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  • Lun 6 Mai - 20:29
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    Des agneaux au milieu des Loups

    Le temps, habituellement aride et sec, avait cédé la place à une fine pluie rafraîchissante. Il est si rare qu’il pleuve dans le désert que cette sensation est gravée dans ma mémoire… Ou bien est-ce la suite de cette soirée qui l’a véritablement marquée ?

    Je me vois encore impressionnée par la beauté de ce manoir pendant que je suis poussée à deux doigts de trébucher dans ses marches qui n’en finissent pas.

    Tout le bâtiment est de pierre blanche, de grandes fenêtres laissent la lumière intérieure s’étendre sur le parvis, permettant d’apercevoir d’un coup d’œil les mondanités si déroulant. C’est la réalité qui me rattrapera quand je me rends compte dans quel genre de soirée je suis forcée de l’accompagner.

    Le parvis vite traversé, je suis éblouie par la lumière en entrant dans cette salle de bal. Il me faut quelques minutes avant que mes yeux s’y habituent et que je puisse enfin comprendre quel sera mon rôle.

    C’est une sensation étrange que de se dire que je n’ai pas plus de valeurs qu’un objet d’apparat. Objet d’apparat qui a, lui-même, moins de valeur que l’un des nombreux bijoux de ses grandes dames qui gloussent, ici et là, pour attirer l’attention de la gent masculine.

    J’ai le ventre noué, la gorge sèche et, par je ne sais quel miracle, ma bile reste bien sage au fond de mon estomac. Probablement la menace de se prendre une raclé si j’ai le malheur de lui faire honte.

    Il m’a habillé, il m’a embellit, il a fait en sorte que son jouet soit bien plus que présentable.

    Je dois être désirable.

    Vêtue d'une robe noire à corset qui laisse peu de place à l'imagination, agrémentée d'un collier orné de roses brodées et de quelques bijoux, mes lèvres sont teintes de rouge et le contour de mes yeux est peint en noir.

    Je suis un agneau au milieu des loups.

    La salle est grande, des lustres imposants pendent du plafond apportant toute la lumière et au-dessus sont peint des motifs divers et variés sur lesquels je n’ai pas le temps de m’attarder au risque de perdre mon poupetier.

    Il marche d’un pas rapide, saluant, au passage, ses connaissances à qui il me présente comme on présenterait une marchandise. Quelques mains viennent même se poser, tâter serait plus juste, pour jauger des dires de mon propriétaire. Même si j’ai quelques mouvements de recule, je suis vite rattrapée par sa main qui se pose fermement sur mon épaule en signe de représailles.

    J’étouffe intérieurement. Ce monde, cette foule, me fait tourner la tête et la souillure qui s’en dégage me heurte de tous les côtés.

    Je suis une poupée de porcelaine dans les mains de gens aux intentions malsaines.

    Nous finissons enfin par nous arrêter près d’une des tables du banquet. Non pas pour une faim qui se serait réveillée, mais visiblement pour lui permettre d’engager la conversation avec un autre noble.

    Levant légèrement les yeux pour observer son interlocuteur, je remarque qu’il est accompagné d’un homme qui semble partager, d’une certaine manière, la même situation. Son visage attire mon attention, même si je n’arrive pas à me rappeler dans quelle circonstance je l’aurais déjà croisé.

    Pousser par une main, je suis forcée de m’en approcher sans savoir ce qu’on attend de moi et comme si on me rangeait à côté d’un autre jouet.

    - Je.. Enchantée… ?



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  • Jeu 9 Mai - 22:40
    - Vous semblez contrarié, maître.

    Depuis leurs quartiers éloignés de la foule, le gladiateur conversait librement avec son propriétaire, l’austère et richissime Sau’inn ibn Tel’emon. L’homme rachitique, vêtu de soieries blanches et aux doigts garnis de chevalières en or balaya gracieusement l’air de ses cinq doigts, avant d’en chasser un visiteur inopportun fait de chitine et d’ailes membraneuses. A cette vue, la main du gladiateur fendit l’air, attrapa l’intru et l’écrasa dans sa main, avant qu’il ne se tourne vers l’une des innombrables parvenues qui étaient là pour le chouchouter et, dans ses moments de solitude, le soulager.

    Un drap fin vint épouser sa main, nettoya sa paume de l’ichor verdâtre qui la souillait et celle qui le tenait s’éloigna aussi rapidement qu’elle était venue. Chassée par un soupir agacé de l’homme rachitique aux traits aussi profonds que les pentes dévalant les dunes du grand désert Taisenois.

    - C’est ce marché a viande qui me fatigues, gladiateur.

    Et il n’en disait pas plus, oui, bien que ces bals eussent pour but de divertir et rassembler en un seul endroit la haute société du cœur martial de l’empire, c’était surtout une occasion pour les parvenus, jeunes nobles et officiers prometteurs de se mettre en valeur. D’exposer leurs pouvoir, d’être abjects dans leurs richesses et avant tout, de bien se faire voir.

