deux jambes.
Je m’agenouille alors, l’invitant à passer les bras autour de mon cou. Nos visages se font face l’espace d’un instant qui parait une éternité alors que nos deux regards glissent l’un sur l’autre, puis je me relève, passant mes bras et mes mains sous elle pour la supporter, faisant passer la majorité du poids sur le bras qui n’est pas en écharpe. C’est un poids plume, je n’ai pas trop de mal à la porter. Et puis, la sensation de sa tête contre mon torse et de ses cheveux contre mon visage, ça vous fait oublier tous les efforts nécessaires. Je me retiens de respirer à plein poumons l’odeur de ses cheveux ou même de m’y blottir carrément. Elle rit et commente.
-Quel duo d'éclopé on fait.
-Des éclopés qui vont plus vite tout de même !
Parce qu’on trace. Je connais la ville comme ma poche, c’est l’avantage et il faut pas longtemps pour mettre un labyrinthe de ruelles entre nous et la menace des guérisseurs, comme si nous n’avions pas envie de soin. Ironique. On nous regarde bizarrement sur notre passage, mais on n'en a cure. Et si Léonora pourrait avoir l’impression que je navigue au hasard, il n’en est vraiment rien. On se retrouve au bout de quelques minutes dans une ruelle qu’on pourrait penser malfamé mais qui n’en est rien. Le coin a été épargné par les émeutes et l’établissement devant nous ne paie pas de mine, mais il est géré par vieille Magotte, femme à chat un peu gateuse, gérant le batiment, dôté de plusieurs entrées pour plusieurs planques à usage limitée. Elles servent autant pour l’Office que pour des indics, voire même des criminels, tant qu’ils ont la vieille Magotte à la bonne. Si mon visage lui est connu, elle jette un regard un peu plus circonspect en direction de Léonora quand on lui fait face devant son entrée, entouré d’une demi-douzaine de félins miaulant en continu. On a évidemment pris le soin de remettre Léonora à terre, à contre-cœur, toujours, mais il faut savoir préparer son entrée.
-C’est pour le travail ou pour le personnel ?
-Le personnel, Magotte.
-C’est bien ce que je pensais. La troisième.
-Et personne ne nous a vu.
-Evidemment.
Je fais signe à Léonora de prendre l’escalier extérieur. Deuxième étage, on ne peut pas se tromper et de là, on aura tout le temps du monde pour se planquer. En toute courtoisie.
La Veuve Noire
Leonora de Hengebach
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Gunnar n'avait pas attendu son accord pour la soulever, ignorant sa propre blessure ce qui l’inquiéta. Elle le fixait, incertaine en passant ses bras autour de son cou par réflexe. Ce n’était pas vraiment une bonne idée dans son état. Elle aurait pu manifester, mais il l'avait déjà soulevée, comme si elle ne pesait rien. Elle se sentait maintenant terriblement coupable.
Elle posa timidement sa tête contre son torse. C'était agréable, bien sûr, de se trouver si près de lui, d'entendre les battements rapides de son cœur, mais c'était aussi gênant comme situation. Ils traversèrent les ruelles étroites de la ville, Gunnar progressait avec aisance. Quant à elle, elle jetait des regards autour d'eux, consciente de l'atmosphère changeante des lieux. Les ruelles devenaient de plus en plus sombres. Elle voulait lui poser une question, mais ils arrivèrent dans une ruelle encore plus étroite, bordée de murs en pierre brute qui s'effritaient sous les années. Les lieux n'inspiraient guère confiance et elle leva les yeux sur le bâtiment, sans cacher le doute qui l’habitait. Il la posa et son sourire, son regard se voulaient rassurants. Elle tenta de deviner ce qu'il avait en tête. Mais une chose était certaine, elle lui faisait confiance, même dans cet endroit douteux, cependant elle n’était pas tout à fait sereine.
Il fallait comprendre la situation. Gunnar l'avait conduit dans un lieu qui n'avait rien d'officiel, qui transpirait le secret et peut-être, avait il avec cet endroit une certaine familiarité. Une vieille femme arriva et les observa depuis le seuil. Ses petits yeux brillants de curiosité n'avait rien de faible et à ses pieds, une tripotée de greffiers. Léonora sentit immédiatement le poids de ce regard qui la détaillait de la tête aux pieds avec lenteur. Elle se redressa instinctivement, tira sur sa cape pour cacher sa chemise de nuit le tout dans un malaise qu’elle peinait à dissimuler. Ses yeux passèrent de Gunnar à Léonora, y revenant plusieurs fois. Et soudain, Léonora crut comprendre. Ce lieu, cette femme, ce regard... Ce n'était certes pas un endroit où l'on discutait politique. Ce n'était pas non plus une simple escale pour se reposer. Non, c'était un lieu privé, lié à des affaires personnelles ou à des missions plus... officieuses. La jeune femme devinait l'équation déjà faite dans la tête de la vieille femme et la conclusion évidente. Ils étaient ici pour une escapade sentimentale, rien de plus.
