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Citoyen de La République
Gunnar Bremer
Messages : 216
crédits : 1539
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Info personnage
Race: Humain
Vocation: Guerrier assassin
Alignement: Chaotique Neutre
Rang: C
Je sors du bureau de Patôche et je referme derrière moi, laissant le Commissaire et Lou s’entretenir de sujets qui ne me concernent pas. Dans ma main, je tiens les détails de ma prochaine affectation. J’ai pas trop le temps de penser à la tâche qui m’attend que les collègues me tombent dessus.
-Bravo !
-Félicitation !
-Hip hip hip pour Gunnar !
On est chez nous, dans notre commissariat. Celui qui a été dirigé par Patôche avant d’être appelé à de plus hautes fonctions. Celui qui a été repris par Lou. Celui où j’ai passé tant d’années avec Pancrace, Tarot, Serge, Gégé… Et puis, après, ceux qui nous ont rejoint : Bistouri, Madame, Surin, Krueger, Fifi et même les derniers comme Banania. Une belle bande d’Officiers Républicains ; et d'auxiliaires ; qui ont été plus que des collègues. Presque une famille et le Commissariat a été notre maison, notre foyer. Sur leur visage, je peux y lire une fierté sincère. Même si avec nos promotions au rang de Capitaine, on a pu être particulièrement odieux, c’était dans le bon esprit car en échange, on leur a permis de rester entier avec nos divers talents et notre sens accru de la stratégie et de la retraite opportune. Voir l’un des leurs s’élever, c’est toujours une bonne chose, surtout quand il n’oublie pas d’où il vient.
-On applaudit aussi pour le Capitaine Pancrace !
Retour à son grade pour l’ami Pancrace. Mérité, très clairement. Et puis, ça sera très utile pour la suite, mais ça, ils ne le savent pas encore. Madame lance les applaudissements et tout le monde s’y joint de bon cœur. Derrière, Gégé a du mal à synchroniser sa main dans l’autre et préfère se concentrer sur le débouchage de plusieurs bouteilles avec une agilité soudainement accrue. Que serait une promotion sans une petite fête à côté ? Au son des bouteilles, les officiers républicains opèrent un rapprochement stratégique vers les tables et bientôt, tout le monde boit un coup et mange un morceau, avec les félicitations de Patôche. Si les collègues étaient particulièrement suspicieux en apprenant la nouvelle de cette débauche soudaine de moyens pour le petit personnel, ils sont bien vite passé à autre chose comme honorer dignement le cadeau.
-Alors, Gunnar, ça fait quoi d’être Divisionnaire ?
-Pas grand chose. Mon nouvel uniforme arrive bientôt, je saurais davantage quand je serais dedans.
-Est-ce que ça s’accompagne d’une nouvelle matraque ? Genre honorifique ?
-Avec des rubans ?
-Je crois pas Krueger.
Bistouri jette un regard en coin en direction de Pancrace.
-En tout cas, ça serait pas mal d’en offrir une autre au Capitaine. Ça lui a mis un coup au moral de perdre la sienne, l’autre jour.
-T’inquiètes pas, Bistouri. Patôche m’a parlé d’une matraque spéciale qui devrait arriver pour nous deux.
-Et pourquoi vous deux ?
-Parce qu’on a une promotion, non ?
-Je trouve pas ça très juste.
-Pou’tant, le diwisionnai’e mé’ite
-Je savais que je pouvais compter sur toi, Banania.
-Ouai bah nique, Gunnar.
Je hausse un sourcil alors que je dégaine ma matraque de Capitaine et je la glisse sous le menton de Cinglé dans un mouvement fluide avant de le relever doucement. Tout le monde s’arrête de parler.
-Pour vous, ce sera Divisionnaire Bremer. C’est compris ?
-Oui.
-Oui qui ?
-Oui… Divisionnaire.
-Bien. Il se trouve que le temps des familiarités est terminé. Vous allez apprendre le respect.
Gros silence. Je finis par baisser la matraque en souriant.
-Non, je déconne.
Les copains se détendent. Cinglé cesse de retenir sa respiration.
-Putain, tu m’as eu Gunnar.
-Pour toi, ça sera quand même Divisionnaire Bremer.
-Mais…
Si jamais je dois commencer à devenir un petit chef tyrannique, je sais que je peux compter sur les collègues fidèles pour me le faire rappeler. Il y a rien de plus dégueulasse que de devenir ce qu’on a toujours abhorrer. Pancrace finit par me retrouver.
