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Race: Hybride (Femme/Corbeau)
Vocation: Mage Noire
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Rang: D
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Courage, Décembre de l'An 0
Dans la nuit noire et menaçante qui avait suivi son élection historique, Koraki, désormais Mairesse de Courage, s'aventurait dans les entrailles du palais municipal. La lueur des torches crépitantes projetait des ombres dansantes sur les murs de pierre, conférant à l'endroit une atmosphère sinistre et mystérieuse. Mais cela n'entachait en rien le sourire énigmatique qui étirait les lèvres de cette femme devenue du jour au lendemain la seconde personne la plus puissante de la République.
Ses pas étaient déterminés, mais lents et apaisés, alors qu'elle s'enfonçait plus profondément dans les sombres catacombes et les caveaux d'une autre époque. Les mains élégamment posées dans son dos, elle semblait se fondre avec aisance dans cet environnement lugubre, sa silhouette se reflétant en ombres multiples sur la pierre rongée, presque comme si elle était née et avait grandie dans ce lieu oublié du monde. Moins de 24h qu'elle venait de prendre ses fonctions et il semblait déjà avoir marqué le bâtiment et la cité de son empreinte.
Par moments, elle caressait les murs humides du bout des doigts, comme si elle cherchait à communier avec l'histoire qui imprégnait chaque pierre. Il y avait une connexion mystérieuse entre elle et ces lieux enfouis, une connexion que seuls les initiés pouvaient comprendre. Pour un observateur extérieur, la scène ne pouvait être qu' angoissante, tant l'air semblait vibrer d'une tension palpable, sans cesse grandissante alors que ses pieds fins l'emmenait toujours plus profondément dans les ténèbres. On pouvait presque sentir les évènements terribles à venir, comme si le palais lui-même retenait son souffle en attendant ce qui allait se produire.
Koraki continua son avancée, franchissant les passages étroits et les couloirs tortueux, insensible à l'obscurité qui l'encerclait, alors que sa maigre torche peinait à lui éclairer le chemin. Son sourire persistait, presque hypnotique, donnant à son visage un aspect énigmatique et inquiétant.
Le silence était brisé parfois par un écho lointain, un murmure indistinct qui semblait provenir des profondeurs insondables du palais. C'était comme si les murs eux-mêmes murmuraient des secrets enfouis depuis longtemps.
Alors qu'elle progressait, un frisson parcourut l'échine de Koraki, mais ce n'était pas de peur, c'était une exaltation, une anticipation de ce qui allait suivre, une attente extatique de la réalisation d'un projet qu'elle souhaitait mettre en œuvre depuis tant de temps, déjà.
La désormais mairesse parvint enfin devant une cellule oubliée depuis longtemps par les vivants, posant sa torche sur les côtés de la porte avant de sortir avec précaution une antique clé de sa poche, dont motifs complexes et anciens étaient depuis longtemps effacés. Elle l'inséra délicatement dans la serrure, dont le mécanisme grinça après des siècles d'inutilisation, sous ouverture résonnant lourdement à travers l'obscurité.
Pourtant, ce ne fut pas la d'ordinaire magnifique femme au cheveux bruns qui pénétra dans la pièce, mais une créature hybride mi-humaine, mi-oiseau, à la démarche maladroite et au bec cruel. Ses pupilles jaunes fendues se posèrent dès lors sur le trésor que renfermait cette geole : un magnifique jeune homme.
Enchaîné et prostré dans un coin de la cellule, il était tétanisé, ses yeux remplis de terreur en face de cette apparition qui, la veille, l'avait enlevé à la chaleur de sa famille et de son foyer.
D'une voix étrange et grinçante, la créature parla à son invité :
- Jeunesse ... Beauté ... Plein de qualité, tu as, oui.
Malgré ses paroles, l'humain n'était pas rassuré. Au contraire, ces mots ne provoquèrent chez lui que de terribles tremblements, alors qu'une des ignobles main du monstre se rapprochait de lui avant de soulever délicatement une des mèches de cheveux qui camouflait son doux visage. L'hideux corbeau qu'était à présent Koraki resta un instant à l'observer, s'attardant à en étudier chacune de ses courbes parfaites, regardant cette peau encore juvénile, sans défaut, une image vivante de la perfection physique. Alors, un certain voile de tristesse semble passer dans ces yeux jaunes alors qu'il s'affaissent et se tourne pour observer vaguement l'obscurité.
