Entre science et chaos

Entre science et chaos

feat. Hiraeth

Les jours se succédaient sans relâche pour Soren Goldheart, chacun plus exténuant que le précédent. Entre ses obligations écrasantes de Vice-Président et les affaires tentaculaires de Good Omens qu'il avait confiées à ses subordonnés tout en les surveillant d’un œil perçant, le sommeil était devenu un luxe aussi rare qu'inaccessible. Enfin, c'était déjà un luxe auparavant, mais aujourd'hui ? Une aspiration fabuleuse, tout au plus ! Et pourtant, il était là, assis dans son bureau baigné par la lueur vacillante des chandeliers enchantés, un verre de whisky ambré à moitié vide posé à portée de main, et une pile de rapports dressée devant lui comme une forteresse de responsabilités.

Parmi ces documents, un en particulier avait capté toute son attention—un rapport alarmant émanant de Liam Senji, son directeur technique. L’incident qu’il relatait était d’une gravité exceptionnelle : un des médicaments développés sous la bannière prestigieuse de Good Omens avait été détourné, dans les ombres, en une drogue dévastatrice. Ce genre de pratiques n’était pas inédit, car Soren fermait souvent les yeux sur ces manipulations lorsqu’elles servaient ses intérêts financiers ou stratégiques. Mieux encore : il les encourageait, montrait le chemin, suggérait les composantes à utiliser, mélanger, observer, développer. Mais cette fois-ci, les complications secondaires atteignaient un niveau catastrophique et avaient été menées sans son œil expert : on notait entre autre une dépendance immédiate et implacable, avec des symptômes de manque qui apparaissent en quelques heures, poussant les victimes à des comportements erratiques et dangereux pour une autre dose, un affaissement émotionnel total rendant impossible de cacher ses émotions, et pire encore, une distorsion incontrôlable de la magie des utilisateurs. De quel genre, me direz-vous ? Du genre à ce que le feu fasse du froid glacial, une incantation de soin ouvre une plaie béante. Du genre à agacer profondément Soren car les conséquences potentielles étaient désastreuses, menaçant de ternir à jamais la réputation soigneusement construite de l’entreprise et de son dirigeant.

En scrutant les données chimiques et alchimiques avec l’acuité d’un prédateur, le demi-ange avait identifié une anomalie flagrante : un composant inhabituel dans le chanvre utilisé. Comme une... mutation spontanée, particulièrement exacerbée sous l'influence de certains composés chimiques. La source de cette irrégularité semblait pointer dans une direction précise et inquiétante : la Chanvrerie Octel, couverture commerciale de Hiraeth, fournisseur bien connu mais, manifestement, négligent.

L’orgueil du Vice-Président, toujours prompt à réagir aux échecs qu’il jugeait inacceptables, était écorché vif. Avec sa duplicité habituelle, il avait rédigé une lettre à Hiraeth, choisissant chaque mot avec une précision chirurgicale. Le ton était soigneusement ambigu, oscillant entre l’invitation courtoise et la convocation impérative. Les termes restaient volontairement vagues, mais la finalité était claire : une rencontre en personne pour discuter d’un « sujet pressant concernant leurs intérêts mutuels ».

Quelques jours plus tard, Soren attendait dans son bureau somptueux non loin d'un de ses laboratoires personnels, l’impatience soigneusement dissimulée derrière une façade de calme glacial. Les immenses fenêtres derrière lui offraient une vue panoramique sur les rues bouillonnantes de la capitale, contrastant avec l’atmosphère pesante et feutrée de la pièce. L’intérieur respirait le luxe et la maîtrise du détail : boiseries finement sculptées, étagères croulant sous des ouvrages reliés en cuir, et un lustre enchanté diffusant une lumière tamisée, presque spectrale. L’entrevue avait été strictement privée, sans secrétaire ni observateur indiscret. Soren avait pris soin de verrouiller chaque faille possible pour s’assurer que cette discussion resterait confinée dans ces murs.

Lorsque la porte s’ouvrit, seul son grincement précéda le silence dense qui s’abattit comme un voile invisible. Soren releva lentement ses yeux pareils à de l'ambre caressé par le soleil de son verre, posant sur son vis-à-vis un regard aussi acéré qu’un scalpel.

"Ah… Hiraeth. Vous voici enfin. Prenez donc place."

Sa voix était affable, presque chaleureuse, mais le sourire qui effleura ses lèvres était crispé, chargé d’une ironie glaciale. D’un geste délibérément lent, il désigna le fauteuil en face de son bureau, invitant son interlocuteur à s’installer.

"Je suppose que vous avez une idée de la raison pour laquelle vous êtes ici", reprit-il, sa voix devenant plus tranchante, chaque mot pesé avec une intensité calculée. "Cela concerne vos fournitures… et leurs conséquences. La marchandise ne me semble plus aux normes convenues. Vous devez être au courant de ce qu'il se passe actuellement, je suppose ?"

