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La Fabrique Sliabh est un de nos premiers fournisseurs depuis qu'on a mis le pied sur le continent.
Pour nous, ils font partie des plus anciens, ça fait deux décennies, alors que l'ancienneté du bouzin se compte en siècles. Du coup, de leur point de vue, j'imagine que ça compte pas beaucoup, et pourtant pour Hiraeth c'est déjà toute une vie.
Les Sliabh, élémentaires de feu, sont connus pour la qualité de leur verre qui s'exporte à peu près dans tout le Sekai, grâce à nos soins entre autres.
Mâat et Xander ont négocié un chouette contrat au tout début de nos pérégrinations contrebandiesques, pour couvrir nos activités plus... controversées.
Et depuis, on renégocie de temps en temps, mais Hir ne veut pas entendre parler d'aller voir la concurrence. Je peux pas lui donner tort. Ils sont plus chers mais leur camelote déchire.
Et puis ça fait du réseau : la famille Sliabh est de noblesse d'arme. J'imagine que même s'il est exclu qu'on se serve un jour de l'atout noblesse qui se cache dans notre manche, ça fait pas de mal de conserver des contacts dans le milieu. Ca s'appelle de la prévoyance, m'assenait Xander aux débuts de notre équipage.
Je sais pas si l'accord pris au départ ne l'avait pas été entre nobles du Reike d'ailleurs. Je crois que c'est Xander qui avait emporté le morceau.
Du coup, c'est assez savoureux de savoir que les négociants Sliabh, nobles installés, marchands prospères et entreprises florissantes, fait en partie son beurre grâce à la contrebande. Et que ses produits se vendent comme des petits pains en Ripou-blique.
Aujourd'hui, on doit prendre possession d'une commande spéciale de verres très fins, pour notre commerce personnel : la chanvrerie Octel.
Officiellement, ces tubes, cornues, alambics sont destinés à des laboratoires médicaux de Good Omens.
Officieusement, ils iront distiller de la drogue à l'orée de la Jungle de Sang.
Tout le monde est sur le pont pour charger les caisses remplies de paille et d'éléments fragiles.
On a sorti les meilleurs chariots, tous les doigts du cul, et on sangle tout précautionneusement.
Ça va prendre une plombe pour acheminer ça jusque là-bas.
Bref, on va se faire chier, mais ce sera toujours plus tranquille que de dégonder des Geomis dans les montagnes de la République. En plus ça commence à cailler sévère là-bas, je préfère suer que de me peler.
Tout le monde est sur le pont, sauf Hiraeth.
Quoi, mon presque-neveu se serait défilé ? Alors que même MOI je bosse ?
L'injustice cruelle de la chose me pousse à le chercher des yeux, à travers l'aire de chargement.
Sabrache voit mon geste et me le désigne, de l'autre côté des chariots, en conversation avec la fille Sliabh, l'aînée.
Ah bah, voilà qui me fait bien rire.
Maintenant que j'y fais gaffe, je me souviens qu'il avait manifesté beaucoup d'intérêt à son histoire. C'est que c'est une sacrée gonzesse. Une femme qui en a, quoi. Bon, je m'exprime mal, mais elle me fait penser à Mâat, alors je bafouille.
Il cache bien son jeu, le truand. Des plombes qu'on le bassine avec Astuce dès qu'il fout le nez à moins de deux mètres d'une fille. On devrait sans doute arrêter, parce que ça n'a rien donné, au contraire. Et moi qui finissait par croire qu'il était de la jaquette.
Quoique, si on m'avait posé la question, j'aurais juré que elle en était. Elle n'a pas quitté son attitude garçonne, au demeurant. Peut-être que c'est ça qui lui plaît, à Hirounet.
Bon, je le chambre ou pas ? On va voir, selon la gueule qu'il fait en revenant.
« Mademoiselle Sliabh ? »
Oui, elle me connaît depuis que j'ai dix ans mais quand même...
« Je peux vous demander quelque chose ? »
Elle va pas me faire le coup de me rigoler au nez, non ?
Elle s'approche, de sa démarche militaire, l'air neutre. On a bientôt fini le chargement, elle doit penser que je veux une paperasse ou un truc du genre. J'ai que dalle dans les mains, et elle s'en aperçoit.
« Ça vous dirait d'aller boire un verre, ce soir après le travail ? Depuis le temps qu'on se connaît, on n'a jamais eu l'occasion de discuter tranquillement. En tout bien tout honneur, hein. »
Bon bah voilà. Ça ressemble à une demande de rendez-vous galant, alors que je voulais pas. Boarf, après tout, si y'en a une qui peut ne pas se prendre la tête avec ça, c'est peut-être elle.
Déjà qu'il va falloir essuyer les remarques goguenardes d'Oko Jero...
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Encore une journée coincée à Kioujy. Soit disant pour surveiller mon état soit disant. Même si cette année avait été compliquée, il est vrai. Les attaques sur Melorn, celle du chevalier. Tout cela avait fissuré mes convictions, heureusement que d'autre moment s'était passée, me faisant découvrir d'autres facettes de cette vie. Je devais essayer de continuer à explorer cette voie. Comme me l'avait conseiller Qwellaana, découvrir chaque voie pour trouver la mienne.
Et chaque jour que je passais dans ma famille m'étouffait. Ma mère qui s'inquiétait pour sa fille. Mon père qui était furieux et qui réfléchissait à me foutre dans un mariage forcé où il espérait que je ne foirerais pas tout. Et les insupportables cousines qui me tannaient pour que je leur parle de cette blonde. Malheureusement, Aimsir n'était pas à la demeure et je n'avais aucun soutien.
Tout ce qu'il me restait, c'était de me changer les idées, c'était la musique et essayer de travailler pour la fabrique. Me changer les idées pour essayer d'y voir plus clair sur mon chemin.
Aujourd'hui, c'était une transaction avec des clients historique. Le genre de transaction négocié par mon père avec la génération d'avant. Deux décennies de commerces. Pour une vie d'élémentaire cela ne représentait rien, pour un commerce, c'était inestimable.
La vente était terminée, les caisses étaient presque refermées. Pendant un moment, j'avais déambulé entre les caisses pour vérifier que tout soit bien emballé, pour éviter la casse. Même si cela ne nous regardait plus une fois sortie d'ici, j'aimais à penser que cette conscience professionnelle aidée notre renommée. Restant concentrée sur ma tache pour que mon esprit ne dérive pas.
Sa voix me tire de mes pensées et je tourne la tête vers lui. Parfois, je m'attarde sur les détails, par fois non. L'âge en est un. Il y a peu, j'avais retrouvé des gamins de Drakstrang, devenu adulte et ayant fait leur vie. Et lui, qui a notre première rencontre regarder les papillons, pendant que nos parents parlaient verres et que je passais mon temps libre à lire des livres sur les arts militaires. Pour lui, une partie de sa vie est passée, pour moi ? Une journée de la mienne.
J'avais déposé ce que je tenais dans les mains pour m'approcher de lui, prenant naturellement la rigidité qui avait rythmé ma vie. Restant dans l'ambiance professionnelle face à sa demande, me demandant ce qu'il me voulait, n'ayant pas de poids officielle dans la transaction.
- Bien sûr. Je t'écoute.
Cela m'avait surpris, je m'étais attendu a tout sauf à ça. Un souvenir s'imposa à mon esprit, enfin plutôt une sensation. Un très léger rougissement avait teinté mes joues. Un sourire avait tordue mes lèvres.
- Je n'ai qu'une seule condition.
Je jetais un regard autour de nous.
- Je veux bien m'échapper d'ici. Juste, abandonne le Mademoiselle, le vouvoiement.
J'avais détourné le regard un instant, apercevant les deux pestes qui riaient. J'avais lâché un soupir.
- Juste le Kilaea. S'il te plaît.
Et puis, je m'étais concentré à nouveau sur lui. Mon sourire devint moqueur.
- Sinon, je vous encore prendre un coup de vieux. Et je serais obligée de te ressortir des anecdotes de ta jeunesse.
J'avais penché la tête sur le côté, pour accentuer ce côté moqueur.
- Et honnêtement, ce n'est pas ce que je veux.
Un nouveau soupir en voyant toujours les jumelles se moquer. Ma main vint pincer l'arrête de mon nez, et en la faisant glisser, elle laissa une traînée de poussière sur mon visage.
- Ils n'ont pas besoin de nous au pire. On peut y aller si tu veux. Je te laisse prévenir ton oncle ? Ou tu fuis discrètement ?
Cela me ferait du bien de fuir ce lieu que ce soit lui que trouve un endroit ou moi qui nous guidait jusqu'à un lieu habituel voulais juste être loin de ma famille. Loin de mes obligations. Juste moi, de l'alcool et pourquoi pas un peu de compagnie. Cela me changerait.
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J'accuse le coup. Elle semble fatiguée, pas la fatigue où tu t'étales pour dormir douze heures d'affilée non, la fatigue insidieuse, mentale, morale, le truc qui te pèse et que tu peux pas lâcher comme ça, comme un fardeau juché sur tes épaules avec un putain de bât que d'autres ont sanglé pour toi.
