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    Histoire de concurrence et de haute couture [PV Narcisse] JvNj4PH
    Gazette des cendres
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  • Jeu 23 Mar - 10:43
    L’odeur du pain frais m’obnubila comme un moustique par une lanterne. Elle venait d’une taverne dans la rue dont l’enseigne m’attira tout particulièrement. Elle était peinte d’arabesques et illustrée de viennoiseries colorées. Ma bouche produisit tant de salive que j’entrai sans bien réfléchir.
    Voilà tout juste une heure que j’étais arrivée dans Justice, et je ne pensais à rien d’autre qu’à remplir mon estomac. Toujours fidèle à moi-même.
    - Bien le bonjour, esquissai-je d’un pas franc, Je suis Tess Paath, écrivaine itinérante et j’aimerais savoir si vous aviez besoin de petites mains dans la journée en échange du couvert ? Je pourrai également chanter pour vos clients les nouvelles d’ici et d’ailleurs à l’heure du repas.
    - C’est bien gentil de te proposer ma p’tite, mais comme tu peux le voir, c’est le calme plat en ce moment… Pas un chat vient dans notre taverne ces derniers jours. J’suis sûr que c’est à cause de c’fumier d’à côté.
    Un homme entre deux âges était venu m’accueillir au comptoir. Il avait les longues oreilles des nobles elfes dont j’apercevais régulièrement la silhouette, mais avec lesquels je n’avais jamais vraiment eu de contact. Il avait une trombine bien sympathique et le ventre légèrement bedonnant de l’homme moyen qui mangeait avec plaisir.
    - Oh, quelle concurrence…
    - J’te l’fais pas dire. J’comprendrais que t’ailles voir ailleurs.
    - Certainement pas, c’est l’odeur de votre pain qui m’a attirée. J’aurais aimé repartir avec une miche.
    - Si c’n’est qu’ça… Alma ! Amène-moi donc une brioche pour la p’tite cliente là !
    - Non, non ! Je n’ai pas de quoi vous le payer, laissez tomber.
    - Tu chantes ? C’est bien ça ? C’est peut-être désespéré, mais tu crois que tu pourrais nous rameuter deux trois clients en nous gratifiant de quequ’zins d’tes vers ?
    - C’est à tenter. Pourquoi pas. En échange je pourrai manger un bon repas ?
    - Au point où j’en suis… Reviens ce soir, le temps qu’on t’aménage une petite place pour jouer et qu’on essaie de communiquer là d’sus. Tiens, c’est un p’tit acompte. Ta bouille toute enthousiaste aura un peu illuminé cette journée pourrie. Pas avoir un seul fessier posé à nos tables de bon matin alors qu'on fait aussi boulangerie ça m'désole.

    Le pain était encore plus délicieux que je ne l’avais présumé.
    Je décidai de faire un tour dans la rue histoire de mieux comprendre la nature de cette concurrence acharnée qui se menait entre les commerçants.
    Ce n’était pas en une journée d’investigation que j’allais y voir plus clair, surtout si je n’osais pas m’aventurer dans les différents établissements en raison de mon apparente pauvreté.
    Les cartes des pubs de ce grand axe n’avaient rien à voir les unes avec les autres. Celle que l’elfe avait pointée du doigt ressemblait légèrement à la sienne à ceci près qu’en plus de présenter pain et autre parfait au chocolat, la salle cadrait dans un thème exotique. Le décor avait fait la différence, et à se décider entre une taverne qui proposait des viennoiseries et… une taverne qui proposait des viennoiseries, les clients avaient vite choisi.

    Je m’installai sur une place pavée jouxtée à un jardin botanique dont me balader avait été bien plaisant. Des plantes du monde entier ornaient ce musée vivant et j’avais passé des heures à répertorier dans mon manuscrit des esquisses et des notes sur ces végétaux communs au Reike ou à Shoumei et si rares ici. Ce jardin regorgeait de serres et de vivariums comme on en voyait peu.
    Je m’impatientai de plus en plus à l’idée que mon tour des terres de la république prît fin et que je m’embarquasse pour d’autres horizons.

