Ahatsara se tenait devant le majestueux manoir des Crownfall, ses yeux de fae pétillants d'anticipation. Elle ajusta son chapeau de feutre orné de plumes colorées, un héritage de sa grand-mère, et se redressa, prête à affronter l'imposante demeure qui se dressait devant elle. Les dunes de sable au loin semblaient se figer dans l'attente, captivées par l'éventualité de ce qui allait se dérouler.

Elle leva la main pour frapper à la porte avec une certaine élégance, mais se ravisa à mi-chemin, optant plutôt pour un geste théâtral, une sorte de tape-tape-tap qui résonna dans le silence du désert environnant.

"Bonjour, bonjour ! Est-ce que quelqu'un est là ?" s'exclama-t-elle d'une voix claire et enjouée. "C'est moi, Ahatsara, la dompteuse d'animaux et vétérinaire extraordinaire ! J'ai une demande bien particulière à adresser à la famille Crownfall !"

Un léger souffle de vent sembla murmurer à ses oreilles, comme un écho mystérieux, mais aucune réponse ne vint de l'intérieur du manoir. Ahatsara fronça les sourcils, décidée à ne pas se laisser décourager si facilement. Elle avait l'habitude des défis, après tout.

"Peut-être que je devrais essayer un peu plus fort," murmura-t-elle à elle-même, prenant une profonde inspiration avant de lancer un nouveau tapotement énergique sur la porte. "Allons, allons ! Qui ose rester sourd aux appels d'une fae déterminée ?"

Cette fois, un léger grincement se fit entendre, suivi du cliquetis des verrous qui se déverrouillaient. La porte s'ouvrit lentement, laissant apparaître une silhouette imposante dans l'encadrement.

Un majordome, digne et stoïque, se tenait devant elle, le regard scrutateur mais poli. "Mademoiselle Ahatsara, je présume ? Que puis-je faire pour vous ?"

Ahatsara s'inclina légèrement, un sourire éclatant illuminant son visage. "Enchantée de vous rencontrer ! Je suis ici pour voir Monsieur Arius Crownfall. J'ai entendu dire qu'il possède un livre très précieux que je serais intéressée d'emprunter, si possible."

Le majordome arqua un sourcil, manifestement surpris par la demande. "Monsieur Crownfall est actuellement occupé, mais je peux lui transmettre votre requête. Veuillez patienter un instant."

Ahatsara acquiesça avec enthousiasme. "Parfait, parfait ! Je suis patiente comme une tortue dans le désert, vous savez !"

Le majordome esquissa un léger sourire avant de refermer la porte, laissant Ahatsara seule sur le seuil du manoir. Elle se mit à humer l'air du désert, laissant la chaleur et les senteurs exotiques l'envelopper. Son cœur battait avec excitation à l'idée de ce qui l'attendait, prête à se lancer dans une nouvelle aventure aussi captivante que dangereuse.

Ahatsara attendait avec impatience, se remémorant les histoires palpitantes qu'elle avait entendues sur la traqueuse Naine Brudwonelynn Lightstone et son légendaire exploit avec le sanglier rusé. Elle était certaine que les conseils contenus dans le livre de la Naine seraient d'une aide précieuse dans sa propre quête. Ahatsara se mit à songer aux aventures qui l'attendaient, son esprit vagabondant à travers les pages du livre qu'elle espérait bientôt entre ses mains. Chaque mot, chaque conseil, chaque récit d'une créature échappant à la capture avaient le pouvoir de stimuler son imagination et de nourrir sa détermination. Elle savait que ce livre serait sa clé pour percer les mystères du sanglier rusé et écrire sa propre légende dans les annales des dompteurs d'animaux du Reike.

