Père,

L’année a été longue et tumultueuse depuis la dernière fois que je t’ai écris et rien ne m’aurait empêché de poursuivre ce petit rituel. J’ai eu beaucoup de soucis, mais ton enseignement m’a tiré d’affaires un bon nombre de fois. J’ai essayé de suivre ton premier conseil. Celui de ne pas faire de vague et d’éviter les ennuis. J’ai un peu échoué. Et si l’on m’a accordé les honneurs d’une montée en grade, cela vient avec d’autres ennuis et d’autres menaces. Mais ça m’amène à connaître des gens plus importants, qui savent des choses. Des choses sur toi.

Peut-être pensais-tu que je ne le saurais jamais, mais je ne suis pas officier républicain pour rien. Rappelle-toi. Déjà, à six ans, j’ai su que c’était toi le Père Sekai, quand je t’ai surpris à te faufiler dans le salon pour me déposer ce cheval de bois que j’ai tant aimé, avec ta fausse barbe, ton regard surpris et tes cernes de fatigue. Toi qui m’a appris à me faufiler dans les ombres pour surprendre les autres, tu as été toi-même surpris. Et oui, je faisais très bien semblant de dormir, à cette époque. Je t’avais demandé de t’accompagner dans ta tournée. Tu m’avais dit que cela viendra quand je serai grand. j’attends toujours. Tu m’avais fait jurer de garder secret ta double identité. Personne ne m’a arraché cette promesse faite dans un murmure pour ne pas réveiller Maman.

Dans tous les cas, je vais déterrer tout ton passé. Et je trouverai le responsable de ta disparition. Pour toi, mais aussi pour Mère. Si elle a toujours su dissimuler ses émotions dans les moments difficiles, je vois toujours de la peine dans son regard. Tu lui manques. Je crois toujours à ce que ton esprit s’est envolé quelque part dans le grand nord pour poursuivre ta mission et apporter un peu de bonheur à tous les enfants qu’importe leur âge. Pour la peine que nous avons vécu, d’autres ont eu un peu de réconfort. Par cette lettre, comme chaque année, je te demanderais juste une chose. je n’ai peut-être pas été très sage, ni méritant, mais c’est la même demande que chaque année et j’ai vu ; peut-être, dans son sauvetage de Kaizoku ; ta main, quelque part.

Prends soin de Maman comme tu l’as toujours fait.

Ton fils.
Gouny.