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Le néant total...
Si jusqu'ici la liche avait lutté contre le contrôle que le démon souhaitait prendre. Elle lui laissa le privilège d'être le meneur, ne serait-ce que le temps d'obtenir son plein potentiel. D'autant plus que l'idée d'une entité, qu'elle reconnaissait maintenant comme supérieure, était bien curieuse. N'ayant jamais rencontré un être comme tel, la liche se laissa tenter par la proposition qu'elle considérait comme un jeu. Différent de ses distractions habituelles.
Mélantha se montrait complètement indifférente et désintéressée par le récit de son interlocuteur, regardant ses griffes comme si elle avait autre chose à faire. Et pourtant, elle était attentive.
La comparaison qui avait été faite entre une inconnue insignifiante et la grande sorcière qu'elle était, la dérangea. Là où l'entité y voyait une similitude, la liche n'y entendait que des sottises. Dans son fort intérieur, elle ne faisait que contredire les propos de son interlocuteur, refusant d'être affiliée à une quelconque mortelle qui avait, pour elle, très sûrement rien avoir avec ce qu'elle n'était réellement.
Tapotant ses griffes sur son bras, la liche esquissa un sourire mauvais en imaginant battre la petite protégée du démon, seulement pour le plaisir de lui prouver qu'il sous-estimait le monstre qui se tenait devant lui. Mais le savoir et la sagesse de l'être des songes pouvaient facilement la convaincre d'une dangerosité encore plus importante que ce qu'elle ne pensait être.
Au fil de la conversation, lorsque l'entité évoqua le fanatisme qu'il provoquait chez les âmes errantes, Mélantha voulut lever les yeux au ciel mais, impossible de réagir, voilà qu'elle se rendait compte que depuis le début de son monologue, elle n'avait pas détourné son regard de la chouette. Happée par la sonorité de cette double voix lointaine, finalement, ses dires l'avaient plus intéressée que ce qu'elle ne pensait. La proposition d'échange résonna dans l'air, Mélantha cligna des yeux lentement, un mouvement qu'elle n'avait pas réalisé depuis de longues minutes.
Le Prince des songes se trouvait là, maintenant à ses côtés en un battement de cil. Son apparition discrète mais soudaine amena avec elle un parfum si apaisant, envoûtant mais surtout soporifique. La liche n'aimait guère sa façon de faire, mais trop fatiguée pour raviver les flammes de sa colère sans fin, Mélantha, docile et calme resta seulement impassible. Elle releva le regard, les paupières lourdes vers l'entité, en écoutant la dernière partie de son discours. La double-voix résonna en un écho que la somnolente cherchait à en déceler le sens qui commençait à lui échapper. Elle releva sa main en réponse à celle qui se tendait vers elle. Hésitante, les sourcils froncés, le contact n'avait même pas été effectué que la mort-vivante sombra dans les bras de Morphée.
Le néant total... Puis un rêve.
Une forêt de bois morts, sans feuillages et aux branches amaigris, venaient rajouter des formes dans ce néant onirique. Aucune végétation présente, seul un sol brûlé, de pierre et couvert d'un voile de cendres qui volaient en particule dans l'air, même en l'absence de vent. Les petites tâches s'envolaient vers le ciel blanc, donnant ainsi un tableau en noir et blanc. La liche se trouvait là, à traîner des pieds dans cet amas de cendres, laissant derrière elle des pas ensanglanté. Cette situation n'avait ni queue ni tête et pourtant, elle y trouvait actuellement une logique, comme si elle avait toujours était là.
En relevant la tête, elle put apercevoir haut dans le ciel, une pupille mauve en guise d'astre, l'observant. La liche se souvint de la présence du Prince des Songes, elle ressentait cette sensation d'éternité, comme s'il avait toujours était là et d'un autre côté elle était dépourvue de sa haine, laissant l'entité vaquer avec elle. A ses côtés ou simple spectateur impalpable, il était présent.
Le rêve suivait son cours, sans fil déterminant la suite. Une mélodie bien connue de Mélantha résonna à travers la forêt, c'était sa voix qui la chantait, avec ses rires machiavéliques. Amusée, la liche se dirigea nonchalamment dans cette direction, traversant la brume, les couleurs blanches tournèrent vers le rouge, sanglantes et peu rassurantes pour certains, amusantes pour la sorcière. Le bois n'était plus, voilà qu'elle se trouvait dans une pièce totalement recouvertes de matière organiques, telle l'intérieur d'un être vivant, la chair rouge et rosé, pulsante et dégoulinant de sang. Mélantha regagna des émotions, elle reconnut sa folie en cette salle, et se mit à rire de plus bel, surtout en y voyant la pile de cadavre qui prenait de l'ampleur petit à petit. C'était toutes ses victimes qu'elle avait déjà achevée auparavant. La liche gloussa, jusqu'à voir le visage du dernier corps qui tomba. Une elfe blonde aux yeux clairs. La rêveuse fronça les sourcils, le visage de la femme lui évoquant quelque chose, elle s'approcha quelques peu, le doigt prêt à toucher la joue du curieux cadavre mais avant que le contact ne puisse s'effectuer, un trou se creusa sous ses pieds, la happant dans une chute vers les ténèbres. A la surface, alors qu'elle sombrait, elle aperçut de nouveau cet œil mauve, témoin silencieux.
Le néant total... s'estompant sur la mélodie. Cette fois-ci elle se fit entendre sous les notes d'une boîte à musique. Chaque notes clarifiaient les images floues, la liche ouvrit les yeux sur l'intérieur d'une demeure, petite, coquette, inconnue et pourtant... familière. Elle se trouvait-là, en plein milieu d'une pièce, une tonne de paperasse et de livres remplissaient les lieux. Un cercle et une étoile en son centre était dessiné sur le sol avec du sang, des bougies l'entourant. Elle y trouvait en plein milieu un petit paquet de carte qu'elle connaissait très bien. Son jeu de tarot. Bien que sa présence y soit logique, elle ne comprenait pas le pourquoi du comment. Elle le ramassa et se dirigea vers la mélodie qui continuait de jouer, dans une pièce adjacente.
Une chambre. Un lit à baldaquin, illuminé par la lumière lunaire traversant les vitres, régnait sur la petite salle. La curiosité était les présences qui s'y trouvaient. Elle, Mélantha était couchée sur ce lit, ou du moins un double d'elle, fantôme du passé peut-être, puisqu'elle ne faisait qu'observer. Son double, plus vivante, une vraie elfe. Gisait dans son propre sang, un liquide pourpre qui s'échappait de son buste et de sa bouche. Son cœur résonna soudainement en elle à cette image. Mais ce n'était pas tout. Les mains ensanglantées, une silhouette elfique, blonde, se releva, faisant dos à la rêveuse et regardant le crime qu'elle venait de commettre. Puis elle se retourna, dévoilant son visage. Les yeux clairs, percèrent l'âme de la liche qui l'observait, et pourtant, elle était apparemment invisible puisque la blondinette se dépêcha vers elle, la traversant tel un fantôme pour quitter la chambre.
En se retournant à toute vitesse pour suivre la silhouette qui s'éloignait, Mélantha se trouva soudainement sur le lit, à la position de son double. Revivant la scène quelques instants plus tôt. Se voyant transpercer le cœur, l'elfette la dominant, assise sur elle en assénant de multiples coups de dagues, une haine profonde dans son regard, son attaque n'avait pas de fin. La douleur était intense, terrible même. Trahit, le cœur brisé et se faisant lâchement assassiné, cet instant semblait durer une éternité. La musique s’accéléra dans la panique de sa situation. Lorsque cet infini prit fin, la liche, immobile, sentait sa plaie se vider, le liquide chaud coulant le long de son bras pendant dans le vide. Incapable de faire quoique ce soit. Elle voulait hurler, elle se souvint de sa promesse lugubre qu'elle avait juré de tenir envers Alya. Tel était son nom.
Comme si son nom était la clé de sa liberté, Mélantha se redressa en hurlant et, instantanément, elle se retrouva de nouveau dans la forêt de cendres. Recroquevillée, se maintenant la tête elle ne cessait de hurler. La pupille toujours témoin. Puis, le néant total.
Mélantha revint à elle dans une grande inspiration de panique. Des larmes noires régnaient sur ses joues à son réveil, ce même liquide sombre coulait de son trou béant au sein de son buste. Le cœur battant la chamade, le regard perdu, elle repoussa instinctivement tout ce qui lui tombait sous la main, repoussant violemment la table sur les sièges d'en face, renversant ce qui était dessus, cartes et bougies. Elle se leva en furie, se maintenant la tête ne sachant que faire de cette migraine incessante. Les yeux noircis par le fluide de jais, elle retourna son regard sur l'entité, en colère, comme si il avait été coupable de ce qu'elle venait de rêver.
"QU'EST CE QUE TU AS FAIT ?!"
Elle se ressassa ce dont elle venait de se souvenir. Ce n'était pas un rêve comme un autre, c'était ce qu'elle avait oublié depuis tout ce temps. Elle ne se souvint que de ce qu'elle était et comment était-elle morte mais surtout, par qui.
Si jusqu'ici la liche avait lutté contre le contrôle que le démon souhaitait prendre. Elle lui laissa le privilège d'être le meneur, ne serait-ce que le temps d'obtenir son plein potentiel. D'autant plus que l'idée d'une entité, qu'elle reconnaissait maintenant comme supérieure, était bien curieuse. N'ayant jamais rencontré un être comme tel, la liche se laissa tenter par la proposition qu'elle considérait comme un jeu. Différent de ses distractions habituelles.
Mélantha se montrait complètement indifférente et désintéressée par le récit de son interlocuteur, regardant ses griffes comme si elle avait autre chose à faire. Et pourtant, elle était attentive.
La comparaison qui avait été faite entre une inconnue insignifiante et la grande sorcière qu'elle était, la dérangea. Là où l'entité y voyait une similitude, la liche n'y entendait que des sottises. Dans son fort intérieur, elle ne faisait que contredire les propos de son interlocuteur, refusant d'être affiliée à une quelconque mortelle qui avait, pour elle, très sûrement rien avoir avec ce qu'elle n'était réellement.
Tapotant ses griffes sur son bras, la liche esquissa un sourire mauvais en imaginant battre la petite protégée du démon, seulement pour le plaisir de lui prouver qu'il sous-estimait le monstre qui se tenait devant lui. Mais le savoir et la sagesse de l'être des songes pouvaient facilement la convaincre d'une dangerosité encore plus importante que ce qu'elle ne pensait être.
Au fil de la conversation, lorsque l'entité évoqua le fanatisme qu'il provoquait chez les âmes errantes, Mélantha voulut lever les yeux au ciel mais, impossible de réagir, voilà qu'elle se rendait compte que depuis le début de son monologue, elle n'avait pas détourné son regard de la chouette. Happée par la sonorité de cette double voix lointaine, finalement, ses dires l'avaient plus intéressée que ce qu'elle ne pensait. La proposition d'échange résonna dans l'air, Mélantha cligna des yeux lentement, un mouvement qu'elle n'avait pas réalisé depuis de longues minutes.
Le Prince des songes se trouvait là, maintenant à ses côtés en un battement de cil. Son apparition discrète mais soudaine amena avec elle un parfum si apaisant, envoûtant mais surtout soporifique. La liche n'aimait guère sa façon de faire, mais trop fatiguée pour raviver les flammes de sa colère sans fin, Mélantha, docile et calme resta seulement impassible. Elle releva le regard, les paupières lourdes vers l'entité, en écoutant la dernière partie de son discours. La double-voix résonna en un écho que la somnolente cherchait à en déceler le sens qui commençait à lui échapper. Elle releva sa main en réponse à celle qui se tendait vers elle. Hésitante, les sourcils froncés, le contact n'avait même pas été effectué que la mort-vivante sombra dans les bras de Morphée.
Le néant total... Puis un rêve.
Une forêt de bois morts, sans feuillages et aux branches amaigris, venaient rajouter des formes dans ce néant onirique. Aucune végétation présente, seul un sol brûlé, de pierre et couvert d'un voile de cendres qui volaient en particule dans l'air, même en l'absence de vent. Les petites tâches s'envolaient vers le ciel blanc, donnant ainsi un tableau en noir et blanc. La liche se trouvait là, à traîner des pieds dans cet amas de cendres, laissant derrière elle des pas ensanglanté. Cette situation n'avait ni queue ni tête et pourtant, elle y trouvait actuellement une logique, comme si elle avait toujours était là.
En relevant la tête, elle put apercevoir haut dans le ciel, une pupille mauve en guise d'astre, l'observant. La liche se souvint de la présence du Prince des Songes, elle ressentait cette sensation d'éternité, comme s'il avait toujours était là et d'un autre côté elle était dépourvue de sa haine, laissant l'entité vaquer avec elle. A ses côtés ou simple spectateur impalpable, il était présent.