-Félicitation Divisionnaire.
-Félicitation à toi, plutôt, Capitaine.
Il hausse les épaules.
-Bwarf, j’ai pas trop cherché. T’as l’air plutôt content de toi.
C’est vrai que je souris. En ce moment, je suis assez content de moi. Je dirais même heureux. On cultive son jardin secret et c’est quand même important de ne pas mélanger pro et perso.
-Ce n’est pas cette promotion qui me fait cet effet là, mais je ne veux pas en parler.
Il me glisse un sourire en coin, mais il n’insiste pas. Je crois qu’il se doute de quelque chose. On est dérangé par Patoche et Lou qui sortent du bureau. Le commissaire est souriant et fait un grand signe de main aux officiers républicains pour les saluer, puis, il se tourne vers moi.
-Alors, Divisionnaire, vous leur avez annoncé la nouvelle ?
-Pas encore.
-Ah. Il ne faut pas trop les laisser dans l’inconnu.
-C’est quoi cette histoire Gun… Divisionnaire Bremer ?
Tout le monde a de nouveau son attention sur moi. Je prends un peu mon temps pour faire monter la pression, puis je finis par me lancer.
-J’ai été choisi pour diriger une caserne dans le quartier des Bougeoirs. Au nom de la reconquête du quartier sous le giron de la République.
-Oooh !
-Oh non !
je vois dans le regard de certains qu’ils ont compris ce que ça implique. Je vais les quitter. Et après tant d’années à rester ensemble, cette famille dont je parlais, elle est difficile à fracturer. Heureusement, le commissaire a pensé à tout.
-Mais comme j’aurais besoin d’éléments de confiance pour mener à bien nos missions auprès de nos concitoyens des bougeoirs, le Commissaire m’a autorisé à piocher des éléments parmi vous histoire de former la moitié de ma caserne. Je remercie le divisionnaire Lou pour avoir accepté de partager ses troupes.
Le divisionnaire Lou n’exprime aucune émotion, comme à son habitude.
-J’ose imaginer que je trouverais des volontaires pour m’aider dans cette nouvelle assignation…
Les gars se regardent les uns les autres. Si certains transpirent leur volonté de se joindre à moi, d’autres cherchent la décision des bons collègues du regard avant de laisser transparaître la moindre émotion. Ça juge le pour et le contre. Le pour de suivre les copains, d’avoir un gars de la base comme chef avec certaines libertés que ça implique. Et le contre de bosser dans les bougeoirs, de changer d’environnements, d’habitudes et de potentiellement se mettre en danger. Les candidats doivent se déclarer à Lou avant la fin de la petite fête car dès demain, le boulot commencera et il y a beaucoup à faire. C’est que la dernière fois qu’il y a eu une caserne active dans les bougeoirs, c’était il y a un petit moment. Si le quartier était industriel pendant longtemps, la ghettoïsation du quartier a rapidement fait fuir la garnison locale déjà pas connue pour son efficacité. Il faut réinvestir la caserne, tout recréer depuis les fondations, gagner la confiance des locaux, le tout sans trop de faux pas. C’est que la mission relève aussi d’un caractère politique après les émeutes.
Mais elle relève aussi d’une quête personnelle car un rapport récent l’affirme. Il semblerait qu’un culte en l’honneur d’un ventripotent nain émerge dans le quartier.
Et ça, c’est inacceptable.
-Bravo !
-Félicitation !
-Hip hip hip pour Gunnar !
On est chez nous, dans notre commissariat. Celui qui a été dirigé par Patôche avant d’être appelé à de plus hautes fonctions. Celui qui a été repris par Lou. Celui où j’ai passé tant d’années avec Pancrace, Tarot, Serge, Gégé… Et puis, après, ceux qui nous ont rejoint : Bistouri, Madame, Surin, Krueger, Fifi et même les derniers comme Banania. Une belle bande d’Officiers Républicains ; et d'auxiliaires ; qui ont été plus que des collègues. Presque une famille et le Commissariat a été notre maison, notre foyer. Sur leur visage, je peux y lire une fierté sincère. Même si avec nos promotions au rang de Capitaine, on a pu être particulièrement odieux, c’était dans le bon esprit car en échange, on leur a permis de rester entier avec nos divers talents et notre sens accru de la stratégie et de la retraite opportune. Voir l’un des leurs s’élever, c’est toujours une bonne chose, surtout quand il n’oublie pas d’où il vient.
-On applaudit aussi pour le Capitaine Pancrace !
