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Citoyen de La République
Abraham de Sforza
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Info personnage
Race: Humain
Vocation: Guerrier combattant
Alignement: Loyal Mauvais
Rang: C
Liberty, douce Liberty...
Voguant entre les timides lueurs opaques de lampadaires arcaniques et les ténèbres insondables des ruelles en construction, une silhouette longiligne évoluait avec l'élégance d'un fantôme. Paraissant irréelle du fait de sa taille impressionnante mais aussi de par la douceur de ses mouvements trop parfaitement millimétrés, l'étrange entité attirait naturellement l'œil en dépit d'un indiscutable effort en matière de discrétion. A une heure si tardive, les pauvres diables des bas quartiers savaient éviter ce genre d'étranges personnages et si l'intrus avait bien évidemment été repéré par les observateurs locaux, nul ne s'était risqué jusqu'à présent à tenter de lui taxer ses piécettes.
S'ajoutait de toute manière à l'aura menaçante de la créature un élément dérangeant que les fripons du coin n'avaient pas manqué de remarquer et qui, de bien des manières, les poussaient à changer de trottoir lorsqu'ils croisaient l'intrus : le son. A chaque pas aérien qu'effectuait l'arpenteur chimérique, les cliquetis métalliques d'articulations puissantes résonnaient dans le noir, conférant ainsi aux coupe-gorges dans lesquelles elle errait une atmosphère plus glauque encore qu'à l'accoutumée. C'était d'ailleurs en s'aidant de cet indice que certains spectateurs plus avisés que d'autres avaient réussi à additionner deux et deux pour identifier le nouveau-venu.
"Mire donc un peu ce bougre, Richard."
Le concerné jeta successivement un coup d'œil à son vis-à-vis puis à l'énorme gaillard encapuchonné que lui pointait du doigt son compère. Interpelé tant par la stature imposante que par la démarche spectrale du type qui progressait dans leur direction, Richie fut irrémédiablement attiré par une légère paire de reflets aperçus sur le visage enténébré du manant. C'était comme si ce marginal, en lieu et place d'un couple d'yeux, portait sur sa face deux rubis luisant d'un éclat diabolique. Quoi que pouvaient être ces bizarreries, elles devaient valoir leur pesant d'or. Portant un coup amical aux côtes de son camarade, Douglas extirpa de son veston usé un papelard roulé en boule qu'il vint déplier puis glisser dans les pognes de Richard :
"Ce serait pas... ce gars-là, dis ?"
Son vis-à-vis s'empara de l'objet et l'inspecta minutieusement puis réalisa qu'en effet, ce qu'amenait son compère tenait vaguement la route. Mesurant pas loin de deux mètres, yeux rouges, trogne de tueur et prothèses magiques d'acier; les choses coïncidaient plutôt bien. Les mirettes de Richie glissèrent jusqu'au bas de l'avis de recherche signé par la Marine et inévitablement, sur les trois milliers et demi de pièces d'or récompensant la capture de l'assassin de la Présidente. Les prunelles rendues brillantes d'enthousiasme, Doug dévoila un rictus visiblement inspiré d'un plateau d'échecs et porta une main à la dague rouillée qui ornait son ceinturon tout en chuchotant :
"Trois... mille... cinq... cent. On s'le fait, par pitié dis-moi qu'on se le fait."
Pressé comme pas deux, le filou fit volte-face et puisqu'il n'envisageait même pas l'éventualité d'un refus, il fit deux pas en direction du renégat seulement pour être interrompu dans son élan par une main qui l'empoigna au col et le ramena en arrière. Confus et fâché, Douglas tourna la tête et exprima son mécontentement, trop fort d'ailleurs pour passer inaperçu :
"Tu vas vraiment jouer les lavettes maintenant, Rich' ? Saisis l'opportunité, espèce de branleur !"
Il tenta de se défaire de l'emprise qu'exerçait l'autre voyou sur son col mais celui-ci, loin d'en démordre, vint raffermir sa poigne puis murmura froidement :
"Laisse-le passer, abruti."
Doug voulut plus que tout laisser exploser sa colère mais alors qu'il s'apprêtait à balancer une cinglante riposte, le bruissement des semelles métalliques foulant les pavés fendus attira son attention et il se tut, réalisant tout juste que leur conversation s'était éternisée au point que l'objet de l'altercation les longe. Richie baissa les yeux mais Douglas, aussi fougueux qu'imbécile, eut l'outrecuidance de lever la tête en direction de l'homme de fer et ce ne fut que lorsque leurs regards se croisèrent qu'il comprit d'instinct ce que ressentait une brebis en apercevant les babines retroussées d'un loup en chasse.
"Sage décision, messieurs."
La voix rocailleuse, plus lugubre encore que ne l'était le raclement d'une pierre tombale profanée, suscita chez le bandit une angoisse suffisante pour qu'il bondisse d'effroi. Percé à jour par ces yeux métalliques débordant de flammes infernales, l'humble Douglas fut ramené à la triste réalité de son inconséquente existence par une vague de terreur qui le poussa à retourner aux caniveaux dont il tenait tant à s'extraire. Ce ne serait ni eux, ni aucune autre âme en peine qui viendrait à bout ce soir du monstrueux Mortifère.
_
Une porte délabrée, trop lourde pour n'être que celle d'un boui-boui laissé à l'abandon, fut repoussé par la force démentielle de l'ex-soldat républicain. S'aventurant dans les ruines de locaux autrefois si impeccablement entretenus, le colosse évolua quelques instants dans l'intégrale noirceur de cet environnement inhospitalier puis après mûre réflexion, il fit crisser son index tranchant contre son majeur afin de générer un arc électrique bleuté qui se fit suffisamment brillant pour illuminer faiblement la pièce.
S'aidant de cette clarté certes instable mais toutefois adéquate, Abraham enjamba un chariot renversé puis s'aventura jusqu'au fond de ce qui avait autrefois été l'un des relais d'ingénierie du Docteur. S'il avait encore été pourvu d'émotions superflues, Abraham aurait sans doute ressenti vis-à-vis de cet emplacement une quelconque nostalgie mais en cette soirée risquée, seul son objectif comptait.
Il prit appui sur l'établi de l'ancien maître d'œuvre puis apposa sa paume saturée d'électricité sur un réceptacle arcanique fixé juste au dessous. Privé d'alimentation et de ses cœurs technomagiques depuis des lustres, le laboratoire de fortune pouvait encore recevoir les flux produits par un ensorceleur et ce fut donc d'une simple pression qu'Abraham distilla sa mana à l'intérieur de l'engin rudimentaire afin d'éclairer convenablement la zone dans laquelle il avait choisi d'effectuer ses recherches.
L'ampoule arcanique, bien que lourdement encrassée, grésilla à deux reprises avant d'adopter une teinte cyan puis, finalement, de s'illuminer. Diligemment, Abraham s'abaissa alors pour commencer à explorer les tiroirs dans lesquels étaient entreposés d'innombrables parchemins marqués de mystiques inscriptions. Les caractères, aussi fins qu'harmonieux, adoptaient parfois de faux airs de runes anciennes plutôt que de lettres communes. Il reconnaissait bien là la patte de son Père.
Derrière lui, un froissement discret le tira à son étude.
Levant les yeux du plan qu'il déchiffrait, Abraham arqua légèrement sa nuque et pivota d'un cran dans une série de cliquetis. L'on pouvait ressentir, dans ses gestes secs mais gracieux, que nulle crainte d'être repéré n'embrumait son esprit. Cet intrus, il l'avait presque attendu.
"Vous m'avez rattrapé, finalement ? Venir seul, c'est audacieux. Je salue votre courage."
Pas l'ombre d'un sous-texte provocateur. Il n'y avait dans le ton d'Abraham que la plus plate franchise ainsi qu'un soupçon de détachement fort mal indiqué en vue du contexte. En tournant lentement la tête, il adressa une œillade au nouveau venu. A la nouvelle venue.
"Est-ce l'appât du gain, le sens du devoir ou l'esprit de vengeance qui vous amène ? Le hasard me semble exclu, puisque vous me suivez depuis un bon moment déjà."
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Wilsa Bertham
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Wilsa avala difficilement sa salive et se maudit d’avoir poursuivit son idée lorsque le visage aux yeux rouge sang se tourna vers elle. D’un pas raide et peu assuré, elle sortit de sa prétendue cachette pour se poster face à l’individu fait de métal. Je ne veux pas mourir…
--
On était à la mi-novembre et Wilsa en avait fini avec ses préparatifs. Elle était fin prête pour son départ pour Courage, et elle s’accorda une soirée pour passer voir sa famille. Ses parents, les traits tirés, lui avaient quand même réservé un chaleureux accueil. Elle nota tout de même que le sujet de la marine était très soigneusement évité, et ne voulant pas que sa dernière soirée ici ne soit gâchée, elle avait joué le jeu.
Au moment de partir, ses parents avaient fait des pieds et des mains pour la faire dormir au manoir mais la rousse était restée ferme là-dessus. Sa chambre à l’auberge l’attendait et elle ne voulait pas retarder un peu plus les adieux qui n’en seraient que plus difficile.
Elle s’était donc aventurée dans la nuit, parcourant les différents quartiers de Liberty dans l’optique de rejoindre sa chambre. C’est là qu’elle avait été témoin d’une bien étrange scène. Un son particulier d’abord lui était parvenu et l’avait fait s’arrêter. Puis, les chuchotements de plus en plus forts de deux habitants. Et enfin, la silhouette encapuchonnée. Massive, se déplaçant comme un fantôme, des reflets s’échappant de là où devrait se trouver des bras… Wilsa eut un frisson glacé. Mais sa curiosité fût plus forte que sa petite voix qui lui intimait de continuer son chemin.
Elle s’approcha de quelques pas des deux badauds, s’évertuant à rester dans l’ombre des luminaires, jusqu’à pouvoir discerner leur conversation.
"Tu vas vraiment jouer les lavettes maintenant, Rich' ? Saisis l'opportunité, espèce de branleur !"
Des deux hommes, l’un semblait pétrifié par la peur. Et pour cause. Lorsque Wilsa posa son regard clair sur la silhouette encapuchonnée, le sang quitta son visage et son corps se raidit. L’aura menaçante et les billes rouges étaient en partie responsable mais c’est plutôt lorsqu’elle reconnut l’individu que la peur transcenda son corps. Ce visage, elle l’avait déjà vu. Tout Liberty l’avait déjà vu. Recherché pour leur meurtre de l’ancienne présidente, les autorités mettaient un point d’honneur à l’attraper.
Elle retint son souffle lorsqu’il passa devant les deux bougres et n’eut qu’un très léger soulagement face à l’absence d’altercation. Soulagement qui se cristallisa à l’entente de la voix lugubre provenant de la capuche. Sa petite voix était devenue tempête. Cours, va-t’en, enfuis-toi ! T’es pas de taille !
Elle allait l’écouter, vraiment. Mais l’idée qu’un tueur se promène dans la ville, le danger qu’il représente, l’image de ses parents terrifiés… Elle venait d’entrer dans la marine, ce n’était pas pour faire de la figuration. Elle se devait au moins de savoir où il allait, avoir une possible idée d’où il se terrait et en informer ses supérieurs. C’était le moins qu’elle puisse faire.
Alors, rassemblant tout son courage, elle ordonna à ses jambes de se remettre en marche. Elle passa devant les deux loustiques qui la regardèrent sans vraiment la voir et fila aussi discrètement que possible l’ennemi public numéro un.
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On était à la mi-novembre et Wilsa en avait fini avec ses préparatifs. Elle était fin prête pour son départ pour Courage, et elle s’accorda une soirée pour passer voir sa famille. Ses parents, les traits tirés, lui avaient quand même réservé un chaleureux accueil. Elle nota tout de même que le sujet de la marine était très soigneusement évité, et ne voulant pas que sa dernière soirée ici ne soit gâchée, elle avait joué le jeu.
