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    Parwan Sahriki
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    Info personnage
    Race: Humaine
    Vocation: Combattant assassin
    Alignement: Neutre bon
    Rang: C
    qui suis-je ?:
    https://www.rp-cendres.com/t448-parwan-sahriki
  • Sam 2 Sep - 15:36
    On l’avait vue traîner sa cape brune entre les rues de l’Académie et celles des casernes. A son apparence unique, l’étrangère émergeait tout droit  de longues semaines passées dans les terres sauvages. Justice n’avait rien d’une ville-frontière, pourtant sa tunique révélait les plis étranges de vêtements ayant gelé plusieurs fois, leurs couleurs chaudes délavées par la terre s’infiltrant entre les mailles et qu’un rapide bain d’eau vive ne suffisait pas à déloger. En fait, le bleu de sa robe tournait au brun à mesure que celle-ci descendait sur ses genoux.
    L’humidité de la neige fondue semblait ne jamais avoir vraiment quitté les pans (pourtant bien secs) de ses larges vêtements, alourdissant la silhouette de celle dont les textiles, ordinairement, flottaient au vent.

    Sa démarche aussi témoignait des fatigues d’un long voyage, bien à l’écart des routes ; à travers les plaines de congères épaisses, par-dessus les enchaînements de falaises escarpées, sous un vent mordant et des températures négatives. Sa peau du centre-sekai avait perdu de sa saine pigmentation et elle s'appuyait visiblement sur son bâton de bergère pour marcher le long des rues de Justice. Par moment, elle tendait le cou et sondait la foule avec l’espoir naïf de reconnaître quelqu’un.

    Pourtant, derrière ses yeux aux paupières assombries, son âme criait victoire. Un triomphe modeste, entendons nous, car c’est à ses dieux qu’elle avait offert son épreuve. Ce périple, durant lequel elle s’était jurée de n'interagir avec quiconque et de ne suivre aucun chemin existant.

    Deux années de combats sanglants dans les replis des montagnes Shoumeïennes… Après des mois de félicité à guider sa disciple sous le regard des Astres, la guerrière croyait son heure venue. Elle mourrait au combat. Elle accepterait en souriant la lame du zélote qui la trancherait, la fin trop glorieuse d’un âme perdue comme la sienne.

    Mais son retour saine et sauve au Reike l’avait plongée dans un profond désarroi existentiel.

    Pourquoi vivre, à présent ? Comment et pour qui, si ce n’était pour sa famille et ce père qui ne voulait plus d’elle, sa fille veuve et infertile ?

    Les Astres étaient restés muets à ses questions et seul son cœur criait: “Athénaïs, Athénaïs, Athénaïs…” Inlassablement.
    Sa brillante et solaire disciple, son amie, celle qui ne quittait plus ses pensées. Elle voulait la retrouver, lui parler, partager du temps avec elle. Mais méritait-elle le bonheur de sa présence après cette vie d’égarement ?
    N’était-ce pas justement son cœur qui l’avait dérobée à son destin glorieux en choisissant de survivre aux combats ? Ne manquait-il pas à nouveau de l’égarer hors des chemins de la foi ?

    Incertaine de la volonté des Astres, elle s’était offerte à eux, entreprenant ce voyage mortel par les monts enneigés du nord de Taisen, puis à travers la toundra désolée des terres elfiques... avant d’enfin franchir les frontières de la République, coiffant le haut du lac Rebirth.

    Une fois de plus, les Astres s’étaient retenus de la rappeler parmi eux. Le Soleil Tout-Puissant ne lui refusait pas sa force, et la Lune Mère éclairait encore son passage. L’esprit de Parwan était libre d’aller sous leur regard éternel, toujours errant mais libre enfin. Elle pouvait retrouver sa disciple.

    ___

    Au cœur du quartier Reikois, dans le ciel du soir encadré des toits en tuiles rouges, Parwan parvient sur la Place au Saloir. Appuyée sur son bâton kerikh, elle sourit faiblement en voyant la petite fontaine toujours dressée au centre de l’esplanade, souvenir  de leur première rencontre. Reprenant sa marche, elle réprime une grimace. Cette fatigue, chaque muscle l’appelant à se laisser choir sur le pavé et à n’en plus bouger, la nomade la connaissait intimement. La limite du corps trahissait la limite de l’âme, car le premier était vassal de la seconde. Endurer, c’était faire preuve de foi, rendre grâce au don de vie, et la Lune ne bénissait que le repos des efforts accomplis.

