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  • Ven 19 Avr - 17:31


    Le bruit des cloches résonne entre les murs froids de l’église. Elles ont recommencé à sonner depuis quelques jours—depuis que Siame a réinvesti les lieux. Elle prenait un risque en venant ici, elle le savait. Le risque qu’on y voit une provocation (était-ce une provocation ?) et qu’on vienne la déloger, voire pire. Sa position sur l’échiquier n’avait rien d’enviable. Et pourtant, c’est avec une curieuse sérénité que l’Ange venait éclairer les cierges, chaque matin, en parfaite conscience des rouages secrets qu’elle tentait de réactiver. La lampe du sanctuaire avait été rallumée à côté du tabernacle, et en gardienne Sainte, elle s’assurait que celle-ci ne meurt jamais—prévienne tous les visiteurs de la présence des Titans parmi eux. Les messes n’avaient pas encore repris, Siame ne disposant pas du nécessaire – c'est-à-dire : une virilité encombrante – pour les conduire selon les rites saints du culte.

    La femme qui régissait désormais ces lieux était un peu différente de celle qu'elle fut autrefois. Celle qui avait un jour connu le poids d’une armure sur ses épaules, celui d’une épée dans sa main et qui se revêtait aujourd’hui d’un vêtement de nonne – autoproclamée Mère –, forte d’une toute nouvelle consécration. Prête à sacrifier sa vie au culte désintéressé (vraiment ?) des Divins. Un voile ombrage son regard, tient en bride des instincts qu’on ne prête pas à une religieuse. Il parait que les yeux sont la fenêtre de l’âme, alors elle les cache, pour éviter qu’on y lise la froideur sans nom qui s’y tapit. Il parait aussi que les églises sont pleines d’imbéciles qui croient au paradis—mais ici, les mortels n’ont pas besoin de croire. Ils savent, et surtout, ils craignent : les Titans plus que les reikois. Ils craignent plus qu’ils ne croient, car la colère de la guerre anime encore leur nuit et le sang de leurs proches tapis toujours les égouts. Les cieux avaient condamné à deux reprises leur égarement, il aurait été absurde d’imaginer qu’ils ne recommenceraient pas.

    C’est pour cette raison qu’ils viennent, épeurés, grouillant silencieusement comme des punaises de sacristie. Les Hommes étaient incapables d’être sans le despotisme éclairé d’une autorité divine—et l’Ange avait bien l’intention de l’incarner sur en ces lieux. Peu importe que les braves soient aujourd’hui au nombre de trois, de six ou de dix, tant que la peur – produit de l’ignorance et de la superstition – hante leur âme. Sans elle, ils sont perdus. Peu importe qu’ils soient si peu, tant qu’ils ne sont pas seuls (un fidèle isolé est un fidèle mort). Oui : sans Elle, ils sont perdus. Et l'Ange était alors toute disposée à leur faire bénéficier de sa précieuse lumière et à leur montrer la voie : toujours souriante au sein de l’église, inspirant une loyauté contagieuse chez ses fidèles. Elle continuerait de sourire, aussi longtemps qu’il le faudrait pour (...).

    Néanmoins, tous ceux qui passent les immenses portes de l’église ne transpirent pas la peur. Non, certains font preuve d’une curiosité à toute épreuve. Elle perçoit l’aiguillon de l’indiscrétion qui avait mené sa visiteuse jusqu’ici. Il y a quelque chose de touchant, à la manière dont elle pose ses grands yeux sur les figures divines qui parsèment les murs et les vitraux. Ce désir d’en savoir plus complimente bien la façon dont elle se porte, la manière dont elle déambule entre les bancs de chêne—il la complimente autant qu’il l’efface et la dévore. L’Ange aurait pu s’en attendrir : elle aime lorsque les mortels arpentent aussi insolemment que naïvement le Monde, sans la moindre idée qu’ils courent à leur propre perte. Bien qu’ici, en ce lieu saint, cette âme curieuse n’avait rien à craindre. Une brise fraîche, inhospitalière, s’engouffre dans le cœur de l’église. Sa peau frémit dans une ondulation qui n’est pas tout à fait due à la température du lieu. Il lui semble que la femme se tend lorsqu’elle perçoit sa présence. Siame adopte alors une expression à la fois mi-sévère, mi-malicieuse—et dans son regard, derrière le voile, une irrévérence certaine.

    N’ayez crainte. Ses yeux lorgnent sur ses bras, et elle désigne du menton les livres fatigués qu’elle tient contre sa poitrine. Cette femme lui donne l’impression d’un chien égaré dans le mauvais quartier. Les églises ne sont pas des institutions publiques comme les bibliothèques, mais vous êtes la bienvenue—peu importe les entités que vous avez choisi de prier. L’irrévérence s'enfuit de ses yeux pour venir s’enrouler aux commissures de ses lèvres. Et entre nous, elles sont bien plus paisibles pour bouquiner. Vous ne risquez pas qu’un troupeau d’étudiantes viennent vous glousser comme des dindes dans les oreilles.

    On devrait écrire à l’entrée des bibliothèques : “Interdit de glousser comme une dinde dans l’enceinte du bâtiment”, mais les règles les plus importantes sont rarement affichées nulle part.

    Néanmoins, nos bancs sont bien moins confortables, je dois bien l’admettre.

    L’Ange pose son regard sur les yeux de sa vis-à-vis et quelque chose l’interpelle, plus que les marques sur sa peau. Il y a un moment suspendu, avant qu'elle ne reprenne :

    Très jolis yeux, déclare-t-elle sans détour.

    Elle l’observe attentivement, comme pour déterminer l'identité de ceux qui se tiennent devant elle à cet instant. Si l’un de ses iris est un rêve éveillé – elle admire la détermination qu’elle y lit –, le second brille d’une braise insoupçonnée, et pourtant, Siame devine plus ou moins le mal qui la ronge. L’Ange lève une main vers le visage de poupon de la femme—ses jolies joues sont deux bonbons roses et tout ça lui donne envie de la saisir au creux de sa paume, mais elle ne le fait pas. Elle se contente de souligner son œil gauche sans pour autant la toucher.

    Sublime cadeau que voilà. Terrible sacrifice. Elle ne pousse pas l’indiscrétion à lui demander qui a bien pu lui voler. Nous disposons d’une bibliothèque d’église – incomplète, la guerre ne s’encombre pas des livres : il fallait imaginer que l’armée reikoise n’avait pas pris la peine de les conserver en s’emparant des lieux –, si les recueils divinistes peuvent vous intéresser. Vous êtes évidemment libre de faire des recherches dans notre maigre, mais précieuse collection. N’hésitez pas si vous avez besoin de mon aide. Je présume que nous partageons toutes deux le même intérêt pour la recherche de vérité (laquelle ?).

    Elle la dévore du regard, d’un appétit un peu différent de celui des hommes, qui cachent d’autres motivations. Sa curiosité, à elle, est intrusive. Siame dispose seulement de l’expérience nécessaire pour ne pas la laisser la consumer—elle comme les autres.


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  • Ven 19 Avr - 21:53
    Silence
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    Silence | Meradev & Siame Separa11

    Un lieu de silence, un vestige de Shoumei. Cité où elle avait enseigné, ville qui avait vu quelques démons fouler ses terres.

    Avant de pénétrer l'église réinvestie, Meradev avait parcouru les rues, admiré une nouvelle fois la pierre blanche de la cité autrefois havre de savoirs magiques et théologiques. Bibliothèques et lieux regorgeant de connaissances n'était plus que bastions guerriers emplis de gardes et de soldats dont la présence n'était plus nécessaire. Avec amertume, l'élémentaire contemplait l'académie où elle avait enseigné tous ces longs siècles, où son cercle d'élèves distincts s'étaient approchés d'elle aux heures les plus sombres de la nuit pour apprendre des langues perdues, éteintes ou hors de ce monde. Des heures à tracer des arabesques au sol, à proférer quelques paroles, à étudier les créatures des ombres dans la plus grande fascination, mais également dans le plus grand respect. Il ne fallait jamais offusquer les Gardiens et leurs créations ; le Royaume des Ombres ne pouvait être à la portée que des esprits les plus brillants, prêts à résister aux appels des abysses.

    Qui pouvait croire que sous ces traits séducteurs se cachait autrefois un petit être laid qui dévorait les livres et conversait avec les démons comme à des amis fascinants et quasi divins ? Le prix fut payé, mais cela n'empêchait toujours pas Meradev de chercher un moyen de purger celui qui habitait en elle. Les démons l'avaient servie jusque-là, avaient été à ses côtés. Elle faisait confiance aux Gardiens : si un démon peut causer sa perte, une autre entité de la même espèce saurait sûrement la sauver.

    Probablement était-ce pour cela que ses bras arboraient quelques livres dont un épais grimoire fort poussiéreux, aux pages orangées tant elles avaient connu de mains qui les tournaient inlassablement. Mue par la curiosité naturelle dont elle avait toujours fait preuve, Meradev entra dans l'église diviniste où les cérémonies, bien que discrètes, avaient apparemment repris sous la coupe d'une mystérieuse femme qu'on appelait Mère. Son rythme de pas était lent ; elle contemplait les vestiges de la splendeur passée du bâtiment. Bien qu'elle n'eut appartenu à ce courant religieux ni que sa famille y ait baigné, elle vouait toujours un respect profond pour les endroits où la foi avait été clamée haut et fort.

    Elle fut interrompue dans son analyse minutieuse des idoles religieuses par une femme faisait une petite tête de plus qu'elle, d'une beauté éthérée presque gâchée par ses vêtements si prudes. A ses paroles, Meradev laissa le sourire lui gagner les lèvres.

    "Les rires des étudiantes ne me dérange pas. C'est presque une mélodie pour moi. Elles couvrent la clameur d'autres voix."

    Néanmoins, la Mère marquait un point : le silence ici permettait certainement de méditer au calme sur les nombreux ouvrages qu'elle comptait initialement parcourir dans son bureau de travail à Ikusa, dans l'espoir de quelques réponses, quelques pistes. Ce qui mit cependant légèrement mal à l'aise l'élémentaire de foudre, ce fut la contemplation étrange dont la nonne faisait preuve à l'égard de sa peau. Ce n'était pas les courants électriques qu'elle admirait, mais les glyphes noirâtres brisant l'harmonie rosée. L'hétérochromie de ses yeux fut soulignée par un compliment qui n'en était pas tant un. Meradev arqua un sourcil.

    "Parlez-vous par intuition, constatation issue d'une longue expérience acquise par l'existence ou simplement pour me charrier ?" La professeure plissa les yeux. "Un peu des trois, j'imagine."

