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Citoyen de La République
Nahash
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Citoyen de La République
Vanay Vyldrithe
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Info personnage
Race: Drakyn
Vocation: Guerrier assassin
Alignement: Chaotique Neutre
Rang: C
J’ai trop traîné. Je me retrouve bêtement sous cette pluie glaciale alors que je devrais être rentré depuis quelques heures déjà et dormir dans une chambre au chaud. Ma faute, encore une fois, de ne pas savoir dire non à l’invitation d’une ancienne connaissance et à sa proposition de boire un verre. C’est surtout le verre qui m’a intéressé, je ne vais pas le cacher… Parce qu’écouter Séverine se plaindre que la vie est dure avec un mari qui court après tous les jupons qui ne sont pas les siens, pendant que madame se prélasse bien au chaud dans son palace… J’avoue que ça m’en touche une sans faire bouger l’autre. Si elle avait à trimer sang et eau pour vivre et nourrir ses enfants, j’aurais sûrement éprouvé de la compassion, mais ce n’est pas son cas… Elle vit bien… Même très bien, et elle ne s’en cache même pas. Alors, quand elle me parle des aventures de son homme, j’écoute vaguement d’une oreille, fais « oui oui » de la tête, pendant que mon regard et mes papilles, eux, sont absorbés par la boisson. J’en ai profité un peu… Elle me les a offerts, et c’est très bien comme ça.
Elle a pu déverser sa peine et moi boire à l’œil. Au final, tout le monde est content.
Je lève doucement le nez en direction du ciel, les gouttes ruissellent sur mon visage pendant que je viens resserrer mon manteau beige. J’ai les cheveux trempés par cette pluie, et je suis bien contente que ce ne soit que mes cheveux pour le moment… Même si je sens venir un début de mal de gorge qui va probablement s’accentuer dans les jours à venir.
Ça m’apprendra à me laisser porter par la boisson, même si, cette fois-ci, je n’en ai pas abusé. Ma démarche n’est peut-être pas très droite, et j’avoue que la main que je pose contre les murs froids m’aide beaucoup à avancer. Pour autant, je suis parfaitement maîtresse de mes mouvements et consciente de ce que je fais. Et dans tous les cas, si je dois me justifier de mon état, je mettrai ça sur le compte de la fatigue.
Un long soupir se glisse entre mes lèvres et j’espère ne croiser personne. J’ai pas très envie qu’on lui rapporte que sa Drakyn était, encore, pas très sobre. J’ose même pas imaginer l’image que ça peut lui donner, à lui. Ça me pousse même à prendre des ruelles plus petites et plus discrètes… Et de toute façon, je me demande bien pourquoi je le fais, avec une pluie pareille, il y a peu de chance que je croise qui que ce soit.
J’ai l’impression que la route est interminable, même si j’avance à un bon rythme. Les deux mains devant ma bouche, je souffle doucement dessus pour les réchauffer. J’ai toujours eu du mal avec le froid et, même si je ne m’en plains jamais de vive voix, je fais bien partie de cette moitié de la population qui n’aime pas cette saison et qui grelotte quand la température descend en dessous d’un certain seuil. Même après bien dix ans en République, je n’arrive toujours pas à m’y faire. Ça doit venir du fait que je suis un gros lézard qui a vécu la majorité de sa vie dans un désert.
Plus j’avance et plus je regrette de m’être entêtée à prendre des rues plus discrètes… De nuit et seule, j’avais oublié que tout devenait bien plus sinistre et oppressant. Je reconnais pourtant très bien celle que j’emprunte, mais rien n’y fait et ce n’est pas ma capacité à voir dans le noir qui m’aide à rendre les rues plus rassurantes.
Au carrefour, je me fais tirer de mes pensées par un homme qui me bouscule assez violemment en sortant d’une rue adjacente à celle que je traversais. Un peu plus et je me retrouvais le séant sur le sol pavé, froid et trempé de la ville. Je grogne, mécontente, et prête à lancer tout un flot d’insultes, mais l’homme a déjà tracé sa route.
- Goujat…
Que je lâche plus par principe que dans une réelle intention qu’il l’entende. Mais aussi parce que cet abruti a failli me faire lâcher un cri de surprise tellement j’étais loin dans mes pensées et qu’il m’a donné l’impression de sortir de nulle part. Une grande inspiration, puis une expiration tout aussi grande, et je reprends ma route, tournant dans la rue d’où l’inconnu était sorti. Et plus je marche, et plus j’ai ma tête qui mouline… Quelque chose chez cette personne m’a marquée, mais j’arrive pas à mettre le doigt dessus et ça m’agace.
