2 participants
Page 2 sur 3 • 1, 2, 3
Citoyen du monde
Altarus Aearon
Messages : 410
crédits : 1438
crédits : 1438
Info personnage
Race: Humain-elfe
Vocation: Guerrier combattant
Alignement: Loyal neutre
Rang: C
Vestoria sut parfaitement rebondir sur les dires de son ami. D'abord, elle sut jouer de pseudo-exigence vis-à-vis d'une tenue plus présentable vu qu'elle était de haute lignée. Altarus n'était pas noble de naissance, sa famille ne se positionnant pas vraiment comme telle, mais était assez ancienne au sein de Melorn pour mériter un certain respect de la part des grandes familles nobliautes elfiques. Bien qu'une branche des Aearon s'étaient installés à Kaizoku, versant un peu dans la piraterie, elle avait encore bonne réputation, bien que lui, un bâtard humain, se mêle à leur sang. Lui n'avait pas la pression familiale que subissait son amie, par son sang mêlé angélique.
Bon, concernant sa tenue… Il voulut répliquer de manière plaisantine, que la jeune femme le devançant en aborder un point un peu... particulier. Altarus, au lieu de rougir au rappel qu'il n'avait aucune femme qui l'attendait dans un manoir ou dans une riche demeure, ou même à Kaizoku, porta silencieusement son verre de vin pétillant de Melorn, savourant une petite gorgée qui lui chatouilla déjà le palais. Ainsi, il n'aura pas à répondre et laissera la part belle à la jeune femme, même si elle avait parfaitement raison. C'est juste... que ce n'était pas dans ses priorités. Il était demi-elfe, il avait le temps pour lui, après tout, comparé à un simple humain.
Il posa son verre.
"Les familles comme la tienne ne prendront pas le risque de "bannir" un de leur membre, même pour des prétextes... de lignée. "
Oui, il savait que certains nobles n'appréciaient pas les sangs-mêlés, estimant que cela corrompait le sang pur de leur race. Mais ils n'étaient pas des barbares, ni des animaux. Ils ne tuaient pas ce qu'ils estimaient être "sale". Certains toléraient les individus à moitié elfiques, à certains égards. Les demi-humains passaient encore... mais dans le cas de Vestoria, c'était une autre affaire.
Il reprit une autre petite gorgée, le temps d'entendre la suite des dires de son amie. Il y avait effectivement une possibilité que son père opte pour un mariage avec une autre famille, loin de Melorn. Ainsi, il ne l'aurait plus dans les pattes, mais resterait dans les intérêts de sa lignée, sans se préoccuper plus que cela du sort de sa propre fille, qui n'avait pas choisi d'être demi-ange.
"Tu ne dois rien à ta famille, même si actuellement, ils veillent aux finances de tes études actuelles. De la manière dont ils te traitent, tu auras tout à fait le droit de prendre une autre voie, même si cela ne sera pas aisé. "
Elle n'aura pas les facilités que lui avait pu bénéficier.
"Je te souhaite de réussir dans tes objectifs. Tu es douée, tu sauras te faire un nom au sein de tout le Sekaï"
Il tut la suite de ses songes. Il ne voulait pas briser ses espoirs de se faire reconnaître comme un véritable membre de sa famille en essayant de prouver sa valeur. Ses proches étaient trop renfermés sur eux même pour accepter Vestoria comme une des leurs à part entière. Elle aura beau faire, pour lui, elle ne pourra que s'y approcher, sans jamais avoir la reconnaissance espérée de la part des siens.
La suite de la soirée se fit plus joviale, plus amusante. Les deux amis s'échangèrent des anecdotes croustillantes comme amusantes. Altarus n'était guère bavard d'ordinaire, mais en la compagnie de Vestoria, il se relâchait plus aisément. Il y avait une confiance instaurée depuis plusieurs décennies qu'il n'avait pas avec son propre équipage. Plus que de l'amitié ? Peut-être ? L'alcool aidait aussi, dans cette partie de conversation, même si le demi-elfe veillait à ne pas vider son verre trop vite, pour ne pas trop s'enivrer. Puis vint le moment de quitter les lieux.
Dehors, Altarus inspira longuement l'air frais. Cela soulagea cette sensation de chaleur qui montait à ses joues. L'alcool échauffait le sang. Il était bien, il devait le reconnaître. Demain, il n'aura même pas la gueule de bois. Durant leur marche, ils ne croisèrent personne. Et ce n'était pas plus mal. Puis, après avoir passé une petite ruelle, à l'éclairage un peu faiblard, la jeune femme reprit la parole. Aux deux mots qui sortirent en premier de la bouche de Vestoria, Altarus cessa presque de respirer, tellement la surprise était grande ?
*Pardon ? *
Sa pensée interrogative eut l'explication à cette soudaine affirmation. Son amie lui avait attrapé le bras, il croisa son regard. Elle était vraiment sérieuse. Plus encore, quand elle lui prit la main, le pressant avec une chaleur qu'il ne lui connaissait pas. L'alcool, peut-être ? Non, elle était sérieuse. Son visage était marqué par cette décision poussée par le désespoir de se retrouver à jamais dans une vie qui ne lui correspondait pas. Le jeune homme réfléchit quelques secondes et son autre main vint couvrir celle de la métisse angélique.
"Vestoria, je...."
C'était si soudain. Et puis, il ne pouvait pas réellement cacher qu'il l'appréciait. Savoir qu'elle endurait un total déni de son propre beau-père, de sa propre famille... Qu'elle ne sera qu'une simple marchandise pour la renommée de gens qui ne connaissaient pas le véritable cœur de Vestoria. Et s'il prenait cette voie, s'il acceptait de répondre à son attente ? Il sait qu'il y avait une forme d'engagement derrière.
"L'appui des Amala m'importe peu. Si cela peut t'aider à t'apporter une voie d'avenir plus heureuse, pour enfin te libérer de ton beau-père. Alors oui, je lui demanderai ta main en personne. Mais prend le temps de réfléchir une fois bien reposée, Vestoria. Même si ce ne sera qu'un moyen pour te soutenir à ma manière, te permettre de t'échapper de la tyrannie familiale... qui sait ce qu'on tentera contre toi pour t'empêcher d'accomplir tes souhaits personnels. ".
Il attendit quelques secondes avant de reprendre.
"Si tu es toujours décidée à t'orienter sur ce chemin-là, il faudra me dire à quoi je dois m'attendre, et ce qu'on attend d'un prétendant en termes de dot, car nul doute qu'il y aura une. "
On serait capable de lui demander l'impossible, juste pour contrecarrer les projets de son amie.
Bon, concernant sa tenue… Il voulut répliquer de manière plaisantine, que la jeune femme le devançant en aborder un point un peu... particulier. Altarus, au lieu de rougir au rappel qu'il n'avait aucune femme qui l'attendait dans un manoir ou dans une riche demeure, ou même à Kaizoku, porta silencieusement son verre de vin pétillant de Melorn, savourant une petite gorgée qui lui chatouilla déjà le palais. Ainsi, il n'aura pas à répondre et laissera la part belle à la jeune femme, même si elle avait parfaitement raison. C'est juste... que ce n'était pas dans ses priorités. Il était demi-elfe, il avait le temps pour lui, après tout, comparé à un simple humain.
Il posa son verre.
"Les familles comme la tienne ne prendront pas le risque de "bannir" un de leur membre, même pour des prétextes... de lignée. "
Oui, il savait que certains nobles n'appréciaient pas les sangs-mêlés, estimant que cela corrompait le sang pur de leur race. Mais ils n'étaient pas des barbares, ni des animaux. Ils ne tuaient pas ce qu'ils estimaient être "sale". Certains toléraient les individus à moitié elfiques, à certains égards. Les demi-humains passaient encore... mais dans le cas de Vestoria, c'était une autre affaire.
Il reprit une autre petite gorgée, le temps d'entendre la suite des dires de son amie. Il y avait effectivement une possibilité que son père opte pour un mariage avec une autre famille, loin de Melorn. Ainsi, il ne l'aurait plus dans les pattes, mais resterait dans les intérêts de sa lignée, sans se préoccuper plus que cela du sort de sa propre fille, qui n'avait pas choisi d'être demi-ange.
"Tu ne dois rien à ta famille, même si actuellement, ils veillent aux finances de tes études actuelles. De la manière dont ils te traitent, tu auras tout à fait le droit de prendre une autre voie, même si cela ne sera pas aisé. "
Elle n'aura pas les facilités que lui avait pu bénéficier.
"Je te souhaite de réussir dans tes objectifs. Tu es douée, tu sauras te faire un nom au sein de tout le Sekaï"
Il tut la suite de ses songes. Il ne voulait pas briser ses espoirs de se faire reconnaître comme un véritable membre de sa famille en essayant de prouver sa valeur. Ses proches étaient trop renfermés sur eux même pour accepter Vestoria comme une des leurs à part entière. Elle aura beau faire, pour lui, elle ne pourra que s'y approcher, sans jamais avoir la reconnaissance espérée de la part des siens.
La suite de la soirée se fit plus joviale, plus amusante. Les deux amis s'échangèrent des anecdotes croustillantes comme amusantes. Altarus n'était guère bavard d'ordinaire, mais en la compagnie de Vestoria, il se relâchait plus aisément. Il y avait une confiance instaurée depuis plusieurs décennies qu'il n'avait pas avec son propre équipage. Plus que de l'amitié ? Peut-être ? L'alcool aidait aussi, dans cette partie de conversation, même si le demi-elfe veillait à ne pas vider son verre trop vite, pour ne pas trop s'enivrer. Puis vint le moment de quitter les lieux.
Dehors, Altarus inspira longuement l'air frais. Cela soulagea cette sensation de chaleur qui montait à ses joues. L'alcool échauffait le sang. Il était bien, il devait le reconnaître. Demain, il n'aura même pas la gueule de bois. Durant leur marche, ils ne croisèrent personne. Et ce n'était pas plus mal. Puis, après avoir passé une petite ruelle, à l'éclairage un peu faiblard, la jeune femme reprit la parole. Aux deux mots qui sortirent en premier de la bouche de Vestoria, Altarus cessa presque de respirer, tellement la surprise était grande ?
*Pardon ? *
Sa pensée interrogative eut l'explication à cette soudaine affirmation. Son amie lui avait attrapé le bras, il croisa son regard. Elle était vraiment sérieuse. Plus encore, quand elle lui prit la main, le pressant avec une chaleur qu'il ne lui connaissait pas. L'alcool, peut-être ? Non, elle était sérieuse. Son visage était marqué par cette décision poussée par le désespoir de se retrouver à jamais dans une vie qui ne lui correspondait pas. Le jeune homme réfléchit quelques secondes et son autre main vint couvrir celle de la métisse angélique.
"Vestoria, je...."
C'était si soudain. Et puis, il ne pouvait pas réellement cacher qu'il l'appréciait. Savoir qu'elle endurait un total déni de son propre beau-père, de sa propre famille... Qu'elle ne sera qu'une simple marchandise pour la renommée de gens qui ne connaissaient pas le véritable cœur de Vestoria. Et s'il prenait cette voie, s'il acceptait de répondre à son attente ? Il sait qu'il y avait une forme d'engagement derrière.
"L'appui des Amala m'importe peu. Si cela peut t'aider à t'apporter une voie d'avenir plus heureuse, pour enfin te libérer de ton beau-père. Alors oui, je lui demanderai ta main en personne. Mais prend le temps de réfléchir une fois bien reposée, Vestoria. Même si ce ne sera qu'un moyen pour te soutenir à ma manière, te permettre de t'échapper de la tyrannie familiale... qui sait ce qu'on tentera contre toi pour t'empêcher d'accomplir tes souhaits personnels. ".
Il attendit quelques secondes avant de reprendre.
"Si tu es toujours décidée à t'orienter sur ce chemin-là, il faudra me dire à quoi je dois m'attendre, et ce qu'on attend d'un prétendant en termes de dot, car nul doute qu'il y aura une. "
On serait capable de lui demander l'impossible, juste pour contrecarrer les projets de son amie.
Citoyen de La République
Sixte V. Amala
Messages : 184
crédits : 1454
crédits : 1454
Info personnage
Race: Elfe (mi-ange)
Vocation: Guerrier assassin
Alignement: Chaotique Neutre
Rang: D
Vestoria n’avait jamais envisagé de se marier, elle ne l’avait jamais souhaité non plus. Virkas le savait. Mais elle avait compris très tôt que son jour viendrait, non pas parce qu’elle changerait d’avis mais parce qu’il ne lui en laisserait pas le choix. La demi-sang, n’était à ses yeux qu’un poids pour sa famille et qu’y avait-il de plus à faire que de la marier avec l’espoir de la voir partir loin d’ici ? Pas grand chose. Mais là encore, son ascendance posait problème ; elle avait peut-être l’apparence d’un elfe mais ni dans son esprit, ni dans son âme elle n’en était une. Il l’avait su dès son plus jeune âge, dès qu’elle s’était montrée médiocre en magie, qu’elle s’était désintéressée de l’alchimie au profit des dagues et des bagarres avec ses frères aînés. Vestoria était la plus petite de sa fratrie, la plus mince également mais c’était sans nul doute celle qu’il avait le plus de mal à maîtriser. Ses sœurs étaient toutes tempérées et délicates, elles ravissaient leurs époux et étaient une véritable source de fierté pour Virkas et les Amala. Mais Vestoria elle… Était comme sa mère. Cette pensée lui donna la nausée. Elles avaient les mêmes cheveux blonds, le même caractère impétueux et irrévérencieux mais la fragilité que portait cette enfant était différente de celle de sa mère, c’était comme si elle avait appris à en tirer avantage. Contrairement à sa mère qui avait été d’une facilité déconcertante à châtier.
- Alors comme ça, le bâtard Aearon souhaite t’épouser. Ca n’avait rien d’une question et son ton était volontairement glacial. Devant lui, bien droite sur une chaise avec le menton haut comme si elle le défiait de le lui faire baisser, se tenait sa belle-fille. Avec son visage aux traits ronds, à peine sortie de l’adolescence et ses yeux bleu-vert - ceux de sa mère encore-. Les sourcils sombre de Virkas convergèrent l’un vers l’autre. - Combien lui as-tu promis ? Il vit un nerf se contracter sur la mâchoire de la jeune femme.
- Oui, répondit-elle poliment mais malgré ses efforts pour le dissimuler l’on sentait la sécheresse de ses paroles. - Je ne lui ai rien promis. Je… J’ai.
- Il ne t'aime pas. Affirma Virkas tout en sondant les émotions qui se bousculaient sur le visage de Vestoria. Il fut surprit d’y lire de la résignation, elle savait qu’il ne s’agissait guère d’amour que de stratégie. Pourtant Altarus était venu lui demander sa main en personne et Virkas, pris de cours, avait eu du mal à dissimuler sa surprise. Evidemment, marier Vestoria était un projet qui prenait forme années après années mais il n’avait encore pu mettre la main sur le prétendant idéal : celui dont le prestige ne serait pas un déshonneur pour sa famille et qui voudrait bien d’un demi-sang au caractère détestable et bagarreur. Virkas s’était arraché les cheveux sur cette dernière question. Ses filles étaient si simples à modeler et à discipliner qu’elles avaient trouvé de bons époux avec une facilité déconcertante. Ses fils, également, avaient été aisé à marier quoique les empêcher d’engendrer des bâtards fut sans doute la tâche la plus ardue. Mais Vestoria, par les huit, était une vraie plaie et surtout, elle n’était pas sa fille. Elle était celle de sa mère et de cette créature maudite. Il ne l’aimait pas, ne l’avait jamais aimé et ne tenait pas à ce que cela change. Néanmoins, il se refusait à entacher son nom en la promettant à un mariage risible et sans valeur, elle était déjà une humiliation suffisante. Alors si une famille aussi honorable que les Aearon voulait de sa bâtarde aux ailes décharnés, ils pouvaient bien la lui prendre.
- Asaël, son frère aîné, non plus n’aimait pas Varda lorsqu’ils se sont mariés.
C’était vrai, Asaël avait consenti à épouser sa prétendante uniquement par devoir mais ce mariage avait finalement été couronné de succès puisque Varda avait mis au monde le premier petit-fils Amala moins d’une décennie après leur mariage.
- Tu n’as pas tort. Je m’entretiendrais avec ton fiancé pour les modalités de ton mariage. Maintenant sors d’ici. Les yeux de Virkas, si sombre qu’on en distinguait à peine la pupille la jaugèrent une dernière fois alors qu’elle était en train de se lever et pendant un instant il eut l’impression que c’était sa propre épouse qui était en train de s’en aller.
Vestoria était engoncée dans une robe dont le corset lui donnait l’impression d'étouffer. C’était néanmoins une très belle pièce faite de dentelles de Melorn, de détails brodés, de pierrerie et de finesse. Ses épaules étaient dégagées et ses cheveux relevés dans un chignon compliqué qui lui avait arraché une multitude de grimaces de douleur. Un voile opaque recouvrait son visage et en dessous, ceignant son front, le diadème en pierre d’amant de sa mère. Malgré le désamour de Virkas à son encontre, il n’avait pas lésiné sur les moyens pour son mariage et elle n’avait rien à envier à ses sœurs. L’une d’elles attendait d’ailleurs à ses côtés dans le vestibule où un tapis rouge passait sous la porte en face d’elle, à la manière d’un chemin tracé tout droit vers son destin.
- Arrête de marcher, tu me donnes le tournis. Pesta son aînée en lui lançant un regard désapprobateur.
- Je ne suis plus très sûre d’avoir envie d’épouser qui que ce soit. Lui confia Vestoria.
- C’est ton devoir de femme.
- Et si je décidais de…
- Évite de t’enfuir, papa ne le pardonnera pas. Tu as déjà été bien trop choyée.
- Je n’ai pas…
- Tu as été trop choyée. Ta naissance à été le début de notre déchéance à tous et pourtant tu respires encore. Alors je t'assure, tu as bien plus que ce que tu mérites.
Vestoria se tut. Si certains de ses frères et sœurs ne lui tenaient pas rigueur de la mort de leur mère, ce n’était pas le cas de tous et elle devina que la présence de celle-ci était exactement ce qu’avait voulu Virkas. Il était certain que sa fille l’empêcherait de s’en aller au contraire d’Asaël ou Célébrian qui auraient pu être tentés de lui offrir un échappatoire.
- Ah. Murmura son aîné lorsque, de l’autre côté de la porte, les notes de musiques moururent pour entamer une autre mélodie qui fit louper un battement au cœur de Vestoria. - Tiens. Elle lui lança presque un bouquet de fleurs bleues, réajusta d’un mouvement sec le voile sur son visage. - Je serais derrière la porte, si tu t’avises de renoncer… Un sourire malsain étira les lèvres joliment dessinées de sa sœur. - Ne t’avises pas de le faire. Sinon je te ferai regretter d'avoir voulu échapper à ce mariage moi-même. Vestoria déglutit péniblement et vint se placer devant les portes.
Grandes, gravées d’entrelacs et d’arabesques dont elle n’arrivait pas à saisir les histoires, les portes de la cathédrale de Melorn lui semblaient infranchissables. Elle n’avait qu’une envie, soulever ses jupes et fuir aussi loin qu’elle le pourrait de cette maudite cité, de ce mariage et de sa famille. Mais elle savait ce qui l’attendait au-delà, un mariage dont elle ne voulait certes pas mais un ami aussi, qui avait consenti à lui sacrifier sa liberté au profit de la sienne. Malgré ses inquiétudes, elle savait qu’il valait mieux que ce soit Altarus, son ami, qui obtienne d’elle ce qu’un époux était en droit de réclamer plutôt qu’un inconnu qui la forcerait à devenir l’épouse serviable qu’on attendait d’elle. Altarus au moins la comprenait et l’appréciait, tout espoir n’était pas vain. Alors lorsque le crescendo fit vibrer l’air et que les portes s’ouvrirent sur elle, elle avança les épaules droites et le menton haut, vers l’avenir inéluctable auquel elle avait été promise.
- Alors comme ça, le bâtard Aearon souhaite t’épouser. Ca n’avait rien d’une question et son ton était volontairement glacial. Devant lui, bien droite sur une chaise avec le menton haut comme si elle le défiait de le lui faire baisser, se tenait sa belle-fille. Avec son visage aux traits ronds, à peine sortie de l’adolescence et ses yeux bleu-vert - ceux de sa mère encore-. Les sourcils sombre de Virkas convergèrent l’un vers l’autre. - Combien lui as-tu promis ? Il vit un nerf se contracter sur la mâchoire de la jeune femme.
- Oui, répondit-elle poliment mais malgré ses efforts pour le dissimuler l’on sentait la sécheresse de ses paroles. - Je ne lui ai rien promis. Je… J’ai.
- Il ne t'aime pas. Affirma Virkas tout en sondant les émotions qui se bousculaient sur le visage de Vestoria. Il fut surprit d’y lire de la résignation, elle savait qu’il ne s’agissait guère d’amour que de stratégie. Pourtant Altarus était venu lui demander sa main en personne et Virkas, pris de cours, avait eu du mal à dissimuler sa surprise. Evidemment, marier Vestoria était un projet qui prenait forme années après années mais il n’avait encore pu mettre la main sur le prétendant idéal : celui dont le prestige ne serait pas un déshonneur pour sa famille et qui voudrait bien d’un demi-sang au caractère détestable et bagarreur. Virkas s’était arraché les cheveux sur cette dernière question. Ses filles étaient si simples à modeler et à discipliner qu’elles avaient trouvé de bons époux avec une facilité déconcertante. Ses fils, également, avaient été aisé à marier quoique les empêcher d’engendrer des bâtards fut sans doute la tâche la plus ardue. Mais Vestoria, par les huit, était une vraie plaie et surtout, elle n’était pas sa fille. Elle était celle de sa mère et de cette créature maudite. Il ne l’aimait pas, ne l’avait jamais aimé et ne tenait pas à ce que cela change. Néanmoins, il se refusait à entacher son nom en la promettant à un mariage risible et sans valeur, elle était déjà une humiliation suffisante. Alors si une famille aussi honorable que les Aearon voulait de sa bâtarde aux ailes décharnés, ils pouvaient bien la lui prendre.