Le rêve suivait son cours, sans fil déterminant la suite. Une mélodie bien connue de Mélantha résonna à travers la forêt, c'était sa voix qui la chantait, avec ses rires machiavéliques. Amusée, la liche se dirigea nonchalamment dans cette direction, traversant la brume, les couleurs blanches tournèrent vers le rouge, sanglantes et peu rassurantes pour certains, amusantes pour la sorcière. Le bois n'était plus, voilà qu'elle se trouvait dans une pièce totalement recouvertes de matière organiques, telle l'intérieur d'un être vivant, la chair rouge et rosé, pulsante et dégoulinant de sang. Mélantha regagna des émotions, elle reconnut sa folie en cette salle, et se mit à rire de plus bel, surtout en y voyant la pile de cadavre qui prenait de l'ampleur petit à petit. C'était toutes ses victimes qu'elle avait déjà achevée auparavant. La liche gloussa, jusqu'à voir le visage du dernier corps qui tomba. Une elfe blonde aux yeux clairs. La rêveuse fronça les sourcils, le visage de la femme lui évoquant quelque chose, elle s'approcha quelques peu, le doigt prêt à toucher la joue du curieux cadavre mais avant que le contact ne puisse s'effectuer, un trou se creusa sous ses pieds, la happant dans une chute vers les ténèbres. A la surface, alors qu'elle sombrait, elle aperçut de nouveau cet œil mauve, témoin silencieux.
Le néant total... s'estompant sur la mélodie. Cette fois-ci elle se fit entendre sous les notes d'une boîte à musique. Chaque notes clarifiaient les images floues, la liche ouvrit les yeux sur l'intérieur d'une demeure, petite, coquette, inconnue et pourtant... familière. Elle se trouvait-là, en plein milieu d'une pièce, une tonne de paperasse et de livres remplissaient les lieux. Un cercle et une étoile en son centre était dessiné sur le sol avec du sang, des bougies l'entourant. Elle y trouvait en plein milieu un petit paquet de carte qu'elle connaissait très bien. Son jeu de tarot. Bien que sa présence y soit logique, elle ne comprenait pas le pourquoi du comment. Elle le ramassa et se dirigea vers la mélodie qui continuait de jouer, dans une pièce adjacente.
Une chambre. Un lit à baldaquin, illuminé par la lumière lunaire traversant les vitres, régnait sur la petite salle. La curiosité était les présences qui s'y trouvaient. Elle, Mélantha était couchée sur ce lit, ou du moins un double d'elle, fantôme du passé peut-être, puisqu'elle ne faisait qu'observer. Son double, plus vivante, une vraie elfe. Gisait dans son propre sang, un liquide pourpre qui s'échappait de son buste et de sa bouche. Son cœur résonna soudainement en elle à cette image. Mais ce n'était pas tout. Les mains ensanglantées, une silhouette elfique, blonde, se releva, faisant dos à la rêveuse et regardant le crime qu'elle venait de commettre. Puis elle se retourna, dévoilant son visage. Les yeux clairs, percèrent l'âme de la liche qui l'observait, et pourtant, elle était apparemment invisible puisque la blondinette se dépêcha vers elle, la traversant tel un fantôme pour quitter la chambre.
En se retournant à toute vitesse pour suivre la silhouette qui s'éloignait, Mélantha se trouva soudainement sur le lit, à la position de son double. Revivant la scène quelques instants plus tôt. Se voyant transpercer le cœur, l'elfette la dominant, assise sur elle en assénant de multiples coups de dagues, une haine profonde dans son regard, son attaque n'avait pas de fin. La douleur était intense, terrible même. Trahit, le cœur brisé et se faisant lâchement assassiné, cet instant semblait durer une éternité. La musique s’accéléra dans la panique de sa situation. Lorsque cet infini prit fin, la liche, immobile, sentait sa plaie se vider, le liquide chaud coulant le long de son bras pendant dans le vide. Incapable de faire quoique ce soit. Elle voulait hurler, elle se souvint de sa promesse lugubre qu'elle avait juré de tenir envers Alya. Tel était son nom.
Comme si son nom était la clé de sa liberté, Mélantha se redressa en hurlant et, instantanément, elle se retrouva de nouveau dans la forêt de cendres. Recroquevillée, se maintenant la tête elle ne cessait de hurler. La pupille toujours témoin. Puis, le néant total.
Mélantha revint à elle dans une grande inspiration de panique. Des larmes noires régnaient sur ses joues à son réveil, ce même liquide sombre coulait de son trou béant au sein de son buste. Le cœur battant la chamade, le regard perdu, elle repoussa instinctivement tout ce qui lui tombait sous la main, repoussant violemment la table sur les sièges d'en face, renversant ce qui était dessus, cartes et bougies. Elle se leva en furie, se maintenant la tête ne sachant que faire de cette migraine incessante. Les yeux noircis par le fluide de jais, elle retourna son regard sur l'entité, en colère, comme si il avait été coupable de ce qu'elle venait de rêver.
"QU'EST CE QUE TU AS FAIT ?!"
Elle se ressassa ce dont elle venait de se souvenir. Ce n'était pas un rêve comme un autre, c'était ce qu'elle avait oublié depuis tout ce temps. Elle ne se souvint que de ce qu'elle était et comment était-elle morte mais surtout, par qui.
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Rêve
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crédits : 408
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Entrant en résonnance avec l'explosion d'émotions de la sorcière, Rêve laissa son déguisement s'effriter dans une effusion de plumes et de particules ténébreuses. Portant une main griffue à son torse qui se métamorphosait lentement, il saisit l'orbe ténébreuse que contenait son poitrail et l'écrasa subitement, ce qui déclencha une détonation furtive semblable à des cris horrifiés. Il vit absolument tout, dans les moindres détails, et ce qu'il perçut en elle lui donna raison : elle était bien plus qu'une simple femme aliénée par une vie de décadence.
Lorsqu'enfin la pauvre liche parvint à retrouver l'usage de ses yeux, ce qu'elle vit ne fut plus la silhouette d'un jeune homme mais bel et bien une engeance démoniaque, une apparence infiniment plus adéquate pour le Démon qui se révélait dans toute sa splendeur. Le jeu s'arrêtait, laissant dignement sa place au véritable aspect des sinistres machinations de la créature issue d'un autre univers. Lorsque la bête prit la parole, ses voix s'étaient faites à la fois plus féminines, mais aussi distordues et dissonantes :
"Ce que j'ai fait ? Précisément ce que je t'ai annoncé, ma chère."
La lumière de la bougie était morte, rendant difficile la perception de la créature cauchemardesque. Dans la pénombre, les sons sifflants de son enveloppe se transformant dans une cacophonie de morbides craquements rendaient hommage à toute l'horreur dont il savait si bien se rendre responsable. Revigoré par un souvenir aussi poignant que capital dans l'existence de la voyante, il s'était finalement dévoilé dans un élan tumultueux de sentiments. Ce dont il venait d'être témoin était bien loin d'un simple spectacle et c'était maintenant avec un tout autre sérieux qu'il traitait l'interaction avec cette délicieuse rencontre.