- Mais parfois ... Trop de qualité être malédiction. Parfois ... Cadeaux du destin n'être que farces cruelles.
Le jeune homme n'osa pas répondre, ne sachant pas comment réagir face aux propos sibyllins de la créature. L'innocent ... Il ignorait les implications de ces paroles et ce qu'elles impliquaient pour la Mairesse. La beauté, la jeunesse, rien n'était éternel et surtout pas pour les membres de sa race honnis. Malgré son apparence hideuse, il sentait qu'il y avait quelque chose d'énigmatique et de puissant chez cette créature, comme si elle détenait une sagesse ancienne et profonde. Ce n'était aucunement le cas, cependant, uniquement un savoir interdit et ce pour de bonnes raisons.
Un corbeau vint se poser sur l'épaule de la créature, semblant la reconnaître et la respecter. Un seul croassement s'échappa de son bec, comme un rappel à la nécessité d'agir sans attendre. Reportant immédiatement son attention pleine et entière sur son prisonnier, les yeux jaunes n'exprimèrent dès lors rien de plus qu'une rage et une résolution que rien ne saura arrêter. Lentement, d'un geste lent et majestueux, Koraki leva sa main, dans laquelle commencer à naitre et à danser les crépitements ignobles d'une magie sombre et interdite, tandis qu'une étrange énergie imprégna la pièce, comme si le tissu de la réalité lui-même le refusait et cherchait à l'empêcher. Dans le creux de cette appendice griffu se tenait un pouvoir qu'elle avait longtemps cherché, longtemps convoité, et voici qu'à présent, cette leur ténébreuse s'agitait entre ses doigts, faisant danser les ombres tout autour d'eux.
Plus rien ne saurait l'arrêter.
- Nous commencez. Oui ?
Le jeune homme sentit un frisson le parcourir, mais malgré la terreur qui l'habitait, il ne put réussir à hurler, tant il était paralysé par l'effroi. Ce ne fut que lorsqu'il vit le monstre se rapprocher à nouveau doucement de lui, qu'il vit la magie pulser d'une manière malsaine et sinistre et, qu'enfin, la femme à apparence de corvidé éclata d'une rire aussi fou que cruel, que les catacombes résonnèrent de ses cris.
Peur, douleur ...
Gloire, ambition ...
Tout était pareil, au final.
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Courage, Février de l'An 1
Plusieurs semaines s'écoulèrent, rythmée entre nouvelles obligations de Mairesse et expériences nocturne. Les signes de la fatigue commencent doucement à s'ériger sur el visage de la Reine des Catins, ce qu'elle réussie bien aisément à faire passer pour cause de travail administratif acharné. Et pourtant, chaque nuit, à l'heure des Sorcières, elle se rend dans cette cellule et y continue son œuvre, incantation après incantation, sévices après sévices, afin d'accomplir ce qui, à son image et son échelle, correspondrait à ni plus, ni moins que le Grand Œuvre.
Ses pas étaient déterminés, mais ses émotions étaient en ébullition. Elle se rappelait la promesse qu'elle s'était faite lorsqu'elle avait commencé le chemin sinueux qu'empruntaient ceux qui partaient à la conquête du pouvoir : assouvir l'entièreté de ses désirs les plus profonds et les plus absolues. Elle ne pouvait pas échouer, elle ne devait pas échouer, car ce n'était pas seulement sa propre destinée qui était en jeu, quand bien même elle était la seule à jouer à ce jeu dangereux.