Elle grimaça intérieurement en comprenant le pourquoi du scepticisme de la vieille femme. Elle n'avait rien fait pour le mériter et pourtant, cette fameuse Magotte semblait avoir une idée très précise de ce qu'elle était ou représentait. Elle resserra de plus belle sa cape, elle tirait tellement dessus que le tissu s’en trouvait tendu à son maximum. Elle cherchait Gunnar du regard pour qu'il intervienne, pour éclaircir la situation. Mais il n’en fit rien hormis l’inviter à prendre les escaliers extérieurs.
Léonora grimpa lentement les marches. Pourquoi Gunnar l'avait conduite ici, dans ce lieu. Une chose était certaine, ils ne viendraient pas la chercher dans un tel endroit. Gunnar ouvrit la porte qui dévoila une pièce modeste et faiblement éclairée par une seule lampe à huile sur une table bancale. Il se décala légèrement pour la laisser entrer la première. Elle pénétra dans la pièce d'un pas hésitant, ses bottes résonnaient légèrement sur le parquet grinçant. Elle s'arrêta au centre, son regard parcourait rapidement l'espace autour d'elle. Les murs étaient nus, marqués de quelques fissures. C'était loin d'être accueillant, mais c'était calme.
Elle serra les pans de sa cape autour d'elle, comme pour se protéger du froid ou peut-être de l'inconfort qui montait lentement en elle. L'enthousiasme de leur escapade s'effritait, remplacé par l'appréhension. Ses yeux revenaient naturellement à Gunnar qui refermait la porte derrière eux. Il n'avait pas encore dit un mot, mais son regard était fixé sur elle. Et ce regard… plus profond que jamais, cherchait quelque chose en elle ou peut-être en lui-même. Elle le soutint un instant. Ce silence entre eux était chargé, presque oppressant. Finalement, elle fronça légèrement les sourcils.
Tu n’es pas raisonnable, comment va ton bras ?
Gunnar ne répondit pas immédiatement, s'approcha lentement, ses pas sur le parquet grinçaient par endroits. Son regard ne quittait pas Léonora, scrutant chaque expression qui passait sur son visage. Elle, en revanche, luttait contre son propre malaise, un flot de paroles s'échappait d'elle dans une tentative désespérée de combler le silence.
Où sommes-nous ? Est-ce… « Réputé » ?
Elle accompagna ses mots d'un rire nerveux. Une chose est certaine, jamais ils ne songeront nous trouver dans un endroit comme celui-ci.
Son rire s'éteint rapidement. Gunnar était maintenant tout près, mais pas suffisamment pour que Léonora sente la chaleur qui émanait de lui.
Je veux juste m’assurer que tu vas bien.
Elle posa timidement sa tête contre son torse. C'était agréable, bien sûr, de se trouver si près de lui, d'entendre les battements rapides de son cœur, mais c'était aussi gênant comme situation. Ils traversèrent les ruelles étroites de la ville, Gunnar progressait avec aisance. Quant à elle, elle jetait des regards autour d'eux, consciente de l'atmosphère changeante des lieux. Les ruelles devenaient de plus en plus sombres. Elle voulait lui poser une question, mais ils arrivèrent dans une ruelle encore plus étroite, bordée de murs en pierre brute qui s'effritaient sous les années. Les lieux n'inspiraient guère confiance et elle leva les yeux sur le bâtiment, sans cacher le doute qui l’habitait. Il la posa et son sourire, son regard se voulaient rassurants. Elle tenta de deviner ce qu'il avait en tête. Mais une chose était certaine, elle lui faisait confiance, même dans cet endroit douteux, cependant elle n’était pas tout à fait sereine.
