Doucement, très doucement.

Je donne les consignes, pour ne pas blesser encore plus le griffon royal qui est à l’intérieur de la cage. C’est le résultat de la capture mené par une opération combiné par le RASF, mes gardes-du-corps et moi-même. Cela n’a pas été facile et je suis bien content d’avoir eu à disposition un Vezkang équipé d’une plateforme munie d’un palan.

Nous voilà maintenant arrivé à destination et je dois avouer que je suis bien content. Comme le reste de mes hommes, je suis couvert de poussière et absolument méconnaissable. Je pense que ma tenue a besoin d’un bon nettoyage et que je vais devoir passer des heures à laver mes cheveux.

Mais le résultat est là, le précieux animal est posé au sol, dans la cage que j’ai invoqué grâce à ma magie du métal et mis dans une sorte d’enclot avec un filet par-dessus pour l’empêcher de s’échapper. Il y a pas mal de monde qui vient pour regarder le fier animal, plus grand qu’un griffon commun.

La créature, elle, regarde tout le monde de haut, ce qui n’est pas bien difficile vu sa taille et je sens qu’elle ne va pas être très coopérative. Elle s’est légèrement blessée, en essayant de s’attaquer aux barreaux et je demande à l’officier en charge de la base, au milieu de ses hommes :

Quelle est la prochaine étape, on le soigne d’abord et après, on le relâche ?

J’avoue être novice dans ce genre de chose, ma spécialité, ce sont plutôt les chiffres, mais je ne doute pas que les personnes présentes en savent plus que moi. J’attends donc la suite des événements, de manière à ce que puisse enfin prendre une bonne douche, mes gardes-du-corps, m’ayant déjà quitté pour prendre la leur. Le griffon, lui continue à s’agiter, mais la cage est solide et il se fait plus mal qu’autre chose.

Ellana fut appelé par l'un de ses compères du RSAF en charge de la capture d'un certain griffon. Un début d'opération déjà frustrant puisque celui-ci ignora les questions de la jeune femme dans sa précipitation. Elle ne tarda donc pas à rassembler ses affaires et à rejoindre l'endroit de sa mission.
L'agitation autour de la bête la guida facilement. Entre le nombre de curieux et le nombre de personnes concernés par la capture, l'addition de tout ce monde n'était pas propice à la communication ni même aux soins de l'animal. C'est en soupirant leur inconscience qu'elle s'avança, se présentant.

"Bonjour bonjour Messieurs, je suis Ellana, chargée de m'occuper du griffon royal. Je suis vétérinaire et, pour vous répondre," en soutenant le regard de celui qui avait posé la question. "La prochaine étape est de me dire les circonstances de capture et notamment où sont ses blessures."

Dit-elle en finissant d'enfiler ses gants de cuirs et en remettant sa tresse en arrière.
Elle observa un peu le monde présent dans l'équipe de capture. Beaucoup d'hommes de main, un officier et celui qui avait posé la question. Bien que tous étaient poussiéreux, la saleté n'empêcha pas de reconnaître la différence entre un officier et ses hommes et... Cet homme. Ellana en devina un possible futur propriétaire de griffon puisqu'il n'avait en rien la dégaine d'un chasseur ou d'un vendeur dans le domaine.
Après sa brève observation subjective, elle perçut à nouveau à quel point tout ce monde était une masse étouffante.

"Et sans vous commander, il serait préférable autant pour le griffon que pour moi, qu'il n'y ai pas autant de monde qui s'agglutine. Seuls les concernés qui sont responsables et aptes à me répondre sont évidemment les bienvenus"

Elle fit un sourire poli avec ceci, histoire que sa frustration ne prit pas le dessus sur sa bienveillance. Par la suite, elle s’avança vers le prisonnier tout en écoutant les réponses des responsables. Il semblait stressé et d'autant plus frustré, il fatigua de s'agiter dans tous les sens, et se calma malgré lui. Ellana en profita pour se présenter en mettant sa main devant les grilles avant de murmurer quelque chose à l'animal. Quelque chose dans le regard du griffon changea, elle avait capté son attention. Elle sourit et tourna la tête vers les messieurs pour signaler qu'elle restait attentive à eux si besoin.