    Alors, toute la journée, elle avait arpenté la ville avec une seule question aux lèvres: “Où se trouve Athénaïs de Noirvitrail ?”. Les couloirs de l’'Académie de Magie, où la nomade savait qu'elle avait passé plusieurs années, ne lui furent d’aucun secours. Elle plaida auprès de nombreux élèves et professeurs qui, bien que son nom leur soit connu, ne purent la renseigner et se montrèrent indifférents à sa quête.
    Quant aux casernes de l’armée, dont Parwan savait qu’Athénaïs était une mage, la question fut accueillie avec la froideur et la suspicion d’une herse qu’on vous abat sur le visage.
    L’armée connaissait l’affectation d’Athénaïs. Parwan le voyait dans leurs yeux. Mais ils choisissaient de se taire, l'accusant d'espionnage pour le compte de l'Empire. Quoi qu’il en soit, l’uniforme Républicain n’avait jamais été pour Parwan qu’une source de frustration et de mépris.

    Bredouille, elle s’était enfin résolue à frapper au domaine Noirvitrail.
    Pourquoi n’avait-elle pas commencé par là, me direz vous ? Peut-être pensait-elle qu’Athénaïs aurait fort à faire en journée, comme du temps précédant leur pèlerinage, et serait absente de la demeure ? Peut-être même serait-elle  loin de Justice ? Peut-être aussi que Parwan n’était pas entièrement prête à revoir Athénaïs ?

    On lui informe à la porte que la jeune femme est absente. Mais devant son insistance, on la laisse  entrer pour convenir d’une entrevue avec les illustres représentants de la lignée Noirvitrail ; les géniteurs d’Athénaïs, Justinia et Constantin Noirvitrail.

    Après plus d’une heure d’attente, on l’introduit dans une grande bibliothèque. L’échange est cordial mais sans chaleur.
    Durant la discussion d’usage, Parwan résume très brièvement les événements survenus durant la campagne de Shoumeï et les combats auxquels elle a participé. La nomade reste vague, consciente de faire face à deux têtes influentes d’une nation concurrente et le couple ne pose pas de question supplémentaire. Décidant que l’aimable vagabonde ne leur inspire pas d’opinion déplaisante, le couple délivre sans réticence la position de leur fille: Fort Scupios.
    La jeune femme en est le lieutenant. Justinia de Noirvitrail pointe même le lieu sur une carte ornant une table en verre. Une fortification au nord de Justice. Son index écrase le fort avec aplomb, comme si les couleurs familiales flottaient sur ses murailles maintenant que leur fille s’y trouvait.

    La Sahriki mémorise en silence les riches informations qu’offre la carte puis prend congé, non sans avoir fait part de sa profonde gratitude à ses hôtes.
    C’est l’odeur de la nuit fraîchement tombée qui l’accueille, une fois dans la rue. Parwan pourrait quitter l’enceinte de ces murs et dormir à l’abri des sous-bois, hors de cette cité éreintante. Mais à cet instant précis, son âme est un mélange de fatigue, d’impatience et de reconnaissance.

    Justice, l’inamicale, la  retorse, lui avait offert d’entre ses pierres la personne la plus chère à ses yeux, et une fois encore, la cité lui était bienveillante en la guidant vers elle.

    Pour cela, la nomade descend jusqu’aux canaux animés et s'agenouille pour prier. Au dessus de l’onde, elle rend grâce à la Bergère Céleste. Sous ses rayons, par dessus son reflet et au milieu des passants. La nomade priant souvent seule à l’étranger, elle se sent effleurée de tous ces regards et de ces commentaires échangés sur elle. Mais sa concentration ne vacille pas. Elle se rappelle une phrase pour fortifier sa pensée : Nul regard n’est plus intense que celui des Astres.

    Alors qu’elle se relève, quelques jeunes assis par terre autour d’un brasero s’approchent et lui offrent des brochettes de poisson, ajoutant même qu’elle avait “la classe”. Parwan accepte chaleureusement et s’éloigne avec son dîner, laissant les jeunes avec sa bénédiction, ce qui semble les réjouir.