Soren croisa les doigts sous son menton, s’adossant légèrement dans son fauteuil. L’ombre de son esprit manipulateur semblait presque palpable, enveloppant la pièce d’une tension croissante. Le premier coup venait d’être porté.

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Les jours se succédaient pour le Caravanier, chacun plus exténuant que le précédent. Entre les trajets de Courage à Kyouji et retour, et la supervision de ses nouvelles installations reikoises, le sommeil était devenu un luxe aussi rare qu'inaccessible. Il n'avait jamais été un gros dormeur, mais cette année avait vu s'entasser les blessures, les coups du sort, les projets exténuants, les responsabilités anxiogènes. Il ne se souvenait pas avoir déjà dormi tout son saoul, de toute façon. Son corps lui hurlait de le faire avant qu'il ne soit trop tard.

Et pourtant il était là, assis dans le bureau de la chanvrerie à la lueur juste suffisante d'une lampe avec un verre de rhum à moitié plein posé à portée de main, et une pile de factures et de courrier dressée devant lui comme un rempart paperassier à tout repos réparateur.

Parmi tous ces documents, l'un d'eux avait si bien capté son attention qu'il le relisait une troisième fois. Il s'agissait d'une lettre de son prestigieux partenaire, Good Omens, et plus particulièrement de son dirigeant, Soren Goldheart.
Outre le poids de recevoir une lettre d'une origine si prestigieuse, le ton en était soigneusement pesé et courtois sans excès, mais Hiraeth savait lire entre les lignes : il s'agissait d'une convocation en bonne et due forme et certainement pas pour le féliciter. Lâchant la lettre d'un geste agacé, il se massa l'arête du nez de deux doigts en expulsant un long soupir.

Good Omens. La première boîte avec laquelle il avait bossé pour la fourniture de matériel médical en République, ponctuellement, puis plus régulièrement depuis les événements de Liberty et de Courage. De fil en aiguille, il avait développé le partenariat, fournisseur de chanvre depuis trois ans déjà. Astuce avait développé sa variété, ils avaient obtenu les budgets nécessaires à leur projet, et la Chanvrerie Octel avait émergé des premières terres sableuses à l'orée de la Jungle de Sang au mois d'avril de l'an 4. Depuis, la Caravane bouffait un peu moins de rat crevé, mais les premiers bénéfices venaient tout juste d'arriver avec la mise sur le marché d'opiacés à visée thérapeutique... et autres.
Et voilà qu'il recevait ce courrier.

Fronçant le sourcil, il fouille dans les dossiers épars sur sa gauche, quelques feuilles volantes s'échappant à terre pour lui arracher un grommellement las. Il finit par trouver ce qu'il cherche, et évalue les chiffres en grimaçant.

Putain de bordel.

La lettre et le feuillet incriminant à la main, il se lève et gagne le laboratoire à l'autre extrémité du bâtiment, où s'activent encore l'Elfe bleue et le Mage noir malgré l'heure tardive. Ces deux couillons tapent le carton pendant qu'un alambic distille un produit clair à côté d'eux, le fourneau ronflant sous la cuve de cuivre rendant l'atmosphère étouffante malgré les fenestrons grand ouverts. De temps en temps, ils ajoutent de l'eau au refroidisseur et surveillent la température, la quantité distillée. Le Nomade enfile rapidement un masque avant de les rejoindre dans l'aura entêtante de l'appareil brûlant.

Ils lèvent la tête à son approche et malgré le masque, comprennent aussitôt le pépin. Astuce lâche son jeu et Oko Jero jure en constatant sa main exposée sur la table.

Hiraeth : « Les cocos, j'ai besoin qu'on m'explique. Ce truc. Comment ça a pu arriver ? »

L'elfe saisit le papier, grimace en le parcourant et le remet à son compère, lequel semble s'effacer littéralement de la surface de sa chaise. Hiraeth, bras croisés, les toise de toute sa hauteur.

Astuce : « Ah ça... Oui, ce sont les analyses de la dernière récolte. Y'a qu'une partie qui a été touchée, faut qu'on remonte la piste pour comprendre ce qui a pu se passer. On a retiré le reste de la vente, jusqu'à ce qu'on comprenne ce que c'est que ce truc... »

H : « Vous avez intérêt à vous y mettre fissa. Avec vos conneries, me voilà convoqué chez le Saint-Père des drogues. »

Oko Jero (offusqué) : « Nos conneries ? »

Astuce (interloquée) : « Le saint quoi ? »

H : « Le Goldheart de Good Omens. »

Ils accusent le coup, échangeant un regard. Ils ont l'air bien emmerdés, à présent. Tant mieux, Hir se sent moins seul.

A : « Et tu comptes faire quoi ? Tu vas y aller seul ? »

Le Nomade agite le feuillet à l'écriture concise, l'air dégoûté.