Le corps de Rêve, désormais aussi énorme qu'inconcevable dans toute son étrangeté, conférait à la pièce des dimensions trop restreintes. Ses ailes colossales aux frontières confuses se muaient avec l'obscurité et les pointes acérées des plumes qui les parsemaient dansaient doucement comme de sordides tendons ténébreux. Sa queue effilée à la pointe terminée en éventail duveteux qui s'étirait sur plusieurs mètres vint lentement s'enrouler autour de la liche, ne s'arrêtant qu'à quelques centimètres de son corps mais paraissait au demeurant la menacer par une potentielle étreinte. Dans cette atmosphère étouffante, la bête fantasmagorique évoluait pourtant avec l'aisance d'un poisson dans l'eau. Discernant sans mal les symptômes du mal qui assaillait la défunte en sursis, le monstre démesuré sut quoi faire.
Il fondit en avant tel un oiseau de proie et ses serres allongées enserrèrent le visage larmoyant de la malheureuse. Dans un craquement à la fois visqueux et rocailleux, sa gueule aux crocs bien trop nombreux s'ouvrit et un nuage violacé vint s'en extraire en un véritable torrent, noyant l'entièreté de la pièce dans une brume mystique. Les forces de la sorcière l'abandonnèrent entièrement et lorsqu'elle perdit l'équilibre, ce fut la queue puissante de la chimère qui l'agrippa pour la maintenir en place. Désormais à la merci de Cauchemar, il eut semblé qu'elle aurait pu être dévorée sur le champ par cette multitude de crocs, de tentacules et de lames effilées, mais il n'en fut rien.
Rêve agissait par amour.
En tant qu'être profondément aimant, il ne trouvait satisfaction, comme il l'avait annoncé précédemment, que dans l'évolution de ceux qui acceptaient de lui tendre la main. En le laissant entrer, la sorcière s'était inévitablement engagée sur une route recelant de milliers de dangers mais, de cette expérience si ardue, elle ressortirait grandie. Elle deviendrait ce qu'elle avait toujours été destinée à être. Une merveille. Bien que forte, l'emprise de la créature cauchemardesque ne fut en rien hostile et encore moins douloureuse. La portant avec toute les précautions nécessaires, il passa doucement une griffe sur les larmes noires de la liche, chassant le liquide sans y accorder le moindre regard. La gueule s'ouvrit encore mais les mots qu'entendit la voyante lui parvinrent directement par voie spirituelle.
"Ne t'ai-je pas promis de t'accorder le contrôle de ton esprit ? Ne t'ai-je pas rendu le droit à cette mémoire qui t'appartient, mais qui t'a injustement été volée ? Tu te souviens, désormais. Tu sais ce que tu as été. Que deviendras-tu alors ?"
L'embrassade de la créature était à la fois glaciale et étouffante mais, dans cet océan de parfums si envoutants et contrastées, les sensations perçues par la liche étaient de toute façon estompées, rendues lointaines par le nuage soporifique qui s'était fait à la fois poison insidieux et responsable de sa guérison. Rêve, comblé d'avoir fait ce pourquoi il avait été créé, ajouta avec un tel bonheur qui en eut l'air totalement fanatique :
"Trahie, abandonnée, assassinée, mais elle foule toujours le sol des mortels. Ton âme est tenace, ta volonté est de fer. Que vas-tu devenir, rêveuse ? Seras-tu une épée vengeresse, t'abandonneras-tu aux ténèbres qui t'habitent ? Dis-le moi, je t'en implore. Dis-moi quel est ton nouveau rêve."
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Dans l'obscurité totale, seules brillaient les pupilles rouges de l'entité, ayant opté pour une apparence plus angoissante, les traits imperceptibles de sa silhouette dévoilaient une carrure plus imposante, s'étendant doucement dans des craquements terrifiant. Un prédateur dangereux préparant son assaut dont la liche en était la proie. Emprisonnée dans ce tourbillon d'émotions qui lui était tombé dessus, la mort-vivante prit peur de ce qui s'élevait face à elle, la véritable apparence du démon qu'elle avait provoqué. Ses ailes, dissimulées dans l'obscurité, s'étendaient, écrasant l'environnement de sa taille considérable.
La queue de phœnix du démon se rapprochant de Mélantha, la força à reculer contre le mur bien que sa haine la poussait à égorger l'oiseau en expansion. Menaçante, l'extrémité plumeuse au bout d'éventail entourait la liche sans pour autant l'asphyxier ni même entrer en contact avec. Le démon pouvait très bien resserrer sa prise à tout moment, au moindre mouvement suspect de sa victime, sans qu'elle ne puisse faire quoique ce soit.
Soumise à l'étreinte, au nuage soporifique, Mélantha ne put qu'être témoin de sa faiblesse, tombant dans la prise duveteuse, elle n'était que spectatrice de sa situation. Le monstre se rapprocha, les crocs sombres menacèrent d'achever la liche aussi aisément qu'un aigle broyant sa proie entre ses serres. Et pourtant le seul geste qui avait été effectué était d'effacer les larmes sombres ornant les joues de l'incapable, démontrant une passivité et une forme d'affection. Avec ceci, ses paroles télépathiques bien qu'à la tonalité peu rassurante, ses propos étaient prometteurs, avivant la détermination qui se taisait sous le flot incontrôlable des émotions.
Son corps semblait endormi dans un nuage impalpable. Et pourtant elle était bien consciente, comme si elle n'était qu'une âme sans enveloppe corporelle, à l'écoute et capable de parole. Les pupilles brillantes perçant son être, deux astres terrifiants possédant une vérité absolue, la voix continuait à aviver cette flamme qui aidait l'âme perdue à retrouver son entièreté. Mélantha voulut lui répondre, totalement détachée de la réalité, elle avait la sensation de n'émettre aucun son et de juste parler par son esprit.
"Je suis... une promesse trop longtemps oubliée. Je veux retrouver la puissance que j'avais. Faire payer à ce monde toute la violence dont il est capable. Je veux l'incarner, n'être que les ténèbres qui fera sombrer cet univers méprisable."
Dormant au fond de son esprit, sa folie, pour l'instant, n'était plus, c'était son cœur qui parlait, sa véritable essence. Cette flamme sombre qu'était sa détermination était intense, inéteignable. L'être de ténèbre gloussa.