Retour à son grade pour l’ami Pancrace. Mérité, très clairement. Et puis, ça sera très utile pour la suite, mais ça, ils ne le savent pas encore. Madame lance les applaudissements et tout le monde s’y joint de bon cœur. Derrière, Gégé a du mal à synchroniser sa main dans l’autre et préfère se concentrer sur le débouchage de plusieurs bouteilles avec une agilité soudainement accrue. Que serait une promotion sans une petite fête à côté ? Au son des bouteilles, les officiers républicains opèrent un rapprochement stratégique vers les tables et bientôt, tout le monde boit un coup et mange un morceau, avec les félicitations de Patôche. Si les collègues étaient particulièrement suspicieux en apprenant la nouvelle de cette débauche soudaine de moyens pour le petit personnel, ils sont bien vite passé à autre chose comme honorer dignement le cadeau.
-Alors, Gunnar, ça fait quoi d’être Divisionnaire ?
-Pas grand chose. Mon nouvel uniforme arrive bientôt, je saurais davantage quand je serais dedans.
-Est-ce que ça s’accompagne d’une nouvelle matraque ? Genre honorifique ?
-Avec des rubans ?
-Je crois pas Krueger.
Bistouri jette un regard en coin en direction de Pancrace.
-En tout cas, ça serait pas mal d’en offrir une autre au Capitaine. Ça lui a mis un coup au moral de perdre la sienne, l’autre jour.
-T’inquiètes pas, Bistouri. Patôche m’a parlé d’une matraque spéciale qui devrait arriver pour nous deux.
-Et pourquoi vous deux ?
-Parce qu’on a une promotion, non ?
-Je trouve pas ça très juste.
-Pou’tant, le diwisionnai’e mé’ite
-Je savais que je pouvais compter sur toi, Banania.
-Ouai bah nique, Gunnar.
Je hausse un sourcil alors que je dégaine ma matraque de Capitaine et je la glisse sous le menton de Cinglé dans un mouvement fluide avant de le relever doucement. Tout le monde s’arrête de parler.
-Pour vous, ce sera Divisionnaire Bremer. C’est compris ?
-Oui.
-Oui qui ?
-Oui… Divisionnaire.
-Bien. Il se trouve que le temps des familiarités est terminé. Vous allez apprendre le respect.
Gros silence. Je finis par baisser la matraque en souriant.
-Non, je déconne.
Les copains se détendent. Cinglé cesse de retenir sa respiration.
-Putain, tu m’as eu Gunnar.
-Pour toi, ça sera quand même Divisionnaire Bremer.
-Mais…
Si jamais je dois commencer à devenir un petit chef tyrannique, je sais que je peux compter sur les collègues fidèles pour me le faire rappeler. Il y a rien de plus dégueulasse que de devenir ce qu’on a toujours abhorrer. Pancrace finit par me retrouver.
-Félicitation Divisionnaire.
-Félicitation à toi, plutôt, Capitaine.
Il hausse les épaules.
-Bwarf, j’ai pas trop cherché. T’as l’air plutôt content de toi.
C’est vrai que je souris. En ce moment, je suis assez content de moi. Je dirais même heureux. On cultive son jardin secret et c’est quand même important de ne pas mélanger pro et perso.
-Ce n’est pas cette promotion qui me fait cet effet là, mais je ne veux pas en parler.
Il me glisse un sourire en coin, mais il n’insiste pas. Je crois qu’il se doute de quelque chose. On est dérangé par Patoche et Lou qui sortent du bureau. Le commissaire est souriant et fait un grand signe de main aux officiers républicains pour les saluer, puis, il se tourne vers moi.
-Alors, Divisionnaire, vous leur avez annoncé la nouvelle ?
-Pas encore.
-Ah. Il ne faut pas trop les laisser dans l’inconnu.
-C’est quoi cette histoire Gun… Divisionnaire Bremer ?
Tout le monde a de nouveau son attention sur moi. Je prends un peu mon temps pour faire monter la pression, puis je finis par me lancer.
-J’ai été choisi pour diriger une caserne dans le quartier des Bougeoirs. Au nom de la reconquête du quartier sous le giron de la République.
-Oooh !
-Oh non !
je vois dans le regard de certains qu’ils ont compris ce que ça implique. Je vais les quitter. Et après tant d’années à rester ensemble, cette famille dont je parlais, elle est difficile à fracturer. Heureusement, le commissaire a pensé à tout.