    Dans ce lieu, Agarès riait ; au fond de son esprit résonnait sa voix distordue.

    "Voilà un être qui a longtemps foulé le Sekai", clama-t-il en Meradev. Un sujet qui l'intéressait. Mais l'élémentaire ne lui laissa pour le moment aucun contrôle ni droit de parole ; elle se détourna de la nonne, ses longs cheveux roses balayant l'air et l'embaumant d'une senteur de lavande et de fleurs printanières.

    "Vous présumez bien. Le savoir est la plus puissante de mes armes, en particulier celui qu'on apprécie cacher au plus grand nombre. Je me demande quel genre de vérité vous cherchez, cependant, en entreprenant tous ces efforts..." Ses doigts effleurèrent le bois froid et vieilli d'un des longs bancs de prière. "J'imagine qu'en réinvestissant ces lieux, vous ravivez un peu la flamme éteinte des croyants divinistes, mais aussi que vous avez dû trouver des ouvrages forts intéressants. Mael est une cité que j'ai foulé des siècles durant, la Fédération de Shoumei étant mon lieu de naissance initial. Cela m'intéressait bien évidemment de remettre la main sur des livres qui ont été perdus ici lors de l'investiture reikoise. Sait-on jamais ce qu'on peut y retrouver."

    Elle se retourna pour contempler la femme de son œil turquoise, délicat comme une pierre précieuse.

    "Mère, c'est ainsi qu'ils vous appellent ? Amusant. Ne devriez-vous pas vous faire appeler sœur, selon votre croyance ?"

    Certainement pas une pratique au sein du Culte des Ombres.




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  • Mar 23 Avr - 16:54
    Elle venait d’éclater la bulle de contemplation dans laquelle elle s’était tenue jusque-là. Siame note la courbe orgueilleuse de son petit menton, qui se relève indéniablement lorsqu’elle pose ses yeux sur elle, et celle, plus mutine de ses lèvres quand elle lui répond pour la première fois. Le regard de l’Ange se fait appréciateur, et sa bouche à elle se tord insensiblement—comme pour dire qu’elle consentait à ne pas être d’accord. Après tout, c’était ainsi que débutait les meilleures histoires : sur des désaccords et l’intégrité conservée des deux parties. Siame n’était pas pénible. Pas sur ces sujets-là. Quant à la “clameur des autres voix”, elle note l'information, en silence. Il est un peu trop tôt pour se mêler de ce qui ne la regardait pas, pas vrai ?

    Vous êtes une bien étrange créature, temporise-t-elle.

    Une jolie créature qui avait su éveiller son intérêt, dès sa seconde réplique. Elle la considéra un instant d’un sourire amusé, nota l’assombrissement de ses yeux et son air malin, l’envie de signifier qu’elle aussi pouvait mordre, en cas de besoin.

    Nous en sommes déjà à finir les phrases de l’autre ? Ironise-t-elle, sans le moindre venin. La répartie de la fille lui plaît.

    Siame, du coin de l'œil, observe toujours ce qu’il se passe au sein de son église, comme on garderait un œil sur un enfant un peu trop turbulent. Parmi ce tableau monochrome, la visiteuse dénotait, ses cheveux comme de la barbe-à-papa, ses douceurs colorant l’environnement trop terne : comme les églises savaient si bien l’être. Le tableau avait quelque chose de saisissant. L’Ange, quant à elle, se fond parfaitement dans le décor – pas par pudeur, mais par stratégie –, dans ses vêtements trop amples et son voile dessinant une toile d’araignée sur son visage. Elle l’écoute, l’observe se mouvoir entre les bancs, à la recherche des secrets dont elle ignore tout. Sa curiosité vient la piquer, et l’Ange se prend à sourire. Elle est tout de même partagée, devant la créature qui se présente à elle : note son impétuosité de son iris rouge, et le contraste de son œil turquoise qui s’ouvre ingénument sur le Monde—sur elle, à cet instant. Elle ne s’encombre pas de ronds de jambes, va droit au but. L'Ange comprend un peu mieux, quand elle lui apprend fouler cette terre depuis plusieurs siècles. Les apparences étaient définitivement trompeuses. Siame ignore encore que sous le crâne printanier de la femme se trouvent deux âmes entrées en collision et qui se brûlent l’une l’autre. Elle lui sourit, paisiblement.

    Quel genre de vérités ? Petite curieuse. J’obéis simplement à la nécessité de répandre celle des Titans dans le cœur de ceux chez qui elle a été remplacée par la peur. Et la peur est une bien mauvaise conseillère. Je suis là uniquement pour les rassurer, leur rappeler qu’ils peuvent s’abandonner au jugement des divins sans crainte. Un fidèle apeuré méprise sa propre foi. Et la vérité n’est que la nourriture de l'intelligence. Celle qui m’intéresse est la Vérité – celle avec un grand V – essentielle : la foi certaine et infaillible. Celle-ci ne se communique pas telle quelle ici-bas : les livres la ternissent, la parole des Hommes la pervertie. Seule la prière silencieuse lui fait véritablement honneur.

    Car oui, c’était tellement plus simple de laisser les mortelles piocher dans la religion ce dont ils avaient besoin—ce qui leur faisait du bien. On revenait toujours, inlassablement, à ce qui nous faisait du bien après nous avoir fait du mal. Siame semble alors s’auréoler d’une patience angélique, en bonne diviniste qu’elle était. La supercherie, elle, n’en est que plus délicieusement indécente.

    Les cloches retentissent une ultime fois, avant de se taire, à 12h05, traditionnellement pour la prière de l’Ange.

    Pardonnez-moi, je me transforme en vieille bigote quand j’ai le ventre vide, enchaîne-t-elle sans l’ombre d’un bégaiement.  

    Ce n’est là qu’une façon de lui révéler subtilement que le jeûne est un concept qui lui échappe. Que les chapelets elle les connaît davantage sous forme de jurons. Que pour elle, croire, ce n’est pas renoncer à tous les petits bonheurs de la vie—ça, elle le laisse aux moines et aux hypocrites.

    Selon ma croyance – et quelle croyance, elle qui n’avait plus que foi en elle-même – les Sœurs ont besoin d’une Mère. Je n’ai peut-être pas l'appareillage nécessaire pour me faire nommer Prêtre ou Cardinal et mener les messes selon les rites divinistes, mais je ne vole la place – ni la vanité – d’aucun homme en guidant nos sœurs. Néanmoins, si le terme de “Mère” vous déplaît, voyez-moi simplement comme… Comme un Ange gardien ? S’ensuit un bref silence. Nous ne partageons donc pas les mêmes croyances. Son sourire dit “dommage”. Mais cultistes et divinistes sont cousins sur le territoire shoumeien. La petite provocation est habile, nécessaire. En vérité, Siame n’a que faire des guéguerres de territoires, et les frontières lui ont toujours semblé accessoires.

    Je vous fais visiter notre bibliothèque ? Lui propose-t-elle, en lui montrant le chemin d’une main invitante. Je ne vous promets pas de me mettre à rire comme une étudiante, cependant—à moins que vous ne soyez très drôle, il vous faudra composer avec les voix encombrantes que vous m’évoquiez plus tôt. Autrement dit : dites m’en plus. Son sourire s’allonge insensiblement.

    Si la femme la suit, elle lui fera traverser la nef, prendra la direction d’une petite porte menant vers un escalier en colimaçon, tout fait de pierres aussi blanche que la sincérité dont elle se maquille. Elles déboucheront sur une petite bibliothèque – normalement inaccessible aux visiteurs.


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  • Ven 3 Mai - 22:46
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    "Vous êtes une bien étrange créature." La phrase fit frémir Meradev, hélas pas dans un sens très agréable. Trop curieuse, salement punie ; parfois, elle regrettait son passé de femme simple au physique désavantageux, ne réussissant dans pas grand chose d'autre que l'obtention de savoirs obscurs et anciens que tous évitaient. Une vie simple où elle était un être simple et oublié. Seule dans sa tête, mal dans sa peau.

    La prose qui suivit de l'incisive none fut cependant un sujet où Meradev se retrouvait, bien qu'ayant des croyances fort divergentes.

    "La foi certaine et infaillible est en effet source de salvation. Mais sont-ce les Titans qui profèrent cette-dite Vérité ? Source de création et de destruction..." L'élémentaire laissa sa voix se finir en soupir. "La prière a un pouvoir, mais l'action un autre."

    Au sein du Culte des Ombres, bien sûr que prières et songes envers le Royaume des Ombres étaient piliers. Mais les rites, les actes de foi, les sacrifices si nécessaires, les incantations étaient aussi pratiqués... le Culte en lui-même avait ses dérives, mais dans son fondement, ombre et lumière cohabitaient et la prière n'était pas le meilleur point central pour faire vivre sa foi.

    La Mère poursuivit sur sa répartie piquante, annotée de touches d'humour en soulignant le fait que deux ventres quasi vides ici gargouillaient bruyamment - nous savons tous que ce n'était que celui de Meradev, mais jouons le jeu - et l'élémentaire de foudre écouta attentivement l'argumentaire mis en avant par la nonne qui avait réhabilité ce noble lieu.

    "Bien sûr que les divinistes et les cultistes cohabitaient. Mais nul besoin de voler quelconque dignité aux hommes, si tant est qu'ils en avaient une, dans mon courant religieux : des femmes prêtre menaient aussi nos prières de groupe. Deux genres coexistent au sein d'un monde, comme l'ombre et la lumière, la lune et le soleil. Pourquoi l'un devrait-il avoir plus de pouvoir que l'autre ?" Meradev haussa les épaules en se mettant mouvement. "Voilà un concept diviniste que je ne comprenais pas et je suis bien heureuse de constater qu'une pratiquante en souligne l'absurdité."

    La Mère n'oubliait rien ; la revoilà à parler des voix que la professeur de Drakstrang avait vaguement évoquées tout à l'heure. Tandis qu'elle s'avançait vers la porte située au bout de la nef, il fut éveillé.

    En vérité, il guettait depuis le début.

    "Qui sait ce que sont ses réelles intentions ? Ne la trouve-tu pas dérangeante ?"

    L'élémentaire ralentit légèrement le pas.

    "Peux-tu lui faire confiance ? Vas-tu descendre avec elle ce bien sombre escalier ?"

    Meradev entamait la descente, à la suite de la Mère, avide de mettre la main sur les livres shoumeiens qu'elle chérissait tant et qu'elle espérait préservés pour lire à nouveau la belle calligraphie inscrite en leur sein.

