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  • Ven 19 Avr - 17:31


    Le bruit des cloches résonne entre les murs froids de l’église. Elles ont recommencé à sonner depuis quelques jours—depuis que Siame a réinvesti les lieux. Elle prenait un risque en venant ici, elle le savait. Le risque qu’on y voit une provocation (était-ce une provocation ?) et qu’on vienne la déloger, voire pire. Sa position sur l’échiquier n’avait rien d’enviable. Et pourtant, c’est avec une curieuse sérénité que l’Ange venait éclairer les cierges, chaque matin, en parfaite conscience des rouages secrets qu’elle tentait de réactiver. La lampe du sanctuaire avait été rallumée à côté du tabernacle, et en gardienne Sainte, elle s’assurait que celle-ci ne meurt jamais—prévienne tous les visiteurs de la présence des Titans parmi eux. Les messes n’avaient pas encore repris, Siame ne disposant pas du nécessaire – c'est-à-dire : une virilité encombrante – pour les conduire selon les rites saints du culte.

    La femme qui régissait désormais ces lieux était un peu différente de celle qu'elle fut autrefois. Celle qui avait un jour connu le poids d’une armure sur ses épaules, celui d’une épée dans sa main et qui se revêtait aujourd’hui d’un vêtement de nonne – autoproclamée Mère –, forte d’une toute nouvelle consécration. Prête à sacrifier sa vie au culte désintéressé (vraiment ?) des Divins. Un voile ombrage son regard, tient en bride des instincts qu’on ne prête pas à une religieuse. Il parait que les yeux sont la fenêtre de l’âme, alors elle les cache, pour éviter qu’on y lise la froideur sans nom qui s’y tapit. Il parait aussi que les églises sont pleines d’imbéciles qui croient au paradis—mais ici, les mortels n’ont pas besoin de croire. Ils savent, et surtout, ils craignent : les Titans plus que les reikois. Ils craignent plus qu’ils ne croient, car la colère de la guerre anime encore leur nuit et le sang de leurs proches tapis toujours les égouts. Les cieux avaient condamné à deux reprises leur égarement, il aurait été absurde d’imaginer qu’ils ne recommenceraient pas.

    C’est pour cette raison qu’ils viennent, épeurés, grouillant silencieusement comme des punaises de sacristie. Les Hommes étaient incapables d’être sans le despotisme éclairé d’une autorité divine—et l’Ange avait bien l’intention de l’incarner sur en ces lieux. Peu importe que les braves soient aujourd’hui au nombre de trois, de six ou de dix, tant que la peur – produit de l’ignorance et de la superstition – hante leur âme. Sans elle, ils sont perdus. Peu importe qu’ils soient si peu, tant qu’ils ne sont pas seuls (un fidèle isolé est un fidèle mort). Oui : sans Elle, ils sont perdus. Et l'Ange était alors toute disposée à leur faire bénéficier de sa précieuse lumière et à leur montrer la voie : toujours souriante au sein de l’église, inspirant une loyauté contagieuse chez ses fidèles. Elle continuerait de sourire, aussi longtemps qu’il le faudrait pour (...).

    Néanmoins, tous ceux qui passent les immenses portes de l’église ne transpirent pas la peur. Non, certains font preuve d’une curiosité à toute épreuve. Elle perçoit l’aiguillon de l’indiscrétion qui avait mené sa visiteuse jusqu’ici. Il y a quelque chose de touchant, à la manière dont elle pose ses grands yeux sur les figures divines qui parsèment les murs et les vitraux. Ce désir d’en savoir plus complimente bien la façon dont elle se porte, la manière dont elle déambule entre les bancs de chêne—il la complimente autant qu’il l’efface et la dévore. L’Ange aurait pu s’en attendrir : elle aime lorsque les mortels arpentent aussi insolemment que naïvement le Monde, sans la moindre idée qu’ils courent à leur propre perte. Bien qu’ici, en ce lieu saint, cette âme curieuse n’avait rien à craindre. Une brise fraîche, inhospitalière, s’engouffre dans le cœur de l’église. Sa peau frémit dans une ondulation qui n’est pas tout à fait due à la température du lieu. Il lui semble que la femme se tend lorsqu’elle perçoit sa présence. Siame adopte alors une expression à la fois mi-sévère, mi-malicieuse—et dans son regard, derrière le voile, une irrévérence certaine.

    N’ayez crainte. Ses yeux lorgnent sur ses bras, et elle désigne du menton les livres fatigués qu’elle tient contre sa poitrine. Cette femme lui donne l’impression d’un chien égaré dans le mauvais quartier. Les églises ne sont pas des institutions publiques comme les bibliothèques, mais vous êtes la bienvenue—peu importe les entités que vous avez choisi de prier. L’irrévérence s'enfuit de ses yeux pour venir s’enrouler aux commissures de ses lèvres. Et entre nous, elles sont bien plus paisibles pour bouquiner. Vous ne risquez pas qu’un troupeau d’étudiantes viennent vous glousser comme des dindes dans les oreilles.

    On devrait écrire à l’entrée des bibliothèques : “Interdit de glousser comme une dinde dans l’enceinte du bâtiment”, mais les règles les plus importantes sont rarement affichées nulle part.

    Néanmoins, nos bancs sont bien moins confortables, je dois bien l’admettre.

    L’Ange pose son regard sur les yeux de sa vis-à-vis et quelque chose l’interpelle, plus que les marques sur sa peau. Il y a un moment suspendu, avant qu'elle ne reprenne :

    Très jolis yeux, déclare-t-elle sans détour.

    Elle l’observe attentivement, comme pour déterminer l'identité de ceux qui se tiennent devant elle à cet instant. Si l’un de ses iris est un rêve éveillé – elle admire la détermination qu’elle y lit –, le second brille d’une braise insoupçonnée, et pourtant, Siame devine plus ou moins le mal qui la ronge. L’Ange lève une main vers le visage de poupon de la femme—ses jolies joues sont deux bonbons roses et tout ça lui donne envie de la saisir au creux de sa paume, mais elle ne le fait pas. Elle se contente de souligner son œil gauche sans pour autant la toucher.

    Sublime cadeau que voilà. Terrible sacrifice. Elle ne pousse pas l’indiscrétion à lui demander qui a bien pu lui voler. Nous disposons d’une bibliothèque d’église – incomplète, la guerre ne s’encombre pas des livres : il fallait imaginer que l’armée reikoise n’avait pas pris la peine de les conserver en s’emparant des lieux –, si les recueils divinistes peuvent vous intéresser. Vous êtes évidemment libre de faire des recherches dans notre maigre, mais précieuse collection. N’hésitez pas si vous avez besoin de mon aide. Je présume que nous partageons toutes deux le même intérêt pour la recherche de vérité (laquelle ?).

    Elle la dévore du regard, d’un appétit un peu différent de celui des hommes, qui cachent d’autres motivations. Sa curiosité, à elle, est intrusive. Siame dispose seulement de l’expérience nécessaire pour ne pas la laisser la consumer—elle comme les autres.


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  • Ven 19 Avr - 21:53
    Silence
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    Silence | Meradev & Siame Separa11

    Un lieu de silence, un vestige de Shoumei. Cité où elle avait enseigné, ville qui avait vu quelques démons fouler ses terres.

    Avant de pénétrer l'église réinvestie, Meradev avait parcouru les rues, admiré une nouvelle fois la pierre blanche de la cité autrefois havre de savoirs magiques et théologiques. Bibliothèques et lieux regorgeant de connaissances n'était plus que bastions guerriers emplis de gardes et de soldats dont la présence n'était plus nécessaire. Avec amertume, l'élémentaire contemplait l'académie où elle avait enseigné tous ces longs siècles, où son cercle d'élèves distincts s'étaient approchés d'elle aux heures les plus sombres de la nuit pour apprendre des langues perdues, éteintes ou hors de ce monde. Des heures à tracer des arabesques au sol, à proférer quelques paroles, à étudier les créatures des ombres dans la plus grande fascination, mais également dans le plus grand respect. Il ne fallait jamais offusquer les Gardiens et leurs créations ; le Royaume des Ombres ne pouvait être à la portée que des esprits les plus brillants, prêts à résister aux appels des abysses.

    Qui pouvait croire que sous ces traits séducteurs se cachait autrefois un petit être laid qui dévorait les livres et conversait avec les démons comme à des amis fascinants et quasi divins ? Le prix fut payé, mais cela n'empêchait toujours pas Meradev de chercher un moyen de purger celui qui habitait en elle. Les démons l'avaient servie jusque-là, avaient été à ses côtés. Elle faisait confiance aux Gardiens : si un démon peut causer sa perte, une autre entité de la même espèce saurait sûrement la sauver.

    Probablement était-ce pour cela que ses bras arboraient quelques livres dont un épais grimoire fort poussiéreux, aux pages orangées tant elles avaient connu de mains qui les tournaient inlassablement. Mue par la curiosité naturelle dont elle avait toujours fait preuve, Meradev entra dans l'église diviniste où les cérémonies, bien que discrètes, avaient apparemment repris sous la coupe d'une mystérieuse femme qu'on appelait Mère. Son rythme de pas était lent ; elle contemplait les vestiges de la splendeur passée du bâtiment. Bien qu'elle n'eut appartenu à ce courant religieux ni que sa famille y ait baigné, elle vouait toujours un respect profond pour les endroits où la foi avait été clamée haut et fort.

    Elle fut interrompue dans son analyse minutieuse des idoles religieuses par une femme faisait une petite tête de plus qu'elle, d'une beauté éthérée presque gâchée par ses vêtements si prudes. A ses paroles, Meradev laissa le sourire lui gagner les lèvres.

    "Les rires des étudiantes ne me dérange pas. C'est presque une mélodie pour moi. Elles couvrent la clameur d'autres voix."

    Néanmoins, la Mère marquait un point : le silence ici permettait certainement de méditer au calme sur les nombreux ouvrages qu'elle comptait initialement parcourir dans son bureau de travail à Ikusa, dans l'espoir de quelques réponses, quelques pistes. Ce qui mit cependant légèrement mal à l'aise l'élémentaire de foudre, ce fut la contemplation étrange dont la nonne faisait preuve à l'égard de sa peau. Ce n'était pas les courants électriques qu'elle admirait, mais les glyphes noirâtres brisant l'harmonie rosée. L'hétérochromie de ses yeux fut soulignée par un compliment qui n'en était pas tant un. Meradev arqua un sourcil.

    "Parlez-vous par intuition, constatation issue d'une longue expérience acquise par l'existence ou simplement pour me charrier ?" La professeure plissa les yeux. "Un peu des trois, j'imagine."

    Dans ce lieu, Agarès riait ; au fond de son esprit résonnait sa voix distordue.

    "Voilà un être qui a longtemps foulé le Sekai", clama-t-il en Meradev. Un sujet qui l'intéressait. Mais l'élémentaire ne lui laissa pour le moment aucun contrôle ni droit de parole ; elle se détourna de la nonne, ses longs cheveux roses balayant l'air et l'embaumant d'une senteur de lavande et de fleurs printanières.

    "Vous présumez bien. Le savoir est la plus puissante de mes armes, en particulier celui qu'on apprécie cacher au plus grand nombre. Je me demande quel genre de vérité vous cherchez, cependant, en entreprenant tous ces efforts..." Ses doigts effleurèrent le bois froid et vieilli d'un des longs bancs de prière. "J'imagine qu'en réinvestissant ces lieux, vous ravivez un peu la flamme éteinte des croyants divinistes, mais aussi que vous avez dû trouver des ouvrages forts intéressants. Mael est une cité que j'ai foulé des siècles durant, la Fédération de Shoumei étant mon lieu de naissance initial. Cela m'intéressait bien évidemment de remettre la main sur des livres qui ont été perdus ici lors de l'investiture reikoise. Sait-on jamais ce qu'on peut y retrouver."

    Elle se retourna pour contempler la femme de son œil turquoise, délicat comme une pierre précieuse.

    "Mère, c'est ainsi qu'ils vous appellent ? Amusant. Ne devriez-vous pas vous faire appeler sœur, selon votre croyance ?"

    Certainement pas une pratique au sein du Culte des Ombres.




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  • Mar 23 Avr - 16:54
    Elle venait d’éclater la bulle de contemplation dans laquelle elle s’était tenue jusque-là. Siame note la courbe orgueilleuse de son petit menton, qui se relève indéniablement lorsqu’elle pose ses yeux sur elle, et celle, plus mutine de ses lèvres quand elle lui répond pour la première fois. Le regard de l’Ange se fait appréciateur, et sa bouche à elle se tord insensiblement—comme pour dire qu’elle consentait à ne pas être d’accord. Après tout, c’était ainsi que débutait les meilleures histoires : sur des désaccords et l’intégrité conservée des deux parties. Siame n’était pas pénible. Pas sur ces sujets-là. Quant à la “clameur des autres voix”, elle note l'information, en silence. Il est un peu trop tôt pour se mêler de ce qui ne la regardait pas, pas vrai ?

    Vous êtes une bien étrange créature, temporise-t-elle.

    Une jolie créature qui avait su éveiller son intérêt, dès sa seconde réplique. Elle la considéra un instant d’un sourire amusé, nota l’assombrissement de ses yeux et son air malin, l’envie de signifier qu’elle aussi pouvait mordre, en cas de besoin.

    Nous en sommes déjà à finir les phrases de l’autre ? Ironise-t-elle, sans le moindre venin. La répartie de la fille lui plaît.

