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Tour 4
Encore une fois, le suspect prit tout ceci à la légère, un tour de gamin. Pas le genre de réaction que je m'attendais, surtout de lui. La directrice ne renchérit pas, et même la lieutenante ne me rabroua pas. C'était presque décevant.
Heureusement, il sembla être prêt à répondre aux questions de la lieutenante. Avant que l'on me laisse agir à ma façon. Mais mon attention se porte sur la "directrice" du scan. Ses mots portaient une menace incomplète, dans un murmure. Alors que sa main quittée l'endroit où se tenait potentiellement une de ses armes pour rejoindre mon épaule. Mon sourire s'agrandit un instant, répondant aussi dans un murmure.
- Je suis d'accord. Reprenons sur de bonnes bases.
Cette proximité m'ouvrait l'appétit et je le dissimulais. L'habitude de ce genre de faim. Pas celle d'un homme, pas celle d'un mâle, mais celle d'un prédateur. Elle dégageait une odeur particulière, un léger quelque chose que j'avais déjà senti, avant avec du sable chaud. Sur cette femme ailée, la première fois que j'avais croisée notre homme. Une soif de sang que peu connaissait.
Et puis je m'étais éloigné, gardant toujours ce sourire aimable qui me caractérisait. Mais d'un regard, j'avais compris que la lieutenante des approuvé mon comportement, ce qui n'était pas une première. Nous étions diffèrent dans nos fonctionnements, mais étrangement, on obtenait des résultats. C'était sûrement pour cela que nos chefs nous avaient heures à nouveau, ou alors, ils aimaient taper sur la patience de la belle. Et actuellement, il y en avait un autre qui éprouvait cette patience. Le fait qu'elle le reprenne même sèchement n'avait pas l'air de le stresser plus que cela.
Je la laissais mener l'interrogatoire et cette fois, l'autre femme n'était pas intervenue. Peut-être qu'ils sentiront que les portes de sortie se refermaient les unes après les autres. Et peut-être qu'il aurait l'esprit de ne pas lui taper sur les nerfs. J'avais déposé la cendre de mon cigare dans un cendrier alors avant de tirer à nouveau dessus.
Et mon sourire se déforma en quelque chose de plus cruel quand elle lança la menace de l'emmener à l'office. Et là, ce serait à moi de travailler. Elle laissa planer ses mots, cette menace que je pourrais appuyer en temps voulu. Mais gardant cette ligne directrice, je ne rajouterais rien, n'offrant pas de possibilité de diverger. Il finirait par regretter les détours où il tentait de nous perdre.
Et puis j'avais écrasé mon cigare avant de rejoindre le mur pour m'appuyer dessus, laissant ma canne contre celui-ci. Mes bras se croisèrent sur ma poitrine pendant que je ne le quittais plus de mes orbes cyans. Ce sourire toujours affiché.
L'odeur de mon cigare qui s'évanouissait, j'arrivais captais celle des personnes présentes pendant que Leonora reprenait. Posant les questions qui s'imposaient. .
Et cette fois, j'osais espérer qu'il se pende correctement. Ce manège commençait à avoir assez durer.
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Info personnage
Race: Humain
Vocation: Guerrier assassin
Alignement: Chaotique neutre
Rang: C
Visiblement l’amorce de confessions du marchand n’avaient pas été suffisante, l’officier, bien que dans une certaine maîtrise, était comme une cocotte minute. Son regard, ses poignets qui se serraient, son ton sec…
Didier avait observé la tension monter au sein du trio formé par le limier, la lieutenante et la soi-disant directrice du SCAR. Il avait d’abord esquissé un sourire fugace, un geste qui aurait pu être interprété comme une provocation de plus, mais qui n’était en réalité qu’un tic nerveux. Après avoir pris une gorgée de vin, le marchand s’était lentement relevé, fixant la lieutenante droit dans les yeux, son regard ancré dans celui de l’officier. Puis, après un bref silence, il s’adressait à elle:
« Très bien, très bien. Comme vous voudrez mademoiselle…» Didier s’interrompit, son esprit frondeur ayant du mal à se soumettre aussi facilement. Mais il fallait parfois se montrer bonne pâte alors, l’homme avait rectifié: « Pardon. Lieutenant de Hengebach.» Avait-il fait avec un léger salut de la tête.