Le regard qu'elle porte aux deux jolies filles, semblables comme deux gouttes d'eau, qui pouffent non loin d'ici en nous regardant, est sans équivoque. Elle soupire. Apparemment, je ne suis pas le seul à se faire emmerder par la famille dès qu'il y a des activités extra-professionnelles de prévues.
Kilaea. Ouais. J'acquiesce un peu bêtement, pas tenté de me souvenir des épisodes gênants de mon enfance. J'étais du genre acrobate, flemmard et farceur. Je me souviens de m'être planqué, dans ce même entrepôt, en haut d'un tas de caisses pour bombarder les débardeurs de l'équipage avec des noix. Comme je ne voulais pas descendre pour prendre la correction promise par ma mère, j'avais fini par me faire attraper par Astuce, une caisse était tombée dans un fracas assourdissant et j'avais écopé d'une putain de pelle de corvées. Rien que d'y penser, je grimaçais en me frottant l'arrière de la tête.
« Ouais, non, ce serait gênant. »
La trace de poussière qui traverse sa figure la rend encore plus mignonne. Bon, c'est pas tout ça. C'est marrant qu'elle pense encore que je suis soumis à l'approbation d'Oko Jero. A vrai dire, même si c'est moi qui gère l'affaire aujourd'hui, il s'est toujours fait passer pour mon oncle. Et comme il est plus âgé... je suis encore estampillé "minaud en tutelle".
Pfff. Ça me saoule.
J'évacue sa question d'un geste de la main, en me dirigeant vers le chariot de tête où je savais que le vieux fourbe m'espinchait discrètement au lieu de bosser, encore un prétexte.
« Je reviens. »
Mais c'est qu'il a l'air plutôt posé dans ses bottes, notre Don Juan. Il s'avance vers moi en conquérant, me couvant d'un regard blasé. Bon, j'ai arrêté de porter des caisses, et alors ? C'est pas comme si on était pas sept à le faire. Sale gosse.
« T'es encore en train de glander, Oko ? »
Putain je déteste qu'on raccourcisse mon nom. Je lui balance un sourire égrillard.
« Alors, mec, ça biche ? Tu bosses pas non plus j'te signale. »
« J'me casse. Je vous rejoindrais. »
Alors là... alors là... euh, en vrai, j'peux répliquer quoi ? Il a grandi, ton fils, Mâat. Je préférais quand il n'était qu'un petit con.
« Tu nous laisse en plan, comme ça ? »
Il hausse les épaules, saisissant sa veste sur la martingale.
« Vous connaissez la chanson. J'ai à faire. »
Et v'là ty pas qu'il s'éloigne, tranquille, aux côtés de la Sliabh, sa veste sur l'épaule comme si de rien n'était.
En vrai, il a le droit.
Je suis agacé, et puis je ris. Astuce fait la gueule. Va falloir qu'elle lui lâche les braies un jour.
Moi aussi.
« Ca te fait rire, vieux con ? »
« C'toi la vieille. Allez, tu prends les rênes. On verra bien dans quel état il revient ! »
Il a peut-être plus de parents, mais ça n'empêche pas que l'Elfe et moi, on se fasse du mouron dès qu'on ne l'a plus sous les yeux. Pourtant, on est les premiers à le pousser à fréquenter, alarmés qu'il n'en fasse rien.
On est cons quand même.
« T'as une adresse ? Sinon y'a un bar à chicha pas mal dans le quartier d'à côté. »
Il fait bon, il fait beau, on arrive à l'heure où le soleil tourne avant de s'engager résolument vers la nuit. Ça fait si longtemps que je ne me suis pas senti propre, en bonne santé, avec du temps libre devant moi et des perspectives réjouissantes que je ressens une curieuse allégresse. Je me tiens bien sûr. Faudrait pas renforcer l'idée qu'elle se fait du gamin qu'elle a connu.
« Ils font aussi des currys de malade. »
Si on craint pas les épices. Elle doit rien craindre de ce genre, je suppose, avec son ascendance. Pas même le rhum au piment oiseau qu'ils vendent aux plus téméraires là-bas, celui qu'on appelle respectueusement « le Souffle du Dragon » !
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D'un coup, je me sens bête. D'avoir pensé à une autre juste un instant, rehaussant son côté maladroit par le mien. Mais bon, il n'a pas fui devant ma réponse et ma réaction. Et j'avais imposé ma condition, épiée par une double paire d'yeux indésirables. Mettant en avant une menace absurde, demandant de ne pas être vue comme une vieille femme, mais menaçant de le faire. Et je l'avais gêné à ce souvenir. Mon côté moqueur s'estompa un instant en m'en voulant légèrement.
J'espérais qu'il ne m'en tiendrait pas rigueur comme du fait d'avoir parlé de son oncle. Même s'il n'avait rien dit, j'avais senti quelque chose derrière sa réaction. Et j'avais profité qu'il s'éloigne pour rejoindre le coin de la cour où se trouvait un petit bassin d'eau. Mon reflet apparut et un sourire s'était invité. Pourquoi n'avait il rien dit ? L'eau chauffée par le soleil avait retiré la poussière qui ornait mon visage et je n'avais pu m'empêcher de jeter un œil à ma tenue. Essayant de l'ajuster sans raison.
J'étais retournée près des caisses, ne sachant pas à quoi m'attendre. C'était peut-être ma première vraie soirée depuis les événements de Melorn, enfin les premiers. Depuis, mon esprit avais tourné en boucle sur les horreurs et mes échecs. Essayer à nouveau de savoir quoi faire de ma vie et des siècles à venir. Et puis si cela devait durer des siècles. Cela pouvait attendre demain, voir ce que me réserver cette soirée.
Et nous étions parties, m'éloignant du monde étouffant qu'étais ma famille. Presque par un accord tacite, chaque nouveau pas nous aidait à nous détendre, lui sa veste sur l'épaule, moi les mains dans les poches essayant de casser ce côté rigide de ma démarche, sans grand succès tellement c'était devenu naturel.
- Je vais me laisser tenter par ton adresse. Je ne sors pas beaucoup dernièrement.
Un rire m'échappa. Il est vrai que depuis un moment, je traînais surtout su côte de Taisen. Et le peu de sortie à Kioujy s'était fait juste pour de l'alcool, le bon où le mauvais n'avait pas d'importance, ces quelques soirs où ce qui comptait été le noir complet.
J'avais souri à son autre commentaire, j'espérais que cela soit relevé comme il faut, mais j'avais perdu cet espoir de puis si longtemps. Personne ne faisait de la cuisine suffisamment relevée pour les élémentaires de feu. Mon estomac gronda à cette idée, et mon sourire s'agrandit.
- Tu m'ouvres l'appétit. Allons y.
Nous marchions dans la rue, et cela, me faisait étrange. Être sans armes, sans armure et presque sans but. Même si je ne savais pas ce qu'il attendait de cette soirée ou de cette invitation, de mon côté, je ne m'attendais pas à grand chose. Juste un peu de compagnie. Ne pas être seule avec moi-même. Mon esprit s'égara, se dirigeant vers mes préoccupations, ce rôle que je tenais difficilement, la perte de pouvoir qui même si elle s'était résolu, me hantait encore. Cette odeur, qui avait rythmé ma carrière militaire, qui était devenue celle de mon échec. J'avais frissonné à cette idée. Une lueur de panique avait traversé mon regard, avant que je me raccroche à celui qui se trouvait à mes côtés. Me rapprochant de lui légèrement cherchant à casser cette spirale.
- ça a l'air d'aller mieux que tout à l'heure. J'ai l'impression qu'il vont te charrier d'être partie , non ?
Mon sourire moqueur revint pendant que nous arrivions presque à l'établissement qui éveilla des souvenirs. Je revoyais des souvenirs où Aimsir m'emmenait, nous échapper de la famille. Mon regard s'illumina un instant.
- Je me souvenais plus de cet endroit. Ma cousine m'y emmenait de temps en temps. Tu marques des points.
J'avais poussé la porte de l'établissement inspirant les odeurs d'alcool, son fameux curry et de la fumée des chichas. Il n'avait pas fallu longtemps pour que l'on s'installe dans un petit coin de la salle. Éloignée de tout. Je m'étais posé dans la banquette, soupirant de soulagement.
- Ca fait du bien de se sauver. De pouvoir de compresser.
Mon sourire revint encore une fois.
- Et que me doit cette invitation ? Je suis celle qui fait le moins peur ? Ou pour te donner un truc pour différencier les jumelles ?
Un soupir m'échappa.
- C'est déjà arrivé. Ça fait si longtemps que je ne suis pas venu. Qu'est-ce que tu me conseilles ? Un curry avec le pot d'épices, mais en boisson, je ne sais pas.
Autant se laisser porter, essayer de ne penser a rien qui sortait de cette table.
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« Boâaaarf, ça les amusera cinq minutes, je me contenterais de répondre par onomatopées, puis ils me foutront la paix. Faut bien leur donner un peu de grain à moudre aux vieux, ça les occupe. »
Et toc. Il lui décoche un sourire goguenard, mais en cet instant elle a un air un peu... hanté. Est-ce qu'il a dit quelque chose qu'il ne fallait pas ?