- Asaël, son frère aîné, non plus n’aimait pas Varda lorsqu’ils se sont mariés.
C’était vrai, Asaël avait consenti à épouser sa prétendante uniquement par devoir mais ce mariage avait finalement été couronné de succès puisque Varda avait mis au monde le premier petit-fils Amala moins d’une décennie après leur mariage.
- Tu n’as pas tort. Je m’entretiendrais avec ton fiancé pour les modalités de ton mariage. Maintenant sors d’ici. Les yeux de Virkas, si sombre qu’on en distinguait à peine la pupille la jaugèrent une dernière fois alors qu’elle était en train de se lever et pendant un instant il eut l’impression que c’était sa propre épouse qui était en train de s’en aller.
***
An - 150 | Melorn
Vestoria était engoncée dans une robe dont le corset lui donnait l’impression d'étouffer. C’était néanmoins une très belle pièce faite de dentelles de Melorn, de détails brodés, de pierrerie et de finesse. Ses épaules étaient dégagées et ses cheveux relevés dans un chignon compliqué qui lui avait arraché une multitude de grimaces de douleur. Un voile opaque recouvrait son visage et en dessous, ceignant son front, le diadème en pierre d’amant de sa mère. Malgré le désamour de Virkas à son encontre, il n’avait pas lésiné sur les moyens pour son mariage et elle n’avait rien à envier à ses sœurs. L’une d’elles attendait d’ailleurs à ses côtés dans le vestibule où un tapis rouge passait sous la porte en face d’elle, à la manière d’un chemin tracé tout droit vers son destin.
- Arrête de marcher, tu me donnes le tournis. Pesta son aînée en lui lançant un regard désapprobateur.
- Je ne suis plus très sûre d’avoir envie d’épouser qui que ce soit. Lui confia Vestoria.
- C’est ton devoir de femme.
- Et si je décidais de…
- Évite de t’enfuir, papa ne le pardonnera pas. Tu as déjà été bien trop choyée.
- Je n’ai pas…
- Tu as été trop choyée. Ta naissance à été le début de notre déchéance à tous et pourtant tu respires encore. Alors je t'assure, tu as bien plus que ce que tu mérites.
Vestoria se tut. Si certains de ses frères et sœurs ne lui tenaient pas rigueur de la mort de leur mère, ce n’était pas le cas de tous et elle devina que la présence de celle-ci était exactement ce qu’avait voulu Virkas. Il était certain que sa fille l’empêcherait de s’en aller au contraire d’Asaël ou Célébrian qui auraient pu être tentés de lui offrir un échappatoire.
- Ah. Murmura son aîné lorsque, de l’autre côté de la porte, les notes de musiques moururent pour entamer une autre mélodie qui fit louper un battement au cœur de Vestoria. - Tiens. Elle lui lança presque un bouquet de fleurs bleues, réajusta d’un mouvement sec le voile sur son visage. - Je serais derrière la porte, si tu t’avises de renoncer… Un sourire malsain étira les lèvres joliment dessinées de sa sœur. - Ne t’avises pas de le faire. Sinon je te ferai regretter d'avoir voulu échapper à ce mariage moi-même. Vestoria déglutit péniblement et vint se placer devant les portes.
Grandes, gravées d’entrelacs et d’arabesques dont elle n’arrivait pas à saisir les histoires, les portes de la cathédrale de Melorn lui semblaient infranchissables. Elle n’avait qu’une envie, soulever ses jupes et fuir aussi loin qu’elle le pourrait de cette maudite cité, de ce mariage et de sa famille. Mais elle savait ce qui l’attendait au-delà, un mariage dont elle ne voulait certes pas mais un ami aussi, qui avait consenti à lui sacrifier sa liberté au profit de la sienne. Malgré ses inquiétudes, elle savait qu’il valait mieux que ce soit Altarus, son ami, qui obtienne d’elle ce qu’un époux était en droit de réclamer plutôt qu’un inconnu qui la forcerait à devenir l’épouse serviable qu’on attendait d’elle. Altarus au moins la comprenait et l’appréciait, tout espoir n’était pas vain. Alors lorsque le crescendo fit vibrer l’air et que les portes s’ouvrirent sur elle, elle avança les épaules droites et le menton haut, vers l’avenir inéluctable auquel elle avait été promise.
Citoyen du monde
Altarus Aearon
Messages : 410
crédits : 1438
crédits : 1438
Info personnage
Race: Humain-elfe
Vocation: Guerrier combattant
Alignement: Loyal neutre
Rang: C
Altarus se retenait de tirer le col qui le démangeait. Ça grattait même. D'ordinaire, il n'avait aucun souci à porter des tenues adaptées pour les circonstances très... particulières. La cérémonie d'aujourd'hui en était même une qu'il n'aurait jamais cru devoir "subir" en personne, en étant même un des deux acteurs mis en avant. Mais là, ce qui entourait... non, ce qui enserrait son cou le collait comme une seconde peau. Le maître-couturier avait donc été contraint de se surpasser, y passant quelques nuits d'ailleurs. Et tout avait été fait sur mesure. Il avait cousu de ses propres mains chaque pièce vestimentaire pour que le demi-elfe soit le plus resplendissant possible, et ce, malgré les fortes exigences de celui-ci. Le jeune capitaine avait tenu à garder sa sobriété habituelle et la couleur qui était sienne depuis bien des années, à savoir le sombre, le noir... l'obscurité. Ainsi, échappait-il aux couleurs trop vives ou trop colorées à son goût, et ce, au grand dam de ses proches vivant à Melorn.
Pour cette journée unique, la veste, d'un noir profond aux reflets mats, était ajustée presque à la perfection et s'évasait légèrement vers le bas, évoquant la noblesse de sa moitié elfique. Les épaules légèrement structurées et les coutures discrètes perfectionnaient l'ensemble. De délicats entrelacs brodés en fil d'argent, rappelant les vagues de la mer, ornaient avec une belle simplicité les manches et le bas de la veste. Le pantalon, assorti à la veste, descendait droit et ajusté. Une bande de satin noire entourait chaque pan du pantalon à mi-mollet pour offrir une petite transition avec le cuir noir des bottes lustrées. Une bande argentée qui descendait sur leur bord extérieur donnait l'impression de contempler une petite gravure d'une longue et fine cascade de montagne.
En somme, Altarus était splendide. Comme jamais il ne l'avait été auparavant. Et aujourd'hui, il se sentait très mal à l'aise. Pour qui le connaîtrait, cela se verrait à son visage serré par un stress tout à fait classique pour des hommes en âge de prendre femme. Donc, il n'y avait pas que ce col serré dans cette histoire : il se mariait.
Il avait accepté d'aider Vestoria en la "demandant" en mariage, réussissant à négocier tant bien que mal avec les bien-pensants de sa famille que le beau-père acariâtre de la demi-angélique. Les Aearon étaient une vieille lignée elfique, qui demeurait discrète malgré ses bonnes positions sociales. Ils étaient un peu plus ouverts que la famille de Vestoria pour ce qui était des demi-sangs, mais visaient avant tout leurs intérêts. Quelle famille de bonne réputation ne faisait pas cela ? Heureusement, Altarus avait trouvé ce qui convenait aux deux parties et maintenant, il était là, attendant la venue de sa "promise". Il appréciait profondément la jeune femme. Leur première rencontre avait été... percutante. Il eut envie de sourire à ce souvenir pour la peine. Mais la tension croissante n'aidait en rien à paraître serein. Et puis, il y avait tous ces invités présents, qui patientaient en murmurant, en ragotant. Il n'y prêta pas attention, se concentrant sur les décorations qui embellissaient les lieux comme elles embaumaient. Celle ou celui qui avait contribué à cela avait réussi, avec une extraordinaire prouesse, avec un peu de magie sans nul doute, englobant le minéral de la salle en quelque chose d'un poil plus sauvage, d'une nature à moitié domptée... À croire que la nature en personne avait conçu avec amour et patience chaque colonnade fleurissante de plantes verdoyantes, aux larges feuilles gris-bleutées couronnées ici et là de grandes fleurs à la blancheur fragile. Ces couleurs dominaient la teinte crémeuse du marbre des murs. La voûte elle-même était faite des mêmes lianes fleuries, s'entrelassant, s'enroulant... comme pour marquer l'union entre la terre, la mer et le ciel.
Il porta doucement son attention sur le vieil elfe qui patientait dignement pour l'arrivée de la jeune métisse à marier. Quand les premières notes de flûte s'élevèrent en de douces mélodies, Altarus manqua de sursauter et pivota en direction de la porte qui s'ouvrait pour laisser apparaître la personne tant attendue. Il fut surpris de l'emballement de son cœur dans sa poitrine. Et cette sueur froide soudaine entre ses omoplates, elle n'avait pas lieu d'être normalement. Elle était une amie. Une amie proche certes, mais une amie qu'il appréciait en toute amitié sincère. Alors pourquoi se sentait-il si mal ?
Pour cette journée unique, la veste, d'un noir profond aux reflets mats, était ajustée presque à la perfection et s'évasait légèrement vers le bas, évoquant la noblesse de sa moitié elfique. Les épaules légèrement structurées et les coutures discrètes perfectionnaient l'ensemble. De délicats entrelacs brodés en fil d'argent, rappelant les vagues de la mer, ornaient avec une belle simplicité les manches et le bas de la veste. Le pantalon, assorti à la veste, descendait droit et ajusté. Une bande de satin noire entourait chaque pan du pantalon à mi-mollet pour offrir une petite transition avec le cuir noir des bottes lustrées. Une bande argentée qui descendait sur leur bord extérieur donnait l'impression de contempler une petite gravure d'une longue et fine cascade de montagne.
En somme, Altarus était splendide. Comme jamais il ne l'avait été auparavant. Et aujourd'hui, il se sentait très mal à l'aise. Pour qui le connaîtrait, cela se verrait à son visage serré par un stress tout à fait classique pour des hommes en âge de prendre femme. Donc, il n'y avait pas que ce col serré dans cette histoire : il se mariait.
Il avait accepté d'aider Vestoria en la "demandant" en mariage, réussissant à négocier tant bien que mal avec les bien-pensants de sa famille que le beau-père acariâtre de la demi-angélique. Les Aearon étaient une vieille lignée elfique, qui demeurait discrète malgré ses bonnes positions sociales. Ils étaient un peu plus ouverts que la famille de Vestoria pour ce qui était des demi-sangs, mais visaient avant tout leurs intérêts. Quelle famille de bonne réputation ne faisait pas cela ? Heureusement, Altarus avait trouvé ce qui convenait aux deux parties et maintenant, il était là, attendant la venue de sa "promise". Il appréciait profondément la jeune femme. Leur première rencontre avait été... percutante. Il eut envie de sourire à ce souvenir pour la peine. Mais la tension croissante n'aidait en rien à paraître serein. Et puis, il y avait tous ces invités présents, qui patientaient en murmurant, en ragotant. Il n'y prêta pas attention, se concentrant sur les décorations qui embellissaient les lieux comme elles embaumaient. Celle ou celui qui avait contribué à cela avait réussi, avec une extraordinaire prouesse, avec un peu de magie sans nul doute, englobant le minéral de la salle en quelque chose d'un poil plus sauvage, d'une nature à moitié domptée... À croire que la nature en personne avait conçu avec amour et patience chaque colonnade fleurissante de plantes verdoyantes, aux larges feuilles gris-bleutées couronnées ici et là de grandes fleurs à la blancheur fragile. Ces couleurs dominaient la teinte crémeuse du marbre des murs. La voûte elle-même était faite des mêmes lianes fleuries, s'entrelassant, s'enroulant... comme pour marquer l'union entre la terre, la mer et le ciel.
Il porta doucement son attention sur le vieil elfe qui patientait dignement pour l'arrivée de la jeune métisse à marier. Quand les premières notes de flûte s'élevèrent en de douces mélodies, Altarus manqua de sursauter et pivota en direction de la porte qui s'ouvrait pour laisser apparaître la personne tant attendue. Il fut surpris de l'emballement de son cœur dans sa poitrine. Et cette sueur froide soudaine entre ses omoplates, elle n'avait pas lieu d'être normalement. Elle était une amie. Une amie proche certes, mais une amie qu'il appréciait en toute amitié sincère. Alors pourquoi se sentait-il si mal ?
Citoyen de La République
Sixte V. Amala
Messages : 184
crédits : 1454
crédits : 1454
Info personnage
Race: Elfe (mi-ange)
Vocation: Guerrier assassin
Alignement: Chaotique Neutre
Rang: D
Vestoria avait le cœur au bord des lèvres lorsque les grandes portes s’ouvrirent en un grincement sinistre. Dans son dos, sa soeur était comme une dague dont on aurait enfoncé la pointe entre ses reins pour la forcer à avancer, elle ne pouvait plus faire demi tour sans se couvrir de honte, ni sans encourir le courroux aussi bien de sa soeur, que de sa famille mais aussi de sa belle famille. Sa salive s’épaissit et elle déglutit bruyamment alors que l’intérieur de la cathédrale était si grand qu’elle eut l’impression que les titans en personne s’étaient penchés pour la regarder avancer. Tous les regards avaient d’ailleurs converger dans sa direction, scrutateurs, jugeants, mauvais et quelques rares, heureux. Asaël qui était au plus prêt de l’autel eut un bref mouvement de tête, quelque chose qui voulait dire : “avance bon sang !”. A cet instant, Vestoria regretta qu’il ne l’ait pas accompagné. Elle aurait voulu s’accrocher à son avant bras pour se soutenir aussi longtemps que possible, pour aider ses jambes de coton à la porter jusqu’à son futur époux. Mais elle était seule, personne n’avait voulu se dévouer. Ni Virkas, ni Célébrian, ni Asaël, ni aucun de leurs frères et sœurs. Vestoria avait alors compris une chose qu’elle savait pourtant depuis longtemps : elle resterait toujours l’enfant de la disgrâce, celui dont la naissance les avaient privés de leur mère. Peu importe qu’elle eut été un bébé, qu’elle n’ait rien demandé à personne, son visage était associé à une douleur si profonde chez eux que même les siècles n’avaient pu les guérir complètement. Même si certains membres de sa famille la traitaient correctement, presque avec affection, elle resterait toujours à l'illégitime. A cette pensée, la jeune elfe releva le menton et son regard les défia tous.
Altarus était beau. Plus qu’elle ne l’avait jamais vu. D’aussi loin qu’elle se trouvait, elle pouvait deviner la finesse du tissu autant que sa qualité et la manière dont il enserrait la courbe de son dos musclé était délicieuse. La couleur de ses vêtements était sombre. C’était à se demander s’il n’assistait pas à son propre enterrement. Peut-être était-ce le cas, après tout il venait de se sacrifier par égard pour elle, uniquement parce qu’elle lui avait demandé. Petite égoïste qu’elle était, capable d’enfermer son ami le plus cher dans un cage dorée qui le rendrait sans nul doute malheureux, uniquement par peur d’être seule. Vestoria le savait et parfois cela lui faisait perdre le sommeil mais elle avait plus peur encore de cet inconnu à qui l’on aurait offert son corps, sa dot, son existence et ses plus belles années.
Ses yeux azurin se rivèrent sur ceux du pirate et elle se concentra uniquement sur lui, réduisant son monde aux deux saphirs d’un bleu si profond qu’il lui rappelait les eaux du large. Bientôt, elle n’entendit plus les notes de musique qui continuaient de jouer pour combler son immobilité, ni les chuchotis qui s’étaient élevés tout autour deux, elle ne vit plus Asaël qui lui lançaient des regards moitié furieux moitié inquiet, Virkas qui jetait des regards à sa sœur dans son dos pour la forcer à avancer. Elle ne voyait plus que lui : sa planche de salut au milieu de la tempête. Enfin, elle avança et la cathédrale elle-même sembla pousser un soupir de soulagement.
Contrairement à l’attente qui avait précédé son cheminement, la traversée passa en un éclair. Avant même de s’en rendre compte Vestoria était en train de grimper les marches qui la menaient au nouveau chapitre de sa longue existence. Son voile traînait derrière elle comme un linceul près à l’accueillir, il lui semblait aussi lourd qu’un cadavre mais elle ne cessa d’avancer jusqu’à ce que la main d’Altarus ne s’empare de la sienne, presque timidement. Là, remarqua-t-elle, elle tremblait des pieds à la tête. Ses doigts serrèrent ceux de son promis et son regard exprima tout son désarroi. “Je suis désolée” eut-elle envie de lui dire. “Tu devrais t’enfuir tant que tu le peux encore”. Aurait-elle ajouté. “Ils trouveront quelqu’un d’autre pour moi et je saurai m’en accommoder, file tant que tu le peux. Ils ne te forceront pas à épouser quelqu’un tout de suite, tu as le temps de faire un mariage d’amour”. Mais elle était incapable de prononcer le moindre mot. Elle était bien trop égoïste pour cela. Alors elle ne fit rien d’autre que de s’accrocher à lui comme si sa vie en dépendait et d’une certaine façon c’était le cas.
L’office dura une éternité durant laquelle ses yeux ne cessèrent d’accrocher le visage d’Altarus, exactement comme ses mains qui restèrent agripper aux siennes avec tant de force que ses phalanges étaient blanches comme neige. Ce ne fut que lorsqu’il dû les lâcher pour relever son voile et révéler son visage qu’elle consentit à le libérer. L’homme des divins se tourna vers elle et Vestoria sut exactement ce qu’elle avait à faire.
- Sous le regard des huit, moi, Vestoria Amala, lie mon âme à la tienne. Aujourd’hui je te promets… Sa voix se brisa, ses mâchoires se contractèrent et elle manqua de broyer le bouquet qu’elle n’avait pas lâché de sa main qui ne tenait pas celle d’Altarus. - Aujourd’hui, je te promets mon éternelle fidélité et mon respect le plus profond. Ses yeux balayèrent pour la première fois l’assemblée, s’assurant que son beau-père était satisfait puis elle accrocha à nouveau les yeux du pirate et prononça des vœux qui n’étaient adressés qu’à lui. - Je jure de protéger tes rêves autant que ta liberté, Altarus. Hélas, Vestoria était jeune. Elle ne savait pas encore à quel point cette petite promesse serait difficile à tenir.
Altarus était beau. Plus qu’elle ne l’avait jamais vu. D’aussi loin qu’elle se trouvait, elle pouvait deviner la finesse du tissu autant que sa qualité et la manière dont il enserrait la courbe de son dos musclé était délicieuse. La couleur de ses vêtements était sombre. C’était à se demander s’il n’assistait pas à son propre enterrement. Peut-être était-ce le cas, après tout il venait de se sacrifier par égard pour elle, uniquement parce qu’elle lui avait demandé. Petite égoïste qu’elle était, capable d’enfermer son ami le plus cher dans un cage dorée qui le rendrait sans nul doute malheureux, uniquement par peur d’être seule. Vestoria le savait et parfois cela lui faisait perdre le sommeil mais elle avait plus peur encore de cet inconnu à qui l’on aurait offert son corps, sa dot, son existence et ses plus belles années.
Ses yeux azurin se rivèrent sur ceux du pirate et elle se concentra uniquement sur lui, réduisant son monde aux deux saphirs d’un bleu si profond qu’il lui rappelait les eaux du large. Bientôt, elle n’entendit plus les notes de musique qui continuaient de jouer pour combler son immobilité, ni les chuchotis qui s’étaient élevés tout autour deux, elle ne vit plus Asaël qui lui lançaient des regards moitié furieux moitié inquiet, Virkas qui jetait des regards à sa sœur dans son dos pour la forcer à avancer. Elle ne voyait plus que lui : sa planche de salut au milieu de la tempête. Enfin, elle avança et la cathédrale elle-même sembla pousser un soupir de soulagement.
Contrairement à l’attente qui avait précédé son cheminement, la traversée passa en un éclair. Avant même de s’en rendre compte Vestoria était en train de grimper les marches qui la menaient au nouveau chapitre de sa longue existence. Son voile traînait derrière elle comme un linceul près à l’accueillir, il lui semblait aussi lourd qu’un cadavre mais elle ne cessa d’avancer jusqu’à ce que la main d’Altarus ne s’empare de la sienne, presque timidement. Là, remarqua-t-elle, elle tremblait des pieds à la tête. Ses doigts serrèrent ceux de son promis et son regard exprima tout son désarroi. “Je suis désolée” eut-elle envie de lui dire. “Tu devrais t’enfuir tant que tu le peux encore”. Aurait-elle ajouté. “Ils trouveront quelqu’un d’autre pour moi et je saurai m’en accommoder, file tant que tu le peux. Ils ne te forceront pas à épouser quelqu’un tout de suite, tu as le temps de faire un mariage d’amour”. Mais elle était incapable de prononcer le moindre mot. Elle était bien trop égoïste pour cela. Alors elle ne fit rien d’autre que de s’accrocher à lui comme si sa vie en dépendait et d’une certaine façon c’était le cas.