H : « Je vois pas qui je pourrais emmener jusque sur la belle moquette de ce richard sans qu'il y fasse bien tache. Oui, je vais y aller seul. Mais vous... »

Il les menace d'un seul œil noir bien suffisant.

H : « ...Vous me passez tout ce merdier au peigne fin, et vous me trouvez la cause. C'est votre délire, ce chanvre, si ça se casse la gueule on en prend tous plein la tronche. Fini, on ferme, et on retourne sur les routes abîmer notre dos sous des paniers de breloques minables. Chais pas vous, mais j'en ai pas envie des masses. »

Claquant la porte, il retourne à son bureau, examinant la date et le lieu du rendez-vous.
Bon, autant se mettre en route.

Le sommeil attendra.

Entre science et chaos | Hiraeth Separa15

Quelques jours plus tard, Hiraeth atteignit le centre de Liberty et ses immeubles bien cossus, l'appréhension soigneusement dissimulée derrière une façade de calme lisse. Il quitte les rues bouillonnantes de la capitale pour se glisser discrètement dans l'atmosphère plus feutrée et luxueuse des bureaux où l'attend Monsieur le Vice-Président.

Parvenu à la porte indiquée, il rajuste son meilleur costume et respire un grand coup, avant de toquer légèrement à la porte, pour entrer dans un bureau à peu près aussi classieux et puant la maille qu'il se l'était imaginé. Le type qui l'attend et qu'il n'avait encore jamais rencontré personnellement, Soren Goldheart donc, l'accueillit avec une aménité aussi courtoise qu'ambivalente. Le sous-texte était clair : il s'imaginait déjà bouffer le Caravanier aux petits oignons.

Bon, il fallait sortir le grand jeu avec ce genre de dessus du gratin à l'ego tout bouffi.
Hiraeth s'assied à l'invite du type dans un fauteuil qui doit bien valoir un chariot de soie kyoujienne au cours républicain actuel et l'écoute attentivement en affichant une face neutre. Papa n'est pas content. La menace est sous-jacente, mais ce qui est alarmant… c'est que tout ce tintouin, Papa ne l'aurait pas fait si les conséquences n'étaient réellement graves. Le Nomade évalue les cernes de son vis-à-vis, son attitude soigneusement calculée, et le confortable fauteuil en cuir à cinq cent clinquants se transforme soudain en sellette bien étroite. Mais quel putain de merdier.

Simuler le petit poisson navré, ou tenter la connivence des grandes maisons ?
Pff, il va passer ses nerfs de toute façon.

Adoptant une attitude droite et conservant la neutralité de son masque, il réfléchit quelques instants, laissant s'installer un silence propice à l'appréciation de son timbre de voix le plus éloquent.
Si le mec tenait à faire du spectacle, autant lui laisser la vedette en matière de non-verbal.

« Nos dernières analyses montrent effectivement une anomalie quant à une partie de notre récolte de chanvre. Nous avons aussitôt retiré le produit en question de la vente et nous sommes en cours d'investigation pour remonter à la source incriminée. Nous vous proposons, bien entendu, un dédommagement sur nos prochaines récoltes et une surveillance accrue de nos installations. Nous allons également accroître le rythme des analyses et multiplier les échantillons. Je peux vous affirmer d'ores et déjà qu'une seule partie de notre exploitation semble touchée, et que rien n'en sortira tant que nous n'aurons pas davantage d'éléments à ce sujet.

Je vous présente mes plus profondes et plates excuses pour ce désagrément indépendant de notre volonté. »

Hiraeth s'inclina respectueusement, en une courbette d'excuse reikoise utilisée dans les milieux nobles dont son sang est issu. Présenter son meilleur profil et attendre que ça passe.

« Cependant, je vous avoue que je ne possède pas les aboutissants quant aux conséquences que notre marchandise aurait pu entraîner sur votre production. S'il vous agrée de m'en informer, nous pourrions sans doute cerner l'origine du problème et y remédier plus rapidement. »

Et toc. C'est pas parce qu'on est un petit grisâtre de la poussière des chemins qu'on n'a aucune éducation. Et les grands crèvent comme les autres si on leur perce la tripaille. Fort de cette expérience triviale, le Caravanier conserve son assiette et oppose un front clair au grain sombre de l'ire nimbant le demi-ange.

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Entre science et chaos

feat. Hiraeth

Quelques instants de silence planèrent encore, un peu lourds, avant que Soren n’éclate la bulle de calme d’une phrase incisive.

"Vos excuses et vos promesses, Hiraeth, sont élégantes, je vous le concède. Mais elles me laissent… disons que je m'en fous un peu et que vous vous cassez la tête pour rien." Ses doigts pianotèrent légèrement sur l’accoudoir du fauteuil, un aimable sourire gagnant son visage au teint basané. "Je suis né au Reike et à Kyouji. Je connais ces courbettes et ces belles paroles. Débarrassons-nous de ces politesses inutiles, parlons d'individu à individu. On me lèche assez le cul depuis que je suis Vice-Président pour qu'un partenaire commercial en qui je suis censé avoir confiance le fasse aussi. D'ailleurs, tutoyons-nous."