Au moment de partir, ses parents avaient fait des pieds et des mains pour la faire dormir au manoir mais la rousse était restée ferme là-dessus. Sa chambre à l’auberge l’attendait et elle ne voulait pas retarder un peu plus les adieux qui n’en seraient que plus difficile.
Elle s’était donc aventurée dans la nuit, parcourant les différents quartiers de Liberty dans l’optique de rejoindre sa chambre. C’est là qu’elle avait été témoin d’une bien étrange scène. Un son particulier d’abord lui était parvenu et l’avait fait s’arrêter. Puis, les chuchotements de plus en plus forts de deux habitants. Et enfin, la silhouette encapuchonnée. Massive, se déplaçant comme un fantôme, des reflets s’échappant de là où devrait se trouver des bras… Wilsa eut un frisson glacé. Mais sa curiosité fût plus forte que sa petite voix qui lui intimait de continuer son chemin.
Elle s’approcha de quelques pas des deux badauds, s’évertuant à rester dans l’ombre des luminaires, jusqu’à pouvoir discerner leur conversation.
"Tu vas vraiment jouer les lavettes maintenant, Rich' ? Saisis l'opportunité, espèce de branleur !"
Des deux hommes, l’un semblait pétrifié par la peur. Et pour cause. Lorsque Wilsa posa son regard clair sur la silhouette encapuchonnée, le sang quitta son visage et son corps se raidit. L’aura menaçante et les billes rouges étaient en partie responsable mais c’est plutôt lorsqu’elle reconnut l’individu que la peur transcenda son corps. Ce visage, elle l’avait déjà vu. Tout Liberty l’avait déjà vu. Recherché pour leur meurtre de l’ancienne présidente, les autorités mettaient un point d’honneur à l’attraper.
Elle retint son souffle lorsqu’il passa devant les deux bougres et n’eut qu’un très léger soulagement face à l’absence d’altercation. Soulagement qui se cristallisa à l’entente de la voix lugubre provenant de la capuche. Sa petite voix était devenue tempête. Cours, va-t’en, enfuis-toi ! T’es pas de taille !
Elle allait l’écouter, vraiment. Mais l’idée qu’un tueur se promène dans la ville, le danger qu’il représente, l’image de ses parents terrifiés… Elle venait d’entrer dans la marine, ce n’était pas pour faire de la figuration. Elle se devait au moins de savoir où il allait, avoir une possible idée d’où il se terrait et en informer ses supérieurs. C’était le moins qu’elle puisse faire.
Alors, rassemblant tout son courage, elle ordonna à ses jambes de se remettre en marche. Elle passa devant les deux loustiques qui la regardèrent sans vraiment la voir et fila aussi discrètement que possible l’ennemi public numéro un.
Pas assez discrètement à l’évidence. Les mains levées en guise d’un potentiel drapeau blanc, le cerveau de Wilsa carburait à toute allure. Comment allait-elle pouvoir se sortir de là ? Elle n’avait même pas sa rapière à sa ceinture, l’option combat n’étant de toute façon pas envisageable car ses chances de gagner étaient réduites à zéro. Alors, elle fit ce qu’elle savait faire de mieux, parler.
- Si je parle de curiosité mal placée, vous me croyez ? Elle voulait utiliser un peu d’humour mais le trémolo dans sa voix trahissait sa peur. C’est un humain, c’est un humain, c’est un humain. Elle ne pouvait que se rassurer de cette façon. Désempiler toutes les couches de l’individu afin de le rendre moins monstrueux dans son cerveau, le réduire à la même hauteur qu’elle, un simple humain avec qui l’on peut communiquer. De toute façon, elle ne voyait que cette issue pour rester en vie, la fuite lui semblant plutôt vaine. Et puis, il semblait au courant depuis un moment de sa présence, s’il l’avait voulu, il se serait sûrement déjà débarrassé d’elle… Non ?
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Abraham de Sforza
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Partiellement éclairé par la lueur faiblissante de la lanterne nourrie par magie, le corps aux proportions angoissantes d'Abraham parut se tordre anormalement lorsqu'il montra son profil à l'intruse. Ses griffes, à nouveau dissimulées sous la cape déchirée dont il s'était affublé pour l'occasion, provoquèrent leurs habituels cliquetis d'horloge lorsqu'elles se détendirent. Menaçant par nature, grand adepte de l'intimidation pour laquelle il avait initialement été conçu puis formé, celui qu'était devenu Mortifère jouait toujours de sa lugubre apparence pour conserver l'ascendant sur ses éventuelles proies.
"De la curiosité, vous dites ? Inattendu... original, même."
Ses iris rougeoyants, perçants même dans l'obscurité, se posèrent avec une dramatique intensité sur la silhouette de la jeune femme et ce fut par une inspection aussi brève qu'intégrale qu'il usa de sa vision amplifiée par magie afin de saisir chaque détail important de l'accoutrement, de l'équipement mais plus important encore de l'attitude démontrée par cette nouvelle interlocutrice. Jeune, hésitante, prise de tremblements trahissant une nervosité malhabilement couverte sous un ton au détachement tout relatif. La tentative de maquillage était honnête, louable mais trop fébrile toutefois pour échapper à l'œil expert de l'ancien militaire.
Décrochant finalement ses prunelles mécanisées de leur cible, Abraham retourna s'attarder l'espace d'une poignée de secondes sur un ensemble de plans maintenus entre les serres de sa main gauche puis, une fois l'obtention d'informations sensibles validée, il sourit légèrement et vint lever sa seconde dextre de métal afin de rouler les parchemins les uns avec les autres et de les enfoncer dans une sacoche placée contre son torse. Apparemment satisfait, il eut enfin la décence de bifurquer complètement pour faire face à son "invitée" et il s'installa nonchalamment contre l'établi.
"La curiosité, j'ai connu cela autrefois. Curieux à l'idée d'apprendre l'étendue de mon plein potentiel, curieux de savoir jusqu'où je pouvais gravir les échelons sociétaux... curieux de redécouvrir le monde en étant doté d'un pouvoir impensable..."
Il porta l'un de ses pouces crochus jusqu'à l'angle de sa capuche et repoussa celle-ci en arrière afin de découvrir ce faciès si splendidement effroyable qu'était désormais le sien. Horizontalement scindé en deux, parcouru de canaux saturés de magie et composé d'autant d'acier que de peau grisâtre, son visage était bel et bien celui du cerbère infâme que dépeignaient sans doute les occasionnelles conversations nocturnes entre officiers avinés. Extrayant cette fois-ci sciemment l'une des prothèses faisant pour lui office de bras, le monstre de Palladium fit jouer ses articulations inhumaines de souplesse puis ajouta :
"...et tout comme elle vient apparemment de le faire pour vous, la curiosité m'a parfois poussé à me jeter sciemment dans la gueule du loup. Le résultat, vous le connaissez."
Tout le monde le connaissait. Démis de ses fonctions, de ses médailles tout comme de ses honneurs, le cerbère républicain n'était aujourd'hui rien de plus qu'une ombre malfaisante planant sur la Nation, le vestige tordu d'une course à l'ordre dans laquelle toute notion d'humanité s'était perdue. Qualifié d'erreur et même d'abomination, il illustrait jusqu'à la caricature le concept d'excès.
"Je vous crois, aussi étrange que cela puisse paraître."
Son angoissant sourire se fit plus enjôleur et ses paupières d'acier mimèrent avec une inquiétante exactitude l'avenant plissement d'yeux véritables. Tâchant visiblement de se montrer accommodant en dépit du lourd bagage qu'il transportait, il vint paisiblement laisser sa tête tomber de côté et offrit à son interlocutrice une risette trop aimable en vue de la situation. Ce faisant, il articula avec une apparente gentillesse :
"Je crois aussi que vous devez votre initiative brouillonne à l'inexpérience... dont découle d'ailleurs la confusion de votre entreprise. Vous pourriez m'avoir suivi en vous reposant sur de la télépathie afin de prévenir vos compagnons, mais cela impliquerait que vous ayez la garantie de vous trouver hors de ma portée. Je n'ai entendu ni aperçu qui que ce soit d'autre que vous et puisque mes yeux voient aux travers de la plupart des illusions, j'en déduis donc que vous vous trouvez bel et bien face à moi, seule, dans un environnement clos et obscurci que je connais, ce alors que vous savez pertinemment qu'il me suffit d'un vingtième de seconde pour nullifier toute distance entre vous et moi."
Inutile de se montrer explicite quant à la conclusion de cette hypothèse. Il y avait, malgré l'aspect édifiant de ses propos, un enthousiasme tout à fait inadapté. Ce n'était pas la perspective de pouvoir tuer qui lui plaisait, mais bel et bien l'arrogance avec laquelle cette étrangère se livrait à lui de la sorte, ce en l'absence d'un quelconque moyen d'assurer sa survie.
"Je ne vous tuerai pas. Je ne pense pas, en tout cas. Comment vous appelez-vous... et que voulez-vous savoir ?"
"De la curiosité, vous dites ? Inattendu... original, même."
Ses iris rougeoyants, perçants même dans l'obscurité, se posèrent avec une dramatique intensité sur la silhouette de la jeune femme et ce fut par une inspection aussi brève qu'intégrale qu'il usa de sa vision amplifiée par magie afin de saisir chaque détail important de l'accoutrement, de l'équipement mais plus important encore de l'attitude démontrée par cette nouvelle interlocutrice. Jeune, hésitante, prise de tremblements trahissant une nervosité malhabilement couverte sous un ton au détachement tout relatif. La tentative de maquillage était honnête, louable mais trop fébrile toutefois pour échapper à l'œil expert de l'ancien militaire.
Décrochant finalement ses prunelles mécanisées de leur cible, Abraham retourna s'attarder l'espace d'une poignée de secondes sur un ensemble de plans maintenus entre les serres de sa main gauche puis, une fois l'obtention d'informations sensibles validée, il sourit légèrement et vint lever sa seconde dextre de métal afin de rouler les parchemins les uns avec les autres et de les enfoncer dans une sacoche placée contre son torse. Apparemment satisfait, il eut enfin la décence de bifurquer complètement pour faire face à son "invitée" et il s'installa nonchalamment contre l'établi.
"La curiosité, j'ai connu cela autrefois. Curieux à l'idée d'apprendre l'étendue de mon plein potentiel, curieux de savoir jusqu'où je pouvais gravir les échelons sociétaux... curieux de redécouvrir le monde en étant doté d'un pouvoir impensable..."
Il porta l'un de ses pouces crochus jusqu'à l'angle de sa capuche et repoussa celle-ci en arrière afin de découvrir ce faciès si splendidement effroyable qu'était désormais le sien. Horizontalement scindé en deux, parcouru de canaux saturés de magie et composé d'autant d'acier que de peau grisâtre, son visage était bel et bien celui du cerbère infâme que dépeignaient sans doute les occasionnelles conversations nocturnes entre officiers avinés. Extrayant cette fois-ci sciemment l'une des prothèses faisant pour lui office de bras, le monstre de Palladium fit jouer ses articulations inhumaines de souplesse puis ajouta :
"...et tout comme elle vient apparemment de le faire pour vous, la curiosité m'a parfois poussé à me jeter sciemment dans la gueule du loup. Le résultat, vous le connaissez."
Tout le monde le connaissait. Démis de ses fonctions, de ses médailles tout comme de ses honneurs, le cerbère républicain n'était aujourd'hui rien de plus qu'une ombre malfaisante planant sur la Nation, le vestige tordu d'une course à l'ordre dans laquelle toute notion d'humanité s'était perdue. Qualifié d'erreur et même d'abomination, il illustrait jusqu'à la caricature le concept d'excès.
