Invité
Invité
Octobre de l’An 4
L’épée à la ceinture, la capuche rabattue sur le crâne cache les cheveux bleu nuit. Nut Shidhi est enveloppée dans une large cape qui lui tient chaud plus que nécessaire. Elle est déterminée, elle est prête. Un nouveau voyage l’attend, il ne durera que quelques jours. L’aubergiste est prévenu, elle a proposé de laisser ses affaires dans une pièce vide, en sécurité, pour libérer la chambre le temps des pérégrinations vers des terres inhospitalières mais qui le cachent bien. L’homme a refusé, parce que la jeune femme paie encore, elle a les moyens, et il promet que l’on nettoiera la chambre parfaitement avant son retour. Léger sourire flotte sur les lèvres, mais elle continuera de demander, encore et encore, séjour après séjour, attachée à cette politesse dont elle n’a pas besoin. Il ne s’est jamais posé de questions. Elle n’aurait su quoi répondre, comment esquiver le sujet épineux de la perte du clan Shidhi. Elle part pour affaires, elle souffle et c’est suffisant. Ce n’est pas tout à fait faux. Elle galope vers son passé, vers un avenir qui ne sera plus le sien. Les morts ont tous été enterrés sur les terres du clan, et plus fort qu’elle, elle s’est épuisée à construire une sépulture superbe pour son frère.
Le seul qui n’était pas perverti par la soif de pouvoir. Le seul qui l’a tenue au courant des violences qui régnaient au sein du clan pendant ses études et son service à la nation. Aujourd’hui encore, elle ne sait pas si elle aurait dû rentrer plus tôt pour tenter de régler ça. Sotte qu’elle est ! Elle n’est qu’une adoptée, elle vient d’ailleurs, elle ne fait pas partie des puissants, mais a réussi à monter les échelons grâce à sa force de caractère, la douceur qui la caractérise et ses compétences. Elle était la promise du fils du chef, une situation peu enviable dans ce monde de requins, elle n’a jamais eu le choix mais s’est préservée pour ce mariage qui la faisait vomir. Amsi… il n’a jamais été virulent vis-à-vis d’elle, voulant conserver une jolie image, mais elle a vu comment il traitait les femmes et les enfants des autres clans qui croisaient son chemin lorsqu’ils étaient en déplacement.
Pas un baiser. Pas une étreinte.
C’est un soulagement qu’il ait péri, mais une horreur que tous les innocents du clan aient subi le même sort. Ils n’étaient pas tous coupables, assoiffés de désirs. Nut raffermit la prise sur son épée accrochée à sa taille. Il y avait de bonnes personnes chez les Shidhi. Et elle… est-elle plus pure, plus juste ? Elle a fait de mauvaises choses qu’elle regrette infiniment, influencée par les puissants, dans la crainte de voir son petit-frère maltraité. La menace, c’est ainsi qu’ils asseyaient leur domination sur l’âme douce. Lui enlever ce qu’elle avait de plus cher, une douleur insurmontable. À quoi bon ?
La colère flotte dans son esprit alors qu’elle grimpe sur le dos de son cheval. La propriété n’est pas si loin d’Ikusa, elle a connu des voyages plus éreintants, mais ce n’est point un plaisir de galoper jusque-là. Tous les trois mois, elle fait le déplacement. Elle sait que ça devrait être plus, en l’honneur des morts, mais elle se sait en danger. Elle est la seule survivante du clan, les ennemis sont partout mais ne la reconnaissent pas. Souvent passent d’horribles brigands en quête de richesses à piller dans les vestiges des superbes monuments. Nut est une excellente guerrière, elle en a défait des dizaines, mais elle sait qu’un jour elle tombera sur plus puissant qu’elle, plus déterminé, plus cruel. Abdiquer ne la sauvera pas.
