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  • Sam 11 Mai - 5:44
     
    La descente aux enfers

    Un nouvel affront contre des entités cauchemardesques marquait une énième lutte pour la survie du groupe. Les gueules distordues des silhouettes fantomatiques se désarticulaient dans des claquements sourds avant de ne laisser échapper le son de leur grincement strident, parcourant l'échine des survivants, cette promesse de mort ébranlait leur détermination désespérée à prendre les armes. Les sorts fusaient et les lames perforaient les voiles des spectres, les annihilant dans un nuage de fumée sombre. Les cris de rages se mêlaient aux échos des âmes déchues qui s'éteignaient au fur et à mesure que leur nombre s'amoindrissait. Les lames, à défaut de chanter sur du fer ou de transpercer la matière, ne faisaient que se balancer dans un silence lourd, laissant les combattants dans l'incapacité de déterminer si les cibles étaient atteintes. Les muscles, raidis par la terreur et par l'épuisement des combats qui perduraient depuis déjà quelques heures, commençaient à faiblir, à trembler, imperceptiblement mais sûrement, menaçant de céder sous le poids des efforts, sous le poids des armes. La moindre faiblesse se résulterait par une mort certaine.

    Hors, aucun ne tomba pour l'instant. Que ce soit la Fae aux allures de fillettes, le magicien aux traits tirés par la fatigue, la magicienne borgne de Boktor, les courageuses et téméraires sœurs sauvages, la guerrière déchaînée ou les hybrides oniriques. Aucuns d'eux n'avaient encore cédés à l'épuisement ou à la folie, et pourtant cette fatalité menaçait de s'abattre à tout instant.

    La Serre Pourpre, dévorée par la hargne ou par son éternelle colère, demeurait debout, se battant pour sa survie alors que l'idée de l'abandon planait au dessus d'elle, tel un oiseau de mauvaise augure, obscurcissant ses pensées, ses valeurs, ses espoirs. Son âme se consumait, absorbée par une entité inconnue, menaçante, prête à l'engloutir entièrement au moindre faux pas. Chaque erreur se gravait sur son corps, transformant chaque partie de son corps abîmé, démembré, déchiré en un plumage de jais. Impitoyable. En ces instants de lutte, que ce soit sur le champ de bataille ou son combat interne -entre la fuite et la détermination-, et de cauchemar interminable, Ellana ignorait encore que, si elle venait à survivre de cet enfer, elle ne serait plus jamais vraiment la même.

    De par les épreuves que lui avait fait subir la forêt des Ronces, les affronts et les révélations, quelque chose en elle s'était brisé. Sa détermination aveugle et bornée avait été ébranlée et voilà que fuir lui paraissait être une option. Elle qui avait survécu à la guerre contre les Titans, qui avait foncé tête baissée pour la mission de la Peste obscure, pensant constamment à la survie des autres, ayant une confiance naïve et aveugle en ses capacités, les Ronces l'avaient broyé au point de lui rappeler que, dans ce monde cruel, seule sa survie comptait. Qu'importait la vie des autres finalement, seule la sienne importait et ce, même en dépit de sa vertu.

    Déchirée entre fuir pour sauver sa peau ou périr pour sauver son honneur, le hasard ou bien la chance prit une décision pour la guerrière. Une lumière aveuglante déchira l'espace et le temps et en quelques fractions de secondes, Ellana n'était plus dans la précipitation de la mort. Les hurlements terribles avaient laissés place au bruit des vagues, du vent, des oiseaux, de la vie. Le paysage sombre et inquiétant des bois morts et des ronces n'était plus, seule la mer paisible s'étendait à perte de vue, rencontrant l'horizon et ne faisant qu'un avec le ciel nocturne. L'odeur de la mer apaisait ses narines de la pestilence cadavérique qui lui restait encore sur le cœur.

    Clignant des yeux à multiples reprises, bloquée en posture offensive, Ellana peinait à saisir ce qu'il venait de se passer alors que sa mémoire s'effritait. Persuadée d'être enfin dans le monde réel, l'enfer dont elle venait de s'échapper ne semblait avoir été qu'un cauchemar et pourtant... Les marques sur son corps, la présence oppressante de l'entité, le poids de la mission... Tout portait à croire que ce qu'elle venait de vivre avait bien eut lieu. Alors qu'elle était dans une confusion totale, c'est le regard dans le vide qu'elle restait là, en plein milieu des quais, au beau milieu de la nuit. Peut être aurait-elle put rester figée tel un mannequin si des patrouilleurs, tout aussi troublés qu'elle, ne l'avait pas interpellé. S'en vint rapidement une tentative d'explication de la situation, maladroite, empressée mais surtout incomplète ce qui ne fit qu'amplifier l'incompréhension. Affolée par la situation urgente dont les informations lui échappaient désormais et une frayeur qu'elle ne pouvait même plus expliquer, l'on ne pouvait traduire de ses explications que de la folie pure.

    La communication échouant, les soldats ne pouvaient rien faire pour elle, la panique ne résolvait rien. Ils venaient de perdre Vaesidia dans un éclair de lumière et voilà qu'il se retrouvait avec une Serre Pourpre aux abords de la crise d'angoisse. Des rapports allaient devoir être rédigés et, si l'administration ne les aurait pas trop tapés sur le système, une recherche de leur pair aller devoir se rédiger. Incapable d'obtenir des informations efficaces, la disparition de la janissaire restait un mystère et une nouvelle mission leur serait attribués, même si cette elfe là était des plus pénibles, il fallait retrouver leur collègue. Le seul problème qui persistait en cet instant -si ce n'était leur soucis personnels- était cette soldate égarée qui, au vu de son état, devait être amenée à Cœur-Ébène ou au moins auprès d'un supérieur. Certains, désintéressés, tentèrent vainement de corrompre les autres pour se délester cette tache mais la menace de mort que représentait l'abandon de camarades de l'armée, était apparemment un motif bien plus convainquant.
    Ils accompagneraient donc la jeune elfe en direction de la forteresse.

    Pour Ellana, la terreur perdura jusqu'à ce que le dernier souvenir du Chant des Ronces ne lui soit arraché de sa mémoire. Cette cicatrice qui avait gravé son âme n'était maintenant plus qu'une ombre lointaine.

    CENDRES


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  • Lun 5 Aoû - 1:07
     
    La descente aux enfers

    "Est-ce que ça va mieux ?"

    Cela faisait quelques heures déjà qu'ils avaient pris la route. L'arrivée soudaine de l'elfe dans leur troupe avait précipité leur départ et c'est dans un silence partiellement interrompu par des remarques ou des formalités échangés entre les soldats qu'ils voyageaient. Le regard noisette de la blondinette se perdait dans le lointain, perdue dans sa tête, en constante réflexion, elle ne parlait pas vraiment à ses accompagnants et l'on ne lui avait pas vraiment adressé un mot. Comme si l'on ne voulait pas perturber une potentielle folie endormie. Les trois janissaires plaisantaient entre eux et les deux soldats se contentaient d'être plus réservés, ne faisant qu'accomplir une énième mission.

