Le mage se frotta les yeux. Bon sang, depuis combien de temps était-il à la rédaction de ce nouveau rapport ? Pourquoi était-il si compliqué d'organiser des aides pour cette bourgade, qui avait connu un enfer avec cette sorcière ? Cette vieille peau, pour être plus précis. Il soupira, se redressa et s'affala à moitié sur sa chaise. L'Esprit se montrait intraitable pour ce qui était du contenu des rapports et vu ce qui s'était passé là-bas, il tenait à ce qu'Alaric coule tout ce qui s'était passé dans le moindre détail, en plus de prévoir un retour là-bas pour réévaluer la situation. Combien de jours s'étaient écoulés maintenant ? Bordel, il était tellement crevé qu'il n'arrivait même plus à compter avec exactitude. Il soupira et posa sa plume. La fin de ce rapport attendra qu'il se soit reposé... et surtout de s'être assuré que ce qu'il avait commandé ; pour ne pas dire exigé ; en vue de sa prochaine inspection. Les rescapés, si on pouvait les appeler ainsi, auront besoin d'autres choses que de quoi remettre en état leurs maisons ou leurs biens personnels... Oui, il devrait vérifier si on lui refusait certaines choses ou si on préférait attendre qu'il revienne de sa visite là-bas pour exprimer ses réels besoins. Il le pressentait gros comme une maison...

Envoyé là-bas dans un premier temps pour évaluer ce qui s'était tramé là-bas et agir en conséquence, il ne s'était pas attendu à un tel bazar de paperasse à subir une fois sa tâche accomplie. Tout cela parce que de base, des doutes avaient été émis quant à l'origine des murmures, qui avaient fait fuir une bonne partie des habitants et tuant lentement celles et ceux qui étaient demeurés sur place. Alaric avait découvert que la source de ces néfastes interventions mentales n'étaient pas pour source le Berceau mais cette.... personne au potentiel mortel. Alors forcément, cela demandait des traces écrites précises ! Pour mieux diffuser à qui de droit les éléments concernant ce sinistre individu !

Il se leva d'un seul coup et serra les dents. Se mettre en colère maintenant ne serait que perte de temps et d'énergie. La fatigue était telle qu'il revoyait le visage de certains des individus qui avaient subi le joug mental de cette dangereuse femme. Il se rapprocha à l'hypothèse première que cela venait du Berceau... Le compte rendu qu'il avait demandé, où l'avait-il mis ? Merde ! S'il ne remettait pas la main dessus, il était bon pour en demander une copie et cela prendra des heures... Il inspira pour se calmer un peu. Il se revoyait en train de lire une liasse de parchemin dans sa chambre. Bon, il ne pouvait qu'être là, ce compte rendu. Se frottant une fois les yeux piqués par la fatigue, il hésitait. Il se connaissait. Il mettra la main dessus et retourna à son écriture. Allez, c'était décidé ! Pause ! Il va aller prendre un bon thé, quelques petits pains aux fruits secs et il prendra le temps de s'aérer l'esprit. De toute façon, qu'est-ce qui pouvait arriver qui pourrait grandement le faire chier ?

Durant quelques secondes, Alaric s'était retourné pour fixer toute la liasse de parchemins qui traînaient sur son bureau. Sourcillant, il hésitait. Le travail sera encore long et surtout loin d'être terminé. Une fois que tout ce qu'il avait planifié sera plus ou moins en place, il devra encore prévoir un nouveau voyage vers la bourgade sinistrée, pour continuer à les aider à  se remettre d'aplomb. La perte de proches, la disparation de certains, la dégradation des établissements et des maisons... tout cela aura un impact psychologique persistant sur les rescapés de cette folie murmurante et des citoyens qui auront eu le temps de fuir. Aura ? Non, ces malheureux étaient déjà touchés par les conséquences de cette vieille peau... Diantre ! S'il remettait la main sur elle, il ne lui fera pas de cadeaux. Il grinça d'ailleurs des dents en se rappelant qu'elle était toujours en fuite. 

Amèrement, il chassa cette pensée et essaya de refaire mentalement le point de ce qu'il pourrait négliger pour cette nouvelle expédition. Normalement, il avait tout. Il avait déjà en tête l'organisation de comment traiter les malades, les blessés et les traumatisés. Même s'il n'était pas un médecin voué à réparer les dégâts sur l'esprit, il emploiera toutes ses connaissances médicales pour que tous retrouve une vie plus ou moins normale... Le travail pourrait être long. Au moins, de voir que le Mage d'Etat revenait sur place leur redonnerait un peu de confiance en eux ? Certains habitants épuisés à l'extrême avaient manqué de....

On frappa fortement à la porte. Chaque coup paraissait d'une détermination certaine. Qu'est-ce qu'on lui voulait encore ? Et dire qu'il s'apprêtait à sortir...

"Un instant !"

Peu importait l'importun qui toquait à ses appartements, il sortira. D'ailleurs, il prit le temps de remettre en place sa tenue, s'assura d'être d'apparence convenable et se dirigea à la porte. Sa main se posa sur la poignée qu'il tourna vivement et ouvrit le battant. Il fronça des sourcils en voyant l'être qui se dressait devant lui. Rien que de le regarder, il sut tout de suite sur qui il tombait. Il en avait tellement entendu sur ce gaillard qu'il n'avait eu aucune peine à le reconnaître. Le physique suffisait parfaitement. Déjà agacé, il prit le temps d'inspirer pour ne pas se montrer discourtois à l'égard de son "confrère"

"Salutations... En quoi puis-je vous être utile ? Si c'est pour les taxes, je suis à jour depuis longtemps..."

Réplique bête certes, mais qui avait le mérite de montrer qu'il connaissait le "joyeux" luron en face de sa trogne. 

" Et je m'apprêtais à sortir pour poursuivre les devoirs impériaux. "

Et pas impérieux, même s'il se faisait violence pour ne pas le jeter dans la conversation. Bon sang, il espérait que cela ne prendra pas des plombes sa venue à celui-là !

Quand on en était à se demander à ce qui pourrait encore tomber sur le coin du nez, là, Alaric avait reçu du lourd.... Bordel, il n'aurait jamais fini à faire ses préparatifs ! Qu'est-ce que ce Contrôleur d'État était venu l'emmerder avec le drame de la bourgade ? Chose certaine était que le bougre sut employer la bonne formulation pour exiger du Mage d'État de lui accorder du temps à lui consacrer. Il n'avait pas volé sa réputation ! Se retenant autant de soupirer que de rouler des yeux d'agacement, l'humain recula d'un ou deux pas pour qu'il entre dans son bureau. 

*Je sens que cela va être long...*pensa-t-il, malgré la prétention de son homologue à prétendre le contraire. Long et barbant… 

Avant même de faire un geste d'invitation à pénétrer dans son bureau, le barbu à la réputation inflexible y pénétra, s'imposant d'office. Cela provoqua un froncement des sourcils du Mage, qui voyait en cette attitude une petite démonstration de position. Ça commençait bien ! Il referma la porte. 

Quand il rejoignit Ben en quelques pas, ce dernier était en train de voir l'étendue, ou plutôt, l'amoncellement des piles de dossiers sur son bureau.

"Et je le suis encore... Certains dossiers requièrent encore de mon attention, dont celui qui aborde ce qui s'est passé dans la province du Mont Kazan. Vu que cette affaire est d'importance et touche nos compétences respectives, je vous écoute, pour voir ce qu'un modeste Mage d'Etat tel que moi peut vous apporter comme apport professionnel dans ce tragique événement..."

Il ne serait pas surpris si le vieil homme à barbe de bouc le questionnerait sur l'état de la population et de sa capacité à respecter les délais de paiement des taxes et des impôts... Le Contrôleur royal faisait toujours du zèle, de toute façon. Peu lui importait les tragédies vécues ou non des citoyens reikois. Quand le devoir de tout habitant était de payer ses contributions, pour lui, personne ne pouvait s'en déroger, peu importait les excuses. D'ailleurs, autant provoquer la question non ? Hum, finalement non… Autant le laisser s'exprimer.

Le ton que prit le Contrôleur ne plut guère à Alaric. Restant pour l'instant silencieux, il se contenta de fixer le vieil homme à barbiche, sourcillant sur son éloquence de reproches à son égard. Et quand ben se permit de jouer les moralisateurs, en le nommant par son grade au sein des Forces Médicales Reikoises, afin de le mettre un rang en dessous de lui durant son sermon. Cela eut l'effet d'agacer plus profondément encore le Mage d'État. Déjà qu'il ne se prenait pas pour qui, avec la réputation qu'il laissait dans son sillage, mais il se permettait d'en rajouter une couche, dans son bureau même ! 

Ce fut au tour du mage de croiser les bras sur sa poitrine quand se rapprocha le vieux grincheux. Il avait beau être d'une taille de plus que lui, il ne l'impressionnait pas. Il n'était pas un payeur en retard de ses taxes à payer ! Non mais pour qui se prenait-il ! Et d'entendre que les victimes de la vieille mégère murmurante avaient obligation de répondre de leurs devoirs envers l'Empire, peu importait ce qu'ils savaient subi... cela mettait presque Alaric dans une position plus énervée encore. Une sourde colère enflait dans son esprit. Et quand il déblatéra de sa puante autorité, en osant se rapprocher de lui encore…

Ben le Bouc l'exécrable ! 

Alaric se retenait de lui rentrer dans le lard, par le biais des verbes. Ce gugusse ne l'impressionnait pas, et il n'était pas sur place quand lui, a dû faire un choix. Oui, il avait laissé échapper cette garce, malheureusement. Il aurait mieux lui peut-être ? En tout cas, il n'allait pas se laisser insulter de la sorte.

"Ils seront sur pied quand j'estimerai qu'ils seront tous entièrement remis de leurs blessures émotionnelles comme physiques. Les sujets de l'Empire ont un devoir à accomplir, en effet, mais à la condition d'être en état d'y répondre. Et à l'heure actuelle, ce n'est pas le cas. Pour que des gens paient les taxes, il faut qu'ils aient les moyens. Or, les survivants de cette bourgade ont connu un traumatisme tel que vous les pressez comme un citron ou que vous les suciez jusqu'à la moelle ; ils seront incapables d'être productifs et donc de payer des taxes sur le long terme. Quant à l'ennemie du Reike, comme vous le dites si bien, un rapport a été transmis aux autorités compétentes avec tous les détails et les descriptifs de sa personne. J'ai accompli mon devoir et estimez-vous heureux ! En privilégiant des vies humaines à la place de la tête de cette malveillante, vous aurez des taxes à prélever, au pire des cas, l'année suivante. "

S'il croyait s'en tirer comme cela l'autre énergumène ! 

"De plus, vous m'empêchez de terminer mes préparatifs, pour me rendre à cette bourgade et procéder à un nouvel état des lieux et voir ce que je peux apporter comme soutien et soins pour ces pauvres gens. Allez-vous aussi me reprocher à la limite de l'insulte que je provoque des dépenses inutiles aussi ? "

Il était pire qu'une tique, bien accrochée, toutes griffes sorties pour qu'on ne réussisse pas à la déloger de sa proie. De plus en plus agacé, le Mage d'Etat se pinça l'arête supérieure de son nez en ravalant un soupir. Comment pouvait-il accepter pareil énergumène dans les rangs des fonctionnaires ? Vraiment ! Toujours l'index et le pouce frottant le haut de son nez, afin de s'épargner d'éclater ; ou presque, Alaric devait trouver un moyen de remballer l'autre ahuri dans ses fonctions, pour le faire dégager à ce qui touchait à son affaire. Déjà qu'il le menaçait de l'envoyer voir le Cœur ou carrément de se retrouver face au couple royal pour évoquer ce que le contrôleur jugeait comme des pertes financières pour des futilités...Il retira ses deux doigts du haut de son nez. 

"Et bien, vous attendrez un an s'il le faut, Contrôleur ! La Couronne n'aura que faire de vos enfantillages et de surcroît pour une bourgade qui se trouve en plus sur une voie commerciale. Pensez-vous que le Coeur sera ravi, lui, de voir l'accroissement des frais de transports parce que les convois continueront de faire le grand tour au lieu de repasser par cette bourgade, faute de structures pour les accueillir et faire reposer leurs bêtes, en plus de faire un peu de commerce sur place ?"

Le silence qui s'instaura quelques secondes fut lourd. Alaric toisa son interlocuteur, plus encore quand il essaya de rajouter un autre poids dans la balance de cette affligeante conversation. Voilà que c'était la faute des citoyens maintenant. 

"Vous oubliez en effet les valeurs impériales. Oublierez-vous que l'Empire finance temporairement tout citoyen qui a perdu son travail de manière injuste ? En cherchant des prétextes pour que vos carnets de comptes fassent de jolis résultats sur le parchemin, pour votre seule jouissance, en m'emmerdant avec mon travail que je mène à l'égard de cette bourgade, vous laissez des dépenses sur le côté qui s'avèreront plus longues et donc plus coûteuses. Y avez-vous songé ? Bien sûr que non ! Cette ville et ces citoyens, s'ils ne sont pas rapidement remis sur la bonne voie par le travail de fonds que je fais, pour remédier à leurs situations dans les meilleures conditions possibles, vous coûteront à vous. "

Il se rapprocha de Ben et tendit son index pour lui tapoter le haut de son sternum, pour rajouter du poids à sa verve. 

"Le décret impérial demande un effort, et de la part de tous. Alors cesser de m'enquiquiner, et aller replonger votre nez crochu de Contrôleur dans vos paperasses, pour faire votre boulot, avant de commencer à venir chercher à serrer la vis sur mes devoirs et ma mission. Quand vous aurez mieux approfondi votre affaire, vous pourrez revenir m'en parler. Maintenant, sortez de mon bureau. "

Alaric commençait à sentir que l'agacement montait au stade de l'énervement. Quelle plaie ce type ! Il tenait à ne pas lâcher l'affaire ! Lui non plus, d'ailleurs ! Il était aussi borné et déterminé que lui ! Cela amenait clairement à une impasse et aucun des deux ne cédera du terrain. Des dissensions au sein de deux professions d'État pouvaient se produire, mais à ce niveau-là ! L'autre vieux plouc ne visait que les finances et peu lui importait l'état mental et physique des survivants d'une bourgade qui se trouvait sur une voie commerciale fréquentée. En plus, il était bouché pour le surcoût des caravanes détournées que cela engendrerait ! Il eut envie de lui hurler dessus. Fulminant intérieurement, il réussit à mordre sur sa chique, les dents serrées, pendant que le vieux barbu chauve déblatérait sa répartie. Clairement, il omettait sciemment certains faits à conséquences que le mage d'État lui avait précis. Il n'en avait clairement rien à cirer, ou alors sa mémoire à court terme était clairement déficiente et il n'en avait même pas conscience.


Quand le servant des finances mima son geste, pointant son index sur sa poitrine, Alaric darda un regard plus glacial à son encontre, demeurant toujours stoïque. Et quand ENFIN le bouc eut fini de faire tout son discours, Alaric put prendre la parole. Bordel ! L'envie de le cogner d'un bon uppercut lui démangeait le poing !

"Je crois que vous portez depuis bien trop longtemps des œillères pour rester fixé sur votre travail et devenir inapte à comprendre l'environnement dans lequel vous vous trouvez surtout ! NOTRE TRAVAIL est de servir l'Empire, de base ! NOTRE TRAVAIL est d'accomplir ce pourquoi nous sommes à nos postes respectifs et pour servir le bien commun ! À vous entendre, les malheureux de ce village n'ont qu'à s'en prendre qu'à eux-mêmes ? Avez-vous oublié que dans une bourgade, il n'y a pas que des hommes ? Il y a aussi des femmes, des enfants, des vieillards ! Et ne me parlez pas de licenciement quand toute une bourgade se retrouve désemparée. Je vous invite alors à aller voir les bureaux du commerce, qui gèrent les convois, pour leur sommer de repasser là-bas ! "

Sûr que ce gugusse préférait s'accrocher à une certaine forme de généralité. Pour lui, peu importait l'âge en fait ! Il n'avait que le terme citoyen juste bon à payer dans ses sales neurones décrépis. Ça et le fait que ces mêmes gens, tous classés derrière qu'un terme administratif couché sur le parchemin, ne pourraient pas réchapper à leurs taxes. Quel esprit inhumain !

"Je joue sur les mots selon vos dires… Je ne joue pas l'anguille sur les conséquences à long terme de ce drame. Ce n'est pas vous qu'on a envoyé sur place. C'est moi. Vous n'avez pas les éléments nécessaires en main pour prendre des décisions qui vont à l'encontre de mes tâches. Et ce n'est pas vous qui auriez eu des choix à faire et sur place. Vous êtes là pour me juger alors que vous n'en avez pas les attributions, pour porter des réflexions sur ce qui s'est passé alors que vous vous êtes contenté de lire mes premiers rapports de cette situation. Aisé de l'ouvrir comme vous le faites en restant bien à l'abri de ce genre de crise ! "

Ne pas s'emporter... ne pas s'emporter !

"Vous voulez faire votre travail ? Très bien ! Vous le ferez quand j'aurai apporté mon rapport final, quand tout sera redevenu conforme, quand j'estimerai personnellement que j'aurai fait ma part de travail vis-à-vis de cette bourgade. "

Puis, il le toisa plus froidement encore

"Je vous ai demandé de sortir de mon bureau. "

Un rien suffirait à ce qu'il l'envoie se faire voir chez les Titans... Ou alors d'aller voir un autre Shekhikh pour évaluer son niveau mental actuel. Il devait être tellement surmené cet imbécile qu'il ne devait même y prêter attention, ce qui expliquerait qu'il ne se focalise de trop que sur une partie de ses tâches... qu'il soit surtout obnubilé par les taxes et les impôts et qu'il se détache de toute émotivité humaine !

Alaric dardait toujours son regard courroucé sur l'officier taxateur. Il espérait qu'une chose : que Ben ne vienne pas remettre une couche pour essayer d'avoir le dessus. Il n'y avait rien à tirer d'une tête butée telle que lui ! Et surtout, qui le prenait de haut depuis le début de son entrée dans le bureau. Sa fonction impériale était importante, mais la sienne aussi ! Par contre, son égo lui était bel et bien démesuré. Quand le bouqueux chauvin décida enfin de prendre la voie de la sortie, ce fut pour placer une nouvelle réplique cinglante. Il cherchait encore le vieux bougre ! L'envie de réellement l'injurier était si tentante, mais ce serait puéril et gamin. Alaric sut ravaler cette rageuse envie, laissant le vieux barbu maugréer dans son coin. Il jugeait, grand bien lui fasse. Ce n'était pas lui qui gérait les Mages d'Etat, donc ses mots ne pouvaient pas avoir de la valeur.

Par contre, l'impact de son épaule n'était pas appréciable du tout. Qu'il était détestable cet homme, vraiment ! Allez, qu'il sorte, qu'il aille... Bordel, pourquoi il s'arrêta à quelques pas de la porte. Alaric jura mentalement. Il avait encore quelque chose à dire, le vieux bouc ! Ce n'était pas possible, ça. Il tenait réellement à le faire chier jusqu'au bout. Quand le vieux casse-pied tourna légèrement la tête dans sa direction. Le mage le regarda froidement, n'étant même pas surpris de ne pas croiser ses yeux vicelards. Tant mieux, dans un sens ! S'il aurait été capable de le prendre comme une ultime provocation, qui l'aurait fait réagir et vraisemblablement sortir de ses gonds. Une colère sourdait en lui, cherchant une faille par laquelle s'insinuer pour sortir hors de lui. La contenir n'était pas évident. Quand on remettait en question ses devoirs envers l'Empire, alors que la tierce personne n'avait pas cette aptitude, la dénégation n'était pas acceptable ! Plus encore, quand il jugeait sans savoir !

Il inspira longuement. Sa dernière réplique était piquante. Elle était aussi source de futurs problèmes, tout cela par simple vengeance personnelle.

"Je vous en prie, faites... n'omettez pas que l'usage de faux pour mettre des maux sur le dos d'autrui pour des raisons personnelles n'est pas très apprécié"

La porte claqua. Ouf ! Enfin parti ! Comment pouvait-on être à ce point aussi venimeux ! En tout cas, chose certaine, il n'était pas aussi droit dans son travail qu'il voulait bien le laisser croire. Pestant encore contre ce type pour la perte de temps précieux qu'il lui avait fait perdre, Alaric se hâta de retourner à ses rapports pour finaliser la préparation de sa nouvelle mission pour cette bourgade.