    Mon sac n’était pas bien rempli ces derniers jours. Je manquai de réserves de nourriture et ma seule tenue de rechange n’était plus de première jeunesse. J’étais assez peu prévoyante, chaque fois que j’achetai des vêtements, c’était lorsque je devais en jeter d’autres.
    Je n’avais pas bien la place de stocker tout un arsenal de toute façon.
    J’avais besoin d’une nouvelle paire de jumelles, de plus de papier et d’encre, de cordes pour mon sarode.
    Trouver un petit travail d’appoint à Justice devenait vite nécessaire si je voulais repartir sur des bases saines. Ma bourse était tout juste garnie de quoi me faire dormir ici une nuit.

    Une douzaine de personnes étaient tout de même attablées ce soir-là. J’avais chanté les prémices des histoires que j’allais raconter à présent sur la place où je m’étais installée plus tôt. Cette initiative avait suffi d’intéresser un petit nombre de passants à qui j’avais ensuite parlé de ce modeste évènement.
    Peu de clients avaient l’air intéressés par ma future prestation.
    Assise en tailleur, je plaquais de premiers accords pour attirer l’attention comme l’introduction calme aux incidents mouvementés des montagnes qui m’avaient vu vivre mes dernières péripéties. Je laissais les sons fileux du sarode résonner jusqu’à s’estomper au fond de la salle.

    Des rindos calmes dans un havre sauvage
    De la contrebande aveugle de recèle et de braconnage
    « Je me fiche de la couleur de mon argent »
    Me disent de véreux marchands.

    Pendant ce temps Justice sent les fouettards et les belles de jour
    C’est une bulle contre les conflits alentour
    Invité
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    Anonymous
  • Sam 25 Mar - 22:15
    « Tu as eu un rendez-vous à midi, ensuite, nous avons dû nous arrêter pour le repas avec le joaillier pour sertir les pierres sur ta robe danseuse, après ça… Narcisse, tu m’écoutes ? ». Le Lumina se retourna vers son assistante qui tenait son carnet entre ses doigts fins, les yeux ronds. Il ignorait si après tant d’années Mirabel se ferait encore avoir par son visage d’ahuri et son sourire niais. Dans le doute, il choisit de ne pas y faire appel cette fois. Autant garder ses meilleures armes pour de véritables batailles. Passant une main dans sa chevelure ébène pour se gratter le crâne, le couturier laissa son regard errer dans le paysage de Liberty, l’air distrait. « Je.. Non je ne t’ai pas très bien entendue. Il y a beaucoup de bruits parasites dans cette ville, un sacré brouhaha et... ».

    L’Elfe croisa les bras sous sa poitrine, poussant un long soupir d’exaspération. « Si tu veux me mentir, essaie au moins d’être crédible. Quand tu bégaies, ça ne rend pas ton histoire très plausible. ». « Désolé ma puce. J’ai la tête ailleurs ce matin ». Elle fronça les sourcils. « Ne m’appelle pas comme ça. Je ne suis pas une de tes demoiselles qui s’éclipsent au beau matin du manoir en pensant que personne ne les a vues. C’est d’un ridicule. ». À cette pensée, le sourire du Lumina s’élargit considérablement. Les jeunes filles qui passaient la nuit à ses côtés n’osaient que rarement rester pour le petit déjeuner, craignant d’être vues comme ayant des mœurs légères. Ce qui, par ailleurs, n’était pas une tare. « C’est vrai qu’elles font ça. ».

    Mirabel leva les yeux au ciel. « Je te disais, étant donné que tu t’es bien tenu aux derniers rendez-vous, je te laisse l’après-midi libre. Tu peux rester à Justice ou rentrer à Liberty, cela ne me regarde pas. On se revoit…. Dans trois jours. Ne sois pas en retard. Je ne veux pas avoir à venir te chercher dans les deux villes. J’ai autre chose à faire. ». Et après l’avoir gratifié d’un clin d’œil, la jeune femme à la peau hâlée disparut de son champ de vision. Une fois sa comparse partie, le couturier se sentit pousser des ailes. Enfin libre, enfin délesté de sa présence pesante, de ses milliards de parchemins qu’il devait signer, de ses entrevues à la noix durant lesquelles il ne décrochait pas un mot… La vie de célébrité avait parfois du mauvais.

    Narcisse erra d’un point à l’autre de la ville, les mains dans les poches, l’air guilleret. Si Justice n’était pour certains qu’un énorme centre administratif ; ce qui expliquait probablement la préférence de Mirabel pour cette cité ; pour le Lumina, c’était l’occasion d’aller se pavaner devant le lac Rebirth. Chaque fois qu’il passait devant, le couturier se disait qu’il ferait bien d’investir dans une des maisons sur la côte avant qu’elles ne soient toutes prises. Il perdrait le confort d’un hôtel, certes, mais gagnerait un pied à terre prêt à l’accueillir lui et… n’importe qui d’autre, si tant est qu’ils aimaient faire la fête.