« J’espère que vous avez de quoi noter.» Avait-il lâcher ensuite avant de se rapprocher du feu, sons regard se perdant dans les flammes, comme pour y puiser une forme de courage dans la chaleur du foyer. Ce petit jeu avait assez durer, il avait sa version bien en tête.
« J’espère que vous avez de quoi noter, » poursuivit-il en saisissant le tisonnier pour mieux disposer les braises incandescentes. « Vous êtes là pour avoir des réponses, et j’ai déjà commencé à vous en fournir. Ne vous en déplaise.»
Il déposa ensuite quelques bûches avant de se redresser, puis jeta un regard au tisonnier rougi par le feu, avant de glisser son regard vers ses visiteurs. Sa voix, quoique encore emprunte de fatigue, était plus assurée. Didier poursuivit ensuite en rangeant le tisonnier chaud sur un support à côté de la cheminée:
« Toute cette histoire de rendez-vous au Drapeau Blanc. Vous l’avez compris, n’était qu’un piège, un guet-apens grossier…» Avait poursuivit Didier en se relevant, se frottant les mains. Son regard glissait de l’âtre à Léonora puis à Valefor.
« Evidement, c’est toujours suspect lorsqu’une personne veut vous enfermer dans un choix. Je l’avais senti lors de notre entretien du quatre avec Broka. Mais voilà, en bon homme d’affaire, je m’y étais rendu. Sur mes gardes certes mais sans m'imaginer que la chose prendrait une tournure aussi… définitive.»
Passant à côté de la lieutenante, le républicain marchait maintenant à travers le salon comme un fauve en cage, bras dans le dos. Le regard concentré, perdu dans la pièce, il poursuivait comme s’il réfléchissait à voix haute:
« Si je suis rentré par l’arrière du Drapeau Blanc le matin du cinq septembre, c’était parce que sa façade avant avait été barricadée en prévision de la manifestation prévue ce jour-là. Seule la porte de derrière permettait d’y rentrer.» Il se tournait vers la jeune femme, esquisant un sourrie malicieux: « Mais ceci vous le saviez déjà n’est-ce pas ?»
Didier n’attendit pas de réponse de la jeune femme. Il fit encore quelques pas, son coeur battait si fort qu’il le sentait dans ses tempes alors que les images de cette journée lui revenaient, nettes, comme si c’était la veille: Le portier condescendant, l’entretien avec Peutiez, sa tentative de l’acheter, puis de l’envoyer ad patres… Et son associé, Yvan… Tous ces détails qu’il avait voulu oublier à jamais revenaient clairs et nets. Didier fit une courte pause, se massant une tempe avant que son regard ne capte celui du Limier à côté de lui avant de reprendre ses pas, jetant des regards à la lieutenante:
« J’ai bien eu un entretien avec monsieur Peutiez, il voulait me faire renoncer au marché remporté la veille contre une compensation qui n’équivalait en rien au marché en jeu. En gros, il voulait me troquer un entrepôt miteux et en ruine contre un contrat juteux avec la ville de Courage.» Didier pouffait de rire nerveusement avant de se tourner vers le limier: « J’ai été contraint de refuser son offre qui était, juste, insultante. Sauf que, pour Peutier, je ne pouvais pas refuser voyez-vous ? Et comme je ne me suis pas laissé faire… Et bien, ne voulant pas perdre la face, ce… charmant monsieur a entrepris de supprimer la mienne! »
Didier avait eu un petit mouvement à la fin de son discours comme pour souligner ces dernières paroles. Il avait repris sa marche dans le salon, laissant ses propos infusés dans l’esprit de ses hôtes. Il passait ensuite derrière Orifa, une main sur le menton, l’air pensif avant de les poser sur le dossier du sofa où cette dernière était assise.
« J’ai donc été contraint de me défendre… Je vous épargne les détails mais Peutiez a essayé de me planter avec un couteau. A un moment, je suis parvenu à lui prendre son arme…» Didier fait alors quelques pas dans le salon, sans se presser et marque une pause, près de la fenêtre qui donne dans la rue. À travers elle, il peut voir des ombres de l’autre côté de la rue. Il esquisse un sourire.
