17 septembre an 3

De l’arrière de la charrette transportant une cargaison de tubercules, Xera se tordait le cou pour observer les premières bâtisses imposantes de Liberty. L’étendue des faubourgs l’avait déjà impressionné, mais cela restait familier, des maisons, des jardins, des champs, puis peu à peu la densité des constructions augmenta, faisant presque disparaître toute trace de nature. Une autre chose impressionnante était pour elle, le nombre de personnes présentes au même endroit. Bien sûr, elle venait du petit village de Nareim et elle savait que plus une agglomération était grande, plus il y avait de monde, mais clairement, elle ne s’était pas attendu à une telle foule.


La charrette s’arrêta devant un entrepôt, la demi-Fae descendit et récupéra son sac contenant tout ce qu’elle avait emporté avec elle. Elle remercia le charretier, qui lui indiqua la direction d’une artère de la ville rejoignant un quartier où elle pourrait trouver des auberges et pensions bien tenues et pratiquant des prix abordables. La rousse commença à marcher dans ladite direction, les odeurs de la ville lui agressent les narines, mais l'attrait de la nouveauté compensait ce désagrément. La jeune femme ne savait plus où donner de la tête, et évidemment réussie à se perdre, par chance, elle repéra un petit parc, la jeune femme s’y réfugia. Elle retira ses bottes de cuir et posa ses pieds avec délectation sur l’herbe verte et poussa un soupir de contentement.

Récit de Fabius

Je m’approche de mon objectif, je le sais, je le sens. J’ai grande envie de récupérer la précieuse marchandise que j’ai cachée il y a des années de cela. La négociation avec les autorités de Justice m’a complètement épuisé et j’ai vraiment besoin de me détendre. L’avantage de vivre depuis plusieurs millénaires, c’est que l’on fini par connaître toutes les petites cachettes et comme j’ai un peu une mentalité d’écureuil, je planque dès que je peux pour les moments les plus urgents.

J’arrive donc devant la statue du parc où se trouve un creux, que l’on peut ouvrir seulement grâce à une certaine manipulation. Si tout va bien, il y a toujours à l’intérieur une pipe et un petit sachet contenant du champignon étoilé séché et réduit en poudre. Je ne me considère pas comme un drogué, mais j’ai besoin, de temps en temps, d’une « pause récréative ». Alors que j’allais pouvoir toucher le nirvana, je me rends compte qu’une femme est placé juste devant.

Habillé comme une véritable provinciale, les pieds nus, elle semble être comme perdue dans cette ville. Je remarque quand même qu’elle a une paire de chaussures à côté d’elle, elle n’est donc pas complètement une femme sauvage. Elle possède un corps aux courbes généreuses, mais il en faut bien plus pour me faire perdre l’esprit, étant blasé par le sexe. Je lui demande donc d’un ton neutre :

Excusez-moi, mademoiselle, pouvez-vous vous décaler légèrement vers la droite ? J’ai quelque chose à récupérer dans cette statue.

Je suis poli, car j’essaye de ne pas passer pour un pervers. Comme d’habitude, je ne suis pas armé et je suis habillé comme un simple artisan, n’attirant guère l’attention. On pourrait penser que je suis un tailleur de pierre, vu mon physique et je ne fais jamais rien qui pourrait être perçu comme une menace.

Xera Perdu dans la contemplation d’un couple de pinsons se faisant la cour dans les branches d’un des arbres du parc, ne fait pas vraiment attention à ce qui l’entoure. Dans sa forêt, elle resterait alerte, mais ici en pleine ville elle sait qu’elle ne risque pas de servir de proie à une meute de loup ou autres bêtes prédatrices. Elle sursaute légèrement quand elle entend une voix d’homme s'adresser à elle dans son dos. La rousse commence par se retourner pour faire face à son interlocuteur, et découvre ce qui semble être un artisan, un tailleur de pierre peut être au vu de sa carrure. La Demi-humaine bafouille un “oh excusez moi” avant de s’écarter légèrement dans la direction demandée, récupérant ses bottes au passage.