    Quand le soleil se coucha enfin sur la ville côtière, le jeune homme se promenait dans les grandes ruelles, hésitant sur l’endroit où il allait bien pouvoir se sustenter. Le nombre d’options présentes étaient gargantuesques, cependant ce n'était pas la nourriture proposée qui le ferait s'arrêter sur une destination plutôt qu'une autre. Non, Narcisse s'intéressait aux loisirs, aux spectacles, a… L'Art. Attiré par une douce sérénade, le jeune homme passa la tête par la porte d'une taverne, observant si cette dernière était visiblement mal famée avant de s'y établir. Un coup d'œil à droite, un coup d'œil à gauche… Une fois sa vérification sommaire terminée, il décida de prendre place en arrière, tentant tant bien que mal ne pas attirer l'attention. C'était une bien pitoyable manœuvre étant donné sa nature de Lumina et sa renommée. Il s'installa confortablement et ferma les yeux, bougeant sa tête sur le rythme de la musique.

    Quand cette dernière se termina, il se leva et s'exclama, frappant dans ses mains énergiquement. « C’est fantastique, quel talent, je n'en reviens pas ! Mademoiselle, vous êtes absolument incroyable. ». Devant le contraste entre sa propre réaction et celle de l'assemblée, Narcisse afficha une mine déconfite. « Ouvrez les yeux, enfin ! Et vos bourses, que diable. ». Plongeant sa main dans sa sacoche, le couturier en sortit une poignée de pièces d'or et les déposa devant la barde. « J'adorerais vous parler après votre représentation. Prenez le temps, surtout, concentrez-vous. Je vous attendrai. ». Et il retourna à sa place en sautillant sur ses pieds, les yeux aussi brillants que ceux d'un enfant à l'ouverture de ses cadeaux d'anniversaire, impatient de pouvoir s'entretenir avec la jeune fille.
    Invité
    Invité
    Anonymous
  • Dim 26 Mar - 17:33
    Mais,
    Non, Justice aveugle
    Je sais que tu te montres réactive
    Et ta justice corrosive.
    Tes hommes réagissent vite quand on beugle.

    Pendant ce temps Alma et Idriss cuisent un pain si bon
    Et nous le savourons sachant les braconniers en prison.

    J’avais davantage composé pour mon instrument que pour le chant. C’était une bien étrange décision dictée par la nature des accords que j’avais écrits. Cette chanson servait plus de requiem que de réelle complainte, marquée comme je l’avais été par la mort du rindo. Avoir passé une nuit au chevet de ce majestueux animal m’avait inspiré quelque chose de plus solennel, et ainsi naquirent de courtes pensées à la vocation d'appuyer de longues notes à l’écho fuyant.

    Lorsque la dernière vibration s’étouffa dans la tension de la salle, je me réveillai de mon état d’esprit sous les applaudissements plus qu’enthousiastes d’un auditeur qui n’était pas tant occupé à manger qu’à m’écouter. Comme un clair-obscur voué à perturber son spectateur, le fringuant jeune homme à qui ma mélopée avait parlé incita les autres clients à donner également de leur personne.
    Comme j’écarquillai des yeux, surprise par l’élan de générosité du donateur, je ne pus refréner un :
    - C’est bien trop, monsieur !
    S’élevèrent dans un même temps quelques murmures convaincus dans lesquels se croisaient des « oui, c’était pas mal. » et des « Un certain talent cette petite. », tous entremêlés par les tintements de quelques pièces d’argent et de cuivre qui s’ajoutèrent aux dorées de l’admirateur.