« Vous savez, je ne suis pas un tueur, je m’attaque aux egos, pas aux corps. Mon idée avait été de couvrir mon départ avec l’arme que Peutiez avait brandie contre moi. Mais il était vraiment déterminé à m'abattre et, je ne sais pas ce qui lui a pris, il s’est jeté sur moi et…. Enfin vous connaissez la suite. Il était devenu vraiment fou. La perte de ce marché semble l’avoir fait vrillé.» Didier quittait alors sa contemplation du dehors, hochant la tête comme pour évaluer le gâchis de la situation. Il se rapprochait alors de la cheminée.
« Je ne supporte pas la mort, elle est bien trop présente autour de nous, dans nos vies, pour en ajouter inutilement. Je suis un homme d'affaires, les gens ont plus de valeur vivant que mort pour moi. Même quand ils ont sale caractère.» Didier adressait un regard malicieux agrémenté d’un rire nerveux, mais empreint d’une fatigue lasse à l’officier puis au autres personnes présentes.
« J’ai vraiment été choqué par son initiative, et c’est à cet instant que son assistant est entré dans le bureau. ‘Tu lui a réglé son compte?’ Avait-il lancé en entrant.» Didier eut une moue de dégoût. « Ce type avait deux fois ma carrure, et il venait vérifier si j’étais bien ‘refroidis’. Alors, sur le coup, j’ai cru que, s’il prenait vraiment conscience de la situation, je n'aurais pas la même chance qu’avec Peutiez. Alors je … j’ai voulu l’assomer. Mais je ne suis pas très bon pour ça, et on en est venu aux mains. J’ai voulu le repousser et c’est là que… Enfin, il est passé par la fenêtre…» Didier soupirait, se lustrant le bouc avec une main, le regard perdu dans le feu.
« C’était un accident. Je n’avais pas l’intention de tuer, mais je me suis retrouvé dans une situation où j’ai été contraint de défendre ma vie face à deux personnes. J’ai ensuite quitté le Drapeau Blanc sans passer par la porte d’en bas car, comprenez mon état d'esprit à ce moment-là: j’avais peur de devoir combattre, de risquer ma vie à nouveau. » Avait-il déclaré avant de conclure: « J’étais complètement perdu, je ne savais pas quoi faire.»
Après cette confession, il portait un regard vers le bas pour constater que sa senestre tremblait légèrement. Il la prit alors de son autre main pour stopper ces effets de son agitation dû à l’anxiété. Ensuite, se rapprochait de la table basse, lançant un regard à Orifa en face de lui et en prenant la bouteille de vin sur la table.
« Si je suis coupable de quelque chose, c’est de m’être défendu, d’avoir voulu survivre. Rien d’autre. Personne n’en reprend? » Conclut-il avant de proposer du vin à ses visiteurs.
Le silence s’installa, tandis que le marchand, la main sur la bouteille, attendait, offrant enfin une histoire cohérente, laissant à chacun le soin d’en tirer ses conclusions.
CENDRES
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Tour 5
Le discours de la lieutenante eut l'air de marcher, l'homme se mit à table, nous délivrant une tout autre version des faits. Rajoutant du bois dans le feu comme s'il racontait une histoire qui lui donnait froid dans le dos. J'espérais que cette fois, il ferait preuve de jugeote.
Il avait commencé par le début, son arrivé dans la fameuse auberge. Remettant le contexte de leur rencontre. Expliquant pourquoi il était passé par l'arrière du bâtiment. J'avais lu quelques rapports sur les événements des bougeoirs, enfin pour ce que j'en avais à faire. Je sais que quelques-uns de mes collègues avaient participé aux maintiens de l'ordre.
L'homme continuait expliquant le déroulé de leur rencontre, le marché insultant, la perte de contrôle de la victime. Didier semblait se soulager d'un poids sur ses épaules alors que ce qui semblait être plus proche de la vérité que ses discours jusque-là. Même s'il garait des manières une peu trop théâtrales, mais cela serait venu de son métier de commerçant.
Enfin, c'est ce qu'indiquaient certains signaux à ça, un peu de fatigue. Je n'avais pas quitté mon coin de mur, l'observant se confier, observant les réactions de la directrice.
Cette fois, on aurait dit qu'il avait trouvé un équilibre. Il racontait en détail, mais sans se perdre dedans pour la première fois de puis notre arrivée. Était-il las de ce jeu ? Ou l'ombre des conséquences avait pris un peu trop d'ampleur pour lui. Je ne le saurais pas et honnêtement, je m'en foutais. N'importe quelle raison se valait pour moi. Tant que cela avançait
- Si j'ai tout compris. Tu as pris un contrat sous le nez de la victime. Il a voulu te forcer à te retirer. Devant ton refus, il t'a sauté dessus et tu t'es défendu. Le tuant dans la manœuvre.