"Je vous crois, aussi étrange que cela puisse paraître."
Son angoissant sourire se fit plus enjôleur et ses paupières d'acier mimèrent avec une inquiétante exactitude l'avenant plissement d'yeux véritables. Tâchant visiblement de se montrer accommodant en dépit du lourd bagage qu'il transportait, il vint paisiblement laisser sa tête tomber de côté et offrit à son interlocutrice une risette trop aimable en vue de la situation. Ce faisant, il articula avec une apparente gentillesse :
"Je crois aussi que vous devez votre initiative brouillonne à l'inexpérience... dont découle d'ailleurs la confusion de votre entreprise. Vous pourriez m'avoir suivi en vous reposant sur de la télépathie afin de prévenir vos compagnons, mais cela impliquerait que vous ayez la garantie de vous trouver hors de ma portée. Je n'ai entendu ni aperçu qui que ce soit d'autre que vous et puisque mes yeux voient aux travers de la plupart des illusions, j'en déduis donc que vous vous trouvez bel et bien face à moi, seule, dans un environnement clos et obscurci que je connais, ce alors que vous savez pertinemment qu'il me suffit d'un vingtième de seconde pour nullifier toute distance entre vous et moi."
Inutile de se montrer explicite quant à la conclusion de cette hypothèse. Il y avait, malgré l'aspect édifiant de ses propos, un enthousiasme tout à fait inadapté. Ce n'était pas la perspective de pouvoir tuer qui lui plaisait, mais bel et bien l'arrogance avec laquelle cette étrangère se livrait à lui de la sorte, ce en l'absence d'un quelconque moyen d'assurer sa survie.
"Je ne vous tuerai pas. Je ne pense pas, en tout cas. Comment vous appelez-vous... et que voulez-vous savoir ?"
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Wilsa Bertham
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C’était impressionnant le niveau d’angoisse que pouvait provoquer ce personnage. Impressionnant à quel point il avait réussi à installer un silence pesant juste par sa présence et son aura. Impressionnant à quel point Wilsa ne pipait plus un mot, son esprit démuni lorsqu’il reprit la parole.
Elle ne savait pas à quoi s’attendre. Tout en lui, lui donnait envie de courir et de se réfugier dans sa chambre d’enfant. Tout. Et pourtant, ses jambes ne répondaient plus, engluée dans le sol crasseux de… De quoi d’ailleurs ? Bien trop absorbée par sa filature, Wilsa n’avait pas vraiment fait attention à son environnement. Cela lui fit comme un petit électro choc. Lorsque son interlocuteur lui tourna de nouveau le dos, la vision de Wilsa s’élargit, comme libérée des visières d’angoisse, et elle prit connaissance de l’endroit où elle se trouvait. Le renégat se trouvait proche d’un établi et elle entendit le son de papier mais n’osa pas bouger pour apercevoir le mouvement de l’homme.
La pièce semblait ne pas avoir été visitée depuis un long moment et les vestiges restants lui firent penser à un bureau de scientifique ou un laboratoire… Elle n’eut pas le temps de pousser plus loin ses hypothèses que l’homme aux bras de métal se tourna complètement vers elle et de sa voix cauchemardesque, il reprit la parole.
Elle ne broncha pas, écoutant chacune des paroles, son cœur s’alourdissant à chaque vérité qui traversait la bouche de cet être… Torturé ? Lorsqu’il retira sa capuche, Wilsa ne put retenir un hoquet de stupeur. C’était quelque chose de voir ce visage placardé dans toute la ville, c’en était une autre de le voir en vrai.
Les yeux de Wilsa parcouraient les canaux de magie, la défiguration de sa peau à côté de la raideur du métal, puis la prothèse à son bras et, bien indépendamment d’elle, les larmes montèrent à ses yeux. Pas de peur ou de dégoût. D’une terrible tristesse face à ce qui avait pu arriver à cet homme. Insensible à son empathie, il continuait son monologue, criant de vérités et il lui confirmait à quel point il avait su jauger qui se trouvait en face de lui.
Et pourtant, au lieu de se débarrasser d’elle comme d’un vulgaire moustique, le voilà qui se tenait en position pour… Discuter ?
La peur fit peu à peu place à la curiosité maladive de la jeune femme, même si elle ne s’en alla pas bien loin. Tentant de retrouver les sensations dans son corps, Wilsa serra puis desserra plusieurs fois ses doigts et entrepris de mettre de l’ordre dans ses idées quand la question finale de l’homme tomba. Devait-elle lui donner sa véritable identité ou un grossier mensonge ?
La lueur rouge au milieu du visage persécuté la dissuada presque aussitôt d’utiliser l’option mensonge. Il saura. Elle redressa les épaules, autant que possible et saisit son unique chance de s’en sortir vivante.
- Je m’appelle Wilsa Bertham. Elle ne savait pas à quoi s’attendre. Tout en lui, lui donnait envie de courir et de se réfugier dans sa chambre d’enfant. Tout. Et pourtant, ses jambes ne répondaient plus, engluée dans le sol crasseux de… De quoi d’ailleurs ? Bien trop absorbée par sa filature, Wilsa n’avait pas vraiment fait attention à son environnement. Cela lui fit comme un petit électro choc. Lorsque son interlocuteur lui tourna de nouveau le dos, la vision de Wilsa s’élargit, comme libérée des visières d’angoisse, et elle prit connaissance de l’endroit où elle se trouvait. Le renégat se trouvait proche d’un établi et elle entendit le son de papier mais n’osa pas bouger pour apercevoir le mouvement de l’homme.
La pièce semblait ne pas avoir été visitée depuis un long moment et les vestiges restants lui firent penser à un bureau de scientifique ou un laboratoire… Elle n’eut pas le temps de pousser plus loin ses hypothèses que l’homme aux bras de métal se tourna complètement vers elle et de sa voix cauchemardesque, il reprit la parole.
Elle ne broncha pas, écoutant chacune des paroles, son cœur s’alourdissant à chaque vérité qui traversait la bouche de cet être… Torturé ? Lorsqu’il retira sa capuche, Wilsa ne put retenir un hoquet de stupeur. C’était quelque chose de voir ce visage placardé dans toute la ville, c’en était une autre de le voir en vrai.
Les yeux de Wilsa parcouraient les canaux de magie, la défiguration de sa peau à côté de la raideur du métal, puis la prothèse à son bras et, bien indépendamment d’elle, les larmes montèrent à ses yeux. Pas de peur ou de dégoût. D’une terrible tristesse face à ce qui avait pu arriver à cet homme. Insensible à son empathie, il continuait son monologue, criant de vérités et il lui confirmait à quel point il avait su jauger qui se trouvait en face de lui.
Et pourtant, au lieu de se débarrasser d’elle comme d’un vulgaire moustique, le voilà qui se tenait en position pour… Discuter ?
La peur fit peu à peu place à la curiosité maladive de la jeune femme, même si elle ne s’en alla pas bien loin. Tentant de retrouver les sensations dans son corps, Wilsa serra puis desserra plusieurs fois ses doigts et entrepris de mettre de l’ordre dans ses idées quand la question finale de l’homme tomba. Devait-elle lui donner sa véritable identité ou un grossier mensonge ?
La lueur rouge au milieu du visage persécuté la dissuada presque aussitôt d’utiliser l’option mensonge. Il saura. Elle redressa les épaules, autant que possible et saisit son unique chance de s’en sortir vivante.
Quant à la raison de sa présence et de ce qu’elle voulait savoir ? Elle l’avait certes suivi pour savoir où il se terrait mais de toute évidence, ce n’était pas ici. Elle opta donc pour une question.
- Où sommes-nous ? Cette question n’était que la première d’une longue liste… Comment il en était arrivé à ressembler à cet être infâme, comment il avait pu tuer l’ancienne présidente, qu’est-ce qui l’y avait poussé et pourquoi désormais il allait faire causette avec elle ? Elle ignorait s’il percevrait le tourbillon qui venait de se mettre en place dans son crâne mais elle choisit de ne pas l’assommer de question. L’idée n’était pas de l’énervé. Surtout pas. Et elle voulait saisir son emplacement avant toute chose.
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Rang: C
"Bertham..."
La petite noblesse n'aurait probablement rien évoqué à un soldat moyen mais Abraham, loin de n'être qu'une lame mise au service de l'Etat, était doté d'une mémoire dépassant celle du commun des mortels. Capable de trier avec une indéfectible efficacité les informations obtenues lors de ses enseignements particuliers, le Premier Né piochait sans mal dans les souvenirs des leçons uniques en leur genre qui avaient été mises au point spécifiquement pour lui et ses futurs semblables. Connaître les familles républicaines, même si elles ne faisaient point partie du cercle des Sept, avait été un aspect central de ses cours de diplomatie.
"Je connais ce nom; vaguement. J'en sais peu, juste assez néanmoins pour trouver intrigant de vous avoir face à moi en des circonstances aussi... risquées ? Vous êtes en dehors de votre élément, mademoiselle Bertham. A moins que je confonde..."
Poussant la réflexion plus loin, le renégat se plongea plus profondément dans les traces résiduelles de ses leçons pour dresser un portrait vaguement précis de celle qui lui faisait face, à supposer bien sûr qu'elle dise vrai quant à son identité. Nulle perte tragique, pas l'ombre d'une supposée obligation familiale justifiant un choix de carrière aussi dangereux que celui qu'avait fait la jeune héritière, à en juger en tout cas par les faits relatés par les tuteurs d'Abraham. C'était donc supposément de son propre chef ou du fait d'une quelconque influence proche que la jeune "Wilsa" avait pris la décision de rejoindre les forces de l'ordre.
Elle lui posa une question qui, bien qu'anodine en apparence, allait sans aucun doute vivement enrichir la conversation. Invariablement courtois malgré l'horreur dont il se savait source, Abraham adressa un sourire affable à la jeune militaire et porta une fois encore son index et son pouce jusqu'aux récepteurs arcaniques qui décoraient les contours de l'ampoule technomagique. Sa mana y fut infusée de plus belle et dans un grésillement aussi grave que bruyant, les environs s'illuminèrent davantage pour révéler les contours du mystérieux entrepôt.
"Nous sommes ici chez moi. C'est en partie à cet endroit ainsi qu'à ceux qui le peuplaient jadis que je dois ma renaissance."
La lueur bleutée, qui n'avait pour seul contraste que les prunelles flamboyantes du maître des lieux, conférait à l'ensemble du mobilier biscornu un aspect à la fois mystérieux et dangereux. Vestige mourant d'un projet né dans la folie des grandeurs, le relais était saturé du sol au plafond par des ustensiles particulièrement complexes, tous conçus sur mesure selon les exigences farfelues du Père de la bête, ce afin d'assurer un entretien ainsi qu'une évolution constante de sa création. De bien des façons, Abraham s'était vu grandir entre les murs colossaux de cette diabolique antre consacrée au progrès. Il relâcha l'ampoule et celle-ci craquela légèrement mais parvint tout de même à user de l'énergie magique qui y circulait pour maintenir en place le halo lumineux qu'elle produisait.
"Le Docteur, celui que vous recherchez... c'est lui qui a fait bâtir ce laboratoire pour moi. Sachez d'avance qu'il est inutile de me demander où il se trouve. Je ne détiens pas cette information et bien évidemment, je ne vous l'aurais jamais délivrée dans le cas contraire."
Wilsa n'aurait probablement pas eu l'audace de lui poser la question mais il tenait à rappeler que la discussion, quoi qu'elle puisse espérer en tirer, ne se transformerait jamais en interrogatoire détourné. Abraham n'était venu ni pour se livrer, ni pour offrir du grain à moudre aux officiers et encore moins à la marine. S'il consentait à s'exprimer, c'était probablement par goût de l'échange; le nombre de ses partenaires de jaserie s'étant indubitablement réduit depuis qu'il était devenu le criminel le plus recherché de tout le pays.