    Elle disparaît sous un pont plus à l’est, là où les parapets s'agrandissent autour des canaux, et où il faut s’y pencher pour voir qui s’y trouve. Ni rat, ni rôdeur ne vient la troubler pour la nuit.
    Aux aurores, on la voit se rendre jusqu’aux quais pour prier le Soleil avant de se mettre en marche vers le nord.

    Laissant les remparts de la ville dans son dos, Parwan s’enfonce dans la campagne avec une certitude retrouvée. Elle sourit, même. Elle se rendait voir un officier, elle avait hâte de la féliciter !

    Au zénith, elle trouve un groupe de métayers abrités sous un verger afin d'identifier les baies qu’elle a ramassé en chemin. Il se trouve que seuls les petits fruits oblongs à la teinte laiteuse et violâtre sont comestibles. Elle n’a pas le loisir de partager la fraicheur du verger car un lanconda titanesque déroule brusquement sa masse tordue à la lisière du bois, causant la fuite du groupe en direction du hameau.
    Depuis le retour des Titans, la forêt est moins sûre que jamais pour les habitants hors des villes et les créatures de grandes tailles sont régulièrement  signalées proches des grands axes. La vagabonde des sables n’était pas taillée pour cette végétation claustrophobique et les rassemblements d’arbres ne lui avaient jamais inspiré que suspicion.
    Avec une vigilance redoublée, elle rallie Fort Scupios en début d’après-midi sans autre mauvaise rencontre.

    La caserne repose, naturelle, au centre d’une large avancée terrestre sur le lac Rebirth, et dont on devine au loin les côtes ouest, nord et est.
    Les abords des murs sont vierges de la moindre broussaille dans un périmètre de cent cinquante pieds ; les souches d’arbres dans différents états de décomposition témoignent de l’appétit en bois de la vieille fortification.
    Fort Scupios est un palimpseste de pierre grise, exhibant à sa surface, le témoignage de multiples démantèlements, reconstructions,  incendies et éboulements. Ses murailles hautes et inégales, toutes en subtiles avancées et creusements,  montrent ici les traces d’anciennes arches couvertes, indiquant un usage civil dans un lointain passé. Là, le mur intérieur d’un pigeonnier dont les briques arrachée servaient maintenant au corps d’une haute barbacane au-dessus de l’entrée. La taille de certaines pierres remontait à si loin que leur surface retournait à l’état de rocaille et que les appliques de fer destinées à leur maintien pleuraient leur oxydation brune sur plusieurs mètres en dessous d’elles.

    La nomade déglutit à l'approche du fort. Elle avait presque oublié que pour atteindre Athénaïs, elle devrait d’abord composer avec ses soldats. Que faire si l’entrée lui était refusée ? Si sa demande n’atteignait jamais les oreilles de son amie ? S’ils la rejettaient comme aux casernes de Justice ? Elle entretenait l’espoir d’une différente mentalité en pleine campagne mais l’incertitude lui labourait progressivement l’estomac.

    Il serait si simple de forger un mensonge, une urgence factice qui pousse les gardes à la mener devant leur maître. Mais Parwan est une Sahriki de sang, craignant les dieux et le regard des ancêtres, préférant la mort que de voir un mensonge quitter sa bouche. Face à la tragique tentation de la duperie, Parwan se rappelle à quel point il était ardu de garder son honneur intact.
    Son regard se durcit et sa prise se raffermit sur son bâton de marche. C’est l’âme pure qu’elle se tiendrait devant Athénaïs.

    Les herses levées sont tenues par trois sentinelles en uniforme. Les énormes panneaux de bois servant à refermer les portes semblent ne pas avoir bougé sur leurs gonds depuis une décennie.
    Le passage est assez large pour faire circuler une charrette de grande taille et la haute voûte abimée sur la longueur témoigne du haut dégagement de certains chargements.

    Dès qu’elle franchit le seuil, les trois soldats se mettent dans le passage de l’étrangère. Elle s’arrête.

    “Qu’est ce qu’on a là ? Z’êtes perdue, madame ?” Demande une garde au visage rougeaud sous son casque.