    "Un Ange gardien. Tu ne cache même pas ta vraie nature, esclave.". Meradev s'était immobilisée alors qu'elles étaient arrivées au bas des marches, dans une sombre bibliothèque poussiéreuse. Elle parlait d'une voix calme, résonnante, éthérée. Venue d'ailleurs. "Créée et asservie par des créatures égocentrées, regarde à quoi les Titans t'ont réduite. Misérable vestige traumatisé par les affres du temps qui passe et par l'indifférence générale. Comment peux-tu seulement supporter ton existence ?"

    La peau parcourue d'électricité, la professeur de magie noire s'était mise à éclairer d'elle-même la pièce.

    "Ce n'est absolument pas ce que je voulais dire..."
    "Siame. C'est ça ?"

    Deux voix, une seule bouche. Meradev sentit un élan de panique la gagner. Son bras droit saisit son poignet gauche et elle se força à tourner la tête face au mur d'à-côté.

    "Ignorez-le, je vous en prie", parvint-elle à chuchoter tandis qu'elle regagnait le contrôle d'elle-même. "S'il y a bien un vestige traumatisé par les affres du temps qui passe ici, c'est moi."


    [/b]


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  • Jeu 9 Mai - 19:38
    Siame écoutait sa vis-à-vis, non contente d’avoir une âme pour discuter de théologie. Elle souriait paisiblement, approuvait ses mots d’un petit hochement de tête sobre, sans démontrer la moindre envie de contredire ses idées. Leurs divergences n’étaient peut-être que soudée dans le rôle qui était le leur à cet instant donné, mais Siame avait trop vécu pour savoir que rien n’était permanent—ni inscrit dans le marbre.

    Vous avez raison, se contenta-t-elle de répondre, ses yeux brillants, ravis. Et c’est bien pour cette raison que vous me trouvez entre ces murs aujourd’hui.

    Oui. Toute cette histoire, elle était pacifiste—puisqu’il ne pouvait de toute manière pas en être autrement. L’Ange avait bien conscience que ce n’était pas grâce à la force—qui lui échappait, ni au nombre—dont elle manquait tout autant, qu’elle l’emporterait. Cependant, elle s'armait sans honte de patience, puisque le temps, c’était alors tout ce dont elle disposait.

    Elle eut un sourire franc, sincère, quand Meradev se mit à décrire le fond de sa pensée aux sujets des différences patriarcales de leur deux cultes.

    Vous vous doutez bien que je ne peux qu’être d’accord avec vous, autrement, je serais encore là à patienter qu’un homme ne vienne faire le ménage dans cette malheureuse église, qui ne demande qu’à accueillir de nouveaux fidèles. En vérité, les titres ne m’ont jamais intéressée. (Mais le pouvoir, oui.) Ce sont eux – elle jeta un regard aux alentours, sur les croyants qui s'attelaient alors à remettre de l’ordre dans ce qu’il restait de la cathédrale et son sourire avait pris une inflexion différente – qui l’ont choisi pour moi. Je ne suis pas une utopiste, vous savez. Je fais simplement ce que je peux, avec les armes dont je dispose.

    Non, elle laissait les rêves irréalistes aux héros – mortels (à savoir nés sur terre, pour l’Ange), bien souvent – se pensant être capables et à la hauteur de leurs absurdes idéaux. Oui, tout comme elle leur laissait de dessillement implacable et inévitable de la réalité qui venait vous frapper en pleine gueule lorsque vous vous y attendiez le moins. Siame n’espérait aucunement faire fléchir les sceptiques des Divins à ses “convictions”, puisqu’elle-même, n’y “croyait” qu’en apparence. C’était bien plus qu’une simple et bête question de foi. C’était préparer le futur pour ce qu’elle espérait voir un jour arriver…

    Elles avaient marché côte à côte, sans que Siame ne perçoive le regard de l’entité malfaisante cachée derrière le minois poupon de Meradev, ni sans la moindre idée du piège qu’elle se tendait elle-même.

    Le changement dans le comportement de son invitée fut soudain, brutal. Inattendu. L'Ange avait haussé un sourcil, curieusement, en écoutant les mots qui sortaient alors de sa bouche, qui crapotaient comme l’eau d’un robinet mal resserré. La voix était la même. L’apparence était la même. Mais quelque chose avait bien changé. L’Ange se retourna pour faire face à son interlocutrice.

    Oui. Quelque chose était en train de se passer. Elle flamboyait, luttait contre un mal dont Siame ignorait encore tout : qui s’échappait d’elle sans qu’elle ne puisse rien y faire. Sa conscience vacillait et tout à coup, elle reprit contenance. Elle l’observa, une expression vaguement déroutée, l’espace d’un battement de cœur, avant que…

    “Siame, c’est ça ?”

    Oh.
    Oh. Cette petite entrevue dans la bibliothèque venait de prendre une tournure inattendue, mais pas moins intéressante. Les yeux de l’Ange pétillaient, tandis qu’elle s’approchait.

    Ne vous en faites pas. La rassura-t-elle devant sa détresse apparente. Elle leva à nouveau sa main tout près du visage de sa vis-à-vis. Vous permettez ? Et sans attendre de réponse – incapable de repousser le désir d’en savoir davantage – elle posa ses doigts fins sur la joue rose et chaude de Meradev. Puis, elle plongea ses yeux de silex dans les siens.

    Elle l’observait alors sans plus compter les secondes. Siame fouillait. Siame cherchait, faisant alors preuve d’une patience toute angélique.
    Pas ici… Pas là… Ah.
    Trouvé.


    On ne dit même plus bonjour à ses vieux amis avant de lancer les hostilités, Agarès ?

    Elle se mise à sourire, de l’un de ces sourires qui lui ressemblait vraiment, bien loin de ceux qu’elle offrait aux fidèles. Bien loin du masque qu’elle revêtait à l’occasion de ses nouvelles fonctions

    Pauvre enfant, murmura-t-elle, faussement peinée, la caresse doucereuse de sa paume toujours sur la joue de Meradev. Contraint à aboyer comme un chien en cage, enfermé dans le corps d’une mortelle. Toujours aussi hargneux qu’un yorkshire. Sur ses lèvres, son sourire s’intensifia. Je ne souhaiterais même pas ça à mon pire ennemi, bien que je te l’accorde, tu aurais pu tomber sur bien plus disgracieux. Pire encore, tu aurais pu finir dans une statue à ton effigie. Et ses yeux se levèrent au plafond, l’air de dire “l’horreur”. Non, tu as de la chance : elle est douce comme un rêve, belle comme un Ange. Et crois-moi, j’en sais quelque chose. Aurya t’a fait un généreux cadeau : au lieu de la médire, tu devrais la remercier. Et en le disant, l'Ange déposa un baiser précieux, du bout des lèvres, sur le front de la mage.

    Elle n’avait pas pris la peine de rectifier ses paroles. À vrai dire, il fallait considérer que Siame était la première à cracher son venin sur sa Maîtresse et sur les Titans. Ça n’enlevait pourtant rien à la loyauté qu’elle éprouvait pour eux. Elle aimait Aurya comme on aimait une mère : autrement dit elle la détestait pour tout ce qu’elle était.

    Son regard s'adoucit alors qu’elle s’adressait de nouveau à Meradev—prise entre les foudres des deux entités : l’ange du haut, et celui du bas.

    Souhaitez-vous réellement que j’ignore ses jérémiades ? Je m’en ferais un plaisir. J’aime l’entendre japper. Autrement dit, pour l’heure : elle n’accordait que peu d’importance aux mots qu’il pouvait bien baver. Il fait ça souvent ? Ca doit être particulièrement désagréable, au quotidien.


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  • Dim 19 Mai - 21:09
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    Silence | Meradev & Siame Separa11

    Meradev respectait sincèrement Siame. Ce qu'elle défendait, ce qu'elle se peinait à reconstruire sur des vestiges, son petit brin d'humour dans ses habits de nonne, son esprit fugace... l'élémentaire n'avait nul doute qu'elle aurait trouvé en elle une interlocutrice avec laquelle elle n'aurait eu de cesse d'avoir des échanges enrichissants. Perspicace, l'étrange femme semblait avoir une idée du mal qui habitait la professeure de magie noire, mais elle n'eut guère d'attitude exprimant la révulsion, le désarroi ou la peur. Une simple curiosité, peut-être un peu trop pénétrante.

    Immobile dans son cercle spirituel, il était là. Si la foudroyante femme parvint à reprendre contrôle sur l'entité sombre qui s’enorgueillit d'avoir pris les reines pour insulter une vieille connaissance, elle le sut non loin de sa conscience. Pis encore lorsque la main froide comme un cadavre de la dénommée Siame vint caresser la peau de la joue de l'hôte, prise de stupeur. Des images défilèrent à toute vitesse dans l'esprit de Meradev sous la lecture implacable que lui infligeant l'ange, dont elle n'aurait pas deviné la nature d'elle-même. Un regard vicieux, une hécatombe, des cris, des pleurs, des supplices. Des ailes arrachées. Ce fut comme si, tandis que Siame dévoilait Agarès dans toute son horreur, l'élémentaire eut également une connexion, fugace, avec l'esprit de la nonne. Démon et ange avaient eu une existence étrange, l'un d'effroi désiré, l'autre de mission sacrée bafouée.

    Le baiser déposé sur le front, le contact fut rompu. Meradev resta là, pantoise. Qu'allait-il advenir ? Siame venait d'écraser Agarès d'un sarcasme extrêmement malvenu, l'humiliant de moqueries comme sa propre hôte n'aurait jamais osé. Mais après tout, ce n'était pas dans le corps de l'ange qu'il logeait. L'élémentaire maintint une ferme bride sur son esprit, prête à résister à tout assaut.
    Étrangement, il ne vint pas. Sa présence, même, devint subtile, simple filet d'air qu'on sentirait passer sous le vitrail d'une fenêtre.

    "C'est un supplice", répondit simplement l'élémentaire en prenant appui contre le mur, essuyant d'un revers de manche les gouttelettes de transpiration de son front et ses tempes. "Je crains hélas que je me sois condamnée à une sentence qui me suivra durant tous mes siècles d'existence. Voilà ce qu'apporte la curiosité mal placée, Siame." Elle lui fit un triste sourire. "Les Titans sont un fléau, bien que votre race en soit née, mais je puis vous assurer que de bien plus sombres entités habitent le Sekai et les divins savent quels sont leur dessein à chacune."

    Reprenant sa prestance, elle fit quelques pas dans la bibliothèque qui sentait la poussière et le renfermé. Des parfums agréables, réconfortants pour l'enseignante.