Il fallait comprendre la situation. Gunnar l'avait conduit dans un lieu qui n'avait rien d'officiel, qui transpirait le secret et peut-être, avait il avec cet endroit une certaine familiarité. Une vieille femme arriva et les observa depuis le seuil. Ses petits yeux brillants de curiosité n'avait rien de faible et à ses pieds, une tripotée de greffiers. Léonora sentit immédiatement le poids de ce regard qui la détaillait de la tête aux pieds avec lenteur. Elle se redressa instinctivement, tira sur sa cape pour cacher sa chemise de nuit le tout dans un malaise qu’elle peinait à dissimuler. Ses yeux passèrent de Gunnar à Léonora, y revenant plusieurs fois. Et soudain, Léonora crut comprendre. Ce lieu, cette femme, ce regard... Ce n'était certes pas un endroit où l'on discutait politique. Ce n'était pas non plus une simple escale pour se reposer. Non, c'était un lieu privé, lié à des affaires personnelles ou à des missions plus... officieuses. La jeune femme devinait l'équation déjà faite dans la tête de la vieille femme et la conclusion évidente. Ils étaient ici pour une escapade sentimentale, rien de plus.
Elle grimaça intérieurement en comprenant le pourquoi du scepticisme de la vieille femme. Elle n'avait rien fait pour le mériter et pourtant, cette fameuse Magotte semblait avoir une idée très précise de ce qu'elle était ou représentait. Elle resserra de plus belle sa cape, elle tirait tellement dessus que le tissu s’en trouvait tendu à son maximum. Elle cherchait Gunnar du regard pour qu'il intervienne, pour éclaircir la situation. Mais il n’en fit rien hormis l’inviter à prendre les escaliers extérieurs.
Léonora grimpa lentement les marches. Pourquoi Gunnar l'avait conduite ici, dans ce lieu. Une chose était certaine, ils ne viendraient pas la chercher dans un tel endroit. Gunnar ouvrit la porte qui dévoila une pièce modeste et faiblement éclairée par une seule lampe à huile sur une table bancale. Il se décala légèrement pour la laisser entrer la première. Elle pénétra dans la pièce d'un pas hésitant, ses bottes résonnaient légèrement sur le parquet grinçant. Elle s'arrêta au centre, son regard parcourait rapidement l'espace autour d'elle. Les murs étaient nus, marqués de quelques fissures. C'était loin d'être accueillant, mais c'était calme.
Elle serra les pans de sa cape autour d'elle, comme pour se protéger du froid ou peut-être de l'inconfort qui montait lentement en elle. L'enthousiasme de leur escapade s'effritait, remplacé par l'appréhension. Ses yeux revenaient naturellement à Gunnar qui refermait la porte derrière eux. Il n'avait pas encore dit un mot, mais son regard était fixé sur elle. Et ce regard… plus profond que jamais, cherchait quelque chose en elle ou peut-être en lui-même. Elle le soutint un instant. Ce silence entre eux était chargé, presque oppressant. Finalement, elle fronça légèrement les sourcils.
Tu n’es pas raisonnable, comment va ton bras ?
Gunnar ne répondit pas immédiatement, s'approcha lentement, ses pas sur le parquet grinçaient par endroits. Son regard ne quittait pas Léonora, scrutant chaque expression qui passait sur son visage. Elle, en revanche, luttait contre son propre malaise, un flot de paroles s'échappait d'elle dans une tentative désespérée de combler le silence.
Où sommes-nous ? Est-ce… « Réputé » ?
Elle accompagna ses mots d'un rire nerveux. Une chose est certaine, jamais ils ne songeront nous trouver dans un endroit comme celui-ci.
Son rire s'éteint rapidement. Gunnar était maintenant tout près, mais pas suffisamment pour que Léonora sente la chaleur qui émanait de lui.
Je veux juste m’assurer que tu vas bien.
Citoyen de La République
Gunnar Bremer
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-Ce n’est rien, je te l’ai dit. Il faut juste éviter de faire n’importe quoi. Et même si je faisais justement n’importe quoi, ça ne ferait que prendre davantage de temps. Je ne vais pas perdre mon bras.
Sa sollicitude me touche. Même pour les officiers de seconde zone, les guérisseurs ne nous laissent pas sortir sans être sûr qu’il n’y aura pas trop de problèmes. Tout est une question d’économie. Pourquoi s’échiner à dépenser des talents magiques pour quelque chose qui peut se résorber avec quelques jours quand d’autres ont besoin de davantage d’assistance ? Je m’approche de la table, gardant une certaine distance avec Léonora avant d’en tirer les chaises, l’invitant à s’y asseoir. Je note une certaine appréhension de sa part et je finis par comprendre bien vite que ce qui sonne comme une réaction pleine de bons sens ne l’est pas forcément pour quelqu’un de totalement étrangère à mon monde. Quand on cherche un endroit pour se faire discret, chez la vieille Magotte est une solution qui tombe sous le sens, surtout quand on est dans ce quartier. Je pourrais donner des dizaines de destination ayant la même fonction de disparaître dans chaque quartier de la ville tellement ça fait partie du bagage de survie de l’Officier Républicain de Courage. J’ai pris un peu trop à cœur ce besoin de disparaître, peut-être, et Léonora s’en trouve indisposé. Je me mords la lèvre, rageur contre moi-même. J’ai beau avoir l’esprit clair dans de nombreuses situations du fait de mes années à l’Office, elles ne m’ont pas préparé à cette situation. Elle mérite des explications.