S'attardant sur un vieux tableau vert sur lequel des inscriptions notées à la craie étaient encore partiellement visibles, Abraham laissa un bref ricanement lui échapper et passa ses griffes d'acier contre la surface comme on l'aurait fait avec un portrait de famille. Il ne regrettait rien de cette époque révolue, les remords n'entrant pas dans ses prérogatives utiles; mais il avait encore d'assez d'humanité pour s'en amuser. Son sourire trop inerte s'étendit d'un cran et avec un enthousiasme partiellement sincère, il lança :
"Il est peu probable que vous ressortiez de cette entrevue avec des informations confidentielles en tête, mais j'ai tout de même une bonne surprise pour vous. Asseyez-vous, je vous prie."
Avec l'élégance d'un danseur, l'immense personnage pointa sa main griffue dans un coin de la pièce puis décrivit un geste désinvolte dans le vide. En réponse à l'impulsion télékinétique, un tabouret placé dans la pénombre vint se mouvoir de quelques centimètres; juste assez pour racler bruyamment et ainsi indiquer sa position à l'invitée du cerbère. Ce faisant, Abraham profita que Wilsa soit occupée à hésiter entre s'installer ou prendre ses jambes à son cou pour s'intéresser à un placard poussiéreux qui se trouvait non loin de là. Toujours aussi désinvolte, il reprit :
"Mon mentor et bienfaiteur, Zelevas Fraternitas, avait un goût prononcé pour certaines boissons aussi riches en goût qu'en histoire. Puisqu'il était rare mais toutefois envisageable qu'il vienne effectuer une inspection des lieux, ses bouteilles favorites étaient parfois acheminées jusqu'ici pour son bon plaisir... Ah !"
S'extirpant des ténèbres par lesquels il avait été englouti lors de ses explications, l'homme de fer réapparut muni d'une paire de verres ainsi que de l'une des fameuses bouteilles de bourbon avec lesquelles s'assommait le politicien auquel il devait le chagrin de son existence. Sans prendre le temps de demander l'avis de la jeune militaire, il usa des cisailles monstrueuses qui décorait ses doigts pour ôter le bouchon et tout en inspectant le contenu au travers du goulot, il se moqua un brin de son vis-à-vis :
"Vous faire boire est un choix stratégique. Puisqu'il vous est interdit de consommer en service, vous devenez ma complice et par conséquent... vous ne pouvez plus me dénoncer. Vous voilà prise au piège."
Il relâcha soudainement les verres ainsi que la bouteille et celles-ci demeurèrent en l'air par magie. Pendant ce temps, l'ex-soldat s'empressa d'aller chercher un second tabouret et le plaça face au premier. Cela fait, il accorda un regard à la fois avenant et curieusement insistant à Wilsa avant de conclure :
"Je plaisante, bien sûr... mais buvez quand même."
D'un geste sec du menton, il usa encore de télékinésie pour faire pencher la bouteille volante dans un sens, puis dans l'autre. Les deux godets furent impeccablement servis et l'un d'entre eux flotta doucement jusqu'aux mains de la militaire mais contre toute attente, Abraham vint sauvagement percuter la bouteille encore à moitié pleine d'un revers de main. Le bourbon fut projeté sur le côté à une allure surprenante et s'explosa bruyamment au coin d'un meuble. Sans détourner son regard de son interlocutrice et sans ciller, Abraham ajouta :
"Pas plus d'un verre. Au delà, ce serait inconvenant. On trinque ?"
La petite noblesse n'aurait probablement rien évoqué à un soldat moyen mais Abraham, loin de n'être qu'une lame mise au service de l'Etat, était doté d'une mémoire dépassant celle du commun des mortels. Capable de trier avec une indéfectible efficacité les informations obtenues lors de ses enseignements particuliers, le Premier Né piochait sans mal dans les souvenirs des leçons uniques en leur genre qui avaient été mises au point spécifiquement pour lui et ses futurs semblables. Connaître les familles républicaines, même si elles ne faisaient point partie du cercle des Sept, avait été un aspect central de ses cours de diplomatie.
"Je connais ce nom; vaguement. J'en sais peu, juste assez néanmoins pour trouver intrigant de vous avoir face à moi en des circonstances aussi... risquées ? Vous êtes en dehors de votre élément, mademoiselle Bertham. A moins que je confonde..."
Poussant la réflexion plus loin, le renégat se plongea plus profondément dans les traces résiduelles de ses leçons pour dresser un portrait vaguement précis de celle qui lui faisait face, à supposer bien sûr qu'elle dise vrai quant à son identité. Nulle perte tragique, pas l'ombre d'une supposée obligation familiale justifiant un choix de carrière aussi dangereux que celui qu'avait fait la jeune héritière, à en juger en tout cas par les faits relatés par les tuteurs d'Abraham. C'était donc supposément de son propre chef ou du fait d'une quelconque influence proche que la jeune "Wilsa" avait pris la décision de rejoindre les forces de l'ordre.
Elle lui posa une question qui, bien qu'anodine en apparence, allait sans aucun doute vivement enrichir la conversation. Invariablement courtois malgré l'horreur dont il se savait source, Abraham adressa un sourire affable à la jeune militaire et porta une fois encore son index et son pouce jusqu'aux récepteurs arcaniques qui décoraient les contours de l'ampoule technomagique. Sa mana y fut infusée de plus belle et dans un grésillement aussi grave que bruyant, les environs s'illuminèrent davantage pour révéler les contours du mystérieux entrepôt.
"Nous sommes ici chez moi. C'est en partie à cet endroit ainsi qu'à ceux qui le peuplaient jadis que je dois ma renaissance."
La lueur bleutée, qui n'avait pour seul contraste que les prunelles flamboyantes du maître des lieux, conférait à l'ensemble du mobilier biscornu un aspect à la fois mystérieux et dangereux. Vestige mourant d'un projet né dans la folie des grandeurs, le relais était saturé du sol au plafond par des ustensiles particulièrement complexes, tous conçus sur mesure selon les exigences farfelues du Père de la bête, ce afin d'assurer un entretien ainsi qu'une évolution constante de sa création. De bien des façons, Abraham s'était vu grandir entre les murs colossaux de cette diabolique antre consacrée au progrès. Il relâcha l'ampoule et celle-ci craquela légèrement mais parvint tout de même à user de l'énergie magique qui y circulait pour maintenir en place le halo lumineux qu'elle produisait.
"Le Docteur, celui que vous recherchez... c'est lui qui a fait bâtir ce laboratoire pour moi. Sachez d'avance qu'il est inutile de me demander où il se trouve. Je ne détiens pas cette information et bien évidemment, je ne vous l'aurais jamais délivrée dans le cas contraire."
Wilsa n'aurait probablement pas eu l'audace de lui poser la question mais il tenait à rappeler que la discussion, quoi qu'elle puisse espérer en tirer, ne se transformerait jamais en interrogatoire détourné. Abraham n'était venu ni pour se livrer, ni pour offrir du grain à moudre aux officiers et encore moins à la marine. S'il consentait à s'exprimer, c'était probablement par goût de l'échange; le nombre de ses partenaires de jaserie s'étant indubitablement réduit depuis qu'il était devenu le criminel le plus recherché de tout le pays.
S'attardant sur un vieux tableau vert sur lequel des inscriptions notées à la craie étaient encore partiellement visibles, Abraham laissa un bref ricanement lui échapper et passa ses griffes d'acier contre la surface comme on l'aurait fait avec un portrait de famille. Il ne regrettait rien de cette époque révolue, les remords n'entrant pas dans ses prérogatives utiles; mais il avait encore d'assez d'humanité pour s'en amuser. Son sourire trop inerte s'étendit d'un cran et avec un enthousiasme partiellement sincère, il lança :
"Il est peu probable que vous ressortiez de cette entrevue avec des informations confidentielles en tête, mais j'ai tout de même une bonne surprise pour vous. Asseyez-vous, je vous prie."
Avec l'élégance d'un danseur, l'immense personnage pointa sa main griffue dans un coin de la pièce puis décrivit un geste désinvolte dans le vide. En réponse à l'impulsion télékinétique, un tabouret placé dans la pénombre vint se mouvoir de quelques centimètres; juste assez pour racler bruyamment et ainsi indiquer sa position à l'invitée du cerbère. Ce faisant, Abraham profita que Wilsa soit occupée à hésiter entre s'installer ou prendre ses jambes à son cou pour s'intéresser à un placard poussiéreux qui se trouvait non loin de là. Toujours aussi désinvolte, il reprit :
"Mon mentor et bienfaiteur, Zelevas Fraternitas, avait un goût prononcé pour certaines boissons aussi riches en goût qu'en histoire. Puisqu'il était rare mais toutefois envisageable qu'il vienne effectuer une inspection des lieux, ses bouteilles favorites étaient parfois acheminées jusqu'ici pour son bon plaisir... Ah !"
S'extirpant des ténèbres par lesquels il avait été englouti lors de ses explications, l'homme de fer réapparut muni d'une paire de verres ainsi que de l'une des fameuses bouteilles de bourbon avec lesquelles s'assommait le politicien auquel il devait le chagrin de son existence. Sans prendre le temps de demander l'avis de la jeune militaire, il usa des cisailles monstrueuses qui décorait ses doigts pour ôter le bouchon et tout en inspectant le contenu au travers du goulot, il se moqua un brin de son vis-à-vis :
"Vous faire boire est un choix stratégique. Puisqu'il vous est interdit de consommer en service, vous devenez ma complice et par conséquent... vous ne pouvez plus me dénoncer. Vous voilà prise au piège."
Il relâcha soudainement les verres ainsi que la bouteille et celles-ci demeurèrent en l'air par magie. Pendant ce temps, l'ex-soldat s'empressa d'aller chercher un second tabouret et le plaça face au premier. Cela fait, il accorda un regard à la fois avenant et curieusement insistant à Wilsa avant de conclure :
"Je plaisante, bien sûr... mais buvez quand même."
D'un geste sec du menton, il usa encore de télékinésie pour faire pencher la bouteille volante dans un sens, puis dans l'autre. Les deux godets furent impeccablement servis et l'un d'entre eux flotta doucement jusqu'aux mains de la militaire mais contre toute attente, Abraham vint sauvagement percuter la bouteille encore à moitié pleine d'un revers de main. Le bourbon fut projeté sur le côté à une allure surprenante et s'explosa bruyamment au coin d'un meuble. Sans détourner son regard de son interlocutrice et sans ciller, Abraham ajouta :
"Pas plus d'un verre. Au delà, ce serait inconvenant. On trinque ?"
Citoyen de La République
Wilsa Bertham
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A la mention de son nom de famille, Wilsa se sentit glacée jusqu’au bout des os. Puis, quand il insinua qu’il connaissait des détails de sa famille, le sentiment s’aggrava. Elle ne devait donc pas commettre d’erreur parce qu’en plus de sa vie, peut-être que celles de ses parents étaient désormais en jeu. La jeune femme resta interdite jusqu’à ce qu’il amplifie la lumière, révélant un peu plus le décor, digne de l’un de ces livres d’horreur qu’elle avait pu lire lorsqu’elle s’ennuyait un soir. Cela l’avait empêché de dormir pendant deux nuits. Si elle s’en sortait ce soir, elle ignorait combien de temps il lui faudrait pour s’en remettre.
Chez lui ? Sa renaissance ? Associant les informations aux images, les yeux de la militaire s’arrondir face aux horreurs qui avaient bien pu se tramer ici. Ce Docteur, à quel moment pouvait-on imaginer faire ce genre de choses à un citoyen ? Comment pouvait-on être assez sadique pour infliger cela ? Rien que l’imaginer lui donnait la nausée. Elle se rendit compte à ce moment que sa bouche était sèche. Elle se força à déglutir tandis que Mortifère continuait son monologue.