J'avais quitté mon mur en récupérant ma canne, marchant à nouveau au bruit de ma canne. Le pas lent, lourd, le visage sévère. Je m'étais rapproché de l'homme. Sortant à nouveau un cigare pour le poser entre mes lèvres. L'allumant avec mon briquet en électrum. La fumée s'éleva à nouveau. Mon sourire se ferma et prit un air sadique. Je le toisais de notre différence de taille et de position. Sa vie pourrait basculer d'un simple mot que ce soit de moi ou de la lieutenante.
- Vous voyez le souci de votre version. Et bah...
J'avais fait une rotation de la main, un peu théâtrale. Comme pour signifier que la suite était évidente.
- C'est surtout que ce n'est pas la première qu'est ce qui nous dit que cette version est la vrai. Une fois que l'on s'est drapé de mensonge. Qu'est-ce qu'il peut prouver aux autres que l'on dit la vérité.
J'avais tiré une longue bouffée avant de souffler lentement la fumée vers le plafond. J'avais jeté un regard à la Leonora avant de me diriger vers elle d'un pas lent. M'approchant de son oreille en éloignant mon cigare d'elle.
- Malgré tout, je pense qu'il dit la vérité. Et vous ?
Je me redressais pour m'éloigner un peu d'elle. J'avais l'impression que nous n'aurions pas mieux ce soir. Et puis peut-être que la lieutenante pourrait le faire surveiller. Si on jouait bien, peut-être qu'il ferait un mauvais choix. Et que l'on aurait ce qu'il veut, où assez pour que je puisse agir à ma façon.
crédits : 2114
Info personnage
Race: Humaine
Vocation: Guerrier assassin
Alignement: Loyale neutre
Rang: B
Didier a commencé à raconter sa vérité. Mais Léonora n'était pas dupe, une confession même spontanée pouvait être aussi bien une manœuvre de diversion qu'une révélation sincère. Alors qu'il parlait, elle sortait discrètement un petit calepin de la poche intérieure de la veste de son uniforme, ainsi qu'une mine bien taillée. Avec calme, elle commença à noter ce qu'il disait, chaque détail, chaque hésitation, ses phrases entrecoupées de silences où il cherchait ses mots.
Ses notes étaient méthodiques, précises, un complément aux analyses qu'elle avait déjà notées lors de la découverte du dossier. Elle n’avait pas dévoilé ses propres conclusions avant d'entrer dans cette pièce et à mesure que Didier parlait, elle se rendait compte que plusieurs de ses hypothèses convergeaient avec ce qu'il décrivait. Cela n'était pas forcément rassurant… Soit il disait la vérité, soit il avait une intelligence suffisante pour comprendre les zones d'ombre et diriger ses réponses dans la bonne direction.
Peut-être avait-il effectivement essayé de négocier ce fameux contrat, selon Didier, mais ce dernier s'était montré inflexible. Une dispute éclata. Le conmerçant, pour se justifier, prétendit que Peutiez avait été le premier à s'emporter. Qu'il avait cherché à l'intimider, à l'agresser, puis ensuite l’associé et qu'il avait pris la fuite pour éviter que les choses ne dégénèrent davantage. Pourquoi ne pas avoir envisagé d'en parler tout de suite aux officiers ? Un geste que Léonora qualifia immédiatement dans son esprit de lâcheté déguisée en prudence. Didier poursuivait, mais Léonora restait concentrée, alternant entre l'écoute et ses propres réflexions.
Lorsqu'il parlait, elle analysa les gestes de ses mains, sa posture, comme pour souligner son innocence ou culpabilité, mais ses yeux ne trahissaient-ils pas une forme de calcul ? Des détails infimes, qu’il voulait ne pas détailler. Cela n’avait fait que la rendre plus méfiante encore.
Puis, lorsque Didier acheva son récit, Léonora resta silencieuse quelques instants en secouant la tête pour refuser une nouvelle fois le verre proposé, ses yeux fixaient ses notes. Elle relut rapidement ce qu'elle avait griffonné avant de lever le regard vers Valefor qui lui murmura quelques mots qu’elle approuva en silence.
- Bien, dit-elle enfin, d'un ton ferme. Ce que vous venez de dire est… intéressant.