-Il n’y a pas mieux pour disparaître ici. Partout, il y a des oreilles qui traînent et des regards qui furètent. On est jamais vraiment tranquille, du moins, pour les gens simples.
J’imagine que dans les manoirs, il y a assez d’espace pour être véritablement à l’abri, même s’il peut toujours avoir un serviteur dans les parages pour espionner.
-La vieille Magotte, ça fait des décennies qu’elle a des pièces comme celle-ci pour s’isoler. Les différentes caches sont isolés les uns des autres, sont accessibles par des accès différents et elle est muette comme une tombe. Il y aurait un criminel dans la cache d’à côté qu’elle ne le balancerait pas à l’Office. Même si c’est celui qu’on recherche. Ca fait partie du marché.
Je balaie du regard la pièce. J’y ai passé quelques journées, ici, à attendre le bon moment. Je pointe du doigt un trou dans le mur, juste derrière la jeune femme.
-Ca, c’est de moi. Une fois où on a attendu trois journées entières et qu’on avait que les cartes truquées de Tarot pour s’occuper. Il ne pouvait pas s'empêcher de tricher même après tout ce temps et j’ai… perdu mon sang-froid. Il a esquivé au dernier moment.
Mon regard passe en revue le plancher grinçant. Je tends du doigt un recoin.
-C’est là que j’ai l’habitude de taper un somme. Ce coin-là, c’est Pancrace, par exemple. On a nos habitudes. Les ronfleurs sont priés d’aller voir ailleurs.
Mon sourire s’efface petit à petit. Peut-être que je suis venu ici, pas seulement par esprit pratique, mais parce que ces lieux veulent dire quelque chose de moi. Et que j’ai envie que Léonora apprenne de cette partie de moi-même. Qu’elle ne voit pas ce que je lui offre, ce que je m’efforce de lui montrer, en chaque instant. La réalité de ce que je suis. Que derrière les belles apparences, il y a des failures.
-Ce genre d’endroit, c’est un peu ma vie. Ma vie, c’est le travail. C’est les collègues. C’est le devoir. Pas que ça soit un fardeau sur mes épaules, mais ça a toujours été mon choix de vie. Me fondre dans la masse, être un rouage dans la foule. Ne pas sortir du rang.
Pas trop le cas dernièrement, mais dans un regard malicieux vers Léonora, je tente de lui faire comprendre qu’elle n’est peut-être pas étrangère à cette évolution. Je reprends.
-Je ne peux pas dire que j’ai des amis en dehors de l’Office. Je n’ai pas grand-chose en dehors de l’Office, même. Je pense même rarement en dehors du spectre de l’Office. Ça a été ma vie pendant plus d’une décennie.
Et je ne regrette rien. Je baisse mon regard vers mes mains que je serre l’un contre l’autre, incapable de les garder immobiles, comme si j’essayais de trouver mes mots et de les attraper pour en faire les phrases que je veux lui transmettre.
-Ces mains… ont été au service de l’Office. Elles ont principalement servi pour le travail. Rarement pour ce que j’avais envie de faire, pour la simple raison que je le voulais, indépendamment de mes obligations et de mes collègues.
Je les fixe un instant. Puis, lentement, je tends la main dans sa direction. Comme j’ai pu le faire sur le mur.
-Tout à l’heure, je te l’ai tendu. Et j’ai espéré que tu t’en saisisse. Pas pour de lointaines obligations envers des gradés ou l’intérêt d’aider des concitoyens. Non. Juste pour moi. Égoïstement.