Et c’est dans ce genre de moment que je me dis que les astres ont toujours autant d’humour. Vous savez, ce genre de moment où on se dit qu’on aurait eu meilleur temps de rester chez soi même si ça voulait dire ne rien faire.
Au bout de cette rue, je tourne une nouvelle fois et mes pieds finissent par heurter quelque chose. Mes yeux se baissent et, si dans un premier temps je reste sans voix, celle-ci va rapidement franchir mes lèvres dans un cri de peur qui résonne dans les rues vides.
Par réflexe, je fais quelques pas en arrière, m’éloignant de ce corps meurtri — le mot est terriblement faible — d’une pauvre femme. Mon regard n’arrive pas à se détacher du cadavre que j’ai en face de moi et il faut que j’entende des pas résonner et qu’une voix m’interpelle pour que je finisse par lever le nez du corps sans vie.
C’est avec un sarcasme assez violent que je réponds au borgne barbu qui m’observe avec sa dernière iris couleur émeraude.
- C’est pourtant évident, non ? On est en train de jouer aux cartes là !
Je lâche un soupir, venant pincer l’arête de mon nez de ma main droite avant de reprendre d’un ton plus calme et poli mais cherchant mes mots.
- Pardon… Je… Vanay Vyldrithe… Et je me pose la même question que vous… Je viens d’arriver…
Je peux le dire, mon corps n’a jamais dégagé aussi rapidement les effets désagréables de l’alcool qu’à ce moment précis.
- J’étais en train de rentrer après avoir bavardé avec une connaissance… et puis je tombe là-dessus…
Faut toujours que je me retrouve au mauvais moment, au mauvais endroit.
La poisse… Vraiment…
Elle a pu déverser sa peine et moi boire à l’œil. Au final, tout le monde est content.
Je lève doucement le nez en direction du ciel, les gouttes ruissellent sur mon visage pendant que je viens resserrer mon manteau beige. J’ai les cheveux trempés par cette pluie, et je suis bien contente que ce ne soit que mes cheveux pour le moment… Même si je sens venir un début de mal de gorge qui va probablement s’accentuer dans les jours à venir.
Ça m’apprendra à me laisser porter par la boisson, même si, cette fois-ci, je n’en ai pas abusé. Ma démarche n’est peut-être pas très droite, et j’avoue que la main que je pose contre les murs froids m’aide beaucoup à avancer. Pour autant, je suis parfaitement maîtresse de mes mouvements et consciente de ce que je fais. Et dans tous les cas, si je dois me justifier de mon état, je mettrai ça sur le compte de la fatigue.
Un long soupir se glisse entre mes lèvres et j’espère ne croiser personne. J’ai pas très envie qu’on lui rapporte que sa Drakyn était, encore, pas très sobre. J’ose même pas imaginer l’image que ça peut lui donner, à lui. Ça me pousse même à prendre des ruelles plus petites et plus discrètes… Et de toute façon, je me demande bien pourquoi je le fais, avec une pluie pareille, il y a peu de chance que je croise qui que ce soit.
J’ai l’impression que la route est interminable, même si j’avance à un bon rythme. Les deux mains devant ma bouche, je souffle doucement dessus pour les réchauffer. J’ai toujours eu du mal avec le froid et, même si je ne m’en plains jamais de vive voix, je fais bien partie de cette moitié de la population qui n’aime pas cette saison et qui grelotte quand la température descend en dessous d’un certain seuil. Même après bien dix ans en République, je n’arrive toujours pas à m’y faire. Ça doit venir du fait que je suis un gros lézard qui a vécu la majorité de sa vie dans un désert.
Plus j’avance et plus je regrette de m’être entêtée à prendre des rues plus discrètes… De nuit et seule, j’avais oublié que tout devenait bien plus sinistre et oppressant. Je reconnais pourtant très bien celle que j’emprunte, mais rien n’y fait et ce n’est pas ma capacité à voir dans le noir qui m’aide à rendre les rues plus rassurantes.
Au carrefour, je me fais tirer de mes pensées par un homme qui me bouscule assez violemment en sortant d’une rue adjacente à celle que je traversais. Un peu plus et je me retrouvais le séant sur le sol pavé, froid et trempé de la ville. Je grogne, mécontente, et prête à lancer tout un flot d’insultes, mais l’homme a déjà tracé sa route.