Elle referme son calepin avec un geste sec, sans quitter Didier des yeux.
- Maintenant, je vais vous demander de rester assis et de réfléchir très attentivement à ce que vous avez omis de me dire. Parce que, Monsieur Van Strijdonck, si votre vérité se révèle incomplète ou arrangée d'une quelconque manière, ce sera une autre paire de manches qui vous attend.
Elle marqua une pause.
- En attendant, je vais confronter vos déclarations à ce que je sais déjà. Et si quelque chose ne colle pas, vous serez de nouveau convoqué et nous n’accepterons pas que la convocation reste sans réponse de votre part.
Elle lança un dernier regard à Didier avant de se tourner vers Valefor qui n’avait plus rien à ajouté, déjà prêt à quitter l’endroit quelque peu frustré si elle en croyait ce qu’elle lisait dans son regard. Avant de partir, elle se tourna une dernière fois vers Didier. Son regard et son ton étaient autoritaires. Elle fit quelques pas vers lui.
- Une dernière chose, Monsieur Van Strijdonck. Vous n'êtes pas en détention officielle pour le moment, mais cela ne vous donne aucun droit de jouer avec les limites. Vous avez interdiction de quitter la République. Ni même cette ville jusqu’à nouvel ordre. Si vous vous avisez de disparaître, qu’importe la raison, je m'assurerai que les autorités plus hautes s'occupent personnellement de votre cas. Et croyez-moi, elles seront beaucoup moins patientes.
Léonora recula légèrement, laissant son avertissement s’imprégner chez l’homme.
- Madame. Ajouta-t-elle pour Orifa dans un simple signe de tête et sans un mot de plus, elle quitta la pièce suivit de son limier de compagnie.
crédits : 1570
Info personnage
Race: Valkyrie
Vocation: Guerrier assassin
Alignement: Loyal mauvais
Rang: C
Intérieurement, elle s’amusait de cette position de retrait. Cela lui rappelait quand elle jouait la dame de compagnie de la présidente. Ce qui était en train d’être discuté ? Finalement, elle ne s’y intéressait pas tant que ça. Didier lui avait déjà parlé de ce qu’il s’était passé et, de toute manière, ce n’était pas de sa juridiction. Utiliser le SCAR pour un simple règlement de compte, c’était comme utiliser un bazooka pour détruire un bateau de pêche. Déposant son coude sur le côté de son fauteuil pour maintenir sa tête avec sa main, maintenant qu’elle avait fini son verre, tout devenait bien plus monotone.
De son point de vue, les lieutenants étaient en train de s’acharner pour pas grand-chose. S’ils avaient vraiment quelque chose, il fallait mieux envoyer des adjudants ou des colonels, non ? Mais qui était-elle pour juger ? Cécila avait bien envoyé une directrice du SCAR pour un seul homme qui n’était même pas encore certain d’être sénateur. Le cheminement de la discussion se rapprochait tout de même d’une conclusion des plus favorables pour Didier ; ces derniers arguments semblaient avoir fait mouche. Elle avait eu envie de répliquer quand l’interdiction de quitter la ville et le territoire fut énoncée, car le pauvre marchand était sous le regard du SCAR. S’il avait pu quitter la république cette fois, ça n’allait pas être si simple.
Au départ des deux militaires, elle se releva pour pouvoir les saluer brièvement de la tête.
— Mon lieutenant, ce fut un véritable plaisir d’échanger avec vous ce soir. J’espère que nous aurons la possibilité de le faire de nouveau, dans un moment plus propice.
Tournant maintenant son regard de braise vers l’homme qui la suivait :
— Mon lieutenant, prenons un verre un de ces jours, vous voulez bien ?
Une de ses pupilles incandescentes disparut un instant pour faire un simple clin d’œil. Elle ne comptait pas vraiment sur cette possibilité, pourtant peut-être qu’ils allaient pouvoir mettre à plat leurs problèmes d’égaux. Puéril de sa part ? C’était une certitude, mais elle restait là, le cul vissé sur sa chaise, n’ayant pas l’intention de bouger. Pourtant, un sifflement qui pourrait sembler anodin pour des non-initiés attira son attention.
Laissant le trio continuer à parler, Orifa se rapprocha de la porte pour l’ouvrir, voyant un agent de l’ombre avec un document en main. C’était le dossier sur Didier.