Ses yeux, d’un éclat mordant ne lâchaient pas Hiraeth. Il n’y avait ni agressivité ouverte ni colère apparente, mais quelque chose dans son regard suggérait une patience qui se consumait lentement, comme une mèche prête à atteindre la poudre. C'était pas une qualité innée au demi-ange, plus une nécessité qu'il avait dû apprendre au fur et à mesure de sa, à la fois si longue et si courte, existence.

"Quant aux conséquences… laisse-moi éclaircir ce point." Soren se redressa légèrement, prenant une liasse de documents qu’il ouvrit sans précipitation. "Des distorsions magiques transformant l'ombre en lumière, la guérison en maladie, des épisodes de paranoïa ou manie fulgurantes, une dépendance immédiate, et dans un cas, un utilisateur elfe a littéralement… explosé. C’est une image forte, j’en conviens, mais malheureusement véridique. Et je ne te parle même pas de ce qu’un tel scandale pourrait provoquer si ces cas venaient à être liés publiquement à Good Omens, ce qui est doucement en train de se produire. Et me contrarie franchement fort."

Il posa les papiers devant lui avec un claquement sec, comme pour ponctuer son propos.

"Tous les composants alchimiques, chimiques, moléculaires sont calculés, triés, utilisés avec une minutie experte parmi mes chercheurs. Je le sais." Le demi-ange soupira, se frottant les yeux et le front devant la désolation qui avait touché son business. "Je n'omets pas que des erreurs ont pu être commises en labo et que certains mélanges n'auraient pas dû se faire, mais là... Peu importe la recette suivie, toujours des résultats délirants, improbables et putain de dangereux. Avec le même produit basal : la production de votre jolie plantation secrète, à toi et tes collaborateurs de caravane."

Une expression calculée de mépris amusé effleura ses traits.

"Voilà ce que j’ai sur les bras, grâce à ta négligence. Enfin la tienne, ou l'un des tiens, peu importe. Il s’inclina légèrement en avant, son ton devenant plus bas, presque complice. "Heureusement pour toi, Hiraeth, je ne suis pas du genre à m’emporter sans raison. T'as plusieurs chances de rectifier cette situation. Je veux m'assurer de ton engagement."

D’un geste précis, le Vice-Président appuya sur un cristal incrusté dans le bureau. Une petite trappe s’ouvrit dans le mur, laissant un plateau contenant une fiole d’un liquide clair et une coupe d’argent. Le demi-ange se leva en grimaçant, douleur dans la hanche, et vint saisir le tout pour le placer entre eux, sur le bureau de bois laqué.

"Voici un échantillon du chanvre incriminé. Mélange sobre, composants alchimiques et médicamenteux utilisés très basiques, qu'on utilise pour soulager la douleur en général et dans beaucoup d'autres de nos productions Good Omens", annonça Soren avec un sourire des plus simples, poli. "J’aimerais que tu le testes. Devant moi. Rien de tel que l’expérience directe pour s’imprégner des nuances d’une situation."

Son ton, à la fois moqueur et menaçant, laissait planer une ambiguïté savamment entretenue. Était-ce une simple provocation, un test, ou une menace à peine voilée ? En tout cas, il savourait déjà l’embarras palpable de son interlocuteur.

Soren se renversa dans son fauteuil, croisant ses jambes avec désinvolture. "Je t'en prie. Bois. Essaye par toi-même. Montre-moi que t'es à la hauteur de tes engagements."

Putain de fils de salaud.

Avec son tutoiement, là, sa courtoisie à la con, et viens on se parle comme des frères, moi derrière mon bureau en essence précieuse laquée, toi avec les traces de la sueur de ton voyage sous les bras, on part du même coin, de la même misère.

Connard, oui.

S'il y avait une once d'embarras à l'énoncé des règles du Goldheart, il a été balayé par une onde de colère pure, venue des tréfonds de la conscience du Caravanier.

Tout ce qu'il déteste. Ce mépris du puissant, capable de t'écraser sous son talon parce que ça le fait marrer. Cette manipulation dégueulasse, ce chantage à la con, déguisé en expérience pour pouvoir dire que non, t'imagines des choses frère, jamais n'ai-je voulu t'induire à faire ce que tu as fait.

Il le sait, et son attitude supérieure d'enfoiré au spectacle le prouve.

S'il se dégonfle, l'autre aura barre pour le mépriser davantage, pour lui jeter à la gueule que c'est qu'un couard, incapable de « prouver son engagement », quelle formule creuse à la con.

S'il boit, il sera misérable pendant un moment à en croire le dossier déprimant jeté entre eux, et c'est pas le genre de visage qu'on aime déjà montrer à ses proches, alors à un parfait inconnu qui a plutôt intérêt à se foutre de notre gueule, macache.

Et il y a autre chose.

