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Un iabolique contrat
Un accueil avenant
L'Empire du Reike.
La Présidente avait longuement réfléchi au sujet du Reike, considéré comme les sauveurs du Sekai. Oui, elle devait elle-même l’avouer : ils avaient su défaire ses prédictions pour s’arracher une victoire éclair totalement inespérée. Jamais personne n’aurait pu prédire un tel succès. Si elle avait su, elle aurait mis bien plus de moyens dans la guerre contre les Titans.
Mais les opportunités avaient été autre part, et Mirelda Goldheart n’aimait pas du tout compter sur la chance pour voir fructifier ses opérations. Elle privilégiait les valeurs sûres, et les placements avec un risque maîtrisé. Envoyer l’ensemble des forces Républicaine sur un front, en cas d’échec, aurait pu mettre la République à nue.
Et maintenant ? Elle pouvait profiter de l’affaiblissement temporaire du Reike pour tenter une invasion d’une ville proche, afin de sécuriser les frontières. Sans le Shoumei, le traité originel n’existait plus, rien ne l’empêchait donc de provoquer un conflit, et de profiter de la faiblesse de l’adversaire pour réussir cette invasion.
Mais cela desservirait la République et ses intérêts, et donc, lui desservirait sur le long terme. Car attaquer l’Empire aujourd’hui ne les afficheraient que dans une position de martyr, renforçant la sympathie jusque dans les rangs de la République, et bousculerait son pouvoir.
Non, ce qu’il fallait, c’était gagner du temps. Affaiblir le Reike sur le long terme, tout en se cachant derrière de nobles intentions. Et c’était dans ce but qu’elle avait fait venir une personne toute spécialement choisie pour parvenir à ses fins. Du moins, si elle se montrait suffisamment docile. Et Athénaïs fut l’heureuse -ou la malheureuse - élue.
« Madame, Athénaïs de Noirvitrail est arrivée. »
« Faite-là patienter. »
Comme à son habitude, Mirelda appliquait toujours le même processus. On se présentait à elle, et elle disposait. C’était presque devenu une institution, et toute personne connaissant un tant soit peu la Présidente le savait : il y avait toujours quelques minutes d’attentes lors des rendez-vous. Voir, parfois plus.
Une fois prêt, on fit entrer la dame. La Présidente se leva, et fixa la femme d’un sourire d’apparence amical et bienveillant.
« Mademoiselle de Noirvitrail, quel plaisir de vous recevoir ici. »
Son regard la fixa un instant, observant longuement son attitude, et se demandant bien à quelle sauce la Septuagénaire allait devoir dévorer cette débutante…
« Comment allez-vous ? »
CENDRESLa Présidente avait longuement réfléchi au sujet du Reike, considéré comme les sauveurs du Sekai. Oui, elle devait elle-même l’avouer : ils avaient su défaire ses prédictions pour s’arracher une victoire éclair totalement inespérée. Jamais personne n’aurait pu prédire un tel succès. Si elle avait su, elle aurait mis bien plus de moyens dans la guerre contre les Titans.
Mais les opportunités avaient été autre part, et Mirelda Goldheart n’aimait pas du tout compter sur la chance pour voir fructifier ses opérations. Elle privilégiait les valeurs sûres, et les placements avec un risque maîtrisé. Envoyer l’ensemble des forces Républicaine sur un front, en cas d’échec, aurait pu mettre la République à nue.
Et maintenant ? Elle pouvait profiter de l’affaiblissement temporaire du Reike pour tenter une invasion d’une ville proche, afin de sécuriser les frontières. Sans le Shoumei, le traité originel n’existait plus, rien ne l’empêchait donc de provoquer un conflit, et de profiter de la faiblesse de l’adversaire pour réussir cette invasion.
Mais cela desservirait la République et ses intérêts, et donc, lui desservirait sur le long terme. Car attaquer l’Empire aujourd’hui ne les afficheraient que dans une position de martyr, renforçant la sympathie jusque dans les rangs de la République, et bousculerait son pouvoir.
Non, ce qu’il fallait, c’était gagner du temps. Affaiblir le Reike sur le long terme, tout en se cachant derrière de nobles intentions. Et c’était dans ce but qu’elle avait fait venir une personne toute spécialement choisie pour parvenir à ses fins. Du moins, si elle se montrait suffisamment docile. Et Athénaïs fut l’heureuse -ou la malheureuse - élue.
« Madame, Athénaïs de Noirvitrail est arrivée. »
« Faite-là patienter. »
Comme à son habitude, Mirelda appliquait toujours le même processus. On se présentait à elle, et elle disposait. C’était presque devenu une institution, et toute personne connaissant un tant soit peu la Présidente le savait : il y avait toujours quelques minutes d’attentes lors des rendez-vous. Voir, parfois plus.
Une fois prêt, on fit entrer la dame. La Présidente se leva, et fixa la femme d’un sourire d’apparence amical et bienveillant.
« Mademoiselle de Noirvitrail, quel plaisir de vous recevoir ici. »
Son regard la fixa un instant, observant longuement son attitude, et se demandant bien à quelle sauce la Septuagénaire allait devoir dévorer cette débutante…
« Comment allez-vous ? »
Citoyen de La République
Athénaïs de Noirvitrail
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« Par les Etoiles … je suis probablement dans l’antichambre d’un enfer dessiné spécialement pour moi. »
Le salon dans lequel elle avait attendu pendant plusieurs minutes n’avait pas arrangé l’état de stress dans lequel la magicienne se trouvait. On n’était pas convoqué devant la présidente sans une excellente raison, généralement … une raison qui vous valait un petit tour en maison d’arrêt. Athénaïs en voyait quelques-unes, mais rien qui aurait d’ordinaire valu une convocation privée dans le bureau de la présidente. A vrai dire, rien de ce que la magicienne faisait ne concernait de près ou de loin les activités de Mirelda Goldheart, et elle se gardait bien d’interférer dans ses affaires. Premièrement, Athénaïs ne disposait ni du statut, ni de l’argent pour pouvoir un jour inquiéter l’oligarque. Deuxièmement, elle ne cherchait nullement querelle à la présidente et n’était pas de nature en en vouloir à un autre individu. Avait-elle marché sur ses plates-bandes par mégarde ?
Vêtue de sa belle robe bleue et or d’adjointe militaire, Athénaïs de Noirvitrail avait noué ses cheveux en une couronne tressée comme le voulait l’usage. Il était mal vu au sein de l’armée de laisser ses cheveux dans le vent, encore plus lorsque l’on rencontrait sa hiérarchie … surtout quand cette hiérarchie était la responsable incontestée des armées républicaines. Un bijou de bois gravé de symboles reikois servait de broche à cheveux afin de maintenir sa coiffure. Une parfaite petite républicaine en somme !
Elle n’avait attendu qu’un petit quart d’heure, mais il lui avait apparut être une éternité. Stressée à l’idée de se faire sermonner ou pire, la magicienne agitait régulièrement ses doigts sur ses genoux, tapotant sur l’étoffe soyeuse comme une claveciniste avec les blanches et les noires. Athénaïs aurait bien volontiers échangé son attente contre une bonne séance de baffes chez Tytania. Les coups de poing de la lutteuse avaient l’avantage de l’honnêteté et de la simplicité. Les règles de l’arène étaient simples : être le dernier debout. Les règles de la Maison Bleue, elles … étaient beaucoup plus subtiles et insidieuses. Les faux-pas pouvaient y avoir des conséquences plus néfastes qu’un uppercut dans le ventre.
Athénaïs connaissait une partie des enchantements qui protégeaient la Maison Bleue. Cela faisait parti de son travail que de les connaître et de les entretenir. Elle n’était intervenue que deux fois sur les enchantements, lors d’un contrôle de routine. Il s’agissait là d’un honneur que peut de façonneurs se voyaient accordés et seuls les façonneurs intégrés à l’armée pouvaient obtenir la possibilité d’étudier de près les enchantements qui protégeaient la demeure séculaire des présidents de la République. Elle pouvait voir, au sein de ce salon, les délicats entrelacs de runes gravés dans le bois de l’édifice, si discrets et si bien tracés qu’il fallait des yeux de connaisseur pour s’en apercevoir.
Lorsque l’assistant de Mirelda Goldheart vint la chercher, la demoiselle était en train de passer ses doigts sur les moulures des lambris de l’antichambre, recouverts de minuscules runes de protection contre le feu. Surprise dans ses observations, on la fit néanmoins entrer avec déférence dans le bureau de la présidente. C’était la première fois qu’elle pénétrait dans ce lieu. Seuls les façonneurs des Cent Dorés étaient autorisés à travailler dans le Saint des saints … Elle n’eut cependant pas le loisir de laisser trainer ses yeux sur les éventuels enchantements qui imprégnaient le lieu le plus convoité de l’appareil républicain que déjà, la présidente s’adressait à elle.
« Madame la présidente … dit-elle en s’inclinant poliment. Que puis-je faire pour vous être agréable ? »
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Un Diabolique contrat
Ils sont contrôlés par la peur
La Présidente observa quelques secondes la révérence d’Athénaïs, sa tenue, le son de sa voix. Elle haussa d’abord un sourcil, attendant une réponse de sa part à sa question. Bien sûr, l’état émotionnel de la membre de la famille Noirvitrail ne l’intéressait guère - il s’agissait là que des règles de courtoisie qui prévalait au sein de la République - mais elle-même ignorait encore comment percevoir ce manquement. Etait-ce là une preuve dissimulée d’un esprit rebelle ? Ou la peur avait-eu momentanément raison de son attention ?
Seul l’avenir renseignerait la Matriarche Goldheart. En attendant, elle avait réussi le premier test : elle avait attendu son autorisation pour se redresser.
« Je vous en prie, prenez donc un siège. » dit-elle, accompagnant son geste en présentant les fauteuils devant elle. Une servante entra, servit le thé, et puis ressortis aussitôt. La Présidente remua la touche de crème qu’on lui avait versée. Une fois assise, elle reprit.
« Vous posez une question, mais vous connaissez vous-même la réponse, Mademoiselle de Noirvitrail. Je ne vous reçois pas dans mon bureau pour bavasser des derniers potins ou de magie. J’ai bien mieux à faire pour la République. » le ton était ferme, sans être toutefois agressif. Puis, Mirelda bue une gorgée, avant de reprendre.
« Athénaïs, sais-tu pourquoi les gens sous ce toit me servent avec une si grande dévotion ? »
La Présidente fixa l’amatrice en politique, avant de se relever, dévoilant ainsi une longue robe bleue et violette élégante, quelques bordure d’argent parsemant le tout. Ses cheveux d’argent dans un chignon, elle se tourna vers la fenêtre de son bureau.
« Les raisons de chacun divergent… Certains cherchent à obtenir la gloire, d’autre à apprendre mes méthodes, mes techniques… D’autre encore à faire de ce monde quelque chose de meilleurs, et certains juste par simple opportunisme. Leurs points commun et qu'ils sont tous méritant mais aussi ce qu'ils ont tous en tête, c’est que d’un claquement de doigts, je peux bâtir une dynastie, et d’un autre, je peux réduire à néant le prestigieux nom d’une famille qui se montrerait trop problématique. D’une simple signature, je peux faire d’un inconnu quelqu’un, et d’une simple demande, je peux lui faire ôter sa tête sur la place publique. » Annonça Mirelda d’un ton presque cérémoniel, avant de se retourner vers Athénaïs.
« Mais on ne dirige pas une démocratie en étant seule. Cette nation est semblable à une grande horloge. Pour ne pas prendre de retard, chaque rouage doit parfaitement s’assembler en harmonie avec les autres. Et c’est à la Présidence que revient l’immense charge d’assurer que l’ensemble tourne parfaitement, en polissant certaines pièces, ou en les remplaçant si les dommages sont irréparables. C’est ce qu’on nomme aujourd’hui l’ascenseur social, pilier de notre république, et de ses valeurs de mérites. » La métaphore était faite.
« J’ai donc une question pour vous, Mademoiselle de Noirvitrail… Jusqu’où voulez-vous vous élever ? A quel place aspirez-vous ? »
“A quel point votre ambition vous dévore-t-elle ?” avait failli continuer la Présidente. Mais non, elle s’arrêta simplement, écoutant attentivement la réponse. CENDRES
Citoyen de La République
Athénaïs de Noirvitrail
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La jeune femme n’avait pas répondu à la question de Mirelda sur son bien-être et sa santé. Inconsciemment, Athénaïs avait compris qu’il s’agissait d’une simple formule de politesse et que la présidente ne cherchait absolument pas à s’enquérir de ses états d’âmes. D’ailleurs … c’était un juste retour des choses. La dernière fois qu’Athénaïs lui avait publiquement posé la même question – lors du débat national – Mirelda n’avait pas daigné répondre à la demoiselle d’or et d’azur. Ce n’était que justice que de ne pas lui retourner la faveur.
Elle s’assit sur l’un des fauteuils.
Le fait que la présidente la tutoie la fit tiquer. Elle … n’appréciait pas ce genre de familiarité. Au sein de la République, ce type de discours annonçait toujours quelque chose de funeste. Et l’instinct d’Athénaïs avait vu juste. Le discours savamment huilé de la présidente cachait … assez peu habilement, une demande voilée, un désir qu’elle avait besoin d’assouvir. La question était de savoir à quelle sauce la présidente voulait manger la magicienne. Il était certain que ses paroles étaient mielleuses uniquement pour cacher des menaces à peine voilées et un désir de la soumettre à sa volonté. N’importe qui aurait été subjugué par la verve de Mirelda Goldheart … et à raison ! Quand la présidente parlait, c’était tout un univers de rêves réalisés qui se déroulait devant vous. Elle disposait du « pouvoir » de faire de votre vie un paradis, et d’assouvir vos plus profonds désirs, généralement avec beaucoup d’argent ; car il était peu de désirs qui ne pouvaient être comblés sans un gros paquet d’écus.
Mais …
Mirelda, malgré son discours savamment huilé et répété, se révélait telle qu’elle était : une personne dont la volonté de puissance s’étendait à des âmes qui ne pouvaient s’écarter devant sa force d’attraction. Mirelda était avide, cupide et entrainait les autres dans sa course effrénée vers l’accumulation sans limite de pouvoir. Elle avait beau cacher ses intentions par des métaphores grossières et des allégories mal calibrées, il n’en restait pas moins qu’elle se montrait parfaitement menaçante. Le genre de menaces que seule une femme qui ne supportait pas de réponse négative pouvait formuler.
« Madame la Présidente, je pense que vous vous méprenez sur mon compte. Aussi, permettez-moi de devancer d’une étape votre discours. Ce que je souhaite, vous ne pouvez me l’offrir. »
Vous ne pouvez pas m’offrir celle qui sent l’encens froid et le sable chaud.
« Laissez-moi préciser ma pensée. Je ne peux pas vous craindre, et je ne peux vous aimer. La question que je vous ai posée au débat national était parfaitement sincère et vous n’y avez malheureusement pas répondu … Vous ne sauriez donc avoir de prise sur moi, car l’objet de mon désir vous échappe et vous ne sauriez y être sensible. En revanche, je souscris parfaitement à votre vision d’horlogère et chaque citoyen doit servir à sa juste place ... Vous, comme moi. Aussi, les désirs sur lesquels vous pourriez fonder votre emprise ne sont malheureusement pas les miens, mais je ne suis pas que l’expression de mon seul désir. En ce sens, la question n’est pas de savoir jusqu’où je souhaite m’élever, n’ayant pas ce désir pour moi-même. Néanmoins, je suis porteuse des espoirs de ma famille et de son désir d’utiliser mon ascension pour ses propres desseins. Et les désirs de ma famille sont de me voir prendre la place de magistrate militaire, occupée jusqu’à présent par la défunte Alleria Greywind. Vous ne sauriez donc trouver en moi la cupidité que vous cherchez à exploiter. En revanche, vous y trouverez la cupidité de ma famille … et mon inclinaison à servir la République du mieux que je le peux. »
Athénaïs marqua une pause et sourit à Mirelda. Un sourire rayonnant d’innocence. Elle plongea son regard dans celui de Mirelda. La magicienne n’avait pas touché au thé.
« Madame Goldheart, ma question reste la même. Maintenant que vous connaissez les désirs de ma famille, que vous savez que vous n’avez pas d’emprise sur le mien et que je servirai la République, que puis-je faire pour vous être agréable ? »
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Une réponse décevante
La présidente haussa un simple sourcil, avant de reprendre un visage totalement impassible. Elle écoutait d’une oreille, tantôt distraite, tantôt attentive. Parfois, son regard se fixait sur un point de la pièce, d’autres fois sur son thé, puis revenait sur Athénaïs. La Présidente avait de nombreuses qualités, mais écouter les jérémiades dans son bureau n’en était pas une. Alors, une fois que la mage eut fini son monologue, Mirelda marqua une légère pause, son doigt dessinant le contour de sa tasse encore chaude.
« Je crois que vous n’avez pas bien compris, Athénaïs. Où alors, vous n’écoutez pas. » dit-elle, rapprochant son doigt légèrement humide, comme si elle était à la quête d’un grain de poussière, d’une quelconque imperfection présente sur le récipient en porcelaine.
« Vos états d’âme, vos sentiments, l’état de vos relations, votre vie privée et familiale, ainsi que tout ce qui aurait un rapport avec votre petit cœur d’artichaut ne m’intéresse guère. Je croyais que vous l’aviez compris, puisque vous avez soigneusement évité ma question de départ : “Comment allez-vous ?”... Quoi de plus normal de la part de quelqu’un qui débute la conversation en relevant un fait similaire, et qui semble en avoir conclu quelque chose… N’est-ce pas ? » ironisa la Présidente.
Elle apporta le breuvage à la hauteur de ses lèvres.
« Si croire que je n’ai aucune emprise sur vous, sur vos désirs ou vos accomplissements, vous permet de mieux travailler, grand bien vous fasse. Vous prouver l’inverse porterai crédit à votre fantasme, ce qui est bien loin d’être le reflet de la réalité. Je tiens simplement que mes alliés, tout comme mes ennemis, soient conscients de cet état de fait, et qu’ils agissent en conséquence. Chacun étant libre de faire ses choix, celui du déni en est un. »
Puis, elle marqua une nouvelle pause, savourant les saveurs subtil d’orange et de canelle qui se déversait dans sa bouche. De la douce sensation de chaleur qui l’envahissait. Cela lui permettait de tenir un peu plus longtemps face au goût amer des individus suffisamment bête pour penser que Mirelda n’avait pas le moyen de détruire leurs vies. La septuagénaire reposa sa tasse.
« En revanche, ce qui m’importait était de savoir quel était votre ambition. À quelle place sociale vous aspirez, vous, et pas vos parents. Mais j’ai l'impression que vous n’en avez aucune. »
Elle joignit ses mains.
« Aussi diplômée que vous pouvez l’être, je pense qu’une femme habitée uniquement par les désirs d’autrui, même si ce sont vos parents, ne mérite pas d’atteindre le niveau de responsabilité de Magistrat. Faire de vous le petit pantin prestigieux d’un autre ne représente aucun intérêt, ni pour moi, et encore moins pour la République. L’absence d’ambition personnelle vous disqualifie de facto à vous donner l’autorisation de me murmurer à l’oreille vos idées.
Et comme je ne suis pas un de ses réformistes corrompus à qui il suffit de dévoiler un levier de pression pour qu’il se précipite dessus afin d’obtenir ce qu’il veut, tel un chien chien à qui on lancerait un nonos… Vous n’aurez pas votre petite place au soleil au frais du contribuable. »
Mirelda déplaça son regard sur son bureau, sa main approchant une plume d’écriture non loin.
« Mais je ne suis pas cruelle pour autant… Je peux vous trouver un poste d’officier gratte-papier de la GAR. Suffisamment pompeux pour faire plaisir à votre petite famille, et suffisamment tranquille pour que vous puissiez servir la République sans pour autant pouvoir lui nuire, et sans jamais atteindre le grade nécessaire pour lui nuire. J’y veillerai. Et ne vous inquiétez pas, je trouverai sans aucun problème quelqu’un d’autre plus qualifié, et avec une motivation bien plus importante, pour remplir des tâches à sa hauteur. Car entre nous deux, Mademoiselle de Noirvitrail, c’est à vous de faire vos preuves. »
Une fois récupérée et installée, elle fixa Athénaïs des yeux.
« Si vous n’avez rien d’autre en réserve que vos préjugés, votre servitude et l’ambition de votre famille, vous pouvez simplement dire “Oui” et sortir de mon bureau. Ma dame de compagnie s’occupera du reste, et j'accomplirai ma promesse. Sinon, je vous écoute. Mais n’oubliez pas, je n’ai pas de temps à perdre, et je ne fais pas preuve de clémence avec ceux qui s'y essaye. »
Mirelda était une femme manipulatrice, mais juste. Et ce qu’elle ne supportait pas, c’étaient bien les petites filles de familles sans ambition aucune. Athénaïs n'avait plus que deux possibilités : la convaincre, ou dire adieu à une carrière militaire ambitieuse.
CENDRES
« Je crois que vous n’avez pas bien compris, Athénaïs. Où alors, vous n’écoutez pas. » dit-elle, rapprochant son doigt légèrement humide, comme si elle était à la quête d’un grain de poussière, d’une quelconque imperfection présente sur le récipient en porcelaine.
« Vos états d’âme, vos sentiments, l’état de vos relations, votre vie privée et familiale, ainsi que tout ce qui aurait un rapport avec votre petit cœur d’artichaut ne m’intéresse guère. Je croyais que vous l’aviez compris, puisque vous avez soigneusement évité ma question de départ : “Comment allez-vous ?”... Quoi de plus normal de la part de quelqu’un qui débute la conversation en relevant un fait similaire, et qui semble en avoir conclu quelque chose… N’est-ce pas ? » ironisa la Présidente.
Elle apporta le breuvage à la hauteur de ses lèvres.
« Si croire que je n’ai aucune emprise sur vous, sur vos désirs ou vos accomplissements, vous permet de mieux travailler, grand bien vous fasse. Vous prouver l’inverse porterai crédit à votre fantasme, ce qui est bien loin d’être le reflet de la réalité. Je tiens simplement que mes alliés, tout comme mes ennemis, soient conscients de cet état de fait, et qu’ils agissent en conséquence. Chacun étant libre de faire ses choix, celui du déni en est un. »
Puis, elle marqua une nouvelle pause, savourant les saveurs subtil d’orange et de canelle qui se déversait dans sa bouche. De la douce sensation de chaleur qui l’envahissait. Cela lui permettait de tenir un peu plus longtemps face au goût amer des individus suffisamment bête pour penser que Mirelda n’avait pas le moyen de détruire leurs vies. La septuagénaire reposa sa tasse.
« En revanche, ce qui m’importait était de savoir quel était votre ambition. À quelle place sociale vous aspirez, vous, et pas vos parents. Mais j’ai l'impression que vous n’en avez aucune. »
Elle joignit ses mains.
« Aussi diplômée que vous pouvez l’être, je pense qu’une femme habitée uniquement par les désirs d’autrui, même si ce sont vos parents, ne mérite pas d’atteindre le niveau de responsabilité de Magistrat. Faire de vous le petit pantin prestigieux d’un autre ne représente aucun intérêt, ni pour moi, et encore moins pour la République. L’absence d’ambition personnelle vous disqualifie de facto à vous donner l’autorisation de me murmurer à l’oreille vos idées.
Et comme je ne suis pas un de ses réformistes corrompus à qui il suffit de dévoiler un levier de pression pour qu’il se précipite dessus afin d’obtenir ce qu’il veut, tel un chien chien à qui on lancerait un nonos… Vous n’aurez pas votre petite place au soleil au frais du contribuable. »
Mirelda déplaça son regard sur son bureau, sa main approchant une plume d’écriture non loin.
« Mais je ne suis pas cruelle pour autant… Je peux vous trouver un poste d’officier gratte-papier de la GAR. Suffisamment pompeux pour faire plaisir à votre petite famille, et suffisamment tranquille pour que vous puissiez servir la République sans pour autant pouvoir lui nuire, et sans jamais atteindre le grade nécessaire pour lui nuire. J’y veillerai. Et ne vous inquiétez pas, je trouverai sans aucun problème quelqu’un d’autre plus qualifié, et avec une motivation bien plus importante, pour remplir des tâches à sa hauteur. Car entre nous deux, Mademoiselle de Noirvitrail, c’est à vous de faire vos preuves. »
Une fois récupérée et installée, elle fixa Athénaïs des yeux.
« Si vous n’avez rien d’autre en réserve que vos préjugés, votre servitude et l’ambition de votre famille, vous pouvez simplement dire “Oui” et sortir de mon bureau. Ma dame de compagnie s’occupera du reste, et j'accomplirai ma promesse. Sinon, je vous écoute. Mais n’oubliez pas, je n’ai pas de temps à perdre, et je ne fais pas preuve de clémence avec ceux qui s'y essaye. »
Mirelda était une femme manipulatrice, mais juste. Et ce qu’elle ne supportait pas, c’étaient bien les petites filles de familles sans ambition aucune. Athénaïs n'avait plus que deux possibilités : la convaincre, ou dire adieu à une carrière militaire ambitieuse.
CENDRES
Citoyen de La République
Athénaïs de Noirvitrail
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La jeune femme accusa le coup avec aplomb. La Présidente de la République portait les coups d’une femme blessée dans son orgueil, incapable de concevoir qu’un être aussi modeste qu’Athénaïs puisse lui tenir tête et échapper à son emprise. La méchanceté crasse de la Présidente transparaissait dans ses dires et révélait ses faiblesses. Elle ne supportait pas la contrariété, la différence et n’avait jamais été habituée à ce qu’on lui dise non.
Athénaïs ne se démonta pas et afficha un sourire apaisé à la Présidente.
« Madame la Présidente, vous ne m’offrez visiblement aucun choix, ce qui est une bien étrange manière de converser. Soit j’accepte de m’abaisser à la hauteur de vos standards, soit je le refuse et me voici bonne à subir votre ire, quand bien même je n’ai rien fait pour la mériter. Ce n’est pas un choix que vous m’offrez et je commence à comprendre comment vous tenez ceux que vous appelez les « ambitieux ». Ce n’est pas de l’ambition que vous recherchez, mais de l’obéissance et l’exploitation de la cupidité. Or, vous voyez en moi un outil potentiel qui résiste à vos tentatives de subversion. Je comprends que cela puisse vous frustrer au plus haut point, mais là où vous voyez un sujet de discorde entre nos deux êtres, j’y vois un potentiel point de concorde. »
La demoiselle se releva et passa derrière le fauteuil, laissant ses doigts glisser sur le dossier de velours.
« Vous confondez ambition et motivation, la cupidité avec la compétence. Les Magistrats de la République n’ont pas vocation à être des ambitieux, mais des hommes et des femmes qui ont à cœur de servir la République et les valeurs qu’elle représente. Servir les autres avec efficacité et diligence, faire de la République une terre de paix et de prospérité, voilà ce qui doit motiver un Magistrat. L’ambition personnelle n’est que le nom avec lequel vous maquillez l’égoïsme, un égoïsme qui finira par tous nous détruire, quand il ne se trouvera plus personne pour défendre la « chose commune ». A ce titre, un Magistrat ne doit pas nourrir d’ambition personnelle, mais incarner les valeurs de la République, tout comme Alleria Greywind les incarnait. Un Magistrat, en ce sens, n’est pas là pour vous servir, mais pour servir la République, une entité dont vous êtes la représentante, mais pas l’incarnation. »
Et vous auriez tort de croire le contraire …
« Je suis une Enfant de la République et à ce titre, j’ai juré fidélité aux idéaux de notre nation. Mes compétences et ma loyauté ne sont plus à prouver et j’en porte encore les marques sur mon corps depuis que nous vous avons sauvé la vie lors du débat national. J’ai travaillé pendant des années auprès de la Magistrate Greywind, fait mes preuves auprès des soldats de l’armée républicaine, entretenu les enchantements de la Maison Bleue et fait en sorte que le peuple dont je suis issue puisse s’intégrer parfaitement à notre nation. Ne me parlez donc pas de preuves, nous savons tous les deux que si vous m’avez faite venir aujourd’hui, c’est bel et bien parce que vous connaissez ma compétence et que ceux qui auraient pu vous satisfaire sont désormais passés au Reike, ou forment désormais les rangs des Réformistes. Mais au-delà de mes compétences propres, c’est aussi le peuple que je représente que vous cherchez à atteindre. Après tout … les Reikois de la République sont de plus en plus nombreux et vous avez toujours eu du mal à acquérir notre soutien. Quel merveilleux signal à envoyer que de promouvoir au titre de Magistrate militaire une métisse, montrant ainsi que la République est un formidable ascenseur social pour les immigrés … »
Car après tout, Alleria Greywind était elle-aussi une native du Reike … Mais Athénaïs, elle, était une métisse, issue d’une génération n’ayant pas connu les sables ardents du désert. Et en l’absence d’Alleria, Mirelda Goldheart se retrouvait bien en peine. Promouvoir un Magistrat issu des grandes familles de la République enverrait un très mauvais message, au moment où la République devait montrer qu’elle était tout à fait capable de proposer une meilleure vision de la société que le décadent empire reikois.
« Considérons les faits suivants. Je vis pour servir la République, pas pour servir mes ambitions personnelles, ce qui limite grandement la menace que je pourrai représenter pour vous. Je ne suis ni une Réformiste, ni une Conservatrice, donc personne ne pourra vous accuser de favoritisme. Vous ne disposez de personne ayant mes compétences en matière d’administration militaire car je connais l’armée de fond en combles et ai travaillé auprès d’Alleria Greywind durant des années et fais partie des personnes les plus diplômées de notre pays. Le prestige dont je jouis aujourd’hui auprès de la population et mes actions durant le débat national ont mis en lumière le rôle des immigrés reikois installés depuis des générations en République, ce qui fait de moi, bien malgré moi, un symbole. Je n’ai, de plus, aucun grief à votre encontre et ne désire pas votre place, où vous excellez manifestement. Je suis donc votre opportunité … l’opportunité pour vous de montrer que la République et par extension votre camp politique sont capables de montrer la supériorité de nos valeurs. Promouvoir Athénaïs de Noirvitrail, héroïne nationale, fille d’immigrés reikois et ancienne assistante d’Alleria au rang de Magistrate … n’est-ce pas le meilleur message que vous pourriez envoyer à vos adversaires ? »
Ca … et ramener un petit paquet de voix au camp Conservateur lors des prochaines élections.
PNJ
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Beaucoup de mot pour ne rien dire, telle était la vision qu’Athénaïs offrait à la présidente. Elle semblait vouloir donner l’impression de dominer la conversation en détenant de part sa virginité morale une vérité absolue que seule elle serait capable de comprendre.
C’était d’un ennui.
Pensait-elle réellement être unique ? Des petites prétentieuses défendant la vertu républicaines, il y’ en avait des dizaines, toutes plus sincères les unes que les autres. Elles venaient, avec leur égo, leur suffisance, leur satisfaction d’elle-même, pensant qu’elles allaient redéfinir la politique de la République pour les décennies à venir. Mirelda ne les comptait plus, ces bonnes âmes qui avaient pénétrés sont bureau, le cœur bouffi d’orgueil et d’espoir, pour n’en ressortir que déçues et brisées.
Car toutes, sans exception, avaient subies le même châtiment : elles c’étaient faites écraser par la poigne de fer de Mirelda Goldheart.
C’est ainsi qu’une fois la tirade d’Athénaïs achevée, elle ne reçue pour réponse qu’un simple, unique et fort désintéressé :
- Et ?
Certes, ce petit discours avait été passionnée et transpirait la bonne foi. En campagne, nuls doutes que de tels mots auraient convaincus maintes foules influençables. Malheureusement pour elle, elle n’avait aujourd’hui qu’une seule personne à convaincre et c’était la présidente. Or, de tels palabres ne provoquaient en elle qu’une froide apathie, issues de décennies d’expériences politiques.
Assise à son bureau, elle s’avachit plus confortablement dans son siège tout en soupirant élegamment, puis finie par tourner le dos à la jeune femme, levant une main pour lui interdire de répondre. Pourquoi ne la regardait-elle plus? Tout simplement parce que son invitée ne l’intéressait plus.
Elle prit le temps de prendre une nouvelle gorgée de vin, fermant quelques instants les yeux afin d’ en savourer pleinement les notes amers. Au moins le vin, lui, ne la décevait-il jamais.
Elle resta ainsi un long moment, silencieuse, contemplant le spectacle de quelques hirondelles virevoltant sur les toits de la Maison Bleue et abandonnant Athénaïs à son mutisme. Quitte à ce qu’elle perde de son précieux temps dans une conversation stérile, autant en profiter pour se détendre quelques peu. C’était là un moment trop rare pour ce permettre de le gâcher.
La gêne de ce silence pesant, uniquement brisé par les quelques cliquetis des armures des deux Cents-Dorés qui se tenaient dans la pièce, ainsi que le tintement du précieux verres se posant à rythme régulier sur le bureau, fut tout entière pour l’invitée. Et plus le temps passait, plus la gêne se teintait de menace, à mesure que les gardes présidentiels dardaient sur Athénaïs un regard de moins en moins bienveillant.
- Qu’« obéissance » et « ambition » soient des synonymes pour vous ne m’intéresse pas, déclara finalement la Première Dame de la République, sous toutefois se retourner en direction de la jeune noble. Que vous estimiez notre « manière de converser » étrange, ne m’intéresse pas. Que vous vous sentiez acculée par le fait que vous estimez que je ne vous offre pas de choix ne m’intéresse pas. Pensez-vous réellement que me contredire frénétiquement vous permettras d’acquérir ce que vous désirez ? Ais-je jamais donnée l’impression d’être une femme qui acceptait l’objection ? Vous me semblez être une personne pragmatique, réaliste et, n’ayons pas peur des mots, relativement intelligente. Alors pourquoi vous obstinez-vous à vous fermer des portes que je pourrais vous ouvrir, simplement car vous détestez l’idée que ce soit moi qui en détiennent les clés ?
Docilement, les poignets des Cents Dorés glissèrent en direction de leurs armes, traduisant visuellement l’agacement qu’éprouvait actuellement la présidente. Ses propres doigts tapotèrent délicatement le plateau du bureau, des doigts légèrement disgracieux du fait d’une vie passée à trimer dans les champs et à noircir des kilomètres de comptes. Et plus elle parlait, plus le rythme de ces tapotements s’accéléra.
- D’autant plus qu’« intelligente », vous ne l’êtes pas tant que ça. Vous vous targuez de me discerner mieux que mes plus proches collaborateurs, de comprendre mes ambitions et le système que j’ai créée autant que je régis. Un léger rire suffisant s’échappe d’entre ses lèvres. Mais c’est faux. « Confondre ambition et motivation, cupidité avec compétence. » Tels sont vos mots et pourtant, aucun n’est antinomique d’un autre. Nombre de mes assesseurs sont des personnes cupides mais compétentes, ambitieuses, certes, mais également motivés par nombre de projets plus ou moins moraux. Et que fais-je de toutes ces personnes ? Je leur donne la place qu’ils doivent occuper pour faire fonctionner ce gargantuesque mécanisme qu’est la République. Mon rôle est de trouver ceux qui seront les plus à même de faire partie intégrante de ces rouages, sans dérégler le mécanisme dont je suis la garante. Si un rouage s’enraille ou s’emballe, mon rôle est soit de le rénover, soit de le remplacer.
Rénover voulait dire museler. Remplacer voulait dire exiler. Dans cette république qui, d’année en année, ressemblait de plus en plus à Mirelda Goldheart, il n’y avait de place ni pour les geignards, ni pour les ignorants, ni pour les inutiles. Seuls comptaient le rendement et la garantie que les attentes de la Présidente seraient assouvis.
- Vous comprendrez donc, Mme de Noirvitrail, que les raisons qui m’animent dépassent non seulement votre entendement, mais également de stupides considérations moralisatrices dont vous semblez vouloir être un gênant avatar. Vous comprendrez également que le temps que je vous accorde actuellement est infiniment plus précieux que vos aspirations puérils. Et par extension, vous comprendrez l’impatience qui commence à me saisir, conduisant inexorablement à un déplaisir qui ne peut que vous être préjudiciable dans votre élévation sociale.
Pour le première depuis qu’elle lui tournait le dos, Athénaïs put apercevoir le visage de la présidente, alors qu’elle lui accordait paisiblement son profil. Elle put alors distinguer ce léger sourire, trop rare pour ce visage, qui entrait en contradiction avec les menaces précédentes. Ou bien les appuyait-il ? Impossible à deviner, mais il était bien plus terrifiant que la vision des mains des Cents Dorés posées sur la garde de leur épée, prête à être dégainée.
- Considérons les faits suivants, reprit-elle avec l’exacte intonation de la demoiselle de Noirvitrail, vous n’êtes ni humaniste, ni conservatrice, ni réformatrice. Au choix vous êtes donc une indécise, une girouette ou une désintéressée. La première option vous place comme une timorée incapable de prendre des décisions, un comble pour le milieu martial auquel vous aspirez. La seconde comme une traîtresse potentielle en qui toute attente serait inutile. La troisième comme une personne qui ne ce concentre que sur l’instant présent et non dans l’avenir, ce que je ne peux cautionner au vue de la géopolitique actuelle. Apprenez, Madame de Noirvitrail, que les gens simples et satisfaits n’attirent que le dédain. Le manque d’ambition personnelle dont vous vous auréolée ne fait que démontrer votre manque de motivation. Quant à votre ascendance reikoise, je ne comprend pas ce qu’elle vient faire dans cette équation, d’autant plus que vous avez eu tord de mettre cet élément dans la balance. Car je pourrais tout à fait rechercher parmi les nobles exilés shoumeïens installés sur nos terres des personnes ayant les mêmes compétences que vous. Je pourrais en prendre un, le hisser à un haut-poste à responsabilité et en faire mon débiteur. Cela aussi, sera un symbole, et un symbole bien plus impressionnant et mémorable en cette période de crise migratoire qu’une vague descendante reikoise à je ne sais quel degré. J’obtiendrais ainsi le beurre et l’argent du beurre en mettant à la tête de nos forces armées non-seulement une personne qui me devra tout, mais qui sera en plus très facilement remplaçable, tout en m’attirant les faveurs de nos riches invités de l’ex-fédération. C’est ainsi, Madame, que j’acquiers tout vos avantages, sans vos inconvénients.
Elle tend à nouveau la main en l’air, lui autorisant par ce geste à défendre ses positions.
- Vous pouvez à nouveau parler, Madame de Noirvitrail, mais laissez-moi vous donner un dernier conseil : pour le moment, j’ai plus de plaisir à siroter mon vin en observant les oiseaux qu’à discuter avec vous. Il serait dans votre intérêt que d’inverser la tendance.
Il était temps pour Athénaïs de comprendre qu’elle se trouvait sur un échiquier dans lequel Mirelda était à la fois la seule joueuse et à la fois la pièce maîtresse : la reine. Le rôle de la jeune femme n’était pas de renverser le jeu ou de se hisser à la hauteur de la Présidente car, soyons sérieux, c’était tout bonnement impossible. Ce que désirait la Matriarche, c’était de voir si son interlocutrice allait avoir l’intelligence et le courage de passer d’ un vulgaire pion à une pièce plus intéressante. Telle était la liberté qu’elle offrait à ceux qui venaient passer un contrat avec elle : celle de choisir leur rôle dans cette partie.
Ni plus.
Ni moins.
C’était d’un ennui.
Pensait-elle réellement être unique ? Des petites prétentieuses défendant la vertu républicaines, il y’ en avait des dizaines, toutes plus sincères les unes que les autres. Elles venaient, avec leur égo, leur suffisance, leur satisfaction d’elle-même, pensant qu’elles allaient redéfinir la politique de la République pour les décennies à venir. Mirelda ne les comptait plus, ces bonnes âmes qui avaient pénétrés sont bureau, le cœur bouffi d’orgueil et d’espoir, pour n’en ressortir que déçues et brisées.
Car toutes, sans exception, avaient subies le même châtiment : elles c’étaient faites écraser par la poigne de fer de Mirelda Goldheart.
C’est ainsi qu’une fois la tirade d’Athénaïs achevée, elle ne reçue pour réponse qu’un simple, unique et fort désintéressé :
- Et ?
Certes, ce petit discours avait été passionnée et transpirait la bonne foi. En campagne, nuls doutes que de tels mots auraient convaincus maintes foules influençables. Malheureusement pour elle, elle n’avait aujourd’hui qu’une seule personne à convaincre et c’était la présidente. Or, de tels palabres ne provoquaient en elle qu’une froide apathie, issues de décennies d’expériences politiques.
Assise à son bureau, elle s’avachit plus confortablement dans son siège tout en soupirant élegamment, puis finie par tourner le dos à la jeune femme, levant une main pour lui interdire de répondre. Pourquoi ne la regardait-elle plus? Tout simplement parce que son invitée ne l’intéressait plus.
Elle prit le temps de prendre une nouvelle gorgée de vin, fermant quelques instants les yeux afin d’ en savourer pleinement les notes amers. Au moins le vin, lui, ne la décevait-il jamais.
Elle resta ainsi un long moment, silencieuse, contemplant le spectacle de quelques hirondelles virevoltant sur les toits de la Maison Bleue et abandonnant Athénaïs à son mutisme. Quitte à ce qu’elle perde de son précieux temps dans une conversation stérile, autant en profiter pour se détendre quelques peu. C’était là un moment trop rare pour ce permettre de le gâcher.
La gêne de ce silence pesant, uniquement brisé par les quelques cliquetis des armures des deux Cents-Dorés qui se tenaient dans la pièce, ainsi que le tintement du précieux verres se posant à rythme régulier sur le bureau, fut tout entière pour l’invitée. Et plus le temps passait, plus la gêne se teintait de menace, à mesure que les gardes présidentiels dardaient sur Athénaïs un regard de moins en moins bienveillant.
- Qu’« obéissance » et « ambition » soient des synonymes pour vous ne m’intéresse pas, déclara finalement la Première Dame de la République, sous toutefois se retourner en direction de la jeune noble. Que vous estimiez notre « manière de converser » étrange, ne m’intéresse pas. Que vous vous sentiez acculée par le fait que vous estimez que je ne vous offre pas de choix ne m’intéresse pas. Pensez-vous réellement que me contredire frénétiquement vous permettras d’acquérir ce que vous désirez ? Ais-je jamais donnée l’impression d’être une femme qui acceptait l’objection ? Vous me semblez être une personne pragmatique, réaliste et, n’ayons pas peur des mots, relativement intelligente. Alors pourquoi vous obstinez-vous à vous fermer des portes que je pourrais vous ouvrir, simplement car vous détestez l’idée que ce soit moi qui en détiennent les clés ?
Docilement, les poignets des Cents Dorés glissèrent en direction de leurs armes, traduisant visuellement l’agacement qu’éprouvait actuellement la présidente. Ses propres doigts tapotèrent délicatement le plateau du bureau, des doigts légèrement disgracieux du fait d’une vie passée à trimer dans les champs et à noircir des kilomètres de comptes. Et plus elle parlait, plus le rythme de ces tapotements s’accéléra.
- D’autant plus qu’« intelligente », vous ne l’êtes pas tant que ça. Vous vous targuez de me discerner mieux que mes plus proches collaborateurs, de comprendre mes ambitions et le système que j’ai créée autant que je régis. Un léger rire suffisant s’échappe d’entre ses lèvres. Mais c’est faux. « Confondre ambition et motivation, cupidité avec compétence. » Tels sont vos mots et pourtant, aucun n’est antinomique d’un autre. Nombre de mes assesseurs sont des personnes cupides mais compétentes, ambitieuses, certes, mais également motivés par nombre de projets plus ou moins moraux. Et que fais-je de toutes ces personnes ? Je leur donne la place qu’ils doivent occuper pour faire fonctionner ce gargantuesque mécanisme qu’est la République. Mon rôle est de trouver ceux qui seront les plus à même de faire partie intégrante de ces rouages, sans dérégler le mécanisme dont je suis la garante. Si un rouage s’enraille ou s’emballe, mon rôle est soit de le rénover, soit de le remplacer.
Rénover voulait dire museler. Remplacer voulait dire exiler. Dans cette république qui, d’année en année, ressemblait de plus en plus à Mirelda Goldheart, il n’y avait de place ni pour les geignards, ni pour les ignorants, ni pour les inutiles. Seuls comptaient le rendement et la garantie que les attentes de la Présidente seraient assouvis.
- Vous comprendrez donc, Mme de Noirvitrail, que les raisons qui m’animent dépassent non seulement votre entendement, mais également de stupides considérations moralisatrices dont vous semblez vouloir être un gênant avatar. Vous comprendrez également que le temps que je vous accorde actuellement est infiniment plus précieux que vos aspirations puérils. Et par extension, vous comprendrez l’impatience qui commence à me saisir, conduisant inexorablement à un déplaisir qui ne peut que vous être préjudiciable dans votre élévation sociale.
Pour le première depuis qu’elle lui tournait le dos, Athénaïs put apercevoir le visage de la présidente, alors qu’elle lui accordait paisiblement son profil. Elle put alors distinguer ce léger sourire, trop rare pour ce visage, qui entrait en contradiction avec les menaces précédentes. Ou bien les appuyait-il ? Impossible à deviner, mais il était bien plus terrifiant que la vision des mains des Cents Dorés posées sur la garde de leur épée, prête à être dégainée.
- Considérons les faits suivants, reprit-elle avec l’exacte intonation de la demoiselle de Noirvitrail, vous n’êtes ni humaniste, ni conservatrice, ni réformatrice. Au choix vous êtes donc une indécise, une girouette ou une désintéressée. La première option vous place comme une timorée incapable de prendre des décisions, un comble pour le milieu martial auquel vous aspirez. La seconde comme une traîtresse potentielle en qui toute attente serait inutile. La troisième comme une personne qui ne ce concentre que sur l’instant présent et non dans l’avenir, ce que je ne peux cautionner au vue de la géopolitique actuelle. Apprenez, Madame de Noirvitrail, que les gens simples et satisfaits n’attirent que le dédain. Le manque d’ambition personnelle dont vous vous auréolée ne fait que démontrer votre manque de motivation. Quant à votre ascendance reikoise, je ne comprend pas ce qu’elle vient faire dans cette équation, d’autant plus que vous avez eu tord de mettre cet élément dans la balance. Car je pourrais tout à fait rechercher parmi les nobles exilés shoumeïens installés sur nos terres des personnes ayant les mêmes compétences que vous. Je pourrais en prendre un, le hisser à un haut-poste à responsabilité et en faire mon débiteur. Cela aussi, sera un symbole, et un symbole bien plus impressionnant et mémorable en cette période de crise migratoire qu’une vague descendante reikoise à je ne sais quel degré. J’obtiendrais ainsi le beurre et l’argent du beurre en mettant à la tête de nos forces armées non-seulement une personne qui me devra tout, mais qui sera en plus très facilement remplaçable, tout en m’attirant les faveurs de nos riches invités de l’ex-fédération. C’est ainsi, Madame, que j’acquiers tout vos avantages, sans vos inconvénients.
Elle tend à nouveau la main en l’air, lui autorisant par ce geste à défendre ses positions.
- Vous pouvez à nouveau parler, Madame de Noirvitrail, mais laissez-moi vous donner un dernier conseil : pour le moment, j’ai plus de plaisir à siroter mon vin en observant les oiseaux qu’à discuter avec vous. Il serait dans votre intérêt que d’inverser la tendance.
Il était temps pour Athénaïs de comprendre qu’elle se trouvait sur un échiquier dans lequel Mirelda était à la fois la seule joueuse et à la fois la pièce maîtresse : la reine. Le rôle de la jeune femme n’était pas de renverser le jeu ou de se hisser à la hauteur de la Présidente car, soyons sérieux, c’était tout bonnement impossible. Ce que désirait la Matriarche, c’était de voir si son interlocutrice allait avoir l’intelligence et le courage de passer d’ un vulgaire pion à une pièce plus intéressante. Telle était la liberté qu’elle offrait à ceux qui venaient passer un contrat avec elle : celle de choisir leur rôle dans cette partie.
Ni plus.
Ni moins.
Citoyen de La République
Athénaïs de Noirvitrail
Messages : 230
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La jeune femme garda le silence pendant toute la leçon moralisatrice de la Présidente. Elle resta là, calme et silencieuse, tandis que Mirelda Goldheart s’écouter parler. Des menaces, de la glorification personnelle, beaucoup d’ego, un soupçon de diffamation. C’était donc ça, la personne qui dirigeait la République ? Une femme qui se complaisait dans son propre pouvoir, sans aucun recul sur elle-même et sans hauteur de vue ? Une femme qui, disait-on, était une manipulatrice hors-pair, mais finalement, dégainait des arguments fallacieux dès lors qu’on lui tenait tête, de peur de se voir désarmer par une simple citoyenne ?
Cette Mirelda Goldheart n’inspirait ni la peur, ni l’admiration … seulement la plus parfaite indifférence.
Lassée et sachant pertinemment que Mirelda n’était là que pour déchainer sa frustration sur elle, Athénaïs décida de couper court. Après tout, pourquoi continuer à faire des pas vers elle quand tout ce qu’elle faisait depuis plusieurs minutes était de dresser des murs ? Athénaïs connaissait bien ce genre de personnes. Et si elle était capable de faire des compromis, il était hors de question que la magicienne se compromette avec une personne aussi vaine.
Alors … la demoiselle de Noirvitrail sourit.
« Madame, vous m’avez convaincu. Le temps passé avec vous-même vous est infiniment plus précieux que la compagnie d’autres êtres humains. Je m’en vais donc vous laisser vous enivrer. Des affaires plus intéressantes requièrent ma présence. »
Athénaïs se releva, sans aucune autre forme de procès. Elle salua la Présidente et quitta le bureau de Mirelda Goldheart sans se retourner. C’était une perte de temps. Une perte de temps … malgré tout … instructive. Alors qu’elle sortait de la Maison Bleue, la jeune fille ne pouvait que se dire …
que le poisson pourrit toujours par la tête.
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