Pourtant, elle restait sereine alors qu'elle descendaient paisiblement les escaliers sans fin. Elle savait que cette fois serait différente, qu'elle réussirait là où tant d'autres, elle-même y compris, avait échoué. Depuis cette époque, elle maîtrisait des forces sombres bien plus puissantes, quand bien-même cela avait demandé autant de temps que d'énergie. Sa main tremblait légèrement alors qu'elle glissait l'antique clé dans la serrure, le grincement devenu si familier retentit, mais elle avait désormais une lueur d'espoir dans le cœur
En arrivant devant la cellule, elle avait de nouveau emprunté sa véritable apparence, y pénétrant de cette démarche disgracieuse en même temps que les souvenirs de sa première visite refluèrent. La terreur dans les yeux du jeune homme enchaîné, sa propre apparence monstrueuse, les énergies magiques instables... Tout cela la fit frissonner d'excitation. Elle était si près du but !
Le jeune homme était là, à sa place, enchaîné, amaigri, mais toujours vivant et avec encore assez de force pour écarter son regard du disgracieux monstre qui le tourmentait depuis des semaines. Quelques larmes coulèrent, dégradant un peu plus ce visage privé de toute cette grâce qui l'avait menée jusqu'ici. Koraki s'avança près de lui, empoignant son menton dans ses mains griffus pour le forcer à la regarder, ses pupilles jaunes fixant les siennes.
- Cesser s'apitoyer, humain. Toi participer à quelque chose de grand ! Regarde ...
De sa main libre, elle pointa en direction d'un promontoire sur lequel trônait paisiblement une magnifique corbelle. Elle dormait, innocente, couvant un trésor inestimable constitué d'un œuf unique. Le jeune homme acquiesça fébrilement. Oh, bien sur, ce n'était pas comme s'il semblait comprendre le poids de ces mots, de toute façon il n'en avait pas la force, mais cela n'importait pas pour la Mairesse. Qu'il ressente de la terreur ou de la curiosité, là n'était pas son problème. Son utilité allait bientôt toucher à sa fin.
Koraki resta immobile un instant, les yeux fixés sur la terreur insondable dans les yeux du jeune homme enchaîné. Une hésitation étrange l'envahit alors. Si elle succombait à la tentation, si elle décidait pleinement d'emprunter cette voie sombre, cela signifierait renoncer à la maigre part d'humanité qu'il lui restait, devenir l'un de ces démons dont les livres de contes n'avaient de cesse de mettre en garde. Tandis que des pensées sombres dansaient dans les recoins de son esprit, le jeune humain reprit espoir. Lui-même perçu cette hésitation et avec elle venait l'espoir d'une éventuelle libération.
Espoir qui s'éteignit aussitôt que l'hybride éclata de rire. Evidemment qu'elle en était capable ! Evidemment que la vie d'un petit humain ne pesait rien face à ses désirs les plus intenses. Faudrait-il être incroyablement stupide pour croire le contraire. Une fois qu'elle eut cessé de rire, elle inspira profondément, éloignant toute crainte et hésitation de son esprit. Elle avait accepté son destin il y'a bien longtemps, lorsqu'elle avait embrassée la part sombre qui la constituait, et maintenant, elle se préparait à défier les épreuves plus sombres encore qui l'attendaient.
Son bec s'ouvre alors et des mots interdits s'en échappe :
- NaIIII llll gn'th'bthnk, lw'nafh llll lw'nafh, ymg' orr'e llll ah'mglw'nafh mgepnah ehye l' ahthrodog, fahf ah ya gotha, Iiahe Y' ahlloigehye.
Un faisceau d'énergie sombre émerge des mains de la Reine des Catins, enveloppant l'humain qui tente de se débattre, impuissants face à la puissance de l'hybride. Son essence vitale est dès lors lentement aspirée, semblant flotter dans l'air telles des spirales de lumière, tandis que ses yeux n' expriment rien d'autre qu'u douleur indicible et une détresse profonde. Devant cette extraordinaire substance, elle ricane de plaisir et de triomphe, quand bien même elle y est depuis habitué. Voila dès semaines qu'elle vole l'essence du jeune homme, la faisant délicatement virevolter dans les airs avant de l'emmagasiner dans l'œuf qu'elle lui avait fait fécondé, la corbelle s'écartant humblement pour le la laisser agir. Petit à petit, la créature monstrueuse qui grandit à son sein se renforce, alors que l'œuf croit à nouveau en taille.
Une fois le délicat zygote infusé, l'humain s'écroule au sol, la respiration lente, laborieuse ... Il ne survivra plus très longtemps. Fort heureusement, il survivra juste assez pour achever l'opération.
Se détournant royalement de lui, la souveraine régente de Courage se rapproche de la coquille, posant lentement ses doigts sur sa surface, l'effleurant délicatement.
- Bientôt, nous nous rencontrerons ... Mon fils.
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Courage, Mars de l'An 1
Dans une dernière terrible, l'orage gronda dans les cieux sombres de Courage. La mer s’agita, les vents soufflèrent, la lune elle-même n’osa pas étendre sa lumière sur le monde. Koraki se tenait au cœur des catacombes, où résidait son pouvoir le plus sombre. Le cadavre du jeune homme gisait à ses pieds, tandis qu’autour d'elle, dansaient des chandelles vacillantes projetant leurs ombres malsaines sur les murs humides et à présent souillés par la ténébreuse magie.
La dernière once d'énergie vitale du mortel flottait délicatement dans les airs, obéissant aux ordres muets des mains de la Mairesse qui, dorénavant, n’avait pas à cachée sa fausse apparence. Elle savait qu’il s’agissait de la dernière nuit de son hôte sur cette terre, aussi lui avait-elle accordée le droit de savoir qui se cachait réellement derrière l’apparence de ce monstre qui l’avait emprisonné des semaines durant. Quelle ironie, en y réfléchissant, que de penser que la fausse silhouette de la mairesse, celle agréable, pouvait parfois être considérée comme la réelle, alors que la vraie, celle à l’apparence désagréable, lui servait essentiellement à se dissimuler. Peut-être tenions nous là l’essence même des hybrides, ce double-jeu qui caractérise si bien leur espèce.
Quoi qu’il en soit, la régalienne politique tourna son regard en direction du centre de la pièce, là où se tenait un énorme œuf de corbeau, trônant sur un autel noir comme la nuit. Koraki avait passé des jours et des nuits à le préparer, à l'imprégner de sa magie noire et ténébreuse, à l'infuser de son essence maudite autant que de celle du jeune homme. Elle était mue par un désir insondable et obscur, un désir d'avoir un fils, peut-être même un héritier qui incarnerait toute la puissance de ses sombres pouvoirs. Alimenté ainsi, l'œuf avait grandi en taille, jusqu'à atteindre la taille d'un adolescent, prêt à éclore. Il ne manquait plus qu’une dernière inoculation et tout serait achevé.
Le corbeau croassa, semblant s’opposer à cette ultime intrusion, cherchant à protéger ce qu’il avait lui-même pondu. Aussitôt, la main libre de la Reine des Catins se referma sur sa gorge. Il pialla, tenta de s’opposer, mais dans un ultime râle, elle lui brisa le cou, avant de jeter sa carcasse derrière lui. Après tout, un enfant ne pouvait avoir qu’une seule mère.
La foudre éclatait dans le ciel, illuminant brièvement la pièce de flashes inquiétants. Une lueur maléfique dansait dans les yeux de Koraki, tandis qu'elle invoquait une dernière fois les forces des ténèbres qui l'entouraient.
- Éclos, mon fils ! Ordonna-t-elle d'une voix rauque et déterminée, s'élevant au-dessus du grondement de l'orage.
L'œuf de corbeau semblait répondre à son appel sinistre. Les ombres dans la pièce semblaient s'animer, se tordant et se contorsionnant autour de l'œuf, lui-même mut d’une hideuse pulsation sonore. Une énergie noire et puissante l’enveloppa, frémissant d'une vie sombre et inquiétante, alors que dans un dernier acte, l’energie vitale pénétra à l’intérieur de la coquille ivoire.
L'être prisonnier dans l'œuf commença à bouger, se débattant dans une danse étrange et inquiétante. Bientôt, la paroi blanchâtre se craquela, alors qu’un hurlement de douleur s’en échappa. Bientôt, des mains finirent par passer au travers, recouvert de sang et de liquide amniotique, qui fini par suivre un visage, révélant une peau pâle et des pupilles jaunes, semblables à celles de sa mère. Cette dernière, haletant d’excitation, l’observa venir au monde, emplit tant d’excitation que d’appréhension. Enfin … Enfin elle va avoir son fils ! Son désir le plus profond allait être comblé.
La tension était palpable, alors que l'œuf craquelait sous l'effet de la magie noire et de la naissance contre-nature. Des ailes sombres commencèrent à s'étendre, déchirant définitivement la coquille et libérant une figure élancée. Le nouveau né à l’apparence adolescente tomba au sol, prenant en même temps son premier souffle. Son regard apeuré balaya la pièce du regard, en proie à une terrible panique, avant de se poser sur Koraki, ses yeux brillant d'une étrange intelligence autant que d’une candide innocence.
La Mairesse ressentit à la fois une étrange fierté et une profonde angoisse devant ce qu'elle avait créé. Cet être était le reflet de ses propres ténèbres, de ses désirs les plus sombres, et pourtant, elle ne pouvait s'empêcher de se sentir troublée par cette nouvelle créature maudite. Il lui ressemblait tant physiquement, mais semblant en même temps si différent !
Lentement, elle abattit la distance qui le séparait de cet enfant, son enfant, s’agenouilla près de lui, et l’aida à se mettre sur ses genoux. Rendue fébrile par l’émotion qui l’étreignait, elle posa néanmoins sa main sur sa joue, ce à quoi il répondit en apposant la sienne propre par dessus. Il sembla dès lors cesser d’éprouver de la peur, plongeant ses iris jaunes dans ceux de Koraki. Celle-ci, dans un sourire triomphant, lui adressa ce simple mot, ce désignant elle-même :
- Maman.
Il essaya de le répéter, mais ne réussi qu’à balbutier quelques borborygmes incompréhensibles. Il s’en émeut, dévoilant par là qu’il semblait déjà avoir l’intelligence nécessaire pour comprendre le concept de langage. Quelques larmes pointèrent, provoquant un léger rire de la part de sa génitrice. Maternellement, elle lui essuya les yeux, avant de le prendre dans ses bras.
- Là, tout va bien mon petit. Maman est là. Jamais elle ne t’abandonnera.
Ses mains plongèrent dans la chevelure argenté de l’adolescent, autant que son visage. Ce n’est qu’alors que ses yeux s’ouvrirent à nouveau, fixant d’un regard mauvais le vide qui se présentait devant elle et qui incarnait tout ceux qui le menaçait ou le menacerait.
- Jamais … Répéta t-elle comme un avertissement lancé au monde entier. Mon petit Aviculo.
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Courage, 17 juillet de l'An 3.
Un salon richement décoré, pourvu de tout ce qui semblait nécessaire à la tenue d’un foyer. Sise sur l’un des fauteuils qui orne la pièce, la mairesse, vêtue d'une élégante robe et arborant un sourire doucereux, est assise près de son fils, admirant dans une tendre affection ses magnifiques cheveux argentés et ses yeux emplis de malice, alors qu’il lit tranquillement, allongé sur le tapis. Ses petites ailes s’agitent dans son dos, témoignant de l’intérêt qu’il éprouve à sa lecture.
Quelle perfection ! Il est semblable à un ange, que ce soit via son apparence ou via sa personnalité. Toujours souriant, toujours affectueux, toujours à s’enquérir de sa maman et de s’assurer qu’il ne la gêne en aucun point. « J’aime bien vos nouveaux cheveux », lui avait-il dit lorsqu’il l’avait vu après qu’elle eut passé un pacte avec X’o-Rath.
Déjà deux années qu’elle l’élevait, à l’ombre de cette tour dont elle était la seule à posséder la clé, perchée parmi les hauts cimes de la Mairie de Courage. Trois années à veiller sur lui, à le protéger de ce monde instable, à le nourrir et à l’instruire.
Elle se perd un instant dans ses pensées, songeant à tout ce chemin déjà parcourut. Malgré sa courte durée de vie, il ressemblait déjà, autant physiquement que mentalement, à un jeune homme sortant de l’adolescence. Il avait rattrapé son retard avec une vélocité fulgurante, dévorant les livres avec appétit, affûtant ses connaissances, perfectionnant sa culture, dans une curiosité qui suscitant tant l’admiration que la satisfaction de sa mère.
En même temps, quand on avait pas le droit de sortir de cette pièce, on avait que ça à faire.
Il n’était pas encore l’heure de lui permettre de se dévoiler. Seule Koraki, ainsi que quelques domestiques au nombre restreint, était au courant de son existence. Elle leur faisait confiance, ils savaient très bien qu’il ne devaient pas ébruiter ce sujet. Aussi, lorsqu’ils préparaient le dîner de la Mairesse, ils ajoutaient toujours un couvert, expliquant cette étrange action par le fait que la régalienne occupante du trône de Courage avait souvent l’habitude de recevoir du monde le soir.
Et nous étions actuellement dans l’un de ces « dîners particuliers ». Une fois le repas achevé, elle s’était attelée à la tâche de vérifier ses leçons puis, une fois satisfaction obtenue par son bon travail, lui fit monter quelques mignardises, afin que tout deux partagent un moment tout simple. Lui, dans ses activités ludiques, elle dans la lecture des comptes-rendus, une cigarette à la main. Pourtant, plus le temps passait, plus il montrait des signes d’impatience et d’insatisfaction que même le plus exhalant des livres ne pouvaient combler.
- Quand est-ce que je pourrais aller à l’école, mère ? Finit-il par demander.
Aussitôt, elle cessa de lire le rapport. Qu’était-ce donc que cette fantaisie ? Il n’en avait jamais éprouvé ni l’envie, ni le besoin, jusqu’alors. Doucement, mais fermement, elle répondit :
- Mon chéri, je croyais que c’était clair. L'école peut être un endroit dangereux, surtout pour toi ! Tu ne sais jamais ce qui pourrait t'arriver là-bas.
- Mais mère, ne croyez-vous pas qu’il serait temps pour moi de … De sortir ?
- Tu crois cela ? Regardes-toi, tu serais bien incapable de te défendre, tu es bien trop doux. Crois moi, je sais ce qui est le mieux pour toi.
- Mère … J’aimerais vraiment rencontrer des gens, et je pense que …
- Si innocent et vulnérable. Tu sais ce qu’ils te feront, ces jeunes gens que tu souhaites tant rencontrer ? Ils te plumeront. Ils t’arracheront les plûmes, l’une après l’autre, pour le plaisir. Ils sauront que tu es le fils de la Mairesse et cela fera de toi une cible. Personne ne t’aimera, car ils ne verront en toi que ce qu’ils peuvent gagner auprès de moi. Tu n'as pas besoin de sortir, tu es en sécurité ici, avec moi.
- Mais …
- Tu es trop fragile pour le monde extérieur ! Déclara t-elle finalement en haussant le ton. Il est cruel et sans pitié. Tu ne peux pas te débrouiller tout seul, tu en es bien incapable.
Il se tue, n’osant répliquer alors que sa mère venait de crier. Cependant, quelques larmes vinrent à couler, devant ce refus qui semblait briser un de ses rêves. La mairesse soupira, plongeant son visage dans sa paume.
- Je vais encore avoir le mauvais rôle … Allez, viens-là, ordonna t-elle en écartant les bras.
Obtempérant, Avicula pris sa mère dans ses bras. Caressant sa chevelure, cette dernière tacha de lui expliquer ce qui pouvait la pousser à agir ainsi.
- Si seulement tu pouvais comprendre à quel point tu pouvais être si spécial pour moi, mon enfant. Je ne veux pas te perdre. J’en mourrais, s’il t’arrivait malheur. C’est cela que tu veux ? Tu veux que maman sois triste au point d’en mourir ?
- Non … Balbutia t-il, honteux.
- C’est pour ça que tu dois rester ici, avec moi. Ici, je peux te protéger de tout les dangers du monde. Tu es mon petit cœur à moi.