Avec son... mmmh... sa « particularité physique », qui sait ce qu'il va se passer ?
Et si ça interagissait avec la médication de la Sorcière du Lac ?
Et si ça le foutait vraiment en l'air, lui qui ne touche aux drogues que de loin, se contentant de fumer vaguement un truc deux fois par an ? Une dépendance immédiate ? Prouve ton engagement avec ta vie, mon con, allez vas-y.

Il se rappelle les crises de douleur déclenchées par son œil.
Les emprises dégueulasses que ça pouvait déclencher, s'il était à moitié crevé, ou en contact avec la corruption, comme la fois où il avait failli dégonder un mage élémentaire dans une jungle pérave.
La remontée de la conscience du démon jusqu'à la surface, comme un miasme putride issu d'une charogne coincée six pieds sous mer.
Et puis...

Ça le fait sourire.
Ce serait tellement plus drôle que ce type, là, avec sa morgue toute orgueilleuse de politicard à-qui-on-ne-la-fait-pas, s'en prenne plein la gueule avec son test de merde... Peut-être... Peut-être qu'il finirait par le respecter, un minimum.

Il veut du spectacle, hein ?

Autant faire, comme à son habitude, les choses avec panache.

Un éclair lancinant traverse son orbite, preuve ou pas que son hôte indésirable approuve.

Hiraeth se lève, affichant son meilleur air blasé.

Prend la fiole, mire la clarté du liquide, débouche et renifle un coup, par habitude. Mmh.

Prend la coupe d'argent. Aha, ingénieux. C'était quand la dernière fois qu'il avait bu dans un contenant aussi précieux ?

Depuis jamais, en vrai.

Verse le liquide dans la coupe, lève son verre en une rodomontade moqueuse, et boit.

La brûlure du liquide se répand dans son organisme, il déteste cette sensation délétère.

La coupe claque sur le plateau, sonore.

Debout, posément, sans quitter des yeux Monsieur le Vice-Président (ou président des vices, c'est selon), le Nomade délie le cordon de sa cravate, la retire et la balance sur le fauteuil rebondi. Il entrouvre sa chemise, et ôte sa veste, sentant (déjà ? Beaucoup trop tôt) le premier vacillement incontrôlé dans ses gestes.

« T'es content de toi, j'espère. Si je dégueule partout sur ton bureau à mille clinquants, je paierais pas la note. »

La veste rejoint la cravate, Hiraeth ôte ses boutons de manchette, qui claquent sur le plateau près de la coupe. Un nouvel élancement dans son orbite. La pulsation...

Il l'attendait, cette fois. Il est prêt. Il lui a même ouvert la porte, à ce putain de fils d'aboleth planqué au fond de sa conscience.

« Tu me causes de prouver mon engagement. Mes couilles, oui. T'as juste envie de m'voir me souiller à tes pieds, parce que c'est drôle et que tu t'emmerdes. Et pi aussi que t'aimes sans doute écraser les autres. Sans y toucher, là, avec tes beaux mots et ta belle gueule. »

Un sourire narquois, des paroles prononcées calmement, quand bien même le sursaut d'une nausée tire la fin de sa phrase vers une éructation retenue.

Le Caravanier fronce les sourcils, remue la tête comme pour se débarrasser d'un engourdissement. Il s'avance, prenant appui de ses longs bras sur le bureau comme pour se maintenir debout.

La pulsation. Oui, il reconnaît ce rythme.

Je reconnais que tu as du cran de m'appeler.

Un frisson le parcourt, son échine se courbe. Le sol est terriblement flou.

« Le truc, c'est que je déteste les richards et les putains de manipulateurs. Les politiciens, là, doucereux avec leur langue de bois qu'est là que pour te la mettre à l'envers, tu parles de lèche-culs, je vois exactement ce que tu veux dire.

Tu représentes à peu près tout ce que je déteste. C'dommage hein, chuis sûr qu'en-dehors de ce bureau, sur une route ou dans une taverne... on aurait pu s'entendre. »

Cesse de tergiverser.

Hiraeth lève un regard à la mydriase prononcée sur Soren, un sourire torve aux lèvres.

« Ou alors on se serait copieusement mis sur la gueule. Entre mecs tu vois. Sans cette putain de différence sociale qu'est que de la merde au final. »

Aucune idée de pourquoi il lui raconte tout ça, mais ça le fait ricaner méchamment. Un élancement le parcourt, comme un coup de fouet assené le long de sa colonne vertébrale. Il regimbe.

Ouvre le canal.

Arrachant son cache-œil, une nouvelle putain de fois je ne serais jamais digne d'elle il délivre la fluence orangée de son orbe démoniaque.

ENFIN!

Un nouveau frisson le parcourt, un tremblement qui ne s'arrête pas.

« Tu veux tester le produit, hein ? Écoute, on va tester ça ensemble. En toute amitié. »

Alors, il délivre le produit malmené de son pacte, la magie sourd de ses pupilles, l'effort est à la fois inhumain et terriblement facile.