- Je vous laisse faire, mais dite moi est ce habituel ici que de cacher des choses dans des statues ? Pardonnez ma curiosité, c'est la première fois en 101 ans que je quitte ma campagne, pour une grande ville.


La jeune femme s'assoit sur le banc placé à proximité de la statue et s'affaire à remettre ses bottes, laissant son interlocuteur récupérer ce qu'il est venu chercher dans la statue. Une foi, ses bottes remisent Xera observe l'homme et le découvre avec une pipe et une petite bourse en main. De cette dernière, s'échappe une odeur que la douce brise porte jusqu'aux narines de l'herboriste. Elle connaît cette odeur, c'est celle d'un certain champignon, mais elle décide de ne rien dire pour le moment.


- Sans vouloir abuser de votre temps, pourriez-vous m’indiquer une auberge propre, calme et pratiquants à des tarifs raisonnables ?

Malgré mes précautions, je fais sursauter la jeune femme qui s’excuse, me demandant si c’est courant de cacher des choses et je lui réponds en souriant :

Pas vraiment, mais c’est fort pratique.

Elle indique ensuite son âge et je lui indique :

Vous êtes encore bien jeune, surtout profitez bien de votre émerveillement, avant de devenir vieux et aigris comme moi.

Je plaisante bien sûr, et cela, ce voix à mes yeux qui pétillent, car je ne suis pas aigris, du moins pas complètement. Maintenant, que j’ai le champ libre, je déplace doucement la tête de la statue, d’abord à droite, puis je la dévisse complètement en la tournant vers la gauche et merveille des merveilles, mon matériel est encore présent ! J’ouvre la petite bourse en cuir et une bonne odeur s’échappe, l’humidité n’a donc pas frappé. Alors que j’étais en train de bourrer ma pipe, la jolie rousse me demande quelques informations et je lui donne bien volontiers, rendu de bonne humeur par le fait que bientôt, je vais pouvoir me détendre :

Vous en avez plusieurs non loin d’ici, mais celle qui corresponds le plus à vos critères est le cheval argenté. Le propriétaire est un elfe qui doit bien avoir cinq cents maintenant, j’ai bien connu son père, et à l’époque, cet établissement était réputé pour…

Je me rends compte que je me suis laissé emporté par mes souvenirs et je me reprends, concluant simplement :

Bref, cette auberge est très bien, je vous la conseille, il suffira de partir du parc par la sortie nord, de continuer jusqu’à la fontaine avec des statues de poissons, puis prendre la rue du Profit et vous y êtes.

C’est vraiment très simple. Pendant que je l’informais, j’ai fini de bourrer ma pipe avec mon tabac et une bonne quantité de poudre de champignon étoilé. Autant y aller à fond et je l’allume à l’aide d’un briquet en amadou. La première bouffée est très agréable et me rend tout de suite beaucoup plus détendu, je demande même à mon interlocutrice :

Si vous avez besoin d’autres renseignements, n’hésitez pas, je ne compte pas bouger d’ici avant un long moment.

L'individu lui indique qu’il y a bien plusieurs auberges dans les proches parages, et lui recommande une en particulier correspondant à ses critères. Le tenancier serait un elfe de 5 cents ans et son interlocuteur aurait connu le père de ce dernier. Une auberge établie depuis longtemps, voilà qui était rassurant pour le moins. L'homme allait lui raconter une anecdote, mais il s'interrompt pour lui confirmer qu’elle est très bien, qu'il la lui conseille et lui indique l'itinéraire pour y aller.

Tout en lui donnant les indications pour rejoindre “Le cheval argenté”, l’homme finit de préparer sa pipe, l'alluma et inhale sa première bouffée. L’odeur qui s'en dégage confirme bien la présence de poudre de champignon étoilé. Les traits du visage ainsi que l’allure de son interlocuteur se détendent, preuve de l’effet direct de la drogue.