Alors que j’étais concentré sur l’officier attendant une réponse, je me fais vertement houspillé par une très belle elfe. Je ne peux m’empêcher de lui faire un grand sourire, les femmes de cette race ayant toujours représenté mon idéal féminin. Je me dépêche ensuite de lui répondre, pour ne pas l’énerver encore plus :

Dame Ellana, nous l’avons capturé alors qu’il avait attaqué un village. Il n’a pas reçu de blessure pendant sa capture, mais il s’est fait mal en frappant à de nombreuses reprises sur les barreaux.

Elle indique ensuite, de façon fort élégante, que nous devons débarrasser le plancher, chose que je m’apprêtais à faire, mais je me souviens d’un truc pratique et je lui indique :

Dame Ellana, quand vous avez besoin d’ouvrir la cage ou au contraire de la refermer, demandez-le-moi, c’est moi qui l’ai créé.

Je reste donc à deux mètres d’elle, car il n'y a pas de porte, pour ne pas la déranger, pendant qu’elle fait quelque chose de très dangereux, en mettant sa main devant la grille. Pour les autres employés de la RSAF, ils ont tous déserté les lieux, désireux de ne pas se prendre un coup de bec qui pourrait leur ouvrir le crâne comme une pastèque. Même l’officier en charge me souhaite bonne chance discrètement avant de rejoindre son bureau, pressé de faire du rien, je suppose.

Me voilà donc seul avec l’elfe, devant une créature qui pourrait me gober comme des céréales au petit-déjeuner. Je ne suis vraiment pas rassuré, mais je ne peux pas me débiner comme les autres, alors je lui demande d’une voix que j’espère ferme :

Dame Ellana, vous avez besoin de quelque chose ? Je sais soigner avec des sorts et je peux également vous ramener de la nourriture ou de l’eau, cela fait deux jours que nous l’avons capturé et il a toujours refusé de s’alimenter ou de boire.

Ellana prit en compte les informations qui lui était données. Elle en fut même ravie d'apprendre que la capture ait été faite avec assez de soin pour ne pas blesser l'animal, et même qu'elle ait été faite pour de bonnes raisons plutôt que de raisons égoïste.
Elle se réjouissait d'autant plus que ses accompagnants ne se résultaient qu'au nombre d'un seule personne.

Elle répondit tardivement à l'homme qui était resté avec elle. Bien qu'absorbé dans l'observation du griffon dans ses réactions, elle sortit une remarque sur la cage.

"C'est tout de même impressionnant de réussir à le garder dans une cage magique, cela doit demander beaucoup d’énergie…"

Elle n'attendait pas forcément de réponse, elle admirait simplement le travail qui se donnait pour garder la bête captive dans des conditions acceptable.
Pendant ce temps le griffon, lui, semblait s'être calmé dans la solitude, les plumes ne se hérissaient plus et ses yeux ne regardaient plus dans tous les sens. En lui parlant, il avait fini par se poser. Bien que le domptage était loin d'être commencé, il avait enfin conscience que ces êtres vivants là, ne leur voudrait pas de mal.
On ne pouvait pas entendre sa voix, mais le griffon en effet s'exprimait à la jeune femme. Elle discutait avec lui en s'accroupissant. Il était toujours aussi sauvage un peu comme un chaton effrayé, il se faisait peu bavard sur ses besoins si ce n'est d'être tranquille.

C'est alors que l'homme proposa d'une voix plus ferme que son assurance, s'il pouvait aider d'une quelconque manière. Ellana apprécia le geste, elle sourit et se releva, lui faisant face.