    Siame, du coin de l'œil, observe toujours ce qu’il se passe au sein de son église, comme on garderait un œil sur un enfant un peu trop turbulent. Parmi ce tableau monochrome, la visiteuse dénotait, ses cheveux comme de la barbe-à-papa, ses douceurs colorant l’environnement trop terne : comme les églises savaient si bien l’être. Le tableau avait quelque chose de saisissant. L’Ange, quant à elle, se fond parfaitement dans le décor – pas par pudeur, mais par stratégie –, dans ses vêtements trop amples et son voile dessinant une toile d’araignée sur son visage. Elle l’écoute, l’observe se mouvoir entre les bancs, à la recherche des secrets dont elle ignore tout. Sa curiosité vient la piquer, et l’Ange se prend à sourire. Elle est tout de même partagée, devant la créature qui se présente à elle : note son impétuosité de son iris rouge, et le contraste de son œil turquoise qui s’ouvre ingénument sur le Monde—sur elle, à cet instant. Elle ne s’encombre pas de ronds de jambes, va droit au but. L'Ange comprend un peu mieux, quand elle lui apprend fouler cette terre depuis plusieurs siècles. Les apparences étaient définitivement trompeuses. Siame ignore encore que sous le crâne printanier de la femme se trouvent deux âmes entrées en collision et qui se brûlent l’une l’autre. Elle lui sourit, paisiblement.

    Quel genre de vérités ? Petite curieuse. J’obéis simplement à la nécessité de répandre celle des Titans dans le cœur de ceux chez qui elle a été remplacée par la peur. Et la peur est une bien mauvaise conseillère. Je suis là uniquement pour les rassurer, leur rappeler qu’ils peuvent s’abandonner au jugement des divins sans crainte. Un fidèle apeuré méprise sa propre foi. Et la vérité n’est que la nourriture de l'intelligence. Celle qui m’intéresse est la Vérité – celle avec un grand V – essentielle : la foi certaine et infaillible. Celle-ci ne se communique pas telle quelle ici-bas : les livres la ternissent, la parole des Hommes la pervertie. Seule la prière silencieuse lui fait véritablement honneur.

    Car oui, c’était tellement plus simple de laisser les mortelles piocher dans la religion ce dont ils avaient besoin—ce qui leur faisait du bien. On revenait toujours, inlassablement, à ce qui nous faisait du bien après nous avoir fait du mal. Siame semble alors s’auréoler d’une patience angélique, en bonne diviniste qu’elle était. La supercherie, elle, n’en est que plus délicieusement indécente.

    Les cloches retentissent une ultime fois, avant de se taire, à 12h05, traditionnellement pour la prière de l’Ange.

    Pardonnez-moi, je me transforme en vieille bigote quand j’ai le ventre vide, enchaîne-t-elle sans l’ombre d’un bégaiement.  

    Ce n’est là qu’une façon de lui révéler subtilement que le jeûne est un concept qui lui échappe. Que les chapelets elle les connaît davantage sous forme de jurons. Que pour elle, croire, ce n’est pas renoncer à tous les petits bonheurs de la vie—ça, elle le laisse aux moines et aux hypocrites.

    Selon ma croyance – et quelle croyance, elle qui n’avait plus que foi en elle-même – les Sœurs ont besoin d’une Mère. Je n’ai peut-être pas l'appareillage nécessaire pour me faire nommer Prêtre ou Cardinal et mener les messes selon les rites divinistes, mais je ne vole la place – ni la vanité – d’aucun homme en guidant nos sœurs. Néanmoins, si le terme de “Mère” vous déplaît, voyez-moi simplement comme… Comme un Ange gardien ? S’ensuit un bref silence. Nous ne partageons donc pas les mêmes croyances. Son sourire dit “dommage”. Mais cultistes et divinistes sont cousins sur le territoire shoumeien. La petite provocation est habile, nécessaire. En vérité, Siame n’a que faire des guéguerres de territoires, et les frontières lui ont toujours semblé accessoires.

    Je vous fais visiter notre bibliothèque ? Lui propose-t-elle, en lui montrant le chemin d’une main invitante. Je ne vous promets pas de me mettre à rire comme une étudiante, cependant—à moins que vous ne soyez très drôle, il vous faudra composer avec les voix encombrantes que vous m’évoquiez plus tôt. Autrement dit : dites m’en plus. Son sourire s’allonge insensiblement.

    Si la femme la suit, elle lui fera traverser la nef, prendra la direction d’une petite porte menant vers un escalier en colimaçon, tout fait de pierres aussi blanche que la sincérité dont elle se maquille. Elles déboucheront sur une petite bibliothèque – normalement inaccessible aux visiteurs.


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