Alors, il presse le pas pour arriver à l'estancot, et se rassérène lorsqu'elle reprend des couleurs, ravie de retrouver un établissement qu'elle avait oublié.
Lui-même est secoué par de vieux souvenirs qui remontent à la surface. Ils venaient souvent manger ici une fois les affaires avec les Sliabhs terminées... d'où la connexion que son cerveau avait dû faire ce soir.
Juste lui et ses parents. Sa mère qui riait en commandant un curry épicé pour elle, et un normal pour ses hommes, des « petites bouches » comme elle disait. Jusqu'au jour où Hir avait boudé jusqu'à ce qu'elle lui fasse goûter le sien. A l'époque, il avait fini pivoine et on lui avait fait avaler une miche de pain pour passer le feu, mais depuis, il avait toujours mangé le même curry que sa mère.
Il se souvient encore de l'air dubitatif de son père lorsqu'elle rajoutait encore du piment à son assiette. Elle faisait exprès, bien entendu. Hir avait vu ses yeux larmoyer, une fois, et Xander l'avait traité de prétentieuse. Ça avait fini en querelle, mais comme d'hab ils finissaient par se marrer si fort qu'on leur avait demandé de sortir.
D'un coup, un seul, il revint à lui à la question de Kilaea.
Les jumelles ?
Puis il comprit.
Il manqua de s'étouffer, et toussa violemment, se tapant du poing le haut de la poitrine.
« Quoi ?... Hein ? Mais je ne veux pas... »
Il toussa encore, s'efforçant de rattraper une allure correcte et coassa malgré lui :
« Je m'en fous des jumelles, elles m'intéressent pas, pas comme toi ! »
Puis il ouvrit des yeux horrifiés en comprenant ses propres paroles. Il agita vaguement les mains.
« Enfin, non, c'est pas ce que je voulais dire, tu m'intéresse pas ! Enfin, si, mais... aaaaargh. »
Coudes sur la table, il enfouit son visage dans ses mains en soupirant. Gêné, il s'accorda quelques secondes pour pouvoir reprendre d'une voix normale.
« Alors. Je n'ai aucune vue sur les jumelles, et crois-moi, tu me fais bien plus peur qu'elles. Mmmh. Non. Oublie, je vais y arriver. »
Se redressant, il respire un grand coup et capte son regard. Le sien est intense et il a l'air très concentré.
« J'ai entendu parler de ton histoire, et je la trouve terrible. Je trouve que tu as une personnalité de malade, et je voulais une occasion de discuter avec toi sans oreilles indiscrètes, tranquilles, et puis t'offrir un coup à boire pour te remercier. J'aimerais bien partager avec toi là-dessus et t'encourager dans ta voie. Je supporte pas comment on traite les femmes, au Reike. »
Ce dernier point craché avec hargne, il se saisit brusquement du papier vantant les différentes boissons de l'établissement et la consulta rapidement, passant d'un air agacé à un visage neutre.
« Si tu veux renforcer les saveurs du curry, tu peux aller directement vers un rhum, ils en ont un qui déglingue, au gingembre. Tu dois aimer quand ça déchire, non ? Le plus fort qu'ils ont ici, c'est le Souffle du Dragon, un rhum arrangé au piment oiseau. En principe c'est plutôt un digestif ceci dit.
Sinon, pour aller vers un équilibre, il faut quelque chose de plus sucré. J'adore personnellement marier les oppositions, sucré-salé, chaud-froid, textures... je vais prendre un cocktail coco-ananas. C'est mon péché mignon celui-là, ils y mettent de leur rhum au gingembre pour relever le truc justement, ça a l'air doux comme une boisson pour enfants et ça te met une calotte derrière le crâne, tu t'en rends même pas compte. »
L'inspection des alcools lui a rendu son sourire, et il lui tend la carte, toute gêne dissipée. Ou presque.
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Il me confirma qu'il se ferait charrier par son équipe, peut être sans savoir que de mon côté, cela serrait pareil. Les, jumelles ne me lacheraient plus. Mais bon, je ne resterais pas longtemps. Je pourrais de nouveau fuir à Taisen' et faire brûler les parties de ce contremaître.
J'avais essayé de pas trop traîner mes idées sombres, alors que lui aussi se laissait emporter. Il faudrait faire attention si l'on ne voulait pas finir comme bon nombre de ces soirées d'anciens soldats A déprimé, boire en ne gardant des flammes qui ne faisait que rappeler des mauvais souvenir. Pour essayer de le faire revenir au moment présent, j'avais lancé une plaisanterie, qui m'était déjà arrivé. Mais ça n'avait pas eu l'effet escompté.
Au lieu d'en rire, il s'étouffa, puis se justifia. Mon sourire s'effaça presque devenant plus timide alors que je rougissant presque d'avoir eu un cruel manque de tact. Mais je ne m'étais pas attendu à ça, n'avais pas senti que je pouvais l'intéresser pour autre chose que le travail. Je ne savais pas comment prendre la suite, non, oui. Est-ce que cette invitation était réellement en tout bien, tout honneur ?
Était ce important ?
Je lui laissais le temps de reprendre son souffle, ses idées. Cela en devenait presque amusant et vexant. Je lui faisais peur ? Son discours n'était plus clair, mais il réussit à se reprendre.
Et quand il arriva à exprimer le fond de ses pensées, mon teint perdit ses couleurs, l'éclat de gêne s'était éteint. Reprennant une allure normale, mais ne pouvant étrangement pas m'empêcher d'être déçu. C'était mon histoire qui l'intéressait alors que tout ce que voyais était l'inverse de lui, mon parcours plus que moi. Même s'il le disait avec conviction. Heureusement pour lui, aujourd'hui, cette période de ma vie était un épisode comme un autre.
Juste un soupir, un sourire moqueur.
- En tout bien, tout honneur. Ne te presse pas.
Alors qu'il changeait de sujet, revenant sur les boissons, m'indiquant ce qui pourrait me plaire. Un rhum au gingembre ? Cela devrait faire taire certains fantômes, certains sentiments que je ne devrais pas ressentir. Et je l'observait sourire à nouveau. Pourquoi chaque interaction que je menais en dehors de mes missions étaient si compliquée, que je me prenais la tête pour rien.
- Je ne vois pas pourquoi...
Avant que je ne termine ma phrase, la serveuse passa prendre la commande.
- Pour moi, un rhum gingembre et un coco ananas pour le jeune homme. Un curry plein d'épices et pour toi ? Et si, quelque chose à fumer aussi.
Je lui laissais le choix de ce qu'il préférait. Mon regard eut du mal à quitter la table un instant.
- Pourquoi me dire merci ? Pour m'être battu, pour un empire qui ne m'as pas remercié, pour un père qui m'as renié ? En vrai, j'aurais vraiment été si courageuse, si dure à cuire. Je n'aurais pas caché ce que j'étais, et j'aurais prouvé de quoi je suis capable.
Nos verres arrivèrent assez rapidement, mon visage s'était assombri un instant. Ma main avait saisi le verre de Rhum et l'avait directement guidé jusqu'à mes lèvres buvant une longue gorgée.
- Pardon, je pensais avoir mieux réussi mon deuil de cette période. De quoi veux-tu parler ? Tu n'as pas peur que je brise la belle image que tu as de moi ? Je ne suis qu'une femme normale, qui ne s'assumait pas après tout. Un simple soldat qui a fait la guerre.
Je sirotais à nouveau mon verre n'osant pas relever les yeux vers lui. Un instant, puis j'avais secoué la tête, le demi-sourire qu'arborait souvent l'officier que j'avais incarné se forma sur mes lèvres. Mon regard se posa dans le sien, j'avais pensée tout à l'heure que je ne voulais pas que ce soit une soirée d'ancien soldats regardant le feu. Peut-être une soirée entre amis, et en discuter m'en fera peut-être du bien.
- Et je te dirais ce que tu veux savoir, sans enjoliver les choses, je te préviens.
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Les Sliabh, ça restait une valeur sûre pour son commerce. Pour ses plans. Et Kilaea...
Elle le faisait penser à sa mère. Qui elle aussi, avait subi le traitement reikois destiné aux femmes. Qui elle aussi avait dû subir, avait fait un choix pour être vue autrement que par son genre. Qui avait voulu briller par ses compétences, ses talents, dans un métier d'homme.
Et à qui on avait brûlé les ailes.
C'était visible dans son attitude, sur son visage, qui s'étaient rembrunis, et alors qu'elle lui répond, un frisson parcourt l'échine du nomade qui se fige au sous-entendu dans ses paroles.
Quoi ? Elle avait l'air déçue qu'il ne l'ai pas simplement invitée pour la draguer bêtement, ou il était en train de rêver ?
Ou bien, il se fourvoyait encore. Ce ne pouvait être que ça. En tout bien, tout honneur...
Laissant une partie de son cerveau retourner l'information pour y trouver un sens, il acquiesça à sa commande et y rajouta un tabac parfumé à la menthe.