    Parwan plante ses yeux dans les siens et lui répond. L’intensité de son regard  incommode visiblement la troupière qui ne parvient à le soutenir plus d’un quart de seconde à la fois, se grattant le nez et se mordant nonchalamment l'intérieur des lèvres pour se donner une contenance.

    “Je m’appelle Parwan Sahriki, ma sœur. Je viens de loin pour rencontrer le lieutenant Athénaïs de Noirvitrail.”

    Le deuxième soldat, un jeune à à la barbe impertinente et clairsemée, considérablement voûté sur son arbalète,  pousse un petit “Hah !” silencieux, raillant sans doute son accent et la substance de sa requête. La troisième, leur supérieure sans doute, est une mage. Parwan le devine à son absence apparente d’arme blanche et aux amulettes qui ornent son cou. Ses cheveux blonds pendent de sa tête, tels les rideaux d’un théâtre de marionnettes,  et ses yeux… Lorsque les deux femmes se tournent l’une vers l’autre, Parwan fait immédiatement le deuil d’un échange raisonnable. La magicienne ressemble à Athénaïs dans ses expressions, la confiance de celles qui lisent beaucoup de grands livres, le port droit d’une fille de bonne famille… à la différence d’un sourire dépourvu de toute bienveillance. Cette femme lorgne Parwan comme si son esprit était  incapable de pensées complexes.

    “Et quelles… affaires as-tu avec elle ?”

    “Athénaïs est mon amie. Je veux simplement la voir."

    “C’est le prétexte le minable que j’ai jamais entendu. Tu veux pas directement nous dire où tu comptes la planter entre les côtes, par hasard ?” rétorque le jeune arbalétrier.

    “Mais… Je ne suis pas un assassin ! AthénaÏs était ma disciple, je l’ai initiée à la vérité du Shierak et… ” Antithéiste bas du front, le jeunot éclate de rire, vite rejoint par sa collègue au casque, avide de participer aux brimades.

    “Le lieutenant Athénaïs de Noirvitrail (la blonde met de l’emphase dans sa prononciation), archimage renommée, deux fois diplômée de Magic, écouterait passionnément les divagations d’une barbare poussiéreuse et ses dieux de conte pour enfant ? J’en. Doute.”

    L’éclat orangé dans les yeux de Parwan se refroidit d’une teinte mortelle.

    “L’ignorance ne pardonne pas le blasphème, ma sœur.”  prévient-elle entre ses dents. “Excuse toi et laisse moi passer.”

    “Mmh, non.” lâche la mage d’un air provocateur, s’approchant de son visage en souriant. Les deux gardes qui la flanquent affichent un sourire réjouit, voyant que la situation s’apprête à s’envenimer et qu’ils pourraient volontiers prendre part à l’action.  “Tu n’iras nul part. Tu vas retourner vendre des tapis dans ton empire d’arriérés avaleurs de sable, et ta “disciple” ne saura jamais que tu étais ici, pleurnichant à sa port...”

    Parwan crache au visage de la magicienne.
    La salive transparente s’étale sur son nez et en travers de ses lèvres, provoquant un mouvement de recul et un glapissement étouffé.
    Les deux gardes sont trop estomaqués pour réagir. Ils se tournent vers la magicienne furieuse. Elle veut leur dire de se saisir de la contrevenante mais se rappelle qu’elle ne peut ouvrir la bouche. Muette mais hors d’elle, la blonde foudroie Parwan du regard à l’instant où celle-ci renchérit sur un ton affectueux:

    “Traînée.”

    L’insulte obtient le résultat escompté.
    Les pupilles de la blonde s’embrasent littéralement alors que son bras gauche canalise une flamme prête à surgir au creux de sa main. Le sourire de la Sahriki s’agrandit alors qu’elle adopte une posture de combat qui fait gonfler sa cape.
    Une “Feu”, Parwan n’aurait pu rêver mieux. Pourtant, ses vêtements imploraient à une flamme de venir s’y loger pour la transformer en torche humaine. Mais inviter l’attaque pour mieux la contrer était une méthode privilégiée des femmes Sahrikis. Et la pyromancienne répond à l’invitation.
    Aveuglée par la rage, elle oublie toute discipline et frappe sauvagement pour relâcher son jet de flammes directement sur la poitrine de la nomade.