    Ceux-là semblèrent envoutés par l’aura de cet homme à l’origine sociale sans doute aisée. Il paraissait émettre de la lumière de lui-même, et dans les recoins sombres de l’établissement cet effet très inhabituel était d’autant plus frappant. Je reconnaissais en lui une apparente beauté dominée par une chevelure à la couleur et à la douceur visuelle parfaite. Ses yeux comme des émeraudes pétillaient d’un plaisir dont je fus bien incapable de juger de la sincérité. Ce débordement de ferveur était totalement inattendu.
    Un lumina.
    J’aurais été une bien piètre aspirante autrice d’encyclopédie d’être passée à côté de cet état de fait.
    Et un lumina si bien habillé ne pouvait être autre que Narcisse, un célèbre couturier de Liberty dont il était difficile de louper la notoriété. J’avais d’ores et déjà entendu parler de lui, aux détours d’auberges et de lieux publics où se mêlaient toutes classes sociales aux conversations colorées par les capacités de leur portefeuille.
    Si sa ligne était du même acabit que les étoffes qu’il revêtait, je ne pouvais que comprendre d’où il tirait pareille réputation.

    Bon sang de bois, venai-je vraiment de me faire applaudir par une telle personnalité ?
    Voilà de quoi donner un bon coup de pouce à cette taverne.

    Et à moi surtout. Cet homme était une mine d’information à lui tout seul. Tout chez lui pouvait passer à la moulinette de mon manuscrit. Et des chansons, par ma barbe inexistante ! Des pléthores d’histoires s’écrivaient sans effors.

    Comme je m’emballais.
    - Mais bien entendu, l’honneur que vous me faites est bien trop grand pour me voir le refuser. Voilà une insulte gratuite dont personne ne voudrait être témoin ici., répondis-je pour m’émerger moi-même de mes pensées qui ne m’avaient laissé écouter que la moitié de ses paroles à mon encontre.
    Sa présence crevait bien trop les yeux. Si le simple grouillot de basse extraction sans ni terres ni héritage que j’étais connaissait le nom de ce visiteur inattendu, alors le moindre des pécores assit dans cette taverne aussi. Les clients semblèrent cependant de bonne tenue et personne ne vint étouffer de palabres et de mondanités maladroites le lumina. Les différences sociales avaient parfois comme étranges caractéristiques de créer de la distance. Certains le gratifièrent toutefois de quelques menus compliments et marques d’admiration, mais il n’eut pas de débordement.

    Ma prestation ne dura guerre qu’une heure et demie et j’avais épuisé une bonne partie de mes compositions hommages à mon dernier périple.
    Je n’avais pas chanté dans le même esprit qui m’avait guidé lors de mes premiers quatrains tant l’inspiration que m’évoquait ma future entrevue me fit voyager. C’étaient d’autres conditions qui alimentaient ma voix et mes doigts, et davantage de ferveur et d’allégresse animaient ma musique.

    Mes récits prirent fin sous des applaudissements touts relatifs, mais les clins d’œil des tenanciers communiquèrent une chaleur qui m’avait pleinement satisfaite.
    - Allez gamine, tu l’as bien mérité, exulta l’elfe en marchant vers Narcisse, mange tant que c’est chaud, j’imagine que tu va t’attabler avec notre invité ?
    - Merci beaucoup, monsieur Idriss. Ça sent merveilleusement bon.
    Et tout en m’assaillant guidée par la faim qui hurla qu’on la calmât, je m’enthousiasmais à l’égard du couturier :
    - Quel bonheur de se faire inviter ainsi, n’est-ce pas ?, lançai-je d’un air complice au jeune homme qui s’était fait lui aussi gracieusement offrir son repas, Alors, que puis-je faire pour vous ?
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    Invité
    Anonymous
  • Mer 29 Mar - 18:54
    Qu’il était bon de pouvoir apprécier l’art dans sa nature la plus pure, la plus désintéressée. La musicienne maniait son instrument à la perfection, son chant, comparable à celui des oiseaux qui réveillaient le jeune homme au petit matin, s’accordait parfaitement à sa douce mélopée. Le couturier observait la demoiselle à la peau hâlée, les yeux pétillants d’une admiration non feinte. Après tout, il ne cherchait pas à cacher son engouement pour les jeunes talents, complètement survolté par la possibilité de dénicher une future célébrité. Il se voyait déjà l’inviter aux grands événements auxquels il se faisait traîner de force. Un peu de couleur, un peu de joie et de musique au beau milieu de ce monde froid et terne, que diable. Était-ce si difficile de trouver quelqu’un qui voulait autant profiter de ce que la vie avait à offrir que lui ?