Sa sollicitude me touche. Même pour les officiers de seconde zone, les guérisseurs ne nous laissent pas sortir sans être sûr qu’il n’y aura pas trop de problèmes. Tout est une question d’économie. Pourquoi s’échiner à dépenser des talents magiques pour quelque chose qui peut se résorber avec quelques jours quand d’autres ont besoin de davantage d’assistance ? Je m’approche de la table, gardant une certaine distance avec Léonora avant d’en tirer les chaises, l’invitant à s’y asseoir. Je note une certaine appréhension de sa part et je finis par comprendre bien vite que ce qui sonne comme une réaction pleine de bons sens ne l’est pas forcément pour quelqu’un de totalement étrangère à mon monde. Quand on cherche un endroit pour se faire discret, chez la vieille Magotte est une solution qui tombe sous le sens, surtout quand on est dans ce quartier. Je pourrais donner des dizaines de destination ayant la même fonction de disparaître dans chaque quartier de la ville tellement ça fait partie du bagage de survie de l’Officier Républicain de Courage. J’ai pris un peu trop à cœur ce besoin de disparaître, peut-être, et Léonora s’en trouve indisposé. Je me mords la lèvre, rageur contre moi-même. J’ai beau avoir l’esprit clair dans de nombreuses situations du fait de mes années à l’Office, elles ne m’ont pas préparé à cette situation. Elle mérite des explications.
-Il n’y a pas mieux pour disparaître ici. Partout, il y a des oreilles qui traînent et des regards qui furètent. On est jamais vraiment tranquille, du moins, pour les gens simples.
J’imagine que dans les manoirs, il y a assez d’espace pour être véritablement à l’abri, même s’il peut toujours avoir un serviteur dans les parages pour espionner.
-La vieille Magotte, ça fait des décennies qu’elle a des pièces comme celle-ci pour s’isoler. Les différentes caches sont isolés les uns des autres, sont accessibles par des accès différents et elle est muette comme une tombe. Il y aurait un criminel dans la cache d’à côté qu’elle ne le balancerait pas à l’Office. Même si c’est celui qu’on recherche. Ca fait partie du marché.
Je balaie du regard la pièce. J’y ai passé quelques journées, ici, à attendre le bon moment. Je pointe du doigt un trou dans le mur, juste derrière la jeune femme.
-Ca, c’est de moi. Une fois où on a attendu trois journées entières et qu’on avait que les cartes truquées de Tarot pour s’occuper. Il ne pouvait pas s'empêcher de tricher même après tout ce temps et j’ai… perdu mon sang-froid. Il a esquivé au dernier moment.
Mon regard passe en revue le plancher grinçant. Je tends du doigt un recoin.
-C’est là que j’ai l’habitude de taper un somme. Ce coin-là, c’est Pancrace, par exemple. On a nos habitudes. Les ronfleurs sont priés d’aller voir ailleurs.
Mon sourire s’efface petit à petit. Peut-être que je suis venu ici, pas seulement par esprit pratique, mais parce que ces lieux veulent dire quelque chose de moi. Et que j’ai envie que Léonora apprenne de cette partie de moi-même. Qu’elle ne voit pas ce que je lui offre, ce que je m’efforce de lui montrer, en chaque instant. La réalité de ce que je suis. Que derrière les belles apparences, il y a des failures.
-Ce genre d’endroit, c’est un peu ma vie. Ma vie, c’est le travail. C’est les collègues. C’est le devoir. Pas que ça soit un fardeau sur mes épaules, mais ça a toujours été mon choix de vie. Me fondre dans la masse, être un rouage dans la foule. Ne pas sortir du rang.
Pas trop le cas dernièrement, mais dans un regard malicieux vers Léonora, je tente de lui faire comprendre qu’elle n’est peut-être pas étrangère à cette évolution. Je reprends.
-Je ne peux pas dire que j’ai des amis en dehors de l’Office. Je n’ai pas grand-chose en dehors de l’Office, même. Je pense même rarement en dehors du spectre de l’Office. Ça a été ma vie pendant plus d’une décennie.
Et je ne regrette rien. Je baisse mon regard vers mes mains que je serre l’un contre l’autre, incapable de les garder immobiles, comme si j’essayais de trouver mes mots et de les attraper pour en faire les phrases que je veux lui transmettre.
-Ces mains… ont été au service de l’Office. Elles ont principalement servi pour le travail. Rarement pour ce que j’avais envie de faire, pour la simple raison que je le voulais, indépendamment de mes obligations et de mes collègues.
Je les fixe un instant. Puis, lentement, je tends la main dans sa direction. Comme j’ai pu le faire sur le mur.
-Tout à l’heure, je te l’ai tendu. Et j’ai espéré que tu t’en saisisse. Pas pour de lointaines obligations envers des gradés ou l’intérêt d’aider des concitoyens. Non. Juste pour moi. Égoïstement.
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