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    Athénaïs de Noirvitrail
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  • Sam 27 Aoû - 11:02


    Quand le vent

    d'ouest souffle

    sur la funambule

    Avec Parwan Sahriki

    Le crépuscule tombait sur la ville de Justice. Tandis que le soleil semblait se noyer dans les eaux scintillantes du lac Rebirth, la Lune tardait à poindre le bout de son nez. Si le ciel mordoré commençait à se piqueter de timides étoiles, la nuit était encore loin d'avoir étendu son voile gracieux sur la cité lacustre. La cité de Justice ne dormait jamais véritablement, l'activité effrénée de ses habitants ne s'accommodant guère du cycle des astres. Les étals des marchandises étaient petit à petit remplacés par l'ambiance chaleureuse des tavernes et des activités nocturnes, des plaisirs délicats aux activités les moins avouables.

    S'il y avait bien un endroit où l'activité battait son plein, c'était dans l'Orée. L'Orée était le nom poétique que les habitants de Justice avaient donné à la zone qui séparait le ghetto des immigrés reikois et le reste de la ville. Comme la nature a horreur du vide, la ligne de démarcation nette qui avait été tracée il y a des générations entre "eux" et "les autres" avait été largement absorbée par le développement effréné de la ville. Le muret de marbre séparatif avait été petit à petit recyclé, modifié, démoli, et servait désormais à orner les frontons des maisons de l'Orée. Chaque maison de cette petite enclave possédait un linteau au-dessus de sa porte créé avec le marbre de l'ancien mur marquant la séparation des Reikois et des Républicains. Cette tradition était un témoignage silencieux des tensions qui existaient autrefois entre les deux populations étrangères l'une à l'autre. Les immigrés s'étaient largement mélangés aux locaux, de sorte que tout le monde semblait parfaitement républicain. Seuls quelques détails trahissaient leurs origines étrangères : une couleur de peau, un accent, un bijou, ... Rien de surprenant finalement.

    Les maisonnettes de l'Orée n'étaient pas bien grandes mais plutôt bien tenues. Un beffroi de pierre et d'ardoises finement taillées surplombait le petit quartier, afin d'assurer la présence républicaine dans le secteur, bien que celle-ci soit si relachée que l'on pouvait voir que même les rares soldats du Guet patrouillant dans le secteur passaient plus de temps dans les tavernes à boire et à jouer aux dés qu'à effectuer leur travail. Le soir, les bars ouvraient et proposaient diverses boissons plus ou moins légales tandis que les filles de joie faisaient du racolage dans les rues. L'Orée était une enclave agréable pour qui s'y promenait, mais il fallait tout de même faire attention à sa bourse. La justice n'avait pas ses yeux partout ... malheureusement. Néanmoins, le chaland disposant d'une bourse bien remplie et ne créant pas d'esclandre s'y voyait bien accueilli.

    Depuis les attentats du débat national, les rumeurs allaient bon train sur l'identité des coupables. Beaucoup soupçonnaient des agents du Reike ... et qui aurait pu les blâmer de penser ainsi ? Le Reike et la République n'avaient jamais été en bons termes, mais malgré les tensions, il n'y avait pas eu de répression nationale à l'égard de la minorité reikoise. Néanmoins, il flottait toujours dans l'air cet odeur de suspicion, qui semblait aujourd'hui rendre l'atmosphère poisseuse. Un orage grondait au loin ... et les immigrés reikois frissonnaient à l'idée d'être les premiers à en récolter les foudres.

    Mais tout ceci était bien loin des préoccupations de l'héritière des Noirvitrail.

    Appuyée sur la rambarde de pierre d'un pont surplombant l'un des canaux de Justice menant à l'Orée, la demoiselle en bleu et or observait dans le lointain l'astre lunaire émerger doucement par-dessus les toits de tuiles et les volutes de fumée des foyers. Ses longs cheveux bouclés flottant dans la brise nocturne, elle tenait dans la main gauche une fibule à cheveux en or poli, qu'elle faisait jouer entre ses doigts d'un air pensif. Elle attendait un moment bien particulier ... le même qu'à chaque cycle lunaire depuis près d'une décennie. Celui où la Lune, reflétée dans les eaux du canal, serait épinglée par la flèche du beffroi de l'Orée. Elle y verrait alors, dans l'onde obscure, la silhouette élancée de la tour de pierre et d'ardoises vieillies, sur laquelle la Lune tiendrait en équilibre. Une harmonie comme seule la nature savait en faire. Une poésie connue d'Athénaïs seule ... une indiscrétion faite à celle à qui elle adressait maladroitement ses prières depuis toute petite.

    La vie d'Athénaïs était loin d'être trépidante ces derniers temps. Depuis la disparition de la magistrate Greywind, Athénaïs avait dû retourner dans les ateliers de façonnage de l'Université Magic. Elle y avait retrouvé ce qu'elle ne connaissait que trop bien : la compétition entre les mages, les regards de travers, les commandes inintéressantes, les débats sur le sexe des Titans, ... Tout ceci ne parvenait plus à éveiller ses sens, ni à l'intéresser. Elle ressentait en elle le besoin d'un éveil spirituel, quelque chose de grand, de stimulant, quelque chose qui la tirerait de sa gangue de monotonie pour donner une nouvelle direction à son existence. Entre les dettes de sa famille, les obligations liées à sa fonction et les récents évènements, ses pieds étaient fermement accrochés au sol et elle ressentait avec malaise toute la pesanteur de l’existence et de ses tracas …


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    [FLASHBACK] Quand le vent d'ouest souffle sur la funambule Signat12
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    Parwan Sahriki
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  • Sam 27 Aoû - 11:03
    Le jour se lève à peine sur la campagne hivernale. De la terre noire et fertile des champs s’élève une brume paresseuse qui s’accumule dans les fossés et le lit des ruisseaux.
    Après deux jours de marche, Parwan sort du bois duquel elle est entrée en quittant Liberty.  Elle avance sans se presser entre les ornières d’un sentier coiffant un champ en pente
    Une lumière jaune asperge les clôtures humides et peine à réfléchir sa couleur autre part que dans le brouillard et le feuillage persistant des épicéas. Quand aux hêtres, ils ont fait tomber leur feuilles qui noircissent maintenant le tapis de la forêt. Les merles et les mésanges charbonnières font résonner leur chant pour réveiller le bois. La nomade trouve charmant la mélodie des oiseaux républicains, inconnue de ses oreilles jusque là. Si elle était venue en saison chaude, elle aurait surpris quelques gammes familières d'oiseaux migrateurs.

    Parwan laisse la forêt de hêtres tortueux derrière elle et progresse au milieu des cultures endormies. Son soupir se condense dans l’air du matin. Des champs. Qui disait culture disait cité. Quelques minutes plus tard, elle parvient au sommet d’une butte en embrasse le paysage du regard.
    Correct. Elle était là. Justice, lovée dans la majesté de ses remparts contre l’immense étendue d’eau, cintillant jusqu’à l’horizon. La forêt mixte de hêtres et de connifères noircissait le paysage jusqu’au pied des murailles. Bien qu’il s’agisse davantage de bocages dans cette région plus exploitée.

    A cette distance les villes Républicaines étaient charmantes, majestueuses dans leur écrin naturel. C’est lorsqu’on entrait dedans que tout se gâtait. Shekh Tout Puissant, ce n’était pas les cités, le problème mais ceux qui y vivaient ! En une semaine à l’étranger, elle avait rempli plus de paperasse que le grand patriarche. Maudits Républicains et leurs procédures. Elle ne saisissait rien à leur manies et leurs étranges façons. Leur regards étaient lointains et différents du sien. Elle ne lisait rien en eux et trouvait donc la plupart plats et vides.
    La nomade se tourne vers la chaine de montagnes à sa droite pour se donner du courage. Si le séjour s'avérait laborieux, elle s’accorderait quelques temps d’alpinisme pour se consoler. Autrement, elle pousserait vers Courage, la ville. Mais quelque chose lui disait qu’elle se trouverait vite des envies d’altitudes…

    La journée allait lui donner de nombreuses fois raison.

    Dès la file pour passer les herses, son accoutrement attire la suspicion des gardes qui, n’ayant rien de mieux pour s’occuper, la font emmener dans les quartiers des sentinelles.
    Dès qu’elle confirme venir du Reike, on l'assomme de questions répétées en boucle, lui demandant d’assurer qu’elle n’est pas une agente Reikoise, une agitatrice terroriste. On la bassine d’histoires sans queue ni tête, de pyromancie et de fête nationale.

    “Quelle est votre lien avec les oies ?”

    “Les o… Aucune… mon frère.”

    “A d’autres… et chuis pas vot' frère. Ca me ferait mal.”

    “J’élevais des chèvres, autrefois. Mais pourqu…”

    “Des chèvres ! Comme par hasard. Vilemin, ça te dit pas un truc, une histoire de pyromancienne qui élève des chèvres ?”

    “Si, si, Grojean, ça me dit un truc…”

    Etc.

    On affirme qu’elle correspond au signalement d’une criminelle étrangère ayant sévit à Liberty le mois précédent.

    “Je suis arrivée il y près d’une semai…”

    “Et vous, comme par hasard, vous venez de Liberty ! Comme par hasard ? Ah bah, sergent, vous voilà ! Regardez, on en a chopé une ! ”

    Ulcérée par ces affirmations ubuesques, Parwan répète infatigablement qu’elle n’est pas une terroriste, pas une pyromancienne, pas une éleveuse d’oies.

    “Raisons invoquées du voyage ?”

    “Oarf, du tourisme, sergent ! Visiter pour son mari qui est mort dans les étoil… oh, des conneries d’illuminés !”

    Mais quand on envisage de lui confisquer son bâton kerikh sous prétexte qu’il est peut-être une arme magique, Parwan se lève et siffle entre ses dents qu’il faudra lui passer sur le corps. L’assistance met la main au fourreau mais le sergent sait reconnaître une vraie posture martiale quand il en voit une. Ce n’est pas Grojean et Vilemin qui arrêteront cette fille. Il fait rasseoir tout le monde et envoie quérir un magicien capable de perception magique. Quand ce dernier arrive, il confirme que le bâton ne contient pas de magie et Parwan est relâchée avec un sauf-conduit. Alors qu’elle quitte le quartier des gardes, une sentinelle lui glisse:

    “Moi aussi, je suis un illuminé, vous savez.”

    Mais Parwan s’éloigne sans se retourner, ses doigts blanchis sur le manche de son kerikh.

    Et avant le déjeuner, rebelotte. Contrôle du Guet. On lui demande de tamponner son sauf-conduit au Centre d’Intégration des Immigrants de Justice. Au centre, on lui affirme que son papier est annoté d’une mention de défiance et que cela relève de la caserne de la G.A.R de valider son sauf-conduit. A la caserne, on lui affirme le contraire et qu’aucune consigne n’a été transmise. De retour au centre, on  insiste sur l’impossibilité de tamponner son sauf-conduit.
    Mais la greffière surprend le regard meurtrier que Parwan pose sur elle quand elle lui apprend la nouvelle et, étrangement, change brusquement d’avis.

    Parwan quitte le centre avec son billet tamponné, complètement médusée.

    L’après-midi ne se passe pas mieux. Le marché couvert n’a plus d’emplacements libres et on lui interdit d’exposer ses broderies à même la rue. Pour ne pas “gêner la circulation”. Les avenues de Justice étaient assez larges pour faire se croiser deux dragons de front. Il n’avaient clairement jamais vu Taisen les  jours de marché. Des stands dans chaque ruelle, devant chaque porte et les passants au milieu. Quand on veut, on peut, se lamente-t-elle.

    Pour couronner le tout, en flânant parmi les étals, une elfette et une humaine en guenilles se glissent dans son dos alors qu’elle passe devant un présentoir de breloques. Leurs mains d’enfants habiles attrapent chacune un bracelet, soulèvent la cape de la Sahriki comme un rideau de théâtre et s’enfuient dans la foule.
    Bien entendu, la bijoutière naine n’a vu que le mouvement de cape et crie au voleur. Parwan n’a pas le temps de maudire les deux enfants qu’elle est entourée de badauds au regard réprobateur. Pour la deuxième fois de la journée, elle doit clamer son innocence à des sourds.Elle est atterrée par la situation. Une chose pareille ne lui était jamais arrivée dans son pays.
    Et voilà la garde qui rapplique. Elle ne lui avait pas manqué.
    Les soldats laissent  la naine revêche inspecter chaque plis de ses vêtements. C’est une humiliation publique pour la Sahriki qui, lorsqu’elle pense qu’assurément elle n’osera pas vérifier sous sa jupe, la petite bijoutière se faufile sans se baisser sous le vêtement flottant, y reste un instant et ressort par derrière. L’expression de ruine émotionnelle qui déforme le visage de la Reikoise achève de faire s’esclaffer les spectateurs, qui pour certains croient à un spectacle de rue.

    “Elle porte un pantalon dessous, l’honneur est sauf !” lâche la naine a la cantonade en retournant à son stand, fâchée tout de même de ne rien avoir trouvée. Les applaudissements n’offrent aucune consolation, ni à l’une, ni à l’autre.

    Parwan passe le reste de l’après-midi assise sur le banc d’un parc à tenter de digérer l’épisode cataclysmique pour sa psyché. Les promeneurs et les enfants passent devant elle en dévisageant cette curieuse poupée grandeur nature, si étrangement habillée, le regard dans le vide.

    Parwan avait l’habitude d’être observée. Même au Reike où c’était une source de fierté. Elle appartenait au clan Sahriki, aux femmes reconnaissables de si loin, aux hommes tatoués sur tout le corps. Ici, à l’étranger, personne ne savait ce que Sahriki voulait dire. Elle avait l’impression d’être un ours sans son montreur. Une bête de curiosité.

    Parwan lève le nez sur le ciel gris et sans éclaircie de toute la journée. Elle fait une moue de dédain et crache par terre.
    Le Soleil Tout Puissant brille rarement sur les terres que foulent les couards, les menteurs et les incroyants. Astre brûlant, tu le savais, toi. Ils ne méritent pas tes rayons ni ta clairvoyance.

    Elle l’avait également constaté à Liberty. Leur cœurs étaient tordus et asséchés, comme l’en avait prévenu le contrôleur royal, Tagar Reys. Loué soit-il, clairvoyant comme l’Astre légitime. Lui, sur qui les prières elle pouvait compter.

    Justice, Liberty: Des termitières grouillantes auxquelles elle n’appartenait en rien. Une  insecte étrangère et barriolée, contrôlée en permanence par les soldates de la colonie, piétinée par ses ouvrières pressées et dédaigneuses.

    Assise sur son banc, elle laisse le mal du pays, l’obscurité et la faim tomber sur elle.

    ___

    Sur le pont vers l’Orée, le trafic se fait sensiblement plus dense. Se mêlent aux travailleurs harassés les amateurs de bas-ventres au teint exotique et les habitués des pubs de la diaspora Reikoise.

    Tout ce monde s’écarte au passage de Parwan. Déjà parce qu’on la voit de loin, mais surtout à cause des deux pigeons décapités qui pendent sinistrement au bout de son bâton kerikh.

    Son regard n’est pas plus accommodant qu’en début de journée et son pas vif sonne d’humeur à faire péter un beffroi. Et pour cause, la nuit tombe mais tous ces vains lampions bloquent la lumière des étoiles. Alors, elle ne va pas le faire sauter, comme tout le monde voudrait visiblement qu’elle le fasse, mais elle va l’escalader. Ou trouver un autre point en hauteur, baste ! Elle n’achèvera pas cette méchante journée sans prier la Lune bienfaisante et les ancêtres !

    Avec les pans de sa cape flottant derrière elle, la nomade a l’allure d’un oiseau de proie qui rentre au nid à pied, trimballant son perchoir sur son épaule.
    La longe de sa fronde pend encore à sa ceinture. Deux pierres, deux coups. Le pigeon de ville, ça ne se chasse pas, ça se cueille.

    Elle passe le pont et pénètre dans l’Orée. Catins d’une rive, catins de l’autre. Gigolos par ci, gigolos par là. Pourtant l’ambiance a changé, un parfum de connu flotte dans l’air et résorbe son mal du pays d’une manière complètement tordue. Tout était tordu dans ce pays. Ces physionomies lui étaient familières. Des Reikois ? Un quartier Reikois ?  Pfeh ! Peu lui en chalait.
    Vous avez quitté le Royaume pour vendre votre corps et renier vos dieux ? Misérables… L’humeur de Parwan tournait au fiel.
    Et pourtant, c’était inacceptable que des êtres si inappropriés habitent une si belle cité, qu’ils sourient si joyeusement et s’amuse autant. Parwan aussi voulait danser, fumer la pipe et jouer de la guitare sur un divan! Mais c’était hors de question ! Pas avec ces gens ! Plutôt mourir !  Lune Sacrée,  et de quel droit leur cuisine sentait si bon ! Rah, quelle vexation ! Quelle triste journée !

    Deux très vieilles soeurs penchées sur leur cannes observent aussi les reflets dans le canal avec un air paisible. Quand l’une d’elles voit passer la silhouette de la Sahriki sur le pont, ses mains cessent tout à fait de trembler et elle tire fébrilement sur la manche de sa voisine pour attirer son attention. Elle murmure:

    “Asraf ! Asraf !”
    “H… Hein ? Qu’est ce que…”
    “Regarde !”
    La vieille femme suit la canne pointée vers l’intérieur de l’Orée et cette cape qui s’éloigne. Ses yeux s'écarquillent aussi grands que ceux de sa sœur.
    “C’en est une ! C’en est une, hein ?”
    “Pas possible. Mais qu’est ce qu’elle vient faire là ?”
    “Ca par exemple…”

    Les deux ancêtres se regardent et leurs visages ridés  s’illuminent d’une joie silencieuse et émue dont seul le grand âge a le secret.
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    Athénaïs de Noirvitrail
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  • Sam 27 Aoû - 11:04


    Quand le vent d'ouest souffle sur la funambule

    Avec Parwan Sahriki



    “Nene, bu shilat jin vikeesi ?” (Grand-mères, connaissez-vous cette femme ?)

    Les deux ancêtres se retournèrent vers la demoiselle à la robe d’or et d’azur, qui s’adressait à elles en Shierak qiya. Les deux petites vieilles, appuyées sur leurs cannes de bois gravées au bout usé par le poids des ans, sourirent de toutes leurs dents restantes. Les anciennes de l’Orée ne s’exprimaient généralement que par énigmes et questions … un petit jeu qu’elles affectionnaient tout particulièrement. Les descendants des Reikois savaient pertinemment que leurs anciennes, par leurs questions détournées, cherchaient à faire en sorte que leurs jeunes puissent cheminer par eux-mêmes sur les chemins de la vie et trouver leurs propres réponses.

    La dénommée Asraf, dont les mains délavées témoignaient d’une vie dans les tanneries, traça délicatement dans l’air un symbole de paix, prélude à une conversation sereine et apaisée … Paume vers le bas, le pouce pincé contre l’annulaire, les trois doigts restants levés, et une rotation simple du poignet pour laisser une paume vers le haut, avant d’ouvrir les doigts, en signe d’accueil. Un geste que peu utilisaient aujourd’hui dans le ghetto, à part les anciens et quelques personnes aux moeurs héritées d’outrelac. Athénaïs reconnut le geste et l’imita, en signe de respect.

    “Qu’as-tu vu chez elle, shekhikhi ? répliqua-t-elle dans un sourire.

    - J’ai ressenti … quelque chose de différent. Vient-elle d’outrelac ?

    - Et comment cette pensée survint-elle chez toi ?
    demanda l’autre à voix basse.

    - Par une odeur. Un parfum … de qeshah chaud et d’encens froid.

    - Quoi d’autre shekhikhi (petite fleur) ? reprit la vieille Asraf. Ferme les yeux et dis-nous tout.”

    Passant sa main dans ses cheveux bouclés, la jeune femme ferma les yeux et inspira lentement, laissant dériver son esprit à la recherche du souvenir fugitif du sable chaud et de l’encens froid. Elle revit alors le lent balancement des pigeons le long du bâton … le bruissement de la cape de voyage au cœur de la foule qui lui laissait la place … la détermination dans ses yeux … son pas, feutré et assuré. Une sensation de glissement, de souplesse, comme si elle traversait le paysage en une enjambée. Une sensation … empêchée. Sous ses pas légers, le pont est lourd.

    “Elle glisse sur les dunes … Mais les pavés de l’Orée l’entravent. C’est un vent d’ouest qui se brise sur nos murs mais aspire à les traverser … Serai-ce … une Sahriki ?

    - Il n’y a qu’une seule manière de le savoir … dit la première. Prononce les vers au vent d'ouest et tu l'arrêteras dans sa course.

    - Mais peux-tu saisir le vent de tes mains shekhikhi ?”

    Athénaïs ouvrit les yeux, serrant toujours entre ses doigts la fibule de bois. Les petites vieilles restèrent de marbre, se contentant de hocher la tête en interprétant le regard brillant de la façonneuse. Cette dernière referma la conversation du même signe qui lui avait permis de l’entamer et s’inclina respectueusement vers les ancêtres avant de partir à la poursuite du vent d’ouest.

    Les cheveux flottant dans la brise nocturne, Athénaïs de Noirvitrail se fraya un chemin dans la foule de l’Orée. Son corps, habitué aux espaces contraints et surpeuplés, se faufila avec aisance dans les interstices laissés par les corps espacés. Athénaïs poursuivait un vent d’ouest se déplaçant plus vite qu’elle, alors qu’elle était en terrain connu. L’Orée n’avait pourtant que peu de secrets pour elle, ayant grandi dans cet endroit …

    “Hey, attention ! s’écria l’un des badauds qu’elle venait de bousculer.

    - Pardon ! Désolée, je suis pressée !

    - Athénaïs ! Tu courres où comme ça vafik ?
    lui lança Malik, l’un des jeunes cuisiniers du Ventre Plein, qui vidait un seau d’eau de cuisine dans l’égout latéral.

    - Désolée Malik, pas le temps ! Des zoqwas à Lalie de ma part, yakinda gelecedjim.”

    Elle pivota sur ses talons, échappant de nouveau de peu à un impact douloureux avec un commis portant une caisse de poissons. Trottinant entre les allées et les étals, elle enjamba avec un pas léger un groupe de fumeurs au narguilé aux vapeurs entêtantes, qui failli lui faire perdre sa piste de sable chaud et d’encens froid.

    Afferdersin messieurs. Vous n’auriez pas vu une kadin filant tel un vent d’ouest ? Avec une odeur de sable chaud et d’encens froid ?

    - Bien sûr que si vafik ! Düsük, dans l’allée du pavois,
    répondit l’un des fumeurs à longue barbe et aux yeux fatigués.

    - Tesekkur ederim, beyler, les remercia la femme vêtue d’or et d’azur. Deux bronzes pour votre peine, ajouta-t-elle en leur lançant deux pièces trouées en leur centre sur la natte qu’ils occupaient.  

    Elle tourna dans l’allée du pavois, dont les bâtiments s’organisaient le long d’un long escalier en pente douce menant aux hauteurs de l’Orée. Les balustrades avaient été constituées avec le marbre de l’ancien mur de séparation par un artisan dont l’histoire avait perdu le nom. Les locaux se souvenaient uniquement de sa griffe, une marque en forme de bouclier, que l’on pouvait voir sur la face intérieure des pilastres des garde-corps. L’allée avait par conséquent pris le nom d’allée du pavois, en mémoire de cet artisan. Grimpant les marches en pente douce qui menaient vers l’autre partie de l’Orée, Athénaïs sentait que sa piste se réchauffait. L’odeur qu’elle poursuivait semblait plus forte …

    Atteignant le bout de l’escalier, la demoiselle continua sa course sur la place du saloir, célèbre pour … sa viande fumée. Les immigrés reikois installés depuis des générations avaient conservé une tradition millénaire de salaison de la viande et s’étaient regroupés sur une ancienne place aux bestiaux, le meilleur endroit pour négocier le bétail et le préparer. Si depuis longtemps, le bétail se négociait dans d’autres parties de la ville, les ateliers de salaison étaient petit à petit devenus des troquets proposant la meilleure viande salée de la région, à des prix paraissant raisonnables. Mais tout natif du quartier savait pertinemment que l’on ne servait jamais la vraie viande salée aux béjaunes. La VRAIE viande salée, se consommait dans les arrières-salles et n’était réservée qu’aux locaux. Celle que l’on servait aux clients n’était qu’une pâle copie, bonne à pigeonner le grouillot.

    “Athénaïs ! Viens nous rejoindre, la héla la belle Marjane - sa collègue de l’université - depuis la terrasse du Goret Pimpant.

    - Une autre fois Marjane ! J’ai ton livre au fait. Je te le ramène bientôt.

    - Prends ton temps ma belle. On se voit à l’atelier !

    - Avec plaisir !
    répliqua-t-elle d’un ton enjoué.”

    C’est alors qu’elle l’entrevit . Ou plutôt, sa cape de voyage. Le parfum d’encens et de sable chaud lui montait aux narines. Impossible de louper cette odeur si entêtante … qui faisait vibrer une corde qu’elle croyait en sourdine depuis des années. Athénaïs n’avait que peu de temps, le vent d’ouest ayant contourné la fontaine centrale. D’un pas vif, la demoiselle monta sur le rebord de pierre marbrée de la fontaine et en fit le tour, bousculant les personnes assises en s’excusant.

    En un éclair, la jeune femme se retrouva de l’autre côté de la fontaine. L’inconnue lui tournait le dos, visiblement en train de chercher son chemin. D’un bond, elle sauta de la bordure de la fontaine et dans un mouvement, son bras se tendit.

    Sa main se posa sur la main tenant le bâton.

    Le vent d’ouest s’était arrêté. Athénaïs l’avait capturé.

    “ Couchées sur la Dune,
    Les Etoiles veillent,
    Un Voyageur sous la Lune,
    Attends le Soleil.”

    Des vers anciens … Si elle était bien celle qu’elle imaginait … Le vent d’ouest s’arrêterait …


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  • Sam 27 Aoû - 11:04
    Parwan perd de l’allure à mesure qu’elle s’approche de la fontaine.
    Sa colère s’allonge à nouveau de mélancolie.

    Ce n’était pas l’affaire d’une rue, mais d’un quartier tout entier ; ici aussi les gens asseyaient leur gaieté aux portes des établissements.
    Elle et eux partageaient le même sang autrefois, maintenant dilué dans la belle pierre grise de leurs cités, les plis de leurs atours levantins, les circonvolutions de cette culture tortueuse, accouchée par des rois choisis par le tout-venant. Elle ne s’était jamais sentie plus étrangère en République qu’ici, entourée d’ethnies familières mais avec qui elle ne partageait rien…

    …sans doute.
    Car ces pièces de viande lui évoquaient quelque chose de familier.  Mais elle se refusait à trop observer ces gens, curieusement nombreux malgré le froid et la nuit qui tombait.

    Si, plongée dans cette République et son peuple de souche elle se sentait comme l'huile dans l'eau, ces Reikplublicains lui inspiraient méfiance. Et si à leur contact, elle devenait une hybride d'elle et d’eux, soluble comme eux l'avaient été en venant se perdre ici autrefois ?

    A mesure que le temps passait, Parwan se sentait dignifiée dans cette différence.
    Elle ne pouvait qu’être supérieure, plus pure que ce sang de l’Est auquel elle attribuait tous les vices. Cette journée détestable avait fertilisé le terreau de ce sentiment naissant depuis son arrivée. Pour preuve, elle n'avait jamais soutenu le regard d'autant de mâles s'adressant à elle.
    La nomade s'inquiétait de voir pousser en elle cet orgueil d'homme Sahriki, impropre à une épouse fidèle et respectueuse. Et si de retour au Royaume, c'était sa rancœur qui corrompait sa nature véritable et pas les gens qu’elle côtoyait ?

    Alors que cette réalisation la frappe dans toute son horreur, elle sent un contact sur sa peau. Parwan fait volte face et se saisit du poignet de l’inconnue.
    Après une semaine en République, elle a depuis longtemps abandonné l'idée d'une rencontre céleste. Ce n'est que la suite de cette journée malade qui s’infiltre dans son dos et attrape son bras armé. Assez. Pourtant, quelque chose lui interdit d’appliquer la torsion malveillante qu’elle envisageait sur ce membre inconnu. Le reflet de la Lune dans ces deux puits bleus qui la regardent ?

    Les iris de Parwan, eux, luisent comme les vapeurs noires du mont Kazan, reflétant l’éclat des éruptions en contrebas et les éclairs libérés des panaches charbonneux: Elle passe une mauvaise journée.

    Mais son visage se défroisse au rythme des vers.

    “Couchée sur la Dune,” Irritation d’incompréhension.
    “Les Etoiles veillent,” Étonnement de reconnaître sa langue.
    “Un Voyageur sous la Lune,” Surprise  de reconnaître les rimes.
    “Attend le Soleil.” Apaisement provoqué par la confirmation.

    La Sahriki ne sourit pas. Son bras tient toujours fermement le poignet à hauteur d’yeux. Mais la lave du volcan s’est calmée dans ses yeux. Par quelques vers, l’inconnue en a soufflé la fumée et le tonnerre. Parwan rompt le silence et achève le poème.

    “Elles furent à sa place, il brillera à la leur,
    L’un comme l’autre, ils ont pu ressentir Sa chaleur…”


    Parwan fait un pas en avant. Ses doigts ne l’enserrent plus mais ne libèrent pas son poignet pour autant. Elle veut s’assurer de quelque chose.

    “Ton nom, étrangère.” demande-t-elle sévèrement en shierak qiya.


    - Parwan parle Shierak qiya en italique et Commun en bold color=#ffcc00 -
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  • Sam 27 Aoû - 11:04


    Quand le vent d'ouest souffle sur la funambule

    Avec Parwan Sahriki



    « L’on m’affuble de nombreux qualificatifs, mais en ces lieux, celui d’étrangère ne peut m’être plus inadéquat. Athénaïs est le prénom que m’a donné ma mère ; Noirvitrail, le nom légué par mon père,répondit la concernée en shierak qiya.

    Son poignet toujours immobilisé, la demoiselle soutint le regard d’acier du vent d’ouest qui avait menacé de l’écraser sous son puissant souffle. Mais, contre toute attente, le vent d’ouest avait répondu à son poème, un poème que seuls les nomades connaissaient. Elle ne tenta pas de dégager son bras de l’étreinte de la nomade : il aurait été vain de se battre contre un orage. Mais peut être qu’un sourire …

    Athénaïs adressa un mince sourire à son interlocutrice. Un sourire poli, avenant et sincère, du moins selon ses propres critères. Elle ferma quelques instants les yeux, s’imprégnant du parfum de la Sahriki qu’elle avait suivi pendant plusieurs minutes.

    « Vous sentez le sable chaud et l’encens froid, Sahriki. Mais si vos pas sont aussi légers et libres que le vent d’ouest, vos yeux sont tels un orage prêt à s’abattre. Qu’ai-je fait pour mériter votre colère ? dit-elle d’une voix douce.



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  • Sam 27 Aoû - 11:05
    La nomade se tient là à l’écouter, clignant des yeux pour lutter contre cet état d'hébétude et de confusion qui tente de s’installer sur son visage.

    La voilà assurée ; l’inconnue parle un shierak qiya étrange et somptueux. Un qiya qui lui rappelait le langage raffiné des nobles d’Ikuza et de Kyouji, mais radicalement transposé par un accent inédit pour ses oreilles. Il coulait et arrondissait certaines consonnes, là où elles auraient dues être appuyées et aiguisées.
    Puis vient "Sahriki". Entendre son nom dans sa bouche lui provoque un discret mouvement de recul, sous l’effet de la surprise. Où avait-elle entendu ce nom ? Une marchande ? Le sourire et le commentaire sur son odeur ont raison de sa contenance et la laissent interloquée et embarrassée.

    Parwan relâche sa main avec autorité et croise les bras d’un air désapprobateur pour se redonner de l'assurance.

    “Tu te faufiles dans mon dos, demoiselle. Les tiens sont inappropriés, vulgaires, mécréants, posent des questions absurdes, font des rues trop éclairées et des beffrois trop durs à escalader. Voilà pourquoi je suis en colère ! L’étrangère, c’est moi ! Et je n’ai rien à faire ici. Maintenant, pose moi ta question absurde et laisse moi seule...”

    Serré contre elle, son bâton kerikh laisse tristement pendre les ailes écartées des deux volatiles au-dessus de sa tête, comme un nuage d’orage. Un mobile pour un berceau de dépit et de résignation.
    La Sahriki finit par coller le dos de sa main sous son nez et renifler sans conviction.

    “Je sens vraiment le sable ?” demande-t-elle, inquiète.
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  • Sam 27 Aoû - 11:06


    Quand le vent d'ouest souffle sur la funambule

    Avec Parwan Sahriki



    La demoiselle de bleu et d'or ne se démonta pas. La Sahriki était une curiosité dont elle comptait bien apprendre les secrets. Il y avait chez cette nomade ce parfum à la fois mystérieux et familier qui mettait ses sens en éveil et attisait sa curiosité naturelle. Quoique la notion de parfum soit assez éloignée de ce que ressentait véritablement Athénaïs, la métaphore restait pour elle adaptée.

    Récupérant la maîtrise de sa main, Athénaïs fit une moue désapprobatrice à l'adresse de la nomade, qui n'avait pas daigné se présenter et qui ajoutait à son impolitesse le fiel de l'insulte. Elle fronça les sourcils, visiblement piquée au vif par le ton désinvolte de la Sahriki à l'accent chantant comme la brise sur le sable. Son Shierak quyia était ferme et précis, appliqué et mesuré, quand bien même la colère imprégnait son esprit. Cette femme avait vécu des expériences qui l'avaient visiblement marqué au fer rouge. Cela se ressentait dans son élocution et si son langage était un Shierak quyia des plus parfaits, il trahissait le fait que la Sahriki ne s'était jamais aventurée chez les immigrés reikois de la République.

    "Quelques heures parmi nous et vous voilà amère. Si les miens vous ont causé du tort, je vous présente mes plus sincères excuses pour la rudesse de leurs moeurs. Mais nous n'en restons pas moins les enfants de la Lune et du Soleil, veillés par les étoiles. Vous auriez tort de tous nous condamner ... L'Orée n'est pas un panier aux milles serpents ... Nous avons nos propres règles, nos propres coutumes, nos propres habitudes ... et je tiens à vous signaler que le pigeon des villes est impropre à la consommation et qu'il est mal vu de se promener ici avec des animaux morts au bout d'un bâton."

    Le langage d'Athénaïs était certes fleuri, mais c'était parce que son Shierak quyia était un héritage de sa famille, qui avait su préserver l'enseignement de ce langage au fil des générations. Mais son accent républicain se sentait clairement dans le ton de sa voix ...

    "Vous sentez le sable chaud et l'encens froid, Sahriki, même si vous ne vous en rendez pas compte ... continua-t-elle d'un ton poli. Il vous suit à la trace ... Comme un vent d'ouest à votre poursuite ... Mais me voilà impolie et je n'ai pas posé ma question."

    Athénaïs prit une grande inspiration. Ce qu'elle s'apprêtait à demander, seule une Sahriki pouvait le lui accorder ... Et si Athénaïs n'avait pas été aussi bien éduquée, elle ne se serait pas privée pour harceler la nomade à ce sujet. Un sourire sincère illumina son visage d'ébène, quand bien même l'attitude de la femme mûre avait tout pour éloigner les importunes comme elle.

    "Sahriki, seninle aya ve yildizlara dua edebilir miyim" (Puis-je prier les étoiles et la Lune avec vous ?)



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  • Sam 27 Aoû - 11:06
    Parwan détourne le regard et accueille ses excuses d’un haussement d’épaules désabusé. C’est l’intégralité de la République qu’elle traînait dans la boue avec sa diatribe ; il était vain pour la demoiselle de s’abaisser à en essuyer l’affront de la sorte.
    Elle l’écoute avec le mutisme réticent d’une personne à qui on assène une longue liste de vérités destinée à corriger ses paroles fâcheuses.

    Oui, elle l’avait mise, elle et les gens de son quartier, dans le même panier que le reste de la République.
    Non, ce n’était pas eux qui lui avaient causé du tort.
    Oui, certains partageaient sans doute sa foi, méritaient qu’elle les appelle “frère” et “sœur”.
    Oui, un Républicain éprouverait sans doute les mêmes tourments qu’elle s’il traversait le Reike.
    Elle n’avait rien à répliquer à ses mots. On ne réplique pas à la Vérité.

    A mesure de son voyage, elle avait eut de plus en plus de mal à prononcer le terme “frère” ou “soeur” en s’adressant à quelqu’un. Et à l’issu de cette journée, elle s’était résolue à ne plus l’employer du tout.
    Au royaume, les siens l’utilisaient sans distinction d’origine ou de foi. Le croyant faisait partie de leur famille, l’incroyant était invité à la rejoindre. Elle avait donc bel et bien laissé corrompre sa nature profonde, les valeurs qu'elle portait...

    Cette demoiselle avait la Vérité chevillée au corps et la défendait sans trembler ; elle l’avait pacifiée à la seule force de sa parole vertueuse.  Une lueur d’admiration et de respect s’éveille dans son cœur pour cette Athénaïs.

    Puis, la jeune femme prend une grande inspiration et fait sa demande sincère.

    Parwan est saisie de cette chaleur qui l'envahit chaque fois qu’une inconnue professe la même foi qu’elle.
    Elle le savait ! Il était là, le reflet blanc à la surface du puit de ses iris, le même qu’elle avait aperçu lorsqu’elle était tombée de la fontaine: l’éclat de Lune, brillant plus que jamais dans l’azur de ses yeux !

    Après quelques secondes de silence, un sourire-miroir éclaire enfin le visage de Parwan et accueille sa demande.

    “Ma soeur.” Ses bras s’ouvrent en guise d’accueil. “Joins toi à moi.”

    La jeune républicaine s'inclina respectueusement et lui répondit d'un ton enjoué.

    "C'est un honneur que vous me faites, ma soeur.

    On ne s’est jamais adressé à Parwan avec autant de révérence. Elle n’a pas l’habitude.
    Elle lève son index pour émettre une condition.

    "Trouve nous un lieu ouvert ou rien d'autre ne brille  que le ciel et je te donnerais ce qui t'es dû. A commencer par mon nom." ajoute-t-elle en souriant.


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  • Sam 27 Aoû - 11:06


    Quand le vent d'ouest souffle sur la funambule

    Avec Parwan Sahriki



    - Avec plaisir, Sahriki. Veuillez me suivre, je connais l'endroit parfait pour cela. répondit-elle d'un ton enjoué"

    Athénaïs s'avança vers la Sahriki et sa main gauche navigua vers la sienne. Dans un mouvement doux, elle entremêla ses doigts aux siens avant de prendre l'initiative de trouver un endroit des plus adéquats pour la prière. Il se trouvait que la demoiselle d'or et d'azur savait parfaitement où trouver un tel endroit dans l'Orée. Il s'agissait de l'endroit où personne n'irait les déranger et où les étoiles se dévoilaient au-delà des lumières de la ville. Ce lieu ... elle l'avait observé tantôt ... Le beffroi de l'Orée.

    Menant la Sahriki au travers de la place, Athénaïs choisit un itinéraire différent de celui qui l'avait menée du pont de l'Orée jusqu'à la place aux milles salaisons. La foule était toujours aussi compacte, mais les deux femmes parvinrent à remonter le courant sans aucun souci pour atteindre le passage des céramistes, le meilleur moyen d'accéder au beffroi. Le passage des céramistes était de ces rues au sein de l'Orée où le ciel avait été dévoré par les colombages des maisons. La voûte céleste n'était plus qu'une mince ligne au-dessus de leur tête et tandis qu'elles cheminaient vers leur destination, les deux jeunes femmes pouvaient observer les dizaines et les dizaines de poteries suspendues aux poutres des colombages, qui, sous la légère brise venant du lac, s'entrechoquaient légèrement, diffusant dans l'air un son ressemblant au clapotis de la pluie dans les flaques.

    Le passage des céramistes portait bien son nom. C'était ici que les potiers, céramistes et plus généralement tous les experts des objets en terre cuite ou séchée venaient vendre leur production. Si les ateliers de cuisson se trouvaient dans un autre endroit de la ville, une partie de la production locale était vendue dans cette rue même. Porcelaines, mosaïques, tessons gravés, poteries, amphores, coupes, ... et parfois même des services à thé particulièrement bien dessinés, se trouvaient suspendus à des cordes au-dessus des têtes des passants (un moyen efficace de préserver les biens des éventuels voleurs). Généralement, les clients des céramistes ressortaient du passage avec des crampes au cou, les bras chargés de présents ... et la bourse vide. Car si les biens étaient exposés haut, les pickpockets, eux, avaient les mains bien basses.

    Le vent d'ouest et sa rose des vents remontèrent le passage sans s'arrêter. La plupart des échoppes étaient fermées à cette heure-ci et il ne restait que quelques vigiles, payés à la soirée, jouant aux cartes sur de petites tables embrumées par les fumées de tabac.

    C'est en sortant du passage que les demoiselles tombèrent sur le beffroi de l'Orée. Construit bien avant la naissance d'Athénaïs pour témoigner de la présence républicaine dans les anciens ghettos reikois, le beffroi avait longtemps servi de poste de garde pour les forces républicaines. Y entretenant une petite armurerie et un bureau de l'administration durant les premiers temps de la pacification du ghetto, les Républicains avaient depuis longtemps abandonné l'endroit, n'y laissant qu'un garde mal payé, qui laissait les badauds monter au sommet en échange d'un droit de passage.

    Le beffroi était un imposant bâtiment de pierres de taille blanches comme le lait. Sa flèche était faite d'une charpente de chêne recouverte d'ardoise surplombant la plateforme supérieure aux colonnes devant à l'origine accueillir une cloche. Malheureusement, la cloche n'avait été fabriquée - restrictions budgétaires - et le beffroi était devenu, par la force des choses, un lieu où l'on pouvait facilement observer les étoiles et la ville basse. Coin favori des amoureux, les colonnes de la plateforme avaient été petit à petit recouvertes de marques gravées au couteau, avec les noms des couples nouvellement formés.

    Athénaïs s'approcha de l'entrée du beffroi. Le garde n'était pas là ... mais la tradition voulait qu'on lui laisse quelques pièces dans une jarre située sous l'escalier du perron. La demoiselle s'exécuta, afin de ne pas froisser la susceptibilité de la sentinelle.

    La porte du beffroi n'était jamais fermée à clef. A l'intérieur, l'escalier de pierre et de bois qui menait vers la plateforme du clocher était toujours en bon état, malgré les années. Athénaïs s'engouffra à l'intérieur, faisant signe à son binôme de l'accompagner jusqu'au sommet. Lentement, elles grimpèrent les marches pour finalement arriver sur la plateforme de pierre qui dominait la ville basse et l'Orée.

    La lune était déjà haute dans le ciel quand les deux femmes émergèrent sur la plateforme. En contrebas, les lumières de l'Orée se mélangeaient aux sons de la musique et à l'incessante rumeur de la foule. A l'horizon se dessinaient les contours du lac Rebirth, plongé dans l'obscurité. C'est en relevant les yeux au-dessus de la ligne d'horizon que les étoiles s'étiraient dans la voute céleste enténébrée. Elles brillaient de milles feux, leur éclat à peine éclipsé par la lune, en croissant.

    Athénaïs se retourna vers la Sahriki, avec un air satisfait et une pointe d'appréhension dans sa voix. Ses longs cheveux bouclés flottaient dans le vent nocturne, lui cachant une partie du visage. D'un geste, elle repoussa une de ses mèches.

    "Voici le point le plus haut de l'Orée. Nous serons tranquilles ici. Ce lieu vous convient-il ?"



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  • Sam 27 Aoû - 11:07
    Athénaïs ressent le tremblement nerveux de Parwan lorsqu’elle glisse ses doigts entre ceux de la nomade. Ils ne se soustraient pas au contact mais restent tendus dans le vide, refusant de se refermer sur le dos sa main. La paume de la Reikoise raconte la friction contre son bâton après une vie de marche et d'entraînement. L’intérieur de ses phalanges dévoile l’effort de sa peau grainée contre la roche des montagnes, durcie après avoir tant de fois soutenu son poids.

    “Mais qu… Très bien…”  laisse-t-elle échapper entre ses lèvres, l’expression amollie par la confusion et l'embarras.
    La Républicaine en robe bleue guide Parwan hors de la place, main dans la main. Parwan retient son souffle, alors que lui monte le sang à la tête et qu’elles pénètrent dans la foule.

    Cette masse de cheveux bouclés, ce bras tendu derrière elle, cette main brune qui l'entraîne dans son sillage, baignée par l’aura des lanternes et fendant le flot des passants serait une image qui garderait sa place au fond de la mémoire de Parwan.

    Ses doigts finissent par refermer leur étreinte contre la peau d'Athénaïs. La Sahriki avait les mains moites.
    Par ce froid ? Quand était la dernière fois qu’elle avait eut les mains moites ? Ondoyant du buste pour éviter de heurter qui que ce soit, la nomade baisse un instant les yeux. C’est comme si elle avait oublié un épisode de sa vie.

    Quel geste intime ! Pour elle, en tout cas. Tous les Républicains se traitaient-ils de la sorte ? Comme des amis de toujours ? Comme des amants ? Son esprit cogite du mieux qu’il peut, mais ne parvient à aucune conclusion, désaccordé au rythme organique des récipients d’argile séchée, carillonnant paisiblement au-dessus de sa tête.
    Ils flottent, comme des vaisseaux volant dans le rai de ciel nocturne filtrant entre les toits, canal d’étoiles noyé par la lumière des bougies.

    Elles en atteignent le bout, au pied de la haute tour, digérées de la foule de badauds mais intactes.
    Parwan pose les yeux sur l’édifice de pierre blanche se découpant sur le ciel nocturne, et alors qu’elles s’en approchent, la nomade est surprise de voir la porte s’ouvrir. Une attitude fort peu sédentaire que de laisser sa clanche ouverte une fois la nuit tombée, pense-elle en observant Athénaïs jeter une pièce dans une amphore. Parwan y dépose un rond de cuivre à son tour et emprunte les escaliers en colimaçon à sa suite. Leurs pas résonnent dans les entrailles du beffroi.

    Les voilà au sommet. Parwan décroche les pigeons de sa gaffe en bois et les pose en haut de l’escalier dans un coin anonyme. Après avoir tant tourné dans cet espace clos, elle cherche la Lune du regard, cachée par la pente de la toiture. Finalement, l'ombre diffuse que porte la demoiselle sur le sol la guide, et elle s'avance vers un des balcons.

    "Voici le point le plus haut de l'Orée. Nous serons tranquilles ici. Ce lieu vous convient-il ?"

    Parwan a trop d’étoiles dans les yeux pour y inclure la jeune façonneuse. Elle s’avance vers elles, sa bouche entrouverte s’abreuvant au discours muet du royaume des défunts.

    “Enfin…” laisse-t-elle échapper sur le coup du soulagement.

    Glissant de derrière la charpente, elle voit apparaître la Lune dans toute sa pureté virginale et elle s’élance en avant. Un pas, deux pas d’élan, puis comme pour s'envoler, elle bondit et atterrit à pieds joints sur la balustrade avec l'aisance d'un bouquetin, la pointe de ses bottes contemplant la surface des pavés vingt mètres plus bas.

    Parwan inspire un grand coup et son soupir se disperse dans l’air glacé, aussi indifférent qu’elle aux sévères lois de la gravité. Quel enchantement, quel réconfort après cette rude journée.
    Elle se retourne sur le garde-fou, au mépris du vide qui l'appelle dans son dos. Le drapé de sa cape, la prise légère sur son bâton…  La Sahriki fait une statue convaincante pour orner le sommet du beffroi.

    “Je suis comblée, ma soeur. Sens-tu le regard des Astres sur nous ? Les voilà, les seules lumières qui comptent…” murmure-t-elle avec ravissement, levant le nez sur la flèche du beffroi au-dessus d’elle. Derrière lui, de longs nuages immobiles persistent à draper le ciel de leur panache sépulcral.

    Puis, elle observe Athénaïs et son expression mue en repentir. Elle s'était injustement comportée. La Sahriki saute sagement de son perchoir, sa cape planant comme une paire d’ailes dans son dos, et vient se placer devant elle. Ses yeux se plantent avec gravité dans ceux de la demoiselle.

    “J’ai été déshonorable, A… thé-naïs. J’étais en colère, mais ça ne pardonne rien. Je t’ai injuriée, toi et les tiens, sans jamais vous avoir rencontrés. En salissant ton nom, j’ai sali le mien... et j'ai une dette envers toi.” Elle s’incline doucement. “Je m’appelle Parwan, du clan Sahriki, et je te présente mes excuses, Athé-naïs Naar-Vitraï.”

    Le nom de la Républicaine quitte sa bouche en une série de syllabes qu'elle n'a pas l'habitude d'aligner à la suite.


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  • Sam 27 Aoû - 11:07


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    Avec Parwan Sahriki



    Appuyée contre le parapet de pierre servant de garde-corps, la jeune femme rendit à la Sahriki un sourire gêné en se relevant. D'un geste, elle passa sa main dans les cheveux, relevant ses longs cheveux bouclés qui ondulaient sous la brise nocturne, elle considéra quelques instants les paroles de la nomade. Athénaïs décida de ne pas lui tenir rigueur de son intransigeance passée. La façonneuse n'était pas rancunière de nature et la curiosité était l'un de ses plus vilains défauts. Ses doigts jouèrent sur le parapet tandis qu'elle formulait sa réponse dans la langue de ses ancêtres avec un air amusé.

    "Non non, vous n'y êtes pas du tout. C'est A-thé-na-ïs. Athénaïs de Noirvitrail. Noir-vi-trail.répondit-elle d'un ton amusé. J'accepte vos excuses avec plaisir, Palouane Sahriki."

    Le prénom avait été écorché ... mais il fallait dire que la demoiselle n'avait pas l'habitude de l'accent nomade reikois ... La façonneuse ne s'en rendit pas compte. Les deux consonnes roulées s'étaient muées en un "lou" coulant comme de l'eau claire.

    Palouane ... pourquoi ce prénom me fait-il penser à une soirée d'été ?

    Elle fit quelques pas dans sa direction et huma l'air frais qui s'enroulait autour des colonnades de marbre taillé. La soirée était idéale pour une prière adressée aux étoiles et à la Lune. La demoiselle recula et fit le tour de la colonne la plus proche, laissant sa main courir contre le marbre. Elle revint vers la nomade et posa le bout de ses doigts sur l'une de ses mains.

    "Chère Palouane, je m'associe à votre prière avec joie. Je vous laisse guider la prière ma soeur ..."

    La curiosité d'Athénaïs était à son comble. La demoiselle n'avait pas révélé pourquoi elle avait poursuivi la demoiselle à l'odeur de sable chaud et d'encens froid. A vrai dire, la façonneuse avait en elle des dizaines de questions, mais l'écheveau était si entremêlé qu'elle allait devoir le dénouer petit à petit si elle voulait pouvoir profiter au maximum de la présence inattendue de la nomade. Remerciant sa chance, Athénaïs déporta son regard sur le firmament étoilé, qui s'étirait désormais pleinement jusqu'à l'horizon. La lune, quant à elle, dardait ses doux rayons sur la plateforme accueillant les deux femmes, tandis que la brise faisait flotter la tresse et le voile de la nomade.

    Athénaïs épousseta sa robe, se remémorant les gestes sacrés de la prière qu'elle adressait régulièrement aux étoiles et à la lune. Mais avant de prier à genoux sous les astres, la demoiselle attrapa un ruban de soie dans son petit sac et s'attacha sommairement les cheveux afin de ne pas être incommodée. Enfin, elle s'agenouilla face à la nomade, ses yeux grands ouverts, prête à réciter la prière ancestrale.

    Sentant son cœur s'emballer, la demoiselle inspira et expira profondément. Elle posa sa main gauche sur son cœur pour l'aider à se calmer ...


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  • Sam 27 Aoû - 11:08
    "Non non, vous n'y êtes pas du tout. C'est A-thé-na-ïs. Athénaïs de Noirvitrail. Noir-vi-trail." répondit-elle d'un ton amusé. "J'accepte vos excuses avec plaisir, Palouane Sahriki."

    “de Noar-vi…? Palou…?!” balbutie Parwan à voix basse.

    “D’accord, mais moi c’est Parwan. Parwan. Avec un R. Rrr…”

    La Reikoise lutte contre sa prononciation du R roulé. Ceux parlant le commun prononçaient cette lettre comme deux pierres frottant l’une contre l’autre, alors que le sien rebondissait sur sa langue.  Elle se dit qu’avec quelques essais, elle devrait parvenir à prononcer le nom à particule de la demoiselle correctement.

    Athénaïs revient vers elle et lui touche le dos de la main du bout de ses doigts.

    "Chère Palouane, je m'associe à votre prière avec joie. Je vous laisse guider la prière, ma soeur ...”

    Tout bien réfléchi, elle prononçait son prénom de la même façon que la géante Valdyra. Même si la comparaison s’arrêtait là.
    Parwan commençait à saisir l’obsession du toucher chez la demoiselle bouclée. C’était sa manière littérale d’entrer en contact, de s’approcher d’elle. Peut-être la Sahriki pouvait-elle s’y hasarder ? La nomade recouvre la main d’Athénaïs avec la sienne.

    “Prions ensemble, ma sœur. Laisse moi t’offrir ma foi et celle de mon clan.”

    Oh ? Le geste semblait juste et chaleureux. Parwan pourrait s’y habituer… Elle observe Athénaïs s’apprêter du coin de l’oeil, approuvant silencieusement l’ajout du ruban dans ses cheveux.

    “C’est toujours une joie de découvrir le Shierak d’un inconnu, les mille façons différentes d’honorer les mêmes Astres.”

    La jeune Républicaine s’abaisse devant elle et l’observe avec attention. Parwan l’observe en retour, souriant affectueusement.
    La bédouine ôte ses bottes et pose les pieds sur les dalles glacées. Elle s’abaisse à son tour face à Athénaïs, assise bien droite sur ses talons. Les pans de sa cape s’étendent autour et derrière elle, comme les flancs d’une petite montagne.

    “Les Sahrikis aussi prient à genoux.” explique-t-elle.

    Parwan remarque l’expression et la respiration fébrile de la façonneuse. Elle sourit à nouveau.

    “Ton cœur s’accélère au moment de prier ? C’est amusant, le mien fait le contraire.”

    Des profondeurs de sa cape, elle extirpe un socle sombre et poreux, creux comme un encrier, et un maigre reste de bâton d’encens qu’elle place dans une encoche.

    “Ton nez ne te trompait pas.” concède-t-elle en dévoilant le dispositif parfumé..

    Avec le couvercle en pierre, elle percute le socle, provoquant de brèves étincelles qui finissent par embraser le  bâtonnet. Un lacet de fumée grise s’échappe de l’extrémité incandescente, vite chassé ça et là par l’air de l’extérieur. Elle pose le socle devant la demoiselle. Parwan se déplace à genoux et vient se placer à côté d’Athénaïs, face à l’extérieur. La timide volute résineuse l’accompagne et vient se perdre sur les genoux des deux femmes, refusant de souffler ailleurs, appliquant cette loi mystérieuse dont seule la fumée a le secret.

    Parwan inspire et expire profondément à son tour, tournant ses paumes vers le ciel en offrande aux étoiles. Elle se tourne une dernière fois vers Athénaïs.

    “Nous autres, nomades, prions à voix haute. Si tu le souhaites, tu peux m’écouter en silence ou prier à ta façon.”

    Alors, Parwan lève les yeux vers la Lune et son attention est complètement ravie par Elle. Ses doigts s’écartent sensiblement, sa poitrine se soulève de piété et sa bouche s’entrouvre d’émotion.
    Elle récite un salut primordial Sahriki.

    “Jalan, Lune sacrée, bergère des étoiles, protectrice des âmes sur Sekai comme à tes côtés. Tes filles et tes fils t’aiment et te vénèrent. Ils se soumettent à ton règne éternel et s’agenouillent devant ta clarté souveraine.

    Louée soit Jalan, louée soit la Lune Toute-Puissante.

    Moi, Parwan, fille parmi tes filles, je rend grâce de tes rayons aveugles et protecteurs sur le royaume du Créateur. Puisse tu veiller au foyer endormi de ton époux, jusqu’à la fin des temps.

    Louée soit Jalan, louée soit la Lune Toute-Puissante.”


    Avec une passion retenue, récitant ces mots comme pour la première fois, elle poursuit son salut. Une fois la prière achevée, Parwan s’adresse personnellement à la Déesse, revenant son expérience et confessant ses fautes de la journée passée.

    “... et mon esprit émoussé a confondu les épreuves du Jour avec les rencontres de la Nuit. J’ai manqué de rejeter celle que tu m’envoyais pour me guider vers toi. Ce qui lui est dûe, je te le dois aussi, et je laverais ma faute avec mon sang ou mon honneur.

    Jalan, Lune Sacrée, puissent tes rayons veiller mon sommeil et éclairer mes pas sur le chemin de la vertu. Car c’est en eux que je crois et c’est en eux que je croirais ; dans la vie, dans la mort et jusqu’à ma réincarnation.”


    Parwan ferme ses mains et jette un oeil complice à Athénaïs.

    “Merci, ma soeur. As-tu des étoiles auxquelles t’adresser ? Tu n’es pas obligée de m’écouter mais je ne serai pas longue.”

    Ses mains viennent sagement se poser sur ses cuisses, l’une sur l’autre. Elle lève à nouveau les yeux vers les étoiles mais son expression et son ton sonnent soudainement bien plus familiers.

    “Azher, je refuse de croire que tu aurais apprécié vivre ici !” rouspète-t-elle comme une épouse ayant refoulé son agacement toute la journée.  "J'espérais qu’ici serait différent de la capitale, c’est encore pire. La nature est magnifique mais les gens des villes ont des manières incompréhensibles ! On m’accuse de ce que je ne suis pas, on passe sous ma robe, on me suspecte comme une pyromane, tout le monde est très désagréa…”
    Elle regarde Athénaïs en coin.
    "Tous ceux que j’ai rencontrés." se corrige-t-elle.
    “Jusqu’à ce soir.” Précise-t-elle encore en souriant.

    Son ton s’adoucit, se fait plus aimant.

    “Je suis sûre que tu aimes beaucoup ce que tu vois. Je te demande ça tous les soirs mais… Est-ce que c’est ainsi que tu l’imaginais ? Qu’on te l’a raconté ? Je ne vais pas… là où tu irais, dans des bibliothèques etcetera… mais ce n’est pas déplaisant non plus ? Non ? A demain, Azher.”

    Elle s’éclaircit la gorge et se fait plus détachée, plus formelle, moins énergique.

    “Qassan. Une fois de plus, je pense que tu aurais tué plusieurs personnes durant cette seule journée. C’est une bonne chose que tu n’ais jamais quitté le désert. Quoi qu’il en soit, je serais surprise si tu m’observais, même de temps en temps. Bon repos.” dit-elle sans conviction, quittant le regard du ciel pour la première fois. Ses yeux se tournent vers une troisième et dernière étoile. Elle s’attendrit à nouveau.

    “Hossein. Je n’ai pas encore vu tes sculptures comme à Liberty. Toi qui fuyait le monde, tu aurais trouvé ta place ici, dans les montagnes, loin des cités. Ton nom serait connu de tous et tu refuserais toute entrevue. On me proposerait beaucoup d’or pour te voir, et tu rirais d’entendre les Républicains se battre pour ton travail, comme ils le faisaient déjà au royaume. Repose toi bien, tu l’as mérité.”

    La Sahriki se tourne vers Athénaïs, aussi naturellement que si elle n’avait pas eu ces conversations à voix haute.

    “Ai-je exaucé ton souhait, Athénaïs ?”


    - Parwan parle Shierak qiya en italique et Commun en bold color=#ffcc00 -
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  • Sam 27 Aoû - 11:08


    Quand le vent d'ouest souffle sur la funambule

    Avec Parwan Sahriki



    Athénaïs était toujours à genoux, ses mains posées sur les cuisses, les yeux fermés. De ses lèvres s’échappaient une douce mélodie dans la langue de ses ancêtres. Une mélodie à peine audible, afin de ne pas déranger la nomade dans ses déclamations. Athénaïs ne priait pas la Lune de la même manière. Les anciennes du quartier lui avaient enseigné toute une série de chants à adresser à la Lune. Dans le ghetto reikois, on ne parlait pas à la Lune, mais on lui chantait des louanges car on estimait que seule la musique et le chant étaient à même d’atteindre les astres.

    Les mots, les phrases, les discours, portaient le poids du réel. A ce titre, ils ne pouvaient s’envoler, étant destinés à des oreilles matérielles. Les astres, quant à eux, ne se satisfaisaient que des chants, les seuls à même de traverser la voute céleste et de les faire briller d’un bel éclat. La liturgie des Reikois de la République s’était petit à petit modifiée, le chant devenant un moyen de perpétuer leur religion et de transmettre leur culture au fil des décennies. Tisser un chant était une tâche plaisante, tant elle faisait appel à la fois à la mémoire collective qu’à l’expérience vécue du chanteur.

    Il suffisait d’une base simple, sur laquelle s’appuyer, puis petit à petit, le chant se développait, s’enroulant autour des colonnes du beffroi jusqu’à étendre ses volutes dans la nuit. Athénaïs avait improvisé une partie du chant, reprenant dans le langage de Parwan le début de sa prière et y ajoutant son propre hymne : une ode à la rencontre et au voyage.

    Lorsqu’elle eut terminé, Athénaïs ouvrit les yeux et soutint le regard de la nomade. Le maigre fragment d’encens finissait de se consumer dans son socle de bois, s’enlaçant autour du chant se dissipant dans l’atmosphère. La jeune femme rompit le silence en joignant ses deux mains dans un léger claquement et les tendit paumes vers le haut, en signe d’ouverture.

    « Dame Palouane, me voilà comblée. Je n’avais jamais entendu cette prière prononcée à voix haute et en solitaire ... Nos prières sont collectives. Nous chantons ensemble sous la lune mais je n’avais jamais vu de prières … personnelles … aux étoiles … »

    Elle toussota et laissa flotter son regard au-dessus de la nomade, l’air gênée.

    « Désolée, j’ai été indiscrète. dit-elle en enlevant délicatement le ruban dans ses cheveux pour laisser flotter sa tignasse bouclée. Je tiendrai ma langue la prochaine fois. »

    La magicienne se mordit la langue. Le fait d’avoir été témoin d’une prière personnelle aux étoiles la gênait quelque peu. Il y avait dans cette familiarité avec les étoiles une proximité qui lui était inconnue. Les prières étant collectives, on ne s’adressait pas aux astres comme l’on s’adressait à son prochain. Il y avait dans les chants un registre soutenu qui ne convenait pas à une … discussion … avec les défunts. Le Shierak républicain n’était pas … aussi intime, étant donné son utilité sociale. Athénaïs ne savait pas trop sur quel pied danser. Le Shierak revêtait une multitude de formes au sein du Sekai et aucune ne semblait prévaloir sur l’autre tant les pratiques étaient diversifiées. Pourtant, il y avait dans la posture de Parwan, le ton de sa voix et la clarté de ses prières quelque chose de … « vrai ».

    A méditer …

    La jeune femme se releva et lissa les pans de sa robe empoussiérée par le beffroi. Elle lui sourit aimablement tandis que les dernières volutes d’encens disparaissaient et que la nuit s’étirait de tout son long.

    « Avez-vous un endroit pour dormir cette nuit ? Je dispose d’une chambre supplémentaire dans mon atelier. Cela me ferait plaisir de vous offrir le gîte et le couvert. »


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  • Sam 27 Aoû - 11:09
    Parwan a une main sur le coeur et ses yeux brillent d’émotion quand Athénaïs cesse de chanter. Quel organe, quelle belle voix ! C’est une expression d’enfant qui déborde sur son visage, qui veut commenter sur tout sans parvenir à se décider par quoi commencer. Sa bouche façonne un “Oh” de surprise et ses yeux suivent avec enthousiasme le mouvement de ses mains lorsqu’elle achève sa prière. Le bonheur de découvrir la foi des autres n’avait pas pris une ride, se réjouit-elle . Tant de différences, tant de similitudes, tant de pratiques qui lui en rappellent d’autres, aperçues au royaume !

    « Dame Palouane, me voilà comblée. »

    Un tic nerveux agite imperceptiblement le sourcil de l’intéressée à chaque fois que la façonneuse prononce son nom.

    « Je n’avais jamais entendu cette prière prononcée à voix haute et en solitaire ... Nos prières sont collectives. Nous chantons ensemble sous la lune mais je n’avais jamais vu de prières … personnelles … aux étoiles … Désolée, j’ai été indiscrète. Je tiendrai ma langue la prochaine fois. »

    “Pas d'indiscrétion dans le partage, ma soeur." sermonne Parwan, très sûre d'elle. "Ni dans la foi. Les Astres aiment la clarté ; délie cette charmante langue que tu as et exprime ce que cache ton cœur."

    Parwan marque une pause, avant d'illustrer son propos, comme pour donner un exemple. Elle s’incline imperceptiblement vers elle et sourit.

    "Je suis convaincue que les étoiles se penchent vers toi quand tu chantes seule, aussi bien que lorsque tu accompagnes tes frères et tes sœurs. Je t'écouterais prier jusqu'aux aurores sans fatiguer. C'est certain. Quelle voix… Sucrée comme du miel d'abeille, claire comme l'eau d'un ruisseau !" s'extasie-t-elle avec retenue.

    Parwan ramasse son encensoir et se relève à la suite de la demoiselle.

    Sa propre foi avait troublé la jeune Républicaine, Parwan le devinait. Et cette idée n'inspirait que de la tendresse à la Sahriki.
    N'avait-elle grandit qu'avec son Shierak et celui des siens ? Elle ne le réalisait que maintenant mais le désert offrait un brassage de shieraks aussi vaste que lui, une mixité de pratiques à en oublier certaines, tant elles étaient nombreuses.
    Peut-être la citadine demoiselle n'avait-elle pu profiter d'un horizon religieux aussi large que celui de la Sahriki ?

    Dans sa douce chanson, Athénaïs appelait au voyage. La nomade voulait capturer sa réaction face aux tantriques, aux flagellants, aux transis, aux inhaleurs d'herbes et aux autres peuples des sables qui vénéraient les mêmes dieux qu'elle, si différemment pourtant.

    Elle touche un mot de sa pratique.

    "Je parle aux étoiles comme je leur parlais avant leur ascension, et comme je leur parlerais si elles redescendaient parmi nous. Les esprits ne nous quittent jamais vraiment, ils changent simplement de lieu et ils apprécient qu'on s'adresse à eux, même de temps en temps.“

    Quand soudain Athénaïs propose le gîte et le couvert à Parwan, celle ci est en train de glisser dans ses bottes, la cheville habile et la tête a autre chose. La surprise est si bonne et grande qu'elle doit prendre un instant pour y croire. Sa main couvre à nouveau son cœur, comme à chaque fois qu'un sentiment chaleureux la traverse.

    "Le… gîte et le couvert ?"

    Elle avait tant intériorisé ce sentiment d'aliénation que lui inspiraient les gens de ce pays.
    La Sahriki doit déglutir pour laisser passer flot de  reconnaissance qui la traverse. Elle veut l'extérioriser, mais elle se retient, par pudeur, par souci de décence.
    Peut être était-ce une proposition ordinaire pour une Républicaine ?
    Car dans l'esprit des nomades, l'hospitalité du sédentaire tenait pour un don précieux, un souvenir impérissable qui les accompagnait pour longtemps dans leur voyages.

    Alors l'image de la sage jeune femme en robe bleue, les cheveux frisés et sauvages se cristallise dans les iris de Parwan et elle sourit.

    Athénaïs arrachait Parwan à la perspective d'un matelas de pavés durs et froids et a la fastidieuse préparation d'un oiseau citadin.
    « Avez-vous un endroit pour dormir cette nuit ? » lui avait demandé Athénais.

    “Pouvoir dormir partout, c’est le privilège des gens de mon sang, Athéneï… naïs. Mais partager un repas et dormir sous ton toît me remplirait le cœur.” Parwan avance et prend spontanément la main de la magicienne.  “Guide moi chez toi, ma soeur. Je te promet d’être de bonne compagnie.”

    L’agréable sensation de contact physique, identique à celle ressentie dans la rue marchande, puis avant la prière, parcoure ses doigts jusque dans sa poitrine. Ca y est, elle y avait pris goût.

    La bédouine attrape son bâton, toujours orné du couple de pigeons trépassés et ajoute:

    "Mais de grâce, appelle moi simplement Parwan."


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