- Goujat…
Que je lâche plus par principe que dans une réelle intention qu’il l’entende. Mais aussi parce que cet abruti a failli me faire lâcher un cri de surprise tellement j’étais loin dans mes pensées et qu’il m’a donné l’impression de sortir de nulle part. Une grande inspiration, puis une expiration tout aussi grande, et je reprends ma route, tournant dans la rue d’où l’inconnu était sorti. Et plus je marche, et plus j’ai ma tête qui mouline… Quelque chose chez cette personne m’a marquée, mais j’arrive pas à mettre le doigt dessus et ça m’agace.
Et c’est dans ce genre de moment que je me dis que les astres ont toujours autant d’humour. Vous savez, ce genre de moment où on se dit qu’on aurait eu meilleur temps de rester chez soi même si ça voulait dire ne rien faire.
Au bout de cette rue, je tourne une nouvelle fois et mes pieds finissent par heurter quelque chose. Mes yeux se baissent et, si dans un premier temps je reste sans voix, celle-ci va rapidement franchir mes lèvres dans un cri de peur qui résonne dans les rues vides.
Par réflexe, je fais quelques pas en arrière, m’éloignant de ce corps meurtri — le mot est terriblement faible — d’une pauvre femme. Mon regard n’arrive pas à se détacher du cadavre que j’ai en face de moi et il faut que j’entende des pas résonner et qu’une voix m’interpelle pour que je finisse par lever le nez du corps sans vie.
C’est avec un sarcasme assez violent que je réponds au borgne barbu qui m’observe avec sa dernière iris couleur émeraude.
- C’est pourtant évident, non ? On est en train de jouer aux cartes là !
Je lâche un soupir, venant pincer l’arête de mon nez de ma main droite avant de reprendre d’un ton plus calme et poli mais cherchant mes mots.
- Pardon… Je… Vanay Vyldrithe… Et je me pose la même question que vous… Je viens d’arriver…
Je peux le dire, mon corps n’a jamais dégagé aussi rapidement les effets désagréables de l’alcool qu’à ce moment précis.
- J’étais en train de rentrer après avoir bavardé avec une connaissance… et puis je tombe là-dessus…
Faut toujours que je me retrouve au mauvais moment, au mauvais endroit.
La poisse… Vraiment…
Fight so dirty, but you love so sweet
Talk so pretty, but your heart got teeth
Late night devil, put your hands on me
And never, never, never ever let go
Talk so pretty, but your heart got teeth
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Nahash
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Info personnage
Race: Drakyn
Vocation: Guerrier assassin
Alignement: Chaotique Neutre
Rang: C
Je vais finir par croire qu’ils le font volontairement. Je vais même finir par me dire que c’est une vaste blague et qu’ils ont tout organisé pour être sûrs que je fasse bien la connaissance de toute l’équipe. Un genre de gage ou un rite de passage : me faire rencontrer les Limiers un par un… Je suis même prête à parier qu’un de ces jours, sans prévenir – comme ils aiment si bien le faire –, ils vont tous débarquer à l’auberge et enfiler leur masque, alignés comme des casse-noisettes, histoire de bien me faire comprendre que, maintenant que je fricote avec l’un des leurs, je ne pourrai plus rien faire sans qu’ils ne soient tous au courant.
J’imagine bien les discussions qu’ils doivent tenir entre eux.
« - he ! Machin ! J’ai croisé la femme du prévôt ! Elle s’est retrouvé dans une de ses merdes !
- Nooon ? Encore ? Allez raconte !
- Ouai ! Elle était sur les lieux d’une scène de crime !
- Bah putain ! Le chef il doit pas être serin !
- Je te fais pas dire !
- Ça te dit on va lui rendre visite à la petite Drakyn ? Y paraît qu’on y boit bien dans son auberge !
- Ouai ! Ça me botte ! »
Je suis même étonnée de ne toujours pas avoir eu de remarque sur ma relation avec Kieran. J’ai peut-être eu la chance d’être tombée sur le seul qui ne soit pas au courant et, d’un côté, ça m’arrange bien. Je n’ai pas besoin qu’il sache absolument tout ce que je fais, et je pense que lui non plus n’en a pas envie. Ceci dit, au vu de la situation dans laquelle je me trouve, il va forcément être au courant… Et je vais en entendre parler pendant un moment…
Un nouveau soupir quitte mes lèvres, et j’attends sagement, obéissant aux ordres que me donne le Limier.
