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    Noble de La République
    Noble de La République
    Perséis d'Oreithye
    Perséis d'Oreithye
    Messages : 67
    crédits : 2564

    Info personnage
    Race: Sirène
    Vocation: Mage soutien
    Alignement: Chaotique neutre
    Rang: B
    qui suis-je ?:
    https://www.rp-cendres.com/t1343-termine-perseis-d-oreithye-sirene-et-entrepreneuse
  • Lun 13 Fév - 18:21
    Perséis d'Oreithye
    Race : Sirène
    Sexe : Féminin
    Âge : 52
    Métier : Alchimiste, entrepreneuse
    Taille & poids : 1m73, 105kg
    Alignement : Chaotique neutre
    Faction : République
    Rang : B je dirais ? Peut-être C ?
    Religion : Athéisme
    Avatar : The Necromancer, de Benjamin Ee (légèrement modifié)

    Pouvoirs et objets

    Vocation: Mage, soutien
    Crédits utilisés: 3250/4000

    Pouvoirs:

    Description physique et mentale


    D'une démarche gracieuse mais ferme, la jeune femme franchit la porte qu'on ouvrait pour elle et entra dans le bureau où elle serait bientôt reçue. Son port était fier, presque altier, et d'elle émanait comme une aura de noblesse. Elle balaya la pièce de ses yeux d'un bleu très pâle, presque gris, qui semblaient aussi froids que la glace et perçants que le blizzard, avant de revenir s'attarder point par point sur ce qui attirait son attention. Chaque élément lui en disait un peu plus sur la personne avec qui elle s'apprêtait à traiter. Les couleurs, la richesse des matériaux, les bibelots exposés, la propreté et l'organisation de chaque chose, tout autour d'elle renfermait, comme toujours, une information à analyser, et possiblement à exploiter.


    Parée de son habituelle élégance sobre, elle détonnait presque dans la pièce, aux couleurs chaudes, à la décoration abondante et à l'odeur capiteuse d'un encens bien trop marqué pour quiconque disposant d'un odorat digne de ce nom. L'ensemble criait à qui voulait l'entendre, et même à ceux qui ne le voulaient pas, qu'il s'agissait bien là du bureau de la gérante d'une maison close, aussi fastueuse qu'elle tentait de la faire paraître. Bien sûr, ce n'était pas le bordel miteux où le premier manant allait perdre les trois sous qu'il possédait pour toucher une femme qu'il aurait d'ordinaire à peine pu regarder, mais le luxe dont l'établissement se targuait n'était guère plus qu'une illusion de fortune, et son raffinement une chimère agonisant face à des choix peu éclairés qui frôlaient le mauvais goût.


    Sa longue robe noire semblait dévorer malgré elle la lumière rougeâtre que vomissaient les murs capitonnés de vermeil, sur lesquels réverbérait la lueur de deux lanternes situées de part et d'autre de la pièce. Quelques fins ornements dorés venaient briser la monochromie de son vêtement et en souligner les contours le long de sa silhouette fine, aux courbes bien dessinées mais néanmoins assez légères. Ses cheveux, à peine moins foncés que sa robe, cascadaient jusqu'à ses omoplates en de fines ondulations et encadraient un visage aux traits fins mais affilés, comme s'ils avaient été sculptés chacun d'un seul coup de maître dans le marbre de sa peau ivoirine. La seule touche de couleur qu'elle portait était la gemme d'un vert émeraude, enchâssée dans un ras-de-cou qu'elle ne quittait jamais. Intimidante pour la plupart au premier abord, elle était indubitablement belle; mais pas au goût de tous, et cela lui convenait très bien ainsi. Bien qu'elle avait l'apparence d'une femme dans la trentaine, elle n'était, contrairement à ce que pensaient bon nombre de gens, pas humaine, et dépassait en réalité la cinquantaine.


    Son hôte se faisait attendre. Perséis n'était pas sans comprendre l'intention derrière ces quelques minutes d'attente. Tout n'était qu'une question d'image, et la gérante de l'établissement pensait vraisemblablement asseoir une quelconque position de force en montrant subtilement qu'elle daignait accorder quelques miettes d'une journée si occupée, à cette femme venue lui parler affaires. Cela ne prenait cependant pas, et elle commençait même à s'impatienter. Son temps était d'or, et il ne serait guère difficile de lui trouver un meilleur usage que d'attendre dans ce bureau qui lassait tous ses sens. Au travers des longues années écoulées depuis son départ du foyer natal, il n'y avait que quatre choses qui ne l'avait jamais quittées. Une gemme, une lance, un masque, et une colère froide et constante qui glaçait ce qui lui servait de cœur et étouffait la plupart des autres émotions; cette dernière avait même crûe en certaines occasions, et il n'était pas bon de l'attiser par un comportement impudent.


    Elle s'avança vers une toile suspendue à un des murs, et la contempla quelques instants; elle était étonnamment belle pour ce lieu, et cela piquait la curiosité de Perséis, qui laissa courir un de ses longs doigts fins sur son cadre en bois sculpté.


    A sa droite, la porte s'ouvrit enfin. La tant attendue propriétaire des lieux s'engouffra dans la pièce et se dirigea vers le siège qui trônait derrière son bureau en prenant la parole.

    - "Madame d'Oreithye, je suis ravie de vous accueillir dans mon établissement."


    Scrutant toujours chaque détail de la toile sous ses yeux, Perséis n'avait pas encore posé le regard sur son interlocutrice. Le choix de ses mots et sa voix, toutefois, suffisaient à révéler beaucoup de choses.


    Une phrase polie, mais courte, concise. Elle allait à l'essentiel.
    Elle ne se fendait pas non plus d'une exagération de révérence à son égard, et la laissait elle-même présenter le sujet de sa visite sans venir ramper à son encontre. Une femme forte, et qui tient à paraître comme telle. Cela contrebalançait la déception de la première impression causée par son bureau. Bien.
    Sa voix, qui se voulait accueillante mais sûre, trahissait tout de même une légère ... appréhension ? Perséis l'intimidait. Elle réprima un petit sourire à cette réalisation. Parfait.
    Elle souhaitait parvenir à ses fins, et désormais, elle savait exactement quel masque revêtir pour faire de cette femme une cliente fidèle pour les années à venir.


    Sans quitter des yeux l'œuvre, Perséis lui répondit d'une voix qui, comme à son habitude, ne souffrait ni doute ni faiblesse. Son ton était tranchant, et bien qu'il ne révélait jamais aucune émotion, il suffisait généralement à faire entendre à un interlocuteur perspicace que tout, chaque mot, chaque geste, chaque détail, était et serait retenu, décortiqué et analysé :

    - "Tout le plaisir est pour moi, Madame Minzche."