-Mais comme j’aurais besoin d’éléments de confiance pour mener à bien nos missions auprès de nos concitoyens des bougeoirs, le Commissaire m’a autorisé à piocher des éléments parmi vous histoire de former la moitié de ma caserne. Je remercie le divisionnaire Lou pour avoir accepté de partager ses troupes.
Le divisionnaire Lou n’exprime aucune émotion, comme à son habitude.
-J’ose imaginer que je trouverais des volontaires pour m’aider dans cette nouvelle assignation…
Les gars se regardent les uns les autres. Si certains transpirent leur volonté de se joindre à moi, d’autres cherchent la décision des bons collègues du regard avant de laisser transparaître la moindre émotion. Ça juge le pour et le contre. Le pour de suivre les copains, d’avoir un gars de la base comme chef avec certaines libertés que ça implique. Et le contre de bosser dans les bougeoirs, de changer d’environnements, d’habitudes et de potentiellement se mettre en danger. Les candidats doivent se déclarer à Lou avant la fin de la petite fête car dès demain, le boulot commencera et il y a beaucoup à faire. C’est que la dernière fois qu’il y a eu une caserne active dans les bougeoirs, c’était il y a un petit moment. Si le quartier était industriel pendant longtemps, la ghettoïsation du quartier a rapidement fait fuir la garnison locale déjà pas connue pour son efficacité. Il faut réinvestir la caserne, tout recréer depuis les fondations, gagner la confiance des locaux, le tout sans trop de faux pas. C’est que la mission relève aussi d’un caractère politique après les émeutes.
Mais elle relève aussi d’une quête personnelle car un rapport récent l’affirme. Il semblerait qu’un culte en l’honneur d’un ventripotent nain émerge dans le quartier.
Et ça, c’est inacceptable.
Citoyen de La République
Pancrace Dosian
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Au moins, Patoche a pas menti : j’ai vraiment récupéré rapidement mon insigne de capitaine. En tout cas, ç’a été moins long que pour l’acquérir la première fois. J’ressens quand même à nouveau de la fierté à l’avoir récupéré : c’est vrai qu’il me va bien. Puis, hé, et puis quoi encore ? Avoir un des autres devenir capitaine avant moi et devoir obéir à leurs ordres ? Nan, vraiment, ç’aurait été insupportable. Déjà que Gunnar continue son ascension vers les sommets à une allure impressionnante et que j’vais devoir continuer à le saluer les jours où il aura décidé de me taquiner... Mais ça pourrait être pire.
Par exemple, on pourrait tous avoir été muté dans les Bougeoirs.
Bon, enfin, c’est pas si horrible. De ce que je comprends, on jouira d’une certaine forme d’autonomie pour faire ce qu’on avait si bien fait à Kaizoku et aux îles paradisiaques. Ce que ça veut dire, c’est que Patoche s’attend à ce que quelques pièces trouvent le chemin de sa bourse, et qu’on ait des jolis chiffres à présenter aux huiles. Puis, évidemment, que les territoires perdus de la République reviennent dans son giron aimant et affamé. Autant, y’a quelques mois, une mutation dans les Bougeoirs aurait été une déclaration de guerre, d’abord au sein des OR pasqu’aucun de nous aurait accepté et que les camarades se seraient levés en armes pour protester, autant, maintenant, ça va mieux.
Ç’aurait été aussi vu comme une attaque par les locaux, au demeurant.
Mais les récentes négociations au moment de la manifestation et des bisbilles sur le Port ont quand même calmé la situation et les esprits, et y’a même des projets de reconstruction qui se lancent pour de vrai, pour mettre fin aux squats immondes et insalubres qui peuplent les Bougeoirs.
« Ouais ben le coin reste dégueulasse, fait Surin.
- Faut y laisser le temps que ça s’améliore.
- Peut-être, mais nous, on y sera là, maintenant.
- Justement, on sera aux premières loges. Y’a des entreprises qui font des appels de fond du côté de la SSG et de la Banque des Chaînes pour investir. J’ai justement commencé à regarder, c’est un peu de la crypto-construction, mais il paraît que les rendements vont être dingues et... raconte Cinglé.
- Cinglé, enfin... de quoi tu parles...
- Faut se méfier, avec les barrières douanières et la hausse des prix des matériaux de construction. Mais la personne qui chapeaute le projet, c’est Elian Musc, c’est un vrai crack, un génie des affaires. Il est parti de rien et il est immensément riche, maintenant, tu te rends compte ?