- Je vous remercie…
Des paroles dites d’une voix fatiguée… Qui caractérisent mon état à ce moment. Mon regard se pose quelques secondes sur le corps massacré de la victime, m’arrachant au passage une grimace de dégoût, avant que je ne reporte mon attention sur les Officiers qui s’activent tout autour de la scène.
Un nouveau frisson parcours mon corps à la fois à cause du froid, mais aussi à m’imaginer qu’à quelques minutes prêt… ça aurait été moi. Mes lèvres se pinces et je ressers mes bras autour de moi essayant de garder une certaine contenance avant de venir attraper lentement la cape que me tend le Limier, et de la passer autour de mes épaules.
- Comme je disais, je reviens d’une soirée avec une ancienne connaissance. Je ne vais pas vous cacher que j’ai un peu… beaucoup… profité des boissons. Séverine, c’est le nom de la personne avec qui j’étais, si vous voulez tout savoir.
Doucement, j’essaie de me refaire tout le chemin que j’ai traversé pour arriver jusqu’ici. Me souvenir de toutes les ruelles que j’ai parcourues, des détails comme des affiches se décollant des murs sous la quantité de flotte qui tombe, ou bêtement des pavés manquants à certains endroits, et puis…
- J’ai aussi croisé un homme… Pas très grand… Enfin, par rapport à moi, il n’était pas très grand… Suffisamment costaud pour risquer de me faire tomber en me bousculant… Je l’ai croisé à quelque chose comme deux ou trois ruelles d’ici… Il n’avait pas l’air commode… Et il avait l’air pressé...
Cet homme… Cette espèce de goujat… Quelque chose m’avait marqué inconsciemment et me travaillait sans que je n’arrive à mettre le doigt dessus. Ce n’était pas sa taille, ni ses vêtements, non… Son visage avait un détail… Et puis, soudain, je réalise ma bêtise.
- Je suis profondément désolée… j’aurais du vous en parler plus tôt…
Je grogne doucement, glissant nerveusement mes doigts dans ma tignasse trempée. Ça m’agace parce que je sais pertinemment que, sans l’alcool, j’aurais été plus réactive…
Nous finissons par nous mettre en route, abandonnant les Officiers à leur travail. Pour ma part, je reste muette, plongée dans mes pensées pour essayer de me remémorer un maximum de choses. La tête baissée et mon regard rivé sur le sol, je sens les goûtes de cette pluie toujours aussi froide, et je sais de source sûre – mon corps – que demain ma gorge va me faire regretter. Elle me pique déjà suffisamment pour me faire dire que je ne passerai pas non plus une très bonne nuit. Si tant est que j’arrive à fermer l’œil après cette vision d’horreur… Au final, c’est lui qui brisera le silence entre nous, confirmant au passage mes craintes tout en essayant, maladroitement, de me rassurer.
- Je ne sais pas si c’est vraiment censé me détendre, mais merci de vous en soucier.
Il paraît qu’ils ne sont pas réputés pour être très porté sur la sensibilité et, dans tous les cas, même si c’est dit purement par politesse et professionnalisme, on va pas cracher dessus.
Nous arrivons enfin devant l’auberge où j’avais posé mes quelques affaires le temps d’un voyage à Courage. J’avais déjà eu le malheur de me retrouver au milieu de la manifestation qui avait démarré dans les Bougeoirs, non sans avoir fait quelques bêtises au passage… Et maintenant, me voilà encore fourrée dans je ne sais quel problème, bien malgré moi. Je me sens, soudainement, comme Perrine : perdue et démunie face à tout ça. À la différence c’est que je dois faire trois fois le poids de ce petit chaton et deux fois ça taille… Ce qui en rajoute un peu plus au ridicule de la chose.
Malgré toutes mes pensées, je reste attentive aux paroles du Limier qui me font de plus en plus réaliser l’horreur dans le quel j’ai mis les pieds.
- Non, je ne crois pas… J’ai déjà eu des conflits, oui… Au point d’en venir aux mains, c’est vrai… Mais de là à m’en faire des ennemis à vie… Non… non, je ne crois pas. Ce qu’il y a de plus récent s’est passé à Liberty… Si… Si on omet mon cafouillage durant la manifestation…
Cafouillage qui a failli me mener tout droit au chaud dans une cellule…
- Mais rien de grave ! Juste un enfoiré de tenancier qui ne voulait pas me laisser récupérer mes affaires !