Son cœur rata un battement au son du raclement du tabouret.
Lui semblait relaxé, presque amusé de cette entrevue inattendue et Wilsa ne savait pas si elle devait y voir un soulagement ou si elle devait redoubler de précautions. Elle resta tout de même sur ses gardes lorsqu’il mentionna une surprise. Ses yeux dansaient entre le tabouret et Mortifère.
Allait-il changer d’avis ? Sa gorge était serrée, l’empêchant de parler. Peut-être que si elle ne répondait plus, il allait se lasser et la liquider par ennui. De nouveau, elle avala sa salive, tentant vainement de défaire les liens dans son gosier, tout en s’installant précautionneusement sur l’assise.
Tandis qu’il continuait de parler, il disparût un instant dans un coin sombre de la pièce et revint les mains – ou plutôt les griffes – chargées d’une bouteille et de deux verres. Si elle n’avait pas été si méfiante, elle en serait tombée à la renverse. Ils allaient boire un verre ? Maintenant ? Lui, criminel recherché par toutes les entités du pays et elle, membre officiel de l’une de ces entités ? C’était à se marcher sur la tête. Elle se força à esquisser un sourire lors de sa tentative d’humour, ne croyant toujours pas à la scène qui se déroulait sous ses yeux.
D’une main tremblante, elle attrapa le verre qui flottait jusqu’à elle mais en renversa la moitié lorsque la bouteille s’éclata contre le meuble. Son cœur battait la chamade et elle eut du mal à le calmer. A la merci de son hôte, elle leva son verre lentement en guise de « Santé » et bût une gorgée de bourbon. L’alcool brûla ses lèvres, puis sa bouche et finit sa course dans sa gorge. Wilsa fit la grimace. Les alcools forts, ce n’était vraiment pas son truc mais cela eut au moins le don de dénouer quelque peu la peur qui entravait son estomac. Appréciant l’effet, elle bût de nouveau une gorgée et la voix rauque, conséquence de son silence prolongé, elle prit de nouveau la parole.
- Malheureusement, votre piège tombe à l’eau. Je ne suis pas en service ce soir. Chez lui ? Sa renaissance ? Associant les informations aux images, les yeux de la militaire s’arrondir face aux horreurs qui avaient bien pu se tramer ici. Ce Docteur, à quel moment pouvait-on imaginer faire ce genre de choses à un citoyen ? Comment pouvait-on être assez sadique pour infliger cela ? Rien que l’imaginer lui donnait la nausée. Elle se rendit compte à ce moment que sa bouche était sèche. Elle se força à déglutir tandis que Mortifère continuait son monologue.
Son cœur rata un battement au son du raclement du tabouret.
Lui semblait relaxé, presque amusé de cette entrevue inattendue et Wilsa ne savait pas si elle devait y voir un soulagement ou si elle devait redoubler de précautions. Elle resta tout de même sur ses gardes lorsqu’il mentionna une surprise. Ses yeux dansaient entre le tabouret et Mortifère.
Allait-il changer d’avis ? Sa gorge était serrée, l’empêchant de parler. Peut-être que si elle ne répondait plus, il allait se lasser et la liquider par ennui. De nouveau, elle avala sa salive, tentant vainement de défaire les liens dans son gosier, tout en s’installant précautionneusement sur l’assise.
Tandis qu’il continuait de parler, il disparût un instant dans un coin sombre de la pièce et revint les mains – ou plutôt les griffes – chargées d’une bouteille et de deux verres. Si elle n’avait pas été si méfiante, elle en serait tombée à la renverse. Ils allaient boire un verre ? Maintenant ? Lui, criminel recherché par toutes les entités du pays et elle, membre officiel de l’une de ces entités ? C’était à se marcher sur la tête. Elle se força à esquisser un sourire lors de sa tentative d’humour, ne croyant toujours pas à la scène qui se déroulait sous ses yeux.
D’une main tremblante, elle attrapa le verre qui flottait jusqu’à elle mais en renversa la moitié lorsque la bouteille s’éclata contre le meuble. Son cœur battait la chamade et elle eut du mal à le calmer. A la merci de son hôte, elle leva son verre lentement en guise de « Santé » et bût une gorgée de bourbon. L’alcool brûla ses lèvres, puis sa bouche et finit sa course dans sa gorge. Wilsa fit la grimace. Les alcools forts, ce n’était vraiment pas son truc mais cela eut au moins le don de dénouer quelque peu la peur qui entravait son estomac. Appréciant l’effet, elle bût de nouveau une gorgée et la voix rauque, conséquence de son silence prolongé, elle prit de nouveau la parole.
Elle tenta un sourire décontracté mais l’alcool n’avait pas encore réussi à atteindre cette partie. De nouveau, elle reprit une gorgée. C’était addictif dans le sens où peu à peu, la peur semblait s’atténuer. Ce n’était peut-être pas sage dans cette situation mais Wilsa n’en tint pas compte. Elle reprit, prenant un peu plus confiance en elle.
- Mais si vous décidez de ne pas me tuer ce soir, je m’abstiendrai d’en parler à mes supérieurs. Peut-être le sens du devoir était en partie la raison de ma présence mais je ne vous ai pas menti tout à l’heure. Maintenant que je vous vois, je suis véritablement curieuse. Effrayée mais curieuse… Elle sonda la pièce, s’arrêtant sur les différents ustensiles rouillés et les fioles qui pendouillaient. Tout avait pris la poussière. Arrêtant son regard sur les griffes de son interlocuteur, elle les désigna du menton.
- Est-ce que cela vous fait mal ? Etant donné la situation, elle garderait ses questions essentielles pour elle, en fonction de la tournure de l’échange et se concentrerai sur des interrogations informelles. De toute façon, il lui avait bien fait comprendre qu’elle ne tirerait rien de lui et honnêtement, elle en oubliait les rôles qu’ils jouaient dans la société. C’était la personne en face d’elle qui l’intéressait désormais, ni plus, ni moins. Afin de se donner encore un peu de courage et de tenue, elle porta de nouveau le verre à ses lèvres. Elle s’habituait peu à peu au goût, à presque le trouver bon. C’est bien dommage qu’il ait brisé le reste de la bouteille…
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Abraham de Sforza
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Info personnage
Race: Humain
Vocation: Guerrier combattant
Alignement: Loyal Mauvais
Rang: C
"Mince, je dois donc reprendre mes planifications à zéro ?"
Il ricana, gentiment. Presque humainement.
Son expression était devenue celle d'un homme confiant, aimable, voire charmant en dépit des sinistres artifices arcanomécaniques dont il était recouvert de la tête aux pieds. Les jambes croisées l'une sur l'autre, il eut même l'audace de se pencher légèrement en arrière avec une tranquillité ostensiblement démontrée. Carnassier dans l'âme, c'était sans perversion mais avec un indéniable machiavélisme qu'il tenait à rappeler à son vis-à-vis qu'il ne la percevait aucunement comme une menace. L'alcool aidant sans doute, les tremblements qui agitaient le corps de la demoiselle finirent par s'apaiser et ses mots vinrent traduire ce regain d'assurance.
"Il est peu probable que je ressente la nécessité de vous occire. Vous me semblez plus perdue qu'hostile... et puis, concernant vos supérieurs, ils savent pertinemment que j'arpente encore les rues. Si cela sert vos intérêts personnels d'une quelconque manière, n'hésitez pas à leur révéler la position de cet endroit. Tout ce qu'il avait d'intéressant se trouve juste ici; désormais."
Tout en prononçant ces mots, il tapota l'emplacement de la sacoche dans laquelle il avait soigneusement rangé les quelques schémas confidentiels très récemment récupérés. Portant finalement le verre auprès de ses lèvres blanchâtres, il en observa la couleur durant de longues instants et fit tournoyer le liquide à l'intérieur de son contenant d'un air passablement nostalgique, bien que subsistait aux coins de ses lèvres un semblant de sourire rusé. Tout cela lui rappelait évidemment les soirées passées à écouter Zelevas penser à haute voix, à la lueur de buches animées par un moribond que le vieil homme ne prenait la peine d'agiter que pour s'occuper les mains tandis qu'il se torturait l'esprit.
Ce souvenir lui arracha un soupir amusé et ce fut ensuite avec délicatesse qu'il amena le bourbon jusqu'à ses lèvres pour en goûter élégamment une petite gorgée. Gardant un moment la boisson en bouche, il s'en imprégna comme le lui avait appris son mentor et tâcha de profiter des sensations que procuraient ce rare nectar. Il en tira satisfaction, bien que le plaisir fut somme toute plutôt maigre, mais se désintéressa prestement du goût pour reporter son attention sur son interlocutrice, celle-ci étant bien plus intrigante que ne l'étaient ces vieilles histoires.
Pensive, Wilsa finit par jeter une insistante œillade aux serres du renégat et lorsqu'elle les pointa du menton, le concerné fit de même et vint instinctivement mouvoir ses griffes métalliques comme pour démontrer l'efficience des mécanismes qui les animaient. Alors qu'il levait le bras, son poignet tournoya dans un angle trop large pour pouvoir sembler naturel et dans un claquement abrupt, ses doigts se tendirent d'un coup sec pour former cinq lames parfaitement rigides, ce pour ensuite reprendre leur mobilité classique dans un léger bruissement de fil déroulé. La question semblait innocente et surtout étrangement inspirée, loin de n'être qu'un moyen d'adoucir la tension régnant dans les ruines du laboratoire. Ce fut donc avec courtoisie et sincérité qu'Abraham répondit :
"Ca m'a fait mal, oui... et ça recommence, parfois. Fort heureusement, la souffrance n'est pour moi qu'un signal comme un autre, un indicateur fiable et même occasionnellement un outil. Sans aller jusqu'à la chérir, je lui trouve encore de l'importance."
Portant une main de fer à sa longue crinière brune, Abraham vint rabattre de longues touffes en arrière afin de révéler à sa compagne de discussion une partie des jointures partiellement cicatrisées qui associaient son masque sordide et son crâne. La greffe, bien qu'invraisemblablement intrusive, semblait avoir été reçue et accepté plus que convenablement par le corps de l'ennemi public, ce qui témoignait à la fois du génie cruel de son créateur mais aussi, n'en déplaise à ses détracteurs, de la réussite implacable de son ignoble entreprise. Mortifère, à son ultime itération, était devenu le guerrier idéal qu'avait entrevu le Docteur en rêves. Tout en tapotant de l'index son crâne partiellement métallique dans une série de tintements sonores, Abraham reprit :
"Je ne perçois pas la souffrance comme le fait le commun des mortels. Ma psyché a été... retravaillée, dirons nous à défaut d'un terme plus vulgarisant.
C'était une façon somme toute très minimaliste d'expliquer qu'on avait perforé, altéré et remanié l'agencement de sa cervelle tout en y appliquant des sceaux magiques obscurs afin de conférer une résistance accrue à son esprit de surhomme, ce en limitant également l'impact de potentielles afflictions d'origines psychologiques. Grossièrement, un être humain avait été tué pour donner naissance à une chimère dénuée de toute appellation convenable. Sans rien perdre de cette note d'enthousiasme qui s'entendait dans le timbre de sa voix rocailleuse, il enchaîna :
"Vous savez, ces prothèses terrifiantes ont été conçues avant tout dans le but d'offrir un second souffle aux vétérans blessés. En tant que premier cobaye à même de fournir des résultats concluants, j'étais porteur de valeurs, de promesses et d'espoir, autrefois. Nul ne me prédestinait à cette vie de criminel et seuls les crapules me craignaient. Si on m'avait dit qu'un jour, une représentante des forces de l'ordre me regarderait avec tant d'inquiétude, je n'y aurais sans doute jamais cru..."
Se penchant en avant, plus proche que jamais de son interlocutrice, il joua de la longueur légèrement anormale de ses membres supérieurs pour apposer un coude sur l'un de ses genoux tout en plaçant sa main libre sous son menton. Son sourire s'agrandit et avec une mesquinerie certaine, Abraham conclut sur une touche piquante :
"Ca vous fait mal... de n'être "que" vous ? Si vous vous étiez trouvée à ma place, auriez-vous refusé l'offrande d'un pouvoir aussi extraordinaire que le mien ?"
Il ricana, gentiment. Presque humainement.
Son expression était devenue celle d'un homme confiant, aimable, voire charmant en dépit des sinistres artifices arcanomécaniques dont il était recouvert de la tête aux pieds. Les jambes croisées l'une sur l'autre, il eut même l'audace de se pencher légèrement en arrière avec une tranquillité ostensiblement démontrée. Carnassier dans l'âme, c'était sans perversion mais avec un indéniable machiavélisme qu'il tenait à rappeler à son vis-à-vis qu'il ne la percevait aucunement comme une menace. L'alcool aidant sans doute, les tremblements qui agitaient le corps de la demoiselle finirent par s'apaiser et ses mots vinrent traduire ce regain d'assurance.
"Il est peu probable que je ressente la nécessité de vous occire. Vous me semblez plus perdue qu'hostile... et puis, concernant vos supérieurs, ils savent pertinemment que j'arpente encore les rues. Si cela sert vos intérêts personnels d'une quelconque manière, n'hésitez pas à leur révéler la position de cet endroit. Tout ce qu'il avait d'intéressant se trouve juste ici; désormais."
Tout en prononçant ces mots, il tapota l'emplacement de la sacoche dans laquelle il avait soigneusement rangé les quelques schémas confidentiels très récemment récupérés. Portant finalement le verre auprès de ses lèvres blanchâtres, il en observa la couleur durant de longues instants et fit tournoyer le liquide à l'intérieur de son contenant d'un air passablement nostalgique, bien que subsistait aux coins de ses lèvres un semblant de sourire rusé. Tout cela lui rappelait évidemment les soirées passées à écouter Zelevas penser à haute voix, à la lueur de buches animées par un moribond que le vieil homme ne prenait la peine d'agiter que pour s'occuper les mains tandis qu'il se torturait l'esprit.
Ce souvenir lui arracha un soupir amusé et ce fut ensuite avec délicatesse qu'il amena le bourbon jusqu'à ses lèvres pour en goûter élégamment une petite gorgée. Gardant un moment la boisson en bouche, il s'en imprégna comme le lui avait appris son mentor et tâcha de profiter des sensations que procuraient ce rare nectar. Il en tira satisfaction, bien que le plaisir fut somme toute plutôt maigre, mais se désintéressa prestement du goût pour reporter son attention sur son interlocutrice, celle-ci étant bien plus intrigante que ne l'étaient ces vieilles histoires.
Pensive, Wilsa finit par jeter une insistante œillade aux serres du renégat et lorsqu'elle les pointa du menton, le concerné fit de même et vint instinctivement mouvoir ses griffes métalliques comme pour démontrer l'efficience des mécanismes qui les animaient. Alors qu'il levait le bras, son poignet tournoya dans un angle trop large pour pouvoir sembler naturel et dans un claquement abrupt, ses doigts se tendirent d'un coup sec pour former cinq lames parfaitement rigides, ce pour ensuite reprendre leur mobilité classique dans un léger bruissement de fil déroulé. La question semblait innocente et surtout étrangement inspirée, loin de n'être qu'un moyen d'adoucir la tension régnant dans les ruines du laboratoire. Ce fut donc avec courtoisie et sincérité qu'Abraham répondit :
"Ca m'a fait mal, oui... et ça recommence, parfois. Fort heureusement, la souffrance n'est pour moi qu'un signal comme un autre, un indicateur fiable et même occasionnellement un outil. Sans aller jusqu'à la chérir, je lui trouve encore de l'importance."
Portant une main de fer à sa longue crinière brune, Abraham vint rabattre de longues touffes en arrière afin de révéler à sa compagne de discussion une partie des jointures partiellement cicatrisées qui associaient son masque sordide et son crâne. La greffe, bien qu'invraisemblablement intrusive, semblait avoir été reçue et accepté plus que convenablement par le corps de l'ennemi public, ce qui témoignait à la fois du génie cruel de son créateur mais aussi, n'en déplaise à ses détracteurs, de la réussite implacable de son ignoble entreprise. Mortifère, à son ultime itération, était devenu le guerrier idéal qu'avait entrevu le Docteur en rêves. Tout en tapotant de l'index son crâne partiellement métallique dans une série de tintements sonores, Abraham reprit :
"Je ne perçois pas la souffrance comme le fait le commun des mortels. Ma psyché a été... retravaillée, dirons nous à défaut d'un terme plus vulgarisant.
C'était une façon somme toute très minimaliste d'expliquer qu'on avait perforé, altéré et remanié l'agencement de sa cervelle tout en y appliquant des sceaux magiques obscurs afin de conférer une résistance accrue à son esprit de surhomme, ce en limitant également l'impact de potentielles afflictions d'origines psychologiques. Grossièrement, un être humain avait été tué pour donner naissance à une chimère dénuée de toute appellation convenable. Sans rien perdre de cette note d'enthousiasme qui s'entendait dans le timbre de sa voix rocailleuse, il enchaîna :
"Vous savez, ces prothèses terrifiantes ont été conçues avant tout dans le but d'offrir un second souffle aux vétérans blessés. En tant que premier cobaye à même de fournir des résultats concluants, j'étais porteur de valeurs, de promesses et d'espoir, autrefois. Nul ne me prédestinait à cette vie de criminel et seuls les crapules me craignaient. Si on m'avait dit qu'un jour, une représentante des forces de l'ordre me regarderait avec tant d'inquiétude, je n'y aurais sans doute jamais cru..."
Se penchant en avant, plus proche que jamais de son interlocutrice, il joua de la longueur légèrement anormale de ses membres supérieurs pour apposer un coude sur l'un de ses genoux tout en plaçant sa main libre sous son menton. Son sourire s'agrandit et avec une mesquinerie certaine, Abraham conclut sur une touche piquante :
"Ca vous fait mal... de n'être "que" vous ? Si vous vous étiez trouvée à ma place, auriez-vous refusé l'offrande d'un pouvoir aussi extraordinaire que le mien ?"
Citoyen de La République
Wilsa Bertham
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L’atmosphère pesante de la pièce étouffait la jeune femme. L’odeur du métal, le cliquetis lancinant des griffes, les mouvements lents et calculés de son interlocuteur, le décor sombre… Autant d’éléments qui mettaient à mal le calme superficiel de Wilsa.
Elle déglutit. Tous les gestes, toutes les paroles de cet… homme ? Généraient en elle des frissons glacés. Elle remerciait chaque seconde l’alcool qui fusait dans ses veines de l’aider à se tenir droite et de faire barrière à la peur qui sourdait en elle, à la faire continuer l’échange.
Car, elle pouvait le percevoir, ce petit rictus lorsqu’il tombait dans ses pensées, ces silences lorsqu’il semblait se remémorer elle ne savait quel souvenir, ces vestiges de cet humain qu’on avait tranché, démembrer, déchirer puis recousu, recollé ou encore soudé. Elle voulait aller au-dessous de la carapace.
Elle voyait dans cette attitude quelque chose de plus humain qu’elle n’avait pas décelé au début de leur conversation. Il jouait le rôle du loup à la perfection mais elle ne pouvait s’empêcher de se demander si parfois, ce masque se fissurait, laissant entrevoir une blessure bien plus profonde. Pourtant, son discours ne semblait pas empreint de quelconques regrets ou tristesse. Il était même teinté d’amusement et d’enthousiasme, ce que Wilsa ne comprenait absolument pas. N’en voulait-il pas à ceux qui lui avait fait ça ?
Elle eut une nausée fulgurante lorsqu’il dévoila son crâne, qui ne ressemblait décidément plus à quoi que ce soit d’humain et écouta avec terreur et dégoût les explications de Mortifère. La souffrance n’était donc plus qu’une simple alerte ? Et les autres émotions aussi ? Restait-il un peu de l’organe du cerveau ou alors était-ce devenu une totale machine ?
Ses yeux lançaient des éclairs d’incompréhension et de détresse, pas vis-à-vis d’elle, mais bien de lui. Peu à peu, le criminel numéro un de la République devenait une victime d’une ambition monstrueusement grosse aux yeux de la jeune marine.
Elle retint son souffle lorsqu’il se pencha vers elle, un sourire mesquin et amusé face à l’effet qu’il lui provoquait et sa question tomba, imposant un silence dans l’esprit de Wilsa. Lorsque les mots parvinrent à son cerveau, elle fronça les sourcils et réfléchit avec application à sa réponse. Qu’aurait-elle fait à sa place en d’autres termes ?
La bouche sèche, la jeune femme termina son verre d’une traite et le posa au sol dans un tintement léger qui contrastait avec l’atmosphère pesante de la pièce. Elle plaça doucement ses mains à plat sur ses cuisses, sentant la moiteur de ses paumes et leva ses pupilles vertes sur son interlocuteur.
Elle déglutit. Tous les gestes, toutes les paroles de cet… homme ? Généraient en elle des frissons glacés. Elle remerciait chaque seconde l’alcool qui fusait dans ses veines de l’aider à se tenir droite et de faire barrière à la peur qui sourdait en elle, à la faire continuer l’échange.
Car, elle pouvait le percevoir, ce petit rictus lorsqu’il tombait dans ses pensées, ces silences lorsqu’il semblait se remémorer elle ne savait quel souvenir, ces vestiges de cet humain qu’on avait tranché, démembrer, déchirer puis recousu, recollé ou encore soudé. Elle voulait aller au-dessous de la carapace.
Elle voyait dans cette attitude quelque chose de plus humain qu’elle n’avait pas décelé au début de leur conversation. Il jouait le rôle du loup à la perfection mais elle ne pouvait s’empêcher de se demander si parfois, ce masque se fissurait, laissant entrevoir une blessure bien plus profonde. Pourtant, son discours ne semblait pas empreint de quelconques regrets ou tristesse. Il était même teinté d’amusement et d’enthousiasme, ce que Wilsa ne comprenait absolument pas. N’en voulait-il pas à ceux qui lui avait fait ça ?
Elle eut une nausée fulgurante lorsqu’il dévoila son crâne, qui ne ressemblait décidément plus à quoi que ce soit d’humain et écouta avec terreur et dégoût les explications de Mortifère. La souffrance n’était donc plus qu’une simple alerte ? Et les autres émotions aussi ? Restait-il un peu de l’organe du cerveau ou alors était-ce devenu une totale machine ?
Ses yeux lançaient des éclairs d’incompréhension et de détresse, pas vis-à-vis d’elle, mais bien de lui. Peu à peu, le criminel numéro un de la République devenait une victime d’une ambition monstrueusement grosse aux yeux de la jeune marine.
Elle retint son souffle lorsqu’il se pencha vers elle, un sourire mesquin et amusé face à l’effet qu’il lui provoquait et sa question tomba, imposant un silence dans l’esprit de Wilsa. Lorsque les mots parvinrent à son cerveau, elle fronça les sourcils et réfléchit avec application à sa réponse. Qu’aurait-elle fait à sa place en d’autres termes ?
La bouche sèche, la jeune femme termina son verre d’une traite et le posa au sol dans un tintement léger qui contrastait avec l’atmosphère pesante de la pièce. Elle plaça doucement ses mains à plat sur ses cuisses, sentant la moiteur de ses paumes et leva ses pupilles vertes sur son interlocuteur.
- N’être « que » moi, c’est pourtant la quête de ma vie. En dehors des grandes causes que sont la République, la paix ou la guerre, c’est d’abord la construction de mon être qui m’importe.
Elle se tût un instant, remettant en place ses idées que le bourbon s’amusait à dissiper. En son for intérieur, c’était la tempête désormais. La peur se frottait à la curiosité et au besoin viscéral de comprendre. Elle ferma les yeux, se forçant à calmer tout ce brouhaha et finit par les rouvrir, une lueur nouvelle brillant dans son regard.
- Je ne peux pas nier qu’une promesse d’un tel pouvoir est alléchante mais… Ne vous sentez-vous pas trahi ? Vos valeurs, votre espoir et vos promesses… Sont-elles toujours ancrées en vous ? Ne les avez-vous pas bafouées depuis que l’on vous a administré ce fameux pouvoir ?
A chaque parole qui ricochait dans la pièce, le corps de Wilsa se raidissait et le froid s’insinuait dans ses os. Peut-être était-elle en train de signer son arrêt de mort mais elle ne pouvait s’empêcher de poser ses questions. Elle voulait comprendre… Devait comprendre. Si ce qu’il disait était vrai, s’il souhaitait en premier lieu être un soldat fier de la République, comment arrivait-il à se tenir droit ici, avec tous les poids du mal qu’il avait pu commettre ? Avait-il simplement été manipulé ou la quête du pouvoir pour un monde meilleur avait-elle fait vriller ses idéaux, lui permettant d’accomplir les plus viles missions sans sourciller ?
Alors elle continua. - N’avez-vous pas de regrets d’avoir laissé de côté cette humanité qui vous animait jusque-là ? Pensez-vous vraiment qu’être seulement un Homme, sans pouvoir particulier, c’est être véritablement faible ? Que les émotions et ressentis ne font pas la force de chacun ? Elle inspira profondément, alimentant son courage. Je ne vous regarde pas simplement avec inquiétude et vous le savez. Je cherche la limite entre la machine et l’homme que vous étiez. S’il subsiste encore en vous de réelles émotions ou si ce ne sont que des signaux comme vous dîtes.
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Citoyen de La République
Abraham de Sforza
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Race: Humain
Vocation: Guerrier combattant
Alignement: Loyal Mauvais
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Se repenchant légèrement en arrière, Abraham esquissa un sourire doublement mesquin et tout en adoptant une posture plus élégante, il ricana avec légèreté. Ses prunelles rouges, scintillantes et animées toutes deux d'un éclat rusé, semblèrent prises d'un regain d'intensité. Secouant pensivement le verre partiellement vide qu'il portait entre ses griffes, il conserva un étrange silence l'espace d'une poignée de secondes avant de reprendre d'un ton qui se voulait complaisant mais qui respirait, de bien des façons, une forme toujours omniprésente de froideur désagréable :
"Une machine... quel terme grossier..."
Amenant la bordure de son verre incliné jusqu'à ses lèvres grises, le Premier-Né but une nouvelle gorgée et l'éclair de vilénie qui paraissait lui avoir traversé l'esprit s'estompa vraisemblablement car lorsqu'il relança ses explications après s'être au préalable éclairci la gorge, ce fut d'un ton bien plus pédagogue et sincèrement moins hautain :
"Les facultés de mon esprit dépassent en tous points celles qu'offre l'humble cervelle humaine. J'escomptais devenir une arme, une lame maniée par plus juste et droit que moi... par la force des choses, je suis devenu à la fois le duelliste et son fleuret. Je mène mon œuvre à bien, avec ou sans le soutien des puissants de cette Nation..."
Visiblement très contenté par l'idée d'avoir un auditoire, l'homme de fer n'avait rien perdu de son arrogance et de sa fierté au fil de la dernière année et ce fut après s'être sobrement humecté le gosier à nouveau qu'il enchaîna sans perdre en entrain :
"...qui m'a effectivement trahi, vous faites bien de le souligner. Prenez tout de même garde à ne pas délivrer cette version des faits à portée de toutes les oreilles, ce n'est certainement pas celle qui vous fera monter en grade."
Surveillant toujours son interlocutrice du coin de l'œil, il feignit théâtralement une subite prise de conscience et ajouta tout en portant sa dextre libre à son torse en signe de bonne foi :
"Oh, vous ne parliez pas de ces traîtres là ? Pardonnez ma confusion. J'ai tendance à tout ramener à cette sordide affaire... à cette soirée lors de laquelle je suis passé d'espoir du pays à paria sans foi ni loi, ce en l'espace d'un battement de cils."
Se fendant d'un nouvel éclat de rire mêlant cynisme et frustration résiduelle, Abraham donna l'air de retrouver une pointe de sérieux et lança ensuite :
"Pour être franc, je n'en veux ni à ceux qui m'ont fait ainsi, ni au savant qui a anéanti l'homme que j'étais afin de permettre à celui que je suis devenu de renaître. Chaque acte et chacune de mes décisions me menaient irrémédiablement sur ce sentier, alors comment pourrais-je blâmer ceux qui m'y accompagnaient ?"
Le temps des moqueries à peine voilées trouva tout de même un terme et ce fut tout en laissa sciemment son rictus s'effacer qu'Abraham se dit qu'à bien y songer, il ne prendrait aucun plaisir à pousser cette demoiselle sur une pente aussi savonneuse que celle qu'il avait emprunté. Désormais vaguement en biais par rapport à elle, il l'inspecta de haut en bas et tout en affichant une expression subitement moins enjouée, le renégat adopta un discours neuf :
"Je ne pense pas vraiment que les Hommes soient faibles..."
L'image de Zelevas Fraternitas, son ancien mentor, fit surface dans son esprit. Elle fut suivie de près par celle de Kieran Ryven, Prévôt du Razkaal et sans doute ce qui s'était le plus rapproché d'un ami pour lui, ce en dépit de la férocité de leur dernier affrontement en date.
"Je pense qu'ils naissent inégaux et que même les meilleurs sont faillibles. Je pense que le pitoyable garçonnet que j'étais n'était voué à rien d'autre qu'à la médiocrité et que ma transformation, bien qu'elle ait demandé de grands sacrifices, a permis à une âme sans avenir de forger quelque chose de grand... quelque chose d'important."
Cela semblait sans doute ironique, à en juger simplement par sa monstrueuse apparence couplée aux guenilles qu'il trimballait sur son dos. Abandonné par les siens et poursuivi par les autres, il inspirait au mieux la crainte, au pire le mépris.
"...mais j'ai des regrets, oui. Vouloir n'être que soi, c'est parfois très sage."
Ses yeux luisants quittèrent enfin la frimousse de la jeune militaire pour venir balayer non sans une once de nostalgie les hauts plafonds du laboratoire de fortune dans lequel tout avait été ruiné, omis ou chapardé. Loin des dures figures du Fraternitas ou de Ryven, ce fut le doux visage d'Hélénaïs de Casteille qui illumina un court instant ses noires ruminations. Cette dulcinée, à laquelle il prenait tant et rendait si peu, hantait ses pensées à chaque fois qu'il la quittait pour s'engouffrer seul dans les méandres des cités bleues.
"Mon mentor m'a dit un jour que la souffrance forgeait, ce en sous-entendant également que s'y soustraire totalement était une erreur. J'ai mis du temps, beaucoup de temps, à pleinement assimiler et comprendre ce qu'impliquait son propos. J'ai souffert, trop pour pouvoir penser que ses mises en garde méritaient un quelconque crédit. Quand la douleur m'est devenue insupportable, j'ai moi-même demandé à en être définitivement délesté."
Ses pupilles gorgées de magie quittèrent le décor et retournèrent à Wilsa :
"Je n'ai regretté ce choix que lorsque mon destin m'a offert la possibilité d'aimer et que j'ai réalisé qu'en m'échappant ainsi du mal qui me rongeait, j'avais également perdu la faculté d'être enivré par ce que la vie offre de beau. J'aime encore ce pays, ses valeurs et son histoire... mais je ne l'aime plus comme le ferait un Homme et quoi que cela puisse signifier, ça me manque."
"Une machine... quel terme grossier..."
Amenant la bordure de son verre incliné jusqu'à ses lèvres grises, le Premier-Né but une nouvelle gorgée et l'éclair de vilénie qui paraissait lui avoir traversé l'esprit s'estompa vraisemblablement car lorsqu'il relança ses explications après s'être au préalable éclairci la gorge, ce fut d'un ton bien plus pédagogue et sincèrement moins hautain :
"Les facultés de mon esprit dépassent en tous points celles qu'offre l'humble cervelle humaine. J'escomptais devenir une arme, une lame maniée par plus juste et droit que moi... par la force des choses, je suis devenu à la fois le duelliste et son fleuret. Je mène mon œuvre à bien, avec ou sans le soutien des puissants de cette Nation..."
Visiblement très contenté par l'idée d'avoir un auditoire, l'homme de fer n'avait rien perdu de son arrogance et de sa fierté au fil de la dernière année et ce fut après s'être sobrement humecté le gosier à nouveau qu'il enchaîna sans perdre en entrain :
"...qui m'a effectivement trahi, vous faites bien de le souligner. Prenez tout de même garde à ne pas délivrer cette version des faits à portée de toutes les oreilles, ce n'est certainement pas celle qui vous fera monter en grade."
Surveillant toujours son interlocutrice du coin de l'œil, il feignit théâtralement une subite prise de conscience et ajouta tout en portant sa dextre libre à son torse en signe de bonne foi :
"Oh, vous ne parliez pas de ces traîtres là ? Pardonnez ma confusion. J'ai tendance à tout ramener à cette sordide affaire... à cette soirée lors de laquelle je suis passé d'espoir du pays à paria sans foi ni loi, ce en l'espace d'un battement de cils."
Se fendant d'un nouvel éclat de rire mêlant cynisme et frustration résiduelle, Abraham donna l'air de retrouver une pointe de sérieux et lança ensuite :
"Pour être franc, je n'en veux ni à ceux qui m'ont fait ainsi, ni au savant qui a anéanti l'homme que j'étais afin de permettre à celui que je suis devenu de renaître. Chaque acte et chacune de mes décisions me menaient irrémédiablement sur ce sentier, alors comment pourrais-je blâmer ceux qui m'y accompagnaient ?"
Le temps des moqueries à peine voilées trouva tout de même un terme et ce fut tout en laissa sciemment son rictus s'effacer qu'Abraham se dit qu'à bien y songer, il ne prendrait aucun plaisir à pousser cette demoiselle sur une pente aussi savonneuse que celle qu'il avait emprunté. Désormais vaguement en biais par rapport à elle, il l'inspecta de haut en bas et tout en affichant une expression subitement moins enjouée, le renégat adopta un discours neuf :
"Je ne pense pas vraiment que les Hommes soient faibles..."
L'image de Zelevas Fraternitas, son ancien mentor, fit surface dans son esprit. Elle fut suivie de près par celle de Kieran Ryven, Prévôt du Razkaal et sans doute ce qui s'était le plus rapproché d'un ami pour lui, ce en dépit de la férocité de leur dernier affrontement en date.
"Je pense qu'ils naissent inégaux et que même les meilleurs sont faillibles. Je pense que le pitoyable garçonnet que j'étais n'était voué à rien d'autre qu'à la médiocrité et que ma transformation, bien qu'elle ait demandé de grands sacrifices, a permis à une âme sans avenir de forger quelque chose de grand... quelque chose d'important."
Cela semblait sans doute ironique, à en juger simplement par sa monstrueuse apparence couplée aux guenilles qu'il trimballait sur son dos. Abandonné par les siens et poursuivi par les autres, il inspirait au mieux la crainte, au pire le mépris.
"...mais j'ai des regrets, oui. Vouloir n'être que soi, c'est parfois très sage."
Ses yeux luisants quittèrent enfin la frimousse de la jeune militaire pour venir balayer non sans une once de nostalgie les hauts plafonds du laboratoire de fortune dans lequel tout avait été ruiné, omis ou chapardé. Loin des dures figures du Fraternitas ou de Ryven, ce fut le doux visage d'Hélénaïs de Casteille qui illumina un court instant ses noires ruminations. Cette dulcinée, à laquelle il prenait tant et rendait si peu, hantait ses pensées à chaque fois qu'il la quittait pour s'engouffrer seul dans les méandres des cités bleues.
"Mon mentor m'a dit un jour que la souffrance forgeait, ce en sous-entendant également que s'y soustraire totalement était une erreur. J'ai mis du temps, beaucoup de temps, à pleinement assimiler et comprendre ce qu'impliquait son propos. J'ai souffert, trop pour pouvoir penser que ses mises en garde méritaient un quelconque crédit. Quand la douleur m'est devenue insupportable, j'ai moi-même demandé à en être définitivement délesté."
Ses pupilles gorgées de magie quittèrent le décor et retournèrent à Wilsa :
"Je n'ai regretté ce choix que lorsque mon destin m'a offert la possibilité d'aimer et que j'ai réalisé qu'en m'échappant ainsi du mal qui me rongeait, j'avais également perdu la faculté d'être enivré par ce que la vie offre de beau. J'aime encore ce pays, ses valeurs et son histoire... mais je ne l'aime plus comme le ferait un Homme et quoi que cela puisse signifier, ça me manque."
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Wilsa Bertham
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Wilsa sonda avec appréhension le visage de Mortifère. Il semblait jouer avec ses émotions, entretenant parfaitement l’atmosphère pesante entre eux. Il ne laissait rien paraître, et la jeune marine eut bientôt la sensation de n’être qu’une marionnette dans la grande pièce de théâtre de l’esprit du renégat.
Le silence qui s’était installé entre eux mettaient les nerfs de Wilsa à rude épreuve. Sa jambe se mit à trembler nerveusement tandis que ses mains étaient de plus en plus glacées. Elle ignorait depuis combien de temps ils se trouvaient là. Son repas avec ses parents lui semblait à des années lumières maintenant. Peut-être que pour une fois, elle aurait dû les écouter et rester au chaud avec eux, à dormir dans un lit douillet et confortable, loin de ce laboratoire abandonné.
Le ton faussement outré de l’arme républicaine la ramena brutalement à la réalité. Non, elle avait choisi de suivre une voie, elle devait s’y tenir. Bailler aux corneilles maintenant ne lui servirait en rien. Fais preuve de courage bon sang. Elle se racla la gorge.
Le silence qui s’était installé entre eux mettaient les nerfs de Wilsa à rude épreuve. Sa jambe se mit à trembler nerveusement tandis que ses mains étaient de plus en plus glacées. Elle ignorait depuis combien de temps ils se trouvaient là. Son repas avec ses parents lui semblait à des années lumières maintenant. Peut-être que pour une fois, elle aurait dû les écouter et rester au chaud avec eux, à dormir dans un lit douillet et confortable, loin de ce laboratoire abandonné.
Le ton faussement outré de l’arme républicaine la ramena brutalement à la réalité. Non, elle avait choisi de suivre une voie, elle devait s’y tenir. Bailler aux corneilles maintenant ne lui servirait en rien. Fais preuve de courage bon sang. Elle se racla la gorge.
- Loin de moi l’idée de vous insulter. Le terme « machine » était peut-être de trop mais en vous entendant parler de signaux et d’absence de sentiments, je n’ai pu m’empêcher la comparaison.
Il se mouvait comme un comédien au milieu de la scène, son regard rivé sur elle, à l’affût de la moindre émotion transparaissant sur son visage. Wilsa s’efforçait de rester neutre, se contentant de bouger ses doigts et orteils afin de ne pas succomber au froid glacial. Elle sentait ses jambes engourdies sur ce tabouret et grimaça légèrement à l’idée de se remettre debout.
Mais le petit manège de Mortifère était loin d’être terminé, elle le comprit lorsqu’il lâcha, sachant pertinemment le genre d’informations qu’il dévoilait, son aveu sur la potentielle trahison de la Nation envers lui.
Cette fois, Wilsa ne put retenir le hoquet de surprise lorsqu’elle saisit pleinement ce qu’il sous-entendait, et perçut la satisfaction mesquine de son interlocuteur. Il ne lui laissa pas le temps de répondre, continuant à jouer son rôle, feignant d’en avoir trop dit. Il lui tendait clairement une perche et la marine soupesait le pour et le contre pour la prendre.
Si ce qu’il disait était vrai, que la Nation était derrière l’assassinat de l’ancienne Présidente, en effet, ces informations ne devaient pas être divulguées à la légère. De plus cela posait des questions sur son rôle futur dans la Marine. Allait-elle toujours accomplir le bien comme elle l’imaginait ? Ou la République avait des aspirations plus sombres que la simple paix et liberté ? Son cœur balançait et la confusion inonda son visage. Non, la République ne pouvait pas être derrière tout ça… Elle leva les yeux sur l’homme de métal et le scruta. La République avait pourtant mené à bien des expériences dépassant l’entendement. Elle avait infligé cela, même si ce dernier était volontaire, à l’un de ces citoyens les plus dévoués. De son point de vue, la Nation avait profité d’une faiblesse de Mortifère pour le façonner de la plus odieuse des façons. Mais elle décida de s’abstenir de partager son avis là-dessus.
Mais le petit manège de Mortifère était loin d’être terminé, elle le comprit lorsqu’il lâcha, sachant pertinemment le genre d’informations qu’il dévoilait, son aveu sur la potentielle trahison de la Nation envers lui.
Cette fois, Wilsa ne put retenir le hoquet de surprise lorsqu’elle saisit pleinement ce qu’il sous-entendait, et perçut la satisfaction mesquine de son interlocuteur. Il ne lui laissa pas le temps de répondre, continuant à jouer son rôle, feignant d’en avoir trop dit. Il lui tendait clairement une perche et la marine soupesait le pour et le contre pour la prendre.
Si ce qu’il disait était vrai, que la Nation était derrière l’assassinat de l’ancienne Présidente, en effet, ces informations ne devaient pas être divulguées à la légère. De plus cela posait des questions sur son rôle futur dans la Marine. Allait-elle toujours accomplir le bien comme elle l’imaginait ? Ou la République avait des aspirations plus sombres que la simple paix et liberté ? Son cœur balançait et la confusion inonda son visage. Non, la République ne pouvait pas être derrière tout ça… Elle leva les yeux sur l’homme de métal et le scruta. La République avait pourtant mené à bien des expériences dépassant l’entendement. Elle avait infligé cela, même si ce dernier était volontaire, à l’un de ces citoyens les plus dévoués. De son point de vue, la Nation avait profité d’une faiblesse de Mortifère pour le façonner de la plus odieuse des façons. Mais elle décida de s’abstenir de partager son avis là-dessus.
- Insinuez-vous que la République… Elle déglutit, incapable de croire ce qu’elle allait demander. Que la République est à l’origine même du meurtre de l’ancienne présidente ?
Ca y est, elle avait mordu à l’hameçon. Sa curiosité l’avait une nouvelle fois emportée. Sa voix n’avait été qu’un murmure, n’osant pas prononcer à voix haute ce qui pourrait être une vérité terriblement dérangeante, mais elle savait qu’il l’avait entendu. Et elle savait aussi qu’il ne répondrait peut-être jamais à sa question, appréciant de la voir voguer dans le doute.
Aussi ne fût-elle pas surprise par le silence qui suivit. Et lorsque son expression faciale changea, comme hantée par des souvenirs lointains, probablement de sa vie d’homme, elle ne s’en formalisa pas. Elle resta droite, prête à recevoir n’importe quelle information, et peut-être grapiller des indices toujours dans cette optique de comprendre son interlocuteur mais aussi les tenants et aboutissants des affaires qui semblaient se tramer dans l’ombre.
Il reprit la parole, la sincérité de sa voix toucha Wilsa. Il avait des regrets. D’une certaine manière, cela la rassurait. Rien de plus humain. Cela lui donna une bouffée d’air et dans un mouvement lent, elle se remit debout. Elle suivit le regard de Mortifère, le plafond poussiéreux qui semblait charger de nostalgie pour lui mais qui n’inspirait qu’une sainte horreur à la jeune femme.
Elle l’écouta encore, perdu dans ses pensées. Ses yeux verts se reposèrent sur lui. Elle tentait de décrypter les pensées qui fusaient sûrement sous ce crâne de métal mais son visage était de marbre, seulement empreint de cette curieuse mélancolie. C’était donc lui qui avait fait le choix d’abandonner la souffrance ? Elle pinça les lèvres. Elle ne pouvait imaginer, ne voulait pas, ce qu’il avait pu endurer pour arriver jusqu’ici. Probablement qu’elle aurait fait le même choix à sa place.
Aussi ne fût-elle pas surprise par le silence qui suivit. Et lorsque son expression faciale changea, comme hantée par des souvenirs lointains, probablement de sa vie d’homme, elle ne s’en formalisa pas. Elle resta droite, prête à recevoir n’importe quelle information, et peut-être grapiller des indices toujours dans cette optique de comprendre son interlocuteur mais aussi les tenants et aboutissants des affaires qui semblaient se tramer dans l’ombre.
Il reprit la parole, la sincérité de sa voix toucha Wilsa. Il avait des regrets. D’une certaine manière, cela la rassurait. Rien de plus humain. Cela lui donna une bouffée d’air et dans un mouvement lent, elle se remit debout. Elle suivit le regard de Mortifère, le plafond poussiéreux qui semblait charger de nostalgie pour lui mais qui n’inspirait qu’une sainte horreur à la jeune femme.
Elle l’écouta encore, perdu dans ses pensées. Ses yeux verts se reposèrent sur lui. Elle tentait de décrypter les pensées qui fusaient sûrement sous ce crâne de métal mais son visage était de marbre, seulement empreint de cette curieuse mélancolie. C’était donc lui qui avait fait le choix d’abandonner la souffrance ? Elle pinça les lèvres. Elle ne pouvait imaginer, ne voulait pas, ce qu’il avait pu endurer pour arriver jusqu’ici. Probablement qu’elle aurait fait le même choix à sa place.
- Votre mentor avait de sage paroles…
Elle le laissa finir, bizarrement son cœur se réchauffa lorsqu’il parla d’amour. C’était en ce pouvoir qu’elle croyait et, malgré tout le contexte, elle était contente pour lui qu’il le ressente d’une certaine manière. Elle tiqua tout de même lorsqu’il parla de son amour pour le pays et ses valeurs.
- Je vous trouve impressionnant. Elle rejoignit ses mains dans son dos. Malgré tout ce qu’on vous a fait subir, ces transformations et cette… Trahison ? Son regard se fit hésitant. Vous semblez toujours aussi dévoué pour la République. J’ignore si j’en aurais la force à votre place.
Elle se déplaça de quelques pas, ne souhaitant plus conserver ce rôle passif qu’il semblait lui avoir attribué depuis le début de leur rencontre. Quittant le regard perçant de l’homme-métal, elle fit mine de s’intéresser de près à un bocal en verre usé qui avait contenu elle-ne-savait-quoi. Ses doigts effleurèrent la surface lisse et poussiéreuse quand elle se lança de nouveau.
- Pourquoi choisissez-vous de me donner toutes ces informations ? Même si j’imagine que je ne pourrais pas vraiment les utiliser complètement vu que vous semblez vous amuser à disperser les indices, pourquoi ne tout simplement pas me laisser dans l’ignorance ? Elle fit tinter le verre dans une petite pichenette. Pensez-vous que j’ai un rôle à jouer dans la pièce que vous avez conçue ? Dans vos plans pour assouvir je-ne-sais quel but ?
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