    "Aurya appréciait certainement les belles choses puisqu'ainsi je reçois vos compliments. Mais je ne les mérite pas. Je suis née laide, le visage asymétrique, les épaules désaxées, tordue." Elle prit une de ses mèches de cheveux, délicatement rosée entre les doigts. "Tout ceci ? Artifices. Cadeaux bien aimables d'Effroi, démon primordial que j'ai convoqué au sein du Sekai. Je ne sais pas moi-même qui il est vraiment, si ce n'est qu'il s'appelle ici Agarès et qu'il n'a fait que répandre la mort et la destruction derrière lui. Il méprise les vivants, il méprise les titans, il méprise le monde entier. J'ai su converser avec de nombreux démons, avec d'innombrables entités sentientes dans des langues que nulles ne comprennent, pas même la polyglossie innée de votre race. Mais lui ? C'est le pire d'entre tous. Et je ne souhaite pas qu'il se réincarne. Il ne fera que pourrir ce monde, le voir brûler et se régaler des entrailles putrides de ceux et celles auxquels il aura arraché la vie."

    Elle fit volte-face à son interlocutrice, la mâchoire serrée, les yeux brillants. Une farouche détermination se lisait dans son regard hétérochrome.

    "Mais il ne me laisse même pas me tuer pour l'en empêcher. Je n'y suis jamais parvenu. Je m'en sors toujours. J'ignore en quelles circonstances vous vous êtes croisés au cours des millénaires, mais je crois que j'aurais préféré me faire arracher les ailes, me faire changer en statue et traîner de mains en mains, propriétaires glauques en d'autres plutôt que de devoir constamment lutter contre ma propre main qui veut détruire chaque chose qu'elle touche."

    Meradev reprit une vive inspiration puis se retourna. Ses pas la guidèrent naturellement dans une des allées de la pièce.

    "Je... je suis navrée de tout ce qui vous est arrivé. Comment ne méprisez-vous pas le monde avec un tel cours d'existence ? Comment trouver un but, après tout cela... ? Mon seul réconfort est la quête du savoir et la transmission de celui-ci, mais la transmission prudente et choisie. J'ai cru asservir pour gagner en puissance, mais je me suis asservie pour n'être qu'un avatar éphémère."

    Son propre rire amer résonna dans la bibliothèque.

    "On dirait que je suis venue me confesser, Mère."


    [/b]


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  • Mar 28 Mai - 0:01
    Agares était retourné docilement dans sa tanière, et pourtant, Siame n’en tira pas le moindre plaisir. Autant faisait-elle confiance à la jeune élémentaire qui se trouvait devant elle, autant, elle doutait que le démon ne choisisse volontairement de s’effacer aussi facilement, après leur petite incartade. L’Ange plissa des yeux, tandis que l’esprit de Meradev émergeait – sans peine – alors que cet enfant de cochon qui logeait dans son crâne aurait dû griffer la cage de sa conscience pour tenter de garder le contrôle. Mais rien. Loin de juger cela pathétique, elle se tenait prudente, un peu plus qu’à l’habitude. S’agissait-il d’un bon, ou d’un mauvais présage ? Dans le doute, elle se rangea pour la seconde proposition. Curieux…

    Elle se contenta d’offrir un sourire chaleureux à la mage qui papillonna des paupières plusieurs fois, avant de s’exprimer. Les mises en garde de la cultiste (bien renseignée sur la question, elle se devait de l’admettre) avaient été offertes avec humilité, et Siame les avait accueillies d’un petit mouvement du menton entendu. En somme, elle l’invitait à rester sage ? Que de vigilances…

    Ah, les conséquences de l’imprudence qui vient invariablement avec la curiosité…

    À vrai dire – mise à part sur cette question-ci – Siame partageait quelque peu la vision de son invitée. Mais la Mère des lieux, elle, ne se serait jamais permis de le faire remarquer. Non, elle aurait tenu un discours invitant à faire confiance aux Entités Divines—qu’il fallait s’en remettre à leur jugement, et que rien n’arrivait par hasard. Bref, le genre de jolie (mais terriblement accablante) fumisterie que l’on attendait d’elle. La soyeuse mèche rose piochée entre les doigts délicats de la belle retomba comme un songe sur ses épaules, tandis qu’elle continuait ses explications. Siame apprenait alors le cadeau empoisonné du démon, le cruel poids de sa présence pour celle qui était désormais son hôte.

    L’Ange l’observait, les mains jointes devant elle, et écoutait religieusement, faisant preuve alors d’une compréhension sincère pour les mots de la mage. Ses yeux attentifs, plantés sur son interlocutrice, ne perdaient pas une miette de ce qui se déroulait devant elle. Quel Titan devait-elle remercier, de lui avoir fait don ce jour-ci d’un si joli présent ? C’était à se demander comment le démon s’y prenait, pour la laisser dans un pareil état. Mal, à ne point douter. Mais à en juger par l’éclat de pure détermination qu’elle perçoit dans les prunelles dépareillées (coucou Agarès) de son invitée, tout n’est pas perdu.  

    Vous tuer ? Alors que vous possédez en vous un tel pouvoir ? Allons… Quelle aberrante idée.

    La suite du discours laisse l’Ange quand celle-ci s’étale sur les supplices qu’elle a un jour subis. C’est-à-dire que si Siame se refusait le moindre épanchement en public, elle ne songea pas qu’on puisse un jour prétendre préférer le sort d’un autre au sien. Aurait-elle, elle, préféré se faire posséder par un démon assoiffé de carnage ? Elle ne fit même pas mine d’y songer—l’hypothèse lui semble indigne. À chacun ses épreuves, à chacun d’apprendre à composer avec. Siame la cajola d’un sourire amusé en écho à son rire—ce rire dans lequel on perçoit sans mal la morsure amère.

    Vous êtes au bon endroit pour ça. Pour vous répondre : Bien sûr, que je méprise le Monde. Qui ici pourrait prétendre l’inverse ? Je soupçonne seulement l’enfer que vous vivez quotidiennement, et vous n'avez qu’une vague idée de celui que j’ai vécu. Mais je peux néanmoins affirmer avec certitude que nos histoires ne sont que deux parmi tant d’autres. Chaque Âme a son bourreau, et celui-ci tient une place toute particulière dans la belle équation qu’est notre histoire. Le tout est de savoir comment vous souhaitez composer avec son existence. Certains choisissent la vengeance. Et qui pourrait sincèrement les blâmer ? Dans mon cas, la vengeance m’a été refusée par les affres du temps : mon bourreau ne m’a pas survécu. Je ne lui prendrais pas son dernier souffle, mais je choisis de le priver de la moindre éternité, en taisant son nom. Jusqu’à étouffer son souvenir—qu’il n’en reste plus que des cendres : un vestige, des poussières à piétiner chaque jour qu’il m’est donné de vivre sur cette Terre, à chaque pas qu’il m’est donné faire.

    Et ses talons résonnent sur les dalles de la bibliothèque, tandis qu’elle suit Meradev de quelques mètres, la laissant déambuler librement dans les allées.

    Vous me semblez pourtant disposer de toutes les clés… Ne croyez pas que le cadeau que vous a fait Agares est futile. Regardez-vous, Meradev. Vous êtes un joyau—pour la pure et simple raison, que vous restez malgré tout une vilaine épine dans le pied de ce démon. Et rien que ça, vous rend par défaut, tout à fait exquise. Et un sourire séditieux, communicatif, était venu trouver ses lèvres. Vous vouliez gagner en puissance ? Mais mon enfant, elle est tout à votre portée. Il ne vous reste plus qu’à la saisir par les couilles... C’est à vous de définir les règles. Donnez-lui suffisamment, juste assez pour le tenir en laisse, mais jamais pour le rassasier.

    Elle la dévisageait avec une attention renouvelée, comprenant peu à peu ce qu’il se trouvait véritablement devant elle. Une étincelle, jaillie d’un silex, avait brillé dans les prunelles de l’Ange.

    Il faut parfois savoir abandonner une part de soi pour devenir ce que l’on est amené à devenir. Ce n’est pas un hasard, que vous ayez invoqué Agarès. Ce n’est pas un hasard que lui se soit retrouvé enfermé dans votre esprit. Vous luttez contre quelque chose que vous savez pertinemment être à sa juste place. N’avez-vous pas désiré cette beauté ? N’avez-vous pas désiré ce pouvoir ? Pourquoi en avoir peur, désormais, alors qu’il est tout à vous, pour peu que vous acceptiez de tendre la main ? Ce n’est qu’une faiblesse, si vous choisissez d’en faire une faiblesse.

    Et c’est l’Ange, c’était une obsession. C’était bien plus que la simple envie, bien plus qu’un simple instinct. C’était sa façon de se venger. Un délicieux soulèvement de pure volonté dans ses veines. C’était une pensée assourdissante, un caprice déraisonnable, une soif inétanchable—un éclat affamé dans ses yeux. Peu importe la forme sous laquelle se présentait ce pouvoir : ce que soit un feu, un démon, qu’il taillade, consume, morde, griffe, déclenche des incendies et que ses flammes dansent joyeusement autour du brasier qu’était ce Monde.

    Vous n’êtes pas curieuse de savoir ce que vous seriez capable de faire ? Oubliez Agarès. Oubliez ses désirs de sang et d'horreur, oubliez l’empreinte de sa présence sur vous. Ce cadeau vous appartient. Vous l’avez mérité. Ne soyez pas si convaincue, pas si pleine de certitudes. Laissez le Monde vous surprendre. Vous ne perdez que si vous choisissez de perdre, Meradev.

    Et oui, c’était dangereux. Parfois, d’un tel pouvoir, on en mourrait. C’était la sanglante beauté du désir. Mais c’était ça, ou mourir domestiqué par la vie—sans jamais pouvoir prétendre n’avoir rien vécu. La stabilité était seulement contraignante, générait l’ennui : on s’éteignait par peur d’insécurités, on s’éteignait sans jamais s’être offert le luxe de se saisir de son propre potentiel, par peur d’être perverti. Bien sûr, que cela avait un prix… Il suffisait d'être prêt à le payer.


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  • Dim 2 Juin - 22:52
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    Silence | Meradev & Siame Separa11

    Dans un silence religieux, mais révulsé, Meradev écouta la réponse de son étrange interlocutrice. Être millénaire, maintenant qu'elle avait appris sa véritable nature, elle ne se doutait guère que Siame avait vu le Sekai changer et en temps qu'entité des titans, sa vie devait se découper en de nombreuses autres. Sous divers noms, divers rôles peut-être. Si elle ne dévoila point en détail ce qu'il lui était arrivé, nul doute que cela devait être effroyable. Mais l'élémentaire de foudre ne pouvait être d'accord avec le fait d'être chanceuse du pouvoir qu'elle possédait actuellement.

    "L'oubli est la meilleure des vengeances que vous avez pu obtenir, dans tous les cas. Vous vivrez, et vos bourreaux mourront, inlassablement."