Que je m’empresse d’ajouter maladroitement, en croisant les doigts qu’il ne soit pas non plus au courant de ma petite course poursuite avec les Limiers.
- Je ne vais pas vous le cacher, mais c’est assez déroutant pour moi. Je… Je vous promet d’essayer de réfléchir à tout ça cette nuit… À défaut de réussir à dormir. Je suis… désolée de vous rajouter du travail… Vous deviez en avoir bien assez.
Je m’apprête alors à rentrer quand, enfin, une question que je pensais ne pas entendre ce soir survient et darde un léger voile rouge sur mes pommettes. Je pouffe doucement avant de reprendre :
- Tout le monde est au courant, c’est bien ça ? Ils en parlent aussi facilement que ça ?
Finalement, un léger sourire vient prendre place sur mon visage.
- Enchantée, Nahash. Je pense que vous serez d’accord avec moi, mais si, à l’avenir, je pouvais faire la connaissance des collègues de Kieran dans d’autres circonstances que celle d’un massacre… Vous savez, un repas entre collègues, tout frais payé à l’auberge où je travaille…
Histoire que je ne sois plus surprise à chaque fois que j’en croise un…
Nous avons fini par nous séparer, et comme je l’avais vu venir, pas moyen de fermer l’œil de la nuit. Tournant en rond dans la chambre, priant parfois pour cette pauvre femme qui avait été massacrée.
Au lever du soleil, j’étais déjà installée à une table dans la salle principale de l’auberge, attendant patiemment l’arrivée de Nahash ou de tout autre Limier qui serait sur cette affaire de meurtre.
J’imagine bien les discussions qu’ils doivent tenir entre eux.
« - he ! Machin ! J’ai croisé la femme du prévôt ! Elle s’est retrouvé dans une de ses merdes !
- Nooon ? Encore ? Allez raconte !
- Ouai ! Elle était sur les lieux d’une scène de crime !
- Bah putain ! Le chef il doit pas être serin !
- Je te fais pas dire !
- Ça te dit on va lui rendre visite à la petite Drakyn ? Y paraît qu’on y boit bien dans son auberge !
- Ouai ! Ça me botte ! »
Je suis même étonnée de ne toujours pas avoir eu de remarque sur ma relation avec Kieran. J’ai peut-être eu la chance d’être tombée sur le seul qui ne soit pas au courant et, d’un côté, ça m’arrange bien. Je n’ai pas besoin qu’il sache absolument tout ce que je fais, et je pense que lui non plus n’en a pas envie. Ceci dit, au vu de la situation dans laquelle je me trouve, il va forcément être au courant… Et je vais en entendre parler pendant un moment…
Un nouveau soupir quitte mes lèvres, et j’attends sagement, obéissant aux ordres que me donne le Limier.
- Je vous remercie…
Des paroles dites d’une voix fatiguée… Qui caractérisent mon état à ce moment. Mon regard se pose quelques secondes sur le corps massacré de la victime, m’arrachant au passage une grimace de dégoût, avant que je ne reporte mon attention sur les Officiers qui s’activent tout autour de la scène.
Un nouveau frisson parcours mon corps à la fois à cause du froid, mais aussi à m’imaginer qu’à quelques minutes prêt… ça aurait été moi. Mes lèvres se pinces et je ressers mes bras autour de moi essayant de garder une certaine contenance avant de venir attraper lentement la cape que me tend le Limier, et de la passer autour de mes épaules.
- Comme je disais, je reviens d’une soirée avec une ancienne connaissance. Je ne vais pas vous cacher que j’ai un peu… beaucoup… profité des boissons. Séverine, c’est le nom de la personne avec qui j’étais, si vous voulez tout savoir.
Doucement, j’essaie de me refaire tout le chemin que j’ai traversé pour arriver jusqu’ici. Me souvenir de toutes les ruelles que j’ai parcourues, des détails comme des affiches se décollant des murs sous la quantité de flotte qui tombe, ou bêtement des pavés manquants à certains endroits, et puis…
- J’ai aussi croisé un homme… Pas très grand… Enfin, par rapport à moi, il n’était pas très grand… Suffisamment costaud pour risquer de me faire tomber en me bousculant… Je l’ai croisé à quelque chose comme deux ou trois ruelles d’ici… Il n’avait pas l’air commode… Et il avait l’air pressé...
