Physique

Il fait son âge ! Calvitie, longue barbe blanche, plusieurs rides et marques diverses témoignant de son appartenance à une autre époque... Il semblerait que seule son imposante musculature de combattant soit l'unique chose qui demeure à l'épreuve du temps.

Et malgré tout, le vieillard du Reike suscite le respect et l'admiration de ses pairs par sa simple présence. Nul reikois digne de ce nom n'oserait le regarder de travers. Son charisme et son expérience sont inéluctables.

Psychologie

Le vice-roi du Reike possède toutes les caractéristiques mentales d'un chef d'exception : fort, loyal, sage et expérimenté. Ayant vécu plus de sept millénaires, son savoir-faire n'est quasiment jamais remis en question par la Couronne et les reikois. Lorsque sa voix sèche et autoritaire s'élève, tout le monde se tait et écoute... Même le sanglant Empereur Tensai Ryssen n'ose pas l'interrompre. Sa parole est d'or.

Malgré sa vieillesse apparente, Genryusai n'a en rien perdu de sa fougue guerrière et il ne fuira pas devant une épreuve de force. Hélas, il oublie parfois que son corps souffre des inconvénients de la vieillesse. On raconte que cela causera un jour sa perte. Mais pour l'instant, il tient bon et prend un malin plaisir à humilier cette jeunesse arrogante qui se pense meilleure que lui.

Inébranlable, le demi-titan a la réputation d'être incorruptible et fidèle à ses principes. Son but le plus important étant de veiller sur les intérêts supérieurs du Reike, il peut parfois tolérer certaines immoralités et réaliser des sacrifices si cela permet à la nation de perdurer.
Avec les années et les événements, il a développé un grand mépris pour les étrangers, les shoumeiens et les républicains principalement. Il méprise leur faiblesse ainsi que leur avarice.

Ses moments de colère sont extrêmement rares, mais lorsque cela arrive, fuyez, car il n'hésitera pas une seule seconde à vous réduire en cendres.

Il y a des souvenirs qui ne cessent de nous hanter malgré le temps qui passe, des souvenirs parfois heureux, parfois douloureux. Et généralement, ce sont les plus douloureux qui nous hantent jusque notre mort...

Pour Genryusai, ce fut la mort de sa femme, l'âme de sa vie...

Comme chaque matin depuis ce jour fatidique, le vieil homme s'extirpa de son lit bien avant l'aube et se posta sur sa terrasse de chambre. Il tira la chaise en bois, rangée autour d'une table, et s'assit avec une posture droite, une habitude militaire. Il prit une lente et profonde inspiration, puis posa ses yeux au loin sur l'horizon. Seul. Inerte.

Le sommeil n'était plus son compagnon depuis belle lurette, plus exactement depuis l'après-midi de la disparition de sa femme il y a plusieurs millénaires. Dissimulé dans les ténèbres de la nuit, son visage portait un chagrin indescriptible. Ces moments secrets qu'il partageait avec le ciel étaient les seuls où sa carrure guerrière paraissait frêle et brisée, lui, Genryusai, l'homme qui faisait frémir les plus grands de ce monde.

Il a vécu d'innombrables expériences durant sa longue existence : il s'est battu à maintes et maintes reprises pour sa vie, pour les siens et pour ses décisions. Il a toujours su surmonter les difficultés qui se présentaient à lui en restant ferme sur ses positions, sans jamais faillir. Mais malgré une résistance à toute épreuve, faire le deuil de son épouse fut la chose qu'il n'a jamais pu traverser. Sa mort a totalement détruit son âme et son cœur. Depuis, il a tu le nom de sa douce à tout jamais, préférant le laisser résonner en son for intérieur, considérant chaque partie d'elle comme un trésor unique dont il avait la garde éternelle.

Là, face à l'horizon et plongé dans ses souvenirs d'antan, il ne voyait plus que le dos et la longue chevelure rousse de sa chère et tendre. Elle était incomparable. À la fois admirable et humble, souriante et franche, loyal et forte. Elle, qui s'est tenue à ses côtés comme une égale, était une femme et une guerrière comme il n'en existe plus.

Peut-être est-ce là ce qui l'a poussé à reconnaître Tensai et Ayshara comme les nouveaux régents du Reike ? S'est-il retrouvé dans l'amour et le respect qu'ils portaient l'un envers l'autre ? Comme ceux que possédaient aussi ses vieux défunts amis, Tensai premier du nom et Akasha ? Ou tout simplement était-ce là une façon qu'a trouvé son épouse pour lui donner un peu de réconfort en l'entourant de personnes qui savaient s'aimer ? Qui sait.



Malheureusement, le temps avait un pouvoir que beaucoup considère comme une bénédiction, mais aux yeux du vieil homme ce n'était qu'une malédiction : l'oubli. À cause de son âge avancé et sa longévité surnaturelle, il n'arrivait plus à saisir les contours du visage de sa défunte épouse. L'image qui restait d'elle dans son esprit s'est floutée au fil des ans contre son gré, le laissant avec cette unique silhouette dont il arrivait encore à garder un souvenir net.

Son vœu le plus cher serait de pouvoir la revoir une dernière fois, avoir une dernière danse avec elle, ressentir de nouveau son parfum si singulier, avoir un dernier baiser d'elle... Tout, il voudrait tout avec elle, juste une dernière fois. Il voudrait ressentir son cœur battre la chamade lorsqu'il la voyait rire de toutes ses dents, sentir qu'elle s'endort sur son épaule large et qu'il reste ainsi, immobile, pour ne pas gêner son sommeil. Si seulement...

Le ciel sombre d'Ikusa esquissait ses premières lueurs. L'aube se levait sur le Joyau du désert, mettant un terme à l'état pensif du vieil homme veuf. Il lâcha un lourd soupir, serrant ses phalanges autour de ses mains entrelacées.

— Déjà... susurra-t-il, le regard tombant et emplit d'une profonde tristesse. Je te dis à demain alors, mon amour...

Il déposa un baiser dans sa paume rugueuse et souffla dessus à travers la brise matinale, puis se leva et remit le siège à sa place, le soleil glissant sur son visage usé par les années. Il étira ses bras en l'air un long moment, puis relâcha le tout, son regard figé sur l'horizon orangeâtre. Il pourrait rester ici indéfiniment pour se remémorer sa belle dans le silence absolu jusqu'à son heure. Mais la mort ne semblait pas vouloir de lui. Était-elle effrayée qu'il soit le fils de Kazgoth ?

— Juste ramène-toi, gamin. souffla-t-il en pouffant légèrement du nez, comme s'il lançait un dernier défi au destin. Il me tarde de la revoir.

En attendant, il avait encore beaucoup — trop ? — de pain sur la planche. D'un geste, il pivota sur place et fit face à la chambre. Le pas hésitant, il ne voulait pas rentrer parce qu'il savait qu'en partant, il laisserait ce moment d'intimité derrière lui, caché dans son for intérieur, pour reprendre sa vie.

— 7500 ans. 7500. Je vais bien finir par te rejoindre un jour. Allez, encore un peu de courage.

Son hésitation s'évapora et il traversa la porte-fenêtre, se retrouvant de nouveau dans la pièce à coucher avec une seule envie : être demain pour revenir dans cette bulle où le temps s'est arrêté il y a plusieurs milliers d'années. Pour l'heure, il redevint ce qu'il était : un guerrier solide sur qui l'on pouvait compter, qui tenait bon pour sa nation. Droit. Fier. Puissant. Vieux aussi.

À l'extérieur, le peuple sortit de son sommeil pour débuter cette nouvelle journée. Genryusai devait en faire autant. Armé de sa canne et de sa tenue blanchâtre, il quitta ses appartements, paré pour reprendre ses responsabilités au sein du Reike.