    Durant toute la représentation, le Lumina secoua la tête de gauche à droite, tapa des doigts doucement sur le rebord de sa table en poids et donna de légers coups de talon dans le plancher en suivant le rythme imposé par l’inconnue qu’il venait d’importuner. Comme à son habitude, il vint signer quelques autographes, discuta avec le patron de la taverne, dépensant une somme faramineuse en tournées générales, faisant monter la température dans les lieux, attrapant la main de ceux qui peinaient à tenir debout pour les guider jusqu’à une chaise comme le gentleman qu’il était, bien évidemment. L’aubergiste le regardait les yeux écarquillés. Les individus de sa notoriété ne mettaient jamais les pieds dans son établissement, alors y passer la soirée entière, n’en parlons même pas. Ce soir, la belle Tess avait recouvert son instrument de chance liquide, il ne voyait aucune autre possibilité.

    Quand elle eut enfin terminé, Narcisse se leva à nouveau, provoquant un tonnerre d’applaudissements. La soirée était belle, chaude, mouvementée, tout ce que le Lumina demandait à l’univers. Il voulait se noyer dans l’oisiveté, oublier Mirabel qui l’attendait au manoir les mains remplies de paperasse, se lancer dans de fous plans irréalisables. Il s’apprêtait par ailleurs à faire une proposition qui ne se refusait point. « C’est toujours très agréable de se faire inviter, c’est bien vrai. ». Il la gratifia d’un sourire charmeur, puis l’invita à manger. « Je vous en prie, allez-y. N’attendez pas, votre performance a dû vous creuser l’appétit. ».

    La taverne se vida lentement du monde qui l’occupait, laissant régner un silence tandis que le duo se sustentait. Entre deux bouchées, le couturier reposa sa fourchette et s’essuya la bouche. « Je ne me suis même pas présenté. Quel goujat je fais. ». Il lui tendit la main, et une fois qu’il eut la sienne, il vint y déposer un doux baiser. « Je m’appelle Narcisse. Probablement votre fan numéro Un à l’heure qu’il est. ». Il lui fit un clin d’œil. « Si vous me permettez de voler ce titre, évidemment. Je vous promets que je n’en ferais rien de honteux. ». Puis il s’affala un peu plus sur sa chaise, étirant ses bras sur les accoudoirs à la peinture écaillée. « J’aimerais vous proposer quelque chose, mademoiselle. Je suis couturier, à ce titre, il m’arrive fréquemment de me rendre à des événements… ». Il roula des yeux, passablement agacé rien qu’à l’idée d’y retourner.

    « À défaut de mots plus corrects, je me contenterais d’ennuyeux. Des défilés de mes collections, alors que je les ai déjà vues mille fois… Enfin, je ne comprends pas pourquoi ma présence est indispensable mais … ». Il s’arrêta dans son propre monologue pour se reprendre. « Tout ça pour dire. Je ne sais pas si vous êtes du genre à prendre des commissions, ou si vous préférez votre vie de vagabonde, ou encore si je suis totalement à côté de la plaque et que vous travaillez pour cet aubergiste. Néanmoins, j’aimerais vous demander si vous envisageriez de venir jouer à certaines réceptions. ». Il se racla la gorge. « Pour jouer. Je suis sûr que vous enflammeriez les scènes. ». Puis, il laissa un rire sincère s’échapper de ses lèvres. « Évidemment, vous seriez grassement payée. À moins que vous ne recherchiez autre chose que la richesse, ce que je peux tout à fait comprendre. ». Narcisse planta son regard dans le sien, prenant un air plus sérieux. « Après tout, la liberté n’a pas de prix. ».
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  • Jeu 30 Mar - 0:20
    Si Narcisse, grand couturier parmi les grands me permettait de me jeter sur mon repas, alors je n’allais pas me faire prier.
    Les délices étaient là, mes papilles les accueillirent comme des graines pour des oisillons. C’était le repas fort frugal d’un poulet mariné au citron et d’un riz parfumé cuit dans les règles de l’art. Pour ce qu’il m’était donné de profiter de ma basse extraction, c’était d’une folie enivrante.
    La bière était bonne, le repas était bon, et je me gaussais de l’avoir payé de ma voix.
    - Je me régale ! lâchai-je entre deux mastications.
    Je parlais la bouche pleine, quelle horreur ! La nourriture avait le don de me faire m’oublier. J’avalais aussi vite que je le pusse, dans le bruit et la mimique fort ostentatoire de l’idiote qui se pressait trop.
    - Veuillez m’excuser.
    J’étais aussi rouge que mon teint de peau me le permettait.