    Au lieu de reculer, Parwan comble l’écart  et agrippe son poignet, l’attirant à elle en enfonçant son genou dans son bas-ventre. Derrière sa cape, la main vomit un cône de chaleur ardente qui s’échappe de la gueule du bâtiment.
    Toujours maître de son adversaire, Parwan déroute le jet de flammes sur la lancière qui bascule contre le mur en gesticulant désespérément. Avant qu’elle n’atteigne l’arbalétrier, la magicienne, toujours contrainte en équerre, déroute son mana vers son bras droit et sauve son camarade.
    Mais Parwan, voyant que sa captive s’apprête à enflammer ses jambes de sa main libre, la projette vers l’arbalétrier pour le déstabiliser. Celui-ci s’écarte par réflexe pour dégainer son glaive, ce qui cause à la pyromancienne de perdre l’équilibre et de réceptionner son crâne contre la paroi de briques, produisant un son mat et sinistre.
    La réalisation de son erreur cause la perte du jeune soldat. Il baisse les yeux un court instant et calcule mal sa parade, manquant la trajectoire du long bâton qui vient percuter son casque de plein fouet. Son corps fait un tour complet sur lui-même avant de s’étaler au sol en plein milieu du passage.

    Le fracas de l’armure contre le pavé et les hurlements paniqués de la lancière essayant de s’éteindre en se roulant par terre arrêtent un groupe de soldats manutentionnaires à l'autre bout du passage.

    “Eh mais il se passe quoi là bas ?! Eh ! Vous ! Arrêtez-vous !”

    Mais la Sahriki est déjà sur eux. Son expression est fermée et pleine d’une détermination funeste alors que les coups s’abattent. Plus moyen de reculer à présent. Elle s’est faite l’ennemie de tous ceux qui habitaient ces murs. Athénaïs compris. Dès son affront au visage de la pyromancienne, elle s’y était résolue et les vaincrait un par un, si cela lui permettait de la revoir une dernière fois.
    Même si cela signifiait se battre contre elle, même si elle la haïssait, même si elle la rejetait, même si elle l’exécutait ou la jetait aux fers pour toujours.

    Les dieux le lui avaient autorisé; elle écouterait son cœur parler. Et il lui criait des folies qu’elle n’avait jamais entendu auparavant:
    “Ta vie, ton honneur et ta liberté, tout cela ne vaut rien à côté d’une dernière image d’elle. Bats-toi et trouve la !”
    La nomade n'en revient pas d’acquiescer de plein gré à cette passion, de voir que la raison l’a abandonnée.

    Mais elle l’aimait.
    Elle le comprenait à présent.
    Athénaïs était l’âme sœur qu’elle avait cherché toute sa vie.

    Au milieu d’un parterre de soldats gémissant au sol, Parwan évalue son environnement. La galerie couverte où elle se tient encadre une cour large à un étage. Dans les galeries, des soldats. Dans la cour, des soldats. Une forêt de tonneaux empilés, d’armes défiant le ciel sur leurs râteliers, de sacs de jute entassés, de matériel, d’engins de siège sous des toiles de tentes… et la rumeur d’un combat à l’entrée qui se répand.

    Parwan doit se rendre à l’étage. C’est là qu’elle trouvera son officier. En face d’elle, trop d’adversaires. A sa gauche, la galerie longe une seconde cour et au bout, un escalier de pierre.

    D’autres soldats, peinant encore à saisir la situation, s’approchent et interpellent Parwan à leur tour.

    La nomade saisit une torche sur son applique et la jette sur un tas de fourrage, puis d’un coup de bâton, affale la toile de tente qui couvrait l’ensemble avant de s’enfuir.