— Directrice, voilà le dossier.
— Merci.
Une fois l’échange terminé, l’agent se retourna en position alors que la valkyrie refermait la porte pour retourner dans son siège. Sur la route, elle eut un petit regard en coin en direction du limier. Lui qui n’avait pas voulu transmettre le dossier, ce qui lui aurait fait gagner du temps, maintenant elle l’avait entre les mains. Commencant à le feuilleter pendant que les autres protagonistes étaient en train de terminer leurs politesses, comme l’avait énoncé Didier un peu plus tôt, ils n’avaient pas eu le loisir de pouvoir échanger sur sa petite escapade pour l’arbre monde. Une fois à deux, tout allait être plus simple. Il fallait tout de même espérer qu’une fois la discussion close, Cécila allait arrêter de lui donner ce genre de mission… Qu’est-ce qu’il ne fallait pas faire pour se rapprocher du président et de sa lignée.
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Race: Humain
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Alignement: Chaotique neutre
Rang: C
(EPILOGUE)
« Monsieur le Limier, je comprends parfaitement vos réserves. » avait répondu Didier en inclinant légèrement la tête.
« Je ne prétends pas être un saint ni une victime parfaite, mais ce que je vous ai raconté est sincère. Je sais qu’après avoir tourné autour du pot, ma parole peut sembler suspecte. Toutefois, je n’ai pas menti sur la façon dont s’est déroulée cette tragédie. »
Le marchand s’exprimait d’une voix plus posée, comme s’il reprenait enfin le contrôle de lui-même. La nervosité était toujours là, ancrée dans la raideur de ses épaules et la légère crispation de sa mâchoire, mais elle s’était adoucie, remplacée par une sorte de résignation lucide. Ses mots étaient simples, sans fioritures inutiles, comme s’il avait compris que la moindre tentative d’esquive ne ferait que renforcer la méfiance du limier et de la lieutenante à son égard.
Lorsqu’il se tourna vers l’officier, il adopta un ton un peu plus respectueux, marquant son effort pour reconnaître son statut et son autorité.
« Lieutenant de Hengebach, je n’ai jamais eu l’intention de vous faire perdre votre temps, ni à vous, ni à votre collègue. Vous méritiez des réponses honnêtes, sans détours, et vous les avez maintenant. »
Sa voix trembla légèrement sur la dernière phrase, mais il se ressaisit. Il n’avait plus envie de jouer au plus malin. Il était à bout, fatigué par cet interrogatoire informel, par les regards soupçonneux, par la tension qui avait pesé sur ses épaules. Il avait déballé toute l’histoire, revivant dans sa mémoire chaque instant pénible de ce rendez-vous funeste au Drapeau Blanc, chaque détail de l’attaque, chaque geste défensif, chaque décision précipitée. Le faire avait été douloureux, mais quelque part, le soulageait : un poids pesant sur sa conscience depuis des mois était enfin déposé sur la table.
« Ma version est sincère, complète et définitive. » Répéta-t-il, comme pour marteler cette assurance. « J’ai expliqué le mobile, les circonstances, le piège qu’on m’a tendu, comment j’ai dû me défendre, et pourquoi j’ai fui par la fenêtre. Curieux, oui, je le concède. Mais pouvez-vous vraiment me reprocher d’avoir paniqué, après avoir échappé de justesse à une tentative d’assassinat ? »
Le silence qui suivit lui parut interminable. Il observait le limier Sealgair, cherchant à deviner derrière ce masque de calme apparent s’il était cru ou toujours suspecté. Puis il regarda la lieutenante de Hengebach, la remerciant intérieurement de lui avoir forcé la main. Sans ses menaces, sans sa fermeté, peut-être aurait-il continué à biaiser, à éviter la vérité entière. Au moins maintenant, les choses étaient posées, nettes, sans ambiguïtés. Il faudrait peut-être des preuves, des témoignages, mais lui avait lâché tout ce qu’il savait.
Lorsqu’elle referma son calepin d’un geste sec, Didier serra les dents, craignant une sentence immédiate. Mais la lieutenante choisit finalement de lui laisser une porte ouverte, le prévenant que s’il mentait ou omettait encore quelque chose, les conséquences seraient plus graves encore. Il acquiesça sans discuter, acceptant les conditions, conscient que la récréation était terminée, qu’il n’avait plus aucune marge de manœuvre s’il voulait éviter d’être traîné immédiatement devant les tribunaux républicains.