Le sort distordu vrille ses prunelles, et c'est aussi douloureux qu'une putain de lame chauffée à blanc.

ALORS, CARICATURE D'ANGE, TU AIMES ÇA ?

Un râle pénible secoue sa gorge, et il n'a aucune idée de ce qu'il fait, il ne sait même pas ce qu'il voit, il ne voit rien d'ailleurs, et il n'entend rien, rien d'autre que ce rire sinistre, et il ne ressent rien, oh si beaucoup trop de choses, la douleur qui confine à la nausée, la nausée qui confine à l'égarement, et l'égarement qui lui, mène...

A la folie.

Il lui reste une lueur.

La fiole qu'il porte en pendentif. Le pouvoir de la Sorcière du Lac. Confiner le monstre en lui.

Mais le monstre lui fout une gifle mentale.

Il cligne des yeux.

Soren est toujours là. Mais autour de lui...

Le mobilier, son bureau, les œuvres délicates au mur, le mur lui-même en partie...

Tout a été changé en sable.

Entre science et chaos

feat. Hiraeth

S'il y avait eu un peu d'alcool et de quoi grignoter, Soren se serait cru dans un spectacle, une pièce de théâtre sacrément bien jouée.

Les insultes rebondirent sur le demi-ange, intouché par celles-ci. Il serait sûrement le premier à faire ployer quiconque lui parlerait sur ce ton d'ordinaire, mais il constatait bien, non sans un certain plaisir fourbe, l'embarras dans lequel il foutait Hiraeth. Sous le stress, les masques tombaient, et cet individu n'échappait guère à cette règle. Tout le monde s'éprenait à détester les bourges, les politiciens, les dirigeants. Cibles faciles. Mais Soren avait connu la défiance d'autrui bien avant toutes ces positions-là. Il n'y avait bien que les envieux et les punis par la vie, mérité ou non, qui se prenaient au mieux au jeu de la haine.

Soren ne dit rien. Il ne bougea guère. Au tumulte à l'intérieur du bureau, il intima à ses gardes par la télépathie de ne pas s'inquiéter - tout du moins, d'attendre son signal, Arcanegis entre les doigts pour le protéger.

Et il observa. Il écouta. Hiraeth geignait, râlait, se livrait en combat à lui-même. Des insultes étaient proférées, une provocation continuelle envers le demi-ange. Mais quelque chose se tramait en lui. Quelque chose de pas normal. Schizophrénie ? Délires ? Névrose induite par la drogue ? Les émotions étaient exacerbées, comme décrit dans les rapports. C'était décidément... fascinant. Oui, Soren observait Hiraeth comme ce qu'il était là : un spécimen. Un sujet de test, en chair et en os, devant lui.

Soren eut le temps d'apercevoir l’œil caché de son allié commercial. Orange, lumineux, pupille anormale. Comme les siennes, mais inclinées à l'horizontal. Et puis, quelque chose les balaya tous les deux, attaqua la pièce entière. Un souffle magique fulgurant qui fit apparaître les ailes du Vice-Président pour se déployer autour lui, bouclier protecteur contre des débris et... du sable ?

Hiraeth semblait être tombé à terre. Plus de chaises. Plus de bureau non plus. Plus de meubles, plus de décorations. Plus de mobilier. Une pièce à nue et vide comme si on venait d'y emménager. Poussiéreuse à crever. On frappa à la porte.

"Monsieur Goldheart, tout va bien ?"
"Tout est sous contrôle. Aucun soucis. Allez chercher un petit remontant, genre eau de vie ou whisky fort. Et deux chaises."

Ses ailes se déployèrent et balayèrent avec force toute la poussière autour d'eux. Soren observa Hiraeth d'un œil morne, consterné. Apitoyé, un peu.

"Eh bien, c'est qu'on est pas très habitué à la consommation, n'est-ce pas ? Et à raison, vu ce que ça donne."

Il fléchit les genoux pour être à hauteur de l'autre homme.

"Marrant pour un mec qui tient une chanvrerie. Frustrant, aussi. Pourquoi créer un business si on est pas déjà concerné par le produit de base ?" Il tendit son doigt vers l’œil étrange. "Ça par contre, c'est pas normal. C'est pas un myosis, comme moi. Ça, c'est magique, dangereux et secret puisque c'est humblement caché de base. C'est de là où tu tires ta maîtrise magique ? Ah, mais tu n'en diras rien, c'est pas pour rien que tu le planques."

Soren se releva, insolent.

"Pour une caricature, tu pourras admettre que j'ai au moins un peu plus de prestance que toi. Quand on est pas issu de basse extraction mais qu'on y termine, c'est qu'on gère très mal sa vie et qu'on enchaîne les terribles choix. La différence sociale, tu te l'es créée toi-même, Hiraeth. Mais j'étais comme toi avant, alors oui, je peux te comprendre et saisir ta haine envers moi sans même me connaître, en toute amitié."