    Elle laissa planer un court silence, avant de se détourner de la toile et de porter son attention sur la femme qui était désormais assise derrière son bureau.

    - "Votre établissement me semble être charmant, et vous ne tombez pas dans les travers de la plupart de vos confrères : vos femmes sont libres et exercent par choix. Les esclaves sont à la fois moins chers, plus faciles à trouver, et moins exigeants. Mais je ne puis souffrir l'esclavagisme. Ce qui explique mon attention aujourd'hui. Vous méritez plus de succès que vous n'en avez déjà, et en ceci, je peux vous aider. Connaissez-vous la nature de mon activité ?"


    Perséis voyait dans les yeux de la gérante qu'elle avait vu juste. Des compliments incisifs pour flatter son égo, un discours direct et qu'elle mènerait elle-même, jusqu'à la conclusion de l'accord, pour profiter du léger trouble qu'elle causait en elle.

    - "Oui, bien sûr !"

    - "Dans ce cas, vous comprenez déjà ce que je m'apprête à vous proposer. Une partie conséquente de votre clientèle se contente du cadre et de vos boissons, sans profiter de la partie la plus lucrative des services que mettez à leur disposition. Beaucoup ont besoin d'un peu d'aide pour franchir le pas. Et plutôt que de procéder à un vulgaire racolage qui entacherait l'image raffinée de votre établissement, vous pourriez utiliser mes produits."


    Maintenant qu'elle lui avait jeté au visage le principal écueil que rencontrait l'activité de Minzche, et qu'elle l'avait appâtée avec une solution toute trouvée, le moment était venu de ferrer sa prise; elle lui présenta une de ses dernières créations, une potion dont quelques gouttes dans n'importe quelle boisson pouvait accroître l'ardeur d'un client potentiel de passage dans son établissement, une potion insidieuse à l'effet non pas physique, qui serait bien trop flagrant, mais psychique : celui qui l'ingérait désirait davantage.


    Elle prit quelques secondes pour sonder la réaction de son interlocutrice. Cette dernière semblait en proie à la réflexion, mais pas hostile à l'idée. Perséis enchaina donc.

    - "Bien sûr, mon offre ne s'arrête pas là, et je peux également vous procurer toutes les potions et remèdes dont vous pourriez avoir besoin. Que ce soit pour vos femmes, ou pour les clients affaiblis par l'âge ou l'alcool. Et puis..."


    Elle laissa planer une fausse pause, autant pour feindre un semblant d'hésitation que pour attiser la curiosité de la gérante suspendue à ses lèvres.

    - "Mes services dépassent le cadre de l'alchimie traditionnelle. Vous êtes une femme ambitieuse et directe, je n'en doute pas, alors je vais vous parler ouvertement. Si vous avez besoin d'une quelconque aide pour maintenir la sécurité au sein et autour de votre établissement, maintenant ou dans le futur suite à la croissance de votre entreprise, ou encore si vous souhaitez proposer à votre clientèle la plus assidue l'accès à certaines substances récréatives, je suis sûre que nous pourrions trouver un accord dont nous ressortirions toutes deux satisfaites."


    La discussion se prolongea pendant une dizaine de minutes, qui se conclurent par des négociations simples. Minzche était une femme qui savait ce qu'elle voulait, et l'offre de la maison d'Oreithye coïncidait parfaitement à ses besoins. Elle serait une alliée de choix pour sa maison close, et si Perséis se moquait du sort du reste du monde, elle prenait soin de ses alliés, davantage encore des siens, et elle estimait plus que tout la loyauté.


    Au terme de la conversation, elle l'accompagna vers la sortie en lui présentant rapidement le reste des lieux. A la surprise de la propriétaire, Perséis se dirigea vers le bar.

    - "Deux verres de votre meilleur vin de Kaizoku, votre suite la plus confortable, ..."

    Elle tendit le doigt vers une jolie femme blonde qui attendait, en retrait de la foule, cherchant à croiser des regards, avant de reprendre :

    - "Et la blonde pour la nuit."


    Elle sortit une petite fiole d'un repli de tissu dissimulé dans sa robe, et en versa trois gouttes dans chaque verre, avant de se tourner vers Madame Minzche avec un sourire entendu.

    - "Il serait malvenu de ma part de ne pas expérimenter ce que votre établissement a à offrir, et plus encore de le faire sans prouver la confiance que je porte en mes créations. Bonne soirée Madame Minzche !"

    Perséis s'éloigna en direction de celle qui lui tiendrait compagnie cette nuit, avant de lui glisser quelques mots à l'oreille, et de lui tendre un des verres en lui montrant la direction des quartiers privés.

    Histoire ou test-rp


    Le sommeil de Perséis était agité cette nuit. Comme souvent, ses rêves la tourmentaient.


    Elle était enchaînée dans la cale d'un navire, tout droit venu de ses souvenirs les plus difficiles, autour du prolongement du mât. Effrayée par la cacophonie de la bataille qui se livrait autour d'elle, elle tirait de toutes ses forces sur ses fers, qui ne semblaient pas vouloir céder face aux efforts d'une gamine d'à peine six ans. Personne autour d'elle n'était en mesure de l'aider.


    Les cris des hommes et le son des divers projectiles magiques qui venaient s'écraser sur le pont et la coque fit place à un fracas bien plus assourdissant, quand le rostre d'un autre navire vint éventrer le flanc de celui sur lequel elle était emprisonnée. Sous l'impact, le vaisseau déjà bien affaibli se brisa en deux. Pendant qu'une moitié du navire resta en place, magiquement maintenue à la surface, l'autre, qui ne présentait certainement aucun intérêt à leurs assaillants, sombra.


    La cale se remplit d'eau à une vitesse effrayante, mais ce n'était pas une menace pour la jeune fille. Alors que l'eau la ramenait à son étreinte, la magie qui résidait en son sang fit son œuvre, et elle recouvra sa forme originelle. Mais même sous ses traits de sirène, elle n'était pas en mesure de se défaire de ses chaines, et n'avait toujours pas la force de les briser.


    Impuissante, elle se vit lentement s'enfoncer vers le fond de l'océan. L'épave vint s'écraser sur les rochers dans un vacarme sourd. Le mât tenait toujours bon. Elle était prise au piège.


    De temps à autre, des débris, des armes, voire un cadavre entrainé par le poids d'une chaîne ou d'une armure, la rejoignait dans son exil. Deux objets, à quelques mètres au dessus de sa tête, attirèrent son attention. Perséis distinguait le premier, une grande cape rouge, qu'elle avait l'impression d'avoir déjà vu par le passé sans réellement pouvoir mettre le doigt dessus. Le second, alors impossible à discerner, continua à couler dans sa direction.


    Elle voyait très bien de quoi il s'agissait désormais... Sans trop comprendre son geste, elle tendit la main vers le masque. Elle l'avait vu une fois, ce masque... Sur le visage d'un homme, à bord du bateau. Il portait également la cape rouge, avec une capuche qui dissimulait son crâne. Il parlait, dans un langage qu'elle ne pouvait comprendre, d'une voix profonde et résonnante, à la fois posée et chargée d'une prestance qui imposait le respect et devait suffire à en dissuader plus d'un de le contredire. Ses deux interlocuteurs, qu'elle n'avait pu distinguer clairement, portaient des masques à la forme et aux couleurs similaires au sien, mais qui arboraient des motifs légèrement différents. Un avait l'air plus imposant, et le dernier semblait féminin. Mais contrairement à lui, ses interlocuteurs n'étaient pas présents sur le navire, ils n'étaient que des projections.


    Ses doigts se refermèrent sur le masque, enfin à sa portée, et à ce moment, sa conscience la quitta.


    Perséis, adulte cette fois, se réveilla dans un endroit inconnu. Endroit n'est pas réellement le mot adéquat, mais il n'en existe aucun pour décrire ce néant dans lequel elle se tenait. Le sol était d'un noir absolu, indissociable de l'air autour d'elle et du ciel, ou quoi que ce soit d'autre qui se tenait au dessus d'elle. Le silence était si intense qu'il semblait éternel. Pourtant, une voix, qu'elle connaissait, vint le briser. La voix de l'homme au masque.

    - "Aaaah, te voilà à nouveau. Je ne t'attendais pas si tôt."


    Il tendit la main dans sa direction en effectuant un petit geste du bout des doigts. Perséis, comme saisie à la gorge, peinait à respirer, et était incapable de bouger. Se refusant néanmoins à perdre la face, elle répondit d'un ton hautain.

    - "J'aime le ... silence de cet endroit. Dommage que tu sois toujours là pour le troubler."


    L'homme laissa échapper un petit rire presque caverneux, avant de relâcher légèrement son étreinte pour laisser son interlocutrice s'exprimer correctement.

    - "Ne prétend pas être ici par choix. Tu ne trompes personne." Il marqua un silence pendant lequel il semblait sonder l'âme de la jeune femme immobilisée en face de lui. "Ton arrogance ne te quitte donc jamais."

    - "Surement pas quand une personne sans importance me fait perdre mon temps."


    Ignorant sa provocation, il reprit, du même ton sépulcral, calme et lent, comme à son habitude.

    - "Il n'est guère surprenant que tu sois toujours seule dans cette quête qui est la tienne."

    - "Je suis seule car je n'ai rencontré personne qui mérite ma confiance."

    - "Intéressant... Tu en es convaincue. Mais la vraie question est ailleurs : mérites-tu cette loyauté que tu cherches tant ?"


    Sa question désarçonna la sirène. Son poing se serra.

    - "Il n'est pas question de mon mérite. Je mène mon organisation vers mes propres desseins, je sais ce que je fais, et je le fais bien. Une personne compétente aurait beaucoup à gagner à y prendre part."

    - "Tu fuis sciemment mon propos. Peux-tu prétendre être digne de loyauté ? Tu as trahi bien assez de gens toi-même."

    - "Jamais personne qui ne le méritait."

    - "Et tu es à même d'émettre seule ce jugement ? Qu'en est-il de tes propres parents que tu as quittés sans même un mot ?"


    Ce fut alors au tour de Perséis de rire.

    - "Le père qui malgré son statut de marchand influent, peinait à offrir une vie décente à sa propre famille car il dilapidait la moindre fortune qu'il parvenait à amasser en produits raffinés qu'il était incapable d'apprécier, au lieu de la conserver pour assurer notre survie quand les pillages le mettait sur la paille ? Celui qui se targuait chaque jour à qui voulait l'entendre qu'il était le descendant d'une noble lignée pendant que sa famille souffrait de la faim, alors que lui et toute sa maudite ascendance a non seulement perdu ses terres et sa richesse, mais a même oublié ce qu'était l'Oreithye au fil des siècles ? Une ville, une région, un royaume ? Et où se trouvait-il ? Pendant ce temps il se terre au fond d'une région miteuse de l'océan où les pillards font la loi. Quelle noblesse, quelle grandeur !"

    - "Tu penses être meilleure que lui ? Et tu oublies de faire mention de ta mère."

    - "Je le suis. Je ne me contente pas de m'enorgueillir d'une gloire passée, je construis mon propre empire. Ma mère quant à elle, ne mérite guère plus que lui. Elle a toujours eu du potentiel, mais pas la moindre ambition pour l'exploiter. Elle a préféré vivre dans l'ombre écrasante d'un mari aussi incapable qu'égocentrique. Elle a choisi son destin. Ma sœur n'était qu'un nourrisson, et ma grand-mère a expiré bien avant mon départ. Je n'avais personne pour qui rester là-bas."

    - "Hmm, j'aime la tournure que prend cette conversation. Il serait dommage de ne pas la mener devant le reste de la Cour."


    L'homme écarta les bras, et de part et d'autre de sa silhouette, apparurent deux autres personnes, vêtues de la même cape, et d'un masque. Eux aussi, Perséis les reconnaissait... Les projections sur le navire. La femme, et le deuxième homme, plus massif. Ils se tournèrent tous deux vers la sirène, sans dire un mot.

    - "Même sans remettre en doute tout ce que tu prétends, ta mère ne méritait pas ce sort, et ta sœur aurait pu bénéficier de ta présence plutôt que de devoir traverser les mêmes épreuves que toi. Mais soit. Et le vieux Tisserin ? Quelle prétexte as-tu pour le sort que tu lui as réservé ? Il t'a prise comme apprentie alors que tu arrivais juste dans cette ville, il t'a accordé sa confiance, et t'a même offert un toit."

    - "Tisserin n'était qu'une étape dans mon plan. Il m'a choisie librement, je ne lui ai pas forcé la main, et il y a beaucoup gagné. Quant au reste... Il était vieux. Je pensais qu'en voyant la manière dont je gérais son affaire, il me ferait confiance pour la prendre en main seule, et prendrait sa retraite. Et pendant des années, le voilà qui s'acharne à rester derrière mon épaule. Je ne lui ai pas fait de mal. Ces potions n'ont fait que l'affaiblir pour quelques mois, juste assez pour qu'il prenne conscience de son âge et qu'il se retire. Je ne pensais pas que ce vieil idiot préférerait vendre son échoppe plutôt que de me laisser la tenir pour lui, et récolter les profits sans avoir à lever le petit doigt. Moins ma part, bien entendu."

    - "En fin de compte, il ne t'a pas fait confiance. Et il a eu raison, étant donné la manière dont tu l'as poussé hors du labeur de toute une vie. Même si tu as eu ce que tu voulais, avec l'aide de ton amante."


    A nouveau, les poings de Perséis se serrèrent à nouveau. Cette colère froide qui habitait son cœur ne la quittait jamais entièrement, mais à cet instant, elle était plus vive que jamais.

    - "Oooh, cette colère... Elle est palpable jusqu'ici." Elle ne pouvait voir ses lèvres, mais Perséis savait qu'il souriait sous son masque, si tant est qu'il en était capable. Elle l'entendait dans sa voix. "Comment se porte-t-elle d'ailleurs ? Oh, j'oubliais... Elle a pris un congé permanent."

    - "Elle, elle n'a pas eu la moitié de ce qu'elle méritait réellement. J'aurais du me douter qu'elle n'était pas digne de confiance, mais j'ai été aveugle. Une erreur que je ne commettrai plus jamais. Elle a été si prompte à trahir Tisserin, qu'elle fournissait depuis des années, pour m'aider à détourner une partie de ses ingrédients et de sa clientèle contre quelques pièces de plus. Bien trop vénale. Ce n'était que l'argent qui l'intéressait, sans autre but ni ambition. Acheter l'échoppe de Tisserin avec elle était une faute. Emprunter la somme manquante à n'importe quel malfrat aurait été plus judicieux que de m'associer à elle, elle était incapable de voir à long terme. Il était prévisible qu'elle finisse par céder face à l'appât d'un gain rapide en volant et vendant mes recettes à d'autres alchimistes incapables de concevoir les leurs. Mais elle était charmante... Je ne regrette pas la moindre goutte de ce poison que j'ai préparé pour elle, alors mentionner son existence passée ne t'aidera pas à obtenir le dernier mot."

    - "Tu continues à éluder la question. Mérites-tu la loyauté de ceux qui t'entourent ?"


    La silhouette féminine prit la parole à son tour :

    - "Compte tenu de tes actions et de ta ferveur à les défendre, notre jugement est irrévocable."


    L'autre homme enchaina, d'une voix plus grave encore que le premier, presque abyssale, rauque:

    - "Tu n'en es pas digne."


    A l'unisson, les trois tendirent leur paume droite dans la direction de Perséis. Avant qu'elle ne put ouvrir la bouche pour rétorquer quoi que ce soit, elle fut aveuglée par une lumière blanche.


    Elle se réveilla en sursaut dans sa chambre, seule. Le rêve avait laissé un goût amer dans sa bouche, mais elle ne s'en formaliserait pas. Elle ne laissait personne affecter son jugement ou sa détermination, et encore moins le fruit de son imagination. Elle savait qu'elle avait raison, et elle n'en démordrait pas.








    Dans la pièce aux imposants murs de verre, l'homme encapuchonné de rouge faisait les cent pas d'une démarche lente. Perséis, assise dans un large fauteuil, les pieds posés sur le bord de son bureau, parlait à haute voix sans lui adresser un regard.


    - "J'ai beau prendre la situation sous tous les angles, je n'arrive pas à me décider pour cette ombra. Son aide serait d'une valeur inestimable, je peine à couvrir seule toutes les tâches qui m'incombent, et mes entreprises ne font que croître. Cependant, je n'en serais pas arrivé là si je n'avais pas pris soin d'isoler chaque élément de mes organisations pour qu'aucun n'ait la moindre connaissance au sujet des autres... Recruter un bras droit serait la première faille dans cette sécurité que j'ai maintenue jusque là..."


    Sans interrompre ses pérégrinations à travers les quartiers de la sirène, la silhouette masculine répondit d'une voix sûre et froide :
    - "Mais tu as déjà accès à ses services. Quelle raison aurais-tu de risquer davantage ? As-tu tant besoin d'une oreille à qui parler ? Mon illusion ne te suffit plus ?"

    - "Silence. Je t'ai invoqué, et je peux te conjurer avec la même facilité si tu continues de m'importuner."

    - "Et pourtant je ne suis qu'une illusion que tu contrôles. Si mes paroles t'insupportent, peut-être devrais-tu te questionner sur ton inconscient plutôt que de blâmer son messager."


    Perséis ne prêta aucune attention à la raillerie. Le sujet qui la préoccupait aujourd'hui était d'une importance capitale. Devait-elle continuer à maintenir son organisation seule, au risque de la voir dépérir dans un futur plus ou moins proche, ou devait-elle accorder sa confiance à quelqu'un et mettre en danger tout ce qu'elle avait construit? Et si elle ne le faisait pas aujourd'hui, l'occasion se présenterait-elle un jour à nouveau ?


    - "Cela dit, tu soulèves un point intéressant. J'ai déjà accès à ses services... Mais j'y ai de plus en plus souvent recours ces temps-ci. Malgré moi, je lui permets d'en apprendre un peu plus sur toute l'organisation à chaque nouveau contrat. Et je n'ai aucun contrôle sur ce qu'elle peut bien en faire quand elle ne travaille plus pour moi."

    - "C'est une mercenaire. Elle n'est fidèle qu'à l'argent."

    - "Hmm, c'est possible. Pseudéa a été une leçon cinglante que l'argent peut être la seule motivation d'une personne. Et j'aimerais autant ne pas devoir l'empoisonner elle aussi, à un moment ou un autre... Plus j'y pense, plus je suis persuadée qu'elle n'est pas faite pour la condition de mercenaire."

    - "Quelle prétention ! Tu ne la connais que depuis quelques années. Elle est mercenaire depuis une centaine, au bas mot."

    - "C'est tout ce qu'elle a jamais connu depuis qu'elle a posé le pied sur le continent. Elle n'a connu que ce métier, et qu'une seule bande, qu'elle a perdue depuis. Sa loyauté ne demande qu'une cause, et son ambition un dessein. En réalité, elle est déjà digne de ma confiance. Pendant cette ... mésaventure il y a quelques années, elle a eu l'opportunité de me laisser mourir et de partir avec ma fortune." Elle prit la gemme qui pendant à son cou dans sa paume. "Elle avait même cette pierre dans le creux de la main. A elle seule, elle vaut plus que tout ce qu'elle n'a jamais possédé. Et ce n'était pas par stupidité, ou prise dans le feu de l'action, qu'elle n'a pas lâché ma main. Pendant une longue, très longue seconde, nos regards sont restés figés l'un dans l'autre. Je sais qu'elle a considéré cette éventualité. La pierre, la cargaison, l'accès à mes quartiers, elle avait tout si je m'écrasais trente mètres en contrebas, et personne n'en aurait jamais rien su. Toute ma fortune à sa portée. Et cette hésitation, je l'ai vue passer comme une ombre dans ses yeux. Elle a pris le temps de considérer la question, et c'est précisément pour cela que je peux lui faire confiance. Ce jour-là, elle a sciemment choisi la loyauté à la richesse. Pour une mercenaire, ce n'est pas anodin..."

    - "Si tant est que tu aies raison sur ce point, qu'est-ce-qui te fait penser qu'elle accepterait toutes tes pratiques ? Le destin du reste du monde ne t'importe pas tant que tu arrives à tes fins. Les meurtres, le chantage, l'espionnage, le sabotage, tes recherches et tes essais..."


    Perséis lui coupa la parole.
    - "C'est une mercenaire. S'en prendre à quelqu'un, que ce soit directement ou indirectement, n'est pas une nouveauté pour elle. Et le destin de ceux qui ne se rangent pas de mon côté ne m'importe effectivement pas, il ne me concerne pas, elle le sait. Mais j'estime et je protège les miens. Quant à mes recherches, il n'y a rien à condamner. Les essais les moins dangereux sont faits sur des volontaires, contre une compensation financière. Des réfugiés pour la plupart, certes, mais de leur plein gré, et les conséquences ne sont pour ainsi dire jamais néfastes. Les autres essais sont conduits sur des criminels. Qu'ils finissent à la potence ou dans mes laboratoires ne change rien à leur destin. Au moins ainsi, leur dernière action sera une contribution utile au reste du monde. Tant que les gardes accepteront mes paiements en échange de ces rebuts, les essais ne seront pas un problème. Certaines choses doivent être faites. Elle comprendra, j'en suis sûre."


    Elle réfléchit quelques secondes en silence, au terme desquelles le doute avait quitté son esprit. Elle parlerait à l'ombra, et elle savait même exactement comment elle allait s'y prendre.

    - "C'est décidé. Je la convoquerai demain."


    D'un mouvement aussi soudain que sa décision, les pieds de Perséis retrouvèrent le sol et elle se leva. Elle épousseta ses vêtements légèrement froissés par sa posture, et d'un geste négligent de la main, elle dissipa son illusion. Alors qu'il disparaissait en volutes de fumée noire, l'homme jeta un dernier regard à la sirène. Ses yeux jaunes flamboyants noyés dans le néant des orbites du masque la percèrent une ultime fois, avant de disparaître. Elle baissa les yeux sur le masque, le vrai cette fois, qui gisait sur son bureau. Pensive, elle l'effleura du bout des doigts.








    La lourde porte de bois massif s'ouvrit pour laisser entrer quelqu'un. Perséis, assise derrière son bureau, reconnut, au son de ses bottes sur la pierre, la mercenaire qu'elle avait convoquée. Elle prit une grande inspiration, se concentrant sur la tâche qui l'attendait. Pas de masque, pas de rôle, pas de manipulation aujourd'hui. Il fallait qu'elle soit sincère si elle voulait établir une confiance réciproque. Paradoxalement, cela lui demandait un effort plus intense que d'analyser son interlocuteur et de viser ses points faibles.


    La silhouette féminine, aux muscles bien dessinés, de l'ombra quitta le hall pour arriver au centre de la pièce. Comme toujours, pour Perséis qui y était sensible, son aura la précédait. Elle n'était pas apprêtée pour la bataille aujourd'hui : ses longs cheveux argents étaient lâchés et cascadaient sur ses épaules cendrées et le long de son dos, couvert d'une robe légère et relativement simple. La sirène la trouvait bien plus charmante ainsi que dans son armure habituelle, mais les besoins de sa profession étaient autres. Néanmoins, sa lance, qui ne la quittait jamais, traversait son dos, attachée à un baudrier en cuir qu'elle avait fait concevoir elle-même.


    - "Ah, Hviskr ! Bienvenue dans mes quartiers, je crois que tu n'as jamais eu l'occasion de venir ici."


    L'ombra parcourait la pièce du regard. Perséis ne savait pas si c'était de l'intimidation ou de la surprise, mais marcher dans ce qui semblait être une pièce plongée au milieu d'un aquarium géant la décontenançait visiblement. Son regard s'attarda sur une créature, ressemblant quelque peu à un requin, qui passa près du mur à sa gauche.


    - "Ne t'en fais pas, il y a peu de risques qu'ils viennent de ce côté de la vitre. Et pour être honnête avec toi, la plupart, dont celui-ci, ne sont que des illusions." Avec un petit sourire satisfait, Perséis changea le requin en un petit poisson tropical aux allures inoffensives.

    - "Je n'ai rien contre les créatures sous-marines, mais je ne m'attendais pas à tomber là dessus quand on m'a dit que vous m'attendiez dans vos quartiers. Ceux où vous me recevez d'habitude sont plus ... normaux."

    - "Toi qui connais ma nature de sirène, tu ne dois pas être si surprise. Les quartiers au-dessus n'existent que pour recevoir la plupart des gens. C'est ici que je vis le reste du temps, et que je reçois ceux en qui j'ai la plus grande confiance... Ou parfois ceux que j'ai besoin d'intimider. Ce qui n'est absolument pas ton cas." Perséis tendit la main vers le siège situé en face d'elle. "Mais je ne t'ai pas invitée ici pour cela, je t'en prie, prends place. Et tu peux me tutoyer si tu le souhaites. Ca rendra le reste de la conversation moins austère."


    Hviskr leva un sourcil. La tournure que prenait cette entrevue piquait sa curiosité. Elle ôta son baudrier et posa sa lance contre un pilier, avant de s'installer sur le siège en face de la sirène. Entre elles, sur le bureau, trônait une fiole richement travaillée.

    - "Dix-huit ans se sont passés depuis la première fois où j'ai eu recours à tes services. Depuis ce jour, j'ai fait appel à toi à de nombreuses reprises, tout particulièrement ces derniers temps. Tu as été une alliée cruciale pour moi, et nous nous devons même mutuellement la vie. J'ai une proposition à te faire aujourd'hui Hviskr. J'y réfléchis depuis longtemps déjà, en partie car pour te l'énoncer, je dois te révéler un certain nombre de choses sur l'organisation que j'ai créée. Choses qui pourraient m'être préjudiciables dans l'éventualité où tu refuserais mon offre. C'est pourquoi, avant toute chose, j'ai besoin de ta parole. Tu es libre de l'accepter ou de la refuser sans aucune conséquence, mais je ne peux te la formuler que si tu t'engages à boire cette potion de perte de mémoire en cas de refus. Tu ne perdras souvenir que de la dernière heure, et si tu dois en arriver là, je te confierai une lettre qui t'expliquera les raisons précises de cette mésaventure. Ai-je ta parole ?"


    Hviskr, méfiante de prime abord, prit quelques secondes pour évaluer la situation. Elle ne faisait d'ordinaire pas confiance à la première venue, mais Perséis et elle avaient un passé, fait de nombreux contrats, de services rendus, et de situations délicates desquelles elles ne s'étaient sorties indemnes que grâce à l'union de leurs talents respectifs. Et tout ça, sans le moindre coup bas, sans qu'elle n'ait jamais essayé de profiter d'elle, chose rare dans son métier. L'ombra était très tentée d'accepter le marché, d'autant plus qu'elle était curieuse, et peut-être déjà un brin intéressée, d'entendre la fameuse proposition.

    - "D'accord. J'accepte, si tu me laisses jeter un coup d'œil à la lettre avant de boire la potion."

    - "Très bien. La première fois où j'ai sollicité tes nombreux talents, j'étais propriétaire d'une échoppe d'alchimie. Il y eut quelques péripéties depuis cette époque, mais, comme tu le sais, il s'agit toujours du cœur de mon activité. Ou du moins d'une partie. Je possède mon échoppe principale, au dessus de nous, dans un quartier huppé de la capitale. Celle-ci est la seule à porter mon nom, car j'y travaille personnellement pour les clients les plus fortunés et les plus exigeants et que je m'y entoure des meilleurs, mais j'en possède d'autres; notamment plusieurs laboratoires disséminés à travers la ville, qui traitent les ingrédients que je choisis, pour en faire soit des potions, soit des précurseurs. Ces potions issues de mes laboratoires sont vendues directement à d'autres établissements, des maisons de jeu, des restaurants, des maisons de charme, et j'en passe, qui ont tous un bénéfice à en tirer. Il s'agit de ma deuxième entreprise. Les précurseurs sont livrés à mes nombreuses boutiques à travers tout Liberty, toutes estampillées "Chez Nessa". Pour une question d'image, mon nom n'y figure pas, et le commun des mortels ignore que cette troisième entreprise m'appartient. Ces boutiques vendent des potions plus rudimentaires, efficaces et d'une qualité correcte, mais très loin de ce que je propose dans mon échoppe. Son avantage, c'est un prix qui défie la concurrence, grâce à des ingrédients issus de l'océan, que la plupart des alchimistes ne connaissent pas, ainsi qu'à des procédés intermédiaires que j'ai mis au point pour augmenter le rendement de chaque ingrédient. Grâce aux précurseurs que mes laboratoires produisent, la création de ces potions est tellement optimisée que je les vends à la moitié du prix de l'alchimiste moyen, pour un résultat identique voire supérieur aux leurs. Elles sont pour ainsi dire à la portée de tout le monde."


    Perséis marqua un temps d'arrêt, autant pour laisser à son interlocutrice le temps d'assimiler ces informations, que pour se préparer à aborder la suite. Elle croisa les mains sur son abdomen et prit une profonde inspiration, avant d'enchainer.

    - "Voici pour la partie légale de mon organisation. Bien évidemment, cela va plus loin. Mes laboratoires ne produisent pas que des potions et des précurseurs, ils produisent aussi diverses substances à l'usage récréatif plus ou moins autorisé. Leur vente ne peut bien entendu se faire par aucune de mes échoppes. En tant qu'alchimiste renommée à Liberty, et étant donné qu'il n'est pas un secret que mes activités dépassent le cadre de la légalité, je suis aussi sollicitée pour divers poisons, souvent à destination du milieu criminel. Pour protéger mes intérêts et ma sécurité, j'ai donc mes propres hommes. J'ai choisi d'utiliser cette force pour mettre la main sur le monde du crime dans certains secteurs. Dans des quartiers fortunés, mais également dans les quartiers moyens où se situent mes échoppes. Chacune d'entre elle est le point central d'une zone d'influence, dans laquelle je régis les activités criminelles, je fournis une protection aux établissements qui acceptent mes services, et j'étouffe la concurrence, que ce soit de mes activités légales ou non, voire de celles de mes alliés. Les moyens sont variés et d'une moralité parfois discutable, mais je pense pouvoir statuer que cela n'est un problème ni pour toi ni pour moi."


    Elle prit de sa main gracile la fiole toujours posée sur son bureau et la fit jouer entre ses doigts.

    - "Bien sûr, toute la sécurité de mon organisation réside sur le secret. Mes recettes sont secrètes, mes procédés de fabrication sont secrets, mes ingrédients sont secrets, certains de mes produits et de mes associations le sont également. Toute mon organisation est découpée et structurée pour le garantir. Aucun employé, de mes laboratoires ou de mes échoppes "Chez Nessa", ne sait précisément avec quoi il travaille. D'autres maillons de l'échelle ont préparés les divers précurseurs qu'ils utilisent pour chaque produit, et en ignorent la composition. Ils ne possèdent que les informations dont ils ont besoin pour effectuer leur propre travail, ce qui me permet de former très rapidement ma propre main d'œuvre, et facilite donc le choix d'éléments loyaux. Et la fidélité est grassement récompensée. Je ne pense pas que l'on puisse construire une loyauté durable par la peur ou la contrainte. Je préfère leur fournir une rémunération qui reflète leur dévouement à ma cause, et garantir leur protection, ainsi qu'une aide adéquate si quoi que ce soit venait à leur arriver, en dehors de leur lieu de travail. La majorité des gens à mon services sont des gens pauvres qui vivaient de très peu, voire de la mendicité. Certains sont même des réfugiés, ou des orphelins. Je leur offre une porte de sortie à la difficulté de leur ancienne vie, en échange de leur loyauté. Il est donc naturel que la trahison soit passible d'une sanction très sévère."


    Elle reposa la fiole devant l'ombra, toujours très à l'écoute.

    - "C'est maintenant qu'on en arrive au sujet principal. Mes activités prennent de l'ampleur, et je suis seule au sommet de l'échelle de toute cette organisation. Mon temps devient trop limité. Tu as été d'une grande aide au fil des années, et je suis convaincue que je peux t'accorder ma confiance. Ta mission serait, tout d'abord, d'assurer ma sécurité et la formation au combat et à tes nombreuses autres compétences, des nouvelles recrues. Tu seras également un intermédiaire entre certains maillons de la chaîne, et moi-même. Tu auras l'autorité de parler en mon nom quand le besoin s'en fera sentir. Tu seras mon bras droit. Et, inutile de le préciser, tu seras gratifiée d'une rétribution correspondant à la position cruciale que tu occuperas. Si tu n'as pas de question, je vais me retirer quelques temps. Je tiens à ce que ta décision, positive comme négative, soit le fruit d'une réflexion suffisante et d'une prise en considération de tous les aspects de ma proposition."


    Perséis se leva et se dirigea vers le mur derrière elle, sur lequel trônait une lance finement ouvragée, mais parfaitement adaptée au combat. Il ne s'agissait pas d'une vulgaire arme de qualité standard, et les matériaux qui la composaient semblaient différents de ceux utilisés d'ordinaire.


    - "Cette lance est une des trois choses que j'ai emmenées avec moi quand j'ai quitté ma terre natale, avec la pierre autour de mon cou, que tu connais déjà, et ce masque sur le bureau. C'est un héritage familial, arrivé en ma possession de manière anticipée, et elle provient vraisemblablement d'une époque où Aquaria n'était pas le champ de ruines qu'elle est aujourd'hui. Si elle te convient, j'aimerais que tu la portes, comme insigne de ton service auprès de moi. Son fer est l'emblème de ma maison ici, à Liberty. Il sera reconnu par ceux qui sont assez importants pour mériter mon attention. Notre attention."


    En finissant sa phrase, elle avança vers Hviskr et lui tendit l'arme.

    - "C'est un fauchard, pas une lance", répondit l'ombra, en l'examinant sous tous les angles. "Mais vu sa qualité, et sa beauté, ce serait un plaisir de la porter en ton nom. L'attention me touche."

    - "Mon domaine est l'alchimie, ton domaine sera le combat", dit-elle avec un petit sourire. "Je suis plus que qualifiée dans le mien, et je suis sûre que tu brilleras dans le tien."

    - "Et qu'est-ce-qui me prouve que tu es aussi douée dans ton domaine que moi dans le mien ?" lui demanda Hviskr d'un ton joueur.

    - "D'ordinaire, je pourrais m'offusquer d'une telle question, mais aujourd'hui est un jour à la franchise. Ma grand-mère était une herboriste de renom là d'où je viens, elle connaissait les secrets des ingrédients, terrestres comme sous-marins. Ma mère était une mage puissante, particulièrement dans les illusions. J'ai beaucoup appris d'elles, et j'ai pratiqué seule plus encore. J'ai toujours été douée pour apprendre... Et si tu as besoin d'une preuve plus concrète, j'ai suivi sept ans du cursus de l'artisanat à Magic. J'ai quitté l'université la veille de l'examen final. Je l'aurais réussi sans encombre, mais les diplômés sont suffisamment rares pour que la République garde un œil sur eux. Et avoir cet œil sur moi nuirait à mes affaires."


    Hviskr désigna le masque abandonné sur le bureau. D'une matière étrange, blanche, il était parcouru de sortes de rides, presque de fissures. Autour des yeux et sur les contours du masque, des aplats de couleurs, certains pourpres, certains violets, mais tous entourés d'un liseré d'or, venaient briser sa monotonie. Il n'y avait rien qui délimitait la bouche, mais les yeux étaient deux orbites vides, d'un noir si profond qu'il semblait surnaturel.

    - "Rassure-moi, ça ne fait pas partie de l'uniforme ?"

    - "Non. Cette vieillerie est un souvenir d'un moment sombre de mon passé. Je le garde pour ne jamais oublier. Lui par contre, je ferais bien de l'oublier un peu plus souvent...
    Mais à propos de mon passé, il y a une dernière chose dont je dois te parler. Je suis originaire d'une région du nom d'Ianeira, assez loin au sud-ouest de Lumina'Ombra. Mon peuple s'est installé là-bas après la destruction de leur précédent foyer, et cette région était particulièrement éloignée du reste de la civilisation, mais riche en ressources sous-marines, dont l'exploitation et l'export font vivre les locaux. Mais qui dit richesse et isolement, dit brigands. La région en est infestée, et la ville principale, éponyme, est quasiment à leur botte. Les petits villages et les exploitations isolées sont pillés. Les convois sont attaqués et dévalisés quotidiennement. Des gens sont tués... Et dans certains cas, des enfants sont enlevés pour être vendus en tant qu'esclaves. Ca a été mon cas, et si je suis là aujourd'hui, je le dois autant à la chance qu'au sacrifice d'une dénommée Nessa. La chance car le navire qui devait nous emmener, Nessa, moi et quelques autres enfants, a été attaqué pendant que nous étions à son bord. A Nessa, parce qu'elle m'a sauvé la vie, ainsi que celle des autres, et que ça lui a couté la sienne. Mais je te conterai son histoire une autre fois. Toujours est-il que les dirigeants locaux, dont mon père, sont faibles et incapables de protéger les leurs. Quand j'aurais amassé assez d'influence, de richesses, ainsi que de sirènes et de tritons sous mes ordres, j'y retournerai, je m'accaparerai Ianeira, et je la gouvernerai comme ils auraient du le faire. Et ce jour, si tu le souhaites, tu seras à la tête de toutes mes opérations ici.
    "


    Sur ces paroles, et en l'absence d'interrogations de la part de Hviskr, la sirène quitta le bureau et disparut dans son laboratoire attenant. Derrière elle, l'ombra, un coude posé sur le bureau, se plongea dans une profonde réflexion, ses yeux jaunes éclatants perdus dans le liquide bleuâtre de la fiole. Perséis n'était pas inquiète. La proposition était alléchante, Hviskr était de celles qui aimaient à avoir une cause à défendre et un entourage avec qui œuvrer. Elle n'avait lu aucune réticence à un quelconque moment de son discours. Ce n'était qu'une question de temps avant qu'elle n'accepte.

    Groupes d'intérêts


    La Pègre: Bien qu'une partie des activités de Perséis soit légale, elle a tout de même mis les pieds dans le domaine de la pègre. Elle cherche à étendre son influence sur certains secteurs bien choisis de Liberty, et ne recule devant aucun moyen pour ça. Elle est également liée à d'autres personnes de ce milieu, en bien ou en mal. Elle a tendance à considérer spontanément toute personne liée à l'esclavagisme comme un ennemi, et ne traite actuellement pas avec le Syndicat.

    Université Magic: Etant elle-même sortie d'un cursus presque complet à l'université, elle garde un œil sur cette dernière. Avoir des contacts avec des experts de certains domaines magiques peut lui être très utile. Par ailleurs, elle finance elle-même les études de personnes au potentiel prometteur, pour en tirer de futures recrues très compétentes.

    Aquaria: La sirène a quitté l'océan pour la République avant le début de la reconstruction d'Aquaria. Elle y voit néanmoins une opportunité d'étendre son influence, que ce soit commerciale, criminelle ou politique, à une nouvelle région en plein essor. Elle n'a pas encore aujourd'hui de projet direct vis-à-vis de cette ville, mais elle reste à l'affût, d'autant plus qu'elle entend un jour diriger sa région natale.



    La Maison d'Oreithye


    L'échoppe principale de Perséis, sobrement nommée "Maison d'Oreithye", se situe en plein centre de Liberty, dans un quartier riche de la ville. Elle se trouve au rez-de-chaussée d'une grande bâtisse, sur laquelle Perséis a, au fil des années, financé de nombreux et imposants travaux. A l'arrière de la boutique, se trouve un vaste laboratoire, utilisé par les alchimistes hautement qualifiés sélectionnée par Perséis elle-même. A l'étage se trouvent ses quartiers "publics", ceux qu'elle utilise pour recevoir la plupart des gens qu'elle doit rencontrer pour affaires. Il s'agit de quartiers assez classiques, confortables, à la décoration élégante et raffinée, où il est tout à fait possible de vivre à temps plein. Ses quartiers réels, toutefois, se trouvent sous la terre.


    Sous la boutique, Perséis a financé la création d'un gigantesque bassin, qui fut rempli d'une eau à la composition très spécifique, identique à celle de sa région d'origine. De nombreux mages de spécialités diverses, majoritairement élémentaires, ont été sollicités pour ces travaux, qui prirent un temps considérable. Par un ingénieux système alliant matériaux réfléchissants et magie, la lumière naturelle se propage, depuis une cour intérieure de la bâtisse, jusque dans le bassin. C'est au cœur de ce dernier qu'ont été construits les quartiers de la sirène.


    Voir l'image ci-dessous, utilisée comme inspiration (par Aleikats)
    Image:

    Réalisés dans la pierre bleue caractéristique de la République, les quartiers prennent la forme de grande pièces, très hautes, construites au milieu même de l'eau. D'immenses parois de verre révèlent une myriade de poissons et autres créatures marines. La nature des espèces animales et végétales choisies a été minutieusement étudiée pour créer un écosystème stable, viable et durable, sans autre apport que celui de la lumière naturelle, quand bien même certains ajustements d'urgence sont parfois nécessaires. Les autres espèces, principalement les carnivores qui décimeraient le reste, sont en réalité des illusions, maintenues presque éternellement par les propriété d'une concoction mise au point par Perséis quelques années auparavant. Il s'agit d'une substance qui, appliquée à des matériaux de construction, est capable de démultiplier le réalisme et la longévité des illusions dans sa sphère d'influence. Cela dit, elle n'a jamais pu l'exploiter car si le produit final offre les effets promis, il a l'effet secondaire dérangeant de dégrader la pierre jusqu'à la réduire en poussière. Seule la pierre bleue de la République semble y résister un tant soit peu, car si elle n'y reste pas insensible, elle se contente de devenir hautement friable. Bien que ça en rende l'utilisation pour la construction impossible, dans le cas très précis de son bassin, il fut possible de l'utiliser comme un revêtement sur ses parois, et donc de profiter de son effet.


    Les différentes pièces communiquent entre elles par des couloirs ordinaires, et comportent toutes un passage permettant de franchir les parois de verre pour rejoindre l'eau, utilisant la même magie que celle qui retient parfois l'eau hors du palais d'Aquaria. Perséis est donc capable de se rendre d'une pièce à l'autre quelque soit sa forme. Plusieurs sorties secrètes ont été prévues pour lui permettre de quitter le complexe en cas d'urgence, et un bureau secondaire doté d'une petite bibliothèque est accessible uniquement via l'eau. Les pièces principales de ce dernier sont les suivantes :

    - un imposant bureau, la première salle à laquelle on accède en arrivant dans ses quartiers par le grand escalier qui mène à l'extérieur, et qui sert de point d'accès à toutes les autres pièces majeures

    - un laboratoire réservé à l'usage exclusif de Perséis

    - une salle de réception

    - la chambre de la sirène


    Toutes les pièces sont richement meublées, en conservant néanmoins une certaine sobriété, et dans des couleurs assez froides. Beaucoup de meubles sont en ébène, un bois que Perséis apprécie particulièrement.


    derrière l'écran

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  • Lun 13 Fév - 18:25
    Aussitôt postée, aussitôt terminée !

    Désolé pour la longueur, je me suis laissé emporter, je l'ai beaucoup allégée mais c'est toujours quelque peu massif...

    Bonne lecture (et bon courage, prévoyez à manger et à boire) !


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  • Mer 15 Fév - 4:20
    Bonjour et bienvenue !

    Une présentation longue, certes, mais que j'ai dévoré avec plaisir. J'ai adoré le personnage que tu a crée, les concepts que tu as mis en place (cette illusion parlante qui n'est que l'inconscient matérialisé de ton perso, c'est du pure génie), la maitrise évidente du lore à travers les quelques détails de ton histoire, l'intelligence de certaines répliques ou choix (comme de ne pas finir ton Cursus car cela attirerait fatalement l'attention). Vraiment, un régal !

    Pour le reste, rien à ajouter. On sent parfaitement que tu as pris ton temps pour créer ton personnage, qui en est déjà à un stade avancé de réflexion. J'ai hâte de rp avec toi, car je sens que nos persos auront beaucoup à partager l'une avec l'autre.

    Sans plus attendre, te voici dès à présent : Validée ! Very Happy


    [Terminé] Perséis d'Oreithye, sirène et entrepreneuse 98e0

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  • Mer 15 Fév - 13:10
    Merci beaucoup ! Je suis ravi que la fiche te plaise, et un peu flatté, d'autant plus que c'est pour ainsi dire ma première expérience sur forum !

    Il y a juste une petite question que j'ai oublié de poser dans le double post : qu'est-ce-que tu penses que je devrais mettre pour son rang ? Elle a quand même une bonne notoriété, puisqu'elle est à la tête d'entreprises assez connues à Liberty, une réputation grandissante dans le milieu du crime, et une certaine fortune amassée au fil des années, mais je ne sais pas si ça mérite un B ou pas.


    Perséis : #6e96af
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  • Mer 15 Fév - 13:39
    Je pense qu'un rang B serait amplement justifié pour le coup.

    Perseis à des moyens, des contacts, une notoriété certaine, une organisation, ... Tout les ingrédients sont réunis, il ne reste plus qu'à asseoir son pouvoir Smile


    [Terminé] Perséis d'Oreithye, sirène et entrepreneuse 98e0

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