    Au final, n'était-ce pas parfois une bénédiction que d'être un être éternel ? Meradev ne se le souhaiterait pas, en tout cas. Peut-être en d'autres circonstances... mais encore. Elle avait fait appel à Agarès pour obtenir ce qu'elle n'avait pas, mais c'est pour éviter qu'il ne répande son chaos qu'elle souhaitait la mort. Cependant, si elle était resté la Meradev qu'elle avait été, fade dans une fade vie, fades pouvoirs, fade magie, fade apparence... elle n'aurait pas apprécié l'éternité non plus.

    "Vous proférez de belles paroles, Siame, mais j'ai bien peur que les millénaires d'existence que vous avez déjà traversés ne peuvent se mesurer aux quelques siècles partagés avec une telle entité." Meradev refit surface d'entre les rayons, face à la nonne. "J'ai obtenu tout ce que j'ai désiré, mais je n'ai désiré que des choses dont j'aurais pu me passer et dont j'aurais pu obtenir ailleurs. J'ai été avide, et les Gardiens des Ombres m'ont punie en libérant Agarès de leurs griffes."

    Son visage se contracta. Une sombre magie l'envahissait. Mais elle l'ignora et se redressa de plus belle, avança avec prestance vers Siame.

    "Je ne fais que ça, le saisir par les couilles, mais il est tout le temps là. Partout. Pouvez-vous imaginer ce que c'est de ne plus posséder totalement son corps et son esprit ?" Sa voix se brisa presque, mais elle tint bon. "Siame... peut-être pourriez-vous m'aider. Le pouvoir que je porte me dépasse certainement, je n'ose l'avouer à personne, mais vous..."

    Enfin, ses pas s'arrêtèrent devant l'ange. Ses grands yeux de biche passèrent sur le tristement beau visage de la Mère, tandis qu'elle lui tendit la main pour saisir la sienne, à la recherche d'un réconfort, d'un espoir, d'une once, peut-être, d'amitié au fond de ces yeux grisâtres comme le temps...
    Silence | Meradev & Siame Rp210
    Silence | Meradev & Siame Rp110

    Une puissante main vint saisir Siame par la gorge. Les doigts s'allongèrent, les ongles devinrent griffes, les fibres organiques se reformaient sous la peau du bras qui n'avait plus rien de la délicatesse de celui de Meradev. Sous le regard horrifié de celle-ci, ses vêtements se déchirèrent pour laisser la place aux muscles saillants ; son épaule devint celle d'un homme et dans un craquement lugubre, les os de son crâne se brisèrent net, se déformèrent.

    Quelques secondes plus tard, remuant le cou pour remettre en place les os, ce fut un homme de plus d'un mètre quatre-vingt dix qui dominait l'ange et, dans un macabre sourire qui déforma anormalement le nouveau visage de l'entité, une puissante pulsion électrique parcourut le bras et vint électrocuter de plein fouet Siame, pauvre pantin dont l'air ne pénétrait plus dans l’œsophage comprimé. Son corps remua comme une poupée de chiffon sous la puissance électrique qu'il venait d'encaisser.

    "Ma chère Siame." Le ton était calme. Posé. Apaisé. Pourtant, la voix sonnait tonitruante et occupait tout l'espace de la sombre bibliothèque, tout l'espace spirituel également de l'élémentaire qui n'était plus qu'un vaisseau de l'entité. "L'âge t'a rendue bien sage. Tu prêches le choix de la pêcheuse, mais je ne peux qu'appuyer tes propos. Meradev est bien ingrate pour tout ce qu'il lui est offert."

    Il prit enfin le visage d'un homme. De Meradev, il ne restait que les cheveux rosés et un vague air dans les deux yeux, ici rougeoyants. Les glyphes sombres du corps brillaient ; on voyait en transparence les veines du corps humanoïde que l'entité empruntait.

    Il approcha l'ange de lui, tendit qu'il la fit ployer sous une impulsion mentale pour éviter qu'elle ne se débatte. Lorsque le doux visage souffreteux de l'ange fut près du sien, il reprit la parole, au creux de son oreille, le souffle chaud sur la peau absolument glaciale de l'être millénaire.

    "Tes conseils auraient été utiles quelques siècles auparavant peut-être. Mais mon retour sur le Sekai est proche, oublie donc cette pauvre âme errante qui cherche un peu de lumière auprès de celle qui déteste déjà tout de ce monde." Son autre main vint pousser le bout du menton de Siame pour qu'elle lui tende la joue. "C'est moi que tu vas aider, douce Siame."

    Il lécha tendrement cette joue dont la peau, encore parcourue de courants électriques, s'était échauffée sous la magie. Puis, lassé, Agarès lança le corps de Siame contre une des rangées de la bibliothèque. Les livres s'effondrèrent sur elle.

    "Mon âme a été scellée dans sept artefacts au sein de ce monde. Meradev, en tant que bonne servante, a accompli son travail, puisque j'en ai déjà cinq." Il s'approcha de la pile de livre, en dégagea quelques uns pour attraper la main de Siame. Il la serra si fort qu'il sentit le poignet craquer sous sa poigne. "Il m'en manque deux pour m'incarner pleinement et revenir dans ce monde."

    Il saisit le couteau caché le long de la cuisse de Meradev, le déplia et trancha la paume de l'ange pour y prélever du sang, qu'il se permit de goûter. Ses pupilles se dilatèrent tandis qu'un rire terrifiant s'échappa de lui, galvanisé.

    "Ce monde n'a plus rien à offrir, Siame ! Il est temps de le corrompre, de le détruire pour en façonner un autre."

    Il observa la femme qu'il venait d'assaillir à l'aide des différentes magies de son hôte. Qu'est-ce qu'elle était pratique, cette petite Meradev.

    "Tu vas m'aider à retrouver les derniers artefacts et je saurais t'aider en retour. Pauvre Ange égarée, où sont donc tes ailes ? Ton prestige d'antan ? Ta maîtresse ? Ce n'est pas déguisée en prêtresse que tu cesseras de mépriser ce monde et par l'indifférence que tu feras payer les innombrables êtres pitoyables qui continueront d'abuser de toi."

    De la lame du couteau s'écoulait le sang angélique. Agarès l'observait comme le plus beau des trésors.

    "Si tu ne m'aides pas, je t'asservirai et ne serait plus qu'un de tes nombreux abuseurs. Certainement le pire."

    Il sourit, contemplant le sang, quelques mèches de cheveux arrachés dans l'autre main.

    D'où elle était, Meradev hurlait, Meradev pleurait.

    Pouvoirs utilisés:




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  • Sam 22 Juin - 22:10
    "Siame... peut-être pourriez-vous m'aider.” Bien sûr, l’Ange s’était secrètement réjouie. Elle avait observé la mage venir à elle, avait été prête à lui tendre la main pour prendre celle – pouponne, délicate – de son invitée.

    Ce fut une tout autre main qui se referma sur Elle. Siame s’étrangla un instant, tandis que les doigts d’Agarès enserraient vigoureusement son joli cou. Évidemment, ce sale fils de chienne ne s'était pas contenté de retourner sagement dans sa tanière. Pas un seul mot ne s’était échappé des lèvres de l’Ange, pas la moindre malédiction, pas la moindre insulte (de toute manière, l’air lui manquait trop). Elle préférait encore fermer sa gueule plutôt que lui faire le plaisir de gémir la moindre douleur. À vrai dire, elle ne s’était pas non plus débattue—parce que toute volonté s’était échappée de son corps pour être remplacée par des courants de souffrance électrisante. Sa gorge s’était prise de spasmes, et ses lèvres s’étaient mises à chevroter. L’Ange avait toujours considéré que sa véritable force reposait dans sa superbe volonté, son arrogance notoire, et que tout ça la rendait intouchable. Mais l’adjectif prenait un tout autre sens quand on s’expliquait avec un démon qui faisait deux têtes de plus et le poids d’un sac de ciment. Ou d’un Mastiff bien nourrit, au choix. Bref, tout ça pour dire qu’elle avait fini – sous la douleur foudroyante – par juter de la bave en quantité industrielle comme la dernière des connes, sa suffisance tombée en lambeaux tout autour d’elle. Il avait fallu qu’en plus de ça, une langue chaude, cruellement tendre, ne vienne souiller sa peau, tandis qu’il léchait sa joue, comme une friandise. Tout s’expliquait, de fait ; c’était un maudit clébard. Malheureusement, Meradev n’avait pas eu la bonne idée de lui couper les couilles en l’invoquant—ce qui, au demeurant, lui aurait probablement permis d’éviter de nombreux problèmes. Sa conscience la regagna peu à peu, en pataugeant. Elle ne parvient qu’à se contenter de mesurer la profondeur de son regard, comme une braise soudainement ravivée, qui menaçait de tout enflammer. Oh bien évidemment, les susurrements dans le creux de son oreille lui avaient toujours plu, elle aussi avait ses petites faiblesses, et ils avaient habituellement pour effet de la mener vers des horizons tout aussi tumultueux, mais tout de même plus agréables. Un soufflement de nez mi-amusé, mi-répugné avait fait guise de réponse, tandis qu’il la forçait à accepter l’abominable intimité instaurée à ce moment. Son cœur se mit à cogner si fort dans sa poitrine qu’elle en eut la nausée. Si elle avait pu lui vomir à la gueule à cet instant…

    Malheureusement, il ne lui laissa pas l’opportunité de mettre à exécution sa volonté, l’envoyant valser contre l’une des bibliothèques. Son corps se fracassa sur le bois, et Siame se laissa rouler douloureusement contre le marbre.

    Va chier… grogna-t-elle en toussant ses glaires, tandis que ses bras s’enroulaient autour de son ventre et qu’elle se recroquevillait sur elle-même, sous les livres tombés, avec le sentiment manifeste d’être passé sous un rouleau compresseur. Chacun de ses os tremblait frénétiquement et ses poumons se gorgeaient compulsivement d’air.

    C’était le genre de souffrance inconnue, étonnante et inhabituelle, à laquelle les Hommes ne devaient normalement pas survivre. Mais ce Monde-là était fait de créatures exceptionnelles : on y croisait des vampires assoiffés de sang, des démons sous toutes les formes, et même des Hommes qui avaient muté, possédés par une magie sombre, occulte. Elle aurait probablement dû s’éteindre ici, si elle avait eu le malheur d’être plus ordinaire.

    T’as fini d’m’agiter comme une queue ? Fais comme tout le monde Agarès, va te poncer la bite au lieu de t’en prendre aux autres, ça ira mieux, je t’assure. Oui, c’était un peu petit, un peu facile, mais c’était de bonne guerre et Siame se laissait vite rattraper par ses propres démons.  

    La pauvre se tordit de douleur lorsqu’il subtilisa sans la moindre délicatesse son poignet, le faisant craquer sous sa poigne. On entendit un gémissement, pas mieux qu’un jappement, et elle n’eut pas d’autres choix que de lui abandonner sa paume dans une torpeur inexpressive. Par Aurya que ça se termine. Voilà pas que cette flaque de pisse démoniaque se mettait à rire à gorge déployée. C’était un peu l’apanage de tous les vrais méchants, après tout, de rire comme des baleines devant leur victoire. Finalement, ils avaient un peu ça en commun avec les pimbêches de bibliothèques. Siame, elle, agonisait contre le sol, parmi les livres. Sa main ensanglantée vint se loger dans le creux de sa poitrine, tandis qu’elle tentait d’apaiser les battements de son cœur. Elle ferma les paupières, souffla longuement, écoutant attentivement la proposition du démon. Curieusement, elle se trouve tout à fait encline à l’écouter à cet instant…

    Toutes mes félicitations pour ton avancée Agarès. Les Titans savent que le temps peut être long, quand on est enfermés… C’est vrai que le Sekaï avait bien besoin d’un trou du cul de plus.

    Elle ne pousse pas le bouchon jusqu’à se piffer, mais un sourire impudent (bien que douloureux) vient étirer ses lèvres.

    Je te remercie pour cette offre fabuleusement généreuse. Ta bonté d’âme est affolante, vraiment. Si seulement tu avais pu être un peu moins con, tu aurais compris que tout ça était parfaitement inutile : j’étais disposée à t’aider avant que tu ne me confondes avec une piñata, mon pauvre ami. Oh et pas la peine de monter sur tes grands chevaux, si tu crois qu’une claque de plus va me faire fermer ma gueule, laisse-moi te dire que tu te trompes. Chaque mot est un supplice. Elle serre la machoire.

    Il l’avait bien deviné, il n’avait pas été le premier à s’y essayer. Mais on pouvait tout de même admettre que l’Ange s’était assagie avec le temps : que son état de colère perpétuel s’était un peu étouffé à la perspective d’une diplomatie plus fructueuse.

    Je t’avoue que cette histoire d’artefacts a éveillé ma curiosité…

    Et étrangement, elle le disait sincèrement. Ses paupières s’ouvrirent à nouveau et elle l’observa lorgner sur son sang, le regard épuisé par les attaques encaissées.

    Cesse donc tes menaces. Si ça peut te rassurer, je te promets que je ne fais pas ça par bonté de cœur, moi aussi, j’ai à y gagner. Maudis-moi si ça te fait plaisir – je ne suis jamais contre un peu de tragique… elle le couve alors d’un regard vaguement consterné. Les hommes ne savaient décidément jamais maîtriser leurs propres émotions, à croire que leur genre était prompt à l’excessivité naturelle, et ce peu importe leur expérience, visiblement. Siame en était convaincue : la castration était le seul véritable remède aux maux du Monde – mais je t’assure, c’est inutile. Pas besoin d’aller jusque-là. Et je te remercie pour la proposition, mais pas la peine de m’abuser non plus. Connard.

    Siame connaissait malheureusement que trop bien les sévices que l’on réservait aux femmes, le poid abominable de la haine des hommes et de la brutalité de leurs mains—de toutes les ecchymoses noires qu’elles ont un jour laissées sur sa peau. Tout à coup, on se mit à frapper à la porte de la bibliothèque. Une voix masculine s’éleva de l’autre côté.

    — Tout va bien, ma Mère ? Nous avons entendu un…

    Tout va bien, le coupa Siame en se redressant péniblement sur ses coudes. Elle plissa les paupières en direction d’Agarès, l’air de dire “la preuve”, tandis qu’un nouvel aplomb naissait dans le fond de ses yeux, celui-ci, histoire de l’encourager à se tenir sage. Ne vous en faites pas, ce n’est rien. Un rayon de bibliothèque a basculé sur la porte, vous ne pourrez pas rentrer, ment-elle. Nous allons nous en occuper.

    — Entendu… Et les pas s’étaient éloignés.

    L’Ange se laisse choir à nouveau sur le sol, en poussant un long soupir de soulagement. La douleur s’estompe peu à peu, alors elle demande :

    Alors, parle-moi de ces foutus artefacts et je te dirais ce que je veux.

    Oh bien évidemment, inutile de s’affoler devant autant de tolérance, Siame n’avait aucun espoir pour qu’ils s’embrassent joyeusement les deux joues et qu’ils balayent sous le tapis des millénaires d’hostilités entre eux leurs deux races. Mais puisqu’ils avaient tout deux besoin de quelque chose et qu’elle ne pensait de toute manière qu’à son propre cul – son intégrité envolée en même temps que ses ailes –, il y avait peut-être moyen de trouver une entente temporaire. Tant que tout le monde y gagnait… Elle faisait confiance à Agarès pour vouloir la même chose qu’elle, c'est-à-dire : plus.

    Le démon ne lui apprenait rien lorsqu’il lui disait que ce Monde n’avait plus rien à offrir. Cela faisait bien longtemps qu’elle avait abandonné son optimisme pour un cynisme réconfortant.

    Désolée Meradev.
    Elle l’avait dit : c’était à la loi du plus fort.


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  • Lun 22 Juil - 21:30
    Silence
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    Silence | Meradev & Siame Separa11

    Qu'elle était faible ! Médiocre ! Pitoyable. Balbutiant dans sa bouche pleine de sang, se tenant le ventre ainsi, enclavée dans les ouvrages poussiéreux pas aussi vieux qu'elle, mais tout autant élimés sur leur reliure qu'elle ne l'était dans cette incarnation de chair.

    "La vulgarité ne rendra pas ton existence moins abjecte à mes yeux." Il leva les yeux au ciel. Pourquoi ne pas achever cette espèce de plumeau décharné maintenant ? "Bien sûr que tu acceptes de collaborer, tout comme j'accepte de ne pas t’occire maintenant malgré l'évidente cachexie que tu présentes. Je me rappelais de toi une créature plus noble."

    Ce n'était en fait que pur sadisme à ses yeux, de lui filer des coups et la voir croupir à ses pieds. La maudire, la voir se tordre de douleur, la...

    "Tu évoques ma virilité mais c'est un concept abstrait pour moi. Une simple source de plaisir mesuré. Je t'aurais violée pour te voir hurler si seulement tu étais plus attirante."

    Qu'on ne se mente à personne : l'acte sexuel apportait un plaisir charnel uniquement donné aux êtres en possession d'un corps, et pas tous les êtres. Ses multiples incarnations humanoïdes l'avaient bien prouvé à Agarès, pour qui c'était là surtout une source d'énergie ; tel une succube - un incube ? - chaque acte de ce genre volait un peu de l'autre et s'intégrait un peu plus en lui. Mais pas suffisamment, largement trop peu suffisant pour qu'il puisse retrouver sa souveraineté.

    Une lueur de folie traversa ses étranges yeux, plus au nombre de quatre que de deux quand une voix humaine se fit entendre en haut des escaliers. La pulsion primaire de violence battait dans chaque membre de ce corps électrique. Mais il fallait parler d'abord, déblatérer avec cette incommode émanation angélique qui n'était que l'ombre du potentiel qu'elle détenait. C'était un investissement incertain que le démon faisait là.

    Seul lui sait.

    "J'ai été scellé en sept artefacts afin de m'empêcher de pénétrer à nouveau le Sekai. Meradev, douceur obéissante et dévouée, en a retrouvé cinq. Il me manque mon cœur et mon crâne." Ses gestes suivirent ses mots tandis que ses mains aux ongles griffus se posèrent l'une sur sa poitrine dont le cœur ne battait pas pour lui, l'autre sur sa tempe où le cerveau devait se diviser la tâche en dualité éternelle. "Nous ne savons guère où ils sont. Mais je les sens..."

    Agarès marqua un silence.

    "L'un se trouve non loin d'ici. Shoumei. Benedictus peut-être, Célestia... il est enfermé, enfoui." L'on aurait l'impression qu'il visualisait quelque chose que l'on ne saurait voir. "Le cœur en revanche, est en possession de quelqu'un de puissant. Un être au Reike, ou un vagabond."

    Très vagues comme indices, on se l'accorde.

    "Je vais t'aider, Siame."

    Il fit quelques pas vers une des rangées de bibliothèques, le regard ailleurs.

    "Bientôt, une nouvelle ère se dessinera pour le Sekai. Je sens un flux de prépotence gagner ce monde en le parcourant. Une entité s'élève, doucement." L'homme laissa tomber sa tête sur le côté, lâchant couteau et mèche de cheveux albâtre. "L'Arbre-Monde se détériore et la haine collective s'amoncèle. Un Être arrive."

    Enfin, un sourire morbide déforma sa bouche, ses joues tandis que ses yeux rougeoyants se tournèrent à nouveau vers l'Ange. Il fit quelques pas vers elle puis la saisit par les cheveux pour qu'elle le regarde.

    "Je dois m'incarner avant que cela arrive. Tu feras partie de ceux qui détruiront ce monde, je le sais." Il approcha son visage du sien. "Fâcheusement, nous combattrons dans le même camp. Je dois me débarrasser de Meradev et m'emparer de son corps, dans lequel elle m'a piégé. Alors seulement, je te prêterai ma force retrouvée. Peut-être même pourras-tu à nouveau t'élever dans le ciel d'où tombera la destruction, par la profanation de ce putride monde qu'est le Sekai."

    Il la relâcha, s'écarta, rit en levant la tête.

    "Au fait, quelqu'un a tes ailes. Intactes et prêtes à l'emploi."




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  • Jeu 8 Aoû - 0:05
    Sept, souffle-t-elle, en guise de réponse, tandis qu’il lui parle de ces artefacts. Des souvenirs refluent et elle s’y réfugie. J’aime ce chiffre, murmure-t-elle, pour elle-même et pour tout ce que cela lui évoque.