Les jours ont défilé si vite, au rythme du galop de son cheval. Elle a acheté dans un village avoisinant de la nourriture et de l’encens pour honorer les morts. Lorsque l’animal est attaché devant la propriété, il règne un funeste silence, un silence triste qui comprime son cœur. Ce lieu était jadis plein de vie, plein de rires avant qu’ils ne deviennent tous fous. Les sourires ont disparu lorsque les armes ont frappé. Elle n’était pas là. Elle n’était pas là ! Mais qu’aurait-elle pu faire ? Lèvres pincées, la Shidhi pénètre les lieux pour une rapide vérification. Rien ne semble avoir bougé. Mais soudain, un bruit. Un pied qui écrase une poterie ancienne. Peut-être un mot grossier, et la main est sur l’arme mortelle, les sourcils froncés. Elle n’est pas seule, le cœur bat très vite. Une ombre lui tourne le dos à quelques mètres. La guerrière n’hésite pas : pas assez rapide pour se jeter sur l’individu toutes griffes dehors, elle le hèle avec rage, avec colère : « Qui êtes-vous et que faites-vous sur les terres de mes ancêtres ? La mort vous frappera si vous restez une seconde de plus. » Et elle n’hésitera pas. Les cadavres sont abandonnés au loin, sans sépulture, à la merci des charognards. Nut n’a que peu de pitié pour ceux qui souillent ses souvenirs.
L’épée à la ceinture, la capuche rabattue sur le crâne cache les cheveux bleu nuit. Nut Shidhi est enveloppée dans une large cape qui lui tient chaud plus que nécessaire. Elle est déterminée, elle est prête. Un nouveau voyage l’attend, il ne durera que quelques jours. L’aubergiste est prévenu, elle a proposé de laisser ses affaires dans une pièce vide, en sécurité, pour libérer la chambre le temps des pérégrinations vers des terres inhospitalières mais qui le cachent bien. L’homme a refusé, parce que la jeune femme paie encore, elle a les moyens, et il promet que l’on nettoiera la chambre parfaitement avant son retour. Léger sourire flotte sur les lèvres, mais elle continuera de demander, encore et encore, séjour après séjour, attachée à cette politesse dont elle n’a pas besoin. Il ne s’est jamais posé de questions. Elle n’aurait su quoi répondre, comment esquiver le sujet épineux de la perte du clan Shidhi. Elle part pour affaires, elle souffle et c’est suffisant. Ce n’est pas tout à fait faux. Elle galope vers son passé, vers un avenir qui ne sera plus le sien. Les morts ont tous été enterrés sur les terres du clan, et plus fort qu’elle, elle s’est épuisée à construire une sépulture superbe pour son frère.
Le seul qui n’était pas perverti par la soif de pouvoir. Le seul qui l’a tenue au courant des violences qui régnaient au sein du clan pendant ses études et son service à la nation. Aujourd’hui encore, elle ne sait pas si elle aurait dû rentrer plus tôt pour tenter de régler ça. Sotte qu’elle est ! Elle n’est qu’une adoptée, elle vient d’ailleurs, elle ne fait pas partie des puissants, mais a réussi à monter les échelons grâce à sa force de caractère, la douceur qui la caractérise et ses compétences. Elle était la promise du fils du chef, une situation peu enviable dans ce monde de requins, elle n’a jamais eu le choix mais s’est préservée pour ce mariage qui la faisait vomir. Amsi… il n’a jamais été virulent vis-à-vis d’elle, voulant conserver une jolie image, mais elle a vu comment il traitait les femmes et les enfants des autres clans qui croisaient son chemin lorsqu’ils étaient en déplacement.
Pas un baiser. Pas une étreinte.
C’est un soulagement qu’il ait péri, mais une horreur que tous les innocents du clan aient subi le même sort. Ils n’étaient pas tous coupables, assoiffés de désirs. Nut raffermit la prise sur son épée accrochée à sa taille. Il y avait de bonnes personnes chez les Shidhi. Et elle… est-elle plus pure, plus juste ? Elle a fait de mauvaises choses qu’elle regrette infiniment, influencée par les puissants, dans la crainte de voir son petit-frère maltraité. La menace, c’est ainsi qu’ils asseyaient leur domination sur l’âme douce. Lui enlever ce qu’elle avait de plus cher, une douleur insurmontable. À quoi bon ?