L’office dura une éternité durant laquelle ses yeux ne cessèrent d’accrocher le visage d’Altarus, exactement comme ses mains qui restèrent agripper aux siennes avec tant de force que ses phalanges étaient blanches comme neige. Ce ne fut que lorsqu’il dû les lâcher pour relever son voile et révéler son visage qu’elle consentit à le libérer. L’homme des divins se tourna vers elle et Vestoria sut exactement ce qu’elle avait à faire.
- Sous le regard des huit, moi, Vestoria Amala, lie mon âme à la tienne. Aujourd’hui je te promets… Sa voix se brisa, ses mâchoires se contractèrent et elle manqua de broyer le bouquet qu’elle n’avait pas lâché de sa main qui ne tenait pas celle d’Altarus. - Aujourd’hui, je te promets mon éternelle fidélité et mon respect le plus profond. Ses yeux balayèrent pour la première fois l’assemblée, s’assurant que son beau-père était satisfait puis elle accrocha à nouveau les yeux du pirate et prononça des vœux qui n’étaient adressés qu’à lui. - Je jure de protéger tes rêves autant que ta liberté, Altarus. Hélas, Vestoria était jeune. Elle ne savait pas encore à quel point cette petite promesse serait difficile à tenir.
Citoyen du monde
Altarus Aearon
Messages : 410
crédits : 1438
crédits : 1438
Info personnage
Race: Humain-elfe
Vocation: Guerrier combattant
Alignement: Loyal neutre
Rang: C
Quand elle fit son apparition, il manqua de rester bouche bée. Heureusement, sa mâchoire ne s'ouvrit pas, lui épargnant de ressembler à un merlan hors de l'eau aux yeux écarquillés. Pas une seule seconde, il ne la quitta des yeux, jusqu'à ce qu'elle lui tende délicatement une main, qu'il saisit sans hésitation, malgré le trouble qu'elle provoquait en lui. Quand ses yeux à l'azur parfait rencontrèrent les siens, il était comme captivé. Jamais encore il ne l'avait vue aussi superbe. Même si la robe qui la revêtait était sophistiquée et richement ornée de pierreries, de fines dentelles et de motifs savamment brodés, elle était resplendissante. Même le voile cachait à peine la beauté de son visage serré d'un étrange embarras... ou était-ce la crainte ressentie par bien des jeunes gens lorsqu'arrivait le moment fatidique de ce début de mariage, qu'il en était presque interdit de fuir ? La lueur qui luisait dans son regard, malgré le fin voile, était presque de la détresse. Regrettait-elle d'imposer cette voie à Altarus ? Il avait accepté sa demande, après tout. Il s'y était engagé, ce n'était pas pour refuser au dernier moment.
Ce n'était pas cela qui marqua le plus son esprit. C'était l'étincelance de Vestoria. Elle était là, en face de lui, comme s'il voyait la mer prendre forme vivante, entourée de ses écumes dentelées et blanches, scintillantes quand ses perles d'eau rencontraient un rayon doré d'un soleil au zénith. Vestoria était... elle était... comme une incarnation éphémère de la mer. Voilà ce qu'il ressentit sur l'instant, son cœur cognant d'une toute nouvelle intensité dans sa poitrine. Il crut comprendre ce qu'il ressentait. Et maintenant, cela l'effrayait un peu. Il avait cru s'épargner ce genre d'émotions, qui n'étaient que perte de temps et perturbation pour l'esprit. Comment avait-il pu tomber dans ce piège ? Comment se dépêtrer de ce filet ? Ou alors... il avait tellement nié ce qu'il éprouvait réellement pour la demi-ange ?
Il déglutit, ne la quittant pas des yeux, laissant le prêcheur divin faire son office. La main de Vestoria était agréablement chaude, même si ses doigts enserraient fortement ceux d'Altarus. Elle s'agrippait à lui comme à une bouée. Avait-elle aussi peur que lui ? Quand vint la suite de la cérémonie, il porta ses deux mains vers le voile qui séparait la vue intégrale du visage de Vestoria. Ce ne fut qu'à ce geste qu'elle concéda à se libérer de lui. Quand le voile fut totalement relevé, il retint son souffle. Ses yeux bleus étaient d'un bleu hypnotisant...
La demi-ange commença à prononcer ses vœux, marquant un moment d'hésitation. Le jeune capitaine n'ignorait pas la portée de chaque mot qui franchissait ses lèvres. Vint son tour de prononcer ses vœux.
Il saisit la main libre de Vestoria, l'entourant des siennes, comme s'il y avait une perle à protéger dans un écrin.
"Sous le regard des huit, moi, Altarus Aearon, lie mon âme à la tienne. À partir de ce jour, je t'offre mon indéfectible fidélité." C'est ce que voulaient entendre principalement leurs familles respectives.
"Je jure de t'aider dans tes rêves et tes projets, pour que ta vie ne soit que joie et bonheur..."
Il avait accepté de l'épouser pour l'aider dans ce sens.
Et sans attendre que le vieil elfe entame son petit récital de conclusion, Altarus se rapprocha de Vestoria et scella ses lèvres contre les siennes.
Ce n'était pas cela qui marqua le plus son esprit. C'était l'étincelance de Vestoria. Elle était là, en face de lui, comme s'il voyait la mer prendre forme vivante, entourée de ses écumes dentelées et blanches, scintillantes quand ses perles d'eau rencontraient un rayon doré d'un soleil au zénith. Vestoria était... elle était... comme une incarnation éphémère de la mer. Voilà ce qu'il ressentit sur l'instant, son cœur cognant d'une toute nouvelle intensité dans sa poitrine. Il crut comprendre ce qu'il ressentait. Et maintenant, cela l'effrayait un peu. Il avait cru s'épargner ce genre d'émotions, qui n'étaient que perte de temps et perturbation pour l'esprit. Comment avait-il pu tomber dans ce piège ? Comment se dépêtrer de ce filet ? Ou alors... il avait tellement nié ce qu'il éprouvait réellement pour la demi-ange ?
Il déglutit, ne la quittant pas des yeux, laissant le prêcheur divin faire son office. La main de Vestoria était agréablement chaude, même si ses doigts enserraient fortement ceux d'Altarus. Elle s'agrippait à lui comme à une bouée. Avait-elle aussi peur que lui ? Quand vint la suite de la cérémonie, il porta ses deux mains vers le voile qui séparait la vue intégrale du visage de Vestoria. Ce ne fut qu'à ce geste qu'elle concéda à se libérer de lui. Quand le voile fut totalement relevé, il retint son souffle. Ses yeux bleus étaient d'un bleu hypnotisant...
La demi-ange commença à prononcer ses vœux, marquant un moment d'hésitation. Le jeune capitaine n'ignorait pas la portée de chaque mot qui franchissait ses lèvres. Vint son tour de prononcer ses vœux.
Il saisit la main libre de Vestoria, l'entourant des siennes, comme s'il y avait une perle à protéger dans un écrin.
"Sous le regard des huit, moi, Altarus Aearon, lie mon âme à la tienne. À partir de ce jour, je t'offre mon indéfectible fidélité." C'est ce que voulaient entendre principalement leurs familles respectives.
"Je jure de t'aider dans tes rêves et tes projets, pour que ta vie ne soit que joie et bonheur..."
Il avait accepté de l'épouser pour l'aider dans ce sens.
Et sans attendre que le vieil elfe entame son petit récital de conclusion, Altarus se rapprocha de Vestoria et scella ses lèvres contre les siennes.
Citoyen de La République
Sixte V. Amala
Messages : 184
crédits : 1454
crédits : 1454
Info personnage
Race: Elfe (mi-ange)
Vocation: Guerrier assassin
Alignement: Chaotique Neutre
Rang: D
La main du jeune demi-elfe diffusait une chaleur bienvenue contre ses doigts gelés. Le bouquet gisait désormais sur le sol, ramassé en vitesse par une demoiselle d’honneur dont Vestoria ne connaissait même pas le nom. La cathédrale était plongée dans un silence profond que personne ne semblait ni vouloir ni pouvoir briser à par eux. Chacun de leurs mots étaient répercutés sur la pierre en ricochet, si bien que personne dans l’assemblée ne pouvait louper le moindre chuchotement. Les rayons de soleil de l’après-midi perçaient à travers les vitraux et diffusaient une pluie de couleur dans toute la pièce, qui s’enroulait autour de leur silhouette, les nimbant d’or. Vestoria était terrifiée aussi bien par ce qu’elle imposait à son ami que par ce qui lui était imposée à elle. Le tremblement de ses doigts était heureusement dissimulé par ceux d’Altarus qui n’avaient de cesse de la tenir, comme s’il savait la peur insidieuse qui lui tordait l’estomac. Dieux qu’elle aurait aimé lui demander s’il ressentait la même chose. Alors, lorsqu’il se mit à parler, elle fouilla son regard et une fois n’est pas coutume, ce qu’elle y découvrit la laissa bouche bée.
Pour la première fois de sa vie son monde était devenu ridiculement petit, ridiculement Altarus. C’était comme le voir pour la première fois pour ce qu’il était véritablement. Un homme qui, bien que prétendument son ami, pourrait en vérité s’avérer bien plus que cela. Mille fois plus. Un sang-mêlé dont la vie n’était qu’aux prémices et dont les choix d'existence étaient infinis. Mais c’était son chemin à elle qu’il avait choisi. Parmi la multitude de possibilités, Vestoria était son choix. Une boule se forma dans sa gorge ; l’avait-on jamais choisi, elle ? Célébrian, Virkas, Asaël, sa mère. Personne. Elle n’avait jamais été le choix de qui que ce soit. Et cela ne l’avait jamais dérangée. Elle avait, depuis longtemps, appris à aimer sa solitude, à en faire une alliée et même une force. Jusqu’à ce qu’elle se rende compte combien cela lui avait manqué de ne pas être seule, de sentir des bras l’entourer pour autre chose que lui faire manger du sable lors d’un tournoi, qu’on la regarde pour autre chose qu’une paire d’aile déplumée, qu’on ne voit pas en elle que l’offense faites à sa famille. Altarus n’avait jamais vu cela en elle.
S’il fit une enjambée, elle en fit deux. Mue par une supplique dans son regard ou peut-être dans le sien. Il était impossible de savoir lequel d’entre eux avait fait le premier pas mais ce fut Altarus qui se pencha le premier et qui, sans l’ombre d’une hésitation lui vola un baiser. Ses lèvres étaient douces, elles avaient le goût iodé du sel et celui amer du lien qui les liaient désormais sous le regard des Huit. Sa main vint effleurer l’angle de la mâchoire d’Altarus, découvrant ses traits d’une manière toute différente de celle d’autrefois, imprimant la rugosité de sa peau de marin -de pirate- sous la pulpe de ses doigts. Ce ne fut que lorsqu’elle entendit l’homme saint tousser grassement qu’elle s’arracha à Altarus dans un sursaut, lui lançant un dernier regard mi gêné, mi amusé avant de laisser la cérémonie se poursuivre.
Au premier rang, les jumeaux -Célébrian et Asaël- souriaient hilares. Leur père, un peu plus loin, était aussi impassible que s’il avait été gravé dans le marbre. Et Vestoria s’en fichait ; elle ne lui appartenait plus désormais. Elle avait gagné sa liberté.
Du moins le croyait-elle.
Vestoria était toujours vêtue de la même robe de satin blanc dont le corset continuait de lui cisaillait la poitrine. Quelques mèches folles s’étaient échappées de son chignon alors que Célébrian la débarrassait du diadème de sa mère pour le remplacer par un bijou plus discret et moins encombrant.
- Je vais finir par étouffer là-dedans. Se plaignit-elle à sa sœur qui sourit en coin.
- Ce n’est que pour aujourd’hui et tu as passé le plus difficile.
- Crois moi, le plus difficile reste à venir. La contredit Vestoria.
- Je t’assure que la vie commune n’est pas si terrible, évidemment vu ton caractère de cochon je crains que ce pauvre Altarus n’ait du fil à retordre. Mais ce n’est pas comme s’il pouvait te rendre de toute façon. Il a juré devant les huit, son destin est désormais lié au tiens pour tou…
- Je parlais de la danse… Bougonna la demi-elfe alors que Célébrian pinçait les lèvres autant par culpabilité qu’hilarité. Le silence se fit et elle se contenta de continuer son labeur, défaisant mèche après mèche afin de libérer le fin cercle de pierre qui avait laissé une fine marque rouge sur le front de Vestoria. Quand ce fut fait elle la contourna et commença à la débarrasser de son voile.
- Tu es agile sur tes jambes. Commença l’aînée.
- Je me bat. Je ne danse pas. Contrecarra la cadette. - Ce n’est pas la même chose.
- Peut-être que si. Et tu as souvent “dansé” avec Altarus. Je me trompe ?
Les yeux azurin de Vestoria se tournèrent vers ceux noisettes de sa sœur.
- Quand j’étais enfant.
- Certaines choses ne s’oublient pas.
- Peut-être que si.
- Alors tu dois lui faire confiance pour se souvenir. Célébrian lui offrit un sourire bienveillant tout en attachant le nouveau bijou de tête à la place du précédent puis elle replaça les mèches dans le chignon. - De toute façon, tu n’as plus le choix. Altarus est celui qui se tiendra à tes côtés désormais, il est ton époux. Tu dois lui faire confiance.
- Je le dois. Répondit-elle d’une voix blanche.
- Même si tu n’as jamais su le faire. Vestoria lui lança un regard indéchiffrable alors elle poursuivit. - Faire confiance n’a jamais été ton fort Vestoria. Ni à moi, ni même à Asaël, encore moins à papa. Et je sais pourquoi. Mais nous t’aimons, malgré notre manière étrange de le faire. Un nouveau sourire étira ses lèvres minces entourées de tâches de rousseur puis elle tapota doucement son épaule. - J’ai terminé. Allons rejoindre ce pauvre homme qui a eu la sottise de t’épouser. Et d’un petit coup d’épaule elle bouscula sa cadette qui s’était murée dans le silence.
Ensemble, elles quittèrent la pièce dans laquelle elles s’étaient réfugiées et une fois de plus Vestoria fut conduite devant de gigantesques portes. Celles-ci étaient d’un blanc éclatant mais les arabesques qui les recouvraient étaient semblable à celles de la cathédrale.
- La confiance, Vestoria. Tout se passera bien. Arga sa sœur en hochant la tête pour se convaincre elle-même. Puis elle se pencha, embrassa le front de sa cadette et recula au moment même où le bruit des bottes retentissaient sur le sol. - Tu arrives à point nommé, Altarus ! Bon courage. Pour la danse ? Pour l’avenir ? Pour quoi ? Les questions se bousculèrent dans son esprit avant de s’évanouir lorsqu’elle sentit la présence de son ami -de son époux- à ses côtés.
- Drôle de journée hein ? Demanda-t-elle sans oser tourner la tête dans sa direction de peur d’y découvrir une émotion bien moins agréable que celle qu’il avait arboré durant la cérémonie. - J’ai appris à danser mais je n’ai jamais eu l’occasion de pratiquer vraiment, tu risques d’y perdre un orteil ou deux. Autant le lui avouer tout de suite. - Tu sais quoi ? On va leur offrir leur fichu danse. C’est la tradition après tout. Et ensuite on s’en va. On attend qu’ils aient le dos tourné ou qu’ils soient saoul. Peut-être même les deux et on s’enfuit. Qu’est-ce que tu en dit ?
Pour la première fois de sa vie son monde était devenu ridiculement petit, ridiculement Altarus. C’était comme le voir pour la première fois pour ce qu’il était véritablement. Un homme qui, bien que prétendument son ami, pourrait en vérité s’avérer bien plus que cela. Mille fois plus. Un sang-mêlé dont la vie n’était qu’aux prémices et dont les choix d'existence étaient infinis. Mais c’était son chemin à elle qu’il avait choisi. Parmi la multitude de possibilités, Vestoria était son choix. Une boule se forma dans sa gorge ; l’avait-on jamais choisi, elle ? Célébrian, Virkas, Asaël, sa mère. Personne. Elle n’avait jamais été le choix de qui que ce soit. Et cela ne l’avait jamais dérangée. Elle avait, depuis longtemps, appris à aimer sa solitude, à en faire une alliée et même une force. Jusqu’à ce qu’elle se rende compte combien cela lui avait manqué de ne pas être seule, de sentir des bras l’entourer pour autre chose que lui faire manger du sable lors d’un tournoi, qu’on la regarde pour autre chose qu’une paire d’aile déplumée, qu’on ne voit pas en elle que l’offense faites à sa famille. Altarus n’avait jamais vu cela en elle.
S’il fit une enjambée, elle en fit deux. Mue par une supplique dans son regard ou peut-être dans le sien. Il était impossible de savoir lequel d’entre eux avait fait le premier pas mais ce fut Altarus qui se pencha le premier et qui, sans l’ombre d’une hésitation lui vola un baiser. Ses lèvres étaient douces, elles avaient le goût iodé du sel et celui amer du lien qui les liaient désormais sous le regard des Huit. Sa main vint effleurer l’angle de la mâchoire d’Altarus, découvrant ses traits d’une manière toute différente de celle d’autrefois, imprimant la rugosité de sa peau de marin -de pirate- sous la pulpe de ses doigts. Ce ne fut que lorsqu’elle entendit l’homme saint tousser grassement qu’elle s’arracha à Altarus dans un sursaut, lui lançant un dernier regard mi gêné, mi amusé avant de laisser la cérémonie se poursuivre.
Au premier rang, les jumeaux -Célébrian et Asaël- souriaient hilares. Leur père, un peu plus loin, était aussi impassible que s’il avait été gravé dans le marbre. Et Vestoria s’en fichait ; elle ne lui appartenait plus désormais. Elle avait gagné sa liberté.
Du moins le croyait-elle.
***
Un peu plus tard dans la soirée.
Vestoria était toujours vêtue de la même robe de satin blanc dont le corset continuait de lui cisaillait la poitrine. Quelques mèches folles s’étaient échappées de son chignon alors que Célébrian la débarrassait du diadème de sa mère pour le remplacer par un bijou plus discret et moins encombrant.
- Je vais finir par étouffer là-dedans. Se plaignit-elle à sa sœur qui sourit en coin.
- Ce n’est que pour aujourd’hui et tu as passé le plus difficile.
- Crois moi, le plus difficile reste à venir. La contredit Vestoria.
- Je t’assure que la vie commune n’est pas si terrible, évidemment vu ton caractère de cochon je crains que ce pauvre Altarus n’ait du fil à retordre. Mais ce n’est pas comme s’il pouvait te rendre de toute façon. Il a juré devant les huit, son destin est désormais lié au tiens pour tou…
- Je parlais de la danse… Bougonna la demi-elfe alors que Célébrian pinçait les lèvres autant par culpabilité qu’hilarité. Le silence se fit et elle se contenta de continuer son labeur, défaisant mèche après mèche afin de libérer le fin cercle de pierre qui avait laissé une fine marque rouge sur le front de Vestoria. Quand ce fut fait elle la contourna et commença à la débarrasser de son voile.
- Tu es agile sur tes jambes. Commença l’aînée.
- Je me bat. Je ne danse pas. Contrecarra la cadette. - Ce n’est pas la même chose.
- Peut-être que si. Et tu as souvent “dansé” avec Altarus. Je me trompe ?
Les yeux azurin de Vestoria se tournèrent vers ceux noisettes de sa sœur.
- Quand j’étais enfant.
- Certaines choses ne s’oublient pas.
- Peut-être que si.
- Alors tu dois lui faire confiance pour se souvenir. Célébrian lui offrit un sourire bienveillant tout en attachant le nouveau bijou de tête à la place du précédent puis elle replaça les mèches dans le chignon. - De toute façon, tu n’as plus le choix. Altarus est celui qui se tiendra à tes côtés désormais, il est ton époux. Tu dois lui faire confiance.
- Je le dois. Répondit-elle d’une voix blanche.
- Même si tu n’as jamais su le faire. Vestoria lui lança un regard indéchiffrable alors elle poursuivit. - Faire confiance n’a jamais été ton fort Vestoria. Ni à moi, ni même à Asaël, encore moins à papa. Et je sais pourquoi. Mais nous t’aimons, malgré notre manière étrange de le faire. Un nouveau sourire étira ses lèvres minces entourées de tâches de rousseur puis elle tapota doucement son épaule. - J’ai terminé. Allons rejoindre ce pauvre homme qui a eu la sottise de t’épouser. Et d’un petit coup d’épaule elle bouscula sa cadette qui s’était murée dans le silence.
Ensemble, elles quittèrent la pièce dans laquelle elles s’étaient réfugiées et une fois de plus Vestoria fut conduite devant de gigantesques portes. Celles-ci étaient d’un blanc éclatant mais les arabesques qui les recouvraient étaient semblable à celles de la cathédrale.
- La confiance, Vestoria. Tout se passera bien. Arga sa sœur en hochant la tête pour se convaincre elle-même. Puis elle se pencha, embrassa le front de sa cadette et recula au moment même où le bruit des bottes retentissaient sur le sol. - Tu arrives à point nommé, Altarus ! Bon courage. Pour la danse ? Pour l’avenir ? Pour quoi ? Les questions se bousculèrent dans son esprit avant de s’évanouir lorsqu’elle sentit la présence de son ami -de son époux- à ses côtés.
- Drôle de journée hein ? Demanda-t-elle sans oser tourner la tête dans sa direction de peur d’y découvrir une émotion bien moins agréable que celle qu’il avait arboré durant la cérémonie. - J’ai appris à danser mais je n’ai jamais eu l’occasion de pratiquer vraiment, tu risques d’y perdre un orteil ou deux. Autant le lui avouer tout de suite. - Tu sais quoi ? On va leur offrir leur fichu danse. C’est la tradition après tout. Et ensuite on s’en va. On attend qu’ils aient le dos tourné ou qu’ils soient saoul. Peut-être même les deux et on s’enfuit. Qu’est-ce que tu en dit ?
Citoyen du monde
Altarus Aearon
Messages : 410
crédits : 1438
crédits : 1438
Info personnage
Race: Humain-elfe
Vocation: Guerrier combattant
Alignement: Loyal neutre
Rang: C
Quand ses lèvres rencontrèrent les siennes, il avait redouté de sentir la demi-ange hésiter ou éprouver un rejet. Une révulsion peut-être ? Ce qu'il sentit dépassait totalement cette crainte. Et pourtant, quelques secondes auparavant, il n'avait été que le meilleur ami qui avait accepté de jouer la mascarade pour aider Vestoria à sortir du carcan oppressant de sa famille. En quelques secondes, il éprouvait pour elle des sentiments qu'il n'avait crus qu'être une façade, une simple réaction émotionnelle, voire primaire, pour une personne qu'il appréciait pour ce qu'elle était, son caractère, sa façon de parler. En fait, il l'avait toujours su, mais en en faisant totalement le déni, pour n'avoir qu'à se préoccuper que du fil de son existence. La vie qu'il menait était dangereuse. Même s'il était un pirate, il estimait ne pas avoir à imposer à des proches aimants les risques inhérents à sa vie de pirate. Et à l'inverse, que cela soit une faille, une faiblesse... qui pourrait l'atteindre et l'abattre.
Quand le vieil elfe qui présidait la cérémonie se rappela au tout jeune couple d'un raclement de gorge, Altarus regretta déjà le retrait un peu brutal des lèvres de Vestoria. Ce baiser avait été... indescriptible mais cela lui avait élancé le cœur dans une passion qu'il n'avait ressentie qu'avec... la mer. Non, ce n'était pas comme cette grande ferveur qu'il éprouvait pour l'environnement marin, pour ses furies et sa sérénité. C'était plus fort, plus intense, plus profond.
Il prit le temps d'inspirer plus longuement, reprenant plus sérieusement le contrôle. La cérémonie n'était pas encore finie, tant que l'Ancien n'aura pas acté officiellement leur union. Il ne devait pas se laisser déborder par ce tsunami qui avait manqué de l'emporter. De quoi aurait-il eu l'air devant toute l'assemblée présente ?
Le jeune demi-elfe tiraillait le col serré de sa tunique. Elle le démangeait atrocement. Il aspirait à la retirer pour revêtir une chemise plus ample. Mais il y avait encore les festivités après la cérémonie de mariage, là où tout se jouait pour donner l'image d'une union parfaitement conclue... qui n'était que mascarade et faux-semblant.
Il cessa de se préoccuper de la gêne de son col, guettant l'arrivée de Vestoria. Elle était partie avec sa sœur pour se remettre un peu en condition ; ou pour converser de femme à femme. En fait, il ne saurait dire la véritable raison de son absence momentanée. Au bout d'un court moment, il décida de prendre les devants et de voir ce qui se tramait.
En se rendant vers la petite salle où les deux jeunes femmes s'étaient isolées, c'est là qu'elles firent leur apparition. Après un étrange petit encouragement de la part d'Arga, il se retrouva de nouveau seul avec la demi-elfe. Elle n'osait pas le regarder, alors qu'il se plaçait à ses côtés, se préparant à lever son bras pour la mener avec lui vers la grande salle, où on attendait de les voir ouvrir le bal de mariage.
Il se retint d'un léger rictus à ses lèvres quand elle énonça un de ses coups de tête décisionnels, après avoir avoué qu'elle ne savait pas danser. Peut-être que c'était pour cela, l'encouragement énoncé par sa sœur ?
"Ce n'est pas une journée ordinaire, il est vrai."
Il hésitait sur quoi rajouter. Il pivota pour chercher le regard de son épouse-amie... comment employer le bon terme ? Son propre regard luisait toujours des émotions qu'il éprouvait pour la jeune femme. L'effet court et intense de tantôt ne paraissait pas s'être envolé.
"Je te guiderai" dit-il simplement pour la danse qui les attendait et qui serait plus une corvée qu'un plaisir.
Il porta une main douce et légère à la joue droite de Vestoria, suivant la magnifique courbe de sa mâchoire.
"Accomplissons ce qu'ils attendent tous de nous. Montrons-leur ce qu'ils veulent voir. Dès que l'opportunité se présente, nous nous esquivons."
Il s'était rapproché d'elle. Elle pourra sentir son souffle chaud et léger glisser le long de sa peau.
"S'ils croient que je vais te laisser en pâture à leurs ragots, ils se fourvoient."
Il lui attrapa délicatement le bras, pour la mener là où les convives les attendaient déjà.
Cette danse d'ouverture tant attendue pour profiter de la soirée en ripailles, boissons et rires, put avoir lieu. Là où certains n'y auraient vu qu'avis divergents sur cette union eut lieu, et elle était comme une bravade aux yeux des plus circonspects.
Altarus, une fois en lieu et place, guettait la première note de l'orchestre pour engager le premier pas. Il tenait la main de sa bien-aimée dans la sienne, l'autre posée avec une certaine assurance sur le bas de son dos. Quand une corde en crin d'un violon vibra pour délivrer la première note d'une envoûtante mélodie, le demi-elfe engagea les premiers pas.
"Suis mon mouvement, ne réfléchis pas, laisse tes pas suivre les miens" murmura-t-il pour Vestoria.
Lui aussi avait appris à danser, situation semi-noble semi-bourgeoise oblige. Danser avec la musique était comme danser dans un combat pour lui. Ce fut donc avec confiance qu'il entraîna Vestoria à sa suite, la menant, la guidant. D'un regard, il l'encourageait à se laisser aller, à ne pas se poser de questions. Peu importait le regard des autres. Il n'y avait que lui et elle. Le reste n'existait plus.
Quand la musique offrit un rapprochement, il put alors lui murmurer suavement à l'oreille :
"Dès que nous pourrons, nous nous sauverons. Si tu le souhaites, nous quitterons Melorn pour rejoindre les côtes d'Ikusa. Un de mes navires s'y trouve... "
Quand le vieil elfe qui présidait la cérémonie se rappela au tout jeune couple d'un raclement de gorge, Altarus regretta déjà le retrait un peu brutal des lèvres de Vestoria. Ce baiser avait été... indescriptible mais cela lui avait élancé le cœur dans une passion qu'il n'avait ressentie qu'avec... la mer. Non, ce n'était pas comme cette grande ferveur qu'il éprouvait pour l'environnement marin, pour ses furies et sa sérénité. C'était plus fort, plus intense, plus profond.
Il prit le temps d'inspirer plus longuement, reprenant plus sérieusement le contrôle. La cérémonie n'était pas encore finie, tant que l'Ancien n'aura pas acté officiellement leur union. Il ne devait pas se laisser déborder par ce tsunami qui avait manqué de l'emporter. De quoi aurait-il eu l'air devant toute l'assemblée présente ?
******
Le jeune demi-elfe tiraillait le col serré de sa tunique. Elle le démangeait atrocement. Il aspirait à la retirer pour revêtir une chemise plus ample. Mais il y avait encore les festivités après la cérémonie de mariage, là où tout se jouait pour donner l'image d'une union parfaitement conclue... qui n'était que mascarade et faux-semblant.
Il cessa de se préoccuper de la gêne de son col, guettant l'arrivée de Vestoria. Elle était partie avec sa sœur pour se remettre un peu en condition ; ou pour converser de femme à femme. En fait, il ne saurait dire la véritable raison de son absence momentanée. Au bout d'un court moment, il décida de prendre les devants et de voir ce qui se tramait.
En se rendant vers la petite salle où les deux jeunes femmes s'étaient isolées, c'est là qu'elles firent leur apparition. Après un étrange petit encouragement de la part d'Arga, il se retrouva de nouveau seul avec la demi-elfe. Elle n'osait pas le regarder, alors qu'il se plaçait à ses côtés, se préparant à lever son bras pour la mener avec lui vers la grande salle, où on attendait de les voir ouvrir le bal de mariage.
Il se retint d'un léger rictus à ses lèvres quand elle énonça un de ses coups de tête décisionnels, après avoir avoué qu'elle ne savait pas danser. Peut-être que c'était pour cela, l'encouragement énoncé par sa sœur ?
"Ce n'est pas une journée ordinaire, il est vrai."
Il hésitait sur quoi rajouter. Il pivota pour chercher le regard de son épouse-amie... comment employer le bon terme ? Son propre regard luisait toujours des émotions qu'il éprouvait pour la jeune femme. L'effet court et intense de tantôt ne paraissait pas s'être envolé.
"Je te guiderai" dit-il simplement pour la danse qui les attendait et qui serait plus une corvée qu'un plaisir.
Il porta une main douce et légère à la joue droite de Vestoria, suivant la magnifique courbe de sa mâchoire.
"Accomplissons ce qu'ils attendent tous de nous. Montrons-leur ce qu'ils veulent voir. Dès que l'opportunité se présente, nous nous esquivons."
Il s'était rapproché d'elle. Elle pourra sentir son souffle chaud et léger glisser le long de sa peau.
"S'ils croient que je vais te laisser en pâture à leurs ragots, ils se fourvoient."
Il lui attrapa délicatement le bras, pour la mener là où les convives les attendaient déjà.
*****
Cette danse d'ouverture tant attendue pour profiter de la soirée en ripailles, boissons et rires, put avoir lieu. Là où certains n'y auraient vu qu'avis divergents sur cette union eut lieu, et elle était comme une bravade aux yeux des plus circonspects.
Altarus, une fois en lieu et place, guettait la première note de l'orchestre pour engager le premier pas. Il tenait la main de sa bien-aimée dans la sienne, l'autre posée avec une certaine assurance sur le bas de son dos. Quand une corde en crin d'un violon vibra pour délivrer la première note d'une envoûtante mélodie, le demi-elfe engagea les premiers pas.
"Suis mon mouvement, ne réfléchis pas, laisse tes pas suivre les miens" murmura-t-il pour Vestoria.
Lui aussi avait appris à danser, situation semi-noble semi-bourgeoise oblige. Danser avec la musique était comme danser dans un combat pour lui. Ce fut donc avec confiance qu'il entraîna Vestoria à sa suite, la menant, la guidant. D'un regard, il l'encourageait à se laisser aller, à ne pas se poser de questions. Peu importait le regard des autres. Il n'y avait que lui et elle. Le reste n'existait plus.
Quand la musique offrit un rapprochement, il put alors lui murmurer suavement à l'oreille :
"Dès que nous pourrons, nous nous sauverons. Si tu le souhaites, nous quitterons Melorn pour rejoindre les côtes d'Ikusa. Un de mes navires s'y trouve... "
Citoyen de La République
Sixte V. Amala
Messages : 184
crédits : 1454
crédits : 1454
Info personnage
Race: Elfe (mi-ange)
Vocation: Guerrier assassin
Alignement: Chaotique Neutre
Rang: D
Célébrian avait raison : danser avec Altarus c’était comme se battre, en plus simple encore parce qu’elle n’avait pas à parer les lourds coups d’estoc qu’il lui envoyait. Elle n’avait besoin que de se laisser guider par les mouvements de son corps, rendu poupée de chiffon entre ses mains. C’était une sensation aussi étrange qu’agréable, celle de faire confiance. Et elle le fit. Parce qu’ils se connaissaient depuis longtemps, parce qu’il avait consenti à lui sacrifier une partie de sa liberté, le moins qu’elle pouvait faire était de commencer à lui accorder sa confiance. Mais plus que son sacrifice, Altarus avait offert à Vestoria ce qu’elle n’avait jamais eut ; sa propre liberté. Celle d’aller et venir comme bon lui semblait, celle de ne plus se cloitrer dans une chambre sans même avoir l’espoir d’en sortir des jours durant. Dorénavant, elle pourrait profiter de ses permission au sein de l’armée et peut-être même pourrait-elle se loger dans sa propre maison. L’idée même d’avoir à nouveau de l’intimité, une chambre pour elle seule -et Altarus-, qu’elle n’aurait pas à partager avec au moins une dizaine d'autres soldats. De pouvoir se laver avec de l’eau chaude, d’espérer manger autre chose que la bouillie peu ragoûtante du petit déjeuner ou pire : les rations. Des choses ridicules pour le commun des mortels mais qui pour elle changeait tout.
Altarus avait le pied sûr et un bras fermement ancré autour de sa taille. Leurs silhouettes, accrochées l’une à l’autre se fondaient presque complètement. Il n’y avait plus que la couleur respective de leurs tenues pour les différencier. Un noir d’encre pour le demi-elfe, un blanc éclatant pour Vestoria. Mais leurs mouvements étaient les échos de l’autre, fluide comme de l’eau malgré les ailes encombrantes de la jeune femme. Son nouvel époux semblait d’ailleurs s’en accommoder sans difficulté, c’était presque comme si elles n’étaient pas là. Pas après pas, le corps de Vestoria se détendit et bientôt elle prit presque plaisir à danser. Elle qui pourtant n’avait jamais vraiment apprécié cela, peut-être parce qu’elle n’avait jamais dansé avec personne d’autre que son frère, contrairement à ses sœurs qui avaient assisté à tellement de bals mondains qu’elles étaient des danseuses gracieuses et délicates toutes autant qu’elles étaient.
- Je n’ai jamais pris le bateau. Avoua-t-elle, dans un murmure alors qu’il l’a faisait pencher légèrement vers l’arrière avant de forcer leur corps à effectuer une rotation qui les déséquilibra l’espace d’un instant. - Lorsque la danse sera finie. Partons à ce moment-là… Vestoria n’avait aucune envie de rester pour le reste de la soirée. L’idée de se plier au protocole, de voir se tenir aux côtés de Virkas des heures durant, de regarder de parfaits inconnus s’amuser sous ses yeux à un mariage qui lui avait été imposé plus que désiré. Toutes ces choses ne l’intéressaient pas, ne l’intéressaient plus. Elle avait passé un siècle complet et presque un second à cocher les cases de la vie que son beau-père avait décidé de lui imposer, elle s’était pliée à tout ce qu’il avait exigé d’elle. Mais ce soir… Ce soir elle n’était plus Vestoria Amala, elle n’était plus la petite fille dont on ne voulait pas ; la fille de sa mère. Elle était libre. Libre de s’échapper de son propre mariage. Son anneau brillait à son doigt pour lui rappeler le prix de sa liberté et celui d’Altarus luisait de la même manière.
- Je ne te remercierai jamais assez, Altarus. Dit-elle en levant les yeux vers lui. - Et je pensais chacun des mots que j’ai dis. Même ce soir-là. Le soir où elle lui avait demandé de l’épouser, où elle lui avait promis de ne jamais l'entraver, pas même s’il souhaitait prendre amante. La musique baissa decrescendo et leur danse avec elle. Vestoria observa son visage, ses yeux en amande qui la regardait comme jamais auparavant. Sa main glissa de la sienne pour venir caresser sa joue de la même manière qu’il l’avait fait un peu plus tôt. Oui, Vestoria lui laisserait sa liberté, autant qu’il lui serait possible de le faire. Elle lui devait bien cela après ce qu’il avait consenti. Mais avant cela elle allait apprendre à l’aimer car cela aussi, elle le lui devait et cette simple idée ne lui paraissait pas impossible. Se hissant sur la pointe des pieds, Vestoria vint l’embrasser. Sa main se glissa vers sa nuque avant de s’aventurer dans ses cheveux. Ses lèvres avaient toujours ce goût de sel et elle n’avait aucune envie de les libérer. Son souffle s'amenuit lorsqu’elle murmura contre sa bouche : - Allons nous en. S’il te plait.
Altarus avait le pied sûr et un bras fermement ancré autour de sa taille. Leurs silhouettes, accrochées l’une à l’autre se fondaient presque complètement. Il n’y avait plus que la couleur respective de leurs tenues pour les différencier. Un noir d’encre pour le demi-elfe, un blanc éclatant pour Vestoria. Mais leurs mouvements étaient les échos de l’autre, fluide comme de l’eau malgré les ailes encombrantes de la jeune femme. Son nouvel époux semblait d’ailleurs s’en accommoder sans difficulté, c’était presque comme si elles n’étaient pas là. Pas après pas, le corps de Vestoria se détendit et bientôt elle prit presque plaisir à danser. Elle qui pourtant n’avait jamais vraiment apprécié cela, peut-être parce qu’elle n’avait jamais dansé avec personne d’autre que son frère, contrairement à ses sœurs qui avaient assisté à tellement de bals mondains qu’elles étaient des danseuses gracieuses et délicates toutes autant qu’elles étaient.
- Je n’ai jamais pris le bateau. Avoua-t-elle, dans un murmure alors qu’il l’a faisait pencher légèrement vers l’arrière avant de forcer leur corps à effectuer une rotation qui les déséquilibra l’espace d’un instant. - Lorsque la danse sera finie. Partons à ce moment-là… Vestoria n’avait aucune envie de rester pour le reste de la soirée. L’idée de se plier au protocole, de voir se tenir aux côtés de Virkas des heures durant, de regarder de parfaits inconnus s’amuser sous ses yeux à un mariage qui lui avait été imposé plus que désiré. Toutes ces choses ne l’intéressaient pas, ne l’intéressaient plus. Elle avait passé un siècle complet et presque un second à cocher les cases de la vie que son beau-père avait décidé de lui imposer, elle s’était pliée à tout ce qu’il avait exigé d’elle. Mais ce soir… Ce soir elle n’était plus Vestoria Amala, elle n’était plus la petite fille dont on ne voulait pas ; la fille de sa mère. Elle était libre. Libre de s’échapper de son propre mariage. Son anneau brillait à son doigt pour lui rappeler le prix de sa liberté et celui d’Altarus luisait de la même manière.
- Je ne te remercierai jamais assez, Altarus. Dit-elle en levant les yeux vers lui. - Et je pensais chacun des mots que j’ai dis. Même ce soir-là. Le soir où elle lui avait demandé de l’épouser, où elle lui avait promis de ne jamais l'entraver, pas même s’il souhaitait prendre amante. La musique baissa decrescendo et leur danse avec elle. Vestoria observa son visage, ses yeux en amande qui la regardait comme jamais auparavant. Sa main glissa de la sienne pour venir caresser sa joue de la même manière qu’il l’avait fait un peu plus tôt. Oui, Vestoria lui laisserait sa liberté, autant qu’il lui serait possible de le faire. Elle lui devait bien cela après ce qu’il avait consenti. Mais avant cela elle allait apprendre à l’aimer car cela aussi, elle le lui devait et cette simple idée ne lui paraissait pas impossible. Se hissant sur la pointe des pieds, Vestoria vint l’embrasser. Sa main se glissa vers sa nuque avant de s’aventurer dans ses cheveux. Ses lèvres avaient toujours ce goût de sel et elle n’avait aucune envie de les libérer. Son souffle s'amenuit lorsqu’elle murmura contre sa bouche : - Allons nous en. S’il te plait.
Citoyen du monde
Altarus Aearon
Messages : 410
crédits : 1438
crédits : 1438
Info personnage
Race: Humain-elfe
Vocation: Guerrier combattant
Alignement: Loyal neutre
Rang: C
Vestoria ne faisait plus qu'un avec lui. À chacun de ses pas, elle était en parfaite synchronisation. Le fait d'avoir eu bon nombre d'entraînements martiaux avec le Maître d'Armes avait suffi à les exercer à se tourner l'un autour de l'autre pour essayer de trouver une faille où frapper. Là, point d'esquive, point de tentative à frapper du plat de l'épée... juste une danse parfaite avec un duo qui se fichait totalement de leur entourage. Il y eut bien des sourires, des regards sceptiques, quelques mous déçus... mais rien qui ne pouvait atteindre le jeune couple.
Altarus n'avait pas détourné une seule fois son regard pour observer comment les autres les fixaient, ou les jugeaient plutôt. Il n'avait d'yeux que pour la demi-ange. Elle-même se réfugia alors dans la profondeur de ses pupilles bleu acier. Elle sut profiter d'un léger changement dans le rythme de la musique pour prendre la parole, presque murmurante, pour remercier Altarus de son acceptation à se lier à elle pour la libérer de l'oppression de son beau-père. Le demi-elfe ne put s'empêcher d'afficher un léger sourire ; un poil idiot ? Comme celui que l'on retrouvait chez les jeunes gens fraîchement mariés, peut-être ? Difficile à dire. Il ne doutait pas de la franchise de chaque mot énoncé tantôt à la cérémonie d'union. Et au moment où il voulut répondre en ce sens, la musique perdit de son rythme entraînant pour devenir plus lente, plus posée. Son "épouse" glissa sa main jusqu'à sa joue, pour la frôler à la manière du passage doux d'une plume de cygne. Elle se grandit la seconde d'après pour être à la juste hauteur et retrouver le contact de ses lèvres contre les siennes comme tout à l'heure. Altarus ne marqua aucune réticence à sa venue. Au contraire, il l'accueillit avec un plaisir renouvelé, avant qu'ils se détachent l'un de l'autre.
Elle lui souffla le souhait ardent de partir. Altarus se retint de frémir. Partir alors que les festivités étaient loin d'être achevées ? Qu'ils avaient tous deux le devoir de saluer le départ de tous leurs invités ? Il parut avoir une seconde d'hésitation, se retenant de regarder les invités présents. Sa propre famille, qui suivait en suffisance les protocoles et l'étiquette, pourrait ne pas vraiment apprécier son départ quelque peu précipité. Il ne serait pas le premier et il ne serait pas le dernier des Aearon à prendre la poudre d'escampette. Quand il y avait plus important à accomplir que de jouer les paons de cour... et surtout qu'il était un pirate.
Il prit sa décision.
"La musique va reprendre son rythme... Reprenons la danse, virevoltons pour nous rapprocher de la sortie en nous 'faufilant' entre les autres couples de danseurs, et là, nous nous sauverons..."
Deux chevaux quittèrent les lieux moins d'une heure après, galopant vivement comme pour fuir un dangereux ennemi. Quand ils furent assez loin, le premier cheval ralentit l'allure, son cavalier peinant à maintenir un bon équilibre. Réussissant à se rasseoir convenablement sur sa selle, il regarda l'autre qui l'avait rejoint et qui s'était placé à sa hauteur.
"Je vais regretter qu'on n'ait pas opté pour une carriole." grommela-t-il plus pour lui-même.
Après avoir quitté en douce la cérémonie, Altarus avait vite mené Vestoria à ses appartements, lui demandant de vite se défaire de sa robe et d'opter pour une tenue de voyage. Bon, il fut vrai qu'il dut un peu aider Vestoria à défaire quelques attaches dorsales dans le dos de sa robe, se retenant de rougir à l'acte. Après quoi, lui-même était parti à sa chambre pour rapidement revêtir des habits plus confortables.
Après quoi, tels des voleurs, ils avaient rejoint les écuries pour prendre deux chevaux et se sauver au galop. Au grand dam d'Altarus, qui n'avait jamais vraiment aimé monter sur des équins. Mais pour Vestoria, pour se carapater de tout ce bordel, il avait concédé à cet effort. Son fessier souffrira. Il comptait deux à trois jours de voyage à un bon rythme pour rejoindre le port reikois où son navire l'attendait.
"Je vois que tu es bien plus à l'aise que moi. Par les abysses, mon dos va être raide après ce voyage... Je connais quelques auberges sur la voie que nous allons prendre. Ce sera à la fois un raccourci et une assurance de ne pas être poursuivis sur la route principale."
Il ne put s'empêcher de rire pour la peine.
"Je regretterai seulement de ne pas voir la tête de la plupart des membres de ta famille... Bien, Vestoria. Prête à jouer les fugitives ?"
Il leur fallut deux jours pour rejoindre le port reikois et une journée entière pour que la terre soit suffisamment éloignée pour se sentir totalement libérés de leurs contraintes. Altarus, tenant la barre d'une main ferme, regarda après s'être retourné vers la poupe, l'horizon. Dans quelques heures, la terre aura disparu derrière la ligne qui séparait le ciel de la mer.
Il ferma les yeux, prit le temps d'inspirer l'air frais et salin de la mer. Quand ses paupières se rouvrirent, ce fut pour se fixer sur Vestoria, qu'il tenait de son bras libre contre lui. Il lui offrit un agréable sourire, la rapprocha de lui pour l'embrasser avec une passion plus ardente que lors de leur union. En même temps, lors de leurs quelques haltes sur leur parcours de fuite, les deux époux avaient eu un peu de temps pour approfondir leurs... relations.
"Te sens-tu prête à mener le navire ? À sentir la force de la mer sous ta main ?"
Il s'était approché de son oreille pour souffler :
"Ou terminer notre petite fuite sauvage d'une dernière manière ?"
Altarus n'avait pas détourné une seule fois son regard pour observer comment les autres les fixaient, ou les jugeaient plutôt. Il n'avait d'yeux que pour la demi-ange. Elle-même se réfugia alors dans la profondeur de ses pupilles bleu acier. Elle sut profiter d'un léger changement dans le rythme de la musique pour prendre la parole, presque murmurante, pour remercier Altarus de son acceptation à se lier à elle pour la libérer de l'oppression de son beau-père. Le demi-elfe ne put s'empêcher d'afficher un léger sourire ; un poil idiot ? Comme celui que l'on retrouvait chez les jeunes gens fraîchement mariés, peut-être ? Difficile à dire. Il ne doutait pas de la franchise de chaque mot énoncé tantôt à la cérémonie d'union. Et au moment où il voulut répondre en ce sens, la musique perdit de son rythme entraînant pour devenir plus lente, plus posée. Son "épouse" glissa sa main jusqu'à sa joue, pour la frôler à la manière du passage doux d'une plume de cygne. Elle se grandit la seconde d'après pour être à la juste hauteur et retrouver le contact de ses lèvres contre les siennes comme tout à l'heure. Altarus ne marqua aucune réticence à sa venue. Au contraire, il l'accueillit avec un plaisir renouvelé, avant qu'ils se détachent l'un de l'autre.
Elle lui souffla le souhait ardent de partir. Altarus se retint de frémir. Partir alors que les festivités étaient loin d'être achevées ? Qu'ils avaient tous deux le devoir de saluer le départ de tous leurs invités ? Il parut avoir une seconde d'hésitation, se retenant de regarder les invités présents. Sa propre famille, qui suivait en suffisance les protocoles et l'étiquette, pourrait ne pas vraiment apprécier son départ quelque peu précipité. Il ne serait pas le premier et il ne serait pas le dernier des Aearon à prendre la poudre d'escampette. Quand il y avait plus important à accomplir que de jouer les paons de cour... et surtout qu'il était un pirate.
Il prit sa décision.
"La musique va reprendre son rythme... Reprenons la danse, virevoltons pour nous rapprocher de la sortie en nous 'faufilant' entre les autres couples de danseurs, et là, nous nous sauverons..."
*******
Deux chevaux quittèrent les lieux moins d'une heure après, galopant vivement comme pour fuir un dangereux ennemi. Quand ils furent assez loin, le premier cheval ralentit l'allure, son cavalier peinant à maintenir un bon équilibre. Réussissant à se rasseoir convenablement sur sa selle, il regarda l'autre qui l'avait rejoint et qui s'était placé à sa hauteur.
"Je vais regretter qu'on n'ait pas opté pour une carriole." grommela-t-il plus pour lui-même.
Après avoir quitté en douce la cérémonie, Altarus avait vite mené Vestoria à ses appartements, lui demandant de vite se défaire de sa robe et d'opter pour une tenue de voyage. Bon, il fut vrai qu'il dut un peu aider Vestoria à défaire quelques attaches dorsales dans le dos de sa robe, se retenant de rougir à l'acte. Après quoi, lui-même était parti à sa chambre pour rapidement revêtir des habits plus confortables.
Après quoi, tels des voleurs, ils avaient rejoint les écuries pour prendre deux chevaux et se sauver au galop. Au grand dam d'Altarus, qui n'avait jamais vraiment aimé monter sur des équins. Mais pour Vestoria, pour se carapater de tout ce bordel, il avait concédé à cet effort. Son fessier souffrira. Il comptait deux à trois jours de voyage à un bon rythme pour rejoindre le port reikois où son navire l'attendait.
"Je vois que tu es bien plus à l'aise que moi. Par les abysses, mon dos va être raide après ce voyage... Je connais quelques auberges sur la voie que nous allons prendre. Ce sera à la fois un raccourci et une assurance de ne pas être poursuivis sur la route principale."
Il ne put s'empêcher de rire pour la peine.
"Je regretterai seulement de ne pas voir la tête de la plupart des membres de ta famille... Bien, Vestoria. Prête à jouer les fugitives ?"
*******
Il leur fallut deux jours pour rejoindre le port reikois et une journée entière pour que la terre soit suffisamment éloignée pour se sentir totalement libérés de leurs contraintes. Altarus, tenant la barre d'une main ferme, regarda après s'être retourné vers la poupe, l'horizon. Dans quelques heures, la terre aura disparu derrière la ligne qui séparait le ciel de la mer.
Il ferma les yeux, prit le temps d'inspirer l'air frais et salin de la mer. Quand ses paupières se rouvrirent, ce fut pour se fixer sur Vestoria, qu'il tenait de son bras libre contre lui. Il lui offrit un agréable sourire, la rapprocha de lui pour l'embrasser avec une passion plus ardente que lors de leur union. En même temps, lors de leurs quelques haltes sur leur parcours de fuite, les deux époux avaient eu un peu de temps pour approfondir leurs... relations.
"Te sens-tu prête à mener le navire ? À sentir la force de la mer sous ta main ?"
Il s'était approché de son oreille pour souffler :
"Ou terminer notre petite fuite sauvage d'une dernière manière ?"
Citoyen de La République
Sixte V. Amala
Messages : 184
crédits : 1454
crédits : 1454
Info personnage
Race: Elfe (mi-ange)
Vocation: Guerrier assassin
Alignement: Chaotique Neutre
Rang: D
Si Vestoria avait dû mourir de bonheur, elle aurait choisi ce jour. Celui où ils avaient discrètement quitté la salle de bal, qu’Altarus l’avait escorté main dans la main jusqu’à ses appartements. En courant à moitié, en riant à couvert, comme des enfants que l’on pourrait prendre sur le fait. Sauf qu’ils n’étaient plus des enfants et que si on les prenaient sur le fait, ils se feraient probablement bien plus que réprimander. Mais elle s’en fichait. Désormais Virkas n’avait plus de pouvoir sur elle et encore moins sur son époux. C’était lui qui, dans une certaine mesure, disposait d’elle et elle lui faisait suffisamment confiance pour savoir qu’il ne deviendrait pas l’un de ces maris abusifs qui traitent leurs épouses comme des moins que rien. Ainsi, ils avaient regagner sa chambre. Après s’être débattu longuement avec les liens de sa robe et de son corset, elle s’était changée et ils s’étaient rués sur les chevaux qui les attendaient sagement à l’extérieur de la bâtisse. A brides abattues, ils avaient quitté Melorn.
- Tu te fais déjà vieux ? Le taquina-t-elle sans imaginer un seul instant qu’effectivement, Altarus vieillissait bien plus vite qu’elle et qu’un jour viendrait où ils se tiendraient face à face, l’un le visage strié de rides, l’autre en pleine possession d’une jeunesse visiblement infinie. - Virkas sera vert de rage ! S’exclama-t-elle tout en talonnant sa jument qui envoya un coup de sabot en même temps qu’elle changeait d’allure. - Mon seul regret c’est de ne pas pouvoir le voir de moi-même ! S’égosilla-t-elle alors que la nuit les engloutissaient tous les deux lorsqu’ils franchirent les barrières de protection de Melorn.
Deux jours, ce fut le temps qui leur fallut pour relier la ville elfique au port du Reike. C’était la première fois que Vestoria s’éloignait autant de la caserne et plus encore de sa demeure, c’était aussi la première fois qu’elle dormait dans des auberges et qu’elle partageait sa couche. Pour autant, elle n’avait jamais autant rayonné de plaisir que ces jours-là. Les baisers d’Altarus sur sa peau n’étaient plus qu’un souvenir alors qu’ils chevauchaient depuis déjà plusieurs heures mais son esprit n’était tout de même tourné que vers lui, vers ce qu’elle lui avait offert ; sans doute la chose la plus précieuse qu’elle n’avait jamais détenue et elle ne le regrettait pas. Pourtant cela lui avait fait peur, la première fois qu’elle avait senti ses doigts la toucher pour autre chose que se battre ou la faire danser. Mais Altarus avait été doux, prévenant et attentionné. Il avait été aux antipodes de ce qu’elle avait un jour imaginé de lui. Alors elle le lui avait offert, cette chose impalpable mais d’une valeur inestimable. Ce n’était pas la nuit de noce qu’on lui avait promis, ni celle qu’elle avait imaginée mais elle ne l’aurait échangé pour rien au monde. Cette nuit était à eux et à eux seuls.
Enfin et pour le plus grand plaisir d’Altarus, ils avaient délaissé leurs chevaux pour le bateau de ce dernier qui les attendaient à quai avec son équipage.
Vestoria était ignorante de beaucoup de choses quant au monde qui s’offrait maintenant à elle. Jamais elle n’avait eu le plaisir de découvrir d’autres paysages que ceux de Melorn, elle s’était contenté de les imaginer grâce aux histoires qu’elle entendait ou dans les livres qu’elle prenait chez elle où dans la bibliothèque de la caserne. Son monde fait de neige, de verdures et de montagnes était si différent de ce qui s’étendait désormais autour d’elle. Il lui semblait presque inconcevable qu’une étendue d’eau aussi gigantesque puisse exister. Les lacs aux abords de Melorn étaient grands mais ce n’était en rien comparable. De plus, elle n’avait jamais mis les pieds sur un bateau. Son regard curieux avait parcouru le pont, les mâts, le nid de pie et la barre. Elle s’était accoudée au bastingage, avait laissé ses doigts courir sur les épais cordages puis elle était monté aux côtés de son époux pour regarder la terre s’éloigner. C’était à ce moment précis qu’elle s’était aperçue que le sol tanguait sous ses pieds et que son estomac n’était guère en accord avec cela.
Cela faisait maintenant des heures qu’ils avaient quitté le port et autant de temps qu’elle gardait la bouche irrémédiablement close, répondant par de vague hochement de tête et des sourires de façades qu’elle espérait convainquant. Prenant exemple sur son pirate de mari, elle faisait mine de scruter l’horizon, se retournant parfois pour jeter un regard éploré à la terre qui lui manquait déjà tant. Du coin de l'œil, elle regardait de temps à autre le visage d’Altarus et ne pouvait s’empêcher d’éprouver une certaine satisfaction à la joie qu’elle voyait émaner de lui. De mémoire d’elfe, elle ne se rappelait pas l’avoir un jour vu aussi heureux. C’était comme remettre la dernière pièce du puzzle à sa place. Alors qu’elle, n’y était absolument pas.
La main autour de sa hanche était un garde-fou bienvenu qui lui permettait de se concentrer sur ses nausées plus que sur le fait de garder son équilibre. Néanmoins, le jeune demi-elfe, décida de lui compliquer la tâche. Son baiser était empreint du désir qu’elle avait lu en lui lors de la nuit précédente et aussi de celle d’avant et elle mourait d’envie de lui répondre avec la même fougue. Vestoria aurait voulu glisser ses doigts dans ses cheveux pâles pour le presser encore un peu contre elle, elle aurait voulu lover son corps contre le sien pour qu’il en épouse la forme mais elle ne fit rien d’autre que de se tendre plus qu’elle ne l’était déjà, répondant à son baiser du bout des lèvres.
- Je… Oui, oui… Bredouilla-t-elle sans oser ouvrir la bouche trop grand, de peur que la nausée ne l’emporte sur sa concentration. - Mener le navire. Ses mains s’agrippèrent à la barre et Vestoria dû faire un effort pour ne pas lancer un regard désolé à Altarus qui, probablement, ne comprenait pas la raison pour laquelle sa proposition restait ignorée. Hélas, à peine ses doigts se furent-ils enroulés autour du bois que l’envie irrépressible força la jeune femme à se retourner. Repoussant avec force le torse de son mari, elle tituba vivement jusqu’au bastingage et se pencha par-dessus bord.
- Je crois… Un hoquet la plia en deux. - Je crois que ta chère mer ne m’aime pas. Réussit-elle à articuler avant que le reste de son repas ne passe définitivement par dessus bord. Quand enfin, son estomac eut terminé de se vider, Vestoria avait le souffle court et le front humide, ses cheveux étaient complètement décoiffés. Fermant les yeux, elle s’adossa à la rambarde tout en essuyant les coins de sa bouche d’un revers de manche ; elle n’avait rien de mieux sous la main. - Je suis désolée. Je n’avais jamais pris la mer. Peut-être aurais-je mieux fait d’aller à cheval. Ses lèvres se pincèrent, offrant un sourire tordu et maladroit. Le reste du trajet serait, à n’en point douter, horriblement long. - Quand arriverons nous ? Ne put-elle s'empêcher de demander.
- Tu te fais déjà vieux ? Le taquina-t-elle sans imaginer un seul instant qu’effectivement, Altarus vieillissait bien plus vite qu’elle et qu’un jour viendrait où ils se tiendraient face à face, l’un le visage strié de rides, l’autre en pleine possession d’une jeunesse visiblement infinie. - Virkas sera vert de rage ! S’exclama-t-elle tout en talonnant sa jument qui envoya un coup de sabot en même temps qu’elle changeait d’allure. - Mon seul regret c’est de ne pas pouvoir le voir de moi-même ! S’égosilla-t-elle alors que la nuit les engloutissaient tous les deux lorsqu’ils franchirent les barrières de protection de Melorn.
Deux jours, ce fut le temps qui leur fallut pour relier la ville elfique au port du Reike. C’était la première fois que Vestoria s’éloignait autant de la caserne et plus encore de sa demeure, c’était aussi la première fois qu’elle dormait dans des auberges et qu’elle partageait sa couche. Pour autant, elle n’avait jamais autant rayonné de plaisir que ces jours-là. Les baisers d’Altarus sur sa peau n’étaient plus qu’un souvenir alors qu’ils chevauchaient depuis déjà plusieurs heures mais son esprit n’était tout de même tourné que vers lui, vers ce qu’elle lui avait offert ; sans doute la chose la plus précieuse qu’elle n’avait jamais détenue et elle ne le regrettait pas. Pourtant cela lui avait fait peur, la première fois qu’elle avait senti ses doigts la toucher pour autre chose que se battre ou la faire danser. Mais Altarus avait été doux, prévenant et attentionné. Il avait été aux antipodes de ce qu’elle avait un jour imaginé de lui. Alors elle le lui avait offert, cette chose impalpable mais d’une valeur inestimable. Ce n’était pas la nuit de noce qu’on lui avait promis, ni celle qu’elle avait imaginée mais elle ne l’aurait échangé pour rien au monde. Cette nuit était à eux et à eux seuls.
Enfin et pour le plus grand plaisir d’Altarus, ils avaient délaissé leurs chevaux pour le bateau de ce dernier qui les attendaient à quai avec son équipage.
Vestoria était ignorante de beaucoup de choses quant au monde qui s’offrait maintenant à elle. Jamais elle n’avait eu le plaisir de découvrir d’autres paysages que ceux de Melorn, elle s’était contenté de les imaginer grâce aux histoires qu’elle entendait ou dans les livres qu’elle prenait chez elle où dans la bibliothèque de la caserne. Son monde fait de neige, de verdures et de montagnes était si différent de ce qui s’étendait désormais autour d’elle. Il lui semblait presque inconcevable qu’une étendue d’eau aussi gigantesque puisse exister. Les lacs aux abords de Melorn étaient grands mais ce n’était en rien comparable. De plus, elle n’avait jamais mis les pieds sur un bateau. Son regard curieux avait parcouru le pont, les mâts, le nid de pie et la barre. Elle s’était accoudée au bastingage, avait laissé ses doigts courir sur les épais cordages puis elle était monté aux côtés de son époux pour regarder la terre s’éloigner. C’était à ce moment précis qu’elle s’était aperçue que le sol tanguait sous ses pieds et que son estomac n’était guère en accord avec cela.
Cela faisait maintenant des heures qu’ils avaient quitté le port et autant de temps qu’elle gardait la bouche irrémédiablement close, répondant par de vague hochement de tête et des sourires de façades qu’elle espérait convainquant. Prenant exemple sur son pirate de mari, elle faisait mine de scruter l’horizon, se retournant parfois pour jeter un regard éploré à la terre qui lui manquait déjà tant. Du coin de l'œil, elle regardait de temps à autre le visage d’Altarus et ne pouvait s’empêcher d’éprouver une certaine satisfaction à la joie qu’elle voyait émaner de lui. De mémoire d’elfe, elle ne se rappelait pas l’avoir un jour vu aussi heureux. C’était comme remettre la dernière pièce du puzzle à sa place. Alors qu’elle, n’y était absolument pas.
La main autour de sa hanche était un garde-fou bienvenu qui lui permettait de se concentrer sur ses nausées plus que sur le fait de garder son équilibre. Néanmoins, le jeune demi-elfe, décida de lui compliquer la tâche. Son baiser était empreint du désir qu’elle avait lu en lui lors de la nuit précédente et aussi de celle d’avant et elle mourait d’envie de lui répondre avec la même fougue. Vestoria aurait voulu glisser ses doigts dans ses cheveux pâles pour le presser encore un peu contre elle, elle aurait voulu lover son corps contre le sien pour qu’il en épouse la forme mais elle ne fit rien d’autre que de se tendre plus qu’elle ne l’était déjà, répondant à son baiser du bout des lèvres.
- Je… Oui, oui… Bredouilla-t-elle sans oser ouvrir la bouche trop grand, de peur que la nausée ne l’emporte sur sa concentration. - Mener le navire. Ses mains s’agrippèrent à la barre et Vestoria dû faire un effort pour ne pas lancer un regard désolé à Altarus qui, probablement, ne comprenait pas la raison pour laquelle sa proposition restait ignorée. Hélas, à peine ses doigts se furent-ils enroulés autour du bois que l’envie irrépressible força la jeune femme à se retourner. Repoussant avec force le torse de son mari, elle tituba vivement jusqu’au bastingage et se pencha par-dessus bord.
- Je crois… Un hoquet la plia en deux. - Je crois que ta chère mer ne m’aime pas. Réussit-elle à articuler avant que le reste de son repas ne passe définitivement par dessus bord. Quand enfin, son estomac eut terminé de se vider, Vestoria avait le souffle court et le front humide, ses cheveux étaient complètement décoiffés. Fermant les yeux, elle s’adossa à la rambarde tout en essuyant les coins de sa bouche d’un revers de manche ; elle n’avait rien de mieux sous la main. - Je suis désolée. Je n’avais jamais pris la mer. Peut-être aurais-je mieux fait d’aller à cheval. Ses lèvres se pincèrent, offrant un sourire tordu et maladroit. Le reste du trajet serait, à n’en point douter, horriblement long. - Quand arriverons nous ? Ne put-elle s'empêcher de demander.