"Je pense qu'au niveau du soin je pourrais m'en charger, en revanche ça ne lui ferait pas de mal de se nourrir et surtout s'hydrater. Aujourd'hui il ne refusera pas." Tout en jetant un œil à celui-ci.

Bien que peu à l'aise, le jeune homme avait tout de même eut le courage de rester et la bienveillance d'offrir son utilité. Cela anima en elle un début de curiosité.

"Mais avant ça, est-ce que je peux savoir qui vous êtes ?"

Jusque là elle avait un air désintéressé pour toutes personnes présente et ne portait son intérêt que pour le griffon. Mais une fois en place elle se ravisa et fit enfin preuve de politesse.

La soldate du RSAF me fait un compliment et je lui réponds, d’un ton léger :

Non, ça va.

Cela reste un petit sort pour moi, normalement, je peux faire une cage de cinq fois plus grande que cela, donc c’est bon. Elle m’indique ensuite qu’elle est compétente pour le soin, mais veut bien la viande et la boisson. Je commence donc à faire quelques pas en direction des réserves, mais elle m’arrête pour me demander mon nom et je m’incline en souriant :

Désolé pour mon manque de savoir-vivre, je suis Tagar Reys.

Alors je ne sais pas si elle connaît mon titre, étant assez peu connu, comparé à la Griffe par exemple qui c’est bien mis en avant lors de son duel avec l’Empereur. En-tout-cas, je pars aussitôt à l’abreuvoir, utilisant ma magie du métal pour faire bouger rapidement les seaux et ensuite, c’est au tour du magasin pour la viande.

C’est donc bien chargé que je reviens, utilisant mes sorts pour en apporter six à la fois. Je dépose le tout devant la cage, plutôt content de moi. Je précise même à la soigneuse :

Si vous avez besoin que j’apporte un abreuvoir, je peux également le faire.

Je n’ai aucune idée si les griffons doivent beaucoup boire. Personnellement, je lui ferais plutôt un shampoing antipuce, du traitement vermifuge et un bon bain pour qu’il sente moins fort. C’est, pour moi, le strict minimum. Ensuite, il faudra lui nettoyer les plumes, couper les griffes, bref pas mal de chose pour le rendre enfin présentable. En tout cas, pendant que l’elfe réussit à calmer le volatile, je lui indique, lui tendant en même temps une barre de chocolat que j'ai pris dans ma besace :

C’est vraiment très impressionnant, vous faites cela depuis longtemps ?

C’est le problème avec les êtres à la vie longue, ils peuvent avoir des centaines d’années d’expériences.

"Enchantée Sir Tagar."

Répondit-elle avec un sourire. Après un échange de regard poli, il partit à la recherche de ce qu'elle avait demandé pour la bête. Lors de son absence elle continua de parler au sujet, elle semblait gagner sa confiance et même l'apaiser.
Une fois le buffet servit pour ce grand carnivore au retour de Tagar, il réussit à se nourrir, petit à petit tout en guettant les deux humanoïdes qui l'observait.

Ellana déclina l'idée de l'abreuvoir pour le moment puisque la viande accaparerait beaucoup plus facilement l'attention du griffon. En plein repas, elle en profita pour s'accroupir au plus proche de lui. Un côté de la cage où il s'adossait, couché. Elle déposa sa main avec précaution sur son dos plumé. Le souffle court, elle échangea un regard avec Tagar comme pour communiquer qu'elle avait réussit sans que le griffon ne s’énerva. Elle soupira, rassurée, puis commença le soin de par sa magie. Une faible lueur mauve émanait de sa main, et petit à petit, le griffon guérissait.

Puis Tagar posa sa question. Tout en continuant ses soins, elle répondit assez sereinement, le plus dur était fait.

"On peut dire ça oui."

Dit-elle avec un sourire espiègle, laissant volontairement du mystère. Elle secoua la tête lorsque l'homme lui tendit une barre de chocolat. Puis elle enchaîna.

"Le nom de famille de Reys ne m'est pas inconnu, est-ce que…"

Elle n'eut pas le temps de finir sa phrase qu'un coup de bec lui avait été asséné sur son avant bras. Le griffon n'avait plus de blessures mais avait toujours de la rancune. Ellana perdit sa position accroupie pour tomber sur les fesses. Et la pince qui lui avait été faite n'était pas un petit picage de poule mais bien d'un énorme bec de griffon qui la fit saigner.
L'elfe ne paniqua point mais gronda, sous un air ironique, la bête. Elle se maintint l'avant bras sanglant, se releva et essaya de rassurer le témoin.

"Eh bien, au moins il n'a plus de blessures. En revanche on aura besoin d'un dompteur pour celui-là."

Ellana dissimula la douleur sur son visage mais son corps rigide la trompait. Elle était honteuse d'avoir pensé calmer aussi aisément le griffon. Et la tâche n'était pas terminé, bien qu'il n'y avait plus de blessures, pour tout entretien à celui-ci, c'est bien elle qui devait s'en charger.

Malgré un regard méfiant, le griffon accepte de se nourrir et la soigneuse en profite pour m’indiquer qu’elle exerce ce métier depuis longtemps. Cela ne m’étonne pas, réussir à obtenir la confiance de ce griffon, n’est pas chose aisée. D’ailleurs, ce n’était pas complètement gagné, car l’animal la frappe avec son bec ! Elle saigne pas mal et je lui demande, d'un ton inquiet :

Vous allez bien ? Vous voulez que je vous soigne ?

Je peux m’occuper de blessure pratiquement mortelle, alors si elle accepte, je ferais bien attention de lui effleurer le bras le plus doucement possible, afin de ne pas lui faire mal. Ma magie n’émet pas de lumière comme la sienne, elle est simple et efficace, comme me l’ont appris mes différents tuteurs pendant mon enfance. Personnellement, je la trouve un peu brute, j’ai du mal à réaliser les choses qui demandent beaucoup de dextérité. En tout cas, j’indique à la jeune femme :

Vous allez devoir changer de vêtements et moi, je vais faire de même en prenant une bonne douche avant. J’aimerais beaucoup que vous vous chargiez de ce griffon, le but est que je puisse le monter et je vous apporterai mon aide, du moins si votre responsable est d’accord.

Je vois le chef de la base s’approcher, étant resté à distance raisonnable et nous dire :

Bien sûr, cela ne posera aucun problème, Ellana est une de nos meilleurs éléments et je suis certain qu’elle vous donnera toute satisfaction.

Je leur souris à tous les deux, contents que les choses se passent ainsi et je vais prendre une bonne douche dans le bâtiment correspondant. Un de mes hommes pendant ce temps, va me chercher une tenue dans ma demeure située non loin et c’est donc propre et bien mieux habillé que je rejoins la mage près de la cage du griffon.

"Vous allez bien ? Vous voulez que je vous soigne ?"

Tagar proposa ses soins, bienveillant, tout en s'approchant d'Ellana. Cependant lorsqu'il s'avança elle fit un geste brusque, éloignant son bras sur le côté. Soudain hostile, elle dénia l'aide de celui-ci. Sa volonté d'aider et d'être trop soucieux devenait presque douteux, de plus, Ellana n'était pas tactile. L'elfe reprit son air fermé qu'elle avait en début de mission. Une personne voulant être "trop bonne" cachait forcément autre chose, en règle générale.