Puis Kilaea prit la parole, et le sourire d'Hiraeth disparut peu à peu. Il se sentit bouillir, et dut se retenir pendant que le serveur débarquait leurs boissons avec un bol d'olives marinées. Sans attendre, elle fit preuve de sa belle descente en tombant une partie de son rhum et rajouta une couche à l'agacement du Nomade, parlant sans le regarder, en se flagellant un peu plus.
Hiraeth tapotait sur la table, et tentait de conserver une face neutre. Mais sa belle impassibilité se fissura lorsqu'elle capta son regard, ce sourire un peu factice, un peu moqueur aux lèvres.
Il poussa son verre, s'avança au-dessus de la table pour lui parler à mi-voix, mais de façon véhémente. Son œil lance des éclairs, ses sourcils sont froncés de colère.
« Mais comment est-ce que tu aurais pu t'assumer ? Dis-moi à quel moment on aurait pu t'en donner le choix ? Dis-moi si tu aurais seulement pu aller jusqu'où tu es allée si tu n'avais pas caché ton sexe ? Un simple soldat ? Je crois que tu n'as pas conscience de ce que tu as révélé, de ce que tu as... offert comme espoir, à des centaines, des milliers de femmes qui subissent le même poids... »
Regardant autour de lui, il vérifie l'attention des autres clients, mais ils sont heureusement assez isolés du reste de la salle. Se redressant un petit peu, il boit quelques gorgées sans la quitter du regard. Cela lui permet de reprendre, avec un ton un peu plus mesuré.
« La belle image que j'ai de toi... Oui, j'ai une belle image de toi. Je suis là parce que j'ai envie de savoir ce qu'il y a derrière. Te connaître. Et je suis... je sais pas, je trouve ça nul que tu te dénigres tout le temps. Tu imagines que depuis qu'on a passé cette porte, tu l'as fait quoi, trois fois déjà ?
T'as dû en prendre tellement plein la gueule... »
Se passant la main sur la figure, il la regarde désormais d'un autre œil. Il attrape deux olives et les mastègue rapidement en réfléchissant. Il ne veut pas la faire fuir, et sent bien qu'il ne s'y prend pas comme il faut... il existe comme une césure, entre eux. Il se connaît, son esprit rebelle et passionné pourrait très bien brusquer quelqu'un qui a longtemps été dans l'armée, dans l'ordre et le pragmatique. Elle a l'air usée par tout ça et qui ne le serait pas ? Comment faire passer son message ?
« Ouais, je veux bien la vraie histoire. Ta version des faits. Mais je te préviens d'office, sans t'en rendre compte peut-être tu es devenue un symbole. Un symbole de plus que les femmes sont aussi capables que les bonshommes sinon plus, qu'elles peuvent briguer les mêmes places, même au combat. C'est l'accumulation de ces histoires qui entraînera enfin, peu à peu, l'évolution de la société reikoise. Pour toi, c'est peut-être un échec. Mais pas pour d'autres. »
Et pas pour moi.
Son regard fait passer ce message ultime, alors qu'il s'accoude à la table, attentif à ce qu'elle va répondre, détaillant son attitude, son visage en forme de cœur, ses gestes.
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Message 4
C'était étrange, comme j'avais l'impression de passer à côté de quelque chose. C'était ce côté un peu instable de mon esprit dernièrement, j'avais l'impression de passer à côté de beaucoup de choses.
On n'était pas là pour ça, profiter du moment et qu'il découvre une facette de moi que bizarrement, je n'avais pas confié à grand monde. J'avais effleuré les choses avec Enira, qui m'avait aidé sur mes derniers traumatismes. Qwellaana avec qui j'avais effleuré cette usurpation. C'était le premier qui était curieux de l'entendre, et ce serait le premier à l'entendre sans cette fierté mal placée.
Depuis, j'avais perdu beaucoup de ma superbe.
Malgré le fait que j'étais crue et que je le mettais en garde que ce n'était pas une histoire héroïque. Juste une histoire qu'on ne racontait pas aux enfants. Il ne bougeait pas, ne réagissait pas. Est-ce que sa curiosité était pour se moquer ? Alors que son invitation avait eu l'air timide et honnête. Même si cela m'avait traversé l'esprit. Je ne pus me résoudre à donner du poids à cette pensée.
Et nos regards se croisèrent. Même si je me cachais derrière mon sourire. Il ne se laissa pas berner. Il poussa son verre. Ses mots étaient sûrs et son visage trahissait l'émotion qui le traversait.
Et il répondit. Me jetant à la face tout ce que je ne voyais pas, où je ne voulais pas voir. Comme je l'avais dit, c'est une période que je ne regrettais pas, mais je ne préfère pas y penser. Cela évitait les jugements. Et ce soir, le jugement, je ne pouvais l'esquiver. Je m'étais concentrée sur mon verre à nouveau.
Mon teint rougissait légèrement, mais je n'osais pas affronter son regard. Je n'avais jamais pensé que cette histoire pouvait servir de modèle pour quelqu'un. Il y en avait tellement d'autres à raconter, Nagisa, Lyra, Cyradil. Trois femmes à haut postes, qui avait été honnête. Mais c'étaient trois femmes parmi combien. Peut-être que mon jugement était assombri à nouveau par le regard de ma famille. Mon sourire se dessina à nouveau, légèrement, quand il se passa la main sur le visage, relevant le nombre de fois que je m'étais rabaissé. ¢ - Et encore, je suis pas trop en forme.
Cela m'aidait à cacher les rougeurs qui s'installaient. On m'avait rarement parlé comme ça, surtout sur ce sujet. Mais il semblait si honnête, sans se cacher sous des tonnes de joli mot. J'avais senti son regard sur moi, le poids de sa réflexion. Deux mondes qui s'affrontaient, autant à cette table que dans mon esprit. L'impulsivité contre la rigueur militariste. Est-ce qu'il se doutait qu'en réalité, je n'avais plus la mentalité de l'officier modèle ? Même si mon corps en avait gardé les réflexes.
J'avais relevé la tête un instant alors qu'il reprenait, ne confions qu'il voulait la véritable histoire. Je me cachais toujours derrière mon sourire. Je pris une gorgée de mon rhum pendant qu'il remettait sur le tapis l'importance de ce que j'avais fait. J'avais lâché un soupir amusé alors que la serveuse ramenait la chicha.
- Je suis sûre que tu en rajoutes.
J'avais pris l'embout pour prendre une bouffée de tabac. Le frais de la menthe contrastant le chaud de la boisson. Et la fumée me déclencha une quinte de toux. Mon poing frappa ma poitrine.
- Une élémentaire de flamme qui ne supporte pas la fumée. La blague. Mais jusqu'à maintenant, tu as bon goût. Bon... pas en femme.
J'avais levé les mains pour signifier que je me pensais, avec un sourire plus sincère. Je repris une bouffée avant de lui passer. Jouant avec la fumée et appréciant les saveurs.
- Merci. Je ne vois mon histoire que par rapport à ma famille et ce n'est pas glorieux. On me rabâche que c'est une honte. Et que d'autre n'ont pas eut besoin de ça. J'espère que je peux vraiment être un exemple pour certaine.
Mon regard se perdit sans le vise, réfléchissant a ce que cela pourrait faire d'être un bon exemple juste une fois. Et alors qu'il avait pris une pose presque caricaturale du garçon qui buvait mes paroles
- N'en fais pas trop. Mais voilà mon histoire. C'est dès mes premiers jours de soldat où j'ai découvert qu'une partie des hommes me prenait pour un homme. Et j'ai senti la différence dans le regard, dans leur facon de respecter mes talents. Rapidement, j'ai arrêté de contredire, j'ai même développé.
Kil. Cette voix qui m'a pas mal aidé
Cette voix pas assez virile pour être une brute, mais juste assez rauque et masculine pour aider mon physique androgyne.
- Et dans mon armure. Personne ne voyait la différence. J'ai joué le soldat modèle, suivant les ordres et ne cherchant que la victoire. J'ai commencé à gravir les échelons parce que je le méritais et parce que mes seins ne me ralentissaient pas. Et à côté, je jouais la petite fille parfaite qui ne faisait pas parler d'elle, ne faisait pas de bruit. Ma meilleure compagnie, c'étaient mes bouquins.
Aucun de ses deux visages n'était réellement pas le mien. Et je suis passée à côté de tellement de choses dans ma vie privée. Comme...
Je m'étais tue en me rendant compte du sujet que j'allais aborder. Mon célibat de longue date ne le regardait pas forcément. J'avais fini mon verre et je sentais la chaleur de l'alcool. Il m'avait prévenu, mais cela ne m'avait pas empêché de lever mon verre en direction de la serveuse.
- Enfin bref, c'est un autre sujet. J'ai joué ce double rôle pour faire plaisir à ma famille.
Mon sourire s'était un peu effacé, mais je ne m'étais pas trop rembruni. La serveuse revint à notre table apportant mon autre verre et nos assiettes, L'odeur m'ouvrait l'appétit.
- Merci. M'dame.
J'avais tiré l'assiette jusqu'à moi pour planter ma fourchette dedans.