    Pourtant, Gilbert, un des deux soldats, peut être empli d'une compassion pour cette âme perdue ou alors charmé par son petit minois, vint s'enquérir de son état avec plus d'intérêt que ce qui n'aurait été une simple formalité.

    "Hmm... Oui. Je ne sais plus vraiment pourquoi j'ai été aussi chamboulée." La voix quelque peu éteinte, Ellana se racla la gorge pour se faire plus claire avant de rencontrer les yeux bleus du soldat en reprenant. "Je me souviens avoir fait un cauchemar où je courrais dans ma chambre pour fuir quelque chose et... Soudainement je me retrouvais à Ikusa. Je ne sais même pas combien de temps a passé. J'ai dû être victime d'une attaque ou d'illusions ou..." La mémoire lui faisait toujours défaut, pas un seul fragment de ses dernières nuits ne lui revinrent, seulement le poids d'un doute pesait sur sa poitrine. Ses yeux abandonnèrent le jeune homme pour de nouveau se perdreau lointain, à la recherche de souvenirs avant de finalement se reprendre. "Il faudra que je fasse un rapport une fois rentrée"

    Perplexe, Gilbert se caressa la moustache en voyant que la situation était toujours la même et qu'il ne pouvait rien y faire. Mais il vint bien vite chasser son inquiétude, après tout, à leur arrivée cela ne serait plus leur problème. Il n'insista pas plus et reprit ses distances en silence. Un silence qui s'écourta sous les rires des janissaires.

    "HAHAHAHA Et là ! Et là il rentre dans la taverne et puis, saoul comme un goret, devant l'entrée de la salle, il hurle : EEEH, C'EST QUI MACHIN ! un gars que, j'sais plus qui c'est mais qu'était recherché tu vois. Et là, il se prends une table en plein dans sa gueule," avant même de finir sa phrase il éclata d'un rire qui s'éteignait dans sa gorge avant de reprendre dans une inspiration sifflante et hilare. "Mais genre un buffet entier qu'un orc lui avait balancé dessus, il est resté inconscient jusqu'à l'aube !"

    Leurs rires gutturaux se mélangèrent comme deux éclats similaires, gras, de mauvais goût et pourtant de bon cœur. Ce fut pourtant la plaisanterie de trop. Atteignant la patience des soldats et surtout mettant en péril la discrétion de la troupe, l'ordre fut donné.

    "Fermez vos gueules, on est pas près d'arriver en sécurité ! On est en zone sauvage, alors baissez d'un ton."

    Les janissaires ne s'empêchèrent pas pour autant de pouffer, se faisant plus discret en peinant à retenir leur souffle qui ne voulait qu'exploser leur joie. Ils n'eurent à peine le temps de se calmer que dans un gloussement relativement aiguë, l'un d'eux ressorti une nouvelle moquerie. D'un ton condescendant, se redressant sur son cheval, il s'exprima avec une fausse fierté.

    "Ca va, on est avec une Serre Pourpre, soldate de la grande élite de la griffe ! On craint rien."

    Avant d'être suivi par son duo.

    "Survivante de la Peste Obscure et de l'attentat de Drakstrang, si y'a quoique ce soit, elle les mange comme ça !"

    Il mima un coup de mâchoire avant de donner un coup de coude à son compère, riant comme des morveux.

    "J'vous jure que si vous fermez pas vos clapets, j'vous jette les prem... Eh, ça va ?"

    En se tournant vers ceux qui jouaient aux abrutis, le moustachu remarqua que la monture de l'elfe s'était arrêtée et que sa cavalière était devenue blême. Elle ne bougeait plus, ne répondait plus, l'on aurait pu croire que la vie la quittait. L'écho d'un hurlement monstrueux avait raisonné, affreusement assourdissant et pourtant inaudible de tous, sauf d'elle.

    Un chant de murmures, de paroles incompréhensibles et pourtant maudites. Un grognement lourd marqué d'un bruit salivaire qui passent sur des canines telle une gueule de loup mais plus immonde encore. De terribles voix déformées, beuglant des insultes, mais qui sont-elles ?

    Tu me hais car tu n'auras jamais ma force.
    J'en suis à me demander si c'est de la pisse ou du sang, qui coule dans tes veines.
    Laisse-moi t'engloutir, petit oiseau.
    Tu ne sers à rien, inutile.
    Je sens ta peur.
    Juste bonne à mourir.

    Paillasse à soldats.

    La confusion ne dure pas longtemps, Ellana reconnaît les voix des Dévoreurs. Le Chant des Ronces les accompagnent et cette révélation se joint à tous les souvenirs qui refont surface. Déchirant sa conscience, elle revit la douleur de se faire transpercer la nuque par une multitude de lames acérées, elle sent son bras se faire arracher tel une poupée de chiffon que l'on aurait donné à un chien enragé. Cette douleur fantôme tendit tous ses muscles dans une crispation telle, qu'elle en devenait d'insupportable fourmillements de douleur.

    Plus les souvenirs lui revenaient, plus la respiration se faisait difficile, irrégulière presque étouffée. Son cœur battait la chamade dans sa cage thoracique qui semblait soudainement trop petite pour supporter ce tambour aux promesses funèbres, telles les percussions de guerre. Sa tête ne supportait plus tout ce bruit, ces hurlements, ces cris. Elle fut prise de vertiges, les arbres semblaient s'affaissaient, se plier comme pour l'encercler, l'attraper, l'emporter.

    Une énième âme en ma Possession. Possession PossessionPossessionPossession

    Les images défilaient, les monstruosités qu'étaient les Serres Pourpres lui faisaient face. La fusion immonde de cet être abject la hantait en cet instant précis. La paralysant comme il l'avait fait la première fois de ces petites lueurs aveuglantes. Elle aurait voulut hurler et pourtant, pas même un balbutiement ne s'échappa entre ses lèvres. Et son impuissance face à son cauchemar éveillé lui fit perdre le contrôle.


    Incapable de respirer correctement, l'esprit embrumé et victime de vertiges, la soldate en pleine crise finit par perdre l'équilibre et glissa lourdement de son cheval, s'échappant d'une selle dont elle ne se maintenait plus et dont les étriers manquèrent de lui tordre la cheville à défaut de lui libérer son pied. Gilbert tenta en vain de rattraper la jeune elfe pour la maintenir sur sa monture mais, au risque de tomber de la sienne également, il ne put se pencher d'avantage et manqua sa chance. A plat ventre, face contre terre, l'on entendait le sifflement aiguë de la respiration pénible de la souffrante. La troupe fut donc forcée de faire halte mais avant que le premier des soldats ne puisse mettre un pied à terre, un hennissement de panique résonna avant d'être interrompu par le son visqueux d'une lame qui pénétrait la chair. Très vite, des cris de guerres vinrent rejoindre des cris de douleurs, le premier étalon venait de tomber, égorgé grossièrement, et son cavalier était en train de se faire exploser le crâne à coup de masse à piques. Celui-ci n'avait pas vu, parmi les arbres et les ombres, que trois immenses silhouettes attendaient de l'embusquer, lui et son groupe. Son sang gicla de partout, son crâne, mit à jour, permit à la bouilli que devenait son cerveau de s'accrocher sur la masse d'arme que l'orc ne cessait de lui abattre dessus. S'agitant à multiples reprises avec une hargne inhumaine, la vieille masse rouillée éparpilla ces petits bouts roses, visqueux et ensanglantés jusqu'à atteindre les armures immaculés des soldats alentours.