- Et bien merci d’avoir aiguillé la campagnarde que je suis, c’est très aimable de votre part. Je vais vous prendre aux mots, connaissez vous un expert en poison, enfin surtout en remède contre ses derniers. Ceci est la raison de ma venue en ville, mon père souffre de blessures empoisonnées, mais aucun des remèdes que je connais n’a été en mesure de le soigner, je n’ai réussi qu'à ralentir le mal qui le ronge, et à le soulager de la douleur.

C'était directe mais Xera n'était pas non plus venu à Liberty pour se tourner les pouces, la vie de son père était en jeux.

Après avoir entendu la nouvelle question de la jeune femme, je reste quelques secondes à réfléchir, aspirant de manière pensive la fumée qui sort de ma pipe, avant de lui indiquer :
Voilà une quête tout à fait inhabituelle. Vous me faites penser à une héroïne d’un ancien roman, qui devait réaliser un véritable exploit pour sauver sa famille.
Quand je dis ancien, il devait bien dater de deux cents ans aux bas mots. Je poursuis ensuite :

Je pourrais vous donner quelques adresses d’herboristerie, mais si vous avez déjà essayé pas mal de traitement, il y a peu de chance que cela fonctionne. J’ai une connaissance, un nain d’une centaine d’années qui est spécialisé dans les poisons, mais d’une part, il est difficile à approcher et d’autre part, il n’est pas donné.

Je la regarde des pieds à la tête et je lui confirme :

Vous ne m’avez pas l’air bien riche.

Le contenu de ma pipe, lui fait de plus en plus effet et je lui dis en souriant :

Toutefois, aujourd’hui est un bon jour, je suis disposé à vous y amener. Si mon ancien partenaire a bien ce qu’il vous faut, vous devrez convenir avec lui d’un paiement.

Je n’ai jamais été riche, préférant demander des faveurs au gens plutôt que des pièces d’or. Pour une personne ayant déjà goûté à tous les plaisirs de la vie, il vaut mieux avoir des personnes sur qui compté en cas de besoin, qu’une bourse bien remplie. Je lui demande donc, ayant pratiquement fini ma pipe :

Qu’en pensez-vous ?

Je suis vraiment un gars sympa, mais la poudre de champignon étoilé me fait toujours cet effet-là. Si elle accepte, je n’aurai plus qu’à vider ma pipe et la remettre, avec le sachet dans la statue, espérant que quand j’en aurais besoin dans un jour ou dans cent ans, ma cachette n’a pas été découverte. Si c’est le cas, ce ne sera pas bien grave, j’en ai plein d’autres dans cette cité.

L’homme semble réfléchir un court moment avant de reprendre la parole, à moins que ce délai soit juste dû à la consommation du champignon. Il commence par lui parler d’un roman ancien, précisant que sa requête lui rappelait l’histoire de l'héroïne du récit.

- J’espère en toute sincérité ne pas devoir réaliser un exploit digne d’un roman pour sauver mon père, mais je ferais tout ce qui est en mon pouvoir.

Le fumeur de pipe de champignon étoilé peut déceler dans le regard de la Fae aux traits humains sa détermination et sa volonté. Il met de côté les adresses d’herboristerie de sa connaissance, déduisant qu’elle avait déjà fait le tour des remèdes classiques. Il évoque un nain spécialisé dans les poisons, difficile à approcher au vu de sa spécialité, rien d’étonnant.

- je ne suis pas pauvre, mais j’imagine que les tarifs d’un spécialiste sont bien au-dessus de ceux des simples herboristes. La vie est moins chère à la campagne, du moins pour les produits de première nécessité.

Le visage de son interlocuteur est de plus en plus souriant, Xera ce dit qu’elle a bien fait de ne pas lui faire de remarque sur les dangers d’une consommation excessive de son petit plaisir. Peut-être que sans cela, il aurait été moins enclin à lui parler de ce spécialiste nain.