Citoyen du monde
Altarus Aearon
Messages : 410
crédits : 1438
crédits : 1438
Info personnage
Race: Humain-elfe
Vocation: Guerrier combattant
Alignement: Loyal neutre
Rang: C
Le jeune capitaine l'avait sentie tendue quand elle fut contre lui. Au début, il crut qu'elle était intimidée par sa proposition de tenir la barre pour mener le navire. Ou était-ce de l'appréhension maintenant que la terre n'était plus visible ? Qu'elle quittait des rivages familiers pour se lancer dans l'inconnu ? C'étaient là des interrogations légitimes, alors que la raison la plus simple et la plus évidente lui échappait totalement, tant lui-même avait l'habitude de voguer sur les flots. Il le comprit immédiatement quand Vestoria le repoussa pour se rendre à la rambarde toute proche.
"Strark ! Venez prendre la barre !" ordonna-t-il à son second, qui était tout proche, occupé à enrouler une corde épaisse avec l'aide d'un autre marin.
À l'injonction du demi-elfe, le quinquagénaire se présenta sur le gaillard arrière et se mit à la barre. Altarus put rejoindre sa bien-aimée, qui rendait le contenu de son estomac à la mer. Il se pinça les lèvres, s'en voulant intérieurement de ne pas avoir su anticiper la réaction physiologique de la jeune femme, qui n'avait jamais pris la mer. Une main de soutien à son épaule, il attendit qu'elle ait terminé de vomir son mal-être. Le mal de mer n'était pas quelque chose d'agréable quand on le ressentait pour la première fois de sa vie.
"C'est moi qui suis désolé. J'ai totalement négligé le fait que tu pourrais être malade une fois en mer."
Tout en veillant à ce qu'elle ne bascule pas par-dessus bord, il la laissa reprendre ses moyens. Bousculer les gens à un tel moment n'avait aucun effet bénéfique. Surtout qu'il n'y avait pas d'urgence avec la navigation. La mer était calme, le vent parfait pour fendre les flots...
Quand elle se redressa et se cala contre la rambarde, Vestoria voulut savoir combien de temps durerait son calvaire. Si elle avait une trop grande sensibilité, elle mettrait plus de trois jours à s'habituer au mouvement du navire au contact des vagues.
"Je pensais atteindre la pointe sud de la mer des Anciens, pour nous amarrer à un port au sud de Benedictus. Cela prendra bien moins d'une semaine si les conditions nous sont favorables. D'ordinaire, un passager arrive à supporter le mal de mer en deux ou trois jours..."
Il garda le silence quelques instants, le temps de réfléchir à une alternative.
"On peut s'amarrer à Mael. Nous pouvons y arriver dans quatre jours, et faire le reste du voyage par voie terrestre. Atteindre le Doreï prendra plus de temps... c'est..."
Il sourit légèrement.
"C'est une région qui a de quoi faire concurrence aux Îles Paradisiaques. Mais ces dernières se trouvant trop loin, j'ai opté pour cette voie. Si tu cherchais depuis toujours le dépaysement, je te le promets, tu vas être plus que ravie."
Et il ne serait pas loin de Benedictus ou d'un point portuaire au sud de Doreï pour rejoindre Kaizoku et mener ses affaires. En songeant à son île natale, il se demandait s'il serait réellement sage d'y mener sa tendre épouse. Ce repaire de forbans n'avait pas sa réputation pour rien.
Il tendit sa main gantée vers Vestoria, paume ouverte pour l'inviter à la saisir.
"Viens te reposer dans ma cabine. Et je te préparerai ce qu'il faut pour soulager ce mal de mer."
Se déplacer jusqu'à la dite cabine d'Altarus risquait d'être un sacré calvaire. Mais une fois à l'intérieur, elle pourrait s'allonger sur un lit sommaire mais confortable. L'intérieur de la cabine du capitaine était un peu petit, mais suffisant pour accueillir un passager avec le mobilier adéquat et juste suffisant. Il y avait un bureau où s'étalaient quelques cartes marines et des instruments de navigation, un ou deux manuscrits ouverts...
Une fois Vestoria allongée, s'assurant qu'elle avait un récipient au contenant suffisant si son estomac jouait encore les rebelles, il se dirigea vers une petite armoire incluse dans la paroi de la cabine. Après avoir saisi une chope en étain, il prit deux bouteilles et procéda à un petit mélange. Une odeur de plantes envahit un peu l'air intérieur.
Après avoir rangé les deux bouteilles à leur place, il revint vers Vestoria et lui tendit la chope.
"Ça risque de sentir un peu fort. C'est un petit mélange à base de jus sucré de gingembre et une pointe de liqueur de menthe. Ça risque de piquer un peu en bouche... Je te conseille de le boire à petites gorgées."
Il passa sa main sur la joue de la demi-ange.
"Je vais aller te chercher un peu d'eau et quelques biscuits secs, histoire que ton estomac ait de quoi se calmer après ça."
"Strark ! Venez prendre la barre !" ordonna-t-il à son second, qui était tout proche, occupé à enrouler une corde épaisse avec l'aide d'un autre marin.
À l'injonction du demi-elfe, le quinquagénaire se présenta sur le gaillard arrière et se mit à la barre. Altarus put rejoindre sa bien-aimée, qui rendait le contenu de son estomac à la mer. Il se pinça les lèvres, s'en voulant intérieurement de ne pas avoir su anticiper la réaction physiologique de la jeune femme, qui n'avait jamais pris la mer. Une main de soutien à son épaule, il attendit qu'elle ait terminé de vomir son mal-être. Le mal de mer n'était pas quelque chose d'agréable quand on le ressentait pour la première fois de sa vie.
"C'est moi qui suis désolé. J'ai totalement négligé le fait que tu pourrais être malade une fois en mer."
Tout en veillant à ce qu'elle ne bascule pas par-dessus bord, il la laissa reprendre ses moyens. Bousculer les gens à un tel moment n'avait aucun effet bénéfique. Surtout qu'il n'y avait pas d'urgence avec la navigation. La mer était calme, le vent parfait pour fendre les flots...
Quand elle se redressa et se cala contre la rambarde, Vestoria voulut savoir combien de temps durerait son calvaire. Si elle avait une trop grande sensibilité, elle mettrait plus de trois jours à s'habituer au mouvement du navire au contact des vagues.
"Je pensais atteindre la pointe sud de la mer des Anciens, pour nous amarrer à un port au sud de Benedictus. Cela prendra bien moins d'une semaine si les conditions nous sont favorables. D'ordinaire, un passager arrive à supporter le mal de mer en deux ou trois jours..."
Il garda le silence quelques instants, le temps de réfléchir à une alternative.
"On peut s'amarrer à Mael. Nous pouvons y arriver dans quatre jours, et faire le reste du voyage par voie terrestre. Atteindre le Doreï prendra plus de temps... c'est..."
Il sourit légèrement.
"C'est une région qui a de quoi faire concurrence aux Îles Paradisiaques. Mais ces dernières se trouvant trop loin, j'ai opté pour cette voie. Si tu cherchais depuis toujours le dépaysement, je te le promets, tu vas être plus que ravie."
Et il ne serait pas loin de Benedictus ou d'un point portuaire au sud de Doreï pour rejoindre Kaizoku et mener ses affaires. En songeant à son île natale, il se demandait s'il serait réellement sage d'y mener sa tendre épouse. Ce repaire de forbans n'avait pas sa réputation pour rien.
Il tendit sa main gantée vers Vestoria, paume ouverte pour l'inviter à la saisir.
"Viens te reposer dans ma cabine. Et je te préparerai ce qu'il faut pour soulager ce mal de mer."
Se déplacer jusqu'à la dite cabine d'Altarus risquait d'être un sacré calvaire. Mais une fois à l'intérieur, elle pourrait s'allonger sur un lit sommaire mais confortable. L'intérieur de la cabine du capitaine était un peu petit, mais suffisant pour accueillir un passager avec le mobilier adéquat et juste suffisant. Il y avait un bureau où s'étalaient quelques cartes marines et des instruments de navigation, un ou deux manuscrits ouverts...
Une fois Vestoria allongée, s'assurant qu'elle avait un récipient au contenant suffisant si son estomac jouait encore les rebelles, il se dirigea vers une petite armoire incluse dans la paroi de la cabine. Après avoir saisi une chope en étain, il prit deux bouteilles et procéda à un petit mélange. Une odeur de plantes envahit un peu l'air intérieur.
Après avoir rangé les deux bouteilles à leur place, il revint vers Vestoria et lui tendit la chope.
"Ça risque de sentir un peu fort. C'est un petit mélange à base de jus sucré de gingembre et une pointe de liqueur de menthe. Ça risque de piquer un peu en bouche... Je te conseille de le boire à petites gorgées."
Il passa sa main sur la joue de la demi-ange.
"Je vais aller te chercher un peu d'eau et quelques biscuits secs, histoire que ton estomac ait de quoi se calmer après ça."
Citoyen de La République
Sixte V. Amala
Messages : 184
crédits : 1454
crédits : 1454
Info personnage
Race: Elfe (mi-ange)
Vocation: Guerrier assassin
Alignement: Chaotique Neutre
Rang: D
Trois jours ce n’était guère long dans la vie d’un elfe et Vestoria aurait pu ne jamais les voir passer si seulement ils ne s’étaient pas déroulés dans une chambre exigu avec pour seule fenêtre un hublot de vingt centimètres de diamètre et comme compagnie un seau en bois dont il émanait une odeur au moins aussi exécrable que celle de ce qu'elle y vomissait. La seule chose qui avait le mérite d'apaiser son mal être, outre la présence réconfortante d’Altarus qui avait la gentillesse de ne pas trop froncer le nez malgré les effluves nauséabondes qui émanait de la pièce quand on y entrait, c’était la mixture qu’il lui apportait. Elle avait un goût d’herbe fortement prononcé et un relent de terre qui lui donnait des haut-le-cœur puissant, mais après l’avoir consommé elle pouvait espérer grappiller une poignée d’heure sans être prise de nausée. Néanmoins, elle ne s’essayait pas à manger. Altarus la forçait tout de même à boire beaucoup d’eau, même quelques courtes gorgées de vin mais c’était tout.
Au matin du quatrième jour, les lèvres sèches, la bouche pâteuse et le pas traînant, elle avait quitté sa cabine pour se rendre dans la salle de bain. Plus petite encore que la pièce précédente, il lui avait fallu faire des pieds et des mains pour tenir l'équilibre alors qu’elle se débarrassait de ses vêtements. L’eau était glaciale, pas chauffée pour un sou mais au moins elle était claire et sans sel. Elle frotta son corps en profondeur, récura ses ongles puis lava ses cheveux avant de les démêler longuement puis de les tresser. Ensuite, elle regagna sa chambre pour enfiler une tenue plus décente que le négliger que son époux l’avait aidé à enfiler il y avait trois jours de cela, entre deux vomissements, et qu’elle n’avait pas eu le courage de quitter depuis. Fouillant dans ses affaires, Vestoria se dégota un pantalon et une chemise. Bien loin des robes que la bienséance aurait voulu qu’elle porte. De toute façon, Altarus l’avait plus souvent vue vêtue de son armure en plaque de cuir que dans de belles robes de dame. Peut-être même, songea-t-elle, que c’était à son mariage qu’il l’avait vu pour la première fois avec autre chose que son habituelle tresse. Un sourire aux lèvres, elle enfila sa paire de bottes non sans se demander si c’était pour cette raison qu’il l’avait regardé avec autant d’admiration. Quand elle eut lacé le dernier lien de ses chaussures, elle quitta les entrailles du bateau pour monter sur le pont.
Le soleil crevait tout juste l’horizon lorsqu’elle émergea des escaliers mais le bateau grouillait déjà d’activité, les marins criaient entre eux dans un jargon qu’elle ne connaissait pas, certains mots ne lui étaient pas étrangers tandis que d’autres lui laissaient à penser que c’était une nouvelle langue qu’elle n’avait jamais étudié. C’était peut-être un peu le cas finalement. Quelques regards se tournèrent vers elle, curieux, moqueurs, désapprobateurs mais aucun ne se risqua à l’aborder. Seul l’un d’entre eux, quand il eut accroché son regard, leva le museau en direction du gaillard arrière. La main en visière, la demi-sang ne tarda pas à repérer l’objet de ses désirs et les dieux lui en soit témoin, elle n’était pas sûre d’avoir vu un tel spectacle de toute sa vie. Altarus était là debout, fier comme un paon, qui regardait l’horizon comme si la mer toute entière lui appartenait. Le soleil matinal se frayait un chemin sur le doré blanchâtre de ses cheveux, les auréolant d’or. C’en était presque douloureux à regarder tant il était beau. Beau et à elle. Vestoria eut l’impression de fondre de l’intérieur alors qu’elle se pinçait les lèvres.
Il ne lui fallut que quelques enjambées pour rejoindre son compagnon à la barre. Les dents propres, débarrassée aussi bien de sa crasse que de l’odeur horrible qui s’était accrochée à elle des jours durant et de sa nausée, elle rayonnait. Cela faisait des jours qu’elle n’avait qu’une envie : se blottir contre lui et c’est ce qu’elle fit dès que la distance le lui permit. Puis elle l’embrassa avec affection et sans retenue. Trois jours qu’elle se terrait comme un rat dans un égout, si quelqu’un trouvait à redire à ses effusions de joie qu’il vienne, elle était prête à le recevoir. Mais personne ne vint et elle ne libéra Altarus que lorsqu’elle y fut contrainte. Par son souffle et par la barre qui nécessitait, hélas, qu’on s’y intéresse.
Le reste du voyage se déroula bien mieux qu’il n’avait commencé. L’escale à Maël fut reportée aux vues de l’état de la jeune Amala qui à défaut de pouvoir participer aux repas en bonne et due forme put avaler quelques repas frugaux. Et lorsque l’ennui pour elle fut trop grand, elle s’intéressa à tout ce qu’elle ne connaissait pas : beaucoup de choses. D’abord elle apprit d’Altarus à barrer le bateau, puis de l’un de ses hommes à faire des nœuds, un autre lui apprit à cirer le pont et malgré son statut de dame de Melorn, elle s’y plia avec joie. Les journées étaient rythmées par le labeur, par les chants parfois grivois et par les apprentissages. Vestoria agrémentait également son propre emploi du temps de nombreuses heures d'entraînement à la poupe où parfois son mari, l’unique personne sur ce bateau à pouvoir lui tenir tête en combat singulier, venait l’affronter. Ainsi ils dansèrent pendant des jours et des semaines, parfois ils profitaient d’une halte pour jouir d’une chambre plus luxueuse que celle du bateau qui, bien que respectable n’avait rien à voir avec le confort d’une auberge bien réputée.
- Je t’aime Altarus, je t’aime tellement. Lui avait-elle murmuré un jour avant qu’ils n’arrivent enfin à Kaizoku et il lui avait fait l’amour toute la nuit.
La vie était simple avec Altarus et Vestoria pensait qu’elle le serait toujours. Mais c’était là les espoirs d’une jeune femme qui ne connait rien ni à l’amour, ni aux sentiments et dont la vie n’est qu’aux prémisses. Parfois, lorsque Sixte repenserait à ce moment, elle songerait que c’était là qu’avait débuté la fin de leur relation, presque dix aans avant qu’elle ne se termine d’une façon bien plus atroce. D’autre fois, elle se demanderait si elle et Altarus auraient pu continuer ensemble éternellement, comme ils se l’étaient promis. La question restait sans réponse ; après tout, Altarus Aeron était mort. Du moins était-il censé l’être.
- Viens avec moi, s’il te plait. Je veux… Je voudrais retourner à Melorn et je te veux à mes côtés. Murmura Vestoria, blottit dans les bras de son époux qu’elle n’avait pas vu depuis un nombre de mois tellement long qu’elle avait cessé de les compter. Ses absences lui pesaient et elle ne s’en était jamais plainte ; cela faisait partie de leur accord mais certaines promesses avaient du mal à être tenues. - Tu te souviens quand tu m’as épousé ? Je t’ai parlé de Drakstrang. J'aimerais y entrer dans les années qui viennent. Mais Melorn… Elle releva la tête et posa son menton sur son torse. - Si je retourne y vivre, je ne te verrais plus. Viens avec moi, s’il te plait. Son sourire mutin, releva le coin de ses lèvres. - Les joutes me manquent, les combats aussi. Les maîtres d’armes ici sont très bons mais aucun n’est aussi bon qu’Othar. Tu le sais, n’est-ce pas ? Et elle déposa un baiser sur sa peau.
Au matin du quatrième jour, les lèvres sèches, la bouche pâteuse et le pas traînant, elle avait quitté sa cabine pour se rendre dans la salle de bain. Plus petite encore que la pièce précédente, il lui avait fallu faire des pieds et des mains pour tenir l'équilibre alors qu’elle se débarrassait de ses vêtements. L’eau était glaciale, pas chauffée pour un sou mais au moins elle était claire et sans sel. Elle frotta son corps en profondeur, récura ses ongles puis lava ses cheveux avant de les démêler longuement puis de les tresser. Ensuite, elle regagna sa chambre pour enfiler une tenue plus décente que le négliger que son époux l’avait aidé à enfiler il y avait trois jours de cela, entre deux vomissements, et qu’elle n’avait pas eu le courage de quitter depuis. Fouillant dans ses affaires, Vestoria se dégota un pantalon et une chemise. Bien loin des robes que la bienséance aurait voulu qu’elle porte. De toute façon, Altarus l’avait plus souvent vue vêtue de son armure en plaque de cuir que dans de belles robes de dame. Peut-être même, songea-t-elle, que c’était à son mariage qu’il l’avait vu pour la première fois avec autre chose que son habituelle tresse. Un sourire aux lèvres, elle enfila sa paire de bottes non sans se demander si c’était pour cette raison qu’il l’avait regardé avec autant d’admiration. Quand elle eut lacé le dernier lien de ses chaussures, elle quitta les entrailles du bateau pour monter sur le pont.
Le soleil crevait tout juste l’horizon lorsqu’elle émergea des escaliers mais le bateau grouillait déjà d’activité, les marins criaient entre eux dans un jargon qu’elle ne connaissait pas, certains mots ne lui étaient pas étrangers tandis que d’autres lui laissaient à penser que c’était une nouvelle langue qu’elle n’avait jamais étudié. C’était peut-être un peu le cas finalement. Quelques regards se tournèrent vers elle, curieux, moqueurs, désapprobateurs mais aucun ne se risqua à l’aborder. Seul l’un d’entre eux, quand il eut accroché son regard, leva le museau en direction du gaillard arrière. La main en visière, la demi-sang ne tarda pas à repérer l’objet de ses désirs et les dieux lui en soit témoin, elle n’était pas sûre d’avoir vu un tel spectacle de toute sa vie. Altarus était là debout, fier comme un paon, qui regardait l’horizon comme si la mer toute entière lui appartenait. Le soleil matinal se frayait un chemin sur le doré blanchâtre de ses cheveux, les auréolant d’or. C’en était presque douloureux à regarder tant il était beau. Beau et à elle. Vestoria eut l’impression de fondre de l’intérieur alors qu’elle se pinçait les lèvres.
Il ne lui fallut que quelques enjambées pour rejoindre son compagnon à la barre. Les dents propres, débarrassée aussi bien de sa crasse que de l’odeur horrible qui s’était accrochée à elle des jours durant et de sa nausée, elle rayonnait. Cela faisait des jours qu’elle n’avait qu’une envie : se blottir contre lui et c’est ce qu’elle fit dès que la distance le lui permit. Puis elle l’embrassa avec affection et sans retenue. Trois jours qu’elle se terrait comme un rat dans un égout, si quelqu’un trouvait à redire à ses effusions de joie qu’il vienne, elle était prête à le recevoir. Mais personne ne vint et elle ne libéra Altarus que lorsqu’elle y fut contrainte. Par son souffle et par la barre qui nécessitait, hélas, qu’on s’y intéresse.
Le reste du voyage se déroula bien mieux qu’il n’avait commencé. L’escale à Maël fut reportée aux vues de l’état de la jeune Amala qui à défaut de pouvoir participer aux repas en bonne et due forme put avaler quelques repas frugaux. Et lorsque l’ennui pour elle fut trop grand, elle s’intéressa à tout ce qu’elle ne connaissait pas : beaucoup de choses. D’abord elle apprit d’Altarus à barrer le bateau, puis de l’un de ses hommes à faire des nœuds, un autre lui apprit à cirer le pont et malgré son statut de dame de Melorn, elle s’y plia avec joie. Les journées étaient rythmées par le labeur, par les chants parfois grivois et par les apprentissages. Vestoria agrémentait également son propre emploi du temps de nombreuses heures d'entraînement à la poupe où parfois son mari, l’unique personne sur ce bateau à pouvoir lui tenir tête en combat singulier, venait l’affronter. Ainsi ils dansèrent pendant des jours et des semaines, parfois ils profitaient d’une halte pour jouir d’une chambre plus luxueuse que celle du bateau qui, bien que respectable n’avait rien à voir avec le confort d’une auberge bien réputée.
- Je t’aime Altarus, je t’aime tellement. Lui avait-elle murmuré un jour avant qu’ils n’arrivent enfin à Kaizoku et il lui avait fait l’amour toute la nuit.