Elle ne fit mine de rien concernant ses pensées à ce sujet.
Tagar proposa de changer de vêtements avec d'autant plus d'hygiène pour lui puisque depuis tout ce temps il se retrouvait poussiéreux, ce qui n'était pas vraiment confortable. Ils reprendraient la charge du griffon après, d'après ses dires.
Encore une fois, l'elfe déterminée refusa, elle se contenta de retrousser sa manche, d'utiliser de sa magie pour atténuer la douleur ainsi que l'épaisseur de la plaie. Elle tenait à continuer de s'occuper du griffon royal. Profitant d'être seule pour gagner du temps au domptage provisoire.
Au même moment, le supérieur d'Ellana passa pour obtenir un rapport détaillé et confirma l'utilité et la nécessité de la jeune femme. Après un court échange, il repartit sans plus d’événement pertinent.

Au départ de Tagar, Ellana plaqua les petites mèches volatiles qui s'étaient détachées de sa tresse, et se remit au travail. Elle apporta tous les soins au griffon et prit le temps de discuter avec lui jusqu'à ce qu'il s'ouvre à elle. Elle s'essaya à multiples reprises pour l'approcher et l'amadouer. Parfois elle tentera l'inverse, lui laissant plus d'espace et de solitude pour se calmer.

C'est au retour de Tagar, les mains sur les hanches, qu'elle sera victorieuse.
Au même moment, elle découvrira la véritable apparence de celui-ci une fois bien apprêté. De par son physique elle discernera un peu mieux qui il pouvait être.

Pendant que je rejoins la cage où se trouve le griffon, je pense au comportement de la jeune elfe quand je lui ai proposé de la soigner. J’ai bien compris que cela ne lui avait pas plu, alors qu’elle saignait pas mal. C’est sans doute pour cela, qu’elle a refusé de faire une pause et je la vois maintenant, avec simplement sa manche retrousser, la marque de sa blessure toujours bien présente, ses mains sur ses hanches, comme si elle m’attendait.

Je lui souris, bien plus à l’aise maintenant que j’ai mis une tenue bien plus correcte, un pantalon noir, une chemise blanche et une veste légère, noire également avec des broderies en fil d’argent. Le tout en tissus de très bonne qualité et avec mon épée familiale avec sa garde richement décoré dans son fourreau. Mes hommes se sont également nettoyés et surveillent de loin ce qu’il se passe, plus concentré à nettoyer leurs équipements que veiller sur ma sécurité, ils savent maintenant que je suis un petit gars prudent. D’ailleurs, quand je m’adresse à la dompteuse, je retourne à une formulation de politesse plus stricte, ayant bien compris qu’elle ne souhaite pas de familiarité :

Dame Ellana, notre invité semble beaucoup plus calme maintenant, félicitations.

Je vois bien que le griffon est moins méfiant et surtout, elle n’a pas de nouvelle blessure. Je peux ainsi lui demander :

Et maintenant, qu’elle est la prochaine étape ?

Je suppose qu’il va falloir le sortir de sa cage, un jour ou l’autre. Mais j’ignore complètement, s’il doit être entravé ou non. De toute façon, je ne ferais disparaître les barreaux que si elle me le demande, ne voulant surtout pas le contrarier. J’attends donc sa réponse, appréciant la fraicheur qui s'installe avec le soleil qui décline à l’horizon. Il ne va pas tarder à être l’heure du dîner et j’entends mon ventre qui gronde légèrement, garder ce sort en permanence est très consommateur en mana et je commence à avoir faim.

En découvrant la tenue et la chevelure de Tagar, Ellana serra la mâchoire, elle s'était mépris sur qui il était et enfin elle reconnu celui qu'on appelait "Le Coeur du Reike". Elle s'en voulait de ne pas l'avoir remarqué plus tôt. La présence constante des soldats n'était donc pas seulement pour le griffon et son altruisme définissait l'image du personnage qu'il était. Malgré cette erreur, elle ne changea pas son comportement pour autant, si ce n'est d'être plus attentive. Elle hocha la tête aux félicitations sans réellement porter d'intérêt, même si au fond, elle en était un peu fière.

"Je pense que pour la prochaine étape, vous pouvez vous permettre de le libérer. La cage n'est plus nécessaire et si besoin est, je saurais m'en charger."