- Votre proposition me paraît des plus correctes, tout de fois avant d'accepter, j’aimerais savoir comment je dois vous appeler, parce que généreux inconnu amateur de pipe de champignon étoilé caché dans la tête d’une statue d’un parc de Liberty, cela fait un peu long.

La rousse tend sa main vers le sympathique inconnu, un léger sourire accroché à son visage.

- je m’appelle Xera et je viens du village de Nareïm.

Comme je le pensais, mon interlocutrice est bien une campagnarde. Mais elle également lucide, je pourrais dire pour résumer, pauvre, même si elle dit le contraire, mais pas conne. Elle me fait ensuite une blague sur le fait que je ne me suis pas présenter et je lui réponds :

Enchanté, je suis Fabius.

Je ne lui donne pas de nom de famille, en changeant constamment dans ma carrière d’espion, mais j’ajoute, puisqu’elle a fait de même :

Je suis originaire de cette cité.

C’est faux bien entendu, les démons ne naissent pas, mais apparaissent adultes et je ne peux lui dire que je viens du Reike. C’est pourquoi j’ai pris l’habitude de dire que je viens de la cité où je me trouve, cela explique mes connaissances sur l’endroit et les gens ont tendance à plus se confier à une personne de leur région. Une fois que nous nous sommes serré la main, je range mon matériel et nous sortons du parc. L’activité de la rue me frappe d’un coup, pendant le laps de temps où j’étais en train de fumer, j’avais oublié à quel point cette ville est vivante et bruyante. Je la conduis à travers diverses places et autres ruelles et nous nous trouvons dans un quartier plutôt mal famé et j’indique à mon acolyte :

Il est plutôt méfiant, alors vous me laisser vous présenter, s’il vous plait.

J’attends son accord, puis je frappe quatre coups à une porte cochère. Au bout d’une dizaine de secondes, cette dernière s’ouvre, et j’entre à l’intérieur faisant signe à la jolie rousse de me suivre. L’intérieur est assez sombre et surtout bas de plafond et je dois faire attention de ne pas me cogner et de ne pas me prendre une toile d’araignée. D’ailleurs, j’indique au maître des lieux, un nain doté d'une forte corpulence :

Tu n’as toujours pas nettoyé.

Il me répond, d’un ton amusé :

Et pourquoi faire ? Tu viens me voir une fois tous les vingt ans.

Ce n’est pas faux et j’aurais volontiers rétorqué, mais nous ne sommes pas là pour cela et je désigne la jeune femme, lui précisant :

Voilà Xera, une connaissance, elle aurait besoin d’un antidote. Je lui ai dit que tu étais le meilleur de toute la République.

Un peu de flatterie ne fait jamais de mal.

- enchanté Fabius, maintenant, je peux vous suivre, vous n’êtes plus un total inconnu.

Xera, faisait-elle preuve de naïveté, à suivre comme ça une personne qu’elle connaît à peine ? Peut-être bien, elle était parfaitement dans le rôle de la provinciale qui débarque dans une grande cité. Elle faisait preuve de naïveté selon les critères urbains, mais si cette rencontre fortuite pouvait lui donner ne serait-ce qu'un semblant de bout de piste pour sauver son père, la campagnarde de Nareïm ne réfléchissait pas plus loin pour le moment.

Plus ils s’enfoncent plus profondément dans les méandres de la ville et moins Xera se sent à l’aise, jusqu’ici Liberty lui avait offert un visage avenant, mais ici les rues étaient sales, les rues moins fréquentées et le regard des locaux se faisait méfiant. Bon au moins se rassurait la rousse, au vu de sa tenue, elle pouvait difficilement passer pour une bourgeoise et Fabius avait une carrure imposante. Le duo se retrouve devant une porte qui ne se distingue en rien aux autres portes du quartier. Xera hoche la tête silencieusement quand son guide lui demande de le laisser la présenter au nain.