    La troupe qui arrive sur les lieux ne sait que faire entre éteindre le départ de feu, assister les blessés, garder l’entrée et poursuivre l'intrus. Rapidement, pourtant, on crie de sonner l’alerte.
    Parwan surgit dans le cloître de la seconde cour. Une demi-douzaine de troupiers républicains se tiennent sur son chemin, abasourdis. Sekai n’est plus en guerre et aucun habitant du fort, niché au cœur du territoire, ne s’attendait à une attaque, d’autant moins menée par une seule personne en pleine journée.
    En dépit du nombre, les chances sont en sa faveur, estime Parwan. C’est une troupe en pleine dissonance cognitive qu’elle affronte. Beaucoup n’ont pas un rôle combattant, leur posture de combat fait défaut et leurs frappes sortent tout droit d’un manuel, les exposant systématiquement à une contre-attaque dévastatrice.
    Ses adversaires se font plus nombreux. Elle enfonce des casques, déboite des mâchoires, brise des nez, casse des dents, éborgne des paupières et fend des côtes. Alors même que les renforts cherchent son dos, elle les tient à distance avec l’aisance d’une véritable guerrière du Reike.

    Combattre dans un escalier est éreintant et lui réclame des réserves qui ne se reconstituent pas en une nuit. Elle traite chaque humain, elfe ou nain comme un contretemps à neutraliser rapidement.
    Le chaos ambiant et l’impréparation empêche aux soldats descendant le large escalier et à ceux qui le montent de coordonner leurs attaques sur la dangereuse nomade. Les officiers en arrière aboient des ordres contradictoires rajoutant à la confusion. Ceux qui rassemblent le courage pour s’approcher et porter un coup dévalent généralement les marches l’instant d’après dans un cri de douleur. Petit à petit, la panique s'installe parmi ceux qui tentent de lui bloquer le passage, oubliant leur entrainement et agitant leur arme en tout sens, comme pour intimider une bête sauvage.

    Parwan atteint pourtant l’étage et reprend sa course. Désavantagée en intérieur, ses coups se font plus violents. Les adversaires qu’elle rencontre sont maintenant tout à fait équipés.
    Son rythme ralentit, confrontée à des boucliers tentant de la bloquer plutôt que de la vaincre.
    La nomade respire bruyamment, elle s'essouffle, vérifiant les pièces une par une, enfonçant des portes sans trouver l’objet de sa quête. Plus bas dans la cour, la cloche d’alarme sonne sans répit, .

    Parvenue à un croisement, elle pile. Derrière elle et a sa gauche, le gros de la troupe. D’autres gardes espérant la devancer au carrefour. Devant elle dans le couloir, deux mages étendent leur bras et Parwan est immédiatement prise d’un violent mal de tête qui lui brouille la vue. La seconde, une gobeline pensant bien faire, prévient: “Attention les yeux !” laissant à Parwan le temps de se protéger sous sa cape alors que l’espace est brusquement inondé d’un rayon de lumière pure, aveuglant tous les combattants malgré leurs paupières closes.
    Parwan, à moitié sonnée, s’extirpe à droite et déboule dans une salle circulaire, au premier étage de la tour centrale. Elle ferme la porte derrière elle et abat le minuscule verrou qui ne devait jamais servir.
    Au même moment, trois épéistes en armure intégrale apparaissent à l’autre bout de la pièce et, à l’unisson, mettent la lame au clair.
    La nomade serre les dents, leur posture est excellente.
    Elle s’approche et assaille le premier qui recule et manque de perdre l’équilibre face à son enchaînement. Une attaque en vrille repousse les deux autres arrivant dans son dos. Elle détourne un estoc et frappe le troisième en pleine visière. Sortant de l’encerclement, Parwan se jette en salto arrière par dessus une table, provoquant l’envol d’une pile de parchemins.

    Le combat se poursuit pied à pied avec les trois épéistes. Les échanges sont intenses et la Sahriki affaiblie est sur la défensive. Les rares fentes qu’elle produit n’atteignent que leur plastron. Ses trois opposants n’ont rien de prodiges mais ils s’entendent parfaitement, ne lui laissant que très peu d’ouvertures.

    Sa mana épaule chacune de ses esquives, elle est un tourbillon, agile, insaisissable.
    Soudain, le verrou de la porte explose. La porte cède sous la charge de ses poursuivants et le gros de la troupe surgit dans ce chaos qui lui était propre.
    Un capitaine, un oni dominant l’assemblée de plusieurs têtes, grogne et s’avance en faisant tournoyer une chaîne dentée de bas en haut.