Elle avait conscience de la quantité de mana que la cage drainait. Le crépuscule se montrait, Tagar avait l'air usé par la journée, d'autant plus que la chasse du griffon s'était déroulé dans la matinée même. Et pourtant il se montrait toujours aussi patient et serein malgré la fatigue. Pour Ellana, la blessure bêtement laissé béante, prenait le reste de son énergie, vidé par toutes ces tentatives de domptage. De plus, les soldats qui étaient restés dans leur coin depuis tout ce temps, attendaient de nouvelles directives. Ellana revisita ses dires.

"Cependant, nous pouvons peut être s'en occuper pour demain. La journée fut longue pour tout le monde et cette épreuve requiert toutes nos capacités."

Elle songea du regard Tagar, lui donnant le choix de la décision. Durant le dialogue, elle entoura son bras d'un bandage, sorti de sa trousse de soin. Elle renseignera aussi que son supérieur pourra se charger de garder le griffon dans un lieu plus convenable histoire de le garder pour la nuit. Il serait alors retenu dans un enclos non loin, paré pour le dressage le lendemain.

La jeune dresseuse m’indique que je peux enlever la cage et lui faisant confiance, je la dissipe. Cela me fait du bien, j’ai l’impression que l’on m’a retiré un poids de mes épaules, car mine de rien, le sort me pompait pas mal d’énergie. Après la jeune femme m’informe que la journée a été longue et comme je suis un petit gars malin, je sais lire entre les lignes. Je suis sûr qu’elle veut me dire de la laisser tranquille et de rentrer chez moi, alors, ne voulant pas la braquer, je lui réponds :

C’est entendu, je serai présent demain, à l’aube, pendant toute la matinée, ensuite, je devrais aller travailler et je ne reviendrais que le soir, est-ce que cela vous convient ?

Et oui, même si j’ai envie de rester plus longtemps, j’ai du boulot qui s’est accumulé pendant ma courte absence et que je dois traiter. C’est ce qui est dommage dans mon travail, même si j’ai bien formé mes adjoints, il y a toujours des décisions que je dois prendre. J’attends donc sa réponse et lui dit d’un ton plus doux :

Vous devriez vraiment soigner cette blessure, une infection est vite arrivée. Si vous ne voulez pas de mes soins, prenez au moins ceux de l’infirmière de la base, c’est important.

Je suppose qu’elle se méfie des hommes, après tout, notre pays possède un régime patriarcal et les hommes ont tendance à en profiter. Après, il faut dire que je ne partage pas cette opinion, ma mère étant le contre-exemple, et même lorsque mon père était en vie, elle dirigeait notre famille. Je lui fais donc un léger salut, avant de rentrer dans ma demeure.
À la première heure au matin, je suis devant l’enclos, avec une armure en cuir matelassé et des gants bien épais en cuir également, prêt à suivre les instructions de dame Ellana, espérant juste qu’elle sera de meilleure humeur, mon père m’ayant toujours enseigné que la nuit porte conseil.

Ils convinrent alors de se retrouver le lendemain à l'aube. Puis, comme à son habitude depuis leur rencontre plus tôt, Tagar, toujours aussi soucieux, insista sur la nécessité de guérir ce bras. Elle le remercia tout de même et le quitta pour se faire soigner auprès de ses pairs, avant de rentrer chez elle.