Il ne devait pas ignorer qu'il s'adressait aussi au dirigeant du SCAR. Soren passait au scalpel les personnes qu'il devait rencontrer.

Un homme et une femme frappèrent puis entrèrent. La femme faillit faire tomber le plateau avec le whisky et les deux verres. Soren balaya l'air de la main et elle reprit sa contenance, le regard terrifié. Les chaises furent placées et les verres remplis, puis le Vice-Président tendit une main au directeur de la Caravane.

"Allez, debout. Je voulais voir de quel bois tu te chauffes, c'était convainquant. Navré de t'avoir fait subir ça. En vérité, je pensais pas que t'allais vraiment boire la chose. En tout cas, tu admettras bien qu'il y a quelque chose qui va pas avec ta production. Et que c'est sérieux, du genre qu'il faut régler ça vite."

…

Tu croyais vraiment réussir cette fois, hein, charogne ?

Un grondement sourd, qui hérisse une crinière imaginée plutôt que réelle.

Tu es toujours sous mon contrôle.

C'est faux.

La drogue emplit tout l'espace. Un horizon rouge de mal-être, ourlé des pointes acérées de perceptions poussées à leur paroxysme. Le cœur bat à toute vitesse. Les poumons oxygènent mal. Le sang circule fébrilement, charriant la glace et le feu jusqu'au bout de ces longues extrémités, trop maigres.

Qu'as-tu fait, Nomade ?

...Tu m'appelles enfin par mon nom.

Qu'as-tu fait de ton vaisseau ?

...Une fois incapacité, il ne te servira plus de rien.

Le grondement revient rugissement, c'est le rugissement du sang qui obscurcit tout, qui vide sa vision, qui assourdit tous ses sens.

Ce rire sauvage. Désespéré et un peu fou. C'est le sien.

Le Nomade rit, parce qu'il a trouvé la solution. Et pleure, car elle signe sa fin.

Alors, la bête sous l'ombre de sa conscience capitule.

Une main s'élève, se dégage d'une manche trop ample, et cherche frénétiquement sous la chemise, comme une araignée fuyante, quelque chose.

Hiraeth entend Soren lui parler, sans l'écouter. Le mec a l'air perplexe, pour le bien que ça lui fait...
Il comprend vaguement qu'il a droit à une bonne morale insolente, il n'en attendait pas moins.

Il s'en balance.

Ses doigts touchent, puis attrapent la petite fiole noire, qu'il débouche du pouce et il compte une dizaine de gouttes sur sa langue, avant de la reboucher et de la faire disparaître sous le tissu humide de sueur.

Il roule sur le dos, haletant. Sa vision s'éclaircit, sur une gueule qu'il apprécie pas vraiment de voir là tout de suite, mais bon. Assume, petit caravanier. Panache, souvent faut payer après.

Le démon recule, s'efface, disparaît. Hiraeth est de nouveau seul avec sa psyché et sa souffrance.
Putain, il lui a joué un bon tour cette fois. Mais il en chie grave.

Mônsieur le Vice-Président lui tend la main. Il aura au moins gagné ça. L'attrapant pour se redresser, Hir se tient au dossier d'une chaise apparue ici, il sait pas quand ni comment. Il commence juste à saisir l'étendue du bordel causé par son delirium tremens et il hésite entre consternation et satisfaction.

Aucune idée de si l'autre a pigé quoi que ce soit de ce qui vient de se passer, mais en remontant le fil de la conversation ça n'a pas l'air d'être le cas. Les voilà comme deux bonshommes, le cul sur leurs chaises avec de l'alcool et rien d'autre.

Le caravanier ne se sent pas de boire. Mais pour se rincer la bouche de ce goût chimique, c'est toujours bon. Il entame dans le vif du sujet, pas très enthousiaste à l'idée d'évoquer quoi que ce soit qui remonte à plus d'une minute.

« Aucune idée de ce que c'est que ce bordel. J'y connais queud, en chanvre. C'est marrant qu'tu penses que tous les dealers sont des drogués. Tu sais bien qu'on vaut plus rien si on touche à notre came. »

Il se racle la gorge, et se passe la main sur la figure.

« Bon, si on arrête de se pomponner et de se faire des tours de con, je vais te dire ce que j'en pense.

La putain de corruption. Elle gagne cette jungle comme si elle était en terrain conquis. »

Posant son verre à terre, il se recoiffe posément, tendant de faire un catogan potable de ses mèches indisciplinées.

« J'ai vu des trucs dégueulasses, là-bas dedans. Beaucoup plus profondément que là où est ma chanvrerie qui est vraiment à l'orée du désert. Des lézards corrompus de deux mètres au garrot, suintant de pus noir. Des plantes aquatiques capables de bouffer un adolescent en quelques minutes.

Des fleurs... »

Il hésite. Qui sait ce que Good Omens serait capable de faire des roses de sang... Existent-elles toujours, dans ce tréfonds démoniaque, dans ce cauchemar en rouge capable de faire exploser son enfer personnel ?