- Attention, c'est chaud.
Elle n'eut pas le temps de finir sa phrase que je m'étais figée la fourchette brûlante en bouche. Un sourire illumina mon visage.
- hé est chuper bon. Par contre, toi, tu vas te brûler.
J'avais fini ma bouche avant de continuer sous le regard étonné de la serveuse.
- C'est chaud, mais moins que moi.
J'avais éclaté de rire, sans penser à ce double sens qu'avait cette phrase.
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Et voilà qu'elle continue à s'en rajouter sur la cougourde. Ah oui, c'est du lourd, il va lui falloir quelques années de travail sur l'estime de soi.
Hiraeth saisit l'embout de la chicha qu'elle lui tend et tire une profonde latte avant de se rappeler que le tabac et lui ça fait douze. Il tousse plus violemment qu'elle et rejette en vrac un nuage de fumée mentholée, perdant sûrement du crédit dans l'affaire. Qu'importe, elle a commencé à parler.
Fumotant plus doucement, il se concentre sur ses paroles.
C'est un peu ce qu'il s'imaginait, et c'est d'une tristesse absolue.
Coincée entre deux mondes, qui chacun ne voulait qu'une facette de ce qu'elle représentait, et pas le reste. Pas ses aspirations, pas ses souhaits, pas son tempérament, pas sa nature.
Seulement le talent militaire.
Seulement la soumission féminine.
Il en aurait hurlé. Combien de vies ont-elles été massacrées de la sorte ? Par des traditions débiles, par le machisme absolu du Reike, cette foutue tendance à inférioriser ce qui n'a pas assez de muscles pour te terrasser ?
Putain.
Il ne peut s'empêcher, mentalement, de faire le parallèle avec ce qu'ont vécu ses parents.
Sa mère, qui a toujours eu un tempérament de feu, et qui a subi très jeune les traitements réservés aux filles rebelles dans ces familles. Rien n'a permis de noyer sa flamme ardente, et elle n'a cessé d'aller de punition en punition, de défier l'autorité, de tout tenter pour rester libre.
Elle a payé très cher sa rébellion. S'il n'y avait eu son père, elle l'aurait sans douté payé de sa vie.
Et son père, renié pour l'avoir préférée à un statut social. Héritier de vieille famille, le voilà à fuir son pays avec une autre renégate pour mener une vie de traîne-savates.
Ont-ils été à plaindre ?
Finalement, moins que Kilaea. Qui elle, a tenté de s'adapter, de demeurer souple, malgré qu'on lui destine une camisole bien trop serrée pour elle. Qui a voulu s'épanouir dans son domaine sans la contrainte de son sexe, et qui en a payé le prix.
Qui refuse le poids des contraintes de son sexe aujourd'hui. Qui apparemment, en paie encore le prix aujourd'hui.
Mais ce prix, qui l'a fixé ! Pourquoi seules les femmes devraient avoir à l'acquitter ?
Hiraeth a lu le regret dans ses yeux noisette. Il croit qu'il commence à comprendre pourquoi elle a choisi de sortir avec lui, ce soir. Pourquoi ces allusions et ce besoin de se raccrocher, à quelqu'un qui s'en battrait l’œil total de toutes ces images qu'on lui a collé dessus pour ne voir que la personne qu'elle est, en réalité.
Sans toutes ces ficelles, ces constructions, ces projections.
Et voilà qu'il lui projette une autre image dessus. Une chouette image, sans doute, mais qui ne colle pas avec ce qu'elle ressent être, en réalité. Même si l'image qu'elle-même possède de soi n'a pas l'air très positive...
Il se demande, l'espace d'un instant, à quel point la famille est importante pour elle. Une famille clairement toxique, qui se moque de son bonheur. Aaaargh.
Hiraeth lâche la chicha pour son cocktail. Il sent la rage fumer à petits bouillons en lui, exactement comme dans les assiettes que leur sert à cet instant la jeune employée du restaurant, en les avertissant au passage.
Déridé, il observe l'échange entre Kilaea et la serveuse, son sourire réjoui et son appétit devant son curry, et il comprend.
Il doit lâcher ses filtres, et juste la voir elle. Elle a cruellement besoin d'un ami : et lui, bah...
Ça lui ferait pas de mal de se confier à autre chose qu'à du papier.
La colère en lui fond alors qu'elle plaisante, à dessein peut-être, plus naturelle en tout cas.
Il aime bien cette Kil-là.
Pignochant dans son assiette fumante, reconnaissant qu'il n'a pas la même sensibilité qu'un élémentaire de feu (loin de là), il s'imprègne différemment de l'ambiance et tente de faire taire ses filtres propres pour l'étudier de nouveau. Elle a entamé son plat avec un bel appétit, qui fait plaisir à voir.
« Mouais. C'est bien ce que je reproche à la société reikoise, qui bousille ses filles à vouloir absolument toutes les faire entrer dans la même case.
Je pourrais t'en raconter des tonnes et je m'agacerais beaucoup, et je sais pas si ça te permettrait d'intégrer à quel point ton histoire me touche et si ça t'aiderait à te sentir mieux, surtout.
Sache juste que pour moi, ce n'est pas du manque de courage ou de l'hypocrisie dont tu as fait preuve. Tu t'es adaptée de la meilleure façon possible, en faisant taire beaucoup de ce que tu es toi pour coller à la vision que d'autres avaient de toi.
Mais au final, c'est pas toi. Si je ne me trompe, tu as encore quelques vies d'Hiraeth devant toi pour changer ça. »
Il ricane, souffle sur un morceau de légume piqué sur sa fourchette et se brûle en tentant de le grignoter. On atteint des records de maladresse ce soir. Il laisse retomber sa fourchette, dégoûté, et préfère prendre son verre pour le siroter doucement.
Se penchant de nouveau vers elle, accoudé crânement sur la table près de son assiette délaissée, il la fixe en fronçant un sourcil.
« Mais dis-moi, toi, juste toi, en fait, qu'est-ce que tu aimerais vraiment faire de ta vie ? Si t'avais pas de responsabilité, de barrières ou ces traditions à la con ? »
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Je lui racontais mon histoire, et il m'écoutait attentivement. Cela me faisait du bien de pouvoir livre mon histoire et surtout ce que j'avais ressentie. Et il ne me jugeait pas. Je sentais que cela faisait aussi écho en lui. Parfois, son regard se perdait avant de revenir. Et parfois, quelques rictus traversaient son visage. C'était presque touchant. Chaque phrase que je sortais, alléger mon fardeau.
Et la serveuse apporta quelque chose qui m'aide à agrandir mon sourire. Je commentais à manger sans attendre. Profitant que mon corps soit insensible à la chaleur. Savourant le curry réveillait mes papilles, finissant d'éveiller ma bonne humeur. Et cela avait été contagieux, le borgne lâché son avis sur le Reike. Sur le traitement des femmes par les autorités, même si cela avait changé depuis quelque temps, ce n'était pas partout le cas. Et je ne pouvais pas m'empêcher de rougir légèrement à sa confidence sur le fait que mon histoire le touchait, en trouvant une autre facette à mon histoire.
J'essayais de cacher cette rougeur sur mon visage dans les épices et la chaleur de mon assiette.
- Peut-être un peu chaud pour moi aussi.
Je posais ma fourchette pour attraper mon verre et boire à nouveau une gorgée du Rhum.
- Je préfère ne pas y penser, je finirais par penser comme mon père. Que les autres races ne sont que de passage. Alors que chaque âme mérite que l'on s'y attarde.
Encore une fois, je n'osais pas vraiment le regarder. Je n'étais toujours pas à l'aise avec ces sujets. Même si j'avais accepté que cela faisait partie de la vie. Il fallait s'y habituer. Il en profita pour se rapprocher et je lui avais souri, me figeant à sa question. Ce sujet qui pouvait paraître anodin, mais qui cachait une de mes craintes. Je ne savais pas ce que je voulais.
Enfin, une partie de moi, si.
Mais c'était inatteignable pour le moment.
Une ombre de tristesse passa sur mon visage et j'avais fini mon verre d'une traite, le levant à l'attention de la serveuse qui passa récupérer. J'avais lâché un soupir qui s'était terminé dans un rire nerveux.
- En vrai, sans toutes ses règles qui m'ennuie, et bah, je ne sais pas. Dans l'armée, je voulais servir mon pays en regrettant de ne pas pouvoir être médecin et ne pas soigner les gens. Aujourd'hui, je suis médecin, et ce rôle ne me va pas non plus.
J'ai voulu être une fille parfaite, ce qui n'était pas vraiment ce que j'étais. Être une rebelle, n'est pas ce que je préfère.
Je lui avais souri en tendant le bras pour récupérer le verre que ramenait la serveuse. J'en bus rapidement une gorgée.
- J'ai pas répondu à ta question, en vrai. Je ne sais pas, j'aimerais n'avoir rien à faire quelques instants. Pouvoir me poser, jouer du piano, que mon père ne cherche pas à me marier quoi qu'il arrive.
J'avais encore lâché un soupir avant de lui sourire.
- Je me perds encore. J'aimerais bien être utile, aux autres, à l'empire. Où peut être me diriger vers l'étude des créatures, je ne sais pas trop. Il y a toujours l'option d'aller voir du pays, peut être même la république un jour.
Je lui fis un sourire en lui mettant un coup de coude.
- Tu y vas , toi de temps et temps, peut-être que tu pourras m'y emmener qui sait.
J'avais saisi à nouveau ma fourchette pour recommencer à manger.
- Et toi ? Pendant que ton plat refroidi, tu as quoi comme tout ? Exporter mon nom jusqu'où ? Faire vivre le commerce de tes parents ?
Mon sourire moqueur revint alors que j'avalais un morceau de mon plat. Juste une gorgée du Rhum. J'attendrais peut-être un peu avant de l'embarrasser à nouveau avec son style de fille. J'avais pris la chicha pour tirer à nouveau dessus, savourer la menthe qui rehaussait le reste.
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Ma proximité la gêne. En même temps, on est dans des sujets un brin délicats. Ouais, chuis comme ça moi, j'invite une fille à boire un coup et dans la demi-heure je l'oblige à l'introspection et je lui fais une séance de psy.
N'importe quoi mon pauvre Hir.
Bon, mon curry devrait être correct maintenant ?
…
Voilà qu'il me crame la gueule autrement maintenant. Ah putain, ce goût. Ça m'avait manqué, en vrai.
Son excuse sur sa longévité me laisse de marbre. Tu peux y aller cocotte, je vis avec une elfe et un demi-elfe, qui n'ont pas changé d'un iota depuis que j'ai l'âge de leur tirer les oreilles.
Ma question dissipe un peu sa gêne, pour la remplacer par de la tristesse. Bravo mec, tu possèdes un tact rare.
La notion d'utilité. On y est, elle coche allègrement toutes les cases d'un beau syndrome d'infériorité.
Elle cherche sa voie dans toutes les vocations qui la rendent utile aux autres. Et pour elle-même... la voilà désemparée. Et allez hop, un nouveau verre. Soit elle sait artiller comme un vieux Nylsark, soit elle va se prendre une claque et s'écrouler dans quelques verres. Donc soit c'est ma bourse qui trinque, soit mon dos quand il va falloir la ramener chez son patriarche.
Bizarre, je ne crois pas une seconde à la deuxième option. Son œil est bien trop vif et sa manière d'écluser bien trop « professionnelle ».
C'est malheureux, mais y'a guère que dans les forces de l'ordre ou chez les pégreux qu'on apprend à aligner l'alcool ainsi.
D'ailleurs, j'ai fini mon cocktail. Il est temps de passer aux choses sérieuses.
Je double donc la commande de Kilaea d'un autre rhum-gingembre. Je souligne rapidement sa réponse.
« Ouais, la fameuse 'notion d'utilité'. Tu cherches à faire tout ce qui te rendrait utile aux autres, à défaut de savoir ce que tu veux pour toi-même. T'étais pas une rebelle parce que tu le voulais. Mais uniquement parce que tu n'acceptais plus certaines choses. C'est marrant, pour les mecs, on appelle ça 'respecter ses limites'. Comme quoi, hein... »
Je siffle quelques gorgées d'un air dégoûté, alors qu'elle abonde là-dessus. Du piano ? Quel loisir de gosse de riche. J'aimerais trop l'entendre jouer.
Ouais, elle a grave besoin de pouvoir se poser, se recentrer, et pourtant la vie ne lui en laisse pas le loisir. La vie et sa p... de famille.
Tiens, c'est marrant, j'en connais un autre comme ça.
Reprends du curry, Hir.
Et avale bien tout rond quand elle propose que tu l'emmènes en Ripou-Blique un de ces quatre en te poussant du coude.
Allez hop, un peu de rhum pour faire passer le tout. J'ai la gorge en feu et probablement les joues aussi. Tout à fait corrélé avec la dose d'épices que vient de recevoir mon organisme, n'est-ce pas.
« Pourquoi pas. Un convoi toutes les trois semaines. On y retourne, là. »
Je prends un air concentré, mastiquant consciencieusement un bout de poulet, pour mieux réfléchir à ses questions. Bon, fallait s'y attendre, fini de faire le psy, faut parler de toi maintenant. Marrant comme la colère se mue en appréhension, d'un coup.
Le vide. Qu'est-ce qu'il y a à dire ? Je suis un type basique, je cherche à me faire du fric pour me tirer au soleil la courte vie qui me reste.
Ce serait pas faux. Mais pas tout à fait vrai.
Je ricane en posant mes couverts, elle a raison, c'est encore trop chaud. J'enlève ma veste d'ailleurs, à force de traîner en République je suis moins habitué à la chaleur de Kyouji et de ses petits plats. Ça me donne une minute pour réfléchir, avant de reprendre à la blague :
« Bah écoute, exporter ton nom dans tout le Sekai c'est un bon début. Peut-être que si ton père était davantage occupé avec ses affaires il te foutrait la paix ? Dans ce cas j'exporte de Maël à Courage, pour commencer. Tu savais que vos petites merveilles ont la côte à Liberty ? Un truc de fou. »
C'est pas tout à fait ce qu'elle voulait savoir, sacripant. Je tire sur mon col et m'adosse posément, mon verre à la main. Son attention focalisée sur moi et l'alcool aidant, je fais un peu le mariole.
« Disons que le commerce de mes parents étant installé, c'était normal que je reprenne l'affaire après leur... disparition. Ils me formaient depuis quelque temps déjà. C'est devenu mon gagne-pain, quoi. »
Putain, c'est toujours aussi dur à dire.
« J'espère bien faire un peu autre chose de ma vie, quand même. C'est qu'elle est pas bien longue, et j'ai probablement déjà passé le meilleur, surtout étant donné ce que j'en fais. »
Je me marre en désignant mon verre. C'est chaud de rester sérieux sous son air moqueur.
« En fait, j'ai pas vraiment de but particulier. Je voudrais gagner suffisamment pour ne plus avoir à me crever la paillasse sur les routes, à affronter les dangers, la fatigue, l'absence de foyer... à survivre constamment, aux maladies, aux pillards de merde, aux bestioles sauvages... Arrêter de dormir dans des chambres d'auberges plus ou moins miteuses, ou dans un chariot... Juste vivre bien, quoi.
Et acheter un bateau. Revenir sur les planches, sous le vent. Fuser sur la mer, et trouver un coin sympa dans les îles pour glander au soleil. Vivre de commerce entre les îles, de pêche, de pas grand-chose. Juste du bleu, partout. Celui du ciel et de l'eau. De la toile et du bois. Du sable et des cordages. De quoi écrire, c'est important.
Et toujours de quoi accueillir du monde, des amis, pour passer un bon moment sous les étoiles. »
C'est étonnamment simple, et je ne pensais pas que ça sortirait ainsi. C'est tellement aux antipodes de ma recherche d'adrénaline constante. Pourquoi ?
Je n'ai plus très faim. Accoudé à cette table, alors que la nuit tombe et que la température suit, sous la lumière douce des lanternes, je rêvasse, les yeux dans le vague, porté par cette vision simple d'un futur que je n'aurais probablement jamais.
Dans un élan sarcastique, une douleur sourde pulse dans mon orbite droite, dissipant cette douce léthargie.
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Au fur et à mesure que je repensais à sa question, j'arrivais à me détendre. Même si par passage, mon humeur fluctuais et je n'arrivais pas à le cacher, j'étais comme un livre ouvert. Ou les flammes d'un feu de camp, n'arrivant pas à se dissimuler d'un courant d'air... Et mine de rien, le premier verre se vide, puis se remplit grâce à l'efficacité de la serveuse. Je sens qu'il jauge ce comportement, sans juger. Enfin, je crois...
Et cette fois, finie le cocktail, il me suit au rhum. Peut-être a-t-il peur que je m'enflamme, ou que je m'effondre sous la table avant lui. Un léger sourire naquit à la pensée qu'il faisait ça pour "être un homme". C'était ridicule, mais drôle. Sa réponse agrandit mon sourire. Il me comprenait, trop peut être.
- C'est ça. Quitte à ne pas savoir quoi faire, autant faire quelque chose d'utile pour d'autres. Utiliser des capacités que tout le monde n'a pas.
Même si pour le moment, mes dons servaient plus à la destruction, encore. Il semble songeur quand je passe sur quelque chose de plus personnel. Ce genre de discussion que j'évitais souvent, quand je sentais que la motivation n'était pas sincère. Mais avec Hiraeth, cela ne me semblait pas malhonnête. Où alors je me faisais berné par celui que j'avais vu jouer aux billes dans la cours de la villa.
Et à ma question sur la république, il ne se moque pas, ne rejette pas non plus. Juste qu'il y retourne et un instant l'idée de lui demander de m'emmener, pour four le quotidien, cette pression qui s'exerçait sur ma vie.
Mais fuir n'était pas une option.
Ne le serait jamais.