Enfouissant son visage dans la poitrine de sa régalienne mère, elle l’enserra d’autant plus, répondant de son affection à la précédente déclaration, puis d’affirmer :
- Vous avez raison, mère.
- Toujours, répondit cette dernière avec un sourire satisfait qu’il ne put voir.
- Est-ce que vous pourriez au moins engager une domestique de mon âge ? Se risqua t-il toutefois à demander en relevant la tête. La vieille Mimi est gentille, mais …
- Oui, je comprends, l’interrompit-elle dans un rire, autant provoqué par l'évocation de la dite domestique âgée que de sa croyance qu'il avait seize ans alors qu'en réalité, il n'existait que depuis deux années. Elle s’accorda toutefois un instant de réflexion, réticente à l'idée d'inclure une nouvelle personne dans la confidence, avant d’acquiescer en souriant, cédant devant son regard. J’imagine que je peux au moins t’accorder cela.
- Oh, merci, mère ! Vous êtes la meilleure !
- Ne l’oublies jamais, acheva Koraki. Maman sera toujours là, rien ne nous séparera jamais.
Restait à présent à choisir une nouvelle servante qui conviendrait tant au fils ... Qu'à la mère.
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Après de longues hésitations, Koraki avait finalement cédé à l'idée d'engager une nouvelle domestique pour tenir compagnie à son fils. Elle avait espéré que cette présence constante à la tour dissuaderait son fils de vouloir explorer le monde extérieur, qu'il se contenterait de rester à l'abri, sous son regard protecteur. C'était une stratégie qu'elle avait mûrement réfléchie, un moyen de maintenir son influence sur son fils en lui octroyant ce qu'il avait si ardemment désiré : une amie. En soi, pourquoi pas ?
Le crépitement du feu créait une ambiance chaleureuse alors que Koraki et son fils étaient assis près de la cheminée. Les flammes dansaient dans leurs yeux alors qu'ils discutaient tranquillement, partageant des moments de complicité. C'était une rare occasion de détente pour Koraki, une pause dans sa vie politique complexe où elle pouvait plus amplement profiter de la présence de son enfant durement acquis. Ce dernier lui sourit doucement, prenant une gorgée de son verre avant de la regarder avec gratitude.
- Mère, je voulais vous dire merci d'avoir engagé la nouvelle domestique. Eri est vraiment gentille, douce, drôle...
Oui, oui, elle l'avait justement choisie pour ces qualités précises. Encore heureux qu'elle soit l'amie que la Mairesse avait voulue qu'elle soit, car l'inverse n'aurait signifier que son "remerciement". Et dans ce cas précis, il n'y aurait nulles indemnités de licenciement.
- ... et très jolie, rajouta t-il finalement.
- Je suis contente que tu l'apprécies, mon chéri. Elle est ici pour te tenir compagnie et t'aider à te sentir moins seul. C'est important pour moi que tu sois heureux.
Si Koraki afficha un sourire maternel et inclina légèrement la tête, à l'intérieur, le compliment de son fils avait déclenché une vague de mécontentement. Le mot "jolie" résonnait comme un écho dans sa tête, une note discordante dans la mélodie de leur conversation, comme la plus amer des traitrise. Elle réalisa soudainement que la nouvelle domestique pourrait devenir bien plus qu'une simple compagnie pour son fils. Elle pourrait potentiellement devenir une rivale dans son cœur. Pourtant ... "jolie", elle ne l'était pas, la Catin s'en étant assurée. Elle était plutôt quelconque, à vrai dire. Comment pouvait il être aussi enthousiaste à l'égard de cette femme au physique si banal ? Elle ne pouvait le comprendre, elle qui avait toujours été habituée à manipuler les relations humaines pour ses intérêts politiques. Les subtilités des émotions et de l'amour semblaient lui échapper, du moins en ce qui concernait son propre fils.
Peut-être etait-ce là l'origine de sa crainte soudaine ? Elle ne l'avait pas vue venir.