Ahatsara se retrouvait à l'entrée du manoir des Crownfall, son regard dérivant sur les détails ciselés des moulures qui encadraient la porte imposante. Elle ne pouvait s'empêcher de se perdre dans les intrications artistiques, se demandant combien de temps et d'efforts avaient été nécessaires pour créer de telles merveilles. Sans parler des vitraux qui ornaient certaines parties de la porte et du porche d’entrée.

"Oh, Sombra aurait adoré admirer ces décorations avec moi," murmura-t-elle à voix haute, sa voix résonnant dans le silence du quartier. "Mais bon, je suppose qu'un scorpion géant d'obsidienne n'est pas vraiment la compagnie la plus rassurante pour les gens."

Elle esquissa un sourire, étouffant un rire, se rappelant les moments où elle et Sombra partageaient des aventures, aussi risquées qu'excitantes. Mais pour cette fois, elle devrait se débrouiller seule.

Soudain, la porte s'ouvrit devant elle, révélant une femme gracieuse qui la salua chaleureusement.

"Bonjour ! Je suis Lusiane, aux services de Maître Arius Crownfall. Bienvenue au manoir," déclara-t-elle avec un sourire radieux.

La fae lui rendit le sourire, ses yeux pétillants d'enthousiasme. "Enchantée, Lusiane ! Je suis Ahatsara, dompteuse d'animaux et vétérinaire, ravie de faire votre connaissance !"

Lusiane l'invita à la suivre à l'intérieur, conduisant Ahatsara à travers les vastes corridors ornés de trésors accumulés par la famille Crownfall au fil des ans. La dompteuse ne pouvait s'empêcher de s'émerveiller devant la richesse et la splendeur qui l'entouraient, se promettant de prendre le temps d'explorer chaque recoin du manoir. Enfin, si elle en avait l’autorisation, évidemment.

Elles arrivèrent finalement dans un petit salon intime, où Lusiane lui servit un délicieux thé aux fruits. Ahatsara savoura chaque gorgée avec délectation, laissant les saveurs sucrées danser sur son palais.

C'est alors qu'Arius Crownfall fit son entrée, sa présence charismatique remplissant la pièce. La fae se leva pour le saluer, un sourire lumineux illuminant son visage.

"Bonjour, Monsieur Crownfall ! En effet, je ne suis pas venue simplement pour converser," commença-t-elle d'un ton enjoué. "Je suis ici pour parler du récit des traques et des chasses de la célèbre Naine Brudwonelynn Lightstone. On m'a dit que vous possédez une des rares copies de cet ouvrage, et j'aimerais beaucoup y jeter un coup d'œil."

Suite à la question sur son identité, la vétérinaire confirma. "Oui, en effet, je suis une fae," répondit Ahatsara avec un sourire espiègle, secouant légèrement ses ailes de papillon pour illustrer ses dires. "Ma famille réside dans une oasis du désert, un endroit magnifique, mais un peu trop paisible à mon goût. J'ai soif d'aventures, de découvertes, surtout quand il s'agit de nouvelles créatures fantastiques à apprivoiser, comme mon cher Sombra, le scorpion géant d'obsidienne."

Elle plissa légèrement les yeux, observant Arius avec curiosité. "Dites-moi, Maitre Crownfall, êtes-vous également une fae ? Je préfère demander plutôt que de faire une maladresse."

Ahatsara rit légèrement, son regard pétillant d'excitation. "En tout cas, je suis en quête de conseils pour dompter le fameux sanglier géant sauvage dont tout le monde parle. J'ai entendu dire que ce livre pourrait contenir des informations précieuses à ce sujet."

Ah ça, pour être unique, je ne pouvais que l'être ! Mère nature, les Divinités cosmiques, le hasard, ou tout ce que votre foi ou votre science ose vous faire miroiter, ne pouvait se tromper aussi bien plus d'une fois. Du moins, il m'était plus confortable de penser ainsi... Ce serait le comble qu'une quelconque entité toute-puissante se montre ridicule au point de rendre hilare sa propre aberration.