Cet homme… Cette espèce de goujat… Quelque chose m’avait marqué inconsciemment et me travaillait sans que je n’arrive à mettre le doigt dessus. Ce n’était pas sa taille, ni ses vêtements, non… Son visage avait un détail… Et puis, soudain, je réalise ma bêtise.
- Je suis profondément désolée… j’aurais du vous en parler plus tôt…
Je grogne doucement, glissant nerveusement mes doigts dans ma tignasse trempée. Ça m’agace parce que je sais pertinemment que, sans l’alcool, j’aurais été plus réactive…
Nous finissons par nous mettre en route, abandonnant les Officiers à leur travail. Pour ma part, je reste muette, plongée dans mes pensées pour essayer de me remémorer un maximum de choses. La tête baissée et mon regard rivé sur le sol, je sens les goûtes de cette pluie toujours aussi froide, et je sais de source sûre – mon corps – que demain ma gorge va me faire regretter. Elle me pique déjà suffisamment pour me faire dire que je ne passerai pas non plus une très bonne nuit. Si tant est que j’arrive à fermer l’œil après cette vision d’horreur… Au final, c’est lui qui brisera le silence entre nous, confirmant au passage mes craintes tout en essayant, maladroitement, de me rassurer.
- Je ne sais pas si c’est vraiment censé me détendre, mais merci de vous en soucier.
Il paraît qu’ils ne sont pas réputés pour être très porté sur la sensibilité et, dans tous les cas, même si c’est dit purement par politesse et professionnalisme, on va pas cracher dessus.
Nous arrivons enfin devant l’auberge où j’avais posé mes quelques affaires le temps d’un voyage à Courage. J’avais déjà eu le malheur de me retrouver au milieu de la manifestation qui avait démarré dans les Bougeoirs, non sans avoir fait quelques bêtises au passage… Et maintenant, me voilà encore fourrée dans je ne sais quel problème, bien malgré moi. Je me sens, soudainement, comme Perrine : perdue et démunie face à tout ça. À la différence c’est que je dois faire trois fois le poids de ce petit chaton et deux fois ça taille… Ce qui en rajoute un peu plus au ridicule de la chose.
Malgré toutes mes pensées, je reste attentive aux paroles du Limier qui me font de plus en plus réaliser l’horreur dans le quel j’ai mis les pieds.
- Non, je ne crois pas… J’ai déjà eu des conflits, oui… Au point d’en venir aux mains, c’est vrai… Mais de là à m’en faire des ennemis à vie… Non… non, je ne crois pas. Ce qu’il y a de plus récent s’est passé à Liberty… Si… Si on omet mon cafouillage durant la manifestation…
Cafouillage qui a failli me mener tout droit au chaud dans une cellule…
- Mais rien de grave ! Juste un enfoiré de tenancier qui ne voulait pas me laisser récupérer mes affaires !
Que je m’empresse d’ajouter maladroitement, en croisant les doigts qu’il ne soit pas non plus au courant de ma petite course poursuite avec les Limiers.
- Je ne vais pas vous le cacher, mais c’est assez déroutant pour moi. Je… Je vous promet d’essayer de réfléchir à tout ça cette nuit… À défaut de réussir à dormir. Je suis… désolée de vous rajouter du travail… Vous deviez en avoir bien assez.
Je m’apprête alors à rentrer quand, enfin, une question que je pensais ne pas entendre ce soir survient et darde un léger voile rouge sur mes pommettes. Je pouffe doucement avant de reprendre :
- Tout le monde est au courant, c’est bien ça ? Ils en parlent aussi facilement que ça ?
Finalement, un léger sourire vient prendre place sur mon visage.
- Enchantée, Nahash. Je pense que vous serez d’accord avec moi, mais si, à l’avenir, je pouvais faire la connaissance des collègues de Kieran dans d’autres circonstances que celle d’un massacre… Vous savez, un repas entre collègues, tout frais payé à l’auberge où je travaille…
Histoire que je ne sois plus surprise à chaque fois que j’en croise un…
Nous avons fini par nous séparer, et comme je l’avais vu venir, pas moyen de fermer l’œil de la nuit. Tournant en rond dans la chambre, priant parfois pour cette pauvre femme qui avait été massacrée.
Au lever du soleil, j’étais déjà installée à une table dans la salle principale de l’auberge, attendant patiemment l’arrivée de Nahash ou de tout autre Limier qui serait sur cette affaire de meurtre.
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Talk so pretty, but your heart got teeth
Late night devil, put your hands on me
And never, never, never ever let go
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