Quels étaient les avantages et les inconvénients de cette situation ? Cette relation pouvait elle potentiellement mettre en péril ses propres plans et son contrôle sur son fils ? Sauvegarder son influence sur lui, était la priorité, même si cela signifiait manipuler subtilement la situation. La situation exigeait de creuser davantage pour comprendre ce qui attirait réellement son fils dans cette femme. Peut-être y avait-il des qualités cachées, des valeurs partagées, ou même des émotions profondes qu'elle ne pouvait pas voir en surface. Elle savait qu'elle devait rester en contrôle et jouer habilement ses cartes pour maintenir son emprise sur son fils.
En même temps, alors qu'elle ressassait la situation dans son esprit, elle dût bien se lever, elle c'était en grande partie leurrée. Elle avait observée leur relation, l'avait vue se développer. Elle avait remarqué les petits gestes, les regards complices, les rires partagés. Seulement ... Elle n'y avait pas prêté l'attention nécessaire. Ce n'était tout simplement que les marques d'une amitié entre deux adolescents, rien de plus. Jamais elle n'aurait envisagée une évolution plus sentimentale. Elle allait devoir agir avec précaution. Si son fils était vraiment amoureux, il pourrait être difficile de le dissuader ou de le manipuler à sa guise. La confrontation frontale ne se solderait que par la brisure du lien qui unissait la mère à l'enfant. Et cela, elle ne le permettrait jamais.
Il fallait réfléchir, trouver un stratégie qui préserverait son influence tout en écartant cette garce sans que son fils ne la soupçonne.
C'était un terrain complexe, glissant, mais Koraki était déterminée à rester maîtresse de la situation, dissimulant son agitation derrière un sourire professionnel, continuant la conversation comme si de rien n'était. Pourtant, l'ombre de la colère et de l'inquiétude persistait dans son regard. Alors qu'elle continuait à converser, sa réflexion froide et calculatrice continuait de tourner, élaborant des plans pour maintenir sa position dans la vie de son fils, quels que soient les défis qui se présenteraient. Aussi écouta t-elle attentivement son fils parler de la domestique, essayant de saisir chaque détail qui pourrait être exploité à son avantage. Ses yeux semblaient pleins d'intérêt alors qu'elle posait ses questions en apparence innocentes.
- Gentille et drôle, tu dis ?, commença t-elle, un sourire doux sur son visage. Peux-tu me donner un exemple où tu as trouvé son sens de l'humour particulièrement charmant ?
Son fils se mit à raconter une anecdote, le visage illuminé par le souvenir. Sa mère acquiesça, naturellement, semblant totalement investie dans la conversation, ce prêtant même à rire elle-même alors qu'il décrivait la situation. Oui, cette jeune fille avait décidément beaucoup d'humour, il n'avait pas menti. Cependant, son esprit calculateur était en marche, cherchant des indices qui pourraient être utilisés pour affaiblir la position de la domestique.
- Y a-t-il eu des moments où elle t'a apporté un réconfort particulier ?
Elle observa attentivement la réaction de son enfant, essayant de déchiffrer s'il y avait des vulnérabilités émotionnelles qui pourraient être exploitées. Ses questions semblaient innocentes, mais elles étaient habilement conçues pour obtenir des informations utiles.
- Quant à sa beauté, tu as mentionné qu'elle était jolie, continua t-elle, ses yeux plongeant dans ceux de son fils. Peux-tu me donner des détails sur ce que tu trouves particulièrement attirant chez elle ?
Elle espérait que son fils ne percevrait pas ses questions comme étant envahissantes. Tout était fait avec subtilité, dans le but de collecter des renseignements pour mieux comprendre la dynamique entre lui et la domestique. Son sourire toujours en place, masquant habilement ses véritables intentions, elle écoutait son fils, élaborant mentalement les plans qui lui permettrait d'écarter définitivement la petite salope des attentions de son fils. Ce dernier, en effet, était encore trop jeune et trop innocent pour ce rendre compte que plus il parlait, plus il délivrait d'information. Informations que sa mère recueillait précieusement, à son avantage. Et plus il parlait, plus ses projets s'affinait.
Prend garde, Eri.
Bientôt, tu comprendra pourquoi il ne faut jamais se mettre en travers du chemin de la Reine des Catins, même par inadvertance.
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