Quand la porte s'ouvre enfin Xera sursaute à moitié, et s’engage, non sans une certaine nervosité, à la suite de Fabius. L’intérieur est sombre et aurait mérité un bon coup de balai, à l’intérieur un a nain imposant, la Fae n’en avait pas encore vue d’une telle corpulence. Son nouvel ami amateur de poudre de champignon étoilé la présente au propriétaire des lieux.

- Sachez Mestre nain que j’ai déjà utilisé tous les antidotes de ma connaissance, j’ai même essayé de la poudre de bézoard combiné à du charbon. Le patient souffre de délire fiévreux, j’ai réussi à faire baisser sa fièvre, mais j’ai dû le sédater pour le calmer et retarder la progression du poison. La peau s’assombrit depuis la blessure, et ses veines deviennent violacées. Je n’ai pas réussi à déterminer l’origine de sa blessure. Si c’est un animal, je n’en connais pas un capable d’une telle blessure. Tout ce que je sais, c’est qu’il est allé au cœur de la grande forêt jouxtant le village de Nareïm.

Xera indique en peu de mots sa demande et le nain l’écoute attentivement. Je le vois très concentré et sans un mot, il part dans l’arrière-boutique avant de revenir quelques secondes plus tard avec un épais bouquin. Il lit quelques paragraphes pendant quelques minutes avant de nous dire :

Voilà un bien curieux mal. La grande forêt dont vous parler est mal connu et il y a des rumeurs comme quoi il existe un esprit sylvestre. Après, est-ce que ce dernier à considérer votre père comme une menace ou bien, il a pu être corrompu. Il se pourrait même que ce fût une malédiction.

Il regarde son livre et regarde droit dans les yeux la jeune femme :

Dans l’état actuel de mes connaissances, je ne peux guère vous aider. Toutefois, j’ai lu dans la presse nationale, qu’un Reikois, un certain Tagar a réussi à guérir d’une malédiction à l’aide d’une plante poussant au Shoumei. Peut-être cela pourrait vous aider.

Il se tourne ensuite vers moi et me dit :

Désolé, Fabius, mais c’est tout ce que je peux faire. Si même la poudre de bézoard combiné à du charbon n’a pas fonctionné, c’est qu’il s’agit d’un poison que je ne connais pas ou d’une malédiction.

Je hoche la tête pour lui montrer que j’ai bien compris et je lui réponds :

Je comprends, ne t’en fais pas. Pour ta peine, j’annule la dette que tu me devais pour t’avoir aidée avec ce livre des rancunes, il a vingt ans de cela.

Je parle d’un livre que possède pas mal de nain de ma connaissance où à chaque fois que quelqu’un fait du mal à son propriétaire, ce dernier le note scrupuleusement pour ne pas oublier l’affront. Les plus vieux parmi leur peuple ont des livres aussi épais que des cuisses d’orcs, ce qui n’est pas peu dire. Je me tourne ensuite vers Xera, pour savoir si elle veut rester ou partir.

Le nain écoute la Fae à l'apparence humaine avec attention et dans le silence. Une foi qu’elle a fini d’expliquer le cas de son père, l’expert en poison disparaît un court moment dans la pièce de derrière puis réapparaît avec un livre en mains. Xera attend anxieuse dans le silence, elle garde espoir, mais ne s’emballe pas pour autant. La voix du nain brise enfin le lourd silence, parlant d’un bien étrange mal, évoque les mystères qui entourent les profondeurs de la grande forêt et il évoque même l’esprit sylvestre le considérant comme une rumeur. Pour les habitants de Nareïm, il s'agit bien plus d’une rumeur ou d’une légende, mais bien d’une croyance. Son père, aurait-il pu offenser l’esprit de la forêt ? Peut-être pas, mais une corruption de l’entité serait une catastrophe à plus ou moins long terme, et si son père était victime d’une malédiction, Xera n’avait pas les connaissances et la puissance nécessaire à ce jour pour y remédier.