    Des orcs non-civilisés étaient leurs assaillants. Immenses, des peintures de guerre sur leurs visages et pourtant en armures, si l'on croyait à un groupe de sauvageons, ils étaient trop bien armés pour ne défendre qu'un territoire reculé et sauvage, et trop violents pour n'être de simples bandits avides de richesses. Non, c'était autre chose. Dans leurs yeux, l'on ne voyait que le reflet de la faim.

    Suite à ce premier assaut, les chevaux s'agitèrent dans la panique, hénissant, se cabrant, les deux soldats à l'avant perdirent le contrôle de leur monture, incapable de dégainer ou de se battre, l'un d'eux avait même été déstabilisé par un morceau de cerveau qui lui était arrivé dans l’œil, les peaux vertes étaient prêtes les cueillir volontiers et sans pitié à en juger par leur halètement lourd et par la bave s'échappant de leur gueule dont les canines abîmées se révélaient à la moindre grimace. Alors qu'Ellana peinait à se remettre d'une crise qui avait de la difficulté à s'arrêter, entendant continuellement des menaces de Dévoreurs pourtant absents, témoin de massacres qui se répétaient tel un manège dont elle se faisait volontiers violence pour tenter de les oublier. Elle demeurait immobile, victime de ses tourments mais également de son impuissance en entendant ses semblables crier leur mort au lointain.

    Gilbert et les janissaires s'engagèrent dans ce combat désespéré. Laissant l'elfe au sol qui, incapable de réagir, se fit écraser le bras par l'un des chevaux affolés. Dans une marche arrière précipitée, celui-ci mit tout son poids sur son épaule droite, et l'armure, bien que résistante, céda sous la charge du canasson en se déformant et brisa au passage la clavicule de la soldate dont l'os se disloqua avant de se fracturer dans un claquement sordide. Le canasson manqua également de lui écraser le visage à quelques centimètres près avant de fuir, délaissant sa maîtresse en train de hurler de douleur. Si la raison ne lui revenait pas suite à cet incident, son cri avait au moins eut l'avantage -ou plutôt le désavantage- d'attirer l'attention des combattants, déstabilisant ses alliés et provoquant la mort des deux soldats à cheval. S'ils avaient au moins réussit à lutter pour leur survie précaire ne serait-ce l'espace d'un instant, il eut suffit d'un seul cri strident pour que les deux âmes ne sombrent. L'un venait de se faire tirer la jambe par l'orc aux peintures rouges,  dont le plaisir s'y affichait par une grimace immonde qui déformait son visage, trahissant un semblant de rictus, se délectait de sa prise qui essayait de se débattre comme un poisson hors de l'eau, dans un cri des moins virils, d'une voix cassée et irritante. Puis il fut achevé sans aucunes autres formes de négociations, un grand coup de mâchoire dans la jugulaire et son gémissement prit fin en même temps que sa vie. La monstruosité lui mâchouillait la gorge tel un chien grassouillet, baveux et à la mastication bruyante. Son ronflement dans sa respiration trahissait une précipitation de gourmandise immonde. Le sang gicla au même rythme des dernières pulsations du pouls de la pauvre victime, propulsant d'épais filets sanguins qui s'étalèrent sur la vieille trogne de celui qui dévorait goulûment sans pour autant en être décontenancé.

    Tandis que l'autre, bien conscient que ce combat serait sûrement le dernier, ne trouva rien de mieux que d'extérioriser sa peur en une haine qu'il dégueula alors qu'il aurait put la mettre à profit pour sa survie.

    "C'EST UNE PUTAIN DE SERRE POURPRE ET ELLE EST PAS CAPABLE DE…!"

    Le claquement lugubre de sa mâchoire qui venait de le quitter ne lui permit pas de finir sa phrase. Surestimant sa capacité au combat, il se croyait plus malin à avoir le temps de gâcher sa salive que de trancher la main qui avait attrapé son crâne. Les adversaires étaient apparemment plus que des menaces, ils étaient de véritables brutes cannibales qui n'avaient pas peur d'utiliser leurs poignes d'acier pour décrocher quelques os de leurs propres mains.

    Ils puaient la sueur, la mauvaise haleine, le sang, la mort, mais surtout, ils avaient faim. Leur regard était animal et leurs mouvements, primaires. Ce n'était pas des bretteurs qui se battaient pour la loyauté ou l'honneur, ni même des guerriers sanguinaires qui avaient surpassés les limites de leur humanités en quête de victoire. C'était juste des êtres affamés. Et alors que l'elfe avait ses muscles qui commençaient à se détendre, encore sous l'emprise de ses émotions, les massacres continuaient à une vitesse prodigieuse. Il y avait déjà trois morts dont deux partiellement dévorés que la lutte reprenait sur le terrain, alors que du côté de la paralysée, ses muscles encore tremblants, provoquant une vibration imperceptible dans tout son corps fourmillant, elle fut soudainement prise d'une nausée fulgurante. Une montée acide qui lui remonta le long de sa gorge, la brûlant dans tout l’œsophage avant de finalement la forcer à contracter son estomac douloureusement pour dégueuler péniblement ce qu'elle avait dans le ventre. Difficilement, elle s'étouffait entre deux bouffées d'air, sa vue se troublait en échappant quelques larmes sous l'effort, elle lorsqu'elle en eut finit de se vider, sa joue se noyait dans cette flaque chaude de bile et de reste de repas à moitié digéré. L'amertume de la peur et du vomi imprégnait sa bouche mais cela avait eut pour effet de mettre fin à son calvaire. Elle revenait doucement à elle et elle entendait enfin les échos des cris et des armes qui s'entrechoquaient, le combat n'avait jamais paru aussi proche d'elle et réel que maintenant.

    Tous se battaient, sachant très bien qu'un sort similaire aux premiers morts leur était réservé et pourtant, se jeter aux ennemis était peut être leur seul et unique moyen de survie.

    Gilbert et son acolyte furent plus chanceux que les janissaires distraits. Ayant prit l'avantage d'avoir été à l'arrière et surtout que la plupart des orcs étaient maintenant occupés à grignoter la chair de ceux tombés au combat, le duo s'élança sur l'un d'entre eux. Les armes dégainées, les peaux-vertes étaient peut être moins sensibles aux lacérations mais s'y attelant à deux, ils étaient plus efficaces. L'un transperça la cuisse de leur cible tandis que l'autre interrompit la contre-attaque en laminant le bras qui allait l'égorger. L'habitude de travailler ensemble se remarquait par une belle complicité et leur efficacité, faisant chanter le fer l'un après l'autre pour finalement faire échapper quelques grognements et injures de leur ennemi.