"Je veux commencer par celle qui m'a créée, celle qui m'a donné la mort. Répondre de mon engagement envers l'immortalité et lui accorder toute la reconnaissance que je lui dois, répandant le néant à mon tour."
Elle sourit en coin sans en être réellement consciente.
"Et toi, qu'attends-tu de la mort ?"
S'identifiant comme tel, la mort-vivante posa cette question sous-entendant un semblant de reconnaissance, une faveur qu'elle offrait à son libérateur en échange de cette résurrection qu'il lui avait fait vivre.
Avant de répondre, témoin de l'absence d'animosité, le démon desserra sa prise plumeuse de la liche, ne l'emprisonnant point. Ils pourraient discuter sans qu'elle n'attente à sa vie à tout moment. Même si elle restait la même folle, avide d'amusement et aux tendances colériques, quelque chose en elle avait changé. Elle avait enfin trouvé une raison à son immortalité.
La queue de phœnix du démon se rapprochant de Mélantha, la força à reculer contre le mur bien que sa haine la poussait à égorger l'oiseau en expansion. Menaçante, l'extrémité plumeuse au bout d'éventail entourait la liche sans pour autant l'asphyxier ni même entrer en contact avec. Le démon pouvait très bien resserrer sa prise à tout moment, au moindre mouvement suspect de sa victime, sans qu'elle ne puisse faire quoique ce soit.
Soumise à l'étreinte, au nuage soporifique, Mélantha ne put qu'être témoin de sa faiblesse, tombant dans la prise duveteuse, elle n'était que spectatrice de sa situation. Le monstre se rapprocha, les crocs sombres menacèrent d'achever la liche aussi aisément qu'un aigle broyant sa proie entre ses serres. Et pourtant le seul geste qui avait été effectué était d'effacer les larmes sombres ornant les joues de l'incapable, démontrant une passivité et une forme d'affection. Avec ceci, ses paroles télépathiques bien qu'à la tonalité peu rassurante, ses propos étaient prometteurs, avivant la détermination qui se taisait sous le flot incontrôlable des émotions.
Son corps semblait endormi dans un nuage impalpable. Et pourtant elle était bien consciente, comme si elle n'était qu'une âme sans enveloppe corporelle, à l'écoute et capable de parole. Les pupilles brillantes perçant son être, deux astres terrifiants possédant une vérité absolue, la voix continuait à aviver cette flamme qui aidait l'âme perdue à retrouver son entièreté. Mélantha voulut lui répondre, totalement détachée de la réalité, elle avait la sensation de n'émettre aucun son et de juste parler par son esprit.
"Je suis... une promesse trop longtemps oubliée. Je veux retrouver la puissance que j'avais. Faire payer à ce monde toute la violence dont il est capable. Je veux l'incarner, n'être que les ténèbres qui fera sombrer cet univers méprisable."
Dormant au fond de son esprit, sa folie, pour l'instant, n'était plus, c'était son cœur qui parlait, sa véritable essence. Cette flamme sombre qu'était sa détermination était intense, inéteignable. L'être de ténèbre gloussa.
"Je veux commencer par celle qui m'a créée, celle qui m'a donné la mort. Répondre de mon engagement envers l'immortalité et lui accorder toute la reconnaissance que je lui dois, répandant le néant à mon tour."
Elle sourit en coin sans en être réellement consciente.
"Et toi, qu'attends-tu de la mort ?"
S'identifiant comme tel, la mort-vivante posa cette question sous-entendant un semblant de reconnaissance, une faveur qu'elle offrait à son libérateur en échange de cette résurrection qu'il lui avait fait vivre.
Avant de répondre, témoin de l'absence d'animosité, le démon desserra sa prise plumeuse de la liche, ne l'emprisonnant point. Ils pourraient discuter sans qu'elle n'attente à sa vie à tout moment. Même si elle restait la même folle, avide d'amusement et aux tendances colériques, quelque chose en elle avait changé. Elle avait enfin trouvé une raison à son immortalité.
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Rêve
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crédits : 408
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De la gueule cauchemardesque émanait encore en de fines volutes cette brume mystérieuse produite par l'impénétrable cœur de la bête chimérique. Son masque illusoire déformé en un sourire figé, l'oiseau de proie ayant tout d'un ange corrompu berçait le corps de la jeune femme ensommeillée, mais consciente au demeurant, avec la douceur d'une mère découvrant son enfant. Une renaissance, voilà ce qu'était cette curieuse cérémonie durant laquelle le rêve, une fois encore, était venu alimenter une toute nouvelle réalité. Profondément ému, le formidable monstre vit s'entrouvrir les lèvres de la liche envoutée par sa magie et lorsqu'elle fit la parole, il en frémit d'anticipation.
"Une promesse..."
Il pesait ce mot, le marmonnant silencieuse comme pour le gouter en jauger la substance. Promesse, destinée, mission, avait-elle finalement accepté de s'ouvrir à la créature fantasmagorique au point de comprendre que, comme chaque chose en chaque monde, elle avait une place sur l'éternel échiquier de la vie et de la mort. Un but, une conviction, un songe bâti pour elle et construit pour n'être atteint que par elle, et elle seule. Lorsque la liche assoupie gloussa dans sa torpeur et que son corps inanimé fut pris de légers soubresauts, la chimère aimante porta une main jusqu'aux cheveux de la demoiselle, chassant quelques mèches qui recouvraient son visage pour la voir sourire. Cette risette était si infiniment différente des précédentes grimaces carnassières que Rêve, l'espace d'un instant, eut l'impression de faire face à une toute autre personne. C'était le cas, de bien des façons.
"Dis-m'en plus, rêveuse. Nourris-moi."
La satisfaction ne tarda pas à le trouver. La liche consentit, malgré l'épuisement provoqué par sa transe mystique, à révéler précisément en quel sens elle comptait œuvrer pour accomplir cette revanche. Comblé, le Cauchemar angélique s'approcha de l'assise initiale de sa compagne du soir et vint l'y installer tranquillement, s'assurant qu'elle ne se heurte nullement d'une manière ou d'une autre à un quelconque obstacle lorsqu'elle reprendrait possession de ses moyens. Marchant avec une étrange légèreté en vue de sa taille démesurée, la bête obscure s'éloigna, joignant ses mains griffues dans son dos et tout en méditant sur les révélations que venaient de lui faire son interlocutrice, elle leva une patte et claqua des doigts.