« Je comprends, Lieutenant, et je ferai tout mon possible pour répondre aux convocations à venir. » Fit-il d’un ton posé, inclinant légèrement la tête. Le poids des menaces, la fatigue, la lassitude, tout lui dictait de ne pas faire de zèle.
Les instructions de la lieutenante étaient claires : interdiction de quitter la ville, et, plus largement, la République. Didier n’avait pas prévu de s’en aller de sitôt, de toute façon. Il avait assez voyagé, assez couru à droite et à gauche. Il avait besoin de repos, de remettre de l’ordre dans cette maison encore encombrée, de régler ses affaires, de digérer ce qu’il venait de confesser. Alors sa réponse vint naturellement, presque soulagée.
« Il y a peu de chance que je quitte la ville. Comme vous pouvez le constater, j’ai un bon ménage à faire ici, » Lâcha-t-il en haussant doucement les épaules, esquissant un sourire fatigué. « Je resterai bien évidemment à la disposition des autorités dans le cadre de cette affaire, et je me tiendrai prêt à vous accueillir si vous souhaitez me questionner de nouveau. »
Le marchand laissait alors ses visiteurs échanger quelques politesses entre eux avant que le groupe ne se sépare. Didier avait jeté un regard vers Orifa qui s’était dirigée vers l’entrée, sans signaler son départ mais préférait se concentrer sur les enquêteurs. Didier les accompagnait jusqu’à la porte d’entrée où, en chemin, Ils croisèrent à nouveau la soi-disante Sefi qui revenait au salon, un dossier sous le coude. Didier ne fit aucun commentaire et se contente d’accompagner le limier et l’officier à la porte.
Là, ouvrant le battant d’un geste souple, invitant le limier et la lieutenante à quitter les lieux. Son regard effleura le visage de Sealgair, cherchant un signe, une marque, n’importe quoi qui puisse prouver qu’il n’était plus considéré comme un gibier à abattre, mais peut-être comme un témoin un peu trouble, un suspect relatif. C’était déjà mieux que rien. Puis il salua la lieutenante de Hengebach, espérant qu’elle se souviendrait de sa coopération.
« Bonne fin de soirée, Lieutenant, Monsieur le Limier. »
Articula-t-il avant de refermer doucement la porte une fois qu’ils eurent disparu dans la nuit. Le cliquetis de la serrure résonna dans le silence de la maison. Pendant quelques secondes, Didier resta adossé contre le bois de la porte, les yeux fermés, écoutant sa propre respiration, tentant de calmer ce cœur qui battait encore bien trop vite.
C’était terminé, au moins pour ce soir. Il ne savait pas s’ils le croyaient réellement, ni même s’il n’y aurait pas d’autres conséquences, d’autres interrogatoires plus musclés plus tard. Mais il avait fait ce qu’il fallait, et pour le moment, c’était tout ce qui comptait. Mieux valait être prudent, attendre et voir comment la situation évoluerait. Dans le pire des cas, il ne manquerait pas de chercher une aide juridique, un soutien quelconque, mais chaque chose en son temps.
Après quelques instants, Didier se redressa et retourna vers le salon. Les pas feutrés sur le tapis, les ombres projetées par les flammes vacillantes de la cheminée : tout semblait plus paisible à présent. Orifa, ou plutôt Sefi, attendait, silencieuse, en train de parcourir le dossier qu’elle portait précédemment. Bien qu'elle avait repris sa forme originale et tombé le masque, celui-ci, sa présence, son rôle mystérieux, tout cela était resté dans un coin de son esprit pendant l’interrogatoire. À présent, il pouvait enfin se permettre de la regarder droit dans les yeux, ou du moins dans ses prunelles rouges qui, il le savait, l’observaient avec une attention toute particulière.
« Eh bien… c’était intense, n’est-ce pas ? » Murmura-t-il dans un soupir, tentant un sourire faible mais sincère, comme pour briser la tension. « Je ne sais pas si je dois vous remercier, ou m’inquiéter de ce que vous pourriez demander en retour. Mais une chose est sûre, je suis soulagé que cette mascarade soit terminée pour ce soir. »
Portant la bouteille à portée de main, il haussa un sourcil vers la valkyrie :
« Je vois que vous avez de la lecture ma chère. Un verre de plus ? »
CENDRES
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