    Si l'espoir renaissait dans le cœur de ces valeureux soldats, c'était sans compter sur leur protégée toujours à terre qui peinait à ramper pour ne serait-ce que pour se redresser. Un couinement affaiblit interpella Gilbert qui, jetant un coup d’œil dans la direction du gémissement, vit la chevelure d'or de l'elfette dans la poigne du troisième peau-verte qui n'avait pas encore eut le bonheur de goûter à de la chair fraîche. Le cœur du jeune homme s'emballa, ne sachant discerner quelle sorte de gourmandise se cachait derrière ce rictus distordu et, loyal mais surtout héroïque, il lança un regard d'accord à son duo, lui faisant confiance sur ses capacités pour venir en aide à l'incapable. L'orc était handicapé et même désavantagé, l'achever aurait été une tâche aisée.

    Hors, l'héroïsme, dont il faisait preuve en laissant un combat inachevé, avait un prix, et si ce ne fut lui qui le paya, ce fut son compère qui s'en acquitta. Qu'il était arrogant de croire aveuglément aux capacités de quelqu'un seulement parce que l'on avait confiance en lui, mais peut être que s'il avait su que son acolyte s'était récemment fracturé la cheville, il ne l'aurait pas laissé seul face à son ennemi. Alors que Gilbert s'était élancé sur celui qui avait osé toucher la blondinette, l'autre venait de signer son arrêt de mort. Il eut suffit que l'orc, à terre, lui agrippa la jambe en serrant de toutes ses forces pour qu'il cède et se retrouve à sa merci. En quelques secondes, le colosse lui attrapa le crâne et de ses doigts massifs, les enfoncèrent avec rage dans le creux de ses yeux. Un craquement se fit entendre, la peau se déchira alors que les ongles pénétraient la chair visqueuse. Puis l'os se fractura avant que les globes ne cédèrent sous la pression, explosant tels des raisins trop mûrs, éjectant du jus qui se répartit sur le reste de son visage. Son cri inhumain s'éteignit en un gargouillement d'agonie. L'orc, bien que mal en point, avait fait bouffer à ce salaud ce qu'il méritait.

    Mais cela, Gilbert ne s'en rendra compte que trop tard. En cet instant, l'adrénaline l'aveuglait d'un courage incroyable et il se jeta sur la masse énorme qui lui faisait dos. L'épée dégainée, orientée à l'horizontale, rencontra la chair verte au bas de la colonne. L'orc n'eut à peine le temps de se redresser et de comprendre quelle mouche venait de le piquer que le jeune soldat renfonça sa lame avant de pivoter de toutes ses forces vers le côté, tournant son arme telle une clé dans une serrure de chair, poussant un grognement d'effort pour briser les multiples vertèbres qu'il venait de forcer. Un premier véritable grondement de douleur de la part de l'ennemi et celui-ci tomba à terre, immobilisé. Dans sa chute, il fut repoussé en arrière d'un violent coup de pied de la part du soldat pour ne pas qu'il s’effondre sur l'elfette.

    Gilbert s'empressa de redresser la Serre Pourpre, s'assurant à peine qu'elle tenait sur ses pieds. Elle semblait être encore chamboulée mais désormais présente malgré son regard affolé et le reste de vomi au coin de la bouche. Il l'attrapa par les épaules et lui donna rapidement des indications car, les deux orcs restants, eux, n'attendraient pas qu'elle se soit remise.

    "Ca va aller Ellana, dégainez votre épée, on va s'occuper de celui-ci et Arth…"

    Son regard chercha un instant son collègue avant de finalement se rendre compte qu'il était au sol, le crâne ensanglanté et les yeux manquants. Son adversaire était encore capable de marcher et sa rage avait l'air de l'avoir motivé.

    "Allons-y."

    Le cœur lourd, il s'avança d'un pas déterminé, il il n'avait pas le temps de réfléchir, il fallait se battre coûte que coûte et même si les chances étaient minces la Serre Pourpre était un élément à ne pas sous-estimer. Elle dégaina lentement, encore absente ou peut être le bras endoloris, mais elle allait agir, développer son potentiel, utiliser sa magie et prouver qu'elle était digne d'être une Serr...

    Le bruit du fer claqua sur la pierre, de petits clinquements évocateur d'une lame qui chute.

    Le regard bleu du jeune soldat jeta un dernier coup d’œil derrière son épaule, les yeux écarquillés, soupçonnant déjà ce qu'il se passait.

    La soldate avait prit la fuite. Abandonnant son épée.

    Il ne put à peine être prit par la terreur de son destin que celui-ci le rattrapa à la gorge même. Une poigne de fer s'enserra sur sa gorge et il sut que c'était la fin.

    L'arrogance avait un prix, et cette fois-ci il en avait payé les frais. Sa dernière leçon eut raison de lui et il l'emporta dans sa mort. La loyauté n'était qu'un mirage éphémère qui s'évaporait au moindre danger.

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  • Dim 22 Sep - 1:26
     
    La descente aux enfers

    La fuite.

    Quel long périple pénible lorsqu'il n'a pour but que la lâcheté. La honte l'accablait mais la terreur était plus présente encore, inépuisable. Après un tel acte, après tant de souffrances et de combats où pouvait-elle bien aller ? Quand bien même la raison aurait été capable de la guider, il lui était impossible de retourner à Coeur-Ébène. Même si les morts ne pouvaient parler et souligner sa trahison, les fantômes du Chant des Ronces la hantaient et l'idée de potentiellement voir les soldats se transformer de nouveau en une immondice la terrorisait. Melorn était sûrement la ville la plus proche mais hélas, sans carte pour l'orienter, la soldate se laissait diriger par la peur. Nageant entre les ombres à toute allure, sa cadence folle n'avait de sens que pour s'échapper d'ennemis qui n'étaient plus depuis déjà quelques kilomètres. Peu importe ou courrait-elle, sa course finirait par sa perte.

    Le paysage délaissait les plaines verdoyantes et lumineuses pour des terres plus arides, à la venue du crépuscule. Les nuages macadams s’étaient regroupés tels des amas de cotons prêts à tomber du ciel. Épais, surplombants les terres, comme étouffant dans ce nouvel environnement. Nouvel environnement qui ne prêtait plus son charme à la verdure et aux forêts denses qui pouvaient dissimuler des silhouettes montagneuses. Mais bien à des arbres morts et des gravats de bâtisses qui n’étaient plus depuis déjà des décennies, un horizon qui ne promettait rien si ce n’était une étendue encore plus vaste du même décor. Il était pourtant certain qu’elle se trouvait toujours aux alentours des frontières des Terres du Nord, cependant, elle avait dû s’avancer trop loin vers l’Est et non vers le Nord car, c’était l’horizon des Ruines qui l’accueillait désormais. Les environs étaient d’autant plus hostiles et imprévisibles que le pauvre guet-apens qu’elle avait lâchement fuit.