- Ouais, ouais, Cinglé, ta gueule.
- Oh ça va, Pancra...
- Capitaine Dosian, non ? »
Il ferme son clapet et commence à bouder, ce qui nous fait tous des vacances. S’il faut écouter les conneries des débiles, on va vraiment pas s’en sortir, surtout que maintenant qu’on a eu les nominations, il est plus que temps de se bouger le derche, ce que le Divisionnaire Bremer nous signale d’un signe de la main. J’me doutais que le noyau dur, ça serait nous, de toute façon : on représente p’tet même une forme de force d’élite au sein d’une troupe d’élite, avec un entraînement d’élite de sept longues années pour devenir des officiers républicains d’élite. Encore un peu et on pourrait nous appeler une garde royale, si on était dans une royauté rétrograde, j’veux dire. Garde républicain, ça sonne un peu pompeux, sinon, et s’il faut faire des chorégraphies pour les festivals avec des artistes dont la musique est à chier, vraiment, j’préfère qu’on reste de simples officiers républicains.
****
Le bâtiment pour le commissariat est pas terrible, faut bien l’admettre. Déjà, il manque encore pas mal de meubles : on a récupéré ce qu’on a pu dans les surplus de stock des autres bâtiments, et faut pas se mentir, la raison pour laquelle c’était pas utilisé, c’est que, globalement, c’était de la merde. Je pense qu’on n’a pas une seule table qu’est pas bancale, et, pourtant, on n’en a pas beaucoup. C’est dire. Gégé a même dû récupérer des ustensiles de chez lui pour la cuisine, et on est pour l’instant tous dans le mess des officiers en attendant d’avoir du vrai matériel, et qu’on soit plus nombreux : on va être renforcé petit à petit par d’autres troupes.
Les hommes du rang, ça leur fait un peu d’émotion, forcément.
« Du coup, je vous prépare quoi ? Demande notre cuistot alcoolique.
- Justement, on se disait qu’on pouvait varier un peu le menu.
- Comment ça ?
- Bah...
- Coq au vin. Welsch. Sauce au vin blanc. Pâtes à la tomate et la vodka. Baba au rhum. Fondue au vin rouge. Boeuf braisé au porto...
- Y’a un genre de thématique, tu vois, Gégé ?
- Non ? On a pleins de viandes différentes, même du poisson. Et des desserts pour un peu gourmandise. Certaines variantes sont même végétariennes. Ça m’a l’air parfaitement varié, pourtant. »
On échange des regards pendant un long silence. Madame se racle la gorge, ouvre la bouche.
« Je peux vous fai’e une spécialité des îles pa’adisiaques si vous voulez, lance Banania. J’ai ‘appo’té les épices quand on en est ‘epa’ti la de’niè’e fois.
- Allez, on fait ça, enchaîne directement Gunnar. Madame te donnera un coup de main.
- C’est parce que je suis une femme, c’est ça ? »
Elle dit ça en fronçant les sourcils et en ayant l’air sacrément méchante. On regarde tous un peu nos pieds, l’air gêné.
« Nan mais, euh... j’ai besoin de Madame pour un autre truc urgent et important, Gunnar. On peut pas plutôt mettre Surin ?
- Ah, dommage. Tant pris, priorité au travail. Surin, alors, reprend Gunnar et on a tous l’air soulagé.
- C’est parce que je suis une femme, c’est ça ? »
Y’a un léger silence.
« Très drôle. Allez, au boulot. »
Il faut pas longtemps avant que des odeurs épicées et piquantes nous parviennent de la cuisine, pendant qu’on a vaguement déplacé deux meubles et demi avec Madame, histoire de faire style j’avais vraiment quelque chose à lui faire faire. Les autres s’affairent aussi à retaper un peu l’endroit. Puis on entend le bruit caractéristique de la louche qui tape contre l’immense marmite, le signal universel de la soupe, il faut moins de trente secondes pour qu’on se retrouve tous assis à la longue table qui trône au milieu du mess.
« Je l’ai pas t’op pimenté pour vos palais f’agiles de continentaux. Vous m’en di’ez des nouvelles !
- C’est sûrement dégueulasse.
- Pas de mauvais esprit, Gégé.
- Et pou’ accompagner ça, une autre spécialité. »
On le voit verser une poudre marron dans de l’eau chaude pour faire un mélange chocolaté dont le goût a l’air autrement plus agréable que la sauce rouge vif dans nos gamelles.
« Y’a bon, Banania. »
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