Puis le verdict tombe, le nain ne peut l’aider, pas directement, mais il évoque une piste enfin plus un espoir. Un membre de l’Empire du Reik, s’appelant Tagar a été soigné d’une malédiction avec une plante du Shoumei. Xera s’avait que la solution ne serait pas aisée à obtenir, mais l’autre problème était le temps, combien de temps son père allait-il résister au mal qui le ronge ? La rousse inspire profondément, et réussit à bloquer les larmes qui l’assaillent en fixant son regard sur l’une des nombreuses toiles d'araignée de la pièce. Elle écoute vaguement l’échange entre Fabius et le nain.

La Fae se tourne vers le démon quand elle finit par sentir son regard peser sur elle.

- Merci Mestre nain pour votre aide, vous ne m’apportez pas une solution toute faite, mais vous me donnez de l’espoir. Je suis arrivé à Liberty sans aucune piste, vous m’en procurez déjà une. Je vais continuer mes recherches, je compte aussi me renseigner auprès de soigneur plus compétent que moi-même. Merci Fabius, je ne voudrais pas abuser de ta générosité, je te dois donc un service.

Je vois Xera regarder le plafond, elle semble profondément secouée par les paroles du Nain. Pourtant, elle se reprend vite et le remercie, puis elle m’indique qu’elle me doit un service et je lui dis en souriant :

Vous avez bien compris mon système et puisque vous voulez parler à un soigneur, il existe un très bon herboriste non loin, mais il a tendance à être un peu filou envers les néophytes. Je vous propose de m’accompagner, j’ai besoin de marchandise et il me faut un œil expert, une fois ceci fait, nous serons quittes.

Un service pour un service, c’est ma devise et j’espère bien qu’elle répondra à ma demande. J’attends donc sa réponse puis je quitte l’échoppe du nain en lui disant, sur le ton de la plaisanterie :

A dans vingt ans.

Ce dernier me répond très sérieusement :

Ne compte pas sur moi pour avoir nettoyé les toiles d’araignée d’ici là.

Je hausse les épaules convaincues qu’il ne va pas le faire et je retrouve la lumière du soleil, ce qui est une bonne chose. Je n’ai plus qu’à indiquer à la campagnarde :

Si vous voulez bien me suivre, notre objectif n’est pas très loin.

Sur la route, je l’informe d’un détail :

Je connais le Tagar dont il a fait mention, c’est un noble qui vit au Palais, à Ikuza, au Reike, le voir ne sera pas facile, mais il a effectivement guéri d’une malédiction.

Je n’ajoute pas que c’est mon employeur, pour le moment et que j’effectue différentes missions pour lui. Je resterai toujours au service du Royaume, pardon, de l’Empire, j’ai encore un peu de mal à me faire avec ce changement, il est difficile de changer des habitudes prises pendant des millénaires. Nous arrivons ainsi devant l’établissement, qui est très propre, bien signalé avec une jolie enseigne, bref le contraire de ma connaissance naine et je donne le sachet contenant mon précieux trésor, lui précisant au cas où :

Il s’agit de poudre de champignon étoilé. J’ai dix pièces d’or sur moi et j’aimerais en avoir la plus grande quantité et avec la meilleure qualité possible.

Fabius avant de quitter l'échoppe du nain, lui confirme qu’elle a bien compris son mode de fonctionnement. Il s’agit bien d’un service pour un service et ce dernier lui propose directement de régler sa dette en l’accompagnant chez un herboriste de bonne réputation, qui par chance ne réside pas très loin d’après lui. Son guide a besoin de marchander avec cet herboriste qui aurait tendance à profiter des gens ne s’y connaissant pas dans les plantes.

Xera ne réfléchit pas bien longtemps avant de donner sa réponse, d’une l’idée de régler sa dette rapidement lui convient parfaitement et de deux, elle n’allait pas s'arrêter de chercher des pistes solides pour tenter de sauver son père.

- cela me va très bien, j’accepte votre proposition.

La Fae à moitié humaine prend congé du mestre nain en le gratifiant même d’un sourire poli et sort de son échoppe, rapidement rejointe par son étrange bienfaiteur. Xera suit Fabius tout en s'efforçant de tenter de se repérer pour éventuellement retrouver le chemin de l'échoppe de ce nain expert en poison. Mais autant la campagnarde est à l’aise pour s’orienter dans en pleine nature et dans la forêt, autant là dans la jungle urbaine de Liberty, c’est une autre paire de manches.

L’amateur de pipe fourré au tabac et de poudre de champignons étoilés lui réserve encore une surprise. Il lui révèle qu’il connaît le Tagar dont le nain avait parlé. Il lui précise qu’il s’agit d’un noble du Reike, vivant dans un palais à Ikuza. Déjà que l’empire ce n’était pas la porte à côté, mais en plus un noble de là-bas vivant dans un palais… Oui, ce ne serait pas facile de vouloir le rencontrer. Mais le plus important, c’est bien la confirmation que cette personne à bien été guérie d’une malédiction.

Assez rapidement les rues autour du duo se fond plus large, plus propre, plus et mieux fréquentés, Xera ne l’avouera pas, mais cela la rassure. Fabius s’arrête devant une échoppe ayant une enseigne bien visible, coloré, et une face bien propre tout le contraire de la précédente en somme. La, il lui tend un sachet que la rousse saisit délicatement, quand il lui précise ce qu’il y a dedans elle l’ouvre avec précaution et hume légèrement le parfum qui s’en dégage.

- je vois, ne seriez vous pas en train de me faire passer un test l’air de rien monsieur Fabius hum, bon donc au moins pas de qualité inférieure à ce qu’il reste dans ce sachet, très bien allons donc voir ce que propose cette jolie boutique.

La jeune femme entre en premier dans la boutique et lorsque qu’elle pousse la porte une cochette retenti à l’intérieur avertissant qu’un client potentiel vient de passer le pas de la porte. La boutique est lumineuse, et ici, aucune toile d'araignée ne traîne au plafond. Un magnifique comptoir en bois sépare les clients de l'impressionnante étagère aux multiples tiroirs. Tous portent un numéro. Entre la vitrine et le comptoir, plusieurs tables recouvertes de différents présentoirs forment une sorte de couloirs, obligeant toute les personnes désirant faire une demande précise à la personne derrière le comptoir à déambuler parmi elles. Sur les présentoirs des paquets déjà préparer, proposent différentes préparations ou mélange à base de plantes ainsi que des “friandises” à boire ou à manger.

Xera ne s’attarde pas sur les thés, infusions, épices de cuisine et autres biscuits à la cannelle et remonte le chemin la menant devant le comptoir.

- Bien le bonjour, je cherche des champignons étoilés non réduits en poudre s’il vous plaît.

La Fae omet volontairement de préciser qu’elle cherche des champignons séchés, attendant de voir ce que lui propose ce collègue urbain.

Je souris à la jeune femme quand elle me parle de test. Ce n’est absolument pas cela, j’ai besoin de quelque chose et la jolie rousse m’est redevable, donc, je lui demande. Tout n’est pas que stratégie dans la vie, parfois, la réponse la plus simple est la vérité. Ma devise a toujours été, la personne la plus compétente pour une tâche doit se trouver au bon endroit et au bon moment.

Nous entrons donc dans l’établissement qui est toujours aussi bien tenu que dans mes souvenirs, mon acolyte se dirige directement vers le comptoir et demande à l’employé, cette dernière lui réponds d’un sourire très professionnel et lui indique :

Bien sûr, Madame.

