La Maison Bleue était une institution, un repère, le centre de la politique Républicaine. En janvier Liberty avait été secouée par les événements de l'Assemblée et du réveil de l'avatar de Kayio par la propre fille de Dangshuang, l'expression bon sang ne saurait mentir était tellement mal appropriée de fait... Le sang n'est rien, seuls les actes comptent, c'est ainsi que la Porte Parole voit les choses et son prisme de tolérance s'est amenuisé au cours des dernières années. Profondément humaniste, elle voulait que chacun puisse vivre dans les meilleures conditions possibles au sein de la Nation Bleue. Cependant les obstacles, les frondeurs, pour eux, nulle pitié. Les gens peinaient cependant à comprendre que principe d'humanisme n'était pas forcément associé à la faiblesse ou la gentillesse, Dorylis était une femme forte et opiniâtre, têtue et frondeuse.

Elle travaillait depuis des mois sur les changements de gestion de l'Hebdo Républicain, une refonte globale et profonde pour que la communication devienne un outil de travail efficient et performant au sein de leur Nation. Elle avait mandaté les ingénieurs, façonneurs, mages de Magic pour qu'ils trouvent un moyen de permettre une diffusion plus large et nombreuses des feuilles de l'Hebdo. Elle avait donné carte blanche à ce projet pour obtenir des résultats que son cabinet ministériel supervisait, pas de dépenses superflues non plus, tout devait être justifié, pas de passe droit ou autres abus du genre, c'était le renvoi immédiat pour la Porte Parole. Quand on travaillait pour elle officiellement, il fallait montrer patte blanche et être irréprochable, des parangons de vertus et c'était une denrée rare dans une Nation rongée par la corruption, les malversations financières et autres.

Et dans cette montagne de travail, il y avait eu les manifestation de Courage, elle avait soupiré de dépit en lisant les différents rapports venus de la ville. La gestion calamiteuse de la situation par le Maire fut ce qui la déçu le plus, elle avait espéré qu'il soit capable de mettre de côté ses rancoeurs et ses idéaux suprémacistes et racistes pour gérer une crise mais il n'en avait rien été hélas. Sa consœur et amie Hélénaïs de Casteille, Ambassadrice maintenant avait été remarquable de sang froid et d'à propos et son rapport donnait des informations étonnantes. La générale de Noirvitrail aussi avait fait montre de ses talents de meneuse et avait fourni des rapports précis et clairs. Chaque faction avait rempli son rôle et le pire avait pu être évité, le pire seulement car les bougeoirs restaient une poudrière à éteindre, un havre de paix devait être créé et les propositions faites sur le moment devaient être chiffrées, étudiées par les ministères appropriés. Et dans tout cela, il y avait eu des électrons libres, des personnages qui étaient sortis du lot. Elle ne parlait pas de ces maudits pirates qu'il faudrait un jour ou l'autre réduire au silence ou les forcer à intégrer la nation, mais vivre avec une perpétuelle épine au pied qui s'enflammait quand on marchait trop longuement ce n'était pas une option à ses yeux. L'épine devait être retirée et brûlée !

Et dans tous cela... il y avait l'Ambassadeur du Reike : Mirage. Elle voulait le rencontrer, prendre la mesure de l'homme, de l'élémentaire en réalité pour pouvoir préparer sereinement ensuite son voyage diplomatique au Reike afin d'y voir la Voix. Aussi, quelques jours après les évènements de Courage, l'Ambassadeur eut la surprise de recevoir chez lui un pli officiel de la Porte Parole l'invitant à une rencontre à Liberty. Il allait de soit que le jour et l'heure étant bien précisé, il n'y avait que de place pour envisager un refus.

C'est ainsi que le jour indiqué, la Porte Parole attendait dans son bureau de la Maison Bleue la venue de son invité du jour. D'ordinaire elle aimait à recevoir les gens dans sa propre demeure familiale mais elle voulait que l'entretien soit réellement placé sous le joug de la rigueur et de la diplomatie républicaine.

CENDRES