    Certains venaient avec un sous-fifre aussi loyal qu’un chien battu, d’autres avec de vieux sages qui géraient l’intendance de leurs terres ou de leurs entreprises, certains venaient simplement avec une cohorte d’esclaves. Puis, il y avait ceux comme Sau’inn, qui n’étaient accompagné que du joyau de leurs couronnes dans un élan d’humilité qui n’avait pour but que de grandir l’image que la noblesse se faisaient d’eux.

    Et quel joyaux, Tulkas était au sommet de sa carrière de gladiateur. Invaincu, champion incontesté de l’arène de Taisen, frère d’armes du boucher favori de l’arène et coqueluche du public, il avait tout pour plaire.

    Pour l’occasion, il avait revêtu une version plus « décorée » de sa tenue habituelle d’arène. Un pagne pourpre et brodé d’or qui recouvrait ses cuisses, un épais ceinturon en or qui couvrait son nombril, dont la partie centrale représentait un visage stylisé de cyclope grimaçant. Son torse, nu, avais été huilé. Son bras droit, recouvert d’une manique d’acier décorée d’or, se terminant en un gantelet stylisé représentant la gueule d’un lion. Sur sa tête, un épais heaume de mirmillon d’acier avec lui aussi ses accents d’ors et une crête décorée de plumes de chimère. Ses tibias, eux, étaient revêtus de grèves en or, représentant des figures mythologiques du Reike qui se battaient contre des adversaires innommables.

    Personne n’avait osé le toucher, pourtant, sa présence avait eu un certain effet. Être une célébrité avait son avantage, attirait un certain entourage. Les femmes commentaient sur son apparence, les hommes buvaient les paroles de son laniste qui racontait les derniers faits d’armes du tueur de monstres. En vérité, la soirée s’avérait bien plus tolérable pour Tulkas qui, excédé, ne faisait que poser. Uniquement présent pour embellir et grandir Sau’inn.

    Les visages venaient et allaient, sans attirer l’attention du gladiateur. Jusqu’à ce qu’un homme ne passe et s’adresse au maître sans lui porter la moindre attention. Les deux étaient-ils amis ? Ou du moins, des connaissances ? Le gladiateur l’ignorait, le casque tourné un instant vers l’échange avant que deux cornes de rubis n’attirent son regard. L’homme était accompagné d’une jeune femme qui, à en juger ses airs, n’était pas à sa place. Ou plutôt, ne voulait pas être là où elle était. Le sang lointain des dragons coulait dans ses veines, à en juger les cornes et les longues oreilles agrémentées de bijoux. Sa chevelure de feu se reflétait dans ses yeux, les écailles qui recouvraient ses épaules étaient fines et l’espace d’un instant, le gladiateur fantasma la texture de ces derniers sur la pulpe de ses doigts.

    Mais quelque chose le dérangeait, le dégoûtait. Elle détestait sa situation, ça se lisait sur son visage et dans le moindre de ses gestes. Et pourtant, elle était résignée à sa situation. Suivant comme une ombre l’homme qui la possédait. C'était sa nature, elle était comme lui esclave, il en était persuadé, alors pourquoi haïr sa position ? Quand elle prit place à ses côtés, il marqua un temps d’arrêt à l’observer quand elle leva le bec vers lui, pour le saluer.

    - Salutation. Avait-il répondu doucement. Je suis le Lion de Taisen, qui êtes-vous ? Et qui est votre maître qui parles au miens comme un vieil ami ?



    [flash-back] Des agneaux au milieu des Loups [Tulkas] 5CwAax9
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  • Jeu 16 Mai - 0:35
    image rp

    Des agneaux au milieu des Loups

    Évidement, où avais-je la tête ? Qui d’autre qu’un gladiateur pourrait porter une tel panoplie et être couvert d’huile à un bal. Et par-dessus le marché, j’ai, ni plus ni moins, que le chouchou des Taisenois devant moi. Combien aurait vendu père et mère pour se retrouver, l’espace de quelques minutes, à ma place ? Pour autant, si on enlève tout l’or, ça n’est rien de plus qu’un jouet. Un petit chien bien dressé et, s’est bien connu, tant qu’il gagne, il sera chouchouté et aimé de son maître.

    Je roule mes yeux d’ambre à l’énoncé de son titre que je trouve pompeux, même si mérité. Ça n’a jamais vraiment été ma tasse de thé d’avoir à passer des heures, assise sous un soleil de plomb à regarder deux clébards se battre. Ceci-dit, j’admets, volontiers, que je n’aimerais pas me retrouver en tête-à-tête contre l’un d’eux. C’est du spectacle, mais les combats sont bien réels, le sang qui coule l’est aussi.

    Observant, ici et là, les quelques pintades endiamantées qui me fustige du regard d’être trop proche de leur coqueluche, je lui réponds sur un ton nonchalant :

    - Et bien, Lion de Taisen, je suis la poupée de porcelaine de Medeve Halba. C’est un éminent professeur de l’université de Drakstrang.

    Du moins, c’est ce que j’entends qu’il se murmure dans les couloirs. Du haut de ses deux mètres quarante, il est très bien bâtie ; l’armée l’a forgé et ça se voit. Une chevelure blanche et des yeux bleus presque blancs sur un visage à l’expression sévère. Le tout encadré par une paire de cornes ivoire. Il est beau, il plaît, mais la plupart ne connaisse que la surface.

    - Pour simplifier, vous pouvez m’appeler Vanay.

    Et j’enchaîne sur une petite révérence dans sa direction, la tête courbé sobrement vers l’avant, j’attrape un bord de ma robe entre mon pouce et mon index, fléchissant légèrement les genoux avant de reprendre ma position initiale, le ton de ma voix devenant plus amicale :

    - Au vu des nombreux regards que je perçois, vous êtes visiblement très apprécié.

    Je glisse mes doigts dans ma chevelure pour la remettre en place avant de lui lancer un faux sourire niais. Je préfère paraître pour plus bêtes que je ne le suis et faire croire que je n’ai aucune idée de qui il peut bien être.

    - Je vous prie de bien vouloir pardonner ma sottise. Avec un tel titre, j’imagine que vous avez dû accomplir bon nombre d’exploits. Mais je n’ai aucune idée desquels.

    Si écouter son récit peut m’éviter d’être la potentielle proie de certains participants dont je perçois le regard sur ma peau, alors je suis prête à jouer la gentille petite poupée obéissante. Jusqu’à une certaine limite… La soirée ne fait que commencer et l’alcool est encore loin d’avoir fait son œuvre.

    - je serais toutefois ravi de vous entendre me les compter.

    Pour un humain, sa taille reste impressionnante. Je le dépasse tout juste et ma carrure fait pâle figure à côté de la sienne. Intérieurement, je maudis ma génétique ; parmi les grands je fais partie des plus petits. Qui aurait cru qu’une Drakyn puisse faire presque la même taille d’un humain.

    Mon regard va se poser discrètement sur le propriétaire du gladiateur. Il est si maigrelet que j’ai du mal à me dire qu’il puisse avoir, sous ses ordres, un balèze comme la célébrité que j’ai à côté de moi et un Drakyns comme Medeve qui lui porte autant de respect. Dans quel monde un gringalet peut-il avoir autant de pouvoir ? Mais j’oublie que le pouvoir n’est qu’une question de relations et d’argent. Plus on en a, plus on est respecter… Et craint.

    Je n’ai qu’un souhait pour le moment, que cette soirée se termine rapidement… Et surtout sans encombre.



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  • Jeu 16 Mai - 13:38
    - « Poupée de porcelaine » ?

    L’expression du Lion, dissimulée derrière son heaume passa de la surprise à la moquerie. Ses épaules secouées par un rire guttural qu’il empêchait de passer la lisière de ses lèvres. Beaucoup de choses s’expliquèrent soudainement en entendant ce surnom. Ces vêtements qui ne laissaient rien à l’imagination et lui donnaient cet air de coureuse de remparts gracieuse. Une courtisane, voilà ce qu’elle était tout au plus, sans valeur aucune autre que l’étroitesse de ses cuisses et l’étau de sa gorge.

    Le casque du gladiateur tressaillit en instant alors qu’un seul grincement étrange de deux rochers qui se broyaient sortait de sa gorge. Avant qu’il n’inspire et se redresse la tête pour l’observer. De toutes les servitudes, il savait que la sienne était la plus douce et que celle de la Drakyn qu’il observait à travers les trous de son casque pouvait être la pire. Sans un mot, il l’observa, se régala de cette gêne et de cet inconfort qu’il voyait sur elle avant de tourner le casque vers le maître du Jouet qui s’adressait au sien. Un grand professeur de Drakstrang, qui assouvissait sa luxure avec une esclave qui portait le sang des dragons. Un homme avec des goûts particuliers, une honte pour les valeurs martiales et d’honneur de l’école des dragons.

    - Un bout de gras blanc.

    Lâchait-il finalement avant de retourner son attention vers elle.

    - Un bout de gras blanc, qu’on laisse tomber de l’assiette pour nourrir les chiens quand ils sont loyaux et fidèle.

    Lui qui était né esclave, et vivait pourtant dans un faste que la majorité des serfs du Reike ne pouvaient qu’imaginer dans leurs songes, l’observait sans qu’elle ne puisse sonder son visage et sa cruauté qui le caractérisait tant à l’époque. A cette époque où les hommes le voyaient comme un dieu et où les femmes se jetaient à ses pieds.

    - Je n’envie guère ton sort, Vanay, poupée de chair. Répondit-il en retournant son attention vers l’avant, reprenant son rôle d’embellissement. Tu as beau en avoir les atours et l’éducation, tu ne seras jamais rien de plus que ce que tu es maintenant aux yeux de ton maître.

    Il secoua la tête, après tout, qui était-il lui, l’Ebed, pour critiquer l’usage d’un de ses pairs ? Redressant la tête il inspira un peu. Ignorant le passage soudain d’une troupe de ces fameuses coqueluches qui s’arrêtaient à sa hauteur pour toucher sa chair, tâter la musculature de ses cuisses et poser leurs mains sur ses bras. Cela faisait parti de ce jeu immonde auxquels la haute société Taisenoise, rongée jusqu’à la moëlle par l’excès, s’adonnait avec plaisir.

    - Qu’as-tu fait pour mériter pareil sort ? Tes parents t’ont-ils vendu pour éponger une dette ? As-tu commis un crime ? Es-tu née pour servir comme moi ?

    Le lion redressa la tête, bomba le torse un instant en se complaisant dans ce qu’il considérait être sa supériorité. Il était difficile de suivre le fil de ses pensées, son visage toujours dissimulé par le heaume. Il pivota à peine la tête derrière son heaume pour observer leurs maîtres qui continuaient de converser. Peut-être demandait-il l’organisation de jeux d’anniversaires ? Une mise en scène peut-êre, à en juger les regards que le maître libidineux envoyait à sa propriété, peut-être qu’elle-même allait y participer.

    - Je ne raconte mes histoires que par le fil de mon épée et que je ne ponctue que de la pointe de ma lance, « Poupée de porcelaine ». Répondait-il finalement à son questionnement. Je prends la vie, pour amuser le peuple qui souhaite voir le sang couler, je lui montre des sommets qu’il ne pourra jamais atteindre. A leurs yeux, je suis l’homme qui a vaincu un géant armé uniquement d’une dague, le héros du peuple de Taisen.

    Il inspira un peu, comme transporté plus loin par le cri d’une foule en liesse qui l’aimait pour ce qu’il leurs donnait. Fermant les yeux, le gladiateur soupira et tourna enfin sa tête vers elle.

    - Mais avant tout, la propriété de Sau'inn. Enfin, a ton avis, qu’est-ce que ton maître veut au miens ?


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  • Dim 26 Mai - 0:11
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    Des agneaux au milieu des Loups

    « Un bout de gras blanc » : la comparaison, même si elle me pique, avait le mérite d’être vraie. Je pourrais lui renverser un verre de vin dans la face pour me soulager de cette vexation, mais ça n’effacerait en rien cette vérité.

    Je soupire, agacé et surtout piqué dans mon ego.

    Un regard discret sur ce « maître » qui est le mien avant de reporter mon attention sur cette foule. Il les aime jeunes et il aime fricoter avec les limites de la loi. Je pourrais ouvrir ma gueule et me révolter, mais qui irait croire ce que je dis ? On remettrait en doute mes propos avec des phrases plus assassines les unes que les autres. M’accusant d’être à l’origine de mes propres malheurs ou encore de mentir pour attirer l’attention ou me venger d’un quelconque refus ou que sais-je encore.

    C’est un vilain secret de Polichinelle.

    - Je n’envie pas non plus votre situation, lion~sot . Avoir une épée de Damoclès sur la tête à chaque instant de votre vie, ça ne doit pas être très agréable. Et c’est très probablement ce qui nous différencie le plus.

    Je ne suis pas loin d’être bousculée par un attroupement de dindes venues voir le gladiateur. Une étale de marché de grand luxe avec des mains d’acheteurs potentiels venant tâter la viande, voilà tout ce que ça m’inspire. Je ne suis clairement pas mécontente que ce soit lui plutôt que moi et ça a même le don de m’arracher un frisson de dégoût de voir comment certains se délectent de cette situation.

    J’ai un petit réflexe d’éloignement, un pas sur le côté, histoire que les volailles, pomponnées à outrance, puissent prendre toute la place qu’il leur plaira autour du combattant.

    - Qu’est-ce que j’ai fait pour mériter ça ?

    Je dirige mon visage dans sa direction et essaie de percevoir quelque chose à travers les trous de son casque. L’objectif vain, je repose mon regard sur la foule passante.

    - Être… simplement à son goût. En plus d’avoir été une enfant trop naïve…

    Je laisse un silence probablement lourd de sens avant de reprendre un peu plus de contenance en me redressant plus droite, mes oreilles attentives au récit du gladiateur. Je ne peux m’empêcher un petit rire, cachant celui-ci avec une main délicatement posée sur les lèvres.

    - A-t-on déjà vu un héros enchaîné comme un petit chien à faire des numéros de singe pour amuser la haute société ?

    Et comme pour me faire payer le prix de cette moquerie, me voilà en train d’accueillir le verre de vin offert par un homme, inconnu au bataillon et bien trop mûr pour moi. Homme visiblement éméché et aux idées bien précises de ce qu’il aimerait me faire. Je repousse ses avances et même ses mains baladeuses bien trop pressées d’aller là où elles n’ont pas leur place.

    Mettant poliment en pause sa discussion avec Sau’inn, l’intrus avait attiré le mécontentement de Medeve qui s’approchait d’un pas lourd et menaçant. L’attrapant par le col, il le fit reculer jusqu’à ce qu’il trébuche et sa voix caverneuse se fit entendre.

    - Allez donc vous soulager ailleurs, vieillard.

    Sa taille avait le mérite d’impressionner et il n’en fallut pas plus pour que le vieillard déguerpisse. Petite et très courte scène avant qu’il ne vienne voir si sa marchandise, moi, n’avait pas été abîmée avant de retourner reprendre sa conversation là où il l’avait laissée.

    Je lâche un petit soupir et finis par tendre le verre de vin à mon camarade d’un soir, sait-on jamais s’il lui arrive d’enlever son casque.

    - Si vous le voulez, je vous l’offre de bon cœur.

    J’époussette ma robe et replace ma coiffure avant de reprendre sur un ton quelque peu fatigué et plus sombre.

    - Et pour vous répondre, il propose un échange de « bon compromis » à votre maître. Du sang contre quelques défaites bien placées.

    Mes yeux se perdent à nouveau sur la foule.

    - Accessoirement, je vous conseille de vous méfier du verre de vin. Qui sait ce que le vieillard aurait pu y rajouter. C’est une pratique… « commune » de droguer ses victimes.



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  • Jeu 30 Mai - 15:41
    - Vous n’êtes pas Ebed.

    Et pourtant, elle se comporte comme telle. C’est à n’y rien comprendre en vérité, est-elle victime volontaire de cet homme qui viens de la protéger des mains baladeuses d’un porc libidineux ? Lui ne s’en émeut guère, habitué à être observé sous toutes ses coutures et ses sutures dans ce genre d’événements mondains.

    Mais elle, on dirait une brebis égarée dans une forêt remplis de loups. Il ne répond pas à sa proposition de boire du vin, l’idée ne lui traverserait même pas l’esprit d’insulter Sau’inn en s’accordant ce petit plaisir dont il ne se privait pas que dans l’intimité de ses quartiers, souvent en compagnies d’une paire de dindes aussi fades que belles qui venaient de tâter sa musculature en roucoulant et en gloussant comme des pintades.

    - Tirez-vous une quelconque forme de gratification de votre rôle ?

    La question est rhétorique, il suffisait de la regarder plus de cinq minutes pour se rendre compte qu’importe les vêtements révélateurs qu’elle portait comme une pute de luxe juraient avec cet air perdu et terrifié qu’elle abordait. Et pourtant, cet homme qui parlais avec son maître ne semblait n’avoir que faire que tous puissent voir l’emprise qu’il avait sur elle. Un drôle de jeu, qui lui semblais bien pervers alors que lui-même était un hédoniste de première.

    - Certainement pas, regardez-vous, a tenter de vous donner des airs de grande dame alors que vous vous humiliez pour lui faire plaisir.

    Tulkas, féministe avant l’heure ? Certainement pas, c’était un homme fait de contradictions de la tête aux pieds, haïssant sans s’en rendre compte sa condition d’esclave et l’aimant profondément pour le confort dans lequel il vivait quand sa vie n’était pas en danger. Autant il était le premier à s’épancher de ses prouesses auprès de ces-dames qui venaient fêter avec lui ses innombrables victoires dans l’arène – car après tout elles étaient pour la plupart des esclaves comme lui – autant il réagissait avec une certaine véhémence face à l’abus, qu’on ne pourrait qualifier autrement, que subissait la rousse au sang de dragon.

    - Le rôle de la femme est de servir l’homme, il en a toujours été ainsi au Reike. Commençait-il. Mais plus exactement de servir son mari, en portant ses enfants et en s’occupant d’eux. Pourquoi ne vous révoltez vous pas de tout ça ? Vous n’êtes qu’une femme, mais vous n’êtes pas Ebed et subissez pourtant le traitement qui nous est réservé. L'accusation est grave, même si personne ne vous croira.

    Il resta un instant, avant de lever les mains à son casque pour le retirer et le porter sous son bras. A cette époque, il avait les cheveux méticuleusement coiffés, une barbe taillée. Bien loin de l’homme bourru et torturé qu’il était devenu en prenant goût à la liberté et à la réalité. Le lion de Taïsen lui adresse un sourire fin et qu’il ne lève les yeux vers le plafond un instant.

    - C’est bien ce que je pensais.

    Avant de baisser ses yeux verts vers elle.

    - Aucune épée. Disait-il avec amusement. Vous vous méprenez, je ne suis pas un singe qui amuse le peuple, je suis un artiste qui le fais rêver, qui raconte des histoires au fil de l’épée, qui captive le souffle et…

    L’homme secoue la tête, amusé. Il vient de marcher à bras ouverts dans le piège fait à son orgueil. Puis, il l’écoute et regarde le verre de vin qu’elle a proposé. L’homme libidineux qu’elle décrit ne fais que plonger de plus en plus bas dans son estime plus la conversation avance.

    - Votre… Maître. Dit-il avec difficulté, les abus de langage ont la vie dure. Est un homme bien cruel. Il l’observait un instant, proposer du « sang » contre des défaites bien placées ? Curieux, pensez-vous qu’il demanderait à mon maître que je perde volontairement quelques combats ? Des problèmes d’argent peut-être ? Que fait-il dans la vie, celui qui vous fait tant souffrir ?


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  • Jeu 6 Juin - 2:04
    - C’est étonnant comme un « tu » peut rapidement devenir un « vous ».

    Ce verre de vin toujours entre mes doigts, j’observe le rouge bouger au rythme des mouvements circulaires que je crée en remuant le verre. Ce « tu » devenu « vous » pour une histoire de place dans la société. Une société qui n’est jamais vraiment sûre de qui est à quelle place dans un monde où ce qui est affiché élégant cache des atrocités et ce qui est dit laid est parfois plus beau.

    - Parce que je ne suis pas Ebed, je reçois soudainement un « vous »… Une petite crainte de prendre des représailles ? Même si je pencherais plus pour un tic de langage venant de vous.

    Je soupire, certaines de ses paroles avaient atteint leur cible et m’avaient heurté de plein fouet, provoquant en moi une certaine envie de lui plaquer le visage contre le sol de la salle pour m’en servir de serpillière par défaut. Ma queue fouette l’air de mécontentement et mon visage n’en montre pas moins, même si le ton de ma voix, lui, essaie de rester calme.

    - Recevoir une pseudo leçon de vie venant de quelqu’un qui ne connaît que son espèce de pièce de théâtre qu’il prend pour une réalité, c’est un comble.

    Accident ou presque, cette chère queue, non contente de trahir davantage ma colère interne, viendra lui fouetter la cuisse sous l’impulsion d’une pensée fugace qui, je l’avoue, ne sera pas pour me déplaire.

    - Si la vie était aussi simple, vous seriez déjà parti prendre votre liberté et découvrir le monde, le vrai, au lieu de vous contenter d’agir comme un gentil petit toutou juste pour recevoir des carrés de sucre en guise de récompense pour avoir donné la patte.

    En réalité, une seule phrase m’avait touchée à l’époque. Une phrase qui me mettait en face d'une émotion, d'un sentiment que je ne pouvais pas accepter mais qui était pourtant bien là et contre lequel je tentais de lutter. Malheureusement, il lui suffisait d’une caresse, un mot doux et je me remettais à espérer... Sa toile faisait effet depuis bien longtemps.

    Je finis par me pincer la racine du nez, fermant les yeux pour redescendre en tension, en inspirant et expirant une bonne fois avant de venir planter mes yeux d’ambre dans les siens.

    - Votre maître vous a tellement bercé dans une pseudo gloire qu’il vous a fait oublier que vous n’êtes qu’un objet remplaçable. Et en plus, vous vous en satisfaites… Vous me trouvez pitoyable mais vous n’êtes clairement pas mieux.

    Dans d’autres circonstances, je serais déjà venu aux mains avec lui. Mais là, je n’ai pas le choix que de contenir ma frustration et mon ego qui prend des coups.

    - Un loukoum, voilà tout ce que vous êtes ! Très joli mais bien trop sucré, si bien qu’ils finissent toujours par être oubliés et par sécher au fond d’un placard.

    Je détourne la tête, les joues rosies par cette comparaison plus que foireuse de ce guerrier à cette friandise. De tout ce que j’aurais pu inventer, il fallait que je sorte quelque chose d’aussi neuneu… Déjà que j’ai eu l’audace de lui donner un léger coup avec ma queue.

    C’est un regard de Medeve qui, sans un mot, me fera comprendre que j’ai tout intérêt à me calmer, ce à quoi je réponds en me redressant. Mes yeux plongent une nouvelle fois dans ce verre de rouge, l’idée de le boire traverse mon esprit et m’est tentante.

    - Mon Mai...

    que je finis par dire d’une voix qui se voulait calme, même si un relent de colère persiste légèrement.

    - Medeve a ses humeurs… Et je pense bien qu’il va demander que vous perdiez quelques combats. Non pas qu’il soit en manque d’argent… Ou alors je ne suis pas au courant. Je pense plutôt que ça l’amuse de faire en sorte que certains de ses contacts perdent la face.

    Je marque une légère pause, le temps de me débarrasser de ce verre de vin avant que l’idée de le boire ne devienne plus que convaincante.

    - En ce qui concerne sa vie, il travaille à l’université de Drakstrang… Pourquoi ? Vous envisagez de vous réorienter professionnellement ?


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  • Ven 28 Juin - 14:38
    Les écailles frappent l’air et fouettent sa cuisse qui rougit sous la force de l’impact. L’homme gronde un peu et roule des épaules en se redressant, sans protester. Car c’est de ça qu’est faite une existence de servitude, de rappels à l’ordre, d’épaisses chaînes autours de ses poignets et d’un collier d’acier lesté. Et même si Tulkas faisait partie de ces biens de luxe qu’étaient les gladiateurs de haut rang, il n’en était pas moins un objet et qu’importe que son maître le chouchoute en récompense de ses exploits dans l’arène, Sau’inn ne manquais jamais une occasion de lui rappeler sa condition non pas d’être humain, mais de vulgaire chose.

    Il ne proteste pas non plus quand elle profite que la balance s’inverse entre eux, qu’elle use et abuse de son statut de femme libre pour lui rappeler que lui, n’est qu’un enchaîné et qu’elle peut faire claquer le fouet comme elle le souhaite, qu’il soit fait de muscles et d’écailles ou de fils de cuir lestés de billes d’acier.

    Elle le ramenait là, à sa condition naturelle, celle d’un esclave et elle, d’une femme libre. Toute considération évaporée, toute son humanité soustraite. Une dynamique, qui marquait le rythme de la vie de ceux de sa caste et ce depuis des générations et des générations. Car bien que le Reike avait été bâti par des mains d’esclaves, l’on ne se souvenait et l’on ne se souviendrait que des rois et des reines d’antan. C’était ça, qui le poussait à toujours aller plus loin, à repousser les frontières de la gladiature, à toujours franchir un seuil de plus, à toujours trouver de plus grands adversaires. Pour ceux de sa caste, c’était la seule porte vers l’immortalité et la gloire. Et il suffisait d’un regard pour deviner que lui en était terriblement avide.

    Terriblement avide, et terriblement servile.

    - Je suis né Ebed, je mourrais Ebed. Avait-il fini par répondre. Je ne sens pas le poids de la servitude, j’ai appris à marcher avec des chaînes aux chevilles et aux poignets. Je me satisfais de ma condition car c’est ainsi que sont fait les choses, certains possèdent, d’autres sont possédés.

    Était-ce un mensonge ? Probablement pas, quand on n’a jamais connu la liberté, esclaves de générations en générations, le bon grain avais été séparé de l’ivraie. Les Aman avaient la réputation d’être particulièrement dociles et loyaux envers ceux qui les possédaient. Pouvait-on se moquer de cette servitude consentante ? Les forts s’en gaussaient, si bien que le mot « Aman » servait parfois d’insulte jetée à la figure de ces mâles et de ces femelles trop faibles pour se révolter face à leurs sorts.

    Comme lui, tout fait de muscles et de prouesses sanglantes, se tenait là droit. Une vulgaire statue gravée par la main d’Aurya et de Kazgoth en personne, aussi beau que fort et aussi arrogant que perfectionniste. Qui pourrait briser la nuque de Médève, Sau’inn et même de l’esclave qui n’en était pas une sans que personne ne soit en état de l’arrêter. Oui, il pouvait se débattre et se libérer à tout instant.

    Et pourtant, il était là, statue merveilleuse à la gloire des créateurs, des astres ou simplement au hasard, débordant d’une force et d’une vigueur qui faisaient se pâmer les femmes venues depuis la capitale. Parfaitement incapable de lever la main pour gagner sa liberté en déchainant son pouvoir et sa fureur. Car comme le Vezkang que l’on brise en l’attachant jeune à un arbuste, Tulkas avait appris très jeune à s’en remettre aux décisions de ceux qu’il appelait « Maître » avec conviction. Il l’observait, elle. Elle qui était née libre, qui n’avait de chaînes que celles qu’elle s’était imposée et qu’elle acceptait.

    - La liberté vous fait elle peur ?

    Avait-il finalement demandé, se désintéressant un instant d’un énième groupe de femmes richement vêtues qui l’observaient en piaillant en elfique. Il les comprenait, mais choisissait de ne pas les entendre.

    - Vous n’êtes pas une Aman, dame. Qu’il enchaînait. Je suis né esclave, je n’ai jamais été libre. Pourquoi chercher quelque chose que je ne connais pas ? Surtout quand même libre, vous finissez en fin de compte par servir un autre plus puissant que vous-même.

    La moquerie était partie, être malveillant avec ses homologues coulait de source, il était leurs supérieur en tout point, plus grand, plus fort, plus vif et plus intelligent. Un diamant brut enfoui dans une masse d’insectes que Sau’inn avait su trouver et polir pour en faire le bijou de sa couronne. Mais elle, elle était une victime de bout en bout, un agneau égaré qu’un loup tenait entre ses pattes, ses crocs plantés dans son cou sans lui arracher la carotide. Une situation atroce, dégoutante même.

    - Drakstrang, vraiment ? Demandait-il en tournant son attention vers l’homme qui l’observait en retour. Je n’ai pas besoin d’elle pour apprendre la guerre et comment me battre. Un sourire se dessina, sous ses lèvres. Je serais ravi de le décevoir. Sau’inn n’est pas du genre à tolérer la défaite.


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  • Dim 21 Juil - 16:17
    Il était là, droit comme un « i », alors que moi je perdais patience et contenance malgré le regard sévère que me lançait Medeve. Au fond, je sais très bien contre qui est tournée ma colère et ce n’est clairement pas contre le gladiateur, non, lui ne fait que me renvoyer à la face ma situation et appuyer là où ça fait mal. Cette colère qui me hurle de m’en aller, de fuir… Mais pour aller où ?

    Mon agitation finit par véritablement agacer le géant cornu qui, une nouvelle fois, se rapproche de moi. Son visage sévère se mettant au même niveau que le mien, ses yeux plantés dans mes pupilles dorées, il vient attraper mon menton entre son pouce et son index, m’empêchant par la même occasion de détourner le regard.

    - Veux-tu bien te tenir tranquille…

    Attrapant une de mes mèches de cheveux entre ses doigts qu’il serre comme une menace, il glisse lentement son visage à mon oreille.

    - J’aimerais continuer ma conversation sans avoir à garder un œil sur toi.

    Son pouce, qui tenait mon menton, glisse doucement sur mes lèvres, et moi qui peine à déglutir, comprenant la menace qui se cache derrière ce simple geste.

    - C’est mon dernier avertissement.

    Sur cette simple phrase, il se redressa et retourna auprès de Sau’inn, toisant au passage le gladiateur de toute sa hauteur. La tête baissée, les mains jointes devant moi, je suis tellement tendue comme un bout de bois que je me demande comment mon dos fait pour ne pas céder et se briser en deux. C’est au point où même le son de ma voix baisse pour être le plus discret possible.

    J’ai l’air et je me sens si… pitoyable… Non, je n’ai pas juste l’air, je le suis, et c’est ce qui m’ulcère au plus profond de mon âme.

    - Comment… faites-vous pour accepter votre condition ? N’avez-vous jamais eu, ne serait-ce qu’envie de savoir ce que c’est d’être libre ? Même en étant né Ebed ? Pas même une seule fois ?

    Mon regard se pose sur mes mains légèrement redressées, observant ces chaînes imaginaires et pourtant profondément imprégnées dans mon mental malmené depuis des années.

    - Ne m’appelle pas dame, je n’ai rien de cela… Et je n’aurais même pas dû te parler comme je l’ai fait… Je ne vaux pas plus que toi… Appelle-moi Vanay… C’est amplement suffisant vu la… « position » que j’ai… Ou bien poupée de chair.

    Je redresse légèrement ma tête, un sourire forcé sur mon visage, et un rire discret mais empli d’amertume sortant d’entre mes lèvres.

    - Tu m’as demandé si j’avais peur de la liberté… Non, à dire vrai, j’essaie de récupérer celle qui m’est due, et à quoi bon ? Je me le demande…

    Mon regard redescend une nouvelle fois se poser sur le sol brillant de la salle de bal. Si mes yeux avaient pu verser des larmes, il se serait sûrement écoulé un torrent, mais pour quoi faire ? Les larmes n’ont jamais résolu les problèmes et n’ont jamais rien fait avancer.

    - Peut-on vraiment parler de liberté si, même depuis l’enfance, on attend de soi d’agir et d’aller dans une direction précise ? Tu es bien plus dans le vrai que je ne le suis… La seule différence entre toi et moi, c’est le lieu de naissance.

    Redressant la tête, mon regard vient se perdre un instant sur le visage du gladiateur. Je suis à peine plus grande que lui en taille et pourtant j’ai l’impression d’être si petite et minuscule en étant posée là, à côté de lui, comme une poupée. Dans tous les cas, il est bien plus massif et musclé que moi… Et même si je ne doute pas de ses compétences de combat, a-t-il vraiment des chances de battre Medeve ?

    - Je t’ai déjà vu à l’œuvre deux ou trois fois et je ne doute pas de tes compétences… Mais je ne peux m’empêcher de me dire que ce sera plus compliqué que ce que tu imagines…

    Ou est-ce moi qui n’arrive pas à imaginer mon tortionnaire tomber à genoux ?


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