Le voile violacé vint s'éteindre progressivement lorsque résonna ce son furtif. Se dissipant sans pourtant avoir la moindre faille dans laquelle se glisser, il cessa peu à peu de faire effet pour ne redevenir bientôt qu'une idée. Le sort étant enfin levé et l'accalmie étant revenue, la sorcière eut enfin l'occasion d'ouvrir les yeux et de se libérer de cette intégrale paralysie qui, très vite, ne fut plus qu'une très vague somnolence. Face au mur, Rêve agença les pointe de ses serres en arc de cercle et vint piquer le mur de brique face auquel il se trouvait. Dans un élégant mouvement, il dessina alors un cercle absolument parfait qui se mua aussitôt en une illusion plus vraie que nature. Taillant dans le réel, il venait de se fabriquer une fenêtre spirituelle, une hallucination démontrant ce qu'abritait réellement son esprit et les incompréhensibles projets qui l'habitaient.
"Tu ne me dois rien."
Les briques disparurent là où avait été percé le cercle illusoire et apparut au creux de ce hublot un spectacle impensable. Comme s'ils s'étaient trouvés tous deux aux confins de l'espace, ils voyaient défiler les astres imaginaires peuplant les pensées de la bête. Ils y virent des étoiles, des soleils aux couleurs fantastiques et au centre de la composition, un titanesque trou noir dévorant la matière et plongeant ses alentours dans une noirceur inimaginable. Était-ce cela que la liche désirait incarner ? C'était merveilleux.
"Sais-tu ce qui m'accorde mon pouvoir, chère amie ?"
Il laissa planer un silence, se contentant d'observer par cette factice ouverture la beauté des planètes qui filaient à toute allure, comme s'ils avaient tous deux été transportés à une vitesse extraordinaire par delà les cieux des terres de l'Homme. La tête du monstre finit par pivoter et la voyante découvrit enfin la splendeur de l'enveloppe première de la créature. Levant le tout dernier voile, il abandonna son démoniaque maquillage et devint ce qu'avait imaginé son sculpteur en lui offrant sa propre ascension. Rêve redevint cet animal titanesque tenant autant de la chouette que du dragon, à mi-chemin entre la somptueuse fantaisie et l'horreur bestiale. Le bec s'ouvrit lentement, et les deux voix affables ressurgirent :
"La ferveur des miens. Je ne suis pas un être que l'on côtoie, je suis de ceux auxquels on croit. En m'acceptant et en faisant usage de ce don que je t'ai fait, tu alimentes ma légende et tu me permets d'exister. Fais-moi seulement l'honneur de garder une place pour moi dans tes pensées. C'est une récompense plus grande que tu ne peux l'imaginer."
N'aurait-il pas été hypocrite d'offrir à une âme perdue sa liberté spirituelle pour l'harnacher ensuite, l'emprisonnant ainsi dans les rouages d'une quête qui n'était pas la sienne ? Elle aurait son rôle à jouer en temps voulu, mais son heure n'était pas venue.
"Une promesse..."
Il pesait ce mot, le marmonnant silencieuse comme pour le gouter en jauger la substance. Promesse, destinée, mission, avait-elle finalement accepté de s'ouvrir à la créature fantasmagorique au point de comprendre que, comme chaque chose en chaque monde, elle avait une place sur l'éternel échiquier de la vie et de la mort. Un but, une conviction, un songe bâti pour elle et construit pour n'être atteint que par elle, et elle seule. Lorsque la liche assoupie gloussa dans sa torpeur et que son corps inanimé fut pris de légers soubresauts, la chimère aimante porta une main jusqu'aux cheveux de la demoiselle, chassant quelques mèches qui recouvraient son visage pour la voir sourire. Cette risette était si infiniment différente des précédentes grimaces carnassières que Rêve, l'espace d'un instant, eut l'impression de faire face à une toute autre personne. C'était le cas, de bien des façons.
"Dis-m'en plus, rêveuse. Nourris-moi."
La satisfaction ne tarda pas à le trouver. La liche consentit, malgré l'épuisement provoqué par sa transe mystique, à révéler précisément en quel sens elle comptait œuvrer pour accomplir cette revanche. Comblé, le Cauchemar angélique s'approcha de l'assise initiale de sa compagne du soir et vint l'y installer tranquillement, s'assurant qu'elle ne se heurte nullement d'une manière ou d'une autre à un quelconque obstacle lorsqu'elle reprendrait possession de ses moyens. Marchant avec une étrange légèreté en vue de sa taille démesurée, la bête obscure s'éloigna, joignant ses mains griffues dans son dos et tout en méditant sur les révélations que venaient de lui faire son interlocutrice, elle leva une patte et claqua des doigts.
Le voile violacé vint s'éteindre progressivement lorsque résonna ce son furtif. Se dissipant sans pourtant avoir la moindre faille dans laquelle se glisser, il cessa peu à peu de faire effet pour ne redevenir bientôt qu'une idée. Le sort étant enfin levé et l'accalmie étant revenue, la sorcière eut enfin l'occasion d'ouvrir les yeux et de se libérer de cette intégrale paralysie qui, très vite, ne fut plus qu'une très vague somnolence. Face au mur, Rêve agença les pointe de ses serres en arc de cercle et vint piquer le mur de brique face auquel il se trouvait. Dans un élégant mouvement, il dessina alors un cercle absolument parfait qui se mua aussitôt en une illusion plus vraie que nature. Taillant dans le réel, il venait de se fabriquer une fenêtre spirituelle, une hallucination démontrant ce qu'abritait réellement son esprit et les incompréhensibles projets qui l'habitaient.
"Tu ne me dois rien."
Les briques disparurent là où avait été percé le cercle illusoire et apparut au creux de ce hublot un spectacle impensable. Comme s'ils s'étaient trouvés tous deux aux confins de l'espace, ils voyaient défiler les astres imaginaires peuplant les pensées de la bête. Ils y virent des étoiles, des soleils aux couleurs fantastiques et au centre de la composition, un titanesque trou noir dévorant la matière et plongeant ses alentours dans une noirceur inimaginable. Était-ce cela que la liche désirait incarner ? C'était merveilleux.
"Sais-tu ce qui m'accorde mon pouvoir, chère amie ?"
Il laissa planer un silence, se contentant d'observer par cette factice ouverture la beauté des planètes qui filaient à toute allure, comme s'ils avaient tous deux été transportés à une vitesse extraordinaire par delà les cieux des terres de l'Homme. La tête du monstre finit par pivoter et la voyante découvrit enfin la splendeur de l'enveloppe première de la créature. Levant le tout dernier voile, il abandonna son démoniaque maquillage et devint ce qu'avait imaginé son sculpteur en lui offrant sa propre ascension. Rêve redevint cet animal titanesque tenant autant de la chouette que du dragon, à mi-chemin entre la somptueuse fantaisie et l'horreur bestiale. Le bec s'ouvrit lentement, et les deux voix affables ressurgirent :
"La ferveur des miens. Je ne suis pas un être que l'on côtoie, je suis de ceux auxquels on croit. En m'acceptant et en faisant usage de ce don que je t'ai fait, tu alimentes ma légende et tu me permets d'exister. Fais-moi seulement l'honneur de garder une place pour moi dans tes pensées. C'est une récompense plus grande que tu ne peux l'imaginer."