Et l'idée s'effaça pour le moment, pensant que j'avais dirigé la discussion sur lui. J'avais eu l'impression que le sujet le rendait aussi à l'aise que moi. Et je ne put que cacher mon sourire en buvant une gorgée du Rhum que la serveuse m'avait ramené. La fatigue et l'alcool m'aidaient à me détendre. Même si je lui avais parlé de mon nom surtout pour qu'il se livre, il trouve le moyen de glisser un commentaire sur ma tranquillité.
- peut-être, mais je me demande s'il ne fait pas ça par passion. C'est quelle partie qui les intéresse là-bas ? Le verre médical ? J'espère au moins que ça finit entre de bonnes mains.
Même si je me doutais que ça ne pouvais pas toujours être le cas, mais je ne pouvais pas m'empêcher d'avoir un petit côté idéaliste. J'avais attrapé l'embout de la chicha pour reprendre une longue bouffée. Jouant au volcan, soufflant cette fumée lentement sur la table, créant une nuée ardente mentholée sur le bois.
J'attaque, à nouveau mon assiette pendant qu'il se met à l'aise. L'écoutant parlé de sa reprise de l'activité de ses parents et sa difficulté à en parler. Je reste silencieuse, mangeant avant que cela ne refroidisse trop. Et au final, les motivations ne sont pas vraiment celles que j'attendais, mais derrière l'étonnement, je peux le comprendre.
- Moi qui m'attendais à des rêves de grandeur, de conquête, d'empire commerciale. Et en fait, tu cherches juste une cabane, du soleil, de l'alcool.
Mon sourire se fit moqueur, je m'étais penchée un peu sur la table pour me rapprocher.
- Et même pas entourés de jolies femmes ? Il y en a toujours une dans ce genre d'histoire.
J'avalais la dernière bouchée de mon plat avant de repousser l'assiette et de boire une nouvelle gorgée, arrivant presque à la fin de mon verre.
- Tu parles du temps qu'il te reste, de celui que j'ai devant moi pour changer. Mais rien n'est défini. Je pourrais mourir avant toi. En mission, en trébuchant sur la robe que ma mère veut que je porte.
J'avais tiré une bouffée sur la chicha, reprenant en expulsant la fumée qui modulait ma voix.
- Fais ce qu'il te plaît sans trop prévoir. Pour quelqu'un à qui il reste presque vingt siècles à vivre, ma vie à faillit s'arrêter tellement de fois.
Je m'étais stoppé en apercevant sa grimace. Je levais ma main dans un réflexe, mais ne sachant où se situais la douleur, mes doigts se posèrent sur son bras.
- Tu as mal quelque part ? Tu veux que je regarde ça.
Selon sa réponse, je pourrais soit le soigner avec les réactions habituelles, ou essayer de le faire passer à autre chose en trinquant, vidant nos verres, et surtout demander a ce qu'on les remplissent a nouveaux, voir demander la bouteille.
- A une vie simple.
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Je ne peux pas sortir la fiole comme ça, devant elle. Alors j'attends un peu. Peut-être que le facétieux fils d'aboleth qui joue avec mon système nerveux a juste voulu me donner un avertissement. Je la rassure d'un geste de la main, désignant mon bandeau.
« T'inquiète, c'est juste le reliquat de la vieille blessure. Ça tire encore un peu, des fois. Pas grand-chose à faire. »
Puis comme elle est médecin et que je les connais les soigneurs, pour la plupart à fouiller jusqu'à être sûrs que eux ne peuvent rien à ton mal, c'est gentil mais c'est putain de chiant, alors j'enchaîne.
« Ouais, on peut tous crever n'importe quand en fait. Tiens, je bouffe une olive, je m’étouffe sur le noyau. Fini.
C’est bien pour ça que les rêves de grandeur, je les laisse aux autres. Je fais ce qu'il y a à faire parce que j'ai besoin de fric pour pouvoir me tirer à l'as, mais les responsabilités d'homme d'affaire, ça m'emmerde... »
Du coup, je m'envoie quelques olives, manque de bol, aucune n'a de noyau assez gros. Tant pis. J'ai failli m'étouffer quand elle a mentionné les femmes. Tiens, c'est vrai, y'en avait pas dans ma tirade rêveuse.
Boarf, y'en a pas dans ma vie. Y'en aura pas. Pas avant que... Quoi ?
« ...les histoires de cœur aussi. Je préfère qu'on me foute la paix, être libre de faire ce que je veux sans avoir une bonne femme sur le dos. Et honnêtement, je ferais sans doute un très mauvais compagnon. J'ai pas envie d'infliger ça à qui que ce soit. Tu imagines, vivre dans une pauvre cabane ou sur quatre planches qui voguent avec un bonhomme qui passe sa vie à faire la chouille ou à écrire ? Qui voudrait ça ? »
Je ris un peu bruyamment, un peu faux. L'espace d'un instant, une nuance améthyste a traversé le ciel de mes pensées chaotiques telle une étoile filante. Je mens. Et pourtant je suis sincère. Je ne possède pas les qualités nécessaires pour cette histoire. Pour aucune histoire d'ailleurs. Tout ce que je peux faire, c'est éviter d'être un connard supplémentaire sur ce monde, éviter de leur faire du mal. Je suis déjà bien assez un connard d'avoir ôté autant de vies sans sourciller.
A travers la fumée à l'odeur herbacée, Kilaea me regarde. Son visage en forme de cœur, son sourire mutin, son nez bien dessiné. Elle en a vécu de la merde, je saurais jamais tout. Une de plus dont des connards ne savent pas reconnaître la valeur. Ma colère revient, et c'est tant mieux, car ça allait finir par se voir que j'étais pas bien sur cette réponse. Elle me redonne contenance, et je peux enfin manger mon curry sans me cramer les papilles, enfin, si mais avec les épices. Je me concentre sur cette tache quelques instants, réfléchissant à tout ce qu'on avait échangé. Je parlais beaucoup. Elle disait peu, mais avait l'air sincère, même quand je lui demandais des trucs manifestement sensibles pour elle. Suivant le cours de mes idées, un peu à l'ouest, je brisais le silence à nouveau.
« Et dis-moi, tu as des gens qui t'entourent, à qui tu peux te confier sur tout ce merdier ? Vivre ce que tu vis, c'est déjà bien chaud, alors si en plus tu es isolée... Je suppose que tu dois avoir quand même quelques amis ? Des gens de l'armée qui te sont restés loyaux ? Quelqu'un de ta famille moins c... moins obtus que les autres ? Une liaison, quelqu'un qui tient à toi ? »
Troublé, je m'aperçois que ce qui me semblait logique dans le déroulement interne de mes réflexions psychanalystiques est de nouveau sacrément intrusif. Boarf, avec toutes les bévues accumulées ce soir, ça n'en fera qu'une de plus. Au pire elle me balancera son curry à la gueule et j'en sera quitte pour une facture de teinturerie et ma dignité écornée. Pas bien grave.
Epigraphe
- Pouvoirs:
- Agilité & Précision P2, Vue Augmentée P2, Pétrification, Invisibilité, Nyctalopie
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Info personnage
Race: Elementaire de lave
Vocation: Mage élémentaliste
Alignement: Neutre bon
Rang: B
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Il trinque et éloigne ma proposition de m'occuper de lui. Je ne comptais pas insister, ne pouvant pas le forcer à se faire soigner. Mais ce qu'il rajouta me tira un sourire, le genre d'humour que rajouter ceux qui voulait se faire passer pour plus fort, ou qui voulait détourner l'attention.
Il avait ses secrets et c'était son droit.
- Attention, les olives sont dangereuses. J'aimerais te dire que je comprends, mais je n'ai jamais eu de responsabilité comme ça.
Il continue en expliquant pourquoi il n'y a pas de femme dans son rêve. Pour éviter la prison, pour être libre, se cachant derrière de fausses excuses qui me tira encore un sourire avant de me joindre à son rire.
- Tu sais, je suis sûre que certaines filles aimeraient ça. Loin de tout, je suis sûre que ce ne serait pas si mal. Astuce n'as pas le même but ?
Après tout, je ne connaissais rien de lui, de sa bande. Je pouvais me tromper, comme avoir raison, mais au final, j'ai du mal à le voir sous un mauvais œil. Étrangement, j'avais encore du mal à cerner les gens.
Je continuais à fumer lentement, à boire ce verre qui diminuait et le temps de l'écoute se terminait. Ce temps à l'observer pendant que j'avais mangé, mon curry. Cet homme qui avait rythmé sans le vouloir une partie de ma vie. Des moments de légèretés. Des moments loin de tout, chaque moment loin de mon armure, il était là. Est-ce qu'il s'en doutait ? Un sourire nostalgique s'inscrit sur mon visage. Nous allions inverser les rôles, il allait pouvoir manger, je pensais reprendre mon histoire, mais il me pose une question qui me fit me figer. L'expiration de ma fumée se coupa un instant.
Mes yeux s'écarquillaient en le regardant avant de le fuir. Mon sourire s'évapora, et j'avais fini mon verre d'une traite. Quelques visages s'étaient imposés à mon esprit, mon regard sans le vite le temps que mes joues rougissaient. Mon visage laissait apparaître la dualité d'émotions. Mes yeux brillaient. J'avais de nouveau appeler la serveuse, mais lui faisant le signe pour qu'elle ramène la bouteille. J'avais tiré une longue bouffée de tabac avant de soupirer. J'avais envie de lui répondre, mais la honte, la peine me disais de ne pas le faire.
Et puis j'avais ri, aidée par l'alcool qui réchauffait mon esprit.
- Désolée, je m'étais perdue dans mes pensées. Mais pas vraiment en fait.
Je m'apprêtais à lui révéler quelque chose, que je n'avais jamais dit à haute voix.
- L'armée m'a tourné le dos, mais pas mes hommes. La plupart de ceux qui me suivaient avaient découvert mon secret, mais ils avaient continué de me suivre, a me couvrir. Et cela ne leur a apporté que la mort.
J'avais saisi la bouteille pour remplir mon verre, en le vidant en partie, repoussant ses visages que je n'avais pu sauver.
- J'ai retrouvé les dossiers d'une dizaine d'entre eux. Tous infirmes et je n'ai pas voulu leur attirer d'autre ennui.
J'avais vidé une autre partie de mon verre, un sourire triste s'afficha sur mon visage.
- Pour la partie famille, j'ai ma cousine, mais on se croise jamais. Elle a réussi dans l'armée, pour suivre mon exemple.
Encore une bouffée de tabac, un visage ou deux qui continuait d'apparaître et la tristesse s'effaça de mon sourire.
- Pour les amies. J'ai croisé une valkyrie, qui en est devenue une il y a peu, qui m'as connue sous mes deux identités. Et c'est peut-être la seule qui connaît tout. Avec toi, aussi.
Et puis, il restait le dernier point de cette question, le sourire se fit bête, un instant. Puis j'avais visé le reste de mon verre. Je ne savais ce qu'elle pensait de moi, ou si elle voulait ne serait ce que me revoir.
- Et une autre femme qui m'a aidé à accepter mon histoire, à m'accepter, a sa manière.
J'avais du mal à me décider sur ce que pouvais Sire, mais à chaque fois cela soulagé un peu plus mon fardeau. Mais le sourire qui s'affichait sur mon visage était presque heureux en repensant a cette soirée.
- Mais dans ce sens, non personne ne tiens à moi.
J'avais pris une longue bouffée de tabac pour ne pas reprendre d'alcool.
- Je me disais que je ne méritais pas de trouver le calme, je vivais enfermée dans mon propre, châtiment. Et maintenant, je me demande qui pourrait avoir envie de côtoyer quelqu'un qui c'est toujours caché derrière un mensonge.
J'avais de nouveau saisi la bouteille pour remplir à nouveau mon verre. Et mon sourire moqueur refit surface.
- Me dit pas que je n'avais pas le choix, hein. Je le sais ça, mais ça change pas ce que je suis.
Je faisais tourner l'alcool dans mon verre, j'imaginais une partie de son discours.
- Si tu veux prendre ta retraite, j'imagine que tu ne vends pas que du verre, si ?
Et ce monde commençait a me plaire, seulement quand il tournait et qu'il devenait flou.
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Info personnage
Race: Humain
Vocation: Guerrier assassin
Alignement: Chaotique neutre
Rang: D
« Aaahahahah, c'est vraiment trop drôle... »
Ça l'est pas vraiment en fait. Je me souviens des moments malaisants vécus avec elle lors de notre période de mercenariat, en l'an 1. A l'époque, Oko Jero se démenait pour mettre en place des accords fournisseurs et nous, on bossait pour un gang obscur de Liberty qu'on a fini par démonter pour obtenir nos entrées auprès de la pègre reikoise. Pour le bien que ça nous a fait...
On vivait quasiment l'un sur l'autre. Terrés dans une planque miteuse, en vadrouille, à dégonder des types. Elle avait tenté. Ça ne s'était pas bien passé.
Bon, je ne voudrais pas que Kil croit que je me fous de sa gueule. Ou pire, que c'est à cause de l'âge que je me moque ainsi. Après tout, elles ont sensiblement le même et ça pouvait être mal perçu.
Finissant mon assiette, je lui réponds :
« Astuce, elle m'a quasiment élevée. C'est ma sœur, si tu veux, ou une tante à la limite, bien qu'elle ne supporte pas l'idée que je l'appelle ainsi. C'est quelqu'un de bien trop proche... d'une façon familiale, tu vois ? Pour que ça devienne cette sorte de liaison. »
Putain de trop bon ce curry. Moi qui suis pas un morfale, j'hésite à demander un nouveau service, quand je me souviens des pâtisseries délicieuses qu'ils ont à leur carte. Tellement parfait.
Mais ce que dit Kilaea nécessite un temps d'écoute et de discrétion. Je refrène mon envie de sucre pour me pencher vers elle.
J'avais vu juste, ma divagation interrogative l'a touchée plus rudement que ce que j'imaginais. Le sujet de ses relations semble la troubler, et lorsqu'elle m'explique pourquoi...
Bah, j'ai envie de péter du connard d'officier supérieur, quoi. Va quand même falloir que je relativise. Mais si, je relativise très bien. Regardez, je suis en train de finir mon verre et de le remplir à nouveau à la bouteille qui s'est posée comme par magie sur notre table et je ne suis pas du tout en train de fulminer. Je dois produire autant de fumée que la chicha à peu de chose près.
« Qu'est-ce qu'il s'est passé ? »
C'est sorti malgré moi, à l'évocation de ses hommes infirmes ou morts. J'imagine aussitôt des opérations dans l'ombre, destinées à éliminer les rebelles, à lisser l'image de l'armée en supprimant toute information, tout témoignage de l'excellence d'une femme à un poste de soldat...
C'était sans doute déjà arrivé par le passé, non ?
Pour avoir d'excellents exemples de femmes guerrières autour de moi, je connais leur résilience, leur volonté, et une paire d'ovaires n'a jamais empêché une lame de traverser un cerveau. J'observe sa carrure, sa façon de se mouvoir. Même avec un coup dans le pif, à moins de la prendre par surprise, elle m'étale fastoche.
J'avais qu'à manger quand on m'engueulait pour le faire et me muscler au lieu de glander dans un chariot.
Boarf.
Buvons un coup plutôt.
Cela me fait plaisir qu'elle évoque des relations positives. Son visage s'éclaire, après elle ne cite pas grand-monde, en tout cas des gens qui ont pas l'air bien présents autour d'elle en ce moment. Ça me fait très bizarre qu'elle m'avoue que je suis quasi le seul, avec cette Valkyrie, à connaître son histoire. J'en suis flatté, mais aussi étrangement mélancolique.
Cela ne s'arrange pas lorsqu'elle avoue, sans me le dire vraiment, mais ça se voit tellement à son sourire, à ses yeux, qu'il y a bien quelqu'un dans sa vie. Peut-être simplement une comète, peut-être qu'aujourd'hui, comme elle le souligne, personne ne tient à elle ainsi, cependant je le sens et je trouve ça poignant : elle éprouve des sentiments pour cette femme.
C'est doux-amer, et ça résonne en écho poignant de ce que je n'ose m'avouer. Beaucoup trop. Les phrases suivantes m'explosent bien la rate : j'ai l'impression de m'entendre penser.
« Ouais, je comprends vraiment ce sentiment. Je... Je vis un peu la même chose. Je crois que c'est pour ça que je ne cesse de courir, et que je ne m'autorise pas à m'arrêter. Je ne pense pas mériter... que qui que ce soit s'intéresse à moi. »
Gêné, je me tourne vers la serveuse qui passe, pour lui commander un assortiment de pâtisseries. Cela coupe un peu mon intervention malhabile, et elle aussi retrouve son sourire frondeur en me provoquant.
« Bien sûr que si t'avais pas le choix. Après, que tu restes enfermée dans cette impression que tu vaux pas grand-chose, c'est ça le problème, pas ce que tu aurais pu faire par le passé. On doit tous faire avec ce qu'on est, bon, beh, c'est comme ça. T'as le choix de ne plus mentir, aujourd'hui.
Sinon, je vends aussi des étoffes, des cordages, des toiles pour des chantiers navals. J'ai commencé petit, et maintenant je possède quelques arpents de chanvre et de coton. J'ai des parts dans des fileries, des teintureries et même dans une magnanerie que j'espère acquérir bientôt. J'ai pris sous mon aile des réfugiés shouméiens qui ont un savoir-faire dans le traitement de la soie et des tissus précieux que j'ai mis à l’œuvre dans un village au sud de Kyouji. J'aimerais bien parvenir à maîtriser toute la filière de production, du champ à l'étalage. En République, nos produits commencent à avoir du succès. »
Et peut-être que bientôt, je pourrais arrêter mes activités sales.
Ça ne lavera jamais tout le mal que j'ai pu commettre, et je ne suis même pas sûr que j'arriverais à vivre sans cette adrénaline. Mais j'ai envie d'essayer.
« T'as pas envie de développer tes activités commerciales, toi aussi ? Ça fait voir du pays et rencontrer des gens. »
Epigraphe
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