    Cela faisait des heures qu’elle reprenait la course tant qu’elle pouvait, mais les battements de son cœur en devenait douloureux, lui empêchant de reprendre son souffle correctement. Sa respiration lui brûlait la gorge asséchée jusqu’à lui en donner l’impression que l’air chaud qu’elle peinait à expirer, lui arrachait la trachée. Le goût du sang dans sa bouche se mêlait à l’amertume de la lâcheté, comme si l’un était la cause de l’autre. Ses muscles semblaient répondre aux tambourinements de son cœur. Ses cuisses, brûlantes et tremblantes, pesaient une tonne, chaque avancée devenait un supplice, une douleur sourde qui grinçait dans ses jambes. Épuisée, chaque irrégularité du sol manquait de la faire tomber, et à chaque trébuchées ou ses chevilles manquaient de se tordre, il devenait pénible de demander un nouvel effort à son corps. Elle ne courrait plus non, mais elle tentait de se supporter encore un peu à chaque pas, car céder, c’était décéder.
    Elle suffoquait dans cette armure qui ne lui permettait même plus de survivre, elle n’était qu’une charge embarrassante et pourtant elle la gardait. Après tout, oui, elle pourrait se faire de nouveau attaquer et cela lui permettrait la protection, mais elle n’avait même plus d’arme, et quand bien même l’idée de se défendre lui viendrait, il y avait de forte chance, qu’au vu de son état, qu’elle périsse. Elle le savait mais gardait cette maudite armure. Celle qui la faisait suer à grosse goutte, celle qui la ralentissait et qui manquait potentiellement de la faire écrouler à tout instant. Et pourtant, c’était l’armure des Serres Pourpres, l’armure de ses victoires mais surtout celle de ses échecs, celle ou, aujourd’hui, le sang avait coulé pour qu’elle soit encore porté à l’heure actuelle.

    Son fardeau était nettement plus lourd que cette putain d’armure.

    Il lui fallait trouver un abri. La nuit la menaçait et les animaux nocturnes commençaient à se faire entendre. La faim, l’appel de la violence ou du territoire, qu’importe leurs raisons, l’elfette finirait par être une cible, un obstacle sur le chemin d’un tiers. Les gravats alentours avaient des traces d’anciens campements. Parfois c’était un feu qui avait été débarrassé. D’autres fois, les feux étaient toujours, avec des cadavres dépouillés autour. Rien d’habitable si ce n’était des coins de murs qui pouvaient servir à se protéger du vent, mais rien de sécuritaire.

    La soldate ne voyait plus rien. La sueur qui perlait le long de son front lui tombait sur les yeux à lui en brouiller la vue et l’obscurité s’installait à grande vitesse. Une énième pierre un peu trop épaisse vint lui tordre la cheville et elle tomba avec mollesse, comme si l’épuisement l’avait déjà prévenu de cette chute. A genoux, elle haleta, retira son heaume rageusement avant de le jeter devant elle, essuya son front avant de redresser la tête pour finalement y voir plus clair. Le brouillard n’était désormais que dû au lointain, et devant elle s’offrait une vision réconfortante. Une potentielle issue. L’ombre d’une ruine plus ou moins entière. La silhouette d’une cathédrale.

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    Atteindre la basilique avait été une étape, mais en dépasser son encadrement en passant par les lourdes portes qui avaient été auparavant forcée mais maintenant trop rouillées pour bouger, apportait un nouveau souffle de survie. L’air à l’intérieur était lourd de poussière et d’humidité, comme si les siècles de prières n’avaient pas réussis à conserver l’endroit. L’entrée donnait sur un long couloir baigné par la lueur pâle du clair de lune. Le plafond en voûte, haut et large, était protégé par des gargouilles perchées sur les arcs boutants. Leurs visages immondes et grotesques  étaient marqués d’un rictus sournois, malveillant, et pourtant elles semblaient garder un œil sur l’autel qui se trouvait en son centre. Le tintement métallique de l’armure de la soldate qui résonnait dans un écho solitaire dans la nef avait de quoi éveiller les gardiens de pierre.

    Elle s’avançait lentement, comme de peur de déranger quelque chose. Elle passait au milieu des bancs renversés et des chandeliers brisés. Le sol était jonché de gravats, de pierres fendues, et de morceaux de verre multicolore qui crissaient sous ses bottes, comme si elle marchait sur des os broyés. Les gargouilles semblaient gronder à sa venue et à chaque bruit qu’elle faisait, quelque chose de dormant entendait les échos. A mesure qu'elle approchait de l'autel central, il y avait quelque chose dans l’atmosphère, un poids invisible, une présence indéfinissable qui la guettait. C’était comme si la basilique elle-même avait une conscience.

    La nuit assombrissait les lieux, la lumière pâle était une lueur ternie, les ombres étaient plus denses, grandissantes aux recoins des murs, derrière les piliers et les colonnes. Un craquement se fit entendre et le regard inquiet de la soldate balaya l’obscurité. La cathédrale était certes abandonnée mais n’était point silencieuse, et pourtant certains sons procurèrent des frissons le long de la colonne vertébrale. D’avantage ceux qui semblaient plus proches. L’elfette, bien que sur ses gardes, arrêtant parfois son exploration, continua d’avancer jusqu’à l’autel.

    Il ne restait là qu’un simple édifice en pierre poussiéreux, il ne restait pas la moindre trace d’un vestige des multiples cérémonies qui avaient pu se dérouler là il y a de nombreuses décennies. Il restait peut être le souvenir d’un explorateur ou un invité qui avait laissé éparpillé là tout un jeu de cartes noir et rouge, abîmé, déchiré. Alors qu’Ellana vint poser son heaume sur cette pierre qui ressemblait plus à un tombeau qu’à un réel piédestal, ne se souciant que très peu de l’importance religieuse qu’il aurait pu avoir. Un froid mordant s’insinua sous son armure. Elle sentit un souffle, glacé effleurer sa nuque. Elle se figea. Se retournant lentement, son regard scruta les ténèbres, cherchant une silhouette, une forme, quelque chose… Mais il n’y avait rien. Rien d’autre que les ombres dansantes et les murs froids qui semblaient se refermer sur elle.

    Pourtant, la sensation persistait. Elle n’était pas seule.  

    L'entité se dissimulait quelque part, entre les gargouilles ou bien les colonnes mais elle était bien là, à guetter la proie qui pénétrait toujours plus loin dans son nid. A travers les échos qui résonnaient dans les profondeurs de la cathédrale, les pierres semblaient se mouvoir, le vent qui se faufilait entre les vitres brisées sonnait comme un sifflement mortuaire. Le calme du bâtiment abandonné n’était pas si silencieux et le moindre craquement qui dénotait de cette harmonie inquiétante instaurait un moment de flottement entre le doute et l’attention dans le cœur de ceux qui pénétraient les lieux. C’était comme un souffle retenu, l’attente d’un battement. Était-ce la bâtisse qui s’exprimait ou bien un énième âme qui se baladait ?

    Cette chose se mouvait quelque part. Dans l’air, le vent qui se faufilait bruyamment, dans les recoins les plus obscurs des ombres, à travers les sourires narquois des gargouilles ou peut être depuis des sarcophages qui se trouvait dans de potentielles catacombes. Peu importait. Cela rôdait. Les répétitions des bruissements semblèrent de moins en moins espacé. Des bruits de verres ? Des gravats qui tombent ? Un mobilier qui racle le sol ? Tout ce qui se passait dans la cathédrale résonnait dans la nef. En scrutant ce gouffre qu’était le couloir, à l’affût d’une ombre, tout se distordait. La voûte semblait vouloir tomber, se refermer sur la petite silhouette qui avait pénétré son centre. Les ombres s’étiraient et se contractaient, fluctuantes comme si elles suivaient le rythme d’une respiration lointaine. Parfois, elles semblaient se dissiper, puis s'intensifiaient, grimpant le long des colonnes, s’agglutinant sous les arcs du plafond. Tels des serpents.

    En longeant les colonnes, Ellana posa son regard sur les gargouilles qui, désormais, paraissaient la scruter. En plein centre de la pièce, elle était désormais l’objet de leur surveillance, et elle ne vit en elles que la gueule sournoise d’un Dévoreur prêt détruire. Elle cligna des yeux à maintes reprises car il lui semblait en avoir vu bouger une. Mais la vision d’être une proie et ce sentiment de malaise persistait. Non, ce mouvement qu’elle avait vu ne venait pas des statues, mais bien des ombres.

    Les ombres... Elles bougeaient, se regroupaient, se tordaient dans un ballet étrange. Ce n’était plus seulement un jeu de lumière. Quelque chose prenait forme. Quelque chose d’indéfinissable. Les ténèbres s’accumulaient, se compactaient, comme si elles étaient attirées vers un point précis dans la salle. Un vertige la prit alors qu’elle comprenait que les ombres n’étaient plus seulement des illusions. Elles devenaient réelles. Tangibles.
    Et alors, l’entité apparut.
    L’ombre n’émergea pas soudainement mais lentement. Une silhouette indistincte, floue, se matérialisa, ses contours changeants comme des vagues mouvantes. Ses mouvements étaient ceux d’une ombre vivante, flottant et glissant sur le sol sans bruit. Ellana retint son souffle, elle chercha à atteindre son épée mais lorsque sa main atteignit son fourreau vide, elle resta immobile. L’entité apprit des gargouilles en imitant leur rictus mauvais, mettant en évidence de longues canines acérées et, alors qu’elle se mouvait tel un fantôme, la soldate invoqua ses ombres pour se défendre.

    Ses ombres ne l’atteignirent guère, après tout que pouvait faire un élément contre lui-même ? Sa magie ne valait rien face à cette silhouette ténébreuse. Complètement désarmée et désavantagée, d'abord immobile, la soldate initia un pas en arrière pour prendre la fuite mais la Chose en décida autrement. Alors qu’elle glissait tranquillement, le mouvement de recul la fit se jeter directement sur sa cible, en un glissement léger et silencieux mais vif, tel un serpent qui avait guetté sa proie depuis bien trop longtemps. Ellana fut prise d'un hoquetement de surprise avant de se mettre à hurler, complètement démunie. La silhouette était une monstruosité de jais aux perles d'une lueur aveuglante et aux longues lames blanches en guise de gueule. Elle était toute l'horreur qu'évoquaient les Dévoreurs. Violents, rapides, imprévisibles, avides d'humanité. Un véritable cauchemar qui s'attaquait à son visage tout en murmurant une multitudes de sons qui se confondaient, comme si elle était l'écho de plusieurs voix.

    Alors qu'elle s'agitait dans tous les sens en essayant de se débarrasser du parasite, haletante entre l'effort et les cris, la soldate agrippa les pattes sombres qui écorchaient son visage, et planta aussitôt ses ongles jusqu'à y sentir une résistance qu'elle lacéra de toutes ses forces. Ses ongles devinrent des griffes ombreuses qui s'enfoncèrent dans cette chair moite et ferme mais la prise adverse ne voulait pas se relâcher. Le sang jaillit mais il lui était impossible de savoir si c'était le sien ou bien l'encre de cette chose téméraire. Qu'importait, sa survie en dépendait. Dans un dernier élan de désespoir, elle retourna ses serres contre cette face cauchemardesque, les plantant avec rage avant de donner de grands coups jusqu'à lui en arracher ce voile noir. La peau s'y déchira dans un bruit sinistre et alors qu'elle le maintenait de toutes ses forces. Un faux-pas, la fit heurter l'autel derrière elle avant de la faire tomber en arrière. Son genou frappa dans le coin de celui-ci et sa chute se termina lourdement, la tête la première contre le sol.

    Malgré l'étourdissement, Ellana n'avait pas lâché sa prise et lorsqu'elle voulut la mener à elle pour y voir avec soulagement ce qu'elle avait vaincue, elle n'y vit que ses mains ensanglantés. Elle se redressa rapidement, soudainement en panique de ne pas y voir une trace de son adversaire. Mais il ne restait entre ses doigts qu'un flot de sang et des lambeaux de chair blanche : Sa peau.
    Tout à coup son visage ne lui avait jamais parut aussi chaud et humide. Tremblante, elle porta ses mains à ses joues, les frôlant à peine, hors la brûlure de ses doigts sales sur sa chair à vif lui confirma ce qu'elle craignait. Mais perdurant dans le déni, elle porta un regard affolé aux alentours, mais aucune silhouette vaincue ou agonisante n'était présente. Il n’y avait pas d’entité malfaisante, pas même une ombre. La Chose n'avait jamais été. Ça n’avait été qu'un cauchemar.

    Alors qu'un premier gloussement discret s'échappa de la gorge de l'esseulée, de grosses larmes roulèrent le long de ses joues, les marquant telle deux traînées de lave creusant son tissu de chair. Tout en se balançant d'avant en arrière, elle attrapa ses bras, y enfonçant ses ongles de douleur. Elle se mit à rire plus franchement. Un rire dénoté par la folie et la souffrance qui se transforma en un hurlement d'agonie et de désespoir. Déchirant ses cordes vocales, l'étouffant presque en usant tout son souffle, à la moindre inspiration cassante, elle reprenait cet appel à l'aide désespéré. Persévérant malgré la sensation de ses côtes qui semblaient la poignarder de l'intérieur sous l'effort. Lorsqu'elle usa de ses dernières forces dans son ultime cri, elle ne fit que pleurer silencieusement. Un long gémissement quasiment inaudible, semblable à un enfant qui tente de reprendre son souffle après un pleur, l'on entendait seulement l'halètement irrégulier des sanglots.

    Ses cris n'avaient même pas réussit à apaiser son désarroi, en revanche, ils avaient résonné dans toute la cathédrale, indiquant sa présence autant depuis le cœur de la basilique qu'aux alentours.

    Les gargouilles se remettaient à gronder.
    Les ombres se mouvaient dans les recoins.
    L'obscurité léchait les murs.
    La cathédrale semblait se distordre dans l'espace.
    Quelque chose était de nouveau présent.

    Mais... Il était désormais impossible de discerner le cauchemar de la réalité.

    CENDRES


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  • Dim 22 Sep - 3:18


    Le cri du cœur résonne, dansant par réverbération contre les parois d'une demeure qui a ironiquement accueilli plus d'un hurlement de souffrance. Les lieux, comme les êtres, sont chargés d'une énergie que seuls peuvent percevoir ceux dont l'œil est agile et dont les oreilles sont fines. La Basilisque, fragment vestigial d'une histoire ne valant la peine d'être évoquée que pour susciter l'effroi, est l'un de ces endroits nappé d'une telle horreur que la folie furieuse vient à en imprégner les murailles. Parmi les ombres insondables se prélassent bien des spectres et à la tête de ceux-là, on voit poindre le bec de leur chimérique Héraut.

    La guerrière, survivante d'un monde fort heureusement banni de ce plan comme de tous les autres, est une étrangeté de par sa simple existence. Certains ont entendu le Chant et peut être sont-ils parvenus, au prix d'une part d'eux-mêmes, à en exorciser le mal de par leur héroïsme. Il y a toutefois cette âme; ce grain de désespoir virevoltant au gré de vents innommés, qui n'a point eu le loisir de se défaire entièrement des chaînes de la corruption. L'influence du Bâtard est encore solidement ancrée en elle, noyant sa raison dans une encre que nulle eau sacrée ne paraît vouloir décrocher. Il y a, au sein du Sekaï, des fléaux que les mortels pensent pouvoir harnacher et qui persistent pourtant au delà de toute vraisemblance.

    Celui qui observe et transforme tout ce qu'il touche, habillement dissimulé derrière la toile constituant le rideau du réel; ne peut admettre qu'un tel état de fait puisse demeurer immuable.

    Les gargouilles, perverses gardiennes d'un domaine tordu dont les fondements sont l'horreur et le ciment l'aliénation, semblent mirer de leurs perles vides celle qui s'évertue à meurtrir son enveloppe comme pour extraire de ses veines viciées le plus insidieux des venins spirituels. Elles l'encerclent, s'imposant en grossières figures dont les grimaces grivoises sont si exacerbées qu'on croit entendre leurs mesquines gausseries. L'une d'entre elle se fissure verticalement, ce dans un claquement aussi abrupt que sec. Ces harpies de pierre font de bien piètres serviteurs pour l'ancestral messager et c'est dans un élan de colère muette qu'il entreprend donc de les détruire.

    La statue fracturée explose en un assourdissant fracas mais ses morceaux, au lieu de s'écrouler tout naturellement sur le sol de la bâtisse délabrée; s'immobilisent dans les airs. Une seconde gargouille se voit démolie, puis une troisième et cinq autres encore après celles-ci. A chaque impact dénué de toute source identifiable, l'étrange phénomène se reproduit et c'est bientôt le tableau d'un haut plafond parsemé d'étoiles rocheuses qui se dévoile aux yeux de la combattante en perdition. L'air se fait lourd, le temps semble se dilater et si le souffle de l'esseulée demeure rauque, il ralentit tandis que ses pupilles enflées commencent à dévorer ses iris. Elle se voit exhaler un fin nuage de buée violacée et constate pourtant que la température n'a point changé. Rien n'a de sens mais sa peur panique la quitte au profit d'une sidération plus profonde.

    Les minuscules météorites s'agitent puis s'agencent avec minutie dans un tourbillon aérien qu'un silence toujours plus pesant rend d'autant plus mystique. L'esprit de la fière servante impériale est ébréché à plus d'un égard et pourtant, elle sent au plus profond d'elle que le mouroir sur lequel elle a jeté son dévolu n'est pas la banale sépulture dans laquelle elle a cru se rendre. Il y a dans cet espace une aura nouvelle; une présence si profondément inhumaine que l'effroi qu'elle suscite est perceptible au delà de l'irraison.

    La rocaille flottante s'anime de plus belle et après de longs instants passés à voleter sans but, elle se trouve subitement une curieuse trajectoire. Les gargouilles se reforment une par une, débris par débris, mais se voient revêtir de tout nouveaux atours lors de cette atypique renaissance. Les gueules estropiées aux langues recourbées cèdent place à des pointes effilées, les ailes faites de fausse peau deviennent serties de plumes nombreuses et régulières. Il ne faut que quelques instants pour que la métamorphose se parachèvent et que les indignes chauve-souris surgissent sur leurs perchoirs en tant que somptueux phénix de pierre.

    Il impose ses symboles, son irréalité, son monde bâti sur les cendres du précédent.

    Une paroi de la Basilique se brise d'un seul coup, révélant dans une splendide éclaircie la lueur d'un astre lunaire pourtant voilé jusqu'à présent par d'épais nuages gris. Les roches immenses s'immobilisent un bref moment puis, avec une surnaturelle précision; elles viennent une par une s'abattre contre le sol pour former à terme un escalier qui semble mener tout droit à la voute céleste. Confuse et paralysée par ses sentiments si infiniment tempétueux, la guerrière impériale lève le menton en direction du portail et même si ses yeux refusent de lui offrir le portrait du mystérieux étranger aux si emblématiques pouvoirs, elle peut sentir qu'Il dévale les marches avec une élégante lenteur.

    Lorsqu'Il parvient à son niveau, elle est prise d'une curieuse impression. Il lui semble pouvoir entendre les lourds bruits de pas de l'entité mais les battements de son propre cœur cognant furieusement contre ses tempes paraissent parfaitement calqués sur la progression de l'intrus. Ce n'est que lorsqu'il s'arrête face à elle, invisible et pourtant ô combien présent, qu'elle ressent enfin pleinement les vibrations dans l'air et que le doute devient certitude.

    Elle n'est pas seule et ne le sera plus jamais, car Il l'a vue.

    "La voilà, celle qui manquait à l'appel..."

    Les deux voix semblent familières, ou peut être si infiniment étrangères qu'elles transcendent l'inconfort de la nouveauté. La Bête est invisible mais lorsqu'elle s'affaisse, un uniquement battement de ses trois paires d'ailes génère une si écrasante bourrasque qu'on en devine sans peine la taille et le poids. Elle est énorme, impérieuse et mue par des intentions indéchiffrables malgré la douceur de ses mots :

    "... une Pie-grièche blessée, sans trésor à garder. Que fait elle, seule mais cernée par des cauchemars n'ayant ni Dieu ni maître ?"
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  • Sam 5 Oct - 23:54
     
    La descente aux enfers

    La basilique se mit à gronder, à trembler dans une secousse surnaturelle. Les statues et les piliers se mirent à craqueler, avant d’exploser en plusieurs fracas presque en simultanés. Puis ce vrombissement s’arrêta soudainement. Aucunes pierres ou particules ne vinrent rencontrer le sol ou tomber sur la soldate. Sans le moindre craquement et dans un souffle imperceptible, l’univers entier semblait s’être distordu. Une sensation de légèreté parcourut l’entièreté d’Ellana et si elle semblait tout d’abord physique, lentement son esprit s’ouvrait à son environnement qui la terrorisait tant. Tous les cauchemars étaient en suspens. Comme si le hurlement des horreurs qu’elle avait subit toute sa vie et qui ne cessait de geindre dans sa tête, n’existait plus en cet instant. La souffrance se taisait. Elle n’en était pas pour autant une âme nouvelle, balayé de tous ses fardeaux, mais au moins les peines du monde étaient maintenant lointaines.

    Si ce sentiment n’aurait pu être qu’un doux baiser de Morphée, pour quelques instants, la présence de quelque chose d’encore plus imposante et impressionnante vint semer le doute quant à ce moment de quiétude. Aux intentions étrangères, il y avait une nouvelle Ombre qui avait pénétré la cathédrale, si la présence d’un danger imminent n’était pas si clair, sa dangerosité potentielle en était phénoménale. La terreur qui dominait le cœur de l’elfe l’aurait déchiré mais le silence onirique ne laissait place qu’à l’observation, laissant la blessée comme témoin de sa propre condition.

    Assise au sol tel un animal blessé et prêt à être sacrifié, devant cet autel ou son sang avait déjà coulé, elle resta cloué au sol. Son regard se leva vers ces gargouilles nouvelles, ses dernières larmes sanglantes glissants sur ses joues devenues trop douloureuses pour en ressentir les brûlures, voulurent rejoindre la flaque de sang qui avait déjà teinté le sol mais elles s’arrêtèrent dans leur course, stagnant en petite bille liquide dans les airs. Sa perception semblait lointaine. Tout n’était plus vraiment réel. Mais après tout, quand était-ce la dernière fois qu’elle ne s’était senti dans un rêve ou un cauchemar ? Les gargouilles, aux allures plus fantastiques, relevant plus de somptueux phénix qu’aux diablotins immondes, ne sont plus les gardiennes de tortures passées mais les servantes d’une entité nouvelle. Si ce n’était le fruit d’illusions oniriques, c’était sûrement la mort qui venait la chercher et étrangement, cette pensée en était des plus apaisantes.

    Prête à embrasser son destin funeste, la respiration lente mais profonde et au cœur serré mais battant. Elle guetta ce chemin de pierre qui s’ouvrit à elle, les débris s’agitaient doucement pour former un grand escalier qui menait vers la voûte. Aucune lumière en son bout, ce n’était pas à elle d’emprunter ces marches. Il viendrait à elle. Ce monstre imposant que l’on ne voyait mais que l’on entendait telle une pensée. Abstraite mais envahissante. Bien qu’elle se soit résignée à son sort, à l’approche de l’entité, le tambour de son cœur battait plus intensément, elle se mit à déglutir difficilement, hydratant péniblement sa gorge séchée et irritée par ses cris incessants. Les pas à la fois lourds de par leur potentielle taille mais également légers de par leur finesse, finissant en un petit crissement aiguë supposant des griffes, vinrent s’arrêter à quelques mètres d’Ellana.

    Il y eut un léger flottement. Laissant place à l’observation de l’un et à l’incertitude de l’autre. Une présentation qui nécessiteraient des milliers de mots mais qui ne s’échangèrent qu’en un seul silence.

    Elle n’était plus seule.

    La tête relevée vers le vide. Elle ne savait pas ou regardait ni ce qu’elle regardait mais elle maintenait un point fixe élevé qui semblait être là ou l’on l’observait.

    Les multiples voix résonnèrent en écho dans la basilique, tel un appel à la prière, c’est pourtant l’elfe que l’on interpellait. Elles semblaient à la fois lointaine et pourtant proche, familières mais impossible à réellement discerner. Cette chose l’interpelle par un nom qu’elle ne s’était pas donné et qui pourtant lui avait été attribué dans bien des songes. Des songes qu’elle pensait posséder à elle seule, des songes qu’elle avait oublié. La bouche entre-ouverte elle ne sait plus exprimer qui elle est ni pourquoi est-elle là. Doit-elle se repentir, avouer des erreurs de son existence ou bien ne vient-on seulement pour lui apporter une réponse qu’est la mort ? Un lourd battement de plumes se fit entendre avant que la bourrasque ne vint balayer la poussière et soulever la chevelure humide de sueur et de sang de la blondinette. La présence était plus immense encore que ce qu’elle n’avait put l’imaginer.


    La folie la guettait depuis bien longtemps déjà et elle le savait mais à défaut de pouvoir fuir les fantômes, s’ouvrir à ces illusions ne semblaient pas être l’acte le plus terrible qu’elle eut fait. La voix déchirée, elle tenta de se faire entendre mais les premiers mots s’éteignirent dans une voix inaudible qui ne sonna comme un petit sifflement.

    « Je ne sais plus… Je ne sais plus ce que je fais. Je suis perdue… Je... »

    Elle baissa la tête, honteuse de ce qu’elle était devenue. Ou peut être de ce qu’elle avait toujours été. Percevant à peine l’ombre de sa silhouette dans la flaque de sang. Elle était incapable de décrire ce qu’elle voyait d’elle. Seulement une ombre vague aux espoirs déchus, aux luttes incessantes mais vaines. Combien de combats… Elle éleva de nouveau la voix affaiblie.

    « Combien de combats faudrait-il encore pour m’échapper de cet enfer que je suis. J’ai affronté nombre de bêtes immondes et des hommes sanguinaires et violents. Me battant pour autrui, une personne ou un pays, me battant pour ma survie au point de manquer de la perdre. Et tous, sont comme un miroir déformé qui ne reflète que ce dont j’ai été incapable. J’ai aidé des mourants comme si ma vie en dépendait tout comme j’ai failli. Nombreuses sont les âmes qui se sont éteintes dans mes bras. Et ce ne sont que les fantômes de ces échecs qui me poursuivent, qui me rappellent que je suis une imposture, une erreur.»

    Les souvenirs d’anciennes batailles résonnaient dans son esprit, chacun marqué par des échecs fatal et des choix décevants qu’elle avait fait. Avait-elle vraiment changé au fil des années, ou avait-elle toujours été cette faible aux espoirs plus prometteurs que ses propre capacités.

    « Peu importe les échecs et les réussites, les morts ou les survivants. Ça n’a jamais été assez. Ça n’a jamais suffit. Les luttes se perpétuent et je n'y vois plus d'utilité à leur tenir tête. Je ne suis qu’une plaie du monde qui ne cicatrise jamais.»

    Elle releva doucement ses mains, paumes ouvertes, observant le sang ruisselant sur ses mains. Même immaculées, le sang avait toujours été là.

    « La forêt des Ronces… M’a juste rappelé à l’ordre. Et même si j’ai vaincu mes démons, je sais que j’ai perdu. Je n’ai plus la force pour me battre. J'ai été dévoré de l’intérieur depuis bien trop longtemps. »

    Elle ferma les yeux, accueillant la pensée de l’abandon comme une douce caresse. Elle tendit les bras vers son interlocuteur invisible. Relevant la tête..

    « Je ne sais pas ce que tu es. Mais si tu es la folie, emporte moi dans la mort. La résignation à mon propre néant sera peut être ma seule réelle victoire. »

    La cathédrale ne parut jamais aussi silencieuse.

    CENDRES


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