    - Je ne me suis même pas présenté.
    Une chaleur vive me brûla les joues et le front dans une confusion qui me court-circuita lorsqu’il baisa ma main. Quelle drôle de façon de saluer ! Devais-je en faire de même ? Non… Bien sûr, je n’étais pas demeurée… n’est-ce pas ? C’était plus la marque habituelle d’un traitement d’un homme envers la gent féminine… mais en être gratifiée, c’était bien la dernière chose à laquelle je pouvais m’attendre. Les membres de la haute société avaient de bien affétées manières qui avaient quelque chose de flatteur.
    - Quel goujat je fais. Je m’appelle Narcisse. Probablement votre fan numéro Un à l’heure qu’il est. Si vous me permettez de voler ce titre, évidemment. Je vous promets que je n’en ferais rien de honteux.
    - N-ne vous en blâmez pas, bégayai-je malgré moi, je ne me suis même pas présentée non plus. Tess Paath pour vous servir.
    Je me fustigeais encore de mon manquement aux bonnes manières.
    - Et-et puis, poursuivis-je, j’avais déjà une bonne intuition de qui vous étiez. Je ne vois pas de problème avec ce titre duquel vous vous autoproclamez, je n’ai jamais connu personne de si sensible à mon expression lyrique. Je dois avouer être grandement flattée.
    Narcisse se mit davantage à l’aise avant de reprendre le fil de la conversation :
    - J’aimerais vous proposer quelque chose, mademoiselle. Je suis couturier, à ce titre, il m’arrive fréquemment de me rendre à des événements…

    Il m’expliqua plus longuement la nature de son offre et je l’écoutais embourbée dans un millier de pensées qui m’assaillaient dans un même temps. Je me perdais partout. Dans les odeurs de la taverne, dans les boiseries et la charpente décorées d’affiches, dans les yeux sincères de l'artisan, dans ses fines lèvres qui s’animaient de joies et de sourires assassins. Je ne savais pas bien où allait se terminer cette entrevue, mais tout dans l’essence de Narcisse, l’un des lumina les plus célèbres de la république, me hurlaient à quel point il était redoutable dans le monde des affaires. Il était terriblement convaincant.
    L’excitation du moment me faisait fléchir comme une adolescente prête à laisser son humble famille derrière elle pour épouser la vie de princesse.
    - Eh bien, voici une proposition qui donne à réfléchir… répondis-je, comme secouée par un instant de lucidité, Malheureusement, j’ai un objectif qui risque d’entrer en concurrence avec une telle carrière.
    « Et des défilés ? »
    Me dis-je. L’art de cet homme m’apparaissait des plus saisissants, mais j’ignorais bien si l’univers de la haute couture me saillait. J’étais d’une personnalité rustre bien que parfumée d’ascendants lyriques, et il me fallait bien d’efforts mentaux pour ne pas balancer à voix haute la moindre des pensées qui me traversaient l’esprit.
    Aussi doutais-je de ma capacité à me fondre dans une telle société, et davantage à ma légitimité à y poser le pied. J’ignorais bien comment de riches commerçants et héritiers pouvaient percevoir la pécore de base venue les divertir de ses guenilles et de sa culture du bas peuple, avec un seul mécène comme crédit.

    - Cela me plairait énormément, je ne mentirais pas. Pas tant pour l’argent ou la notoriété, que par plaisir de mettre ma sensibilité au profit d’un événement, ou par plaisir d’illustrer, d’embellir, et de rehausser l’expérience esthétique de potentiels spectateurs.
    Je fis une courte pause, le temps de manger une autre bouchée. Voilà quelques instants que j’avais délaissé mon repas.
    - Voyez-vous, j’ambitionne d'écrire une encyclopédie. Et pour cela, j’ai besoin de voyager. Je doute que ce genre de contraintes vous plaise. J’ai certes toute une vie devant moi pour accomplir ce dessein, mais il s’agit de l’aspiration qui m’exalte le plus. J’ignore à quelle fréquence vous auriez le désir de faire appel à moi, et je n’oserais pas prétendre à être plus occupée que vous ne puissiez l’être.
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  • Lun 17 Avr - 18:15
    Avalant une énième bouchée de son repas, Narcisse observait la jeune demoiselle nommée Tess Paath. Un bien joli sobriquet pour une demoiselle au charme sauvage qui ne le laissait guère indifférent. Néanmoins il ne s’y tenterait pas. La barde était bien trop jeune à son goût, et il doutait franchement de l’utilité de la séduire. Pour une fois, sa demande était claire, sans aucune ambiguité. Il avait été subjugué par son talent et ne désirait pas la laisser s’échapper sans apporter sa pierre à l’édifice. Un air suffisant sur le visage, il parcourut la tenue de son interlocutrice, se demandant ce qui l’avait amenée à se vêtir ainsi, surtout pour une représentation. Il était loin, si loin de s’imaginer que la majeure partie de la population ne choisissait pas réellement ses vêtements par plaisir esthétique mais par nécessité. Une vie dans l’oisiveté et la richesse qui le rendait paradoxalement très sot sur certains sujets.


    Comme on aurait pu s’en douter, le Lumina n’était pas réellement habitué à ce que ses avances ou ses propositions ne fassent pas mouche. Narcisse était un enfant gâté à qui tout réussissait, dont le succès était un enchaînement de chance et de travail qui ne lui appartenait guère. Sans Mirabel, il ne serait pas à un dixième de la popularité qu’il possédait actuellement. Aussi étrange que cela puisse paraître, il en était bel et bien au courant, même si cette simple information ne suffisait pas à étouffer son égo surdimensionné. Triturant sa nourriture dans son assiette sans l’interrompre, le jeune homme la laissa s’expliquer sur les raisons de son potentiel refus. Potentiel, car il croyait suffisamment en son pouvoir de persuasion pour la faire changer d’avis. Ainsi, en plus d’être une cantatrice de talent, Tess se passionnait pour l’écriture. Décidément, elle était pleine de surprises.


    « Non, non, je comprends parfaitement. Vous êtes jeune et libre, vous avez tout à fait raison de vouloir vous émanciper. ». Sa main vint rabattre sa chevelure ébène en arrière. « L’objectif de ma demande n’était absolument pas de vous enchaîner, mademoiselle Paath. ». Il se redressa, posant ses coudes sur la table une fois son assiette débarrassée, l’ayant englouti à une vitesse folle. Les mets des tavernes miteuses avaient un goût inhabituel, presque addictif. « Je serais un bien piètre invité de vous forcer à vous représenter, à compliquer votre agenda que j’imagine bien rempli. ». Déconnecté de la réalité, Narcisse ne se rendait pas compte des bêtises qu’il alignait, du respect immense qu’il donnait à l’artiste qui se trouvait en face de lui. Si un autre noble passait dans le coin, il n’aurait pas manqué de lui rire au visage. Fort heureusement, le couturier n’était pas n’importe quel noble et son innocence lui permettait de traiter avec tout le monde, peu importe le rang social d’origine.


    Attrapant sa serviette pour s’essuyer la bouche il poursuivit, parlant autant avec ses lèvres qu’avec ses mains. « Ce que je peux vous proposer, c’est de venir me rencontrer quand vous en avez l’occasion. Vous n’êtes pas la seule à voyager. Il arrive fréquemment que je me retrouve au Reike, ici en République ou jusqu’à Melorn. Voyez-vous, ma présence n’est indispensable nulle part, pourtant je suis ballotté d’un endroit à l’autre. ». Après plus de mille ans d’existence, Narcisse semblait être lassé de voir du pays. « Je ne compte pas vous courir après, ce genre de comportement ferait de moi un bien mauvais gentleman. Toutefois, si vous entendez parler d’un défilé auquel je serais présent, je vous en prie... ».


    Il approcha ses mains des siennes, les prenant délicatement, s’assurant de son consentement d’un signe de tête avant de procéder. « Venez, entrez. Jouez de la musique si vous le désirez. Ce n’est pas tous les jours que je rencontre une artiste aussi talentueuse, hors de question de laisser un joyau ternir dans l’ombre. ». Le moins que l’on puisse dire, c’est que le Lumina n’était pas avare en compliments. Se penchant à nouveau en arrière, il se mit à réfléchir, faisant carburer son cerveau à toute vitesse. « Et si vous me permettez de poser la question… Une encyclopédie, sur quoi ? Qu’est-ce qui vous passionne, dame Paath ? Qu’est-ce qui se trame dans cet esprit ingénieux ? Racontez-moi, si ce n’est pas indiscret. ». Un large sourire sur le visage, loin de se préoccuper de ce que le monde extérieur pouvait bien penser de leur échange, Narcisse profitait de cette incartade dans son quotidien bien rangé.
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  • Jeu 20 Avr - 15:56
    Des tas d’images me traversaient l’esprit. J’entrevoyais la grandeur, une grandeur fantasmée, sous toutes les coutures ouvragée des mains de Narcisse. Floues, des scènes tachetées d’or et de soies tentaient de prendre forme dans mon imagination un poil impertinente. Je songeais aux mets raffinés, aux boissons sophistiquées, et aux discussions éduquées que ma voix et mes doigts allaient peut-être m’offrir.
    Comme un rêve enfantin.

    Je n’étais pas bien au fait de mon réel sens artistique, ni même de sa propension à pouvoir ou non marquer l’histoire. Mon recul tout relatif me criait à la tête que je n’avais pas ma place aux côtés de grands compositeurs ou de grands poètes. Comment s’envisager digne successeur de vos plus éminents inspirateurs ? Nous étions tous des idiots à l’œil transpercé de poutres. Nous nous comparions avec une obsession malsaine aux noms les plus majeurs de nos domaines de compétences de prédilection alors que le petit acteur au talent moindre savait très bien toucher du doigt le succès. Et il le méritait. Il méritait d’être apprécié comme je goûtais ce modeste plat de taverne sans prétention avec tant d’enthousiasme.
    C’était l’avidité qui pêchait. Nous étions tous envieux de frôler le Soleil.

    Et j’étais faible face à la flatterie. S’il suffisait que mes anciens professeurs à l’école me couvrissent d’éloges lorsque j’eusse reçu mon diplôme pour me faire décoller de la réalité, alors imaginons cinq secondes ce que pouvaient provoquer en moi les compliments d’un personnage si célèbre et si éduqué ?

    J’étais ailleurs.
    J’étais dans une vision de réussite qui me gonflait d’un orgueil trop prématuré. La fausse modestie, c’était pas mon truc, et garder les pieds sur terre encore moins.
    - Ce que je peux vous proposer, c’est de venir me rencontrer quand vous en avez l’occasion. Vous n’êtes pas la seule à voyager. Il arrive fréquemment que je me retrouve au Reike, ici en République ou jusqu’à Melorn. Voyez-vous, ma présence n’est indispensable nulle part, pourtant je suis ballotté d’un endroit à l’autre. Je ne compte pas vous courir après, ce genre de comportement ferait de moi un bien mauvais gentleman. Toutefois, si vous entendez parler d’un défilé auquel je serais présent, je vous en prie...
    Je n’avais aucune stupide raison de refuser. Ses arguments avaient fusé avec tant d’humilité et de compromission que j'aurais été insensée de laisser passer l’opportunité qu’il me donnait.
    - J’en serais ravie dans ce cas.
    C’était surtout que lorsqu’il tendit ses mains pour prendre les miennes, ma gêne pour répondre aux marques de courtoisie du Lumina m’avait poussée à détourner l’attention de mon malaise en portant haut et fort mon verdict quant à sa proposition.

    - Venez, entrez. Jouez de la musique si vous le désirez. Ce n’est pas tous les jours que je rencontre une artiste aussi talentueuse, hors de question de laisser un joyau ternir dans l’ombre.
    Encore des compliments, que de danger pour mon égo et le travail que j’avais à fournir sur ma pratique de la poésie et de la composition ! Bientôt, j’allais être de ceux qui se reposeraient sur leur laurier, croyant à tort n’avoir plus que de broutilles à apprendre sur la vie.
    Un sourire idiot était né sur ma bouche et ne partirait qu’après une autre douloureuse confrontation à un recueil de poèmes écrit par un compère bien plus renommé et habile de la plume.

    - Et si vous me permettez de poser la question… Une encyclopédie, sur quoi ? Qu’est-ce qui vous passionne, dame Paath ? Qu’est-ce qui se trame dans cet esprit ingénieux ? Racontez-moi, si ce n’est pas indiscret.
    - Une encyclopédie générale, répondis-je le plus simplement du monde. Sur l’univers, sur le Sekai, sur sa faune et sa flore, sur les traditions des peuples qui l’habitent, sur son histoire, ses religions et sa physique, ses grands noms, les corps de métiers… En somme, c’est un projet bien vaste et ambitieux qui ne saura satisfaire l’érudit qui veut se faire la main sur son expertise. Je n’ai pas beaucoup de coauteurs, si ce ne sont que les quelques connