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    Lyra Leezen
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  • Mar 27 Fév - 19:29
    Chapitre 1

    Ce récit, divisé en dix-sept chapitres, retracera du mieux qu'il pourra les évènements de janvier de l'an 0 survenus à Kyouji. Il emploiera le point de vue inédit d'une Luteni royale, Lyra Leezen. Je me dois de préciser que certains passages, et notamment ce premier chapitre, se révèleront particulièrement crus, engageant sexe, torture et violences. Car ce récit retrace bel et bien l'une des périodes les plus tumultueuses du Reike.

    P.S : Une bande son adaptée à chaque chapitre a été minutieusement sélectionnée.
    Bonne lecture.

    Les cloches de la garnison tintinnabulaient bruyamment au-dessus des bardeaux et coupoles formant la canopée de toits du faubourg de Kyouji. Les faîtes des tours de guet et leurs imposants hourds accueillaient déjà perruches, tourterelles et hirondelles se battant pour la suprématie des pinacles. Les lauses luisaient de leur éclat gris aux reflets azurés, les quelques timides rayons de l’aurore parvenant à incendier de mille feux les appentis de la ville. Quelques vantaux de volets claquaient encore alors que les madriers cahotaient dans les ruelles et avenues. L’artère la plus bruyante était tout naturellement celle des poissonniers, en plus d’être la plus nauséabonde, en cette heure matinale. Les poissonniers rivalisant déjà avec les clameurs des bouchers sur la place du marché. Un héraut s'échinait à rapporter les nouvelles du monde depuis son estrade, en vain, tant il était plus important pour les passants de profiter des meilleures denrées avant qu’elles ne fussent toutes écoulées et qu’il ne resta que rognons et morues.

    D’autant plus que le vent était enfin tombé, or, il avait le bénéfice de souffler toutes ces fragrances désagréables hors du vivier de Kyouji. Pas aujourd'hui. Le cumulonimbus se dissipait difficilement malgré avoir plu dru toute la nuit, diffusant péniblement la lumière grisâtre du soleil sur le faubourg. L’air fleurait la terre humide et le chien mouillé, s’engouffrant entre les rideaux de la mansarde encastrée au-dessus d’une bâtisse moderne bordant la place des échevins. Et bien que le clepsydre d’airain indiquait l’heure de se lever, le lit à baldaquin de la chambre était toujours occupé. Les draps étaient éparpillés et même un traversin reposait à même le parquet.

    Rom Dandrovrart, l’un des Majra de la garnison de Kyouji, bien que haletant, se redressa sur son coude pour déposer un tendre baiser sur le front de sa concubine. Cela eut pour effet d'étirer un sourire langoureux sur le visage de cette dernière. Le couple, enlacé de la sorte, était digne des plus belles villanelles, deux sybarites se délectant de ce moment. Ils étaient complètement nus, totalement nus, serrés l’un contre l’autre, encore transpirant de leurs ébats. Lui, l’archétype même de l’éphèbe tiré des bréviaires poétiques. Elle, à l’image des caryatides impérieuses du palais royal. Le claquement des brodequins et sabots dans les flaques de l’avenue parvenaient à peine à leurs oreilles. Seuls comptaient les mots doux que les deux tourtereaux s’échangeaient tendrement.

    Elle, égarant ses doigts graciles dans les cheveux zibelins de son compagnon. Lui, se perdant dans le regard nébuleux de sa dulcinée. Cette chambre, c’était leur idylle, leur panacée, leur Ogygie à eux.

    Incapable de soutenir un tel regard plus longtemps, Rom alla déposer un baiser sur la hanche de sa partenaire, tout en caressant la poitrine glabre de cette dernière de doigts habiles, une poigne ferme de soldat mis au service de la volupté concupiscente du moment. Il glissa lentement mais inexorablement vers le vallon féminin, enfouissant bientôt sa tête entre les deux cuisses athlétiques de sa bien-aimée, se perdant dans les méandres du beau sexe. Et lorsqu'avec une expertise des plus déconcertantes il se mis à son œuvre, la jeune femme retint difficilement un cri adventice et malséant, coinçant le puissant dos de son compagnon entre ses jambes.

    Lorsqu'il eut terminé son sacerdoce, haletant, il releva un regard aimant vers son amante suffocante de plaisir, relevant son buste olympien d'une respiration saccadée. Enfin, après quelques tendres caresses, il se leva nonchalamment pour aller passer une chemise de coutil pourpre et des croquenots, exposant entre temps sa virilité sans gêne.

    - Ça ne te dérange pas qu’on ne soit pas marié ? Lâcha-t-il soudainement.

    - Pourquoi tu demandes ça, tout à coup ? S’enquit son amante.

    - Je ne sais pas, c’était plus une réflexion à voix haute qu’une véritable interrogation, excuse moi. Oublie ça.

    - Non. Maintenant que tu as posé la question, développe ton idée. Elle se redressa sur le lit, laissant choir le drap qui couvrait sa ferme poitrine.

    - Tu ne crains pas que notre relation ne s’ébruite ? Que quelqu'un finisse par se douter de quelque chose ? Je m’inquiète pour toi, après tout tu as déjà subi une avanie pour ce qui est du mariage…

    - C'est bas. Même venant de toi. C'est très bas, Rom. L’interrompit-elle abruptement.

    - Pardonne moi, mais vraiment, qu’en penses-tu ?

    - Que quelqu'un apprenne pour… ça ? Elle désigna vaguement le lieu de leurs ébats. Depuis quand l’avis des autres t’importe ?

    - Non, que penses-tu de l’idée d’un mariage ?

    - Entre nous deux ? Elle fit les yeux ronds.

    - Qui d'autre ? Un brin d’agacement naquit dans sa voix.

    - Tu voudrais donc t’approprier ma personne ? Il me semblait que, toi aussi, tu trouvais le carcan des épousailles peu à ton goût. Pas plus tard qu'hier tu disais que le mariage n’était pas envisageable pour toi, que tu en avais oublié l’idée.

    - Eh bien elle m’est revenue. Il serra la ceinture de son pantalon de lin.

    - Est-ce que tu nous vois ensemble ? Deux soldats, de deux maisons nobles de Kyouji, s'unir aux portes de la guerre ? Nos liens seront broyés, malmenés et emportés par le torrent de violences qui déferlera bientôt sur le Reike. Depuis quand le candide romantisme désuet du mariage possède une quelconque valeur à tes yeux ? Allons, tu as parlé sans réfléchir. Raisonna-t-elle.

    Un long silence s’abattit dans la chambre. Une accalmie durant laquelle la femme aux cheveux d’ébène se leva à son tour, faisant craquer le plancher vernis, pour aller passer une chainse si fine qu’on distinguait toujours les détails de sa silhouette par dessous. Visiblement, Rom n’était pas insensible à ses charmes, car il manqua un bouton de sa chemise.

    - Je t’aime, Lyra. Fit-il enfin.

    - Tiens, c'est nouveau ça. Elle feignit d'être accaparée par sa coiffure.

    - Sois pas vache…

    - C'est de bonne guerre. Répliqua-t-elle avec un sourire narquois.

    Sur ces mots, elle se rapprocha doucement d’une démarche féline, gracile, impérieuse. Elle glissa ses doigts le long du flanc de son amant, remontant délicatement sur son torse élancé, épousant la forme de son cou nervuré, avant de se poser doucement sur sa joue. Elle l’embrassa longuement, se mettant sur la pointe des pieds pour que leurs lèvres se joignent en un baiser passionné. Finalement, lorsqu’ils se séparèrent, elle lui susurra à l’oreille :

    - Je t’aime, Rom. Ses yeux pétillaient.

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    Lyra Leezen
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  • Sam 2 Mar - 11:35
    Chapitre 2

    [SOLO] Dynasties et dystopies Tenor


    L’imposante bâtisse accueillant les locaux de la garnison de Kyouji était surmontée d’une large coupole brillant de mille feux. Entre-temps, les épais nimbostratus qui avaient plû deux jours durant s’étaient enfin dissipés pour faire place à une voûte azurée moutonnée de cumulus épars. Les flaques avaient fini par s’évaporer et le sol était devenu aussi sec que le voulait le printemps reikois. Cela n’empêchait pas pour autant l’eau de ruisseler.

    Les réserves de la ville avaient été remplies à ras-bord à tel point que les aqueducs et fontaines de Kyouji débordaient à la grande joie des bambins qui y pataugeaient. Les oies, quant à elles, commençaient déjà à remonter vers le nord. Dans quelques jours leurs escadrons cacarderaient dans le ciel de Taisen avant de continuer leur route plus au nord encore, pour profiter des lacs et du climat estival.

    Pour ce qui était des autres clameurs, il y avait toujours les sempiternels jabotages des perruches ainsi que les raillements des goélands, mais aussi la trille incessante des chevaux et des chiens, sans parler du tintamarre humain qui battait son plein. Les vendanges approchaient à grand pas et ça s’entendait à chaque coin de rue, les viticulteurs comparant entre eux la taille des pampres de leurs domaines.

    On percevait, parmi ce boulevari urbain, les crissements de lames les unes contre les autres. La cour de la garnison militaire raisonnait des entraînements matinaux de la cohorte Venendal, commandée par la Luteni Leezen et ses deux Adujars, Statar Rinnavralt et Gwirwa Skirtivand. Ce dernier dirigeait aujourd’hui l'entraînement de ses troupes au travers d’une série de duels à l’arme factice.

    L’elfe, bien qu’il fut plutôt jeune pour la race séculaire, n’avait pas intégré Drakstrang. Il sortait tout juste de son service militaire obligatoire et avait eu la chance d’intégrer les rangs de l’armée régulière au grade d’Adujar, ce qui était suffisamment rare pour prouver sa valeur. Le voilà qui supervisait deux-cent guerriers à Kyouji, lui qui venait d’une famille modeste d’apiculteurs elfiques, il s’était refusé à demeurer dans l’ombre des grands de ce monde. Et quel meilleur moyen de faire connaître son nom au sein du Reike que d’intégrer les rangs de la prestigieuse armée royale ?

    Les poings posés sur sa braconnière, l’Adujar observait de ses petits yeux opalescents un duel entre un nain et un gaillard à la trogne d’écornifleur. Il esquissa un sourire lorsque le nain envoya un coup de boule bien placé dans l’entrejambe de son adversaire qui tomba à la renverse, implorant la fin du duel. D’une main, l’officier lui accorda la défaite, mais lorsqu’il s’apprêta à annoncer le duel suivant, l’elfe s’arrêta.

    Du coin de l'œil, en périphérie de sa vision, il avait perçu un éclat carmin près de la large porte d’entrée de la garnison. Il pivota pour mieux voir sa supérieure directe, la trentenaire Lyra Leezen, les cheveux attachés en un savant chignon, avec ce visage atone aux yeux en demi-lune au centre desquels trônaient deux sphères d’un noir profond. Ces dernières s’orientèrent d’ailleurs vers l’elfe qui se redressa en faisant claquer ses solerets contre le sol pavé.

    - Luteni ! Vous participez aux entraînements ? Lança-t-il.

    - Non, j’ai des rapports à rédiger, Adujar. Répliqua-t-elle d’un ton monocorde.

    Lorsqu’elle passa à côté de lui, continuant sa route, il perçut les fragrences de la femme aux cheveux d’ébène. Elle fleurait l’airain et le lédon. Son regard glissa alors sur les râteliers d’armes en tout genre puis sur ses hommes en rang serré. Lyra Leezen, qu’on appelait déjà la Sénéchale pour sa dévotion immuable, était vêtue d’un gambison d’homme par dessous un brocard écarlate affichant les émaux de sa maison, à la zibeline d’argent et de gueules. Juste avant que la Luteni ne pénètre dans le bâtiment central en briques rouges, son Adujar l’interpella de nouveau.

    - Et si je vous proposait un duel singulier, Luteni ? Relèveriez-vous le défi ? Hasarda-t-il non sans se départir de son hardiesse naturelle.

    Pour toute réponse, la Luteni s'arrêta sur le pas de la porte et leva son regard nébuleux vers le ciel, comme pour déterminer l’heure de la journée à la position du soleil. Visiblement ce qu’elle en déduit suffit à lui donner le temps pour une telle distraction, car elle referma le vantail pour se planter en silence devant les râteliers supportant les armes en bois et en métal émoussé dédiées aux entraînements. Elle feignit de se saisir d’un long bâton en bois massif renforcé d’arceaux métalliques.

    - Non, intervint l’elfe, on sait tous que personne ne peut vous battre au bâton. Prenez plutôt un glaive, qu'on soit sur le même pied d'égalité. Fit-il en s’emparant lui-même d’un glaive émoucheté.

    D’un haussement d’épaule, la Luteni accéda à sa requête et saisit plutôt une rapière épointée. Les deux adversaires se firent alors face au centre de la place dégagée par les spectateurs se tenant en retrait. Tous savaient qu’un duel entre officiers pouvait s'étaler dans l’espace. C’était un excellent exercice dans la mesure où ils avaient l’occasion de contempler des techniques abouties.

    Campant bien le sol de ses pieds, Lyra adopta alors la position de la pierre, la lame sur le côté, la pointe vers le ciel. Cette technique lui permettait de mieux protéger le haut de son corps et s’adaptait parfaitement à un adversaire armée d’une épée, tout en lui permettant de contre-attaquer avec de puissantes offensives.

    Peut-être par habitude de se battre contre Lyra, armée habituellement d’un bâton, Gwirma adopta la position du vent, parfaite contre les lanciers et armes longues. Toutefois, si les néophytes pouvaient y voir une erreur de positionnement, l'œil aguerri comprendra qu’avec cette technique plus offensive, l’elfe pourrait sûrement briser la garde de son adversaire. Il tint donc son glaive d’une seule main, à l'horizontal sur sa droite.

    Soudain, alors qu’ils se jaugeaient, Gwirma fit un bond en avant et balaya l’air devant lui de sa lame et aurait fait mouche si Lyra n’avait pas effectué une habile retraite en arrière. Elle contre-attaqua aussitôt en abattant sa rapière à la verticale que l’elfe esquiva d’un pas de côté au dernier moment. Il envoya alors son pied dans la poitrine de l’officière qui recula davantage sous l’impact. Ils se repositionnèrent aussitôt.

    Cette fois, ce fut Lyra qui attaqua en éliminant la distance qui les séparait de deux bonds qui se transformèrent en une fente qui manqua de peu le poitrail de son adversaire, ce dernier parvenant à parer la lame dans une gerbe d’étincelles. C’est à cet instant que la Luteni en profita pour envoyer son genoux dans le flanc de l’elfe qui voltigea sur le côté pour ne pas tomber, encaissant tant bien que mal l’assaut.

    Il fut suffisamment réactif pour attaquer d’un estoc qui frôla l’épaule de Lyra, arrachant au passage le fermoir de sa cape qui vola au vent. Reculant de nouveau, la Sénéchale porta une main au second fermoir pour détacher complètement le brocard écarlate qui chuta au sol. Elle fusilla du regard Gwirma qui sentit un frisson lui traverser l’échine.

    Sans crier gare, il exerça une habile passe en avant pour se rapprocher, Lyra tenta de le balayer de sa rapière mais il fit une pirouette pour esquiver et riposta derechef avec une banderole bien placée. D’un vif battement, Lyra dévia la lame de son adversaire et envoya une estocade droit vers son poitrail. Gwirma exerça un agile bond en arrière pour éviter, de peu, l’élimination. Mais Lyra réagit au quart de tour avec une balestra qui menaça de nouveau l'elfe qui para, là encore de peu, la rapière adverse.

    Gwirma feinta alors une botte, Lyra se mit alors en position pour parer sa lame, mais au dernier moment il lui fit un croc-en-jambe et la renversa sur le dos. Gwirma se jeta alors sur Lyra, la bloquant sous son poids, coinçant sa taille entre ses genoux, et plaça le tranchant émoussé de son glaive en travers du cou de la jeune femme.

    - J'ai gagné. Lâcha-t-il dans un sourire triomphant.

    - Certes, mais vous m'auriez accompagné dans la mort.

    Son regard l'invita à baisser les yeux. La pointe de sa rapière était apposée contre le bas-ventre de l’Adujar, si ça avait été une véritable lame, il aurait été traversé de part en part. Reconnaissant volontiers qu’en combat normal, une telle attaque lui aurait été fatale, il souffla du nez et aida la Luteni à se relever, allant jusqu’à lui ramasser sa cape.

    - Votre technique surpasse la mienne, je dois le reconnaître, Luteni. Chacun de vos gestes sont d’une précision redoutable alors que les miens ne sont que réaction aux attaques adverses. Serait-ce là l’expérience apportée par Drakstrang ? Demanda-t-il.

    - Non. Seulement ce que l’on appelle “escrime”, rien de plus. Répliqua la bretteuse tout en glissant sa rapière dans le râtelier. Sa cape à la main, elle pénétra enfin dans le bâtiment de la garnison, sous le regard admiratif de ses hommes.

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  • Dim 3 Mar - 22:39
    Chapitre 3


    La salle circulaire à l'immense plafond était renforcée de longerons et solives, ces dernières bordant les hautes fenêtres aux remplages et meneaux de grès qui baignaient l'espace dans la lumière du soleil uniquement filtrée par des gonfalons écarlates fièrement brodés du dragon des Draknys. Sis en plein cœur de l'Etat-major de Kyouji, cette salle était réservée aux plus hauts dignitaires de l'armée royale et leurs subordonnés. De l'intérieur de celle-ci, aucun son ne parvenait à l'assemblée qui y siégeait, les parois étant suffisamment épaisses pour les protéger de toute oreille indiscrète, à l'instar des hautes portes aux moraillons doublés d'acier. Le conseil de défense de la ville s'y réunissait justement.

    Autour de la table circulaire en bois de mélèze poli siégeaient huit personnes, dont un orc, un oni, un elfe et un nain, ainsi que trois hommes et une femme. Sur la table finement marquetée étaient disposées quelques aiguières de malvoisie et de la paperasse en tout genre. L'un des hommes était le Majra Rom Dandovrart, déjà connu de nos lecteurs comme étant l'amant de la Luteni Lyra Leezen. Il portait une armure complète de plate qu'il n'avait pas eu le temps de retirer au retour d'un déplacement au port de Kyouji, étant directement venu au conseil d'Etat-major.

    À ses côtés était installée Lyra Leezen, portant une tiare d'airain sur le front. Ils ne s'étaient pas accordé le moindre regard à leur arrivée, de peur d'éveiller le moindre soupçon chez leurs pairs. Lyra avait revêtit une tunique de blanc et d'or lui enserrant le corps d'un ceinturon de cuir bouilli par dessous un brocard de soie lui tombant sur les épaules. Elle connaissait tout le monde ici, certains étaient ses pairs, la plupart ses supérieurs. La salle accueillait le seigneur de Kyouji et son Tovyr, ainsi qu'un Khashis et deux Majra en plus de trois Luteni. La Sénéchale se tenait parfaitement droite sur son faudesteuil, les mains croisées devant elle. Son regard noir comme la nuit mirait les autres membres du conseil un à un.

    Le seigneur Mufnesi Bralt, engoncé dans un riche caftan d'orfroi, avait tout du piffre dépassant sans mal le setier. On pourrait même dire que c'était l'archétype même du goulafre, tant son ventre était plantureux et son visage rubicond était bouffi. Mais peu importe ce qu'il mangeait, il avait tous les droits ici, étant le représentant plénipotentiaire du roi à Kyouji. Il présidait l'assemblée depuis son trône, coincé entre les deux accoudoirs en acacia du riche fauteuil sur lequel il avait nonchalamment posé son séant.

    Le Luteni Gwilderr tenait devant lui un palimpseste sur lequel il faisait danser une plume chargée d'encre noire. Son ton paterne ne trompait personne, tous ici savaient qu'il avait étranglé son petit-frère suite à un Holmgang, il y a longtemps, pour mieux s'arroger la totalité de l'héritage familial. Il avait sept ans, son petit-frère. Gwilderr portait un sarrau tâché de rouge, bien que personne ne se risqua à le lui faire remarquer, pas même le seigneur. D'autant plus que son visage simiesque flanqué d'une récente balafre n'invitait pas à la discussion. La granulation faisait ses effets car l'estafilade était réduite à un liseré charbonné lui donnant un air patibulaire. Il posa sa plume pour mieux se pencher afin de se gratter au niveau de la malléole, sous ses socques remontées jusqu'aux genoux.

    A la gauche de Lyra, le Luteni Winolt, le nain, était un patricien de la ville ayant manifestement acheté sa place car il n'avait plus bougé dans la hiérarchie depuis vingt ans, se contentant de rester caché derrière son bureau d'instructeur en chef, se complaisant de prébendes bien supérieures à la moyenne. Il avait rehaussé son fauteuil de coussins pour mieux être vu, grattant nerveusement le bord de la table de ses ongles noircis par l'encre. Ses petits yeux roublards épiaient ses collègues, Lyra s'en rendit compte en le surprenant à contempler les formes de sa poitrine. Le nain replet feignit de regarder dans le vide, renifla et baissa les yeux, tout quinaud d'avoir été pris la main dans le sac.

    Le Majra Jyldevount, quant à lui, portait un hoqueton piqué de fermoirs en argent par dessous une longue liripipe lui tombant sur l'épaule droite. Il avait sa dextre posée sur un livre, en cachant le frontispice de ses doigts râblés. Il sentait si fort la livèche que même Lyra, de l'autre bout de la table, percevait cette fragrance propre à l'elfe. La Sénéchale n'aimait guère ce dernier, ayant la fâcheuse tendance à tarabuster Rom de ses requêtes parfois un poil abusives, lui laissant toutes les tâches les plus monotones telles que les inventaires ou inspections de troupes. Rom, quant à lui, semblait y être indifférent, reconnaissant que les fainéants étaient légion et qu'il fallait bien composer avec.

    Pour ce qui était du Khashis Storwa, le seul oni de l'assemblée, c'était un houllier et un margoulin de première classe, un sybarite en puissance. Il empestait à tel point la térébenthine que Lyra était bien contente de ne pas être assise à côté de lui. Storwa avait constamment le regard turbide, comme s'il était incapable de rester assis plus d'une minute.

    Enfin, il y avait l'orc, son Excellence le Tovyr Rotasost Flisilt, à la tête de la Horde d'Alba stationnée dans la région de Kyouji. En ces lieux, c'était la seconde personnalité la plus influente après Mufnesi Bralt, bien que ce dernier avait tendance à se montrer un brin servile face à la peur qu'instiguait naturellement l'officier supérieur. Tous connaissaient son passé de sicaire au service de la couronne, s'étant rangé dans les rangs de l'armée après avoir accumulé de nombreux contrats.

    Ce ne fut seulement lorsque Lyra eut terminé son inspection panoramique que le seigneur Bralt mit fin à son homélie d'ouverture.

    - ... et c'est ainsi que j'annonce la séance ouverte, messire Flisilt, si vous voulez bien ouvrir. Grailla le seigneur.

    - Merci, messir'. Encor' et toujours le mêm' sujet, chers collègu', ce Tensai... Commença l'orc.

    - C'en est rébarbatif ! Commenta vivement Winolt en s'ébrouant sur ses coussins.

    - Sempiternel. Ajouta Jyldevount en tapotant son livre de ses doigts anguleux.

    - Suffit ! Houspilla le Tovyr. Taisen est tombée ! Lâcha-t-il.

    - Quand ? Questionna sombrement Gwilderr.

    - La nouvell' nous est parvenue ce matin, Taisen est tombée pendant la nuit. Kyouji est la prochain'.

    Le Khahis Storwa se leva pour faire les cents pas derrière sa chaise, incapable de rester assis plus d'une minute. Rom jeta un regard éloquent à Lyra. Elle l'ignora copieusement.

    - Ce méphitique Tensai doit être en train de mettre à sac la ville, le seigneur est-il tombé ? Questionna l'elfe.

    - Mon confrère a été... passé au fil de l'épée. Bralt déglutit. Au même titre que son Excellence Manwor, messire Pefim, messire Karbed et Dame Erria.

    - Taisen n'est tombée que parce que son seigneur, sauf son respect, a laissé la propagande barbare se répandre telle l'ivraie dans ses rues, au même titre que les saboteurs et séditieux infiltrés. Kyouji ne saurait commettre une telle erreur. Intervint le nain.

    - C'en est assez ! Vitupéra soudainement Storwa. Votre Excellence, messire Bralt, rassemblez la Horde et marchons sur ce fils de bacchante ! On l'attrape dans le désert et on en fait de la pâtée pour terrarus ! Il faisait toujours les cents pas.

    - Allons, Khashis Storwa, vous savez bien que nous avons l'impedimenta de la ville, nous ne pouvons la laisser sans défense, sans quoi les tares énoncées par le Luteni Winolt finiraient de prendre la cité en notre absence. Préparons nous au siège, messires, et attendons les renforts d'Ikusa. Proposa Jyldevount.

    - Et rester derrière nos remparts à crever la faim et à chier nos tripes ? Vous divaguez, Majra ! Mon collègue, le Khashis Phelli, que son âme trouve son étoile, n'est pas mort de la dysenterie, il a été empoisonné, et voyez comme son fauteuil est vide aujourd'hui ! Il ne faudra pas une semaine pour que nous soyons tous en train de cracher nos poumons à en crever ! Des dissidents courent déjà dans nos rues, ils ourdissent sabotages et empoisonnements depuis longtemps déjà ! L'oni cracha sur le sol.

    - Asseyez-vous Khashis. Vitupéra le Tovyr. Nous ne partirons pas en contre-campagn' contr' ce chien. Nous allons constituer un stock d'huil', de pierr' et de vivr' ainsi que des réserv' d'eau. Vous monterez sur les hourds tous les scorpions que vous pourrez, Khashis. Pour ce qui est des réserv', vous vous en chargerez, Majra Jyldevoult, et nul autre que vous cett' fois-ci, que ce soit clair. Son regard s'intensifia. Quant à vous, Luteni, surveillez les puits nuit et jour, traquez et débusquez saboteurs, séditieux, agitateurs et dissidents, alignez les potenc', faites des exempl'.

    - Et prions le soleil pour que des renforts nous soient envoyés. Fit Bralt avant de roter.

    Lyra jeta un regard éloquent à Rom, il feignit de ne pas l'avoir vu.
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    [SOLO] Dynasties et dystopies Simon-10
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  • Sam 9 Mar - 15:24
    Chapitre 4


    [SOLO] Dynasties et dystopies Tenor

    Comme si la pluie torrentielle de la semaine passée n'avait pas suffit, le vent d'Est souffla sur Kyouji une nouvelle masse grisonnante qui déversait sur la métropole reikoise un fin filet de gouttelettes tièdes. Le crachin humidifiait l'air matinal qui baignait la garnison de Kyouji alors que la Luteni Leezen se préparait à une nouvelle journée de devoir bien rempli. Suite aux directives du Tovyr Flisilt, toutes les cohortes en faction dans la cité écumaient les ruelles et procédaient à diverses fouilles dans l'espoir de tomber sur une cache d'arme, une réserve de poison, des bombes en tout genre et des poches de dissidents infiltrés au sein de la population.

    Ces groupes de séditieux ourdissaient attentats, sabotages et propagande en faveur de Tensai Ryssen qui marchait à l'encontre de Kyouji, fort de sa victoire sur Taisen. Et contrairement à ce qu'espérait messire Bralt, seigneur de la ville, pas le moindre renfort et pas même la plus petite missive n'était parvenue d'Ikusa. La Horde d'Alba assurant la défense de la ville fortifiée était livrée à elle même face aux dizaines de milliers de barbares qui déferlaient du nord. La population s'épeurait tandis que l'ordre était maintenu à grande peine.

    La Luteni Leezen avait revêtit son armure d'officier et passait déjà les portes de la garnison avec ses hommes, armée d'un glaive à sa ceinture. Elle marchait à présent dans la ruelle des alchimistes, procédant à une série de perquisitions, enfonçant les portes lorsque cela était nécessaire. La Sénéchale avait un esprit suffisamment affuté pour savoir que la guilde des alchimistes pouvait représenter un potentiel danger pour la défense de la ville. Elle était tout naturellement accompagné de l'un de ses bras droits, l'Adujar Gwirwa Skirtivand, l'elfe qui la suppléait régulièrement.

    - Vous êtes bien silencieuse. Constata-t-il alors qu'ils observaient leurs guerrier forcer le moraillon d'une remise.

    - Devrais-je parler ? Rétorqua-t-elle sans lui adresser un regard.

    - Il est rare de ne pas vous entendre commenter la situation désespérée dans laquelle nous sommes. Hasarda l'elfe.

    - Vous trouvez la situation si critique que cela, Adujar ? Siffla-t-elle.

    Comme pour accompagner ses propos, le vantail de la remise vola et une patrouille s'engouffra à l'intérieur. Lyra profita alors d'être seule avec son officier pour lui confier ce qu'elle avait enfoui dans son esprit depuis la chute de Taisen.

    - Vous savez ce qui me fait le plus peur ? Gwirma l'interrogea du regard. L'indécision de l'Etat-major et la couardise de notre seigneur.

    - Voilà des paroles... osées. Commenta l'elfe.

    - Vous m'avez posé la question, alors je vous réponds, Adujar. Je vous assure que la peur n'a pas saisie que la population, j'entend constamment les genoux de nos soldats trembler de terreur à l'idée de la venue de Ryssen.

    - Les miens ne tremblent pas. Fit-il avec hardiesse.

    - C'est bien pour ça que je vous dit le fond de ma pensée, Adujar, car je sais que la peur ne vous poussera pas à la répéter. Elle lui glissa un regard éloquent en coin.

    Sur ces mots, la clameur d'un sous-officier les invita à pénétrer dans l'officine. Aussitôt, les fragrances de salpêtre et d'antimoine assaillirent leurs narines. Des pots en terre cuite reposaient sur des étagères ployant sous leur poids. Lyra y vit de la sève de pin, du souffre ou encore du charbon. Dans un mortier trônaient les restes d'un mélange fleurant l'huile et la poix. Il y avait ici tout ce qu'il fallait pour créer une bombe incendiaire. Et comme pour confirmer ses soupçons, la Luteni posa son regard sur une caisse remplit de sphères d'où sortait une mèche. Elle n'eut toutefois pas le temps de pousser son inspection plus loin qu'un madrier tomba sur l'un de ses soldats et qu'un gobelin caché derrière ne saute par la fenêtre en brisant le verre au passage.

    - Il est en train de se caleter ! À moi, la garde ! Tonna l'Adujar.

    Mais Lyra était déjà aux trousses du fuyard, passant par dessus l'encorbellement pour voler dans sa direction. Le gobelin prit peur et grimpa à une échelle à toute vitesse. La Luteni le suivait de près, et lorsqu'il arriva au sommet de celle-ci, il sauta sur le toit et fit valser l'échelle en arrière. Lyra réagit à temps et sauta pour se rattraper au parapet de peu. Lorsqu'elle se hissa sur les bardeaux, elle vit le gobelin se carapater vers un pinacle adjacent. Elle fusa sur les tuiles, son glaive à la main.

    Le petit bonhomme vert glissa sur une mansarde pour atterrir sur une gouttière à laquelle il se suspendit pour se laisser tomber dans une étroite venelle. Lyra le talonna en atterrissant lourdement sur le sol boueux, faisant glisser le gobelin sous la surprise avant qu'il ne reparte derechef. Il tourna à un coin de rue, Lyra sur ses talons.

    Soudain, quelque chose lui tomba dessus au détour de l'allée, quelque chose de lourd et de particulièrement imposant au point qu'elle fut sonnée par l'impact. Des ombres avait surgit un immense colosse qui la bouscula violemment, l'envoyant au sol dans un craquement qui n'augurait rien de bon pour ses côtes. La Luteni poussa un cri de surprise, mêlée à de la rage, mais il était trop tard. Le mastodonte envoya son pied dans la main de la reikoise, faisant voler son glaive hors d'atteinte. Elle tenta de se saisir de la miséricorde glissée dans son housseau, mais le géant était déjà sur elle. Il appuya violemment son genoux sur la poitrine de Lyra qui vagit, écumant de colère, rivant son regard meurtrier sur celui qui la plaquait au sol de sa carrure de cerbère.

    Elle chercha en vain un visage, se heurtant à d'épais linceuls enveloppant le crâne de son agresseur, ne laissant la place qu'à un unique œil d'un bleu délavé. Les suaires étaient solidement serrés autour du cou et du buste du gaillard, à l'image d'un ladre, à ceci près que pas une marque de lèpre n'était visible sur son corps bien charpenté. Il était en parfaite santé et pourtant ces bandages recouvraient une bonne partie de son corps, surement pour dissimuler son identité. Le regard ténébreux de Lyra glissa sur ce corps particulièrement musclé, bombé, solide, imposant, qui lui bloquait lugubrement la vue. Ce devait être un autre séditieux, allié au gobelin, l'un de ces trouble-fêtes au service de Ryssen.

    La pression sur sa poitrine s'accroissait alors que le colosse s'appuyait de tout son poids sur la frêle soldate. Elle manqua une respiration, hoqueta, avant de reprendre le contrôle de soi, envoyant un coup de poing bien sentit dans le nez de son adversaire. Et si ce dernier se mit à saigner abondamment, teintant de rouge le linceul lui couvrant le visage, il ne broncha pas. Elle envoya alors un second coup dans le menton du lutteur, lui vrillant la main d'une vive douleur, comme si elle s'était cassée quelque phalange lors de l'impact. Mais ceci eut au moins pour effet de diminuer la pression sur sa poitrine.

    La Luteni profita alors de l'occasion pour faire un croc-en-jambe à son agresseur qui parti à la renverse, tombant à quatre pattes contre les pavés. Elle passa alors par dessus lui, dans son dos, et verrouilla ses jambes autour de la taille du géant, passa un bras autour du cou de son adversaire et commença à serrer de toutes ses forces. Le malabar se releva alors de toute sa hauteur, comme si les soixante kilos de Lyra n'étaient rien pour lui, la décollant du sol. Il fit alors subitement un bond en arrière, pour heurter violemment la paroi derrière lui, broyant la Luteni contre le mur, la forçant à lâcher prise sous l'impact.

    Il l'attrapa alors par les cheveux et tira si fort qu'il la fit passer par dessus son épaule pour l'écraser contre le sol. Il se mit alors à genoux et pris le crâne de la soldate entre ses mains caleuses pour commencer à forcer, cherchant à le faire éclater comme une pastèque. Elle hurla de plus belle et, dans un moment de désespoir, elle cogna l'entrejambe du gaillard qui étouffa une imprécation, relâchant alors la pression pour porter une main à ses parties. Lyra s'arc-bouta alors pour attraper le crâne du lutteur entre ses cuisses, se retrouvant à l'envers, et dans une torsion du bassin, envoya le corps de son adversaire valser sur le côté.

    Elle se releva alors tant bien que mal, reprenant une position défensive, tentant vainement de maitriser son souffle haletant. Sa poitrine l'opprimait, sa main perclus la vrillait et ses tempes la meurtrissait, sans parler de la vive douleur qui irradiait de ses côtes fêlées. Lyra manqua de défaillir mais resta debout, fusillant du regard le mastodonte qui se redressait à son tour, lui faisant face de toute sa hauteur.

    - Tu as assez fait de tort comme cela à ta famille, Lyra. L'Armageddon aura raison de toi. Et sur ces mots, il fit mine de se jeter sur elle.

    Les quelques paroles eschatologiques qu'il avait glissé d'entre son suaire avaient fini de tétaniser la Luteni qui se serait laissée broyée sous la surprise si jamais le sifflement caractéristique d'une flèche n'était pas venu la sauver. Une pointe alla se ficher dans le thorax du géant qui se stoppa net dans sa course. Son unique œil turbide glissa le long de la flèche jusqu'à l'empêne en plumes d'engoulevents, juste avant qu'une seconde ne vienne se planter dans son sternum. Son corps herculéen vacilla avant de tomber à la renverse, s'étalant de tout son long en arrière.

    Dans un souffle, Lyra tomba à genoux, cherchant du bout des doigts la garde de son glaive, juste avant que sa conscience ne s'étiole au profit des ténèbres. Avant de s'évanouir, elle entendit le claquement de solerets contre le sol et la voix de l'Adujar Gwirwa Skirtivand l'informer qu'il avait rattrapé le gringalet. Au moins l'opération est une réussite, se consola Lyra avant de sombrer pour de bon.

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  • Dim 17 Mar - 10:08
    Chapitre 5


    Il s'était écoulé près de trois jours entre la poursuite effrénée du chapitre précédent et les faits rapportés dans celui-ci. Le soleil avait eu le temps de revenir, dévoilant des colonnes de fumées au loin, au nord. Les bases militaires et relais sur la grand route menant à Taisen étaient en proie aux flammes, incendiés par les forces de Tensai Ryssen qui marchaient vers Kyouji. Lyra Leezen n'y avait pas participé - dû à sa brève convalescence, accélérée par les soins des mires - mais le Khashis Storwa avait gagné gain de cause, notamment en tarabustant le seigneur, et avait pu marcher avec près de trois milles fantassins et milles chevaux contre l'envahisseur. Malgré les objurgations du Tovyr Flisilt, le reste de l'État-major avait penché en faveur d'une contre-offensive à mi-chemin entre Kyouji et Taisen.

    L'embuscade d'envergure s'était soldée par une cuisante défaite qui avait entraîné dans la mort le Khahis, l'un de ses Majra ainsi que deux Luteni, dont le Luteni Gwilderr, vraisemblablement mort lors de la retraite. Les barbares avaient poursuivi les fuyards sur près de cinquante kilomètres et les avaient tous massacrés, réduisant presque de moitié les forces de la région. En représailles, Ryssen avait ordonné qu'on incendie tous les hameaux et villages environnants pour montrer qu'il n'était même plus question de parlementer après l'éhontée hardiesse dont avait fait preuve messire Bralt et son conseil.

    Avec l'intensité de l'activité que cela avait engendré au sein de la cité, se préparant à un siège inéluctable, le gobelin capturé par Leezen et Skirtivand n'était toujours pas passé à la question. Aussitôt eut-elle quitté l'hôpital que l'interrogatoire lui fut assigné.

    [SOLO] Dynasties et dystopies C4c0b910

    Là où se rendit la Luteni, nul rayon de soleil ne pénétrait. Il y faisait noir comme dans une soue. C'était à cette époque que les caveaux du palais seigneurial - initialement réservés aux millésimes nécessitant d'être conservés au sec - avaient été réaménagés en cachots. Fort était de constater que la prison du faubourg ne pouvait décemment plus être défendue lors du siège à venir, tous les prisonniers avaient dû être relocalisés dans l'enceinte de la cité, sans quoi ils n'auraient fait qu'accroître les rangs de Ryssen lorsqu'il aurait pris la prison. Les cachots du palais servaient à présent de prison à tous les détenus qui n'avaient pas plutôt été exécutés pour en limiter le nombre.

    Le gobelin arrêté trois jours plus tôt figurait dans les déplacés. Lorsque ses petits yeux turbides se posèrent sur la silhouette de la Luteni, un large sourire s'étira sur sa trogne. Bien qu'il fut coincé au fond d'une alcôve fermée de grilles en acier, il semblait toujours aussi sûr de lui que lorsqu'il était parvenu à semer Lyra trois jours plus tôt. Autant dire que si elle l'avait poursuivi avec force agilité, ce n'était pas elle qui lui avait mis la main dessus, de facto, il ne manifestait point de crainte envers elle. Il ne se priva pas de le spécifier d'une voix grinçante.


    - Ah ! Voilà enfin quelque chose de bien beau, il huma l'air, et qui sent bon en plus !

    Lyra ne pris pas le temps de relever la remarque, n'y prêtant pas la plus petite des attentions. S'il avait pensé l'atteindre de ce trait grivois, il n'était sans savoir que la jeune femme avait connu bien pire dans les rangs de l'armée composés en majorité de rustres. Elle portait un simple caftan qui ne laissait guère deviner ses formes féminines mais qui laissait tout de même place à l'imagination, ce à quoi le regard métallique du gobelin devait se laisser aller. En revanche, il écarquilla quelque peu ses yeux globuleux lorsque la Luteni tourna une clé dans la serrure, faisant crisser le vantail métallique pour pénétrer dans la cellule. Voilà qui s'annonçait pour le moins intéressant.

    Le gobelin afficha un grand sourire, découvrant ses dents, avant de recevoir un coup dans les tibias, le forçant à se mettre à genoux, puis un nouveau coup sur l'arête du nez, le fendant aussitôt. Le séditieux pépia en portant les mains à son visage qui se mettait à pisser le sang, le gout de l'hémoglobine lui envahissant la bouche. Un frisson lui parcouru l'échine lorsque la voix de la Luteni retentit, charriant des glaçons.

    - Voilà pour ce qui est du prolégomène. Maintenant, parle. Et parle distinctement surtout. Elle fit alors un signe et le garde à l'entrée disparu, les laissant seuls.

    Et si c'était le signe explicite que la jeune femme avait les pleins pouvoirs sur lui, le gobelin ne perdit pas de son arrogance. Il ne pouvait décemment pas se plier au bon vouloir d'une bacchante telle qu'elle. Il cracha son mépris au sol et releva le menton, la dévisageant avec un intensité qui prouvait sa résilience. Mais alors qu'il s'attendait à voir de la colère passer sur le visage de la Luteni, il ne trouva dans son regard qu'une délectation toute satisfaite, comme s'il lui avait donné ce qu'elle voulait.

    Quelques minutes de gourmandes plus tard, un temps qui sembla infini au pauvre partisan, il avait la gueule couverte de sang coagulé, le nez brisé qui exsudait, un œil gonflé déjà purulent et un bras tordu d'une manière adventice. Quant à ses jambes, autant dire qu'il n'allait plus jamais courir, le voilà cagneux, sans parler qu'il avait le fémur qui ressortait lugubrement de son genoux qui dégoulinait d'humeur carmine. Il ne lui restait plus que, pour se consoler, l'inférence qu'il avait une chance de survie s'il passait à table. Ce qu'il fit avec une servilité toute nouvelle, crachant ses molaires.

    - Fé bon ! Je vais parler, ne frappez plus, pitié ! Lyra recula d'un pas, toute ouïe. Oui, je boffe pour Tensai Ryffen... Je devais fabriquer des bombes et les plafer à des endroits stratégiques, au niveau des remparts. Mais ma capture ne change rien, la ville est déjà perdue !

    - Combien êtes-vous ? Répliqua Lyra en se massant le poing.

    - Beaucoup ! Énormément ! Plus que vous ne le croyez. Demain, les puits vont tous êtres empoisonnés, après-demain, vos armes disparaitront, le lendemain, les incendies ravageront la cité, et le surlendemain, vos chefs s'étrangleront avec leur déjeuner...

    - Le Khashis Phelli, vous l'avez empoisonné ? L'interrompit-elle abruptement.

    - Oui ! avec une fleur du diable, même fi on aurait dû tuer fon collègue, cet abruti de Storwa !

    - La ville est donc perdue d'avance ?

    - Si fait ! Et n'attendez pas le moindre renfort, Ikusa est déjà aux prises avec une myriade de saboteurs comme moi. Il partit d'un rire guttural avant de s'étrangler avec son propre sang.

    Faisant fi de ses signes pour quémander de l'aide, Lyra traitait toutes ces informations, réalisant peu à peu le chemin qu'elle devait emprunter pour obtenir le salut. La petite main du gobelin lui attrapa le mollet dans un dernier élan. Lyra lui écrasa les doigts, les brisant sous le talon de sa botte de cavalerie. Finalement, elle pivota pour quitter la cellule, laissant le gobelin à ses vagissements étranglés qui se turent bientôt. Elle avait beaucoup à faire pour éviter que son nom ne se perde dans les entrechats de l'histoire.

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  • Dim 24 Mar - 10:03
    Chapitre 6


    [SOLO] Dynasties et dystopies Tenor

    L'Adujar Gwirwa Skirtivand, un allié à présent bien connu de nos lecteurs, verrouilla la ridelle du chariot lourdement chargé de roches concassées. Il fit alors signe au charretier de fouetter ses bœufs, devant livrer son chargement aux remparts nord où les gravas serviraient de projectiles lors du siège imminent. Si l'armée de Ryssen se faisait silencieuse après avoir incendié les villages septentrionaux, pas le moindre éclaireur n'était parvenu à repérer la horde de barbares dans les environs. Quelques ingénus arguaient que l'envahisseur s'était caleté dans le nord, épouairé par la menace de renforts d'Ikusa. Les plus réalistes, tels que Gwirma, s'avaient qu'il ne faisait que contourner la ville pour l'encercler et faire le plein de vivres en pillant le reste de la région. Les barbares appliquaient là un concept stratégique de base qui n'était malheureusement pas à la portée de la menuaille qui se laissait aller à la divagation optimiste.

    Il chercha du regard, aux abords de la place des champas, la silhouette de son petit frère, Randach, qui avait tendance à lui coller aux basques. En temps normal, le reste de sa famille vivait à Santangos, un village lacustre au sud de la jungle taisenoise. Or, lorsque la grande Taisen était tombée aux mains de l'envahisseur, les Skirtivand avaient rejoint Gwirma à Kyouji dans l'espoir de se réfugier derrière les murailles de la cité. Or, Randach Skirtivand, pourtant bien jeune, collait aux basques de son grand frère, avide de rejoindre les rangs de la prestigieuse armée royale.

    L'elfe remarqua alors la frêle silhouette de Randach près d'une fontaine, tarabustant les gardons d'un rameau de férule. L'Adujar esquissa alors un sourire avant d'actionner son armure de plate rutilante pour se diriger vers lui, après s'être assuré que le charretier livrerai bien la rocaille au bon chemin de ronde. Il passa alors devant un carrosse d'ébène dénué de cochet, surement garé là le temps que les affaires reprennent. Soudain, le vantail du carrosse s'ouvrit et une main en surgit, agrippant l'elfe par le col, le tirant avec force à l'intérieur de l'habitacle.

    Gwirma porta instinctivement la main à son falchion mais le rengaina alors qu'on le poussait contre une banquette festonnée de soie. Il s'était rasséréné à l'instant où il avait aperçu les traits harmonieux d'un visage qui lui était bien connu. Il leva son regard vers la Luteni Leezen, sa supérieure directe, habillée en civil, engoncée dans un caftan nébuleux, les cheveux lâchés. L'elfe concédait volontiers que, malgré qu'elle soit typée shoumeïenne, Lyra Leezen était fort séduisante en temps normal. Mais alors qu'il la voyait pour la première fois les cheveux en cascade et sans armure, le truisme de sa beauté lui sautait aux yeux.

    - Si vous vouliez me parler, Luteni, il suffisait de me faire mander à votre bureau... Ou dans une auberge. Il afficha une mine chafouine.

    - Vos badineries n'ont pas lieu d'être, Adujar... Ce que j'ai à vous dire mérite le plus grand sérieux. Répliqua Lyra en affermissant ses traits.

    - Vous cherchez manifestement la discrétion, alors le sérieux de la discussion ne m'a guère échappé, ne vous en faites pas. Raisonna Gwirma en mirant l'habitacle.


    Lyra se tenait parfaitement droite, assise sur la banquette opposée, la soie de sa tunique lui tombant jusqu'aux mollets, mais laissant deviner un brin de peau immaculée. Pour une femme vivant à Kyouji, elle était d'une pâleur marmoréenne qui ne passait point inaperçue. Et si elle passait un certain temps au soleil, elle avait le teint considérablement moins hâlé que ses pairs. Gwirma se demanda alors si c'était purement génétique ou si même les rayons de soleil barguignaient à se frotter à la Luteni. En tout cas, il savait que lui ne s'y frotterai pas.

    - L'enquête sur celui qui m'a fait ça, elle désigna ses côtes tout justes remises, où en est-elle ?

    - Le grand gaillard plein de bandages ? S'enquit l'elfe.

    - Lui même. Confirma la Luteni.

    - Aucun lien avec Ryssen, d'autres séditieux l'ont affirmé.

    - Et vous les avez cru ?

    - Eh bien vous savez comme ils aiment à nous faire croire qu'ils sont une kyrielle, alors s'ils désignent votre assaillant comme ne faisant pas partie de leurs rangs, je veux bien les croire. C'était un simple mercenaire.

    - Il bossait pour qui alors ? Fit Lyra, abruptement.

    - Ça, il aurait fallut le lui demander directement...

    - Si vous ne l'aviez pas tué. L'interrompit-elle.

    - Je craignais pour votre vie ! S'insurgea l'Adujar. Vous avez une idée en tête ? Ajouta-t-il plus calmement, tout quinaud.

    - Avant que vous ne le tuiez, il m'a dit quelque chose... Quelque chose qui m'inquiète. Sentant le regard interrogateur de Gwirma sur elle, elle continua. Il connaissait mon prénom. J'étais sa cible et il guettait l'opportunité de me supprimer.

    - Vous pensez à qui ? Messire Bralt ?! Allons, l'affront que vous lui avez fait est enterré depuis longtemps, il ne peux se séparer du moindre de ses officiers juste pour réparer son honneur des années après l'avanie ! Gwirma se cogna la tête au plafond bas et se tût.

    - Vous allez trop vite en besogne, Adujar. Je sais bien que Messire Bralt est trop capon pour engager le moindre mercenaire. Je pense à quelqu'un d'autre... de bien plus redoutable... tout du moins pour moi... par rapport à ce qu'il a dit avant de mourir. Elle se tût à son tour.

    - Je ne comprends pas. Gwirma brisa le silence.

    - Ça ne fait rien. Tout ce qui compte c'est que je comprenne, moi. Elle évitait son regard.

    - Vous vouliez me voir pour ça ? Ou y'a-t-il autre chose ? Devina l'elfe.

    - Si fait. La défense de la ville.

    - Quoi la défense de Kyouji ? Il feignit l'ignorance. Lyra le perçut.

    - La cité est perdue, Adujar, si Ryssen n'est pas encore à nos portes, c'est pour mieux frapper avec force, tel un raz-de-marée. Intellectualisa la Luteni.

    - Vous m'arrachez les mots de la bouche, que proposez-vous pour sauver le monde ? Ironisa l'Adujar.

    - Je crois bien que la couardise de Messire Bralt a contaminé son Excellence Flisilt, de surcroit depuis la défaite du Khashis Storwa. Le siège n'a même pas commencé que l'eau commence déjà à manquer, la quantité de refugiés est telle qu'il doit y en avoir un sur deux au service de Ryssen. Nous sommes entourés de séditieux au point que la ville ne pourra tenir bien longtemps. Et si les potences s'alignent à perte de vue sur l'avenue royale, la cité est déjà infestée. Nous devons sauver Kyouji, protéger ses habitants et préserver nos troupes de la folie des Grands Officiers et de leur Seigneur.

    - Si je comprend bien, Luteni, détrompez moi si je me fourvoie, mais vous proposez de prendre les rênes de la cité pour mieux la livrer aux barbares ? Il arqua un sourcil.

    - Je vous propose d'éviter une boucherie. Vous tenez à vos hommes autant que moi, évitons-leurs une mort lente et déshonorante retranchés derrière des remparts croulants. Évinçons Flisilt et Bralt. Laissons Ryssen entrer et préservons la cité des incendies et de la famine. Argua-t-elle avec véhémence.

    - Je comprend mieux la discrétion de cette entrevue. Et vous avez bien fait, Luteni. Nous sommes déjà quelques sous-officiers, notamment l'Adujar Statar Rinnavralt, mon collègue, à penser la même chose depuis quelques temps.

    - Prenons le palais. Et alors nous pourrons ouvrir les portes de Kyouji. Aucun renfort ne viendra, autant se ranger du côté du gagnant et préserver la cité et nos forces armées. Si vous êtes avec moi, Gwirma, rassemblez tous ceux qui pensent ainsi. Je ferait pareil de mon côté...

    - Et le Majra Dandovrart ? Intervint-il.

    - Je m'en charge. Allez. Elle lui ouvrit la porte.

    Lorsqu'il ressortit enfin du carrosse d'ébène, l'Adujar ne trouva plus son petit frère près de la fontaine de la place aux champas, il avait dû se lasser et rentrer à la maison. Gwirma remarqua alors que l'eau qui sourdait habituellement de la fontaine n'était plus. La municipalité avait dû obstruer les aqueducs pour économiser l'eau.

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  • Dim 24 Mar - 23:19
    Chapitre 7


    [SOLO] Dynasties et dystopies Simon-11

    Peu étaient ceux qui avaient deviné le lien qui unissait la Luteni Leezen au Majra Dandovrart. L'Adujar Skirtivand était l'un d'eux, bien que Lyra ne le lui ai jamais dit, il l'avait déduis de lui-même, en dépit des précautions déployées par les amants afin que leur relation ne soit point ébruitée. Ceci-dit, leur secret était bien gardé avec lui, n'ayant aucun mobile pour discréditer les deux officiers. Gwirma s'était donc permis de suggérer à la Luteni de sonder le Majra pour s'assurer qu'il ne se dresserait pas contre eux lors du putsch à venir, car c'était bien ce qu'ils ourdissaient. Autant appeler un chat un chat.

    Toutefois, Gwirma n'avait point besoin de l'inciter à mettre son amant dans la confidence, Lyra ayant déjà prévu dans ses plans de l'en informer, juste pour le rallier à leur cause, ce qui ajouterait un poids supplémentaire à leur action. En outre, la Luteni était la plus haut gradé dans la conspiration, et s'ils voulaient la mener à bien, il valait mieux avoir un officier supérieur à leurs côtés. Or, les deux Khashis de la cité étant morts et enterrés, le Majra Dandovrart était le plus susceptible de leur fournir l'influence nécessaire à ce coup d'État. Pour ce qui était du Tovyr, il était inutile de l'approcher, tant sa haine de Ryssen était palpable, tout comme chez les autres Majra.

    Messire Bralt devait tomber à tout pris, le palais devait être pris et les portes ouvertes avant que les barbares ne mettent la ville à feu et à sang par la faute de son seigneur et de ses officiers, sclérosés d'un orgueil éperdu. Lyra Leezen se devait d'agir pour le bien de la cité et pour la survie de ses hommes. Il fallait croire qu'elle s'était adressée à la bonne personne car l'Adujar Skirtivand était parvenu à rassembler près de quatre-cents soldats prêts à les suivre, elle et ses deux Adujars. Ce serait sûrement suffisant pour prendre le palais et le tenir assez longtemps pour obtenir l'abdication de Mufnesi Bralt.

    Afin que l'opération soit une réussite, il fallait agir au plus vite avec les forces à disposition. Il était capital de passer à l'action avant l'arrivée de Ryssen mais surtout tant que le putsch ne s'était point ébruité. De surcroît, le Tovyr Flisilt s'était retranché dans ses quartiers généraux, laissant le seigneur et sa cour au palais. La garde seigneuriale ne devrait pas présenter un réel obstacle à la cohorte de Lyra, tant que le redoutable Tovyr n'était pas dans les environs.

    Pour l'heure, Lyra Leezen, en armure légère, se présenta au bureau du Majra Rom Dandovrart, au sein de l'Etat-major de Kyouji. L'officier était penché sur son imposant bureau, écumant les plans souterrains de la cité d'un œil scrutateur, bien conscient que les ramifications des coursives sous la ville étaient si nombreuses qu'aucune carte, aussi précise soit-elle, ne pouvait les recenser toutes. Peut-être craignait-il l'existence d'un passage permettant aux barbares de se glisser sous les remparts, ou bien cherchait-il une issue pour faire évacuer les patriciens de Kyouji ? Lyra ne put élucider la question car le Majra roula le parchemin à la venue de la Luteni avant de le glisser dans son phylactère.

    Soit il ne pouvait laisser le regard de Lyra parcourir les cartes, soit il voulait pleinement se dédier à l'entrevue. La Luteni se posta devant le bureau, exécutant cérémonieusement le salut militaire en se frappant la poitrine, salut rendu tout aussi protocolairement par l'officier. Ce dernier, comme le voulait la bienséance, entama la discussion. Lyra y perçut une certaine fermeté qu'elle ne lui reconnaissait pas.

    - Pourquoi tant de secret ? Fit-il sombrement.

    Lyra s'ébroua, craignant un instant qu'il ait vu clair dans son jeu, avant de ne point se trahir et de creuser un peu.

    - Quel secret ? Je ne puis en avoir pour vous, Majra, vous le savez bien. Répliqua-t-elle froidement.

    - Trêve de protocole, Lyra. Ici les murs n'ont pas d'oreille, crois-moi. Je m'étonne simplement que tu n'ai pas spécifié de motif en demandant cette entrevue. Ajouta-t-il en se passant une main dans sa chevelure soyeuse.

    - Pour ne point éveiller des soupçons, je n'ai guère confiance en ta secrétaire. Elle se décrispa.

    - Serait-ce de la jalousie, Lyra ? Il se carra dans son fauteuil.

    - J'en serait bien incapable. Mais tu sais comme moi qu'il y a deux types de personnes à Kyouji en ce moment : la moitié espionne pour le compte de Flisilt, l'autre est au service de Ryssen. Ce que j'ai à te dire est trop important pour être ébruité.

    - Ah... Lâcha-t-il, sobrement.

    - Kyouji est perdue, je le sais, tu le sais, tout le monde le sait. Même le Tovyr et le Seigneur. Et pourtant ils veulent tous nous entraîner dans une bataille perdue d'avance, peu importe les efforts déployés pour se préserver de la défaite.

    - Attention à ce que tu dis, Lyra... Elle l'interrompit.

    - N'étais-tu pas en train de consulter les cartes souterraines dans l'espoir d'un échappatoire ? Argua-t-elle avec hardiesse.

    - Tais-toi maintenant ! Il se leva avec force.

    - Serai-je parvenue à t'échauffer ? Allons, ouvre les yeux, la fuite ne servira à rien, tout comme le retranchement préconisé par Flisilt. Il n'y a qu'une issue à cette guerre. Elle se rapprocha si près qu'il se noya dans son regard.

    - Silence. Ne me force pas à te dénoncer. Il chercha à fuir les deux orbes nébuleuses de son amante. Ses paroles le terrifiaient, et elle le voyait bien. Lyra appuya davantage.

    - Aide-moi pour un coup d'État qui nous sauvera de leur folie. Soutiens moi comme tu l'as toujours fait, Rom.

    - Cesse ces fariboles ! Ferme la ! Rugit-il en s'éloignant nerveusement.

    - Je ne suis pas la seule à penser cela, et l'idée d'un putsch t'a visiblement traversé l'esprit, vu comme cela te secoue. Tu sais que j'ai raison, alors allies-toi à moi et ensemble sauvons Kyouji, car tel est notre devoir. Elle chercha à l'enlacer mais il la repoussa abruptement.

    - Pars. Pars avant que je n'appelle la garde. Ne me force pas à contempler ton cadavre au bout d'une corde comme tous ces malheureux.

    - Rom...

    - Tu as perdu la raison, Lyra. Hors de ma vue.

    Il ne pouvait plus la regarder, rivant son regard par la fenêtre de son bureau, se perdant dans l'horizon infesté de fumerolles sous un ciel encombré de freux. Kyouji n'avait jamais été aussi sinistre qu'en ce jour. Lorsqu'il ôta son regard de ce lugubre paysage, à la veille d'un grand revirement qu'il ignorait encore, il ne vit plus Lyra, s'étant volatilisée.

    La porte de son bureau était restée ouverte.

    [SOLO] Dynasties et dystopies 1c151510

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  • Jeu 28 Mar - 21:57
    Chapitre 8
    Il n'y avait pas eut la moindre cérémonie en l'honneur du Khashis Storwa, et encore moins pour le Luteni Gwilderr, bien qu'ils aient menés la seule contre-attaque d'envergure dans le but de stopper l'avancée de Ryssen. Le Tovyr Flisilt, soucieux de l'ordre et de la sécurité de la cité, craignait qu'un cénotaphe en mémoire de Storwa et de ses hommes ne porte un coup au moral des troupes restantes, rappelant à tous les pertes engrangées par la cuisante défaite du Khashis, sans parler que cela ne ferait que renforcer l'aura invincible de l'envahisseur. Ce manque de déférence envers les trépassés ne fit qu'irriter nombre de soldats et sous-officiers qui percevaient ce choix comme un affront à la mémoire d'un Grand Officier et des milliers d'âmes ayant donnés leurs vie pour le Royaume.

    En parallèle, pour ce qui était de la Luteni Leezen, l'idée que le mercenaire, l'ayant attaqué la semaine passée, avait été engagé par ses propres parents - ces deux serpents avides de se débarrasser d'une fille par trop hardie à leurs yeux - s'était affermie dans l'esprit de la Lyra. Et ceci eut pour effet d'accroître l'aversion qu'elle portait envers eux et plus largement contre l'aristocratie de Kyouji, à la botte de cet houlier de Mufnesi Bralt. Tout ceci ne fit que confirmer sa volonté de prendre le palais seigneurial d'assaut et de livrer ces pleutres à Ryssen, de sauver Kyouji de leur piteuse gouvernance.


    [SOLO] Dynasties et dystopies Tenor

    Dans la cour de la garnison Est de Kyouji, à une poignée d'encablures du palais seigneurial, une certaine activité trahissait un revirement majeur. Les sentinelles n'étaient étonnamment pas à leur poste, l'entrée était verrouillée d'épais moraillons et le pont levis était levé. Pas la moindre âme sur le chemin de ronde, et pourtant, même au pied des murs extérieurs on percevait la tension d'un tel cloisonnement. De nombreuses clameurs parvenaient de l'enceinte de la garnison, ainsi que la trille incessante des bottes de cavalerie et le crissement des armes d'hast.

    Les privilégiés pouvant en observer la source purent poser le regard sur de nombreux hommes de la cohorte Venendal, mélangés à des soldats de la cohorte Nausicaa, du bataillon Vrihedd ainsi que de différentes unités issues de la Horde d'Alba. Tout ce beau monde, s'élevant par centaines, était rassemblé dans l'immense cour faisant face au bâtiment central de la garnison. Les gonfalons et oriflammes chamarrés claquaient sous la bise crépusculaire. Alors que le cercle solaire s'abaissait inéluctablement vers l'horizon, les soldats firent tous silence.

    De l'imposante bâtisse sortaient les officiers et sous-officiers à la tête du putsch qui se préparait. Tous ici avaient une raison de suivre ces Luteni et Adujar dans leurs folles prétentions au sauvetage de la ville. Certains voulaient tout simplement avoir une chance de survie, peu importe quel maître ils servaient, d'autres reconnaissaient la défaite inutile à laquelle les exposait le Seigneur et son Tovyr. Les plus ambitieux entrevoyaient une possible promotion suite au coup d'État, tandis que les plus ingénus suivaient aveuglément les ordres de leur supérieur le plus direct.

    Mais tous ici étaient fidèles à l'idée même de renverser Bralt et Flisilt et d'ouvrir les portes à Ryssen, ne serait-ce que pour sauver leurs familles. À la tête de ces quatre cents lances, la Luteni Leezen, bien qu'étant une femme, était parvenue à fédérer nombre d'Adujars, notamment Gwirma Skirtivand et Statar Rinnavralt, entre autres. Ce dernier était particulièrement discret, mais non moins doté d'un esprit acéré pour un homme de si basse extraction. L'homme en question ne parlait guère mais pensait beaucoup, tant il avait rejoint la cause de Lyra sans poser trop de questions, entrevoyant par lui-même le bien fondé d'un putsch. Pour ce qui était de Gwirma Skirtivand, il se considérait comme un bon ami de Lyra, bien que ce ne soit pas infailliblement réciproque, il la suivrait aveuglément.

    - Luteni, attendez, l’invita-t-il à part, êtes vous sûre de ce que vous faites ?

    - Évidemment que je suis sûre, vous êtes d’ailleurs celui qui m’a conforté dans l’idée d’une telle action, Skirtivand.

    - Non, ce que je voulais dire, c’est : êtes vous prête à aller jusqu'au bout ?

    - Et comment ! Flisilt n’est pas au palais, ce sera un jeu d’enfant d’y entrer, la garde seigneuriale ne pourra rien contre un tel groupe armé. Elle désigna la cohorte d’un geste ample.

    - Et l’après ? Une fois que vous aurez contraint Bralt à ouvrir les portes de la ville, vous ploierez le genoux face à Ryssen ?

    - Que me chantez vous là, Adujar ? Que voulez-vous faire d'autre ? Nous sommes des soldats, nous sommes fait pour servir, et rien d’autre.

    - Voyez-vous, après ça, j’espère sincèrement que Ryssen nous laissera une chance, que le fait que nous ayons commis un putsch ne le laisse pas penser que nous pourrions reproduire la même, mais contre lui, si jamais la chance finit par lui faire défaut…

    - Vous vivez trop dans le spéculatif, Skirtivand. Pour l’instant Ryssen est le grand gagnant, se ranger à ses côtés est la meilleure chose à faire, que ce soit pour nous ou pour Kyouji. Et si Ryssen doute de notre loyauté, il n’aura qu’à nous mettre à l’épreuve.

    - Mais, au lieu de prendre le palais seigneurial, ce qui est extrêmement risqué, vous devez bien le reconnaître, ne devrions-nous pas quitter la cité pour rallier la horde de Ryssen ?

    - Et participer avec eux au siège de notre propre ville ? Nous serions probablement mieux vus par Ryssen de la sorte, mais où sera donc passé notre honneur ? Il est, de surcroît, plus expéditif de renverser le seigneur de l’intérieur, en plus d’épargner la souffrance d’un siège à rallonge à tout le monde.

    À cela, l’Adujar n’eut rien à rajouter, Lyra était convaincue qu’ils empruntaient la meilleure course possible, de plus, il était déjà trop tard. Le plan était bien ficelé, les hommes briefés, et il ne manquait plus que le discours protocolaire de l’Officier en charge, à savoir Lyra Leezen. Cette dernière, portant une armure aussi sombre que ses iris, grimpa sur l’estrade et mira les centaines d’hommes face à elle avant de s’adresser à eux d’une voix surprenament tonitruante.

    - Soldat du Reike ! Elle croisa les bras dans son dos. La défaite nous guette, tel l’autour s’apprêtant à fondre sur sa proie, l’armée de Tensai Ryssen est à nos portes. Ceux qui pensent pouvoir le stopper dans sa marche ne feront que rejoindre le Khashis Storwa. Les Draknys ont failli à la défense du royaume, ils ne viendront jamais nous aider, n’enverront pas le moindre renfort, nous sommes laissés à nous même ! Une rumeur enragée traversa la foule. Et alors que Messire Bralt et son Excellence Flisilt refusent d’admettre leur défaite, ils préfèrent faire subir à leurs troupes l'avanie d’un siège tout en prenant en otage toute une population. Dans leur folie orgueilleuse, ils nous entraînent tous vers le trépas. “Quitte à périr, emportons les tous avec nous !” Se disent-ils depuis le pinacle de leur palais ! Les troupes rugirent pour de bon. Vous m’avez rallié, vous vous êtes écartés du rang des serviles moutons , vous tous ici évitez la perdition en faisant le bon choix. Ensemble nous allons prendre le palais par la force, nous contraindrons Messire Bralt à faire ouvrir les portes de la ville et de rendre les armes. Ryssen épargnera alors les troupes royales, récompensera les gagnants et ne mettra pas à sac la cité ! Un cri galvanisa la cohorte. Mais ne le faites pas pour moi, ni pour vous, faites le pour Kyouji en l’épargnant des incendies et pour vos familles en leur évitant la famine ! Suivez-moi jusqu’au palais et ensemble rangeons nous dans le camp des victorieux ! Elle exerça alors le salut militaire qui lui fut rendu par chacun de ses auditeurs, entraînant moult claquements et tintements. Lyra désigna alors la porte de la garnison qui fut aussitôt ouverte, libérant le passage à la cohorte en rangs serrés qui filait en direction du palais seigneurial, quelques venelles plus loin.

    Le disque solaire disparu sous l’horizon, laissant finalement place au monde des ombres.

    [SOLO] Dynasties et dystopies 9b35d512
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  • Dim 31 Mar - 10:45
    Chapitre 9


    [SOLO] Dynasties et dystopies R--n4H

    La nuit fleurait le houblon et la fumée des braseros. Si les températures estivales se faisaient ressentir de plein fouet toute la journée, le cercle ardent du soleil frappant la ville cosmopolite de ses rayons accablants, la lune ne pouvait rivaliser avec une telle chaleur. La douceur de la nuit de Kyouji n'avait certes rien à voir avec le frima nordique, mais pouvait se révéler fraîche, voire froide. Les lueurs des foyers allumés pour réchauffer les plantons postés sur les chemins de ronde illuminaient la cité d'une ceinture ignescente.

    Et si dans la journée les éclaireurs peinaient à suivre la horde de barbares qui mettait à sac la région, parvenant tout juste à les identifier aux fumerolles sur leur passage, l'horizon nocturne était aussitôt illuminée de dizaine de milliers de brandons, trahissant l'imposante armée de Ryssen, au loin. Le plus inquiétant n'était pas la lumière rougie de l'armée brillant au loin, mais bien le fait qu'elle se déplaçait même la nuit, engrangeant moult réserves et recrues pour mener le siège qui s'annonçait inéluctable.

    Le mage d'État, un elfe du nom d'Ungach Indriorno, avait été mandaté par Messire Bralt pour assurer jour et nuit la défense magique des remparts, afin d'éviter la moindre attaque surprise ou le plus petit sabotage qui pourrait mettre à mal l'enceinte extérieure. Ce serait également lui, mage séculaire et ses disciples, qui pilonnerait de magie offensive les assaillants et déploierait des boucliers défensifs pour épuiser les assiégeants. De facto, le mage de la cour seigneuriale était donc en faction sur les remparts, loin du palais, à l'instar du Tovyr Flisilt.

    L'information était fiable dans la mesure où Lyra Leezen la tenait de l'Adujar Statar Rinnavralt qui s'était assuré que l'Orc et le mage soient absents du palais lors de leur putsch. La cohorte de la Luteni put donc profiter du couvre feu imposé ainsi que de la pénombre du premier croissant pour se glisser tel un serpent jusqu'aux portes de la demeure seigneuriale, et ce sans être vu. Lyra n'avait jamais échangé plus que de mesure avec l'Adujar Rinnavralt, mais elle lui faisait confiance au vu de la verve qu'il avait employée pour manifester sa loyauté envers le projet de la Luteni. De surcroît, Gwirma Skirtivand semblait lui accorder crédit, lui qui parvenait si bien à lire autrui comme dans un livre ouvert.

    À l'approche du palais, l'Adujar Skirtivand leva un poing pour immobiliser les centaines d'hommes qui le suivaient, se tapissant aussitôt dans l'ombre portée des encorbellements de l'avenue déserte. L'elfe s'avança tout seul, à l'encontre des gardes. Il se présenta devant les deux factotums en poste à leurs guérites, au pied de l'enceinte du palais. Les bribes parvenant jusqu'aux oreilles de Lyra furent les suivantes :

    "...entrevue avec le seigneur..."
    "...important..."
    "...sauf-conduit..."
    "...coquebert..."
    "Traître."

    Sans crier gare, l'officier tira une miséricorde de son houseau et, dans un éclat qui fendit la nuit, trancha la gorge des deux sentinelles. Dans le même souffle, les gardes en poste sur les hourds, sis de chaque côté de l'entrée, furent abattus par une volée de flèches fusant des closeries environnantes. Lyra poussa un soupir tant l'action avait été opérée avec précision et silence. Une fois l'impedimenta des remparts du palais passée, les marches de celui-ci ne furent qu'une formalité.

    Les quelques membres de la garde seigneuriale qui ne se replièrent pas en voyant la marée de séditieux fondre vers le fronton du palais furent abattus, tués, piétinés. Un sorcier tenta de dresser une paroi rocheuse, mais trop tard, recevant une flèche décochée par Lyra, pile entre les deux yeux. Le lourd vantail de la porte de l'antichambre vola dans un fracas assourdissant alors que l'Adujar Skirtivand fondait déjà sur les gardes se tenant derrière, soutenu par ses hommes qui étripèrent les plus courageux et massacrèrent les plus couards.

    Pendant ce temps, l'Adujar Rinnavralt repoussait avec ses soldats les gardes qui tentaient de les stopper le long de la colonnade de caryatides, écharpant les défenseurs en sous-nombre. Bien vite, l'entrée de la salle du trône, où Messire Bralt avait l'habitude de souper, las de faire le trajet jusqu'à sa salle à manger, devait se trouver. Un élémentaire de vent au service de Lyra se chargea de faire valser les vantaux avec un claquement sinistre qui se réverbéra dans la vaste salle du trône.

    Semblarait-il que les insurgés avaient interrompu un conciliabule entre Messire Bralt et son intendant, car ce dernier était penché près de l'oreille de son seigneur, affairé à engloutir une bonbonne de vin. Il manqua de s'étouffer avec alors que le regard incendiaire de Lyra Leezen se posa sur lui depuis l'autre bout de la pièce, écarquillant ses petits yeux lovés à l'ombre de ses arcades proéminentes. Son crâne glabre exsudait déjà des sueurs froides de toute part, redoutant ce qu'il allait advenir de lui, comprenant aussitôt de quoi il retournait, ayant déjà perçu les clameurs des affrontements. Son visage se voulant ferme trahissait sa résignation.


    Au-dessus du trône pendait un gobelin finement tissé, représentant un puissant auroch aux prises avec un homme de forte stature, l'attrapant par les cornes en pleine course. L'homme qui trônait sur l'imposant fauteuil, sous la tenture, n'avait rien de l'Hercule représenté par le maître fileur. À vrai dire, le seigneur des lieux était plus affalé qu'autre chose dans son trône. Engoncé dans un ample brocart charbonné, ses pieds, enfermés dans de riches brodequins, ne touchaient même pas le sol.

    Dans la surprise, il renversa l'aiguière d'airain posée sur le guéridon bordant son trône, déversant une marre de Malvoisie qui cascada sur les marches de l'autel. Et si l'échevin s'était aussitôt caleté à la vue des insurgés, Mufnesi Bralt ne put en faire autant, peinant tant bien que mal à se redresser dans son faudesteuil. Lyra siffla de mépris en voyant le piffre, turbide et pris de court, se tortiller sur son séant. Dire que ses géniteurs avaient voulu la marier à cet immonde personnage quelques années plus tôt !

    Quelque part dans ce palais, profitant de la protection du seigneur, Messire Aiseann et Dame Inra Leezen devaient avoir été réveillés par le capharnaüm de l'assaut nocturne. Après s'être occupée du cas du gros seigneur, elle se chargerait de ses parents, les mettant face à la bassesse d'avoir engagé un mercenaire pour se débarrasser d'elle et face à leur échec à la façonner à leur image. Ryssen finirait de punir les aristocrates à la botte des Draknys et du seigneur de Kyouji.

    - Luteni ! Vous commettez là une irréparable erreur. Clabauda Bralt depuis son trône.

    Les hommes de Leezen se déployaient dans la salle, leurs pointes en direction du seigneur ventripotent, tandis que la plus grande partie restait à l'extérieur pour assurer le contrôle du palais seigneurial. Derrière Lyra se tenaient ses deux Adujar qui avaient donné l'ordre que la porte de la salle du trône soit barricadée. Aussitôt, des hommes barrèrent les vantaux derrière eux, afin de tenir cloisonné le seigneur le temps qu'il faudra pour le faire plier. Lyra passa son arc en travers de sa poitrine et tira le glaive qu'elle avait à la ceinture, faisant quelques pas en direction de Messire Bralt.

    - C'est de la haute trahison ! Peu importe la réussite de votre coup d'éclat, vous serez tous torturés et pendus ! Grailla Bralt.

    - Vous comptez beaucoup trop sur votre armée pour venir à votre secours. Nous sommes votre armée, messire. Sauf votre respect, il n'y a plus que vous et moi, or, vous savez très bien de quoi je suis capable. Rétorqua-t-elle sombrement, tout en grimpant la première marche vers le trône.

    - Misérable bacchante ! J'aurai dû vous tringler à l'époque, ça aurait freiné vos ardeurs ! J'ai fermé les yeux sur l'affront que vous m'avez fait par respect pour vos parents, mais je réalise maintenant que j'aurais mieux fait de vous sauter, au diable le mariage ! Vitupéra-t-il tout en se dandinant comme il put pour se faire plus haut qu'elle.

    - Si vous ne m'étiez pas utile, je vous délesterai de votre tête qui parle trop et si mal. Elle avança d'une nouvelle marche, évitant soigneusement la flaque de vin. Je ressent votre peur, votre voix vacille alors que vous tentez de vous donner une contenance, mais si en ce moment je suis la source de toutes vos craintes, rien ne vous terrifie plus que Ryssen... Il la coupa abruptement.

    - Sale vipère ! Vous êtes à son service depuis combien de temps ? Je vous tolère au sein de mon conseil de guerre, et voilà comment vous me remerciez ? Par la trahison ? Où est ce paltoquet de Dandrovart ?! Il vous a toujours protégé, alors même que Flisilt répugnait une femme à un tel grade, serait-ce aussi lui qui vous envoie faire la salle besogne ce soir ?

    - Figurez-vous que le Majra Dandrovart est resté fidèle à votre cause, mais lorsque Ryssen entrera dans la ville, ce sera à mon tour de le protéger, pour lui éviter la décapitation. Elle arriva à la hauteur du seigneur.

    - Ah, c'est donc ça ! Vous voulez me contraindre à faire ouvrir les portes de ma ville ? Laisser ces barbares déferler dans mes rues ? Me prendre ce que j'ai érigé ? Pauvre idiote ! Vous n'êtes qu'une bande d'abrutis finis ! Tous autant que vous êtes. Il ne lâchait rien, crachant moult imprécations envers les soldats en présence.

    - Dehors, j'ai une estafette qui n'attend que votre ordre pour le transmettre aux portes de la ville, en apprenant leur ouverture, Ryssen viendra et prendra Kyouji sans la moindre effusion de sang. Si vous ne vous pliez pas à mes adjurations, ce sera le votre qui coulera le premier.

    Elle poussa du pied le guéridon près du trône, elle disposa dessus un palimpseste n'attendant que le sceau seigneurial pour être expédié aux garnisons. La missive sommait les soldats à déposer les armes et à ouvrir les portes, reconnaissant Tensai Ryssen comme maitre de la cité. Il ne restait plus qu'à Mufnesi Bralt à tremper le frontispice de sa chevalière dans l'encre et à en imprimer le sceau sur le bas du parchemin. Le seigneur zieuta le papier avant de glisser son regard d'un bleu délavé vers sa chevalière. Il savait pertinemment que Lyra pouvait lui trancher le doigts pour la lui ôter et signer le décret elle-même, mais il percevait cette droiture qui demeurait chez la Luteni, préférant jouer selon les règles de l'honneur. Il pouvait lui aussi jouer là dessus. Il releva son regard vers la femme aux yeux bridés.

    - Vous choisissez la voie de la facilité, Luteni. Au lieu de vous dresser face à l'ennemi que vos supérieurs vous désignent, vous préférez leur tourner le dos et perpétrer la pire des traitrises. Vous auriez pu perdre avec honneur, mais vous avez préféré une victoire avilissante. Je plains vos parents qui ne peuvent que se flageller pour avoir raté toute votre éducation. Lyra l'observa un long moment, silencieuse.

    - Mes... géniteurs sont responsables de ce qui vous arrive aujourd'hui. S'ils ne m'avaient pas rabaissé à l'état d'un objet toute ma vie, je n'aurai peut-être pas développé cette aspiration à me faire un nom. À vouloir museler ce que vous ne pouvez contrôler, vous ne faites que le pousser à l'émancipation. Contrepassa-t-elle avec acidité.

    - À refuser de vous conformer à votre place de femme, vous n'avez fait que vous attirer l'aversion de tout ceux qui vous entourent. Même ces sicaires qui vous suivent ce soir ne le font pas pour vous mais pour eux-mêmes. Vous en êtes arrivé au point où vos parents doivent engager des nervis pour se débarrasser de vous. Lyra Leezen, vous êtes condamnée à vivre seule, dans l'ombre des grands de ce monde. Et vous périrez dans la plus plate des solitudes, comme le mérite la femme que vous êtes. Son regard délavé s'ancra dans les orbes nébuleuses de la Luteni.

    - Cette péroraison vous a mené au bout de votre moratoire. Elle se redressa. Apposez votre sceau au décret et sauvez votre cité de la perdition. Perdez avec honneur. Fit-elle avec emphase.


    [SOLO] Dynasties et dystopies Tenor

    Soudain, sur ces mots, la lourde porte barrée de l'entrée vola dans un craquement assourdissant, alors que des milliers d'échardes sifflèrent dans les airs, le lourd vantail alla s'écraser contre un mur, broyant quelques séditieux au passage. Si Lyra avait perçut durant la conversation quelques clameurs de combat à travers l'épaisse porte de la salle du trône, elle savait qu'une résistance de la garde seigneuriale était à prévoir, elle n'en avait donc pas fait grand cas, confiante tant qu'à la capacité de ses hommes à l'extérieur à les repousser.

    Mais la puissance avec laquelle la porte avait été ouverte trahissait la présence d'un facteur pourtant écarté de l'équation. Le Tovyr Flisilt était pourtant censé être à l'autre bout de la ville, incapable de surgir si vite alors que le palais n'était pris que depuis une poignée de minutes tout au plus. Et pourtant l'immense orc de plus de deux mètres était là, dans l'encadrement fumant de la porte, se dressant de toute sa hauteur face aux putschistes. A ses côtés, certe plus petit et plus fin, mais non moins redoutable, se tenait le mage d'État, Ungach Indriorno, qui n'était pas censé être dans les parages non plus.

    L'Adujar Statar Rinnavralt s'était pourtant assuré que les deux plus gros dangers à leur cause n'étaient pas au palais, et pourtant les voilà, accompagnés de centaines d'hommes, massacrant les fidèles de la Luteni. Cette dernière se détourna du piteux seigneur, rivant un regard empreint d'inquiétude vers le Tovyr rugissant, armé d'un immense godendac avec lequel il balayait les soldats de Lyra. Aussitôt, elle porta la pointe de son glaive à la gorge de Mufnesi Bralt, mais trop tard, le mage d'État tendit la main et fit voler la Luteni dans les airs. Elle alla s'écraser violemment contre une colonne, lui coupant le souffle.

    Alors qu'elle tentait de se relever tant bien que mal, ses jambes tremblantes, elle vit le Tovyr Flisilt écraser un homme sous son pied tout en brisant en deux un autre d'un coup de godendac. Et alors que les lames se brisaient contre lui, ne parvenant pas à lui faire la moindre égratignure, elle vit le torrent de soldats de la Horde d'Alba fondre sur les putschistes.

    - Luteni ! Vous êtes finie ! Rugit le Tovyr.

    - Tuez-les tous ! Massacrez moi cette fange ! Ordonnait le seigneur.

    Lyra parvint enfin à se dresser sur ses jambes et empoigna son arc pour décocher dans la seconde une flèche en pleine tête de l'orc. Si elle avait touché un œil, peut-être aurait-elle eut un quelconque impact, mais la pointe d'acier se brisa contre le crâne du Tovyr, n'y laissant qu'une succincte marque carmine. Tout ce que cela eut pour effet était d'enrager un peu plus l'orc qui fendit la mêlée pour courir vers la cheffe de file des séditieux. Face à cette vision de mort imminente, la jeune femme encocha une nouvelle flèche à son arc et pivota de quelques degrés vers le seigneur, immobile, sur son trône.

    Mais à l'instant où elle s'apprêta à lâcher l'empêne de sa flèche, une froideur comminatoire se glissa au niveau de sa gorge. Elle découvrit avec horreur le surin qui fut apposé à son cou, alors qu'on la saisissait fermement par derrière. Dans le creux de son oreille, la Luteni entendit le sifflement distinctif de la voix de l'Adujar Statar Rinnavralt.

    - Permettez-moi de vous apprendre une chose : Ne vous fiez plus jamais à personne.

    Dans la seconde, le monde s'éteignit pour elle, frappée à l'occiput, Lyra tomba en apoplexie.

    Et alors les ombres enveloppèrent la Luteni.

    Le sang se mêlait au vin renversé.
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  • Lun 1 Avr - 10:16
    Chapitre 10


    [SOLO] Dynasties et dystopies Prison10

    Elle se réveilla dans une obscurité presque totale, la bouche sèche, la langue enflée. La douleur lui vrillait les tempes, ses yeux et ses dents comme dans un étau. Elle manqua de s'étrangler en prenant une grande inspiration, la fragrance méphitique des lieux lui pris à la gorge. Elle fit un mouvement pour se redresser, faisant bruisser la paille sur laquelle elle gisait. Plus loin, dans une coursive adjacente, des sanglots filtraient d'entre les barreaux d'acier, se mêlant à la trille incessante des gouttelettes perlant du plafond bas. Lyra passa sa langue sur ses lèvres gourds. Elle gémit sous l'atroce douleur qui la saisit au cou, ayant surement reposée dans une position adventice. Son ventre lui faisait souffrir le martyr, devinant qu'après l'avoir assommé, les hommes du Tovyr avaient dû la rouer de coups.

    Elle se leva très lentement, avec précaution. Un seul coup d'œil lui suffit à comprendre qu'elle se trouvait au fond d'une cave. Une oubliette. Tout lui revenait peu à peu, la prise du palais, la contrainte appuyée sur le seigneur, puis l'arrivée du Tovyr et de ses hommes, le massacre qui s'ensuivit, et enfin la trahison de l'Adujar Rinnavralt. Elle se demanda alors ce qu'il était advenu de Gwirma, était-il dans une cellule voisine ? Avait-il été exécuté ? S'en était-il tiré ?

    Elle fut tirée de ses remembrances par les clameurs inhumaines d'une femme qui se faisait torturer, au bout du couloir. Et si elle ne voyait rien de la scène d'où elle était, cela suffit à instiguer une peur morbide dans le coeur de la Luteni déchue. Ce serai bientôt son tour de passer à la question, et alors elle redoutait ce que les bourreaux de Mufnesi Bralt lui feraient subir. Il tenait déjà du miracle qu'elle soit toujours en vie. À quoi devait-elle ce sursis ? À qui ? Le seigneur avait dû vouloir la faire exécuter sur le champ, à coup sûr, mais peut-être que Rom s'était interposé ? Non, impossible, il lui avait bien signifié qu'elle aurait la monnaie de sa pièce, qu'il ne pouvait plus la soutenir. Lyra n'avait pas de réponse à sa question et cela la tourmentait d'avantage encore que la douleur qui la paralysait.

    Elle ne se rendit compte que maintenant qu'elle n'était pas seule. Une silhouette tapie dans l'ombre venait de renifler avant de se râcler la gorge. Aussitôt Lyra se plaqua aux barreaux pour se maintenir debout, levant une main, prête à se défendre au besoin. Elle l'entendit souffler du nez alors qu'il se relevait tant bien que mal, révélant à la lueur des brandons un visage d'homme, la barbe hirsute, les traits creusés et deux petits yeux délavés. Ces derniers se posèrent, bienveillants, sur la jeune femme.

    - Du calme, nous sommes dans le même bateau. Fit-il doucement.

    - Qui... Elle manqua de salive pour terminer son interrogation. Il le fit pour elle.

    - Qui suis-je ? Mon identité ne t'apporteras pas grand chose, je le crains. Mais je peux te révéler sans mal que j'étais un soldat, tout comme toi.

    - Tout comme la vaste majorité des reikois.

    - Tu marques un point. Concéda-t-il dans un sourire.

    - Je sais pourquoi je suis ici, mais toi, qu'as-tu fait pour finir ici ? Demanda-t-elle, toujours sur la défensive.

    - Je ne préfère pas en parler, mais sache que c'était infiniment moins honorable que la raison qui t'as envoyée ici. Il se rassit, la tête basse.

    - Comment tu sais qui je suis ? Feula-t-elle.

    - En écoutant les gardes parler entre eux, on en apprend énormément sur ce qui se passe à la surface. Mais tu dois savoir que je soutiens ce que tu as tenté de faire, ça aurait permis de sauver de nombreuses vies.

    Sur ces mots, une petite trappe sous la crépine fut ouverte par un garde qui y glissa une gamelle dans laquelle reposait deux harengs. Ils étaient froids.

    - Jettes-moi le mien, s'il te plait. Profites-en bien, ce sera le seul de la journée. Si à la surface la population est déjà rationnée, nous le sommes d'avantage. Argua-t-il.

    - Le siège a déjà commencé ?

    - Hum... Je crains que tu ais vraiment joué de malchance. Je ne voulais pas te le dire, mais les barbares de Ryssen sont arrivés une poignée d'heures après que tu sois jetée dans ce trou. Si seulement t'avais fait ton putsch un peu plus tard, ça aurait surement fonctionné. La siège a commencé, et il sera rude. Et nos repas de plus en plus maigres. Mange maintenant, Luteni. Et il se tut pour désarêter méticuleusement la misérable darne d'hareng quotidien.

    Lyra renifla, la froide humidité lui rongeait déjà les os.
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  • Sam 6 Avr - 10:07
    Chapitre 11


    AVERTISSEMENT : Ce chapitre comporte une scène de viol.

    [SOLO] Dynasties et dystopies Kevin-10

    Elle fixait interminablement les solives au-dessus de sa paillasse. Le temps semblait se distorde, s'allonger et effectuer des entrechats pour mieux perdre les détenus des oubliettes sous le palais seigneurial. Et le froid n'arrangeait rien, si profondément enfouis sous une épaisse couche d'argile, la chaleur estivale de la surface ne leur parvenait pas, transis de froids sous leurs maigres pelisses, se fourrant la chaume de leurs paillasses pour chercher à se prémunir de l'humidité dévorante des lieux. Et si aucun rat ne s'aventurait dans les ombres des cachots, n'ayant rien à grignoter tans les maigres carcasses de hareng étaient rongées par les prisonniers au ventre vide, il y avait bien quelques chauves-souris perturbant de leurs cris le sommeil des pauvres hères enfermés ici bas.

    De temps à autres, des gardes passaient dans les coursives, zieutant les détenus. Les conciliabules qu'ils entretenaient pendant leur ronde permettaient à Lyra d'apprendre quelques détails sur la défense de la ville. De plus, les grondements perçant entre les murs et les vibrations dans le sol laissaient deviner les mouvements de troupes à la surface et les détonations des offensives magiques bloquées par les boucliers défensifs. Et comme l'avait prédit son camarade de cellule, les repas se faisaient de plus en plus maigres et écartés dans le temps.

    Et alors qu'elle sentait son corps tendre vers une image rachitique, Lyra ne pouvait que renifler dans un coin de la cellule, mirant le plafond dans l'espoir que le temps s'écoule plus vite. Des jours, peut-être même des semaines s'étaient écoulées, n'échangeant que quelques rares paroles avec l'autre détenu qui se murait dans un étrange silence, retenant quelque quinte de toux à l'occasion. Et alors que Lyra écoutait lugubrement les cris de torturés au bout du couloir, elle ferma les yeux, fondant dans un énième sommeil sans rêve.

    Toujours à moitié endormie, somnolente de fatigue et transie par le froid, Lyra sentit une chaleur insidieuse qui se pressait contre son bas-ventre. Allongée sur le dos, elle émergea péniblement de son sommeil troublé pour se rendre compte avec horreur de ce qu'il se passait à son insu. En dépit de la pénombre de la cellule, elle perçut une silhouette penchée sur elle, la recouvrant totalement, empestant la sueur et le hareng. L'homme avec qui elle partageait son cachot était au-dessus d'elle, l'immobilisant de ses mains calleuses d'ancien soldat. Lyra abaissa vivement son regard turbide pour constater avec effroi qu'il l'avait à moitié dévêtu et qu'il avait libéré son membre fort de ses chausses, pénétrant son intimité tout en gargouillant d'une lugubre satisfaction.

    En proie à une rage innommable, Lyra tenta de lui envoyer un coup de poing au visage, de se libérer par tous les moyens, mais l'homme était plus fort qu'elle. Il la cogna au niveau des côtes pour lui couper la respiration et la retourna sur le ventre, lui plaquant le visage contre la paillasse. Il chercha alors à lui faire une clé de bras, mais Lyra, hurlant à s'en briser la voix, glissa sur le côté pour tenter de le faire basculer, en vain. L'homme lui frappa l'occiput, envoyant le front de la Luteni cogner le pavé avec force, finissant de la sonner. Elle écumait de rage, impuissante alors que l'autre continuait son œuvre. Il la plaqua de nouveau contre le sol poussiéreux et lui arracha son haut, dévoilant son dos tatoué du dragon royal.

    Lyra, dans un dernier élan, s'arc-bouta contre le sol pour envoyer son pied dans le dos de l'homme qui fut poussé en avant, devant s'ôter de son intimité. Cela sembla passablement l'agacer car il grogna en lui assénant un coup au nez, Lyra vagit de douleur, sentant le sang s'écouler partout sur son visage déformé par la colère. Elle lui griffa le visage lorsque ce dernier passa à portée, mais cela ne fit que le rendre plus violent encore, resserrant sa poigne sur le bras qu'il tenait toujours aussi fermement dans un clé de bras qui l'immobilisait pour de bon.

    Le détenu revint alors à son affaire, se ruant de nouveau dans l'entrejambe de la Luteni qui grailla de terreur cette fois-ci. Salement amochée, immobilisée et fatiguée par cet emprisonnement, elle ne pouvait plus rien faire. Tel le Deus ex Machina, une lueur de brandon apparu dans le couloir adjacent à la cellule, un cliquetis retentit dans la serrure de la crépine, trois gardes se ruèrent sur le prisonnier, le renversant au sol pour mieux le rouer de coups.

    Lyra n'attendit pas pour remonter ses bas et se glisser contre le mur afin de mieux se redresser. Elle voulut alors se jeter sur son agresseur pour l'achever mais elle fut retenue par des bras puissants qui l'envoyèrent violemment sur sa paillasse. Les soldats firent pleuvoir une pluie de coups de pieds sur le violeur qui protégeait comme il pouvait son membre fort à l'air. Il geignit comme si c'était lui la victime, implorant le pardon. Si la haute trahison était un crime impardonnable, le viol l'était encore plus. Et alors que les gardes laissaient de nouveau Lyra dans l'ombre, emportant le houlier avec eux, elle compris avec fureur que ce n'était pas un hasard. Le seigneur l'avait volontairement fait enfermer avec un homme condamné pour viol.

    Si Messire Bralt l'avait laissé en vie, c'était purement dans l'optique de lui faire vivre une géhenne sans nom.

    Et alors que le froid la prenait de nouveau, elle pleura toutes les larmes de son corps.


    [SOLO] Dynasties et dystopies Tenor

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  • Dim 7 Avr - 22:46
    Chapitre 12


    « LIBERA NOS SOLIS NOSTER »

    Telles étaient les mots elfiques gravés dans une des briques de la paroi Est. Et si Lyra n'avait pas la moindre idée de la rose des vents, elle avait utilisé le centre de la cellule comme référentiel, faisant donc du mur gravé l'Est de son petit monde. Ayant appris l'elfique à Drakstrang, elle savait pertinemment ce que signifiait l'inscription laissée par un de ses prédécesseurs. Or, ses croyances eschatologiques la convainquait d'une chose : Le soleil ne viendrai pas à leur secours, le disque de flammes n'était pas destiné à sauver et encore moins à libérer, mais bien à détruire, incendier et carboniser le Sekaï. Et si cela ne s'était pas encore produit, c'était simplement car le soleil n'était pas suffisamment moribond pour les engloutir tous. Mais dès lors que son diamètre s'expandrait inéluctablement, le disque solaire emporterai le monde avec lui. C'était là l'écueil et à la fois la force du Shierak : Tous percevaient les astres de façons différentes. Lyra, elle, pensait que le soleil finirait par mourir.

    Lui aussi.

    Recroquevillée dans un coin de sa cellule, ses sombres iris se perdaient dans la pénombre ambiante. Ses yeux rougis par les pleurs fixaient le vide, n'ayant rien à regarder. Pour ce qui étaient de ses larmes, elles avaient toutes été pleurées. De surcroit, Lyra ne pouvait plus se permettre de gaspiller la moindre goutte d'eau, tant on lui en donnait peu. Il fallait croire que le rationnement de l'eau s'était intensifié à cause du siège qui commençait à durer, car il se passait même des jours entiers sans qu'on ne lui donne la moindre goutte d'eau. Pour couronner le tout, le maigre hareng journalier, étant un poisson chargé en sel, ne faisait que l'assoiffer. Lyra préférait donc sauter quelques repas pour éviter la déshydratation.

    Les quelques gouttes d'eau croupie qui perlaient du plafond lui permettaient de tenir un peu plus longtemps. Fallait-il seulement qu'elle parvienne à bouger ses membres gourds pour aller lécher l'humidité du sol. Si le noir complet, la faim et la soif étaient insupportables, c'était bien le froid qui lui faisait souffrir le martyr. La jeune femme ne pouvait tout simplement pas bouger, ne sentant plus les dernières phalanges de ses doigts. Elle ne pouvait que renifler, en proie à l'air glacé des profondeurs humides des cachots de Kyouji.

    C'est probablement à cause de cette épreuve qu'elle sera condamnée à renifler intempestivement pour le restant de ses jours.

    [SOLO] Dynasties et dystopies Thomas-dubois-chateau-noir-finals-frame-29-web

    Finalement, alors que Lyra avait totalement perdue la notion du temps, incapable de savoir si le siège avait été levé ou non, une lueur apparu au bout du couloir. Peut-être était-ce encore ce garde, chargé de lui apporté sa maigre pitance, et avec un peu de chance, un gobelet quasi-vide. Si ça se trouve, lorsque la ville tombera - car si le siège perdurait, Ryssen prévaudrait - aucun barbare ne descendrait dans les oubliettes, et alors tous ceux qui savaient encore que la Luteni était là seraient morts, et tout le monde l'oublierai là, plus aucun hareng ne lui serait jeté, et elle crèverait dans l'ombre, seule.

    Pourtant, c'était bien le même garde qui se présenta à la grille, ce qui prouva à Lyra que Kyouji n'était pas encore tombée. Cependant, il n'était pas seul. Deux autres hommes d'arme l'accompagnaient, pénétrant dans la cellule. Ils n'eurent pas grand mal à soulever la détenue, tant elle était réduit à un état cachectique, dénuée de la moindre force, empestant le hareng et la sueur. La fièvre la rongeait à tel point qu'elle ne vit pas où on l'amena, mais la lueur aveuglante d'un brandon lui vrilla les rétines, inhabituées à la moindre clarté.

    Les premiers traits qu'elle discerna enfin fut un visage connu. Or, ce n'était pas de ceux qu'elle voulait revoir. Face à elle se tenait Ungach Indriorno, le mage d'État à la cour de Mufnesi Bralt. La dernière fois que Lyra l'avait vu, c'était la fois où il l'avait projeté à travers la salle du trône, avant que l'Adujar Rinnavralt ne l'assomme. L'elfe affichait une mine froide, bien qu'au fond de son regard brûlait un feu qui glaça le sang de la Luteni déchue. Ses traits tirés exprimaient le dédain et le mépris qu'il avait pour elle, contemplant avec satisfaction ce qu'il était advenu d'elle. Il s'approcha dangereusement, la jeune femme relevant un regard troublé vers l'elfe, sachant très bien à quoi s'attendre avec lui.

    Lyra se rendit compte alors que ses mouvements étaient entravés par des bandes de cuir l'attachant fermement à une chaise de bois massif. Alors que depuis des mois elle s'était habituée à la trille incessante des cris des torsionnés, voilà que son tour était venu de passer à la question, dans la salle de torture, au bout du couloir. Au moins, la faible chaleur des torches lui apportait un maigre réconfort.

    - Lyra Leezen, cela fait si longtemps que je vous en ai presque oublié. Lâcha alors le mage.

    Ils étaient seuls, la porte s'étant refermée derrière les gardes. Le chef de la défense magique de la ville, nommé par Messire Bralt comme protecteur des remparts, se tenait face à la Luteni déchue, les mains croisées dans le dos. S'il était là, c'était qu'il y avait une accalmie dans le siège, ou qu'il était suffisamment confiant dans ses disciples pour s'absenter un peu afin de faire passer Lyra à la question.

    - Première question : Depuis combien de temps travailliez-vous pour Ryssen avant de passer à l'acte ? Fit-il de but-en-blanc.

    Lyra le fixa si intensément du regard qu'il le fuît, feignant de contempler le corps décharné de la pauvre femme, ne portant qu'un simple chainse troué et crasseux. Finalement, il se rapprocha si près que si elle en avait eut la force, elle lui aurait craché au visage.

    - Je sais que vous avez suffisamment de salive pour me répondre, alors faites-le. Grinça-t-il.

    Face au regard de défi qu'elle lui lança, il poussa un soupir, comme s'il ne voulait pas en arriver là. Mais quelque chose dans son regard trahissait le fait qu'il comptait qu'elle refuse d'obtempérer. Il riva alors son regard dans les deux orbes noires de Lyra et, soudain, une douleur lui cingla les tempes, si vive et si intense qu'elle envahit son crâne jusqu'à la moelle épinière, s'insinuant jusque dans ses os, lui tarabustant à tel point les nerfs qu'elle ne put même pas pousser le moindre cris, grognant sous la souffrance psychique infligée par le mage d'État. Lorsqu'enfin la douleur s'estompa quelque peu, la voix de l'elfe se fit plus intense, plus présente.

    - Combien d'autres séditieux courent nos rues ?

    - À ce que vous me dites, le siège commence à se faire difficile pour vous... Articula-t-elle péniblement. Auriez-vous des problèmes de sabotages et d'empoisonnements ?

    La réponse volontairement provocatrice ne sembla pas satisfaire Ungach Indriorno, car il passa de nouveau à l'acte. C'était comme si on lui plantait milles aiguilles dans les yeux, qu'on lui fracassait le crâne avec un marteau et qu'on lui découpait lentement la peau avec une lame émoussée. Lyra vagit en se tordant comme elle put sur sa chaise. Elle savait que si son tortionnaire le voulait, il pouvait facilement réduire son cerveau en bouillie et faire d'elle une apathique sans vie. Lyra serra les dents, endurant une souffrance inimaginable. L'influence psychique s'estompa de nouveau, mais tout en restant présente en arrière plan, juste assez pour qu'elle puisse comprendre et répondre.

    - Aviez-vous des complices ? Donnez-moi leurs noms, Lyra. Demanda-t-il avec fermeté.

    - Abruti ! Vous les avez tous attrapé dans la salle du trône ! La paranoïa vous a-t-elle donc pris à tel point que vous voyez des traitres partout ? Même à votre propre table, dites-moi, Ungach ? Glisa-t-elle entre ses dents.

    La réponse ne tarda pas à venir, avec fulgurance. Elle crut un instant que son crâne allait exploser, et cette fois l'attaque psychique dura longtemps. Un temps si infini qu'elle pensait que la fin était venue pour elle. Et alors qu'elle hurlait avant de s'étrangler dans un râle morbide, contractée sur la chaise de torture dans une position peu naturelle, Lyra ne pensait pas que la mort serait si pénible. Pourtant, l'influence d'Indriorno se retira peu à peu, lui laissant reprendre péniblement son souffle, après l'avoir poussée aux limites de ce que pouvait offrir la souffrance à l'état pur.

    - Ce n'est même pas distrayant tout compte fait. Siffla l'elfe. Je peux lire vos pensées, Lyra, je sais donc que vous ne savez rien et que vous ne pouvez rien m'apporter. Je pensais me changer un peu les idées en vous secouant un brin... mais je suis arrivé trop tard, vous êtes déjà morte à l'intérieur. Il se frotta les mains avant d'appeler les gardes.

    Lorsqu'on la jeta de nouveau sur sa paillasse, Lyra Leezen n'était plus qu'une misérable loque, si faible que la suite de sa captivité se fit avec le noir complet, la faim, la soif, le froid...

    ...et la peur.
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  • Ven 12 Avr - 23:24
    Chapitre 13


    [SOLO] Dynasties et dystopies 0f206710

    Un quotidien rythmé au clapotis des gouttelettes gelées filtrant d'entre les pavés et solives rongées par les insectes xylophages complétant ce silence assourdissant de leurs rongements infatigables. Une éternité - pour ce qu'en percevait la détenue - plongée dans le noir le plus total, en proie aux ombres et à la cécité, aveuglée par les lueurs intermittentes des gardes apportant une pitance de plus en plus maigre et écœurante à mesure que les rations d'eau s'amenuisaient.

    Des mois s'écoulèrent où sa bouche sèche lui faisait oublier le goût du Malvoisie, ses yeux aveugles en avaient oubliés la clarté du soleil, où ses oreilles assourdies par le silence avaient oubliés le chant des oiseaux, alors que ses téguments rongés par le froid avaient fini par oublier la douceur d'une caresse. Lyra, recroquevillée dans un coin sordide de son oubliette, décharnée et recouverte de crasse, reniflait faiblement, en proie à l'humidité acérée de sa prison. Elle ne bougeait plus. Ne frémissait même pas. Elle attendait la mort qui ne venait pas.

    Et alors que le plus petit des espoirs avait disparu de son cœur glacé, entamé par les longs mois d'enfermement, souillée et affaiblie au possible, un vrombissement éveilla subrepticement ses sens gourds. Le grondement se fit si intense qu'il sembla faire crisser les roches de sa cellule les unes contre les autres, de la poussière tomba du plafond et les briques se soulevèrent à l'unisson. La crépine vibra et tinta alors qu'une déflagration monumentale à la surface se répercuta entre les murs des oubliettes. L'onde de choc avait été telle qu'elle ôta la prisonnière de sa veule torpeur.

    Que se passait-il là haut ? Son esprit, bien qu'étiolé par la torture psychique, se mit en branle pour répondre à cette question lui traversant l'esprit, premier questionnement depuis une éternité. Elle avait cessé de se demander quand elle finirait par trépasser, ne pensant plus à rien, perdue dans un trou béant, sans fond. Lyra compris doucement que la barrière magique déployée par le mage d'État, Ungach Indriorno, avait fini par céder sous un assaut fulgurant. Et lorsque le bouclier avait éclaté - sûrement ce vrombissement - les remparts étaient partis à vau-l'eau dans la seconde - assurément cette déflagration.


    Le siège avait fini par prendre fin. Quelqu'un avait-il assassiné l'elfe magicien ? Un mage adverse avait-il été suffisamment puissant pour briser sa barrière ? Ces interrogations furent suivies de nombreux questionnements qui n'eurent aucune réponse tant Lyra était impuissante, toujours aveugle et perdue dans les profondeurs du palais seigneurial. Sous son épaisse couche de grès et d'argile, jamais elle n'aurait de réponse. Les gardes à l'entrée n'avaient pas manqué de se ruer à la surface, l'abandonnant dans son trou à une mort certaine. Et lorsque tout le monde serait exécuté là haut, personne ne penserait à venir la chercher. Ce qu'elle redoutait depuis toujours allait arriver. Elle allait être oubliée, mourant de faim et de soif. Peut-être un jour, lorsque les tréfonds de Kyouji seraient explorés, quelqu'un tombera sur un squelette noirci par l'humidité, roulé dans un coin d'une cellule.

    Mais dans les grondements qui faisaient vibrer les parois de la cellule souterraine, une faible clarté apparue plus loin, dans l'allée bordant les oubliettes. Les claquements de solerets contre le pavé laissa deviner qu'il n'y avait qu'un seul homme d'arme, or, son pas était pressé, brouillon et mal assuré. Elle plissa les yeux, détournant ses pupilles sensibles à la lumière lorsque le brandon ignescent apparut derrière la grille de son trou. Elle n'eut cependant pas la force de faire le moindre geste supplémentaire, percevant le cliquettement d'une clé dans la serrure avant que la silhouette d'un homme de forte stature ne s'avance prestement dans sa direction.

    Affaiblie par la disette, Lyra ne put se débattre face à la poigne ferme qui tenta de la relever, incapable de tenir sur ses jambes, elle tomba au sol. La détenue, toujours aveuglée par la torche, sentit qu'on apposait une main sur son front alors que l'homme tirait quelque chose de sa besace. Elle sentit qu'on porta une flasque à ses lèvres, incapable de lutter, elle ne put que boire le liquide qu'on pressait contre ses lèvres. Ce n'était pas de l'eau et encore moins de l'alcool, mais la substance un brin floche possédait une fragrance abominable à l'instar d'un goût infect.

    Toutefois, à peine eut-elle ingurgitée la mixture qu'elle sentit quelque force lui revenir. Et alors qu'elle se redressait, elle vit le visage de celui qui venait à son secours, s'habituant peu à peu à la lumière de sa lanterne. Face à Lyra, la soutenant d'un bras puissant, se tenait le Majra Rom Dandovrart, son amant qui l'avait injustement abandonné et laissé jeter dans ce trou sordide. Et alors qu'elle voulut lui cracher au visage tout son assentiment, elle se heurta à un sourire authentique, bien qu'une pointe d'inquiétude perçait son regard agité.

    - Doucement, fit-il, tu es restée dans le noir près de cinq mois... par les étoiles, que t'ont-ils fait subir ? Fais attention, là, je vais t'aider... viens, il faut fuir. Ils passèrent la porte de la cellule, Rom soutenant Lyra du mieux qu'il pouvait.

    Le Majra était en pleines plates, paré pour le combat, engoncé dans sa riche armure d'officier, il devait être en proie à une véritable peur panique car Lyra percevait son pouls alors qu'elle serrait son poignet pour ne pas chuter. Ses jambes répondaient douloureusement à sa volonté, et les interminables marches dans lesquelles ils se lancèrent lui faisaient souffrir le martyr. Mais alors qu'ils entreprenaient une vive ascension vers la surface, Lyra sentait ses forces lui revenir peu à peu, grâce à la préparation qu'il lui avait fait boire, mais surtout grâce à sa nouvelle volonté de vivre.

    Et si quelques heures auparavant elle aurait pensé que tout ceci n'était qu'un sadique stratagème élaboré par Mufnesi Bralt pour la torturer de nouveau psychologiquement en lui faisant miroiter un espoir de liberté pour mieux lui reprendre brutalement, les déflagrations qu'elle avait perçut ne pouvaient signifier qu'une chose : Kyouji était en train de tomber et Rom, au lieu de fuir tel le couard qu'il était, avait pris son courage à deux mains et était venu libérer son amante.

    Ils ne croisèrent pas le moindre garde sur leur chemin, tant les dernières forces armées du seigneur avaient dû se rassembler au palais. Ils ne percevaient que les pas tonitruants de milliers d'hommes déferler dans les rues et les éclats des combats. Kyouji était en train de tomber. Tensai était là. Il prenait la cité quartier par quartiers. Mufnesi Bralt et son Tovyr avaient perdu, ils étaient faits. Mais cela signifiait aussi que le Majra Dandovrart ne pouvait échapper au massacre, et si la menuaille aurait l'opportunité de rejoindre les rangs de Ryssen, tous les officiers allaient être exécutés.

    Une goutte de sueur froide perla sur la joue de Rom, glissant sur le front souillé de Lyra. Et si elle avait le regard vide, veiné de carmin, elle cogitait aussi vite que le lui permettait son esprit étiolé. Se soutenant grâce à son sauveur, elle claudiquait dans les coursives sous le palais seigneurial pour finalement arriver à la surface. Il faisait plein jour dehors, Ryssen ayant lancé son assaut final à la faveur du zénith, comme pour que le soleil lui-même soit témoin de sa victoire imminente.

    L'air frais pris Lyra à la gorge, tranchant violemment avec l'air vicié de sa cellule, et alors que le soleil lui vrilla les rétines, elle s'en remit totalement à Rom pour la guider dans les couloirs et hall en proie à la panique. Elle entendait des portes claquer de toute part, des cris étaient poussés par centaines, des ordres fusaient, des hommes couraient, les armes cliquetaient contre les braconnières, les pavés étaient souillés de terre et la fuite éperdue de milliers de soldats, serviteurs, civils, gardes, officiers et même de chevaux, chiens et chats se mêlaient en un capharnaüm assourdissant.

    Lorsque Lyra put enfin ouvrir les yeux, elle porta son regard par l'une des fenêtres qu'ils longeaient à vive allure. Elle vit alors au loin l'État-major de Kyouji, un immense bâtiment circulaire surmonté d'une coupole de grès, les quartiers généraux du Tovyr Flisilt. Soudain, dans une violente déflagration magique, le monument explosa en tout sens, l'onde de choc faisant vaciller le palais seigneurial lui-même, pourtant situé à quelques kilomètres de l'État-major qui volait en éclats. Le Tovyr Flisilt avait dû s'y retrancher avec ses hommes et Ryssen avait sûrement ordonné qu'on les ensevelissent sous les débris du bâtiment plutôt que de se lancer à l'assaut de la place forte.

    [SOLO] Dynasties et dystopies Unnamed+%281%29

    Elle ne put contempler davantage la débâcle des forces loyalistes car Rom la pressa dans un hall où les cris de barbares les figèrent tous deux. Des guerriers portant l'emblème de l'envahisseur avaient forcé la porte de l'autre côté de la salle et se lançaient déjà à leur poursuite. Rom soutint comme il put Lyra pour traverser au pas de course la galerie adjacente et la poussa dans une autre pièce avant de la suivre et de refermer la lourde porte derrière eux. Il chercha à la barrer d'un madrier mais les barbares étaient déjà de l'autre côté pour l'enfoncer.

    Le Majra réagit à temps et plaqua son épaule contre le vantail pour empêcher leurs poursuivants de pénétrer dans leur refuge. Il jeta un regard turbide à Lyra qui se relevait précautionneusement. Ils étaient faits.

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  • Sam 13 Avr - 12:29
    Chapitre 14


    Le vantail craquait au rythme des assauts répétés des barbares se pressant de l'autre côté de la porte. Rom la bloquait de toutes ses forces, campant bien le sol de ses pieds et s'adossant à la porte pour les retenir le plus longtemps possible. Mais qu'espérait-il ? À lui tout seul il ne pourrait jamais repousser autant d'assaillants et Lyra n'était pas en état de combattre, surtout face à une marée de guerriers et de mages à même de pulvériser une ville entière. Il ne faudrait pas longtemps pour que les moraillons ne lâchent et que Rom soit repoussé avec le vantail.


    Il grognait sous l'effort, suant à grosses gouttes, alourdi par son armure complète. Il riva son regard sur son amante qui était parvenue à se dresser sur ses pieds. Ils étaient dans une petite armurerie de la garde seigneuriale. La pièce n'était pas bien grande, remplie de râteliers et portes armures. Rom chercha du regard une issue et désigna une fenêtre aux volets fermés.

    - Là ! Ce ne doit pas être bien haut, ouvre-la et saute, je te suivrai au dernier moment !

    - Tu n'y arriveras pas à temps ! Répliqua Lyra d'une voix fluette.

    - Te préoccupes pas de moi, Lyra, fuis ! Lança-t-il.

    - Ne me commande pas ! Je ne suis plus ta subordonnée ! Siffla-t-elle.

    - Est-ce que c'est vraiment le moment de me confronter ? Alors que je suis venu à ta rescousse au lieu de sauver ma peau ! Renchérit-il.

    - Il était grand temps ! Après m'avoir oublié durant des mois !

    Rom de répondit rien, non pas car il était dos au mur, mais parce que la porte s'entrouvrit sous un nouvel assaut de leurs poursuivants, il pivota alors et dégaina son falchion pour planter un barbare au travers de l'embrasure. Un cri de douleur se fit entendre suivit d'une rumeur enragée. Le Majra se plaqua contre le vantail et fit un effort supplémentaire pour la refermer un tant soit peu. Et alors qu'il faisait dos à Lyra, elle n'en démordait pas, faisant quelques pas en direction de la fenêtre sans pour autant se presser, tant ses jambes étaient faibles.

    - Qu'est-ce que tu fous ?! Pars sans te retourner, Lyra ! Mugit-il.

    - Au moins tu n'as pas oublié mon prénom, que tu ne m'ai pas soutenu lors du pustch est une chose, mais que tu n'ai pas levé le petit doigt pour me tirer de la géhenne dans laquelle j'avais finis... Tu m'as trahis, Rom.

    - Je ne t'ai jamais oublié... j'attendais le moment opportun !

    - Pas une fois tu es venu me voir, j'aurais très bien pu être morte dans ce trou que ça n'aurai rien changé pour toi ! Rugit-elle.

    - Qu'est-ce que tu racontes ? Pourquoi te torturer l'esprit avec ces fadaises ?! Ouvre les yeux Lyra et fais ce qui doit être fait ! Il donna un nouveau coup d'épaule dans le vantail qui craquait dangereusement. Les gonds finiraient par lâcher si les clous de la porte ne sautaient pas avant. Lyra était toute proche de la fenêtre, elle fit mine d'en ouvrir le volet.

    - Je ferai ce qui doit être fait. Lâcha-t-elle sombrement.

    Elle ouvrit alors le volet, dévoilant une fenêtre facilement brisable. C'est à cet instant qu'un trou fut percé à l'aide d'une pertuisane au travers de la porte, lacérant les hanches du Majra qui vagit mais tint bon. Il s'aida du pilonne adjacent pour ne pas glisser, écumant. Il pivota alors pour plaquer son poitrail contre le bois, dans l'espoir que son poids suffirait. Un espoir vain, les madriers finiraient par se déliter. Dans son dos, il entendit Lyra briser la vitre pour s'échapper de cette souricière. Au moins, s'il n'arrivait pas à la suivre, il mourrait en sauvant son amante. Rom embrassa son destin, fermant les yeux.

    Soudain, une vive douleur lui vrilla le bas du dos. Il abaissa le regard pour voir ce qui l'avait blessé et vit une tesson de verre profondément planté dans l'interstice entre son plastron et sa braconnière. Le bris de fenêtre était tenu par les mains tremblantes, maintenant ensanglantées, de Lyra, les yeux écarquillés, une ombre plaquée sur un visage déformé par la rage et strié de pleurs. Elle releva ses deux orbes noires vers son amant, elle avait aussi fait son choix.

    Rom, abasourdi, glissa lentement au sol, alors que la porte volait en éclat. Il voulut articuler quelque chose, des dernières paroles, mais sa voix s'étrangla. Il tomba sur le côté, planté dans le dos par celle qu'il avait sauvé au prix de sa vie. Lyra se redressa de toute sa hauteur au dessus du cadavre du Majra Rom Dandovrart de Kyouji. Une lueur ignescente passa dans son regard ombrageux.

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  • Dim 14 Avr - 10:40
    Chapitre 15


    [SOLO] Dynasties et dystopies Rx-hrun

    Aussitôt Rom à terre, la porte vola en éclat, le vantail se brisant sous la masse de guerriers en armes qui les avait pris en chasse. Tous avaient des trognes patibulaires, des houliers de premier ordre, des soldats renégats et des créatures plénipotentiaires du chaos. Ou tout du moins les barbares de Ryssen apparurent ainsi aux yeux de l'ancienne Luteni. En s'emparant du tesson de verre, elle s'était entaillée la paume, mais elle fit fi de la douleur lancinante pour faire face aux envahisseurs qui mirèrent le corps du Majra.

    Sentant qu'elle devait avancer ses pions, se ranger dans le camp des gagnants comme elle avait tenté de le faire quelques mois plus tôt, elle leva sa main tâchée d'hémoglobine et s'adressa aux guerriers non sans reculer en titubant.

    - Le Majra Dandovrart est mort ! À l'instar du Tovyr Flisilt ! Je... Elle ne put aller plus loin.

    Une marée de barbares se jeta dans sa direction, toutes lames dehors, et avant qu'elle n'ait le temps de réagir, ils étaient déjà sur elle. Par chance, le premier qui chercha à la transpercer de son glaive la manqua de peu. Elle porta alors un coup précis au niveau de l'os hyoïde de son agresseur, lui coupant alors la respiration. Il se renversa en arrière, portant une main à son cou, il hoquetait, impuissant, alors que sa trachée était obstruée.

    Elle tenta ensuite d'attraper un sabre sur un râtelier, mais on lui cogna violemment l'avant-bras, lui faisant lâcher prise instantanément. Une rapière siffla et lui lacéra le front, juste à la base des cheveux, avant qu'elle ne reçoive un coup de godendac dans le ventre qui l'envoya au sol. Et si Lyra chercha à se redresser, on la plaqua violemment au sol et une pique fut pointée sur son visage, lui ôtant toute envie de lutter davantage. Elle ouvrit la bouche pour tenter d'expliquer qu'ils étaient dans le même camp, qu'elle soutenait Ryssen, qu'elle avait été enfermée et torturée pour sa cause mais encore que c'était pour la même raison qu'elle avait tué le Majra.

    Au lieu de quoi, elle reçut un violent coup au visage, puis un second dans la poitrine, lui coupant la respiration. Elle sentit un millier de mains passer sur son corps, sous le prétexte de lui retirer des armes cachées qu'elle n'avait pas. Réalisant avec effroi que ce qu'elle avait vécu quelques mois plus tôt dans son oubliette allait se reproduire, à la différence près que personne ne viendrait y mettre fin, Lyra chercha à se débattre malgré la menace et la pluie de coups que cela allait entrainer. Elle repoussa d'un coup de pied bien placé un de ses agresseurs mais deux autres revinrent à la charge pour l'immobiliser, alors qu'une lame fut pressée contre sa gorge, coupant court à son simulacre d'insurrection.

    Ils étaient trop nombreux et elle était par trop affaiblie après des mois d'emprisonnements. Elle avait pensée pouvoir retourner la situation à son avantage, encore une fois, et comme d'habitude, ça ne s'était pas passé comme escompté. Pourquoi fallait-il qu'un caillot vienne bloquer les rouages de ses stratagèmes ? A l'avenir, elle apprendrait à murir ses idées, à perfectionner ses stratégies et surtout à ne plus se mettre en danger inutilement... Si seulement elle avait un avenir.

    Et alors qu'une larme moribonde perlait sur ses joues souillées, sur un visage décharné aux traits tirés, elle sentit la mort la saisir.

    - Eh là ! Guerriers du Reike ! Tonna une voix familière.

    Aussitôt, les barbares qui s'affairaient à dévêtir l'ancienne Luteni de sa chainse s'immobilisèrent. Ceux qui la maintenaient au sol lâchèrent prise. Tous se relevèrent pour voir qui avait fait irruption dans l'armurerie. Lyra eut un hoquet de surprise en apercevant le visage de l'Adujar Gwirma Skirtivand, l'elfe qui l'avait soutenu lors du putsch contre Messire Bralt. Lyra l'avait perdue de vue dans la salle du trône, pensant qu'il avait été tué dans l'action ou sommairement exécuté avec ses hommes après l'arrivée du Tovyr. Elle écarquilla les yeux en se redressant piteusement.

    - Gwirma ? Articula-t-elle faiblement.

    - Déguerpissez, tarasques ! Hors de ma vue, misérables ! Vitupéra l'Adujar à l'adresse des guerriers.

    Ces derniers ne demandèrent pas leur reste, apercevant les galons de l'elfe, filant tel un seul Être par l'embrasure de la porte, cliquetant dans leurs armures de mauvaise facture. Ils piétinèrent le corps de Rom en quittant les lieux. Gwirma zieuta un instant le cadavre armuré avant de s'approcher doucement de Lyra pour l'aider à se redresser et à se rhabiller. Il l'appuya précautionneusement contre un pilonne tout en essuyant le sang qui coulait sur son front. Elle renifla bruyamment.

    - Comment ? Souffla-t-elle fébrilement.

    - Comment m'en suis-je sorti ? Lors de l'arrivée du Tovyr, dans la salle du trône, j'ai pu me téléporter hors de la ville avant que le mage d'État ne déploie son blocus magique. J'ai alors appliqué le plan B, j'ai rejoins Ryssen et en échange de mes renseignements et de mon aide, j'ai pu garder mon grade...

    - Et Rinnavralt ? L'interrompit-elle.

    - L'Adujar Rinnavralt ? Ce chien cagneux est mort, j'ai vu son cadavre à l'entrée du palais. Il nous a trahis, il a eut ce qu'il méritait. Il cracha par terre.

    - Donc c'est fini ?

    - Ryssen a pris Kyouji. Le Tovyr est mort, à l'instar de Messire Bralt. Les derniers soldats se sont rendus, la ville est à nous. C'est fini, Lyra, vous pouvez vous reposer maintenant.

    - Mes parents... Souffla-t-elle entre ses dents serrées.

    - Dans la salle du trône. Répondit-il sombrement.

    Sans plus attendre, comme mut par une énergie nouvelle, Lyra se mit en mouvement, passant par dessus le cadavre de son amant pour passer la porte et quitter la pièce. Elle se rua dans la coursive adjacente, suivit de près par Gwirma, guettant des signes de faiblesses pour la soutenir par intermittence. Il fallait qu'elle sache, il fallait qu'elle les vois. Elle devait aller à la salle du trône au plus vite.

    Il fallait clore ce chapitre de sa vie.
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