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  • Sam 7 Jan - 13:53
    Les rues des bas-fonds de Liberty sont de véritables coupe-gorges sur lesquelles même les autorités républicaines n’ont pas de prise. Les disparitions sont régulières, les morts violentes courantes et seule la protection d’un puissant peut vous offrir un semblant de sécurité. Et je suis puissante, le nom de la Gorgone est respecté et craint ce qui assure à mes petits moineaux une forme d’immunité dans ce qui est en train de devenir mon royaume.

    Et pourtant…

    Cela fait quelques semaines que plusieurs orphelins des rues qui me servent d’informateurs et de guides disparaissent sans laisser de traces. Une attaque ciblée, parfaitement orchestrée qui m’a plongée dans une rage folle lorsque j’ai pris pleinement conscience que certains s’en prenaient à ceux que j’ai juré de protégé. Mon premier reflexe fut de soupçonner un membre de la pègre de Liberty. Mais qui aurait été assez fou ou assez puissant pour s’opposer à la Gorgone depuis que je tiens les bas-fonds de cette ville entre mes griffes ?

    Personne. Alors qui ose me défier ?

    **************

    - Ssss.

    Un sifflement sinistre s’échappe d’entre mes lèvres alors que l’homme refuse encore de parler. Un Reikois qui, malgré ses blessures, ne se départit pas de son sourire supérieur. Un parfait représentant de ce peuple fier et robuste à l’arrogance chevillée au corps. Pourtant mes hommes de main ne le ménagent pas et il porte les stigmates des nombreux coups reçus.

    Je me lève de mon fauteuil de bois, déployant ma haute silhouette serpentine, les tentacules sur ma tête s’agitant frénétiquement trahissant la colère qui gronde en moi. Il s’obstine à ne pas vouloir avouer alors même que mes hommes l’ont capturé alors que nous avions tendu un piège aux ravisseurs d’enfants qui sévissaient dans les bas-fonds. Ses compères se sont enfuis, mais lui nous l’avons capturé, il faut juste que j’arrive enfin à le faire parler.

    - Où avez-vous emmené les enfants ?

    L’homme a un léger mouvement de recul, pourtant il n’est pas paralysé par la peur et continue à me défier du regard.

    - Parle…

    Il me crache au visage et un coup de bâton violent le fait se plier en deux en réponse.

    - Ssss.

    J’essuie mon visage d’un revers de la manche avant d’attraper ses cheveux pour tirer sa tête en arrière et dévoiler son cou.

    - Tu ne sssembles pas comprendre qui je sssuis.

    J’ouvre la bouche dans des proportions inhumaines et deux crochets rétractiles tranchants comme des rasoirs surgissent de mon palais. Je peux voir un semblant de panique naître dans ses yeux alors que je plonge dans son cou pour venir le mordre.

    La morsure en elle-même n’est pas très douloureuse. La peau fragile n’oppose que peu de résistance à mes crochets acérés qui se plantent dans sa chair. Non, ce qui est insupportable c’est lorsque le venin se répand dans vos veines, comme une brûlure atroce qui le fait enfin hurler de douleur.

    Le venin de la Gorgone.

    Je m’écarte avant de susurrer à son oreille.

    - Mon poison est dans tes veines, il va ssse répandre en toi, ta vue va ssse brouiller, tes sssens dysssfonctionner, tu vas avoir du mal à ressspirer, tes muscles vont ssse figer.

    Un gloussement nerveux alors que je passe une griffe sur sa joue.

    - Mais tu ne mourras pas, enfin pas tout de sssuite. Alors je reviendrai pour te mordre, encore et encore, jusqu’à ssse que tes poumons refusent de fonctionner, tu vas étouffer, lentement. Sssais-tu ssse que sssela fait de vouloir ressspirer mais de na pas pouvoir. C’est… une sssensssation absolument atrossse.

    Je relâche sa tête me satisfaisant des supplications qui s’échappent de sa bouche.

    - Non… vous n’avez pas le droit.

    Un rire sifflant.

    - Bien sssur que sssi, j’ai tous les droits car tu as osé pénétrer sssur mon territoire…

    **************

    Il a parlé et j’ai mis fin rapidement à ses souffrances. J’ai appris qu’il faisait partie d’un groupe d’esclavagistes Reikois. Pourtant le Reike a mis fin à l’esclavage, mais il faut croire que certaines habitudes ont la vie dure. Malgré tout ces lâches ont préféré opérer sur le territoire de la République ce qui, en soi, est plutôt fûté aux vues de la relation tendue entre la République et le Reike. J’imagine que certaines personnes haut-placés de l’Empire détourneront les yeux aisément s’il s’agit de républicains, orphelins de surcroît, considérant même peut-être qu’ils font preuve de noblesse en les accueillant dans le glorieux Empire du Reike.

    Abject…

    Quoiqu’il en soit, plusieurs dizaines de mes moineaux ont été emporté là-bas et je n’ai pas le bras assez long pour agir efficacement en dehors des murs de Liberty. J’ai cherché à activer quelques réseaux de la Pègre, ne recevant que des refus polis et craintifs. Tous des lâches qui ne soucient pas du sort des quelques orphelins désœuvrés dont personne ne pleure la disparition, à part moi.

    Il me reste une dernière option, quelque chose que je n’aurai pas cru possible il y a encore quelques mois. Tagar Reys, Contrôleur du Reike, homme influent et intègre qui, à mon grand étonnement, partage avec moi quelques valeurs quand il s’agit de dignité humaine. Le sort de ses enfants ne le laissera surement pas indifférent. Et justement je viens d’apprendre qu’il visitera la ville-frontière de Kouiji dans quelques jours.

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  • Dim 29 Jan - 17:19
    L'homme est là, sous bonne escorte et sa popularité va bien au-delà ce ce que j'aurai pu imaginer. Ministre des finances du Reike, rien que ça, et je me demande une nouvelle fois si tout cela est vraiment une bonne idée. Sauf que je n'ai pas vraiment le choix, surtout maintenant que mes pas m'ont mené jusque là...

    Une opportunité peut-être alors qu'un besoin naturel pressant guide l'homme dans une zone emménagée à l'abri des regards. Je lance alors ma petite troupe d'enfants des rues à l'assaut. Oh, ils sont bien moins impressionnants que les soldats qui veillent sur l'entrée pour empêcher les curieux de venir déranger leur ministre, mais ils sont chahuteurs et chapardeurs, espiègles et bruyants, venant quémander moults piécettes en tirant sur les vestes de cuir. Suffisant pour attirer l'attention de l'escorte de ma cible, rapidement excédée par mes petits moineaux insistants, et qui en oublie la silhouette encapuchonnée qui se glisse en silence derrière leurs dos.

    Ce n'est pas vraiment un lieu de rendez-vous idéal, mais au moins nous sommes seuls à seuls. J'attend qu'il ait terminé pour rabattre la lourde capuche qui couvre mes tentacules serpentines. Nul besoin de me présenter, il faut dire que mon visage est pour le moins difficile à oublier. Alors autant ne pas perdre de temps en mondanités inutiles et ma voix sifflante s'élève.

    - J'ai besoin de vous...

    Je lui expose ensuite en détails ce qui m'amène à venir le rencontrer dans un endroit si peu ragoutant. L'enlèvement de mes petits moineaux, le reikois que j'ai capturé et torturé pour qu'il parle et la certitude que des esclavagistes reikois sont encore à l'œuvre malgré l'interdiction de leur impératrice. Des esclavagistes qui opèrent en République, surement par crainte de représailles dans leur propre pays, mais qui n'hésitent pas à rapatrier leurs prises dans l'Empire pour les vendre aux plus offrants.

    Reste maintenant à savoir s'il sera prêt, de nouveau, à agir contre ses compatriotes pour défendre ses valeurs.

    - M'aiderez-vous ?

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  • Dim 5 Fév - 21:16
    - Bien sûr, je vous aiderai.

    Encore une fois sa réponse me surprend. Nous n'appartenons pas au même monde, je fais partie de la pègre, lui est ministre d'une des nations les plus puissantes du Sekaï. Il évolue du côté de la Loi quand moi je prône le Chaos, et pourtant il accède à ma demande sans poser de questions comme s'il s'agissait de quelque chose de naturel. J'imagine que cela doit le déranger, car son impératrice a décrété la fin de l'esclavage, mettant un coup d'arrêt à une tradition séculaire. D'où sûrement son empressement à me proposer son aide pour punir les récalcitrants et satisfaire son honneur de Reikois.

    Je lève un sourcil sous ma capuche lorsqu'il me présente sous le sobriquet de Dame Kaa. J'ai pris soin de dissimuler au maximum mes attributs hybrides et surtout mes tentacules qui ont du mal à rester bien sagement en place sous l'épais manteau que je porte. Heureusement que le froid mordant me fournit une excuse légitime pour porter un tel accoutrement.

    L'échange entre Tagar et ses hommes est assez savoureux. Apparemment le Reikois n'est pas du genre à se cacher derrière ses gardes et lorsqu'il entre en scène cela se remarque. J'observe alors plus précisément mon interlocuteur, me demandant bien comment il a pu détruire une habitation...

    Je secoue la tête de droite à gauche en réponse à sa question avant de préciser mon propos.

    - Je n'en ai aucun idée. Mais ils sssont passssés dans sssette ville frontière. J'en sssuis sssertaine.

    Je peux assez aisément savoir ce qui se passe dans les frontières de la République en m'adressant aux bonnes personnes. Mais en dehors je n'ai pas les connexions nécessaires pour obtenir ce genre d'information.

    - Et la marchandise qu'ils transssportent peu diffisssilement passssée inapersssue aux yeux des autorités.

    De là à imaginer que certains aient fermé les yeux après s'être fait graisser la pette, il n'y a qu'un pas...

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  • Dim 5 Mar - 19:32
    Je déteste évoluer en pleine lumière. Les rues sont trop larges et trop lumineuses, moi qui suis habituée à la pénombre perpétuelle et rassurante des bas-fonds de Liberty. Je me rends compte alors que je suis démunie en ce lieu, à la merci du bon vouloir de l'homme dont j'ai requis l'aide. Car je ne suis plus sur mon territoire...

    La demeure est luxueuse, l'homme obséquieux qui nous accueille affiche sans honte une richesse dégoûtante pour qui a connu les venelles sordides des lieux les plus pauvres de la capitale de la fière République. Je réprime un haut-le-cœur devant ce grand déballage, me retenant de planter mes griffes dans la gorge de notre hôte.

    Je reste silencieuse, mon visage toujours dissimulé par la lourde capuche de mon manteau, légèrement à l'écart du Sieur Tagar, telle une ombre silencieuse.

    L'homme feint la surprise devant la question sans détour que lui pose son ministre. Mais une courte hésitation le trahit, tout comme cette lueur de crainte qui illumine fugacement son regard.

    - Des enfants républicains enlevés ?

    Un sourire forcé étire ses lèvres.

    - Mais Messire, l'esclavage est interdit dans l'Empire et il n'y a plus d'esclaves à Kiouji conformément au désir de l'Impératrice, loué soit son nom.

    Ce fieffé menteur en sait plus qu'il ne veut le dire et je fais un pas en avant, révélant ma chevelure serpentine qui s'agite furieusement dans la direction de l'homme. Mon regard jaune fendu de noir scintille d'une lueur doré et intimidante. Je pourrai le pétrifier d'une simple pensée, mais je me contente de m'adresser à lui d'une voix dénuée de toute émotion.

    - Vous mentez.

    Il ouvre la bouche de surprise, balbutiant ridiculement en se tournant vers Tagar comme s'il pouvait trouver un soutien auprès du Reikois.

    - Mais...

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  • Jeu 16 Mar - 20:18
    Un rictus malsain étire mes lèvres fines lorsque Tagar bloque toutes les entrées et brise en quelques mots les espoirs du pauvre homme qui commence à se décomposer devant nous. Sa bouche s'ouvre et se ferme plusieurs fois sans qu'un son n'en sorte avant qu'il supplie son ministre des finances de lui venir en aide. Je sens une haine profonde bouillonner en moi, cet homme est tout ce que je déteste le plus au monde,  un être abject qui abuse visiblement de sa position de pouvoir.

    Mais ma colère se calme lorsque je me retrouve avec une tasse de thé dans les mains. Mon acolyte est vraiment étrange, avec des manières un peu désuètes qui prêtent à sourire. Mais ce qui est certain c'est qu'il a un profond sens de l'honneur chevillé au corps et qu'il déteste plus que tout que l'on s'en prenne à des enfants. Et pour cela il mérite mon respect.

    Je bois lentement le thé brûlant, presque comme si de rien n'était ce qui ne fait que rendre l'homme encore plus nerveux. Il baragouine encore quelques mots, me suppliant de ne pas lui faire de mal, en répétant qu'il n'a rien fait. Pourtant, je peux sentir la peur qui s'échappe de tous les pores de sa peau, et cette peur ne peut pas uniquement être due à mon apparence monstrueuse.  

    Je pose la tasse vide sur une petite desserte avant d'approcher lentement de lui, de cette démarche ondulante et reptilienne qui n'appartient qu'à moi. Les tentacules sur ma tête se dirigent vers lui, comme s'ils étaient animés d'une vie propre, menaçant de le toucher. Il recule, lançant des regards suppliant à l'autre reikois qui ne bouge pas. Mais bientôt il se retrouve contre la plaque de métal froide qui bloque la porte, le privant de tout échappatoire. Mes tentacules glissent dans ses cheveux, caressent ses joues et je pose une griffe sur son torse.

    Ma voix est sifflante et sinistre.

    - Parle ou je te tue.

    Il gémit et je sens une odeur d'urine s'élever dans l'air alors qu'il vient tout bonnement de se pisser dessus.

    - Pitié, je n'ai rien fait, je vous le jure.

    J'appuie ma griffe plus fort contre sa poitrine, mais c'est le tentacule qui s'entoure vicieusement autour de son cou qui le fait paniquer. Il hurle presque.

    - Je savais pas, je savais pas, je vous en prie.

    Il commence à éclater en sanglots, mais ma main s'empare de son menton pour la forcer à croiser mon regard jaune qui ne cille jamais.

    - Tu ne sssavais pas quoi ?

    Il articule difficilement entre deux sanglots.

    - Ils ont dit qu'il avait de la marchandise à faire transiter à Kyouji, mais qu'ils voulaient être discrets. Il y a des entrepôts en périphérie de la ville, alors je leur aie permis de les utiliser et j'ai fait en sorte que la garde ne fourre pas son nez dans leurs affaires.

    Mon regard se fait d'or devant l'aveu de cet homme. En plus d'être un lâche, il est veule et corrompu jusqu'à la moelle.  Un sifflement dédaigneux accueille ses paroles, pourtant je le libère et il tombe à genoux dans sa propre pisse.

    - Je ne sssuis pas chez moi.

    Je m'approche de Tagar qui a observé la scène sans bouger.

    - Sss'est à vous de rendre jussstice sssur vos terres.

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    Invité
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  • Lun 10 Avr - 11:02
    Cela n’aurait tenu qu’à moi, l’homme serait mort, lentement et dans d’atroces souffrances, subissant la morsure de la Gorgone et le feu de mon venin. Mais je suis loin de mon territoire, loin de chez moi et je dois m’en remettre à la décision de Tagar Reys. A vrai dire, je ne suis pas certaine que le traître y gagne au change, aux vues de la réputation qu’ont les barbares reikois.

    Un moment de surprise lorsque le ministre s’adresse de nouveau directement à moi. M’engager ? Cela me semble si ubuesque que j’imagine qu’il blague, mais visiblement ce n’est pas dans les habitudes du reikois de ne pas être sérieux en toutes circonstances.

    - Désolée, mais je ne sssuis au ssservice de persssonne, et je ne sssuis pas de votre peuple.

    Je suis une enfant des bas-fonds de Liberty, un pur produit de la décadence de cette ville et des inégalités de la République.

    - Sssavez-vous où ssse trouve ssses entrepôts ?

    *********************

    De nouveau le ministre fait appel à Ariane Rosar, une de ses gardes originaires de cette ville. Elle nous conduit aux abords de la ville, une zone couverte d’entrepôts accueillant des marchandises en transit entre la République et le Reike. En tant que ville frontière, Kyouji tire sa richesse du commerce. L’endroit est calme à cette heure de la journée. Quelques carioles circulent encore entre ses larges avenues qui desservent des dizaines et des dizaines d’entrepôt.

    Tout semble calme, pourtant…

    - Attendez.

    Je stoppe la troupe des reikois, lourdement armée et peu discrète. Un sifflement bref et strident s’échappe d’entre mes lèvres et une nuée de jeunes enfants et adolescents sortent des ombres pour nous rejoindre. Mes petits moineaux, une dizaine de pauvres gamins jetés dans les rues de la capitale républicaine et que j’ai pris sous mon aile.

    Je chuchote quelques instructions et ils s’égaient dans les ruelles, revenant après une dizaine de minutes pour me murmurer ce qu’ils ont vu. Mes poings se serrent et ma voix est tremblante et haine et de colère.

    - Ils sssont un peu plus loin. Parqués dans un entrepôt. Une douzaine d’hommes les sssurveillent, armés, et ils ont des guetteurs.

    Trop nombreux et trop bien armés pour ma petite troupe. Il me faut donc encore une fois compter sur le ministre…

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    Invité
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  • Mer 10 Mai - 22:05
    L’échange entre le reikois et le dénommé Robert n’est pas vraiment rassurant. Déblayer les corps de bandits de sous les décombres ? Mon regard jaune fendu de noir se pose un instant sur ce ministre bien élevé et apparemment mesuré qui dissimule une nature espiègle et joueuse.

    - Je vous propose que l’on y aille à deux.


    Un voile de surprise traverse mon visage devant cette proposition. Discuter ? Avec ceux qui ont osé enlever mes petits moineaux ? Ma mâchoire se crispe légèrement, signe que cela ne me plait guère et que je souhaite qu’ils soient tous passés par le fil de l’épée. Mais ai-je vraiment le choix ? Je ne suis pas sur mon territoire, mon autorité ici n’est rien et ma fierté ne pourra rien y changer. Je soutiens son regard un moment, pour essayer de percevoir du doute ou de la crainte dans ses yeux. Mais non, il semble intimement sûr de lui, et, comme son sergent, je dois m’avouer vaincue.

    - Nous ferons comme bon vous sssemblera.

    Je ne suis pas une combattante et je me demande un instant si le ministre en est bien conscient alors que nous avançons à découvert en direction de l’entrepôt où sont retenus les enfants. Nous sommes rapidement repérés et il est certain que des arcs sont pointés sur nous, prêts à décocher leurs traits mortels. Non, décidément, cette idée est une folie…

    Mon accompagnateur stoppe devant une petite porte et frappe quelques coups comme s’il s’agissait d’une simple visite de courtoisie. J’imagine que les occupants doivent être tout aussi désarçonnés que moi lorsqu’il m’a exposé son plan. Il faut dire que qui imaginerait que des sauveurs viennent tout simplement toquer à la porte…

    Quelques longues secondes s’écoulent avant que la porte s’ouvre sèchement. Un homme massif apparaît dans l’encadrement, le visage couturé de cicatrice et la main posé sur un marteau de guerre intimidant. Il nous regarde de son regard sombre, tiquant légèrement en me voyant avec de reporter son attention sur le reikois.

    - Y’a rien à voir par ici alors cassez-vous.

    Bon, au moins cela a le mérite d’être clair. Il semblerait qu’on dérange…

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    Invité
    Invité
    Anonymous
  • Jeu 18 Mai - 20:20
    - Je suis venu recueillir votre reddition.

    Si l'homme qui nous barre l'entrée est surpris, je le suis tout autant. Mon compagnon est fou, et suicidaire de surcroît, je ne vois que ça qui puisse expliquer son comportement alors qu'il se saisit de ma main pour m'entraîner à l'intérieur, profitant de l'incrédulité du garde qui n'ose pas nous stopper.

    Mon attention se porte alors sur la cage et je sens mon cœur qui se serre à cette vision. A l'intérieur des orphelins, des enfants des rues, des petits moineaux que j'ai accueilli sous mon aile et qui me servent avec dévouement, devenant mes yeux et mes oreilles dans les bas-fonds de Liberty. Je constate avec soulagement qu'ils n'ont pas l'air d'avoir été maltraité, mais je peux lire la peur dans leurs yeux, qu'accompagne un vibrant espoir. Celui que nous puissions les libérer.

    Sauf que la situation est loin d'être à notre avantage et je ne comprends pas la manœuvre du reikois. Je ne suis pas une combattante, je ne l'ai jamais été et je me demande vraiment ce qu'il a pu penser en provoquant ces hommes et en se jetant ainsi dans la gueule du loup. Ils sont douze, des mercenaires aguerris à priori et je doute qu'ils hésitent à nous passer par le fil de leur épée. Je lâche la main de Tagar en sifflant.

    - Je ne crois pas que sss'était une bonne idée...

    Un premier homme approche, et mes yeux jaunes fendus de noir se parent brusquement d'or lorsque je croise son regard haineux. Sa peau durcît alors, prenant une teinte grisâtre proche de celle de la pierre alors qu'il se transforme en statue vivante. Je ne suis pas une combattante, mais je ne suis pas complètement démunie.

    - Bordel, cette salope est une sorcière, évitez de croiser son regard.

    J'ai pu bénéficier de l'effet de surprise, mais maintenant qu'ils sont au courant, cela sera beaucoup plus difficile. Je dois donc m'en remettre à mon compagnon pour sauver ma vie...
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