« Des trucs que t'imagines même pas. Ton bizutage à la mords-moi-l'nœud aura au moins eu ça de positif : j'ai déjà connu cet état. »

Grimaçant, il récupère son bandeau dans sa poche et se le plaque de nouveau devant l’œil honni, cachant sa fulgurance honnie à Soren, avant de récupérer son verre. Finalement, il a soif.

« Donc, j'ai pu le reconnaître. Et oui, on va régler ça vite. En vrai, on l'aurait déjà réglé si on avait pu identifier les pieds touchés. Y'a comme une incohérence.
Y'a des chances qu'il faille dégonder un truc bien dégueulasse. Chuis ravi.

Enfin, ça sera pas la première fois, on se reconstruira. Les miens sont résilients et tenaces, et j'ai foi en eux. »

Pour la première fois depuis son exhibition magique, il capte le regard du demi-ange.
Un sourire caustique tend la moitié de sa bouche en un rictus connivent.

« Si tu veux venir voir le spectacle... Ça se sent qu'un peu de terrain te ferait du bien. Et tu comprendras pourquoi j'ai bu. »

Il s'étire et regarde autour de lui, semblant se réveiller quelque peu. Son ton est neutre et sa face impavide à nouveau.

« T'as plus de bureau, de toute façon. Tu pourras toujours cramer ma chanvrerie en retour si on résout pas le problème. »

Entre science et chaos

feat. Hiraeth

D'un œil avisé, Soren n'avait pas manqué la fiole qui était passée dans la main du chef de la Caravane, qui but quelques gorgées de celle-ci avant de saisir la main tendue du Vice-Président puis de s'appuyer sur la chaise. Celui-ci laissa un sourcil se hausser en entendant la réplique de son interlocuteur.

"Au contraire. Tu vaux rien si tu ne fais pas toi-même les frais de ta propre production. Savoir quel effet rechercher, c'est l'avoir déjà expérimenté." Petit geste théâtral de la main. "Alors seulement, tu peux te servir d'autrui pour tester et approuver."

C'était pas compliqué de deviner que Soren était - est... ? - un énorme camé qui avait pu tester toutes sortes d'effets délirants de la drogue, dépresseurs comme euphorisants, durant ses longues années d'études, de recherches, d'expérimentations, d'amusement aussi. Désormais, la pharmacopée récréative se tenait plus loin de lui et en moindre quantité, mais il ne pouvait nier son addiction aux remèdes antalgiques qui soulageaient ses os parfois douloureux depuis l'accident à Shoumei où il a sauvé ses enfants et perdu sa femme. Antalgiques qui avaient bien d'autres conséquences que de soulager la douleur si pris en une certaine dose, bien évidemment.

Soren ne réprima pas son air traduisant en toutes langues le dégoût alors qu'il écoutait avec attention les propos plus qu'inquiétants d'Hiraeth. La corruption était un problème qui était restée dans un coin de son esprit, mais il était indéniable qu'elle prenait de plus en plus d'ampleur et qu'elle viendra toucher la République. Aussi, savoir que des mutations avaient déjà lieu et qu'il s'agissait ici de pure magie et non trop de science, aka point tant son domaine de force, le Vice-Président était mal-à-l'aise d'imaginer ce que tout cela présageait. Catastrophe imminente et inéluctable.

"J'ai largement autre chose à faire que du bizutage d'un traîne-misère." Le demi-ange se passa une main dans ses cheveux, quelques peu sauvages ces derniers temps. "Simplement un test, qui s'avère pertinent puisqu'il a permis de faire le lien avec la corruption. Ma méthode empirique a ça se positif."

Ce que le borgne mais pas trop lui proposait, Soren n'en avait guère envie. Qu'on se le dise, il était assez piètre combattant. Pourtant, son instinct lui dictait d'aller voir de lui-même la chanvrerie et constater les dégâts de la corruption : cela lui permettra de mesurer aussi l'étendue du pouvoir sombre de cette malédiction et de prémunir la nation si tout cela venait à dégénérer.

"Très bien. Je vais réunir une équipe pour me... nous couvrir. Nous protéger, en somme. Ma vie est précieuse, comprends-tu ?" Il trempa les lèvres à son verre. "Je ne suis guère pyroman, mais si en effet ta plantation est affectée, il faudra désherber ce qu'il faut, quoiqu'il en coûte. Toute la chanvrerie s'il le faut. On ne peut pas permettre à un tel pouvoir occulte de gagner en puissance."

Sur ce, il posa son verre sur la petite table qui avait été amenée en catastrophe.

"Ne prends pas trop tes aises avec moi, Hiraeth. Je ne suis pas ton ami, et je suis bien plus dangereux que tu as l'air d'estimer. Le terrain, je le vois tous les jours ; pas la crasse, la boue et la sueur comme toi. Chacun son combat.

En route."