- "Je n'ai guère besoin de velours ou d'acide concernant mon apparence ou plus précisément, ma véritable nature." Cela signifiait simplement que la demoiselle pouvait parler librement, je connaissais parfaitement toutes les saveurs amères que je pouvais inspirer. -"Je suis de même immunisé aux flatteries comme aux offenses..." Sauf qu'elle n'en faisait aucune. -"J'avoue que la sincérité a néanmoins tendance à m'agacer." Avais-je lâché en levant les yeux, au hasard, vers le plafond. Bien trop rare et expérimentale en ce bas-monde, il m'était impossible de l'anticiper et encore moins de m'en jouer.

Mais assez de libellule et autres foutaises, le petit gâteau du jour était le journal de Brudwonelynn Lightstone et rien d'autre. Alors que Mademoiselle Ahatsara se régalait d'un thé, ma servante m'avait simplement servi de l'eau chaude, plus que suffisante pour imiter la sensation voulue, compte tenu de mes papilles gustatives grotesques. Pendant ce temps, on aurait pu croire à une enfant racontant une quelconque fantaisie, mais j'étais plus que certain que la fae avait vécue bien plus de printemps que moi. Elle vivait de l'autre côté...

- "Alors, je vous le demande : que puis-je faire pour obtenir ce privilège ? Peut-être pourriez-vous être intéressé par mes talents de dompteuse ? Je pourrais apprivoiser une créature bestiale, végétale ou même magique pour vous."

Une proposition, ma foi, intéressante. Je n'avais aucun mal avec les insectes, même avec ceux armés de redoutables poisons. Concernant les animaux ordinaires, ils n'osaient pas m'accorder un tant soit peu de confiance. Les bêtes se fiaient beaucoup trop à leur instinct pour laisser un fourbe prédateur les approcher de trop près.

- "Voyons voir... Peut-être un serpent volant du désert ? Ou une plante carnivore géante qui chante au clair de lune ? Ou encore une licorne des sables, ces créatures insaisissables que peu ont réussi à capturer ?" Ah, je vois. Elle voulait me tuer ? - "Ou peut-être avez-vous un intérêt pour des créatures plus... exotiques ? J'ai entendu parler d'un phénix des cendres, qui renaît à chaque coucher de soleil. Ou d'un griffon de cristal, brillant comme un joyau sous le soleil de midi. Je pourrais certainement tenter de les apprivoiser pour vous." Elle voulait absolument ma mort... Ou la sienne. Dompteuse audacieuse, peut-être, mais ces créatures étaient néanmoins pour la plus part hostiles et puissantes. Si pour la demoiselle mettre sa vie en jeu était le prix pour soumettre de tels prodiges de la nature, j'étais beaucoup plus conservateur quant à ma carcasse. - "J'apprécie votre offre, conscient de votre talent, mais je me dois de refuser..." Déclinais-je.

- "Dites-moi, Monsieur Crownfall, qu’est-ce qui vous ferait plaisir ? Je suis prête à relever n'importe quel défi pour avoir une chance de lire ce journal. Après tout, chaque aventure est une opportunité de grandir et d’apprendre quelque chose de nouveau. Et je sens que cette quête, pour obtenir ce précieux livre, sera l'une des plus passionnantes que j’aie jamais vécues !"

- "Pour commencer..." Vous parlez trop. - "Vous avez mentionné qu'il s'agissait d'une copie. Vous faites erreur, je possède le journal original de Brudwonelynn Lightstone. Néanmoins, vos propositions sont démesurées par rapport au prêt d'un livre, aussi fascinant est-il pour tout amateur d'aventure. Quant à ce que je désire..." J'avais alors eu un temps d'arrêt, mes lèvres restant en suspens dans une syllabe silencieuse. -"Rien de plus qu'un peu de divertissement dans une vie grisée par l'ennui." Un demi-mensonge. J'avais avalé une autre gorgée du breuvage chaud sans saveur. -"Qu'est-ce que le divertissement à vos yeux, Mademoiselle Ahatsara ? Est-ce risquer votre longue espérance dans une quête périlleuse ? Est-ce dompter ce que personne n'a jamais pu chevaucher jusqu'ici ? Ou, simplement la satisfaction de voir le jour se lever après avoir pensé qu'hier serait la dernière fois ?"

D'une façon à peine détourner, je cherchais déjà à me divertir.

Ahatsara écoute attentivement Arius, ses sourcils légèrement froncés alors qu'il parle de son statut de demi-fae. Ses mots, empreints d'une certaine froideur et d'un mystère calculé, la laissent songeuse. Pour elle, la sincérité est une qualité rare et précieuse, même si Arius semble en être agacé. Elle se dit que cet homme est bien compliqué, mais cela ne fait qu’ajouter à son intérêt.

Lorsqu'Arius refuse poliment ses propositions, Ahatsara ne peut s’empêcher de se sentir surprise. Elle pensait avoir proposé des choix intéressants et pertinents. Elle cligne des yeux, reprenant rapidement sa contenance.

"Oh, vous refusez ? C'est surprenant. Je pensais que des créatures aussi fascinantes pourraient attirer votre attention. Mais je comprends, chacun a ses préférences," dit-elle avec un sourire intrigué. "Alors, vous avez l'original du journal de Brudwonelynn Lightstone ? Quelle merveille ! Cela le rend encore plus précieux, évidemment. Je suis honorée de pouvoir contempler un tel trésor."

Elle réfléchit un instant à ce qu’Arius dit sur le divertissement. Ses yeux s’illuminent, et un rire léger s’échappe de ses lèvres. "Ah, le divertissement ! C’est une question fascinante. Pour moi, le divertissement est bien plus que simplement risquer ma vie, bien que cela en fasse partie. C’est la découverte, l’inattendu, l'inconnu ! C’est dompter ce que personne n’a jamais pu chevaucher, oui, mais c’est aussi ressentir l’excitation de l’inconnu, l’adrénaline de chaque nouvelle rencontre."

Elle fait une pause, son regard pétillant d’excitation et d’énergie. "C’est aussi, parfois, la satisfaction simple de voir le jour se lever après une nuit de dangers et de défis. C’est cette étincelle de vie, ce frisson de l’aventure, que je recherche sans cesse. La vie est trop courte pour ne pas être vécue pleinement, même si nous, les faes, avons une longue espérance de vie."

Ahatsara se penche légèrement en avant, captivée par la conversation. "Quant à ce qui vous divertira, je dois avouer que c’est un mystère pour moi. Vous semblez esquiver habilement de répondre à cette question. Peut-être aimez-vous les énigmes ? Les défis intellectuels ? Ou quelque chose de plus tangible, comme une créature magique rare ?"

Elle se redresse, un sourire espiègle aux lèvres. "Alors, dites-moi, Monsieur Crownfall, qu'est-ce qui pourrait vous divertir ? J'adore les défis, et si vous avez une quête ou une mission en tête, je suis prête à relever le défi. Peut-être une aventure que nous pourrions partager ? Quelque chose qui vous sortirait de votre ennui ? Je suis curieuse de savoir ce qui pourrait allumer cette étincelle de divertissement chez vous."

Ahatsara croise les jambes, son regard toujours fixé sur Arius, attendant avec impatience sa réponse. Elle est prête à tout pour obtenir ce journal, pour en découvrir les secrets et se lancer dans une nouvelle aventure époustouflante. L'idée de partager cette quête avec Arius, de découvrir ce qui pourrait le divertir, l'intrigue profondément. Elle sent que cette rencontre pourrait être le début de quelque chose de grand, une aventure encore plus extraordinaire que toutes celles qu'elle a vécues jusqu'à présent.

Elle sourit, son esprit déjà en ébullition avec des idées et des plans. "Alors, Monsieur Crownfall, quel divertissement pourriez-vous proposer à une fae excentrique et chaotique comme moi ? Je suis toute ouïe et prête à commencer cette aventure dès que vous le souhaitez !"

Peu importe la nature de votre interlocuteur, il n'en reste pas moins que vous faites face, la majorité du temps du moins, à des êtres doués de raison, mais surtout, d'émotions. Les intentions sont faciles à débusquer. Toute mon éducation fut dédiée à découvrir astucieusement ce que les autres veulent et, à évaluer si ce qu'ils peuvent m'accorder en échange penche un peu plus de mon côté de la balance. La règle d'or, c'est que l'échange ne doit jamais être équitable, mais toujours à mon avantage.

En refusant la proposition de la jeune femme, j'avais volontairement refusé une offre qui, pourtant, penchait méchamment plus en ma faveur. Mais ce sacrifice me permettait d'obtenir autre chose, sa réaction... Son intérêt. S'il m'est aisé de connaître les intentions d'un individu, la personne en elle-même, restera une énigme qu'on échouera toujours à résoudre, et ce, jusqu'à la toute fin. Ainsi, j'avais choisi de laisser passer une offre de grande valeur afin de simplement nourrir ma curiosité, sachant toutefois que je serais de toute façon, à la fin, perdant.

J'étais resté silencieux. Les paroles de la jeune femme trahissaient, non avouaient volontairement, tout ce qu'elle était. Je ressentais un sentiment hostile grandissant envers cette pauvre femme, uniquement parce qu'elle était comme mes "parents", du moins dans leurs jeunes années. Eux aussi, avaient exploré le monde pour en découvrir des secrets. Tout ce savoir, courageusement acquis, ils l'avaient légué aux prochaines générations, au travers d'ouvrages relayant leurs aventures. J'étais différent. Je hante le même paysage en continu, me demandant inlassablement ce qu'il y a à découvrir de l'autre côté d'une porte laissée grande ouverte... L'animosité grimpait en moi et ne pouvait qu'éclater, cependant... Une autre folie dominait mon esprit malade.

-"Lusiane, pouvez-vous aller chercher votre sœur ? Il me semble qu'elle est dans les quartiers-est." C'était un mensonge, à cette heure-ci, Béatrice était littéralement à l'opposé. La domestique était restée un instant silencieuse, son regard soutenant le mien, comme s'il me murmurait quelques mises en garde avant de simplement lâcher... -"Bien, Maître Arius."

Une fois la porte claquée et le son de quelques pas s'éloignant sagement, j'avais repris le fil de la discussion, faisant le tri dans l'averse de parole de la jeune fae. Elle parlait vraiment trop... Du moins, c'était un comble qu'elle puisse parler plus que moi.

- "La vie est trop courte pour ne pas être vécue pleinement... Vous avez raison. Néanmoins, sachez que ma longévité est bien inférieure à la vôtre. Ainsi, je suis plus proche du minuscule point final de ma vie que de la fin de son prologue. Je suis ainsi fait." Le timbre de ma voix ne soulignait en rien une quelconque tragédie. Le haussement de mes épaules soulignait même mon détachement. C'était un fait, nous naissons, puis nous mourrons. Vivre ne consiste qu'à combler l'espace entre les deux.

- "Quant à ce qui vous divertira, je dois avouer que c’est un mystère pour moi. Vous semblez esquiver habilement de répondre à cette question. Peut-être aimez-vous les énigmes ? Les défis intellectuels ? Ou quelque chose de plus tangible, comme une créature magique rare ?"

-"Je ne suis pas un garçon facile..." M'amusais-je, affichant un large sourire sur mon visage naturellement sournois. - "Peut-être est-ce simplement parce que mon divertissement d'aujourd'hui n'est pas celui d'hier alors, je n'aurais une véritable réponse à fournir que demain..."

- "Alors, dites-moi, Monsieur Crownfall, qu'est-ce qui pourrait vous divertir ? J'adore les défis, et si vous avez une quête ou une mission en tête, je suis prête à relever le défi. Peut-être une aventure que nous pourrions partager ? Quelque chose qui vous sortirait de votre ennui ? Je suis curieuse de savoir ce qui pourrait allumer cette étincelle de divertissement chez vous."

- "..."

Mon regard d'un bleu froid s'était égaré un instant sur le côté, tandis que tout sourire s'était évanoui de mes traits. Partir à l'aventure... Cela ressemblait à une mauvaise plaisanterie. Ou plutôt, à une bien cruelle moquerie. Cependant, j'étais étonnamment calme. Pourtant, ne suis-je pas réputé pour être l'explosion de l'expression en personne ? N'étais-je pas justement seul avec elle ?

- "Alors, Monsieur Crownfall, quel divertissement pourriez-vous proposer à une fae excentrique et chaotique comme moi ? Je suis toute ouïe et prête à commencer cette aventure dès que vous le souhaitez !"

-"J'ai l'impression, sans vouloir vous offenser, mademoiselle Ahatsara, que vous ignorez quelque chose de fondamental à mon sujet... Avant de reprendre les négociations, je crois qu'il est de mon devoir d'égarer tout mal entendu... Vous êtes une fae. Vous êtes toutefois venue jusqu'à mon manoir. Vous avez même osé pénétrer les lieux et désormais, vous êtes seule avec moi dans cette pièce, à siroter un thé... Est-ce de la naïveté, une confiance de fer en vous-même ou simplement, de l'ignorance ?"

Puisqu'elle ne semblait pas avoir peur de moi... Je m'étais redressé, posant un pied sur la table basse, juste à côté du service à thé qui en fut secoué dans un bruit de porcelaine tremblante. Des griffes semblables à des serres. Une carapace d'un bleu se perdant dans une obscurité. Ce/mon pied était celui d'une créature. Prenant appui sur mon membre, je m'étais redressé, comme si ma taille n'était pas déjà naturellement imposante par rapport à celle de mon invitée. Mes ailes translucides s'étaient animées de mouvements lents.

-"Les rumeurs à mon sujet, je les répands justement pour éviter que les faes ne viennent jusqu'ici... C'est un peu frustrant que ces murmures n'aient guère d'effets sur vous. Mon apparence n'est pas trompeuse."

J'avais levé mon bras gauche, dévoilant une autre horreur de couleur sombre. C'était comme être condamné à toujours tenir une arme. Chacun de mes doigts se terminait par une griffe acérée. Aucun doute quant au fait qu'elles étaient taillées pour lacérer facilement la chair. Ce qui accentuait ma comédie, c'était mon large sourire qui, pour la première fois, dévoilait ma magnifique dentition. Celle d'un prédateur purement carnivore.

- "Est-ce réellement le genre de compagnon d'aventure que vous souhaitez, dame Ahatsara ? Avez-vous perdu la raison pour confier vos arrières à une créature capable de vous poignarder dans le dos ? Baignez-vous dans un courage insensé en pensant pouvoir lui tenir tête si le vent venait à tourner ? Ou... Faites vous simplement confiance au premier beau parleur venu, simplement parce que vous avez l'audace de le regarder dans les yeux ?" Terminais-je d'une voix qui avait grimpé en intensité pour finalement, retomber dans une étrange tendresse.

Ah, c'était du moi tout craché... Je vivais dans une immense pièce de théâtre. Je jouais mon propre personnage. Mais plus que tout, j'étais de plus en plus curieux... De plus en plus joueur. Je désirais cueillir sa réaction face à toute à mon extravagance. Quelque chose au fond de moi, comme une petite voix chuchoteuse de folie, me poussait à croire que mademoiselle Ahatsara détenait quelque chose qu'il me fallait à tout prix dérober.

Ahatsara écoute les paroles d’Arius, notant la pointe de mélancolie dans sa voix lorsqu’il parle de sa longévité limitée. Elle sourit doucement, comprenant que chaque individu voit la vie différemment. Pour elle, la courte durée de vie est justement une raison de vivre plus intensément, mais elle respecte le choix d’Arius de prendre les choses à son propre rythme.

Quand il mentionne qu’il n’est pas facile à satisfaire, la vétérinaire hoche la tête, son sourire s’élargissant. "Je vois, vous êtes un esprit changeant, en quête perpétuelle de nouvelles stimulations. C’est fascinant ! Cela rend chaque jour unique, n’est-ce pas ? Un défi constant de trouver ce qui allumera la flamme du divertissement en vous. Un éternel jeu de cache-cache avec l'ennui."

Puis, les paroles d’Arius prennent une tournure plus agressive, et il révèle sa véritable apparence, mi-fae, mi-insectoïde. Ahatsara reste sereine, observant ses griffes avec une curiosité non dissimulée. Elle est loin d'être intimidée, au contraire, elle semble amusée par cette tentative d'intimidation.

"Ah, je vois. Vous êtes une créature fascinante, vraiment. Ces griffes sont impressionnantes ! Mais pour répondre à vos questions, c’est un mélange de confiance en moi et de curiosité qui m’a amenée ici. Les rumeurs, voyez-vous, ne m'ont jamais dissuadée. Je préfère voir par moi-même, juger par mes propres yeux et mes propres expériences."

Elle rit doucement, un rire clair et léger qui résonne dans la pièce. "Et pour ce qui est de confier mes arrières à un compagnon d’aventure comme vous... Eh bien, je suppose que cela dépend de ce que vous appelez 'dangereux'. Pour moi, le véritable danger est l'ennui, la stagnation. Les créatures les plus terrifiantes sont souvent celles qui se cachent derrière des visages amicaux, n'est-ce pas ?"

Ahatsara se lève, son sourire espiègle et malicieux. Elle claque des doigts, et soudain, plusieurs clones d’elle apparaissent dans la pièce, encerclant Arius. Les clones commencent à danser de manière chaotique mais synchronisée, un spectacle hypnotique et déroutant. Chaque clone est une copie parfaite, rendant impossible de discerner l’original.

Elle éclate de rire, un son joyeux et plein de vie, puis commence à déclamer un poème loufoque : "Oh, cher Arius, maître des mystères, que cherches-tu derrière tes airs sévères ? Es-tu vraiment celui qui trompe les autres, ou n'est-ce qu'un jeu de miroirs et de malheurs ? Les dangers, dis-tu, sont tapis dans l'ombre, mais c'est le cœur qui décide si l'on succombe !"

Les clones continuent de danser autour d’Arius, leurs mouvements fluides et gracieux. Ahatsara continue son poème, sa voix résonnant de toutes parts : "Un partenaire d'aventure, dis-tu ? Peut-être. Mais qui est le plus dangereux, toi ou moi ? La fae qui danse et rit, ou l'ombre qui croit pouvoir menacer ?"

Elle s’arrête, tous les clones se figent en même temps, fixant Arius avec des sourires identiques. "Tu vois, Arius, le danger, c'est une question de perspective. Et moi, je trouve ça plutôt excitant. Alors, que dirais-tu de danser avec moi dans cette aventure folle ? On ne sait jamais ce qui pourrait arriver, et c’est bien ça qui est le plus divertissant, n’est-ce pas ?"

La fae éclate de rire à nouveau, les clones disparaissant aussi soudainement qu’ils sont apparus, ne laissant qu’elle, la véritable Ahatsara, debout devant Arius, un sourire éclatant sur son visage. "Alors, cher Arius, que dis-tu ? Pouvons-nous commencer cette danse d'aventure ensemble, ou préfères-tu continuer à jouer le rôle du spectateur éternellement insatisfait ?"