N'aurait-il pas été hypocrite d'offrir à une âme perdue sa liberté spirituelle pour l'harnacher ensuite, l'emprisonnant ainsi dans les rouages d'une quête qui n'était pas la sienne ? Elle aurait son rôle à jouer en temps voulu, mais son heure n'était pas venue.
Invité
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Libérée de sa prise plumeuse, libérée de cet air soporifique et libérée d'un passé oublié. La liche, sereine, se laissait guider dans son assise. Elle était encore rêveuse de cette renaissance qu'elle venait de vivre. Comme reposée, la mort-vivante observait l'entité se mouvant majestueusement dans la petite pièce. Face à un mur, de par sa griffe formant un cercle, il fit apparaître une sorte de hublot illusoire défilant de nouvelles images fantasmagoriques. Mélantha se releva, ayant récupéré toutes ses capacités motrices, elle s'approcha du Prince et ainsi des lumières dansantes dans le tableau qu'il avait créé. Des astres se faisant avaler par un trou noir. Cette métaphore inspirait grandement l'elfe cadavérique, dans sa détermination nouvelle et ses aspirations.
En fixant l'espace défilant sous leurs yeux, la liche acquiesça doucement en hochant de la tête, à l'écoute de l'être des songes. Son attention fit détournée par un mouvement plus impressionnant encore, plus réel. Le démon qu'elle voyait maintenant sous des traits plus propre à son essence n'était encore qu'un leurre. Ainsi, il se dévoila sous une nouvelle forme, semblant plus à ce qu'il pouvait réellement être, mais après tout... Cela pouvait être une énième apparence trompeuse. Peu importait. La liche profita de la sublimité lugubre de l'entité à ses côtés, mi-chouette, mi-dragon. Il était toujours aussi imposant mais d'une manière quelques peu différente.
Ne le considérant plus comme une cible à éliminer, complice, Mélantha dodelinait de la tête en l'écoutant, fixant sa nouvelle silhouette. Désormais, elle trouvait une certaine logique à ses propos bien qu'ils étaient agrémentés d'un soupçon de mystère. Ainsi il fallait seulement croire en lui ? Reconnaître son existence ne serait-ce qu'en songeant à lui ? Unique. La liche ne releva aucunement ses dires et ne fit qu'acquiescer. Un rictus nouveau sur ses lèvres, ainsi elle pourrait recommencer une nouvelle vie sans subir une dette quelconque. Béni par l'être des songes, elle réaliserait ses rêves futurs.
"Soit. Je me souviendrais de celui qui m'a rendu ce qui m'avait été dérobé. Me rappeler mon objectif avivera ton existence, Songe."
Il y eut un silence, alors que les images défilantes sur les briques s'estompaient dans l'obscurité, la liche observait l'entité se faisant la réflexion que peut être qu'un jour elle se ferait plus forte que lui. Toujours avide de pouvoir, il lui fallait devenir plus puissante pour terrasser tous ceux qui se trouveraient sur son chemin. La rencontre touchant à sa fin, en guise d'adieu, la vilaine se fit plus sensuelle, penchant légèrement la tête,
"Eh bien, nous nous reverrons dans de prochains rêves."
Elle glissa sa griffe sur son long cou de chouette, dépourvue de menace, ce fut juste un acte affectueux bien que peu rassurant. La mort-vivante ne pouvait démontrer autrement sa reconnaissance que dans des menaces ou des promesses. Toujours dans l'extrême. Ainsi, elle recula. Puis, dans un gloussement, elle déguerpit de la petite salle comme si elle y avait toujours été seule, se moquant de la présence du démon ou de ses réactions. Elle était déjà partie.
S'extirpant en douce de la taverne, telle une ombre s'estompant en absence de lumière. Mélantha parcourait à nouveau les rues obscurcies par les lueurs nocturnes. Les heures avaient passées, la ville se faisait plus calme et moins animée. L'elfe cadavérique marchait sans se cacher, embrassant l'obscurité, jouissant des ténèbres qu'elle semblait redécouvrir. Alors que ses objectifs trottaient dans sa tête, une priorité traversa son esprit.
Il fallait qu'elle passe au Laboratoire.
En fixant l'espace défilant sous leurs yeux, la liche acquiesça doucement en hochant de la tête, à l'écoute de l'être des songes. Son attention fit détournée par un mouvement plus impressionnant encore, plus réel. Le démon qu'elle voyait maintenant sous des traits plus propre à son essence n'était encore qu'un leurre. Ainsi, il se dévoila sous une nouvelle forme, semblant plus à ce qu'il pouvait réellement être, mais après tout... Cela pouvait être une énième apparence trompeuse. Peu importait. La liche profita de la sublimité lugubre de l'entité à ses côtés, mi-chouette, mi-dragon. Il était toujours aussi imposant mais d'une manière quelques peu différente.
Ne le considérant plus comme une cible à éliminer, complice, Mélantha dodelinait de la tête en l'écoutant, fixant sa nouvelle silhouette. Désormais, elle trouvait une certaine logique à ses propos bien qu'ils étaient agrémentés d'un soupçon de mystère. Ainsi il fallait seulement croire en lui ? Reconnaître son existence ne serait-ce qu'en songeant à lui ? Unique. La liche ne releva aucunement ses dires et ne fit qu'acquiescer. Un rictus nouveau sur ses lèvres, ainsi elle pourrait recommencer une nouvelle vie sans subir une dette quelconque. Béni par l'être des songes, elle réaliserait ses rêves futurs.
"Soit. Je me souviendrais de celui qui m'a rendu ce qui m'avait été dérobé. Me rappeler mon objectif avivera ton existence, Songe."
Il y eut un silence, alors que les images défilantes sur les briques s'estompaient dans l'obscurité, la liche observait l'entité se faisant la réflexion que peut être qu'un jour elle se ferait plus forte que lui. Toujours avide de pouvoir, il lui fallait devenir plus puissante pour terrasser tous ceux qui se trouveraient sur son chemin. La rencontre touchant à sa fin, en guise d'adieu, la vilaine se fit plus sensuelle, penchant légèrement la tête,
"Eh bien, nous nous reverrons dans de prochains rêves."