La colère flotte dans son esprit alors qu’elle grimpe sur le dos de son cheval. La propriété n’est pas si loin d’Ikusa, elle a connu des voyages plus éreintants, mais ce n’est point un plaisir de galoper jusque-là. Tous les trois mois, elle fait le déplacement. Elle sait que ça devrait être plus, en l’honneur des morts, mais elle se sait en danger. Elle est la seule survivante du clan, les ennemis sont partout mais ne la reconnaissent pas. Souvent passent d’horribles brigands en quête de richesses à piller dans les vestiges des superbes monuments. Nut est une excellente guerrière, elle en a défait des dizaines, mais elle sait qu’un jour elle tombera sur plus puissant qu’elle, plus déterminé, plus cruel. Abdiquer ne la sauvera pas.
Les jours ont défilé si vite, au rythme du galop de son cheval. Elle a acheté dans un village avoisinant de la nourriture et de l’encens pour honorer les morts. Lorsque l’animal est attaché devant la propriété, il règne un funeste silence, un silence triste qui comprime son cœur. Ce lieu était jadis plein de vie, plein de rires avant qu’ils ne deviennent tous fous. Les sourires ont disparu lorsque les armes ont frappé. Elle n’était pas là. Elle n’était pas là ! Mais qu’aurait-elle pu faire ? Lèvres pincées, la Shidhi pénètre les lieux pour une rapide vérification. Rien ne semble avoir bougé. Mais soudain, un bruit. Un pied qui écrase une poterie ancienne. Peut-être un mot grossier, et la main est sur l’arme mortelle, les sourcils froncés. Elle n’est pas seule, le cœur bat très vite. Une ombre lui tourne le dos à quelques mètres. La guerrière n’hésite pas : pas assez rapide pour se jeter sur l’individu toutes griffes dehors, elle le hèle avec rage, avec colère : « Qui êtes-vous et que faites-vous sur les terres de mes ancêtres ? La mort vous frappera si vous restez une seconde de plus. » Et elle n’hésitera pas. Les cadavres sont abandonnés au loin, sans sépulture, à la merci des charognards. Nut n’a que peu de pitié pour ceux qui souillent ses souvenirs.
Affilié au Reike
Alaric Nordan
Messages : 342
crédits : 2215
crédits : 2215
Quelle idée saugrenue avait-il encore eue, tiens ! Tout cela pour compléter un rapport qu'il avait estimé incomplet, après avoir mis son nez dans une pile destinée aux archives. De temps à autre, il prenait un peu de temps pour lire les rapports écrits de la main de ses autres confrères, afin de se tenir informé de ce qui se faisait, de ce qui avait été contrôlé, de ce qui avait été investigué. Ainsi, des doublons n'étaient pas commis et permettaient de se consacrer à des cas non traités, ou à des situations non encore étudiées ; Durant ses lectures, il était tombé sur un dossier, qui parlait de restes d'un domaine clanique au sein du désert... et voilà, c'était tout... un simple rapport notant quelques lignes de témoignage venant de quelques caravaniers de passage. Et quoi c'était tout ? Alaric avait été un peu surpris de tomber sur pareil document. L'officiant impérial qui avait couché ces faits à l'incomplétude plus qu'évidente n'avait eu rien d'autres à faire que de coucher cela sur le papier pour faire genre qu'il travaillait... et comme on ne détruisait pas des écrits comme cela pour des motifs de paresse...
Alaric détestait passer des heures à écrire ses propres rapports, mais dans la fonction de Mage d'Etat, la conscience professionnelle ne pouvait pas être bafouée ainsi. Que devait-il faire alors ?
Contacter le mage qui avait narré ces témoignages ? Perte de temps et ce rapport retournera aux oubliettes administratives. Autant le faire soi-même et mettre sous le nez ce qui aurait dû être fait... et ce sera une bonne occasion de prendre l'air, de faire galoper un peu Petite-Baie et... escorte ou pas escorte ? Non, voyager seul, c'était bien ! Il avait dû préparer son escapade pour plusieurs jours, se revêtant de sa tenue de voyage, idéal pour passer pour une personne lambda. Capuche sur la tête, cape sur les épaules, il était donc partie sur le dos de sa jument vers ces ruines. Au moins, y avait des données géographiques qui lui permettront de les retrouver.
C'est ainsi que d'une simple idée de faire son travail, pour se détendre un peu en une virée extérieure, il se retrouva dans la merde. Quand la voix au timbre féminin se fit entendre derrière lui, il avait sursauté. Bordel, même dans ces ruines, il fallait toujours que quelqu'un traîne. Et visiblement, ce n'était pas n'importe qui. Doucement, il avait écarté les bras, laissant ses mains ouvertes en évidence pour montrer qu'il n'était pas armé. Bon, en fait si, il avait sa dague à la ceinture, mais il ne la portait pas en main quoi !
"Je veux bien déguerpir, mais faudrait-il m'assurer que vous ne me tuerez pas dès que je bougerai le petit doigt"
C'était bien le moment de faire de l'esprit, tiens.
"Je suis Alaric Nordan, Mage d'État. Permettez que je me retourne ? "
Et lentement, il pivota, pour faire à une jeune femme bien tendue, sur la défensive. Quoi de plus normal en même temps, au vue de ce qu'elle avait affirmé.
"Je suis venu juste pour étudier le secteur. Veuillez pardonner ma présence, je ne pensais pas trouver quelqu'un en cet endroit...."
Alaric détestait passer des heures à écrire ses propres rapports, mais dans la fonction de Mage d'Etat, la conscience professionnelle ne pouvait pas être bafouée ainsi. Que devait-il faire alors ?
Contacter le mage qui avait narré ces témoignages ? Perte de temps et ce rapport retournera aux oubliettes administratives. Autant le faire soi-même et mettre sous le nez ce qui aurait dû être fait... et ce sera une bonne occasion de prendre l'air, de faire galoper un peu Petite-Baie et... escorte ou pas escorte ? Non, voyager seul, c'était bien ! Il avait dû préparer son escapade pour plusieurs jours, se revêtant de sa tenue de voyage, idéal pour passer pour une personne lambda. Capuche sur la tête, cape sur les épaules, il était donc partie sur le dos de sa jument vers ces ruines. Au moins, y avait des données géographiques qui lui permettront de les retrouver.
C'est ainsi que d'une simple idée de faire son travail, pour se détendre un peu en une virée extérieure, il se retrouva dans la merde. Quand la voix au timbre féminin se fit entendre derrière lui, il avait sursauté. Bordel, même dans ces ruines, il fallait toujours que quelqu'un traîne. Et visiblement, ce n'était pas n'importe qui. Doucement, il avait écarté les bras, laissant ses mains ouvertes en évidence pour montrer qu'il n'était pas armé. Bon, en fait si, il avait sa dague à la ceinture, mais il ne la portait pas en main quoi !
"Je veux bien déguerpir, mais faudrait-il m'assurer que vous ne me tuerez pas dès que je bougerai le petit doigt"
C'était bien le moment de faire de l'esprit, tiens.
"Je suis Alaric Nordan, Mage d'État. Permettez que je me retourne ? "
Et lentement, il pivota, pour faire à une jeune femme bien tendue, sur la défensive. Quoi de plus normal en même temps, au vue de ce qu'elle avait affirmé.
"Je suis venu juste pour étudier le secteur. Veuillez pardonner ma présence, je ne pensais pas trouver quelqu'un en cet endroit...."
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum