Les prunelles sanglantes et, aussi étincelantes que les intenses rayonnements du soleil, fixèrent intensément l’agent du SCAR qui était en train de s’évader lentement mais sûrement, de l’arrière-cour de la boutique de l’herboriste. Restant sur ses gardes, l’être à la chevelure immaculée était prêt à bondir sur son collègue républicain, prêt à l’éplucher vivant à l’aide de ses lames aiguisées, si d’aventure ce dernier tentait une quelconque folie à l’encontre des hautes instances Reikoise. Mais, le chef-espion gardait également Lyra, du coin de son œil droit, dans son champ de vision, voulant là aussi, éviter une quelconque crise diplomatique. Il ne connaissait pas réellement la Tovyr nouvellement nommée, de ce fait, il ne savait pas réellement de quoi elle était capable. Peut-être était-elle instable, comme son collègue, messire Crudelis.

Toujours debout, aux côtés de Lyra, l’assassin écouta les paroles de cette dernière, d’une oreille attentive, décortiquant une nouvelle fois, chacun des mots de la Tovyr. Orion partageait l’avis de son interlocutrice, concernant les républicains. Traiter avec ces gens-là, des sales races, n’était pas vraiment une excellente idée. Cependant, tous les moyens étaient bons pour mettre fin au règne tyrannique d’une organisation comparable à un véritable culte de la personnalité. Les traits du visage balafré du chef-espion s’étirèrent, dessinant un large sourire de satisfaction, alors qu’il pivota légèrement la tête afin que son interlocutrice pût voir cette nouvelle expression sur son visage. Il laissa une légère voix, bien plus douce que celle qui sortait autrefois d’entre les failles du masque, s’échapper d’entre ses lèvres.

- Naturellement, si ce Uther souhaite nous trahir, il aura affaire à moi, soyez en certaine. Et, je vous convierai à sa torture, cela va de soi. D’ailleurs, je suis certain que sous son air hautain se cache une véritable balance. Du moins, c’est ce que j’ai ressenti durant cette courte entrevue. La tête du chef du Vent pivota de manière à faire totalement face à Lyra qui, se trouvait légèrement plus basse que ce dernier. Concernant les Consuls, je considère que vous en avez fait assez. Et, évidemment, vous êtes une Tovyr, ce n’est pas votre devoir que de mener des missions d’espionnage. Cependant, si d’aventure vous veniez à en croiser un nouveau, essayez de le capturer et de me le ramener, en lieu sûr. Il marqua une légère pause, se dirigeant, d’un pas aussi léger que le vent, vers le banc de pierre. Délicatement, Orion prit place sur ce dernier, à côté de son voile d’acier, sur lequel il posa doucement sa main droite. Disons, à Taisen, dans les tunnels sous la ville. Je vous ferai parvenir le lieu exact par missive cryptée.

D’un geste furtif, le masque d’acier de l’assassin couvrit son visage. Dans un même temps, la main gauche de ce dernier vint apposer la capuche pourpre de son armure, de manière à dissimuler sa chevelure immaculée. Projetant une ombre plus loin, le chef-espion capta l’attention de son interlocutrice à l’aide de ses prunelles de sang. Étirant un large sourire sous son voile d’acier, il laissa sa voix déformée s’échapper d’entre ses lèvres.

- Nous nous reverrons, dame Leezen. L’espion disparu soudainement, se téléportant sur son ombre et, quittant les lieux en se camouflant. D’un pas léger, flottant sur la poussière s’étant déposée sur les pavés, le chef du Vent s’éclipsa de cette courte entrevue. Courte, certes, mais enrichissante. Il partit comme il était venu, sans un bruit, dansant entre les passants, retournant à la forge Ariesvyra à laquelle il avait encore un travail à terminer. Il laissa la Tovyr nouvellement nommée sur place et, espérait la revoir pour, éventuellement, torturer l’un de ces Consuls.