Elle se tourne vers l’endroit où est stocké la marchandise et tire rapidement deux tiroirs, sans se tromper, sortant deux petits sachets, les présentant à sa cliente, tout en lui précisant :
Nous en avons des frais, gardé grâce à un sort de glace, à avaler, effet rapide et puissant garantit, mais à conserver au frais ou à consommer dans la journée. Dans cet autre sachet, des sachets, contenant des champignons séchés, ils peuvent être avalé également, mais l’effet sera moins puissant. Certains clients aiment les réduire en poudre pour les fumer.
Je hoche la tête de manière automatique pour montrer que je suis d’accord avec cette dernière proposition. L’effet est beaucoup plus doux que si je les avalais et je cherche juste à me détendre et à affronter un peu ma déprime au fait que tout se ressemble, à cause de ma longévité. L’employé passe ensuite au chose qui fâche et montre les deux paquets :

Celui-ci est à cinq pièces d’or et pour le frais, il est à dix pièces d’or.

C’est carrément du vol, je veux bien que cela soit de la qualité mais à Courage, les prix sont trois fois moins chers ! J’espère que ma jeune accompagnatrice va marchander, j’ai confiance en elle pour faire baisser le prix.

La vendeuse lui répond en souriant, et ne tarde pas à lui sortir deux sachets différents et à lui en expliquer la différence. Xera tique quand elle lui parle de champignon frais, conservé grâce à un sort de glace… Pour elle, ces champignons sont donc peut-être froids mais certainement pas frais selon ses critères. La rousse ne dit rien pour le moment, se concentrant pour écouter attentivement les explications fournies. L’autre sachet contient des champignons séchés, mais aucune précision supplémentaire. À l’annonce des prix de vente, la Fae manque de s’étrangler sous le choc.

- Donc 10 pièces d’or pour les champignons conservé par un froid magique, ce qui a altéré sa qualité, vous savez que les champignons étoilés ont besoin d’une température clémente pour pousser et qu’il supporte mal le froid. Enfin, passons, je suis peut-être une campagnarde, mais comme on dit chez nous, il ne faut pas pousser mémé dans les orties.

La jeune femme marque une courte pause, et reprend la parole avant que la vendeuse n’ait le temps de lui répondre.

- du coup, maintenant, j’ai des doutes sur vos champignons séchés, montrer les mois que je puisse juger de leur qualité s’il vous plaît.

- Bien madame.

L’employé du magasin garde le sourire, sourire de commerciale de façade, d’habitude l’argument du sort de glace pour la conservation faisait mouche sur la clientèle habituelle. Elle ouvre donc l’un des petits sachets contenant des champignons séchés et le pose devant Xera. Cette dernière prend délicatement le sachet et tire l’un des champignons étoilé tout ratatiné, l’observe et hume même son parfum. Elle estime que la qualité est au rdv, mais que le séchage a été bâclé, certainement pour satisfaire la demande. De par son affinité avec l’élément eau, elle sent qu’ils ne sont pas totalement secs.

- Hum mouais ça peut aller, mais certainement pas au prix que vous annoncé, le séchage a été précipité et n’a pas été correctement finalisé, il reste de l’humidité, il manque 2 à 3 semaines de séchage en vérité. Je suis prête à les payer 2 pièces d’or l’unité et dans ce cas-là, je vous en prends 5.


- Madame a 2 pièces d’or, nous ne rentrons pas dans nos frais, et je vendrais à perte, je peux descendre à 3 pièces et demie le sachet.

- 2 et demi ses champignons séchés ne le sont pas complètement, vous le savez et je le sais.

- 3 pièces d’or Madame, je n’irais pas plus bas.

Xera réfléchi, bon elle sait que la vendeuse n’ira pas plus bas, à moins de tenter un dernier coup.

- 2 pièces d’or et j’assèche tout votre stock, enfin, je le déshydrate.

10 minutes plus tard, Fabius ressort de la boutique plus légère de 10 pièces d’or, mais avec 5 sachets de champignons étoilés complètement déshydratés.

- Si vous voulez, je peux vous les broyer en poudre, j’ai le matériel nécessaire, il me faut juste une table.