    Il n’a que faire de ce duel et, alors qu’un nouveau groupe d’officiers en armure fait irruption d’une autre porte, l’oni bouscule ses hommes pour se donner le champ libre et libère la chaîne. Le fouet d’acier trouve la cheville de la nomade et referme ses dents sur elle.
    Parwan tente de s’en défaire mais le capitaine la ramène à lui comme un pêcheur. Elle doit redoubler d’adresse pour repousser les trois épéistes qui tentent de transpercer sa jambe libre. Lorsqu’elle sera à portée, elle fera volte-face et frappera l’oni au visage pour le faire lâcher prise.

    Parwan tourne le regard pour juger la distance qui lui reste...
    ...et c’est là qu’elle les voit.
    Au milieu des officiers, encadrés d’une rivière sombre de cheveux bouclés, régnant sur les reliefs de son visage au teint châtaigne, les yeux d’Athénaïs, aux couleurs du ciel d’été.
    L’image de sa républicaine brûle dans sa rétine et dérobe toute son attention. Plus rien n’importe pour Parwan car son coeur est en paix. Le visage de la nomade s’illumine d’un sourire de joie pure et elle s’exclame dans un souffle:

    “Athénaïs !”

    …avant qu'un coup de matraque assené par le capitaine ne lui fasse perdre connaissance. Parwan s’écroule inanimée sur le plancher.



    Un temps indéterminé s’écoule.
    Aveuglée par un bandeau, menottée, on la traîne  sur les genoux dans des sous-sols aux pavés humides.
    Une fois arrivés, on la jette contre des barreaux, on l’immobilise, puis on afflige son visage d'une série de gifles et de violents revers de main. Ses geôliers, certains avides de rétribution, l’agonisent d’injures.
    Elle est poussée au fond d’un cachot. Les fers à ses poignets sont accrochés à une chaîne qui les soulèvent au-dessus de sa tête et suspendent la captive à quelques centimètres du sol.
    Un inconnu à la respiration forte la dépouille de sa cape et de son écharpe. Il  lui arrache son voile et son chapeau plat, dévoilant sa longue tresse à la vue de tous avant de la frapper une dernière fois au visage.
    Alors, le tortionnaire la prive de ses bottes et dépouille ses jambes de leur pantalon. Ses mains viennent vicieusement pincer l'intérieur de ses cuisses en remontant sous sa robe.
    Parwan pousse un cri paniqué et se débat, son talon rencontrant à pleine vitesse le nez du déviant qui mugit de douleur. Une voix sérieuse, provenant de derrière la grille l’interpelle, fatiguée des actions de son collègue.

    “Hé, arrête tes conneries et sort de là, on a autre chose à foutre !”

    Le tortionnaire tire rageusement la tresse de Parwan en arrière, la laissant échapper un gémissement, et susurre dans son oreille:

    “Tu vas recevoir beeeaucoup de visites, la sauvage. Profite bien…”

    La grille de la cellule se claque avec fracas, on entend un tour de clé et plusieurs personnes s’éloigner, laissant Parwan seule avec le bruit des gouttes d’eau sur le sol et le léger balancement de sa chaîne  au-dessus du vide.

    Elle garde la tête en arrière quelques instants, craignant pour sa nuque.
    Contraintes de soutenir tout son poids, Parwan sent le fer des menottes s'enfoncer dans ses poignets. Elle s'étire sur la pointe des pieds, mais ses extrémités ne parviennent qu'à effleurer le sol inégal au hasard de ses balancements.

    Lentement, elle bascule sa tête en avant. Son crâne la lançe à l’endroit du coup de matraque et ses joues la brûlent après les gifles répétées. La nomade se sent sale et humiliée,  indécente de savoir ses cheveux exposés à la vue de tous, de sentir ses jambes pendre à l’air libre sous sa robe. Elle se sent nue sans son écharpe, sans sa cape sur ses épaules.

    “C’est le lot des vaincus.” Se répète-elle sans parvenir à contenir son angoisse grandissante. "C'est le lot des vaincus..."
    Car ils allaient revenir. Ils reviendraient et ils...

    Pour la première fois depuis des années, la peur submerge Parwan. Son visage se crispe. Elle se mord la lèvre pour se reprendre.

    Alors, l’image nouvelle d’Athénaïs lui apparait
    Son visage, son expression déconcertée, s’imprime dans l'obscurité et apaise doucement son cœur.
    " Son regard est plus beau que jamais." pense-t-elle en souriant faiblement.
    Et sa poitrine se gonfle d'un soulagement inexplicable.

    Un soupir. La nomade avait donc bien sacrifié sa liberté et son honneur pour une dernière image d’elle.
    C'était ainsi, Parwan n’aurait jamais connu le repos avant de la revoir.
    Car la paix de son âme valait mille fois les tourments de son corps.
    Il n'existait pas d’autre issue, elle le savait.

    Alors que, dans le silence de sa cellule, Parwan accepte progressivement son sort, son seul regret est de réaliser qu’aucune de ses prières n'atteindrait plus ses dieux d'ici.

    Elle aurait aimé entendre sa voix.


    - Parwan parle Shierak qiya en italique et Commun en bold color=#ffcc00 -
    L'art des retrouvailles [Ft. Athénaïs] N5r423
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    Athénaïs de Noirvitrail
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    qui suis-je ?:
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  • Ven 29 Sep - 21:22
    Un cliquetis et la porte de la cellule s’ouvrit, grinçant sur ses gonds.

    Une légère brise se met à souffler dans la pièce où seul une maigre lumière subsiste, apportant dans son sillage l’odeur d’un tournesol. La prisonnière n’était enfermée que depuis une heure et déjà, elle recevait de la visite. Trop aimable de la part des soldats républicains, qui avaient certainement hâte de l’interroger. Pourtant, aucun murmure, aucun ricanement, ne vint accompagner cette visite impromptue. Seulement un silence pesant.

    Il y eut un craquement sinistre, comme si l’on broyait du métal à la pince et soudain, la nomade tomba sur le sol, ses chaines s’écrasant lourdement autour d’elle sur le sol dallé. L’invité à l’odeur de tournesol souleva le corps endolori de la nomade et la pressa contre elle.

    L’étreinte dura plusieurs minutes. Dans ces ténèbres, seul le silence accompagna les deux femmes. Les mots étaient inutiles à cet instant. Des années de séparation ne pouvaient faire oublier au maître l’étreinte de son apprentie. Ses bras enveloppant le corps meurtri de son maître, le lieutenant Athénaïs de Noirvitrail tentait de transmettre en une étreinte l’ensemble de ses émotions.

    La perte … La voir partir pour honorer son devoir envers le royaume

    L’espoir … Celui de la voir un jour réapparaître sur les berges du lac

    Le soulagement … Celui de l’apercevoir enfin, après toutes ces années, aux portes de la caserne.

    La honte … Celle de n’avoir pas pu retenir ses hommes à temps et de devoir attendre que leur attention soit détournée pour pouvoir agir.


    Des larmes coulèrent le long de ses joues, mélangeant dans une confusion sans nom la honte et le soulagement. Soulagement de la savoir en vie … Honte que ses soldats l’aient mise dans cet état. Elle la serra de plus belle contre elle, ne voulant en aucun cas rompre le contact. Elle l’avait tant attendue et tant espérée … Il était hors de question qu’on la lui enlève à nouveau. Et quiconque se mettrait en travers de son chemin finirait au fond d’un puits.

    La demoiselle à la robe bleu relacha son étreinte et posa ses mains sur les épaules de la nomade. Délicatement, son front se posa contre le sien, sa chevelure s’entremêlant à la sienne tandis que le bout de son nez se mettait à frotter le sien. Il n’y avait pas besoin de mots. Tous les sentiments d’Athénaïs étaient condensés dans ce simple geste.

    D’une pensée, elle fit sauter les dernières entraves qui retenaient Parwan. Le métal craqua et chuinta, avant de rendre l’âme, éparpillé sur le sol dans des gerbes d’étincelles éclairant la pénombre. Les mains de la magicienne quittèrent alors les épaules de Parwan et saisirent ses joues. Les larmes qui coulaient de ses joues faisaient briller des prunelles azur à la lueur de la torche blafarde tandis que ses lèvres se posèrent sur celle de sa compagne.

    La demoiselle à l’odeur de tournesol serra à nouveau la nomade contre elle. Elle était revenue vers elle, après toutes ces années. Elle était en vie … Et c’était tout ce qui comptait à cet instant.



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