Elle glissa sa griffe sur son long cou de chouette, dépourvue de menace, ce fut juste un acte affectueux bien que peu rassurant. La mort-vivante ne pouvait démontrer autrement sa reconnaissance que dans des menaces ou des promesses. Toujours dans l'extrême. Ainsi, elle recula. Puis, dans un gloussement, elle déguerpit de la petite salle comme si elle y avait toujours été seule, se moquant de la présence du démon ou de ses réactions. Elle était déjà partie.
*
S'extirpant en douce de la taverne, telle une ombre s'estompant en absence de lumière. Mélantha parcourait à nouveau les rues obscurcies par les lueurs nocturnes. Les heures avaient passées, la ville se faisait plus calme et moins animée. L'elfe cadavérique marchait sans se cacher, embrassant l'obscurité, jouissant des ténèbres qu'elle semblait redécouvrir. Alors que ses objectifs trottaient dans sa tête, une priorité traversa son esprit.
Il fallait qu'elle passe au Laboratoire.
Citoyen du monde
Rêve
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L'accalmie, fort heureusement, demeura. Bien qu'il ait tourné le dos à sa compagne de soirée, Rêve ne fut nullement inquiété et à raison, car cette dernière ne profita aucunement de son moment d'inattention, et par extension de faiblesse, afin d'enfoncer sa lame au plus profond du corps de la bête chimérique. Ce fut à ses côtés qu'elle vint se poster, inspirée qu'elle était par le spectacle imagé que lui offrait l'illusionniste dans un élan de bonté. Ils observèrent ensemble ce trou béant dessiné dans un rideau irréel et détaillaient en silence chacune des étoiles dévorées goulument par le vide sidéral.
Ce fut Mélantha qui brisa ce moment de tranquillité partagé contre toute attente, ce en reprenant la parole pour accepter la demande du Démon bienfaiteur. Un regard entendu fut échangé, la belle lui souriant désormais sans intention hostile. Ce simple coup d'œil joint à cette expression paisible furent suffisants, symboliquement, pour octroyer à l'entité invraisemblable un autre regain de pouvoir. Repu et contenté, le volatile avide offrit en guise de remerciement un hochement de tête entendu. Son masque de chouette ne pouvait se déformer en un sourire rendu, mais ce fut en plissant les yeux qu'il la gratifia en silence.
Vint alors le moment des adieux, mais Mélantha laissa sous-entendre qu'il ne s'agissait là que d'un au revoir. Lorsqu'elle rendit confuse par ses mots la distinction entre rêve et réalité, le Voyageur sut aussitôt qu'une part de ses enseignements avaient trouvé une oreille plus attentive qu'il ne l'avait soupçonné. La sorcière porta au cou de la créature une griffe étrangement affutée et l'oiseau éthéré, pour réponse première, se contenta de laisser se dresser sur sa nuque une collerette de plumes, son regard toujours profondément ancré dans celui de la liche. Il n'y avait, dans la gestuelle de la chimère, que l'ombre de ses craintes dépassées.
"Oui, nous nous reverrons. En rêve ou ailleurs."
Etait-ce un souhait, une promesse, ou encore une prophétie ? Comme à son habitude, c'était volontairement par des idées imprécises et des messages sous-jacents que s'exprimait la créature onirique. Alors que la jeune femme amorçait son départ, la silhouette de Rêve se fit tout aussi confuse que l'était le sens de son discours. Il parut s'effriter, se muant dans l'obscurité pour disparaître peu à peu en se fondant dans le décor. Avant de se volatiliser pour de bon, il la suivit des yeux lorsqu'elle quitta la pièce et lorsque la porte de bois fut claquée derrière elle, mettant un terme à cette rencontre, il ne laissa derrière lui pas la moindre trace de son passage en ce lieu.
Dans les cieux noirs de la ville refusant toujours de s'endormir, certains témoins avinés aperçurent entre deux hoquets le passage élégant d'une apparition invraisemblable. On rapporta au lendemain ce curieux phénomène mais, considérant que la moitié des remontées étaient effectuées par d'humbles travailleurs qu'on savait soulards, personne ne tint compte de leurs fabulations et le Prince, ainsi, resombra dans l'oubli.
Ce fut Mélantha qui brisa ce moment de tranquillité partagé contre toute attente, ce en reprenant la parole pour accepter la demande du Démon bienfaiteur. Un regard entendu fut échangé, la belle lui souriant désormais sans intention hostile. Ce simple coup d'œil joint à cette expression paisible furent suffisants, symboliquement, pour octroyer à l'entité invraisemblable un autre regain de pouvoir. Repu et contenté, le volatile avide offrit en guise de remerciement un hochement de tête entendu. Son masque de chouette ne pouvait se déformer en un sourire rendu, mais ce fut en plissant les yeux qu'il la gratifia en silence.
Vint alors le moment des adieux, mais Mélantha laissa sous-entendre qu'il ne s'agissait là que d'un au revoir. Lorsqu'elle rendit confuse par ses mots la distinction entre rêve et réalité, le Voyageur sut aussitôt qu'une part de ses enseignements avaient trouvé une oreille plus attentive qu'il ne l'avait soupçonné. La sorcière porta au cou de la créature une griffe étrangement affutée et l'oiseau éthéré, pour réponse première, se contenta de laisser se dresser sur sa nuque une collerette de plumes, son regard toujours profondément ancré dans celui de la liche. Il n'y avait, dans la gestuelle de la chimère, que l'ombre de ses craintes dépassées.
"Oui, nous nous reverrons. En rêve ou ailleurs."
Etait-ce un souhait, une promesse, ou encore une prophétie ? Comme à son habitude, c'était volontairement par des idées imprécises et des messages sous-jacents que s'exprimait la créature onirique. Alors que la jeune femme amorçait son départ, la silhouette de Rêve se fit tout aussi confuse que l'était le sens de son discours. Il parut s'effriter, se muant dans l'obscurité pour disparaître peu à peu en se fondant dans le décor. Avant de se volatiliser pour de bon, il la suivit des yeux lorsqu'elle quitta la pièce et lorsque la porte de bois fut claquée derrière elle, mettant un terme à cette rencontre, il ne laissa derrière lui pas la moindre trace de son passage en ce lieu.
Dans les cieux noirs de la ville refusant toujours de s'endormir, certains témoins avinés aperçurent entre deux hoquets le passage élégant d'une apparition invraisemblable. On rapporta au lendemain ce curieux phénomène mais, considérant que la moitié des remontées étaient effectuées par d'humbles travailleurs qu'on savait soulards, personne ne tint compte de leurs fabulations et le Prince, ainsi, resombra dans l'oubli.
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