Bien que l'excès de politesse de Tagar semblait dissimuler un manque de perspicacité. Il n'avait pas moins raison au sujet d'une possible infection. Rien de très grave puisque la blessure avait été pris en charge, mais cela n'empêcha pas à Ellana d'avoir un peu de fièvre le lendemain. Cela ne pouvait être très visible, seulement un manque de concentration et de spontanéité pouvait la trahir.
Elle arriva tout de même en temps et en heure à l'endroit de rendez-vous. L'animation des lieux dormait encore, les couleurs de l'aube étaient encore timide, laissant des rayons rosé et jaune.
Tagar était arrivé un peu avant, différemment habillé de la veille et "paré pour du domptage actif" pensa-t-elle. Comparé à son associé, elle était plus décontractée. Une chemise blanc cassé souple et un pantalon de cuir sombre. Ses cheveux étaient attachés en une simple queue de cheval et l'on pouvait même apercevoir des petits brins de blés dépasser de son cuir chevelu.

"Bien le bonjour Sir Tagar, j'espère que vous avez pu récupérer depuis la veille."
Plutôt matinale, elle se montrait plus sympathique aujourd'hui.
"Est-ce que vous vous sentez prêt ?"

Elle regarda le griffon encore somnolant mais tranquille. Elle continua son échange avec Tagar, ils firent un bref topo, elle lui expliqua les approches qu'ils pourraient tenter. En premier lieu, se serait de se présenter à la bête. Se laisser sentir et éviter de céder à la peur. Le but serait d'être confiant tout en se montrant inoffensif. Cela semblait plutôt simple, le plus gros du travail avait été fait la veille, aujourd'hui tout se jouerait avec Tagar.

La jeune femme est là, à l’heure, habillée comme si on allait faire une simple promenade. Moi qui pensais qu’elle serait encore plus armuré que moi, elle est vraiment confiante dans ses capacités, malgré le coup de bec qu’elle s’est prise la vieille.
En-tout-cas, elle a l’air plus sympathique, comme quoi mon père avait raison avec son proverbe et je lui réponds en souriant :

J’ai très bien dormi, et vous ?

Elle me demande ensuite si je me sens prêt et je lui dis, toujours en souriant :

Je suis dans une forme olympique.

Puis nous discutons et j’applique à la lettre le plan qu’elle m’a indiqué. Je me mets donc devant le griffon, essayant de rester immobile, pendant qu’il me renifle. Étant d’un naturel prudent, j’ai beaucoup de mal à rester tranquille, mais je me force. Heureusement que j’ai indiqué à mes troupes, de prendre leur mâtiné, suite à notre chasse. Il ne reste que Robert, qui discute avec une jolie infirmière de la base. Il fait le joli cœur et je donnerai une bonne partie de ma fortune pour être à sa place.
Finalement, tout se passe bien, le griffon semble satisfait de son examen et me pousse même légèrement avec sa tête, par jeu semble-t-il. Je prends mon courage à deux mains et je le caresse doucement. Mes mains, protégées par les gants en cuir, semblent lui plaire et il se laisse faire quelques minutes, avant de partir de l’autre côté de l’enclos, me laissant seul, afin de boire.
Je rejoins alors l’elfe, afin de lui demander :

Je m’en suis bien sorti ?

Puis, une fois que j’ai entendu la réponse, je lui demande :

Quelle est la prochaine étape ?

Oui, je suis chaud comme la braise et si cela ne tenait qu’à moi, je prendrai une selle et direction les cieux !

La dialogue matinal établit l'humeur des deux personnages qui fut assez bonne. Un bref échange positif puis des explications sur la suite et Tagar se mit au travail. Ellana ne put s'empêcher de garder un sourire en coin.  La situation provoquait un certain amusement, c'était bien la première fois à cet homme là d'essayer de dompter un animal imposant. Mais il s'en sortait très bien et Ellana lui fit savoir avec encouragement.

"Formidable, ça s'est passé mieux que ce que je ne pouvais imaginer."
Elle ne put s'empêcher de lâcher un rire avant de continuer.
" Vous vous en êtes très bien sorti."

Avant de répondre à la seconde question de Tagar, Ellana passa par dessus la barrière afin de rejoindre le griffon. Il se présenta à elle, presque comme un gentil canasson docile, et donna un léger coup de tête à son épaule. En retour elle le tapota au niveau de la nuque puis répondit enfin au "jeune dresseur".

"Eh bien, maintenant on peut essayer de le monter n'est-ce pas ?"
Dit-elle en regardant Tagar d'un air malicieux. Elle se tourna ensuite vers le griffon pour lui murmurer quelque chose. Il y eut comme un petit temps de discussion entre les deux, puis Ellana reprit :
"Nous avons donc la confirmation de notre ami Lancelot, puisqu'il sera votre compagnon, autant savoir son nom. Il ne vous fait pas encore totalement confiance mais il saura vous l'accorder."

Enfin, elle se permit de le chevaucher à cru, montrant alors à Tagar ce qui différenciait la monte d'un cheval et d'un griffon, toujours restant au sol. Entre le fait d'éviter d'arracher les plumes, la corpulence plus épaisse qu'un destrier et sa marche distincte. Elle fit quelques ronds au pas avant de descendre aussitôt les explications terminées.

"Pour une réelle monte, je vous conseille plutôt de mettre une selle et des rênes. Ce sera plus désagréable pour lui mais plus pratique et sécuritaire pour vous."
Avant de partir chercher ce-dit équipement, elle rajouta un détail.
"Oh et, pour ce qui est du vol, c'est quasiment la même chose qu'au sol mais avec de l'instinct et une bonne accroche."

Elle fit un clin d'oeil puis quitta l'enclos pour rejoindre les écuries où le matériel pour le griffon y été stocké. Au passage, elle surprit l'instant romantique entre le soldat et l'infirmière. Ils se dévoraient des yeux tout en se faisant du rentre-dedans. Ellana leva les yeux au ciel tout en pensant qu'il était risqué d'être aussi distrait. Sans perdre de temps, elle balaya de la main cet évènement et rejoignit Tagar, avec le matériel. Selle, licol, rênes et même des produits de soins et d'hygiène pour plus tard.
Après avoir équipé la monture, Ellana s'occupera de la sécurité de la chevaucher.

J’ai droit à deux compliments coups sur coups et mon sourire s’élargit. Elle est également très à l’aise avec le griffon et je sens une véritable complicité entre eux. Elle me propose ensuite de le monter, comme quoi, ce n’était pas trop tôt et elle me montre l’exemple en le montant à cru. Elle doit avec des sacrés muscles fessiers, car si moi, je fais la même chose, j’aurais mal au fondement pendant des jours, j’en suis certain.

J’apprends également l’identité du griffon, Lancelot, qui est un très joli nom. Elle me propose ensuite de prendre une selle et des rênes et je hoche la tête pour marquer mon accord et mon soulagement également. Je l’attends donc, nourrissant la bête pendant qu’elle va chercher tout le matériel, une fois qu’elle est de retour, je lui indique :

Je suis déjà monté sur un griffon, la première fois, c’était lors de l’affaire de l’attentat contre la Reine, je ne sais pas si vous vous en souvenez, il y a maintenant quatre ans. À l’époque, j’avais été entraîné là-dedans, en tant que contrôleur Royal car nous soupçonnions un complot avec un détournement d’argent. J’ai donc été au Temple, lors de l’affrontement avec la créature géante. J’ai eu la chance de chevaucher un griffon alors, la vitesse était une chose essentielle et j’ai réussi à surmonter ma peur du vide. Être libre dans les cieux était une expérience fantastique que j’ai pu recommencer à de multiples reprises lors de mes voyages. Bref, je suis un grand fan de vol, et même si je ne suis pas un maître dans ce genre de voltige, je sais me tenir.

Voilà, je lui souris donc, tout en l’aidant à mettre les équipements sur Lancelot et une fois ceci fait, je lui demande :

Puis-je vous demander pourquoi vous avez refusé mes soins hier ?

Oui, cela n’a rien à voir, mais je vais confier ma vie à mon interlocutrice et autant savoir ce qu’elle me reproche.