***
Une quizaine d'années plus tard, Kaizoku
La vie était simple avec Altarus et Vestoria pensait qu’elle le serait toujours. Mais c’était là les espoirs d’une jeune femme qui ne connait rien ni à l’amour, ni aux sentiments et dont la vie n’est qu’aux prémisses. Parfois, lorsque Sixte repenserait à ce moment, elle songerait que c’était là qu’avait débuté la fin de leur relation, presque dix aans avant qu’elle ne se termine d’une façon bien plus atroce. D’autre fois, elle se demanderait si elle et Altarus auraient pu continuer ensemble éternellement, comme ils se l’étaient promis. La question restait sans réponse ; après tout, Altarus Aeron était mort. Du moins était-il censé l’être.
- Viens avec moi, s’il te plait. Je veux… Je voudrais retourner à Melorn et je te veux à mes côtés. Murmura Vestoria, blottit dans les bras de son époux qu’elle n’avait pas vu depuis un nombre de mois tellement long qu’elle avait cessé de les compter. Ses absences lui pesaient et elle ne s’en était jamais plainte ; cela faisait partie de leur accord mais certaines promesses avaient du mal à être tenues. - Tu te souviens quand tu m’as épousé ? Je t’ai parlé de Drakstrang. J'aimerais y entrer dans les années qui viennent. Mais Melorn… Elle releva la tête et posa son menton sur son torse. - Si je retourne y vivre, je ne te verrais plus. Viens avec moi, s’il te plait. Son sourire mutin, releva le coin de ses lèvres. - Les joutes me manquent, les combats aussi. Les maîtres d’armes ici sont très bons mais aucun n’est aussi bon qu’Othar. Tu le sais, n’est-ce pas ? Et elle déposa un baiser sur sa peau.
Citoyen du monde
Altarus Aearon
Messages : 410
crédits : 1438
crédits : 1438
Info personnage
Race: Humain-elfe
Vocation: Guerrier combattant
Alignement: Loyal neutre
Rang: C
La vie aurait pu rester simple bien plus longtemps si l’amour véritable n’avait pas saisi ces deux belles âmes, quand elles s’étaient promises l’un à l’autre par un baiser dépassant bien plus loin qu’une simple promesse de liberté. Cette liberté qu’Altarus avait accepté de lui offrir en acceptant le mariage, pour qu’elle échappe à la morosité que lui offrait sa famille. Une liberté que Vestoria avait accepté de laisser au demi-elfe pour vivre la sienne, pour que se tourne la page du mépris et du déni familial. Mais cette union les avait liés bien plus profondément que cela. D’une simple amitié était né quelque chose de bien plus grand que les deux jeunes gens.
Aujourd’hui, après une décennie de vie ensemble, malgré les longues périodes d’absence où Altarus naviguait sur les flots et s’occupait de ses affaires tant de pirates que commerciales, ils étaient, sans le savoir vraiment, à l’approche d’un carrefour qui serait le dernier tournant de leur existence commune. Dix longues années qui avaient été si belles, si simples, inimitables, que jamais Altarus ne retrouverait d’équivalent et qu’il s’en languirait des années plus tard encore, regrettant parfois la décision qu’il aurait prise pour que Vestoria puisse mener la vie si ardemment désirée, celle qu’elle avait si longtemps aspirée.
La belle demi-ange était dans ses bras. Sa chaleur était comme un baume rafraîchissant après son dernier voyage en mer. Vestoria avait toujours été comme une fleur à peine éclose, sentant la rosée dans un matin d’un premier printemps encore endormi d’un long hiver glacial.
Il écouta les paroles de Vestoria en silence. Oui, il se rappelait du souhait profond de sa bien-aimée à rejoindre Drakstrang. Cela n’avait été qu’une question de temps avant que la jeune femme n’attrape sa destinée à pleines mains pour rejoindre les rangs d’instruction de cette grande école reikoise. Avait-il espéré que cela se fasse plus tard encore ? Plusieurs années, une décennie encore ? La demi-ange avait toute sa vie devant elle, une bien plus longue que lui n’aurait jamais à cause du sang humain qui laissait le temps l’emporter bien plus vite qu’elle. Dans un demi-siècle, il serait marqué comme un humain connaissant les affres du temps, alors qu’elle resterait jeune et désirable. Il ne pourrait lui demander d’attendre, pour lui et avec lui. De base, il avait accepté de se marier pour la libérer de sa famille qui ne voyait pas le joyau qu’elle était destinée à devenir dans les années à venir. C’était avant de comprendre la profondeur des sentiments qu’il avait eus pour elle. Avait-ce été une bonne chose de les accepter, au lieu de les repousser ? Le regrettait-il ? Non, il ne regrettait pas ses choix. Mais aujourd’hui, quelque chose le perturbait intérieurement.
Son cœur avait fini par se serrer aux paroles de Vestoria, ses mots résonnant dans l'espace étroit entre eux comme un écho d'une vérité qu'il n’avait jamais cru possible de songer. Il la regarda, ses yeux brillant d'une tendresse infinie. Depuis dix ans, ils avaient partagé des moments d'une rare intensité, mêlés de joies et de silences pesants entre deux absences. Doucement, il passa une main dans la chevelure d’or. Elle était une âme qui avait besoin de sentir la terre sous ses pieds, de tenir une arme pour que siffle l’air de sa hargne à démontrer sa force et son agilité. Elle avait besoin de faire ses preuves, que le monde entier voie ce qu’elle valait réellement. À ses yeux, elle n’avait nul besoin de le faire. Il connaissait sa force intérieure. Lui, il n’avait pas toutes ces aspirations. La mer l’avait façonné. Chaque vague, chaque souffle de vent marin était un élément de son existence, quelque chose qui était devenu une part indissociable de lui-même. Il aimait Vestoria, mais ce qu’elle lui demandait… Et en même temps, il peinait à savoir s’il redoutait de la perdre. Pourrait-elle accepter qu’ils continuent de vivre ainsi, se voyant courtement, avant qu’il ne reparte sur les flots, avec cette incertitude de plus jamais la revoir ? La mer était tout pour lui. Un jour, elle réclamerait sa vie en échange de sa bienveillance à son égard. Elle était une femme exigeante, qui ne partageait guère les âmes qu’elle chérissait et qui la chérissaient.
Il la regarda, son regard bleu acier se perdant dans les siens.
"Othar est devenu trop vieux pour réussir à te tenir tête…." Il frémit d’une passion renaissante quand ses lèvres se déposèrent sur la peau de son torse. "Je ne serai jamais capable de le remplacer… je n’aurai jamais sa patience..."
Car si Vestoria avait évoqué leur ancien maître d’armes, ce n’était pas pour retrouver ses entraînements, son franc-parler et sa bonne humeur. Altarus connaissait très bien sa dulcinée pour savoir quel chemin elle lui proposait indirectement pour renforcer son souhait de le voir suivre son sillage. Il l’aimait tellement. Trouver les mots justes était difficile. Il ne voulait pas la froisser.
"Je m’en rappelle. Plus rien ne se dresse sur ta route pour intégrer ses rangs. Tu as toutes les capacités nécessaires pour devenir la meilleure parmi tous."
Il la serra un peu plus fort contre lui, sentant la chaleur de son corps contre le sien.
"Je ne peux pas retourner à Melorn…"
Et son souhait d’y retourner, était-ce pour revoir les siens, ses proches qui l’avaient toujours déconsidérée ?
"Je voudrais pouvoir te suivre, te soutenir, dans chaque défi que tu veux relever, qui sont encore à affronter. Mais... je ne suis pas certain d’accepter de devenir définitivement un terrien. La mer est ma vie. Je ne vois pas vivre loin de ses flots."
Il voulait l’embrasser. Son cœur battait durement dans sa poitrine en prononçant ces mots, sachant que c’était lui qui ajoutait du poids dans la balance de leur avenir. Mais il savait aussi que, pour eux deux, être fidèles à eux-mêmes était essentiel.
"À Drakstrang, tu seras prise dans tes études. Mais Ikusa a un port. Je pourrai faire en sorte de passer plus fréquemment..."
Accepterait-elle de demeurer à l'attendre ainsi, comme ces dix dernières années ? Avec ses formations, ses études, ne risquait-elle pas d'être trop prise et de rater ses arrivées portuaires. Restait à voir ce qu'elle répondra...
Aujourd’hui, après une décennie de vie ensemble, malgré les longues périodes d’absence où Altarus naviguait sur les flots et s’occupait de ses affaires tant de pirates que commerciales, ils étaient, sans le savoir vraiment, à l’approche d’un carrefour qui serait le dernier tournant de leur existence commune. Dix longues années qui avaient été si belles, si simples, inimitables, que jamais Altarus ne retrouverait d’équivalent et qu’il s’en languirait des années plus tard encore, regrettant parfois la décision qu’il aurait prise pour que Vestoria puisse mener la vie si ardemment désirée, celle qu’elle avait si longtemps aspirée.
La belle demi-ange était dans ses bras. Sa chaleur était comme un baume rafraîchissant après son dernier voyage en mer. Vestoria avait toujours été comme une fleur à peine éclose, sentant la rosée dans un matin d’un premier printemps encore endormi d’un long hiver glacial.
Il écouta les paroles de Vestoria en silence. Oui, il se rappelait du souhait profond de sa bien-aimée à rejoindre Drakstrang. Cela n’avait été qu’une question de temps avant que la jeune femme n’attrape sa destinée à pleines mains pour rejoindre les rangs d’instruction de cette grande école reikoise. Avait-il espéré que cela se fasse plus tard encore ? Plusieurs années, une décennie encore ? La demi-ange avait toute sa vie devant elle, une bien plus longue que lui n’aurait jamais à cause du sang humain qui laissait le temps l’emporter bien plus vite qu’elle. Dans un demi-siècle, il serait marqué comme un humain connaissant les affres du temps, alors qu’elle resterait jeune et désirable. Il ne pourrait lui demander d’attendre, pour lui et avec lui. De base, il avait accepté de se marier pour la libérer de sa famille qui ne voyait pas le joyau qu’elle était destinée à devenir dans les années à venir. C’était avant de comprendre la profondeur des sentiments qu’il avait eus pour elle. Avait-ce été une bonne chose de les accepter, au lieu de les repousser ? Le regrettait-il ? Non, il ne regrettait pas ses choix. Mais aujourd’hui, quelque chose le perturbait intérieurement.
Son cœur avait fini par se serrer aux paroles de Vestoria, ses mots résonnant dans l'espace étroit entre eux comme un écho d'une vérité qu'il n’avait jamais cru possible de songer. Il la regarda, ses yeux brillant d'une tendresse infinie. Depuis dix ans, ils avaient partagé des moments d'une rare intensité, mêlés de joies et de silences pesants entre deux absences. Doucement, il passa une main dans la chevelure d’or. Elle était une âme qui avait besoin de sentir la terre sous ses pieds, de tenir une arme pour que siffle l’air de sa hargne à démontrer sa force et son agilité. Elle avait besoin de faire ses preuves, que le monde entier voie ce qu’elle valait réellement. À ses yeux, elle n’avait nul besoin de le faire. Il connaissait sa force intérieure. Lui, il n’avait pas toutes ces aspirations. La mer l’avait façonné. Chaque vague, chaque souffle de vent marin était un élément de son existence, quelque chose qui était devenu une part indissociable de lui-même. Il aimait Vestoria, mais ce qu’elle lui demandait… Et en même temps, il peinait à savoir s’il redoutait de la perdre. Pourrait-elle accepter qu’ils continuent de vivre ainsi, se voyant courtement, avant qu’il ne reparte sur les flots, avec cette incertitude de plus jamais la revoir ? La mer était tout pour lui. Un jour, elle réclamerait sa vie en échange de sa bienveillance à son égard. Elle était une femme exigeante, qui ne partageait guère les âmes qu’elle chérissait et qui la chérissaient.
Il la regarda, son regard bleu acier se perdant dans les siens.
"Othar est devenu trop vieux pour réussir à te tenir tête…." Il frémit d’une passion renaissante quand ses lèvres se déposèrent sur la peau de son torse. "Je ne serai jamais capable de le remplacer… je n’aurai jamais sa patience..."
Car si Vestoria avait évoqué leur ancien maître d’armes, ce n’était pas pour retrouver ses entraînements, son franc-parler et sa bonne humeur. Altarus connaissait très bien sa dulcinée pour savoir quel chemin elle lui proposait indirectement pour renforcer son souhait de le voir suivre son sillage. Il l’aimait tellement. Trouver les mots justes était difficile. Il ne voulait pas la froisser.
"Je m’en rappelle. Plus rien ne se dresse sur ta route pour intégrer ses rangs. Tu as toutes les capacités nécessaires pour devenir la meilleure parmi tous."
Il la serra un peu plus fort contre lui, sentant la chaleur de son corps contre le sien.
"Je ne peux pas retourner à Melorn…"
Et son souhait d’y retourner, était-ce pour revoir les siens, ses proches qui l’avaient toujours déconsidérée ?
"Je voudrais pouvoir te suivre, te soutenir, dans chaque défi que tu veux relever, qui sont encore à affronter. Mais... je ne suis pas certain d’accepter de devenir définitivement un terrien. La mer est ma vie. Je ne vois pas vivre loin de ses flots."
Il voulait l’embrasser. Son cœur battait durement dans sa poitrine en prononçant ces mots, sachant que c’était lui qui ajoutait du poids dans la balance de leur avenir. Mais il savait aussi que, pour eux deux, être fidèles à eux-mêmes était essentiel.
"À Drakstrang, tu seras prise dans tes études. Mais Ikusa a un port. Je pourrai faire en sorte de passer plus fréquemment..."
Accepterait-elle de demeurer à l'attendre ainsi, comme ces dix dernières années ? Avec ses formations, ses études, ne risquait-elle pas d'être trop prise et de rater ses arrivées portuaires. Restait à voir ce qu'elle répondra...
Citoyen de La République
Sixte V. Amala
Messages : 184
crédits : 1454
crédits : 1454
Info personnage
Race: Elfe (mi-ange)
Vocation: Guerrier assassin
Alignement: Chaotique Neutre
Rang: D
Vestoria n’aimait guère la tournure que prenait leur conversation. Loin d’être sotte, elle n’avait pas imaginé qu’Altarus se plierait à son souhait mais elle avait au moins espéré qu’il hésiterait. Rien qu’un peu. Or si elle lisait le regret dans le bleu de son regard, il n’y avait nul place pour l’hésitation. Une part d’elle l’avait toujours sut et l’avait si profondément enterré que la voir ressortir lui fit un mal de chien. C’était comme si son époux lui-même avait creusé un trou béant à l’aide de ses ongles, creusant, creusant, creusant et creusant encore la chair de sa poitrine pour mettre à nu les sentiments à son égard. Pour la première fois depuis leur mariage, elle le détesta. Un sentiment éphémère, qui ne dura qu’une seconde mais d’une violence inouïe qui l'ébranla jusque dans son fondement.
- Je ne… Je ne veux pas aller à Ikusa. Murmura-t-elle d’une petite voix. - Je n’ai presque aucune chance d’être prise sur ce campus. Si je dois y entrer, ce sera à Melorn. Là-bas je pourrais m’assurer une place. Peut-être ensuite pourrait-elle demander une mutation sur un campus différent. - Et quand bien même, il me faut encore de nombreuses années d'entraînement. J’ai passé les dix dernières années à… A quoi, au juste ? A être une épouse parfaite ? A se plier aux us et coutumes de l’île sur laquelle elle s’était établie ? Altarus n’était pas un homme très contraignant, elle ne pouvait le lui retirer mais cela n’enlevait rien à la quantité de mois qui c’étaient écoulés sans qu’il ne soit à ses côtés et où elle ne pouvait rien faire de plus que d’attendre durant des heures, debout sur la falaise qui donnait sur le port, d’espérer entrevoir les voiles de son navire. Parfois il ne s’écoulait que quelques jours, parfois il s’agissait de mois. Plusieurs fois, elle avait craint qu’on ne lui rapporte son cadavre. Heureusement, ça ne s’était jamais produit. Pour autant, elle n’en oubliait pas sa promesse : sa liberté contre leurs épousailles. Elle lui avait promis de ne jamais l’encager mais aujourd’hui, elle hésitait.
Nue, elle se débarassa de la couverture pour s’asseoir au milieu du lit, tournée vers le jeune homme.
- Je suis à demi-ange. Le Reike… Tu sais ce que le Reike fait aux gens comme moi. Je suis peut-être bonne combattante mais je ne ferais pas le poids face à une nation entière. Au mieux ils m’arracheront les ailes à la première occasion, au pire ils me tueront. Vestoria scruta son visage. - Personnellement, je n’y tiens pas.
Finalement, elle se détourna de lui pour s’asseoir au bord du lit. Un silence lourd de non-dit tomba sur eux avec la lourdeur du plomb et ce ne fut qu’une longue inspiration qui le brisa.
- La mer est ta vie et tu ne te vois pas vivre loin d’elle. Mais loin de moi, oui. Un rire s’échappa de sa gorge avant de se briser, elle renifla. - Je me suis toujours demandé si tu avais des amantes dans les ports où tu faisais escale. J’aurais dû me rendre compte que c’était elle, la plus redoutable. Et sans demander son reste, elle s’enfuit de leur couche.
Les jours passèrent et se ressemblèrent. Mornes, insipides, aussi gris que le ciel au-dessus de Kaizoku comme en écho aux émotions tumultueuses qui se disputaient la place dans son esprit et dans son cœur. Vestoria pleurait souvent lorsqu’elle était certaine que personne pouvait la voir, le reste du temps, elle se laissait aller à la monotonie de la vie sur l’île ; aidant lorsque c’était nécessaire, participant aux tâches qui seyaient à l’épouse du jeune maître et puis dès qu’elle le pouvait, elle s'éclipsait en douce sur les falaises rocailleuses qui surplombaient la mer. Ici, elle pouvait laisser exploser toute sa rancoeur, attaquer des ennemis invisibles avec une dextérité émoussée, une rapidité qui avait perdue de sa vigueur et puis elle la maudissait. Ce chien d’océan, cette garce de mer. Personne ne pouvait l’empêcher de jurer ici, ni rire de cette colère qu’elle éprouvait envers cette amante immatérielle qui ondulait de tout son corps pour attirer son mari avide d’elle.
- Je vous déteste, je vous déteste tous les deux. Murmura-t-elle au vent qui porta ses mots jusqu’à sa rivale qui, en réponse, fit fracasser une vague sur les rochers en contrebas. Vestoria la toisa encore un moment avant de redescendre vers le domaine pour, une fois encore, passer une nuit seule dans un lit glacial.
- Je ne… Je ne veux pas aller à Ikusa. Murmura-t-elle d’une petite voix. - Je n’ai presque aucune chance d’être prise sur ce campus. Si je dois y entrer, ce sera à Melorn. Là-bas je pourrais m’assurer une place. Peut-être ensuite pourrait-elle demander une mutation sur un campus différent. - Et quand bien même, il me faut encore de nombreuses années d'entraînement. J’ai passé les dix dernières années à… A quoi, au juste ? A être une épouse parfaite ? A se plier aux us et coutumes de l’île sur laquelle elle s’était établie ? Altarus n’était pas un homme très contraignant, elle ne pouvait le lui retirer mais cela n’enlevait rien à la quantité de mois qui c’étaient écoulés sans qu’il ne soit à ses côtés et où elle ne pouvait rien faire de plus que d’attendre durant des heures, debout sur la falaise qui donnait sur le port, d’espérer entrevoir les voiles de son navire. Parfois il ne s’écoulait que quelques jours, parfois il s’agissait de mois. Plusieurs fois, elle avait craint qu’on ne lui rapporte son cadavre. Heureusement, ça ne s’était jamais produit. Pour autant, elle n’en oubliait pas sa promesse : sa liberté contre leurs épousailles. Elle lui avait promis de ne jamais l’encager mais aujourd’hui, elle hésitait.
Nue, elle se débarassa de la couverture pour s’asseoir au milieu du lit, tournée vers le jeune homme.
- Je suis à demi-ange. Le Reike… Tu sais ce que le Reike fait aux gens comme moi. Je suis peut-être bonne combattante mais je ne ferais pas le poids face à une nation entière. Au mieux ils m’arracheront les ailes à la première occasion, au pire ils me tueront. Vestoria scruta son visage. - Personnellement, je n’y tiens pas.
Finalement, elle se détourna de lui pour s’asseoir au bord du lit. Un silence lourd de non-dit tomba sur eux avec la lourdeur du plomb et ce ne fut qu’une longue inspiration qui le brisa.
- La mer est ta vie et tu ne te vois pas vivre loin d’elle. Mais loin de moi, oui. Un rire s’échappa de sa gorge avant de se briser, elle renifla. - Je me suis toujours demandé si tu avais des amantes dans les ports où tu faisais escale. J’aurais dû me rendre compte que c’était elle, la plus redoutable. Et sans demander son reste, elle s’enfuit de leur couche.
Les jours passèrent et se ressemblèrent. Mornes, insipides, aussi gris que le ciel au-dessus de Kaizoku comme en écho aux émotions tumultueuses qui se disputaient la place dans son esprit et dans son cœur. Vestoria pleurait souvent lorsqu’elle était certaine que personne pouvait la voir, le reste du temps, elle se laissait aller à la monotonie de la vie sur l’île ; aidant lorsque c’était nécessaire, participant aux tâches qui seyaient à l’épouse du jeune maître et puis dès qu’elle le pouvait, elle s'éclipsait en douce sur les falaises rocailleuses qui surplombaient la mer. Ici, elle pouvait laisser exploser toute sa rancoeur, attaquer des ennemis invisibles avec une dextérité émoussée, une rapidité qui avait perdue de sa vigueur et puis elle la maudissait. Ce chien d’océan, cette garce de mer. Personne ne pouvait l’empêcher de jurer ici, ni rire de cette colère qu’elle éprouvait envers cette amante immatérielle qui ondulait de tout son corps pour attirer son mari avide d’elle.