    L’ombre d’un sourire se dessine sur le masque délicat de ses traits—et la courbure de ses lèvres trahit une lassitude profonde, une saturation qu’elle éprouve alors pour la vie elle-même, et surtout, pour tous ceux qui peuplent de Monde affreux. Tout ça, c’est à la fois un bouclier et une confession : de chacune des épreuves qu’on lui a fait traverser, une révélation de son Âme un jour usée. Un mélange de résignation et de détachement—le sourire de celui qui a fini par épuiser toutes ses illusions. Siame se laisse choir mollement contre la pierre froide de la bibliothèque du sous-sol. L’Ange connaît les limites de son corps—elle sait quand elle n'a plus rien à donner, tout comme quand c’est essentiel de se conserver. Ainsi, Agarès est incomplet. Et la chose lui apparaît alors comme une évidence. Non pas seulement car Meradev l’a empêché de retrouver chacun des artefacts destinés à lui rendre sa liberté—parce que même dans son sadisme et dans cruauté, il ne reste qu’un projet ébauché, imparfait. Indigne, aussi, des mots qu’il emploie, du sacré dont il les prive. Ces concepts ne sont pas uniquement abstraits, dans sa bouche, ils sont absurdes : parce qu’aussi vrai qu’Agarès est ancien, il devrait alors comprendre le délicieux paradoxe niché aux plus sombres recoins de l’Âme—l’infinie complexité que représente le plaisir de voir l’autre souffrir. Quelle merveilleuse plaisanterie que de voir ce sombre connard coqueriquer devant Elle et de constater le manque de discernement dont il fait preuve face à l’une des plus pures formes de délectation chez les affamés. Ces monstres dont l’esprit est cimenté de tous ces besoins infâmes et de l’abominable félicité que provoque chez eux chaque cri de souffrance, chaque étincelle de terreur qui s’éveille dans les yeux d’une victime—et surtout la tendresse affreuse, inhumaine, qui transcende la banalité des actes érigés en crime : de détruire une volonté, mutiler la chair, ou prendre un cul. Parce qu’il s’agissait, de la pire façon qu’il soit, d’aimer pour commencer : sa victime, ou le seul fait de la briser.

    Agarès, lui, démontre la cruauté perfide d’une pauvre putain, mais certainement pas celle du Roi qu’il pense être. Et face à lui, gisante dans son sang et sa bile, Siame se trouve infiniment noble.

    Il lui apprend alors qu’il lui manque son cœur et son crâne, et Siame y voit là toute l’ironie du sort. Ses lèvres se tordent à nouveau dans une expression ironique. Pour un temps, elle n’a pas d’autre choix que de rester là, par terre, les coins de la bouche encore humides de bave et griffer les barreaux de son corps pour chasser le courant frénétique qui vrombit encore dans ses os—qui s’estompe plus difficilement que jamais, tandis que son crâne la pèse toujours. Mais l’Ange finit malgré tout par se relever. Elle arque curieusement un sourcil, tandis qu’il lui propose (impose ?) prétentieusement son aide. Le démon parle comme s'il savait d’avance la fin de toutes les histoires, la sienne comme celle du Monde, et elle se découvre l’envie de le gifler pour l’insulte qu’il lui fait : à Elle, Prophétesse-née, créée dans le seul but de servir de réceptacle aux visions de ses Maîtres. Pour toutes les tempêtes de l’existence qu’elle a dû traverser sans espérer un seul instant en sortir indemne, avec la seule obligation d’accepter tout ce dont elle se vidait dans l’espoir de retrouver un jour ses Songes. Pour son cœur qu’elle a abandonné dans ce volcan, pour ses ailes qu’elle a consenti à oublier. Pour tout ce qu’elle a sacrifié.

    “Au fait, quelqu’un a tes ailes. Intactes et prêtes à l’emploi.” Une lueur folle s’allume dans le regard de l’Ange. Il avait fallu qu’il évoque ses ailes… Ses ailes… Siame perçoit quelque chose en elle se mettre à trembler furieusement. Ce pauvre idiot prétend savoir, quand elle a passé cinq mille misérables années à courir après ses fichues ailes. Il ignore la résignation abominable qu’elle a dû avaler pour en arriver là où elle en est : celle d’accepter que ses ailes, elle ne les retrouverait jamais. Celle d’accepter que sans elles, elle n’est pas moins. La chose papillonne dans son ventre, continue de grandir, comme une Sainte colère, comme l’annonce de la fin du Monde. Et soudain, tout se déchire et tout lui échappe. Le bois d’une bibliothèque se gondole, craque, et l’instant suivant, fauche le démon comme on fauche du blé : l’envoi valser contre le même sol sur lequel elle a gît.

    Siame se saisit d’un livre par terre, enjambe la bibliothèque renversée jusqu’à trouver le démon.

    À mon putain de tour, Agarès, qu’elle murmure, dans un souffle.

    Son talon s’écrase violemment sur son torse et l’Ange se penche pour lui éclater le bouquin, ouvert en deux, contre son joli cartilage. Elle sourit, quand elle croit entendre un craquement obscène—son nez, peut-être ? Ou est-ce seulement le bois sur lequel elle marche pour l’atteindre ?

    Tu devrais lire un bouquin, ça te rendrait moins con. Que tu donnes au moins le sentiment de savoir de quoi tu parles quand tu ouvres ta vieille gueule. D’un mouvement sec, dégueulant de haine, elle enfonce le livre un peu plus sur son nez. Allez lis… Elle marque une pause, comme pour lui laisser le temps. Prétentieux va. Ne crois pas que tu puisses me parler des desseins de mes propres Maîtres. Tu sais quoi ? Je regrette presque que tu n’aies pas essayé de me violer.

    Elle lève les yeux au ciel pour réfléchir à cette éventualité, comme si elle regrettait aussitôt ses paroles—parce que l’idée même de son foutre l’indigne profondément. Plus encore que celui des Hommes. Eux, au moins, ont l'intelligence d'admettre qu’ils ne savent pas tout.

    Mais non merci : je ne baise pas avec les grosses merdes. Par contre, je t’avoue que l’idée de te faire bouffer ta propre queue pour avoir tenté m’est affreusement réjouissante. L’Ange le dit dans un détachement profond, comme elle aurait pu dire “Je suis allergique aux têtes de con.” La chose est factuelle et il n’y a pas la moindre virulence, dans sa voix. Au moins, nous aurions été sûrs, tous les deux, de ne pas te voir recommencer. Elle retire le livre, le referme dans un claquement sec, et lui colle une petite gifle avec la quatrième de couverture—comme pour influer un peu de savoir dans le crâne qui lui manque. Meradev m’aurait certainement remerciée…

    Parce que ce misérable gland la violait à son bon vouloir, n’est-ce pas ? Et si l’Ange n’éprouve ni sympathie, ni empathie pour la jeune femme, elle ressent un profond mépris pour l’être infâme qui se trouve sous son pied—qui ne finit plus de s’enfoncer.

    Pour le reste, cesse de te comporter comme si je devais trouver une raison de te remercier. Tu arrives trop tard, Agarès. Je ne veux plus de mes ailes – bon, d’accord, elle ment un peu, la vilaine et ça se voit à ses yeux, rendus sauvages par le venin qui se répand dans son Âme – mais par contre, qu’est ce que j’ai envie de te voir me supplier…

    En couinant. Comme le bon chien qu’il était. La simple perspective de le voir ramper à elle la faisait assurément jubiler. Ça lui apprendrait à rester à sa place.

    Je vais le trouver, ton artefact. Après tout, la suite de son histoire la mènerait directement à Bénédictus. Oh oui, je vais le trouver… Elle s’était penchée davantage, jusqu’à coller son beau visage contre le sien. Et ce que j’en ferai après ne dépendra que de toi.

    Il y a dans sa voix une espèce de désinvolture, de suffisance qui ne peut appartenir qu’à une créature divine. Siame n’a pas besoin de se proclamer : ni reine, ni maîtresse. Son indécrottable morgue suffit à le dire : elle descend bien des Cieux. Et puisqu’elle était Ange, puisqu’elle était divine, elle ne pouvait – par définition – commettre aucun mal, ni aucun crime. Ce qui arrivait au Monde ? Toutes les vies qu’elle avait un jour volées ? Tout ça n’était rien de plus, rien de moins qu’un jugement divin. Et aussi ancien qu’Agarès pouvait l’être, aussi démoniaque se croyait-il, il n’en restait pas moins une créature née dans la boue et la merde.

    Toi et moi, nous ne serons jamais dans le même camp, désormais. Tout ça parce que t’as décidé de jouer au plus con… Voilà qu’elle lui crache son sang – le sang qu’il avait fait lui-même couler – à la gueule et qu’une main vient l’étaler généreusement sur joli visage. Maudis-moi si ça te chante, mon cœur…

    Sous la tête du démon, le sol se fissure et se déchire, tandis que l’Ange se redresse, le talon toujours collé à sa poitrine. Il lui suffisait d’appuyer, encore, juste un peu, pour le faire basculer dans l’oubli. Et le Monde se refermerait sur lui—et comme ça, aussi simplement, tout le travail qu’il avait accompli avec Meradev, soudainement évaporé. La pauvre y passerait aussi, mais c’était ainsi. Elle a le sentiment de l’entendre grogner, peut-être tente-t-il de marmonner quelque chose. Que sa main cherche peut-être à s’emparer de sa jambe pour la faire basculer avec lui.

    Inutile de me palper la cheville, Agarès. Ça ne me fera pas changer d’avis. Je suis prête à faire effondrer cette putain d’église, tant que je t’emporte avec moi. En général, je n’aime pas les hommes qui geignent. Mais toi… Toi, je t’adore comme ça... Elle se met à sourire, comme une belle connasse, l'estomac noué d'une réjouissance venimeuse. Alors, qu'est-ce qu'on fait maintenant ? On se serre la pince et on se fait confiance pour être deux belles crevures, ou bien, on lit nos Âmes ? Je te préviens, si les clauses du contrat ne me conviennent pas... Et son talon s'enfonce très légèrement dans sa chair pour lui faire comprendre. N'essaie pas de me la mettre à l'envers, d'accord ?

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  • Mar 27 Aoû - 22:31
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    Silence | Meradev & Siame Separa11

    Elle parlait. Trop. Siame était insupportable. Profane. Vulgaire. Misérable. Invalide. Crasseuse.

    Elle méritait d'être réduite au silence.

    Il sembla que la mention d'ailes était son salon d'Achille. Terrible honte pour un être qui jure sa grâce, sa dignité et sa force par la maîtrise seule et entière des cieux. Réduite à marcher parmi les mortels dans l'indifférence générale. Cependant, le démon fut surpris par l'élan de bravoure, de folie, de l'esprit égaré qui lui faisait face.

    Il reconnut une magie télékinétique qui fit s'abattre sur lui l'environnement. Puis un talon d'une étonnante force frappa son torse pour le poster en position de soumission, fendant le sol derrière, brisant certainement quelques côtes. Ça l'exciterait presque. Un livre s'abattit sur son nez qui craqua et fit s'étaler du sang tout le long de son faciès. Au fond de lui, Meradev hurlait : l'enchaînement d'actions, la douleur... tout ceci était intolérable.

    Pourtant, le vaisseau que partageaient les deux âmes fut maltraité encore et encore, tandis que Siame semblait complètement s'égarer dans des siècles de colère et de frustration cumulées. C'était comme si elle avait attendu un ultime acte de condescendance, une ultime injure à sa nature pour déverser toute sa haine et sa puissance en quelques instants suspendus dans le temps. Elle n'avait pas peur d'Agarès, démon de l'Effroi, tout simplement parce qu'il n'était pas assez puissant pour l'annihiler et qu'elle avait déjà subi toutes l'ire de ce monde. Il était pris d'une terrible colère, tous les muscles du corps partagés étaient contractés. Mais Meradev le retenait. Pas encore, pas tout de suite... Ils ne feraient que mourir tous les deux. Pas maintenant qu'elle s'était décidée à s'accrocher à sa vie, à lui donner un sens...

    Mais Siasme, dans son diabolisme, pactisait avec lui à sa manière. L'espoir s'évanouissait de l'esprit de l'enseignante, dont la conscience disparut totalement.

    Le silence.

    Après tous les craquements, tous les grognements de douleur, toutes les paroles venimeuses... il n'y avait plus rien. Un nuage de poussière volait au-dessus des deux êtres qui ne devraient pas appartenir à ce pan d'existence.

    "Tu es idiote, imbue de toi-même et esclave d'entités qui ne veulent plus de toi. Tu peux m'insulter, mais je ne serai jamais réduit à ton état. Un sourire défigura son visage peint de sang. Allons, je t'en prie, Siame, fais donc effondrer ton église sur nous. Moi, je me réincarnerai. Et toi, on t'oubliera, comme Aurya t'a oubliée."

    Pour se défaire de son emprise et tandis qu'il parlait, Agarès avait chargé d'électricité son corps, au creux de ses reins. Il délesta la puissance qui remontait à une vitesse fulgurante dans ses mains dans le corps de l'ange qu'il vit tressaillir et l'envoya valser sur le monticule de bouquin et bibliothèque qu'elle avait elle-même amoncelés. Puis il soupira. Et rit.

    "Des ailes contre mon artefact. Le gracieux cadeau de tes maîtres contre une partie de mon âme." Il se releva, étourdit. Il ne craignait pas la douleur physique ni la violence faite au corps qu'il occupait. L'atteinte à son ego était pire, mais venant d'un être comme Siame qui elle-même n'était pas au summum de sa puissance, cela ne faisait que l'irriter. "Tue-moi si évoquer les Titans te révolte tant, mais contemple ce qu'ils sont maintenant. Proscrits de ce monde et vaincus par des mortels - comme je l'ai été. Mais je suis démon. Je sais ressentir quand une concentration démoniaque, infâme arrive dans le Sekai. Continue de jurer comme une humaine des bas-fonds, tu te souviendras de ce que je viens de dire dans quelques mois."

    Mais elle s'en foutait. Ou peut-être qu'elle ne comprenait pas de quoi il parlait. Comment pouvait-elle ? Elle ressemblait à une gamine des rues folle tandis qu'il était connecté à la malfaisance-même du Sekai.

    "Cessons les hostilités, prêtresse pêcheuse. Je t'ai fait ma proposition, fais-en moi une."

    Il s'assied sur un des gravas, plaça un coude sur un genou, la paume sous le menton pour maintenir sa tête et la contempla.

    "Négocions. Que désires-tu d'autres ? Je répondrai à tout, sauf en ce qui concerne ma personne."

    Silence | Meradev & Siame Suk-si10

    Ses millénaires d'existences devaient faire savoir à l'Ange qu'il se jouait ici une magie sombre, d'outre-monde, qui n'avait rien à voir avec les pouvoirs magiques que le Sekai offrait. Non, il s'agissait ici d'un pacte d'Âme qui allait les lier pour une cause et qui entremêleront leur destin comme les deux têtes d'un Cerbère, jusqu'à ce que le contrat soit réussi. Un Ange et un Démon, deux races qui n'appartiennent pas à ce monde originel.

    En cas d'échec ou de non complétion du pacte...

    Qui saurait dire ce qu'il adviendrait ? Cela sera bien égal à l'Âme brisée de Siame, à l'Âme pervertie d'Agarès. Seul le profit mutuel comptait.




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  • Mer 2 Oct - 17:58
    Peut-être que je le suis. Et peut-être bien que ça me conduira à ma perte. Mais elle refusait de laisser quiconque – Homme, Démons, ou la peur en personne – la consumer.

    Qu’il pense qu’elle était dans le déni, insolente et présomptueuse, ça ne changerait rien. Elle cracha une gerbe de sang sur la pierre froide et tenta de se relever à nouveau—maintenant, qu’ils allaient enfin pouvoir parler. L’Ange s’était avancé vers lui d’un pas chaloupé, la douleur encore bien présente, partout dans son corps. En vérité, Siame aurait préféré l’envoyer chier. Il n’y avait pas un monde où Agarès et elle pouvait s’entendre—la matrice même du démon étant tout ce qu’elle avait été créé pour répugner. Pactiser avec l’un d’eux relevait de la folie. Mais quel choix avait-elle quand ils étaient tous les deux prêts à s’arracher la carotide mutuellement à coups de dents ? Qu’il la maudisse. Elle l’était déjà : par tous les Saints. Elle s’approcha de lui.

    Si tu le dis.

    En vérité, Siame n’avait pas la moindre envie de discuter des desseins de ses maîtres avec Agarès—de ce qu’il sentait, ou de ce qu’il pensait savoir. Si ce n’est que cette corruption, cette entité à laquelle il faisait référence, celle qui pensait sentir approcher, n’avait rien de démoniaque. La source de ce pouvoir n’était en rien similaire avec ce qui l’avait un jour créé lui. Ce blasphème vivant, dont les réincarnations n’étaient qu’une erreur abominable. Elle l’aurait crevé elle-même, si elle l’avait pu. Sa main s’était saisie du couteau sacrificiel qui tenait. Il était hors de question qu’elle le laisse recueillir lui-même son sang.

    Ça m'est égal Agarès. Leurs yeux se croisent et Siame chasse au plus profond d’elle l’envie de s’élancer vers des sphères plus infernales et de le planter ; qu’importe s’il se réincarnait, elle y trouverait une satisfaction bien sincère de sentir son pouls s’évaporer de son corps. Ce que tu peines à comprendre, c’est que ma foi n’a jamais reposé sur les Titans. Ils sont mes Créateurs… Mais ses Maîtres ? L'étaient-ils encore ? Qu'avec ou sans eux, je continuerais à vivre sur cette Terre. Mon destin est mien, pas le leur, et si je dois traverser les abysses de ce foutu Monde, je le ferai. Et elle l’avait fait. Je n’attends rien d’eux, et je ne réclame rien de leur part. Mais je ne m’arrêterai pas tant que je n’aurai pas retrouvé ce qui m’a été pris. Et plus encore. Oh je veux bien écouter – par principe ou par amusement, vraiment – ce que tu as à dire sur cette entité, si ça te plaît de croire que tu sais mieux, ou plus. Allez, je veux bien te faire le plaisir de te dire que cela me terrifie même. Que l’absence de ma Mère me paralyse. Que sans mes ailes, je ne suis rien : si ça peut t’aider à croire à un semblant de lucidité et de clairvoyance de ma part – comme si ça pouvait l’aider à se réconcilier avec elle-même. Quoi qu’à vrai dire… Elle avait porté une main à son cœur, solennellement, dans une inspiration profonde : J’en ai rien à foutre et je t’emmerde.

    En vérité tout ça – Lui, sa Malfaisance – ne l’inquiétait pas plus que ce qu’elle avait vu et vécu : la cruauté des Hommes, le poids des mains sur son corps, l’absence de ses ailes dans son dos, celle de sa sœur, ou l’enfant qu’elle n’avait jamais pu aimer… Aujourd’hui, que craindre de plus ? Vieillir ? Elle en était incapable. Mourir ? Par tous les Saints, quelle délivrance !—bien que sa psyché indocile la rendait inepte à s’abandonner. Sa peau entière était marquée des épreuves de cette vie sans fin, et Siame ne s’en était jamais plaint. Elle n’avait certainement pas l’intention de commencer à le faire devant lui. Elle poussa un long soupir, comme pour dire qu’elle avait trop parlé. Si elle perdait aujourd’hui, il lui suffisait d’attendre demain pour accomplir sa vengeance. Ce n’est pas un drame de plus qu’il la condamnerait, aussi diabolique ce Démon soit-il.

    Au fond, Agarès avait raison – bien que la certitude et la condescendance avec laquelle il pensait pouvoir s’exprimer l’agaçaient profondément – elle n’était plus grand chose, voire trois fois rien. Oui, il était difficile de lui donner tort : Aurya l’avait bel et bien abandonnée. Pourtant, elle refusait de lui rendre la chose si facile. Elle avait enfoncé la lame du couteau dans la chair délavée de son avant-bras. Le fil n’avait pas eu besoin de s’enfoncer bien loin – on distinguait la noirceur de ses veines à travers sa peau – pour faire couler le sang noir – divin, affreusement riche – qu’était le sien.

    La certitude est l'apanage des imbéciles, Agarès. La réalité est bien plus complexe que tu ne l’imagines. Un sang chaud lui coule sur le bras. J’ai hâte de te voir trébucher à ton tour. Et qu’il en soit certain, elle serait là pour lui enfoncer la gueule dans la boue, quand ce serait le cas.

    Mes ailes contre ton artefact. Ça me semble être honnête. Un beau sourire de connasse avait fleuri sur ses lèvres ; puisque ni lui, ni elle, n’avait jamais été honnête. Elle avait tendu son bras devant elle, pour lui offrir, avant d'agripper son regard du sien. Mais je veux plus. Elle avait besoin de plus. De protection. D’alliés. De n’importe quoi pour la protéger contre Eux. Contre lui. Contre tous ceux qui en faisaient partie : de ce putain de Monde. De tous ceux qui voulaient sa peau, puisque ses ailes n’avaient pas suffi. De n'importe quoi, qui lui permettrait de tenir un peu plus longtemps. Ta vigilance. Pour éloigner les dangers que je n'aurai pas le temps de mépriser.

    Il s’était saisi de son bras, et les ongles du démon s'étaient enfoncés dans sa chair. En périphérie de sa conscience, Siame perçoit une autre sensation. Comme un courant d’air froid sous son crâne, un choc venu la réveiller d’un sommeil dont elle n’avait pas même conscience. Une brume écarlate, invisible, venue laper chacune de ses cellules. Dans un mouvement instinctif, elle referma les doigts. Elle sent quelque chose claquer dans sa poitrine, impatient.

    Dépêche-toi, veux-tu.

    Oh espèce de folle. À te lier avec un démon… Un gros con, qui plus est.


    CENDRES


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