- Je vous déteste, je vous déteste tous les deux. Murmura-t-elle au vent qui porta ses mots jusqu’à sa rivale qui, en réponse, fit fracasser une vague sur les rochers en contrebas. Vestoria la toisa encore un moment avant de redescendre vers le domaine pour, une fois encore, passer une nuit seule dans un lit glacial.
Citoyen du monde
Altarus Aearon
Messages : 410
crédits : 1438
crédits : 1438
Info personnage
Race: Humain-elfe
Vocation: Guerrier combattant
Alignement: Loyal neutre
Rang: C
Le demi-elfe était demeuré silencieux. Même quand les gestes de Vestoria indiquaient qu'elle quitterait le lit, il ne souffla aucun mot. Lui-même était ébranlé, tant par ce qu'il avait pu dire que par les paroles de Vestoria. Son esprit était en pleine effervescence, tentant d'analyser et de comprendre. Que pouvait-il dire sur l'instant ? Les sentiments étaient quelque chose de si... humain, qui représentait sa moitié. Intérieurement, il regretta de ne pas avoir plus de cette part-là, qui lui avait plus offert une espérance de vie elfique écourtée qu'une meilleure compréhension des émotions.
Quand Vestoria s'assit sur le bord du lit, lui tournant le dos, il voulut tendre le bras, poser sa main sur son épaule, la reprendre contre lui et essayer de réparer cette fêlure qu'il avait provoquée. Il ne fut pas assez rapide. La jeune femme se sauva hors du lit.
"Vestoria ! Attends !" avait-il alors énoncé avec une certaine force désolée, le bras tendu dans la direction qu'elle avait prise en quittant la chambre. Ses derniers mots avant de se précipiter loin de lui avaient été tranchants. En y réfléchissant bien, ils dénonçaient une part de réalité.
Altarus resta figé un long moment après le départ de sa bien-aimée, ses mots tournant en boucle dans son esprit. La douleur qui transparaissait dans sa voix, la rancœur, la peur... Pendant qu'il réfléchissait à tout cela, sa main avait fini par se poser là où s'était trouvée Vestoria. La place vide était devenue froide, comme si elle n'avait jamais été présente à ses côtés cette nuit. La sensation était étrange, effrayante, déroutante. Il ferma les yeux, regrettant d'avoir eu des œillères durant tant de temps. Au-delà de cette promesse qu'il lui avait murmurée lors de leur union, il y avait l'amour qu'il éprouvait pour elle. Mais ce n'était pas l'amour auquel s'attendait Vestoria. Le pire était qu'il l'avait toujours su, sans jamais réellement le saisir, le comprendre. Cette vie qu'il menait, qui était sienne depuis qu'il avait appris à naviguer sur la mer, imposait des sacrifices à sa femme. Naviguer durant des jours, des semaines, des mois... ne faisant que des retours écourtés avant de repartir à nouveau... En s'unissant, ils avaient offert la liberté de l'un comme de l'autre. Mais à découvrir l'ampleur de la solitude qu'il lui imposait, qu'elle avait endurée en silence... Ses mâchoires se crispèrent.
La liberté exigeait souvent un prix en contrepartie, plus encore quand on aspirait à s'élever dans un avenir proche. Vestoria avait des rêves, des désirs. Une décennie n'était rien pour une femme au sang mélangé, qui aurait une plus grande vie que lui.
Pour la première fois, il se trouvait face à une mer immatérielle sur laquelle il ne savait pas comment naviguer.
Il se leva lentement du lit, l’esprit quelque peu engourdi par une confusion nouvelle. La mer avait toujours été sa vie, avec un lien profond et indéfectible qui s'était ancré au plus profond de son âme. Ce lien semblait être la cause de toute la souffrance de Vestoria. Croire qu'il suffisait de toujours revenir à elle, même après des mois en mer, suffirait à leurs existences. Mais il n’avait jamais vraiment envisagé ce que ses absences signifiaient pour elle, seule sur cette île, attendant un mari qui ne revenait que pour repartir. Leur engagement commun avait doucement pris une autre voie, au fur et à mesure des années passant.
Après s'être vêtu, le pirate quitta la chambre, décidé à sortir prendre l'air frais de la nuit. Il devait réfléchir à tout cela, car ce qui était en train de naître devait avoir une solution. Il ne pouvait pas la laisser se gangrener. Par où commencer dans tout ce flot d'informations et surtout de ressentis émotionnels ? Comment concilier sa vie et celle de Vestoria, qui aspirait à "grandir" ? Les mots ne suffiront pas. Il soupira, regarda autour de lui, espérant voir la gracieuse silhouette de sa femme. Il ne la vit point.
Il rejoignit une petite crique qui ne se trouvait pas loin, afin de contempler la surface noire et luisante de la mer sous la nuit étoilée. Il la contemplait et la trouvait étrangement différente. Comparer ce qu'était la mer à Vestoria était déjà impossible. Il les aimait toutes les deux, mais de manière différente. Vivre sans elles... difficile à imaginer. Pourtant, un jour, une des deux disparaîtra. L'une restera.
Il restait là, à fixer la mer, à entendre le chant du ressac paresseux sur la grève emplie de galets ronds. Il ne se lassera jamais de cette mélodie, comme d'autres émises par la mer. Il devait faire un choix. Et une fois qu'il l'aura pris, il ne pourra plus faire demi-tour.
La mer, si précieuse à ses yeux, n’avait plus la même saveur. Elle lui semblait désormais cruelle, presque étrangère. Mais Altarus comprit qu'il devrait peut-être apprendre à vivre sans elle, ou du moins, à ne plus la laisser dominer sa vie. S’il devait choisir entre la mer et sa femme, il savait, au fond de lui, que son choix était déjà fait.
Après cette nuit, les jours passèrent et se ressemblèrent, laissant une certaine langueur mélancolique dans le cœur du pirate, qui préférait attendre avant de trouver la demi-ange. Il y avait des moments qui appelaient à ne pas brusquer les choses et à laisser place à un peu de solitude pour que la tempête passe. Cette tempête-là marquait déjà les cœurs... Il savait où elle se rendait à certains moments de la journée. Il ne fit rien pour rejoindre ce lieu, comprenant pourquoi elle s'isolait.
Lui-même, durant ce délai empli d'incertitude, était sorti plusieurs fois en mer, à bord d'une petite chaloupe à voile, pour se laisser porter par les légers courants des environs, allongé au fond de la barque, contemplant le ciel, sentant l'air frais et salin, écoutant l'eau clapoter contre les parois de bois... Il réfléchissait encore, essayant de trouver la bonne voie.
Il ne pouvait y en avoir qu'une seule possible, même si cela signifiait renoncer à une partie de lui-même.
Un soir, il était là, sur le sentier rocailleux qui menait aux hautes falaises. Il guettait son retour. Sans rien dire, il l'attendait, prenant toute la patience nécessaire pour qu'elle accepte de se rapprocher suffisamment de lui. Il avait le visage marqué par quelques traits de regrets, ou de remords, qui sait. Doucement, il tendit une main ouverte vers sa bien-aimée. Il n'avait qu'à attendre qu'elle accepte de la saisir, ou pas.
"Partons tous les deux pour Melorn..."
Le départ pour Melorn avait d'abord commencé par de nombreux préparatifs. Altarus prenait le temps nécessaire pour qu'il ait le moins de choses qui le retenaient à Kaizoku, marquant ainsi sa prise de décision de suivre Vestoria. Ainsi, elle pourra entamer les études qu'elle désirait tant. Pour lui, ce serait une nouvelle étape dans sa vie, qui sera décisive.
Pendant qu'il s'occupait de clôturer certaines affaires et de mener les préparatifs pour son navire, il lui arrivait de fixer l'horizon lointain, avec un étrange éclat dans son regard bleu-acier. Il n'appréciera plus cette vue avant un bon moment...
Quand tout fut achevé, l'agile voilier du pirate prit la mer, suivant le chemin inverse de la première venue de la demi-ange sur l'île, des années auparavant.
Une fois les côtes du Doreï rejointes, ils voyagèrent par la terre pour atteindre la Mer des Anciens, où ils purent réembarquer pour la suite du voyage à bord d'un autre navire appartenant au demi-elfe. Tenant la barre d'une main ferme pour profiter du vent, une fois que seule la Mer des Anciens les environnait, le jeune homme prit plaisir à contempler sa femme. Elle avait retrouvé son sourire. Elle rayonnait de cette vie pétillante qui la caractérisait tant. Le jour du départ, ils avaient à peine conversé. Timidement, ils étaient revenus l'un à l'autre et maintenant, elle était là, à bord avec lui. Il l'aimait tellement ! Ils avaient renoué leurs âmes, comme avant... comme si rien ne s'était passé. Il se rappelait souvent la déchirure qu'il avait provoquée bien des jours auparavant. Pourra-t-il seulement se pardonner ?
À l'approche d'Ikusa, une tempête rendit la mer grosse et furieuse. Altarus donnait les injonctions nécessaires pour que son équipage manœuvre à des moments précis. Ce n'était pas la première tempête qu'il affrontait, mais les vagues imposaient des creux serrés, mettant une pression certaine et invisible sur la coque. Lorsqu'il en traversa une, il entendit un craquement sourd, qui se perdait dans les autres gémissements boisés du navire, si infime, si insignifiant. Lui, il sut ce qui venait de se produire.
*La quille...*
Son brick, bien qu'entretenu, devenait vieux... Heureusement, la tempête cessa sans causer de dommages supplémentaires, et ils passèrent Ikusa pour rejoindre un port de petite importance, afin de débarquer et de terminer la dernière étape de leur voyage. Le navire avait tenu bon. En même temps, personne n'avait remarqué quoi que ce soit. Il n'avait voulu inquiéter aucun de ses marins. La quille était la colonne vertébrale d'une coque. Tout était soutenu par cette énorme et longue pièce d'un seul tenant.
À croire que la mer lui offrait le moyen de confirmer son choix... Il crut que son cœur se fendre. Il réussit à ne pas porter une main à sa poitrine, tant cette froide sensation le transperçait. Après avoir mis pied à terre, il regarda son navire. L'un de ses marins était un triton. Il lui confiera la tâche d'évaluer l'étendue des dégâts et de lui en faire part personnellement. Quand cela sera fait, il rejoindra Vestoria, pour se préparer à un nouveau départ vers Melorn. Une calèche avait été affrétée cette fois, il y avait veillé. Voyager à cheval n'était pas évident, vu qu'il n'était pas bon cavalier. Voyager plus confortablement sera plus "facile". Il devra s'assurer d'avoir son remède pour le mal de terre comme pour le mal des transports terrestres.
Avant d'y monter, il prit sa belle demi-ange dans les bras, avant de l'embrasser non sans une certaine passion. Il l'aimait, au point de sacrifier ce qu'il avait de plus cher, pour qu'elle poursuive ses rêves. N'était-ce pas la raison première de leur mariage, avant que leurs émotions ne s'ouvrent pleinement entre eux deux ? Il l'accompagnera jusqu'à Melorn, essaiera malgré tout de s'adapter à une vie terrienne, tout en attendant la missive de son marin triton sur l'état de la quille... il prévoyait deux semaines... Après quoi, il lui faudra retourner à Benedictus pour "clore" ce qui lui restait là-bas, même s'il avait anticipé bien avant avec du courrier envoyé avec des messagers de confiance.
Deux semaines... Juste deux semaines, avant que son choix soit véritablement définitif, avec le prix à payer derrière.
Quand Vestoria s'assit sur le bord du lit, lui tournant le dos, il voulut tendre le bras, poser sa main sur son épaule, la reprendre contre lui et essayer de réparer cette fêlure qu'il avait provoquée. Il ne fut pas assez rapide. La jeune femme se sauva hors du lit.
"Vestoria ! Attends !" avait-il alors énoncé avec une certaine force désolée, le bras tendu dans la direction qu'elle avait prise en quittant la chambre. Ses derniers mots avant de se précipiter loin de lui avaient été tranchants. En y réfléchissant bien, ils dénonçaient une part de réalité.
Altarus resta figé un long moment après le départ de sa bien-aimée, ses mots tournant en boucle dans son esprit. La douleur qui transparaissait dans sa voix, la rancœur, la peur... Pendant qu'il réfléchissait à tout cela, sa main avait fini par se poser là où s'était trouvée Vestoria. La place vide était devenue froide, comme si elle n'avait jamais été présente à ses côtés cette nuit. La sensation était étrange, effrayante, déroutante. Il ferma les yeux, regrettant d'avoir eu des œillères durant tant de temps. Au-delà de cette promesse qu'il lui avait murmurée lors de leur union, il y avait l'amour qu'il éprouvait pour elle. Mais ce n'était pas l'amour auquel s'attendait Vestoria. Le pire était qu'il l'avait toujours su, sans jamais réellement le saisir, le comprendre. Cette vie qu'il menait, qui était sienne depuis qu'il avait appris à naviguer sur la mer, imposait des sacrifices à sa femme. Naviguer durant des jours, des semaines, des mois... ne faisant que des retours écourtés avant de repartir à nouveau... En s'unissant, ils avaient offert la liberté de l'un comme de l'autre. Mais à découvrir l'ampleur de la solitude qu'il lui imposait, qu'elle avait endurée en silence... Ses mâchoires se crispèrent.
La liberté exigeait souvent un prix en contrepartie, plus encore quand on aspirait à s'élever dans un avenir proche. Vestoria avait des rêves, des désirs. Une décennie n'était rien pour une femme au sang mélangé, qui aurait une plus grande vie que lui.
Pour la première fois, il se trouvait face à une mer immatérielle sur laquelle il ne savait pas comment naviguer.
Il se leva lentement du lit, l’esprit quelque peu engourdi par une confusion nouvelle. La mer avait toujours été sa vie, avec un lien profond et indéfectible qui s'était ancré au plus profond de son âme. Ce lien semblait être la cause de toute la souffrance de Vestoria. Croire qu'il suffisait de toujours revenir à elle, même après des mois en mer, suffirait à leurs existences. Mais il n’avait jamais vraiment envisagé ce que ses absences signifiaient pour elle, seule sur cette île, attendant un mari qui ne revenait que pour repartir. Leur engagement commun avait doucement pris une autre voie, au fur et à mesure des années passant.
Après s'être vêtu, le pirate quitta la chambre, décidé à sortir prendre l'air frais de la nuit. Il devait réfléchir à tout cela, car ce qui était en train de naître devait avoir une solution. Il ne pouvait pas la laisser se gangrener. Par où commencer dans tout ce flot d'informations et surtout de ressentis émotionnels ? Comment concilier sa vie et celle de Vestoria, qui aspirait à "grandir" ? Les mots ne suffiront pas. Il soupira, regarda autour de lui, espérant voir la gracieuse silhouette de sa femme. Il ne la vit point.
Il rejoignit une petite crique qui ne se trouvait pas loin, afin de contempler la surface noire et luisante de la mer sous la nuit étoilée. Il la contemplait et la trouvait étrangement différente. Comparer ce qu'était la mer à Vestoria était déjà impossible. Il les aimait toutes les deux, mais de manière différente. Vivre sans elles... difficile à imaginer. Pourtant, un jour, une des deux disparaîtra. L'une restera.
Il restait là, à fixer la mer, à entendre le chant du ressac paresseux sur la grève emplie de galets ronds. Il ne se lassera jamais de cette mélodie, comme d'autres émises par la mer. Il devait faire un choix. Et une fois qu'il l'aura pris, il ne pourra plus faire demi-tour.
La mer, si précieuse à ses yeux, n’avait plus la même saveur. Elle lui semblait désormais cruelle, presque étrangère. Mais Altarus comprit qu'il devrait peut-être apprendre à vivre sans elle, ou du moins, à ne plus la laisser dominer sa vie. S’il devait choisir entre la mer et sa femme, il savait, au fond de lui, que son choix était déjà fait.
Après cette nuit, les jours passèrent et se ressemblèrent, laissant une certaine langueur mélancolique dans le cœur du pirate, qui préférait attendre avant de trouver la demi-ange. Il y avait des moments qui appelaient à ne pas brusquer les choses et à laisser place à un peu de solitude pour que la tempête passe. Cette tempête-là marquait déjà les cœurs... Il savait où elle se rendait à certains moments de la journée. Il ne fit rien pour rejoindre ce lieu, comprenant pourquoi elle s'isolait.
Lui-même, durant ce délai empli d'incertitude, était sorti plusieurs fois en mer, à bord d'une petite chaloupe à voile, pour se laisser porter par les légers courants des environs, allongé au fond de la barque, contemplant le ciel, sentant l'air frais et salin, écoutant l'eau clapoter contre les parois de bois... Il réfléchissait encore, essayant de trouver la bonne voie.
Il ne pouvait y en avoir qu'une seule possible, même si cela signifiait renoncer à une partie de lui-même.
Un soir, il était là, sur le sentier rocailleux qui menait aux hautes falaises. Il guettait son retour. Sans rien dire, il l'attendait, prenant toute la patience nécessaire pour qu'elle accepte de se rapprocher suffisamment de lui. Il avait le visage marqué par quelques traits de regrets, ou de remords, qui sait. Doucement, il tendit une main ouverte vers sa bien-aimée. Il n'avait qu'à attendre qu'elle accepte de la saisir, ou pas.
"Partons tous les deux pour Melorn..."
******
Le départ pour Melorn avait d'abord commencé par de nombreux préparatifs. Altarus prenait le temps nécessaire pour qu'il ait le moins de choses qui le retenaient à Kaizoku, marquant ainsi sa prise de décision de suivre Vestoria. Ainsi, elle pourra entamer les études qu'elle désirait tant. Pour lui, ce serait une nouvelle étape dans sa vie, qui sera décisive.
Pendant qu'il s'occupait de clôturer certaines affaires et de mener les préparatifs pour son navire, il lui arrivait de fixer l'horizon lointain, avec un étrange éclat dans son regard bleu-acier. Il n'appréciera plus cette vue avant un bon moment...
Quand tout fut achevé, l'agile voilier du pirate prit la mer, suivant le chemin inverse de la première venue de la demi-ange sur l'île, des années auparavant.
Une fois les côtes du Doreï rejointes, ils voyagèrent par la terre pour atteindre la Mer des Anciens, où ils purent réembarquer pour la suite du voyage à bord d'un autre navire appartenant au demi-elfe. Tenant la barre d'une main ferme pour profiter du vent, une fois que seule la Mer des Anciens les environnait, le jeune homme prit plaisir à contempler sa femme. Elle avait retrouvé son sourire. Elle rayonnait de cette vie pétillante qui la caractérisait tant. Le jour du départ, ils avaient à peine conversé. Timidement, ils étaient revenus l'un à l'autre et maintenant, elle était là, à bord avec lui. Il l'aimait tellement ! Ils avaient renoué leurs âmes, comme avant... comme si rien ne s'était passé. Il se rappelait souvent la déchirure qu'il avait provoquée bien des jours auparavant. Pourra-t-il seulement se pardonner ?
À l'approche d'Ikusa, une tempête rendit la mer grosse et furieuse. Altarus donnait les injonctions nécessaires pour que son équipage manœuvre à des moments précis. Ce n'était pas la première tempête qu'il affrontait, mais les vagues imposaient des creux serrés, mettant une pression certaine et invisible sur la coque. Lorsqu'il en traversa une, il entendit un craquement sourd, qui se perdait dans les autres gémissements boisés du navire, si infime, si insignifiant. Lui, il sut ce qui venait de se produire.
*La quille...*
Son brick, bien qu'entretenu, devenait vieux... Heureusement, la tempête cessa sans causer de dommages supplémentaires, et ils passèrent Ikusa pour rejoindre un port de petite importance, afin de débarquer et de terminer la dernière étape de leur voyage. Le navire avait tenu bon. En même temps, personne n'avait remarqué quoi que ce soit. Il n'avait voulu inquiéter aucun de ses marins. La quille était la colonne vertébrale d'une coque. Tout était soutenu par cette énorme et longue pièce d'un seul tenant.
À croire que la mer lui offrait le moyen de confirmer son choix... Il crut que son cœur se fendre. Il réussit à ne pas porter une main à sa poitrine, tant cette froide sensation le transperçait. Après avoir mis pied à terre, il regarda son navire. L'un de ses marins était un triton. Il lui confiera la tâche d'évaluer l'étendue des dégâts et de lui en faire part personnellement. Quand cela sera fait, il rejoindra Vestoria, pour se préparer à un nouveau départ vers Melorn. Une calèche avait été affrétée cette fois, il y avait veillé. Voyager à cheval n'était pas évident, vu qu'il n'était pas bon cavalier. Voyager plus confortablement sera plus "facile". Il devra s'assurer d'avoir son remède pour le mal de terre comme pour le mal des transports terrestres.
Avant d'y monter, il prit sa belle demi-ange dans les bras, avant de l'embrasser non sans une certaine passion. Il l'aimait, au point de sacrifier ce qu'il avait de plus cher, pour qu'elle poursuive ses rêves. N'était-ce pas la raison première de leur mariage, avant que leurs émotions ne s'ouvrent pleinement entre eux deux ? Il l'accompagnera jusqu'à Melorn, essaiera malgré tout de s'adapter à une vie terrienne, tout en attendant la missive de son marin triton sur l'état de la quille... il prévoyait deux semaines... Après quoi, il lui faudra retourner à Benedictus pour "clore" ce qui lui restait là-bas, même s'il avait anticipé bien avant avec du courrier envoyé avec des messagers de confiance.
Deux semaines... Juste deux semaines, avant que son choix soit véritablement définitif, avec le prix à payer derrière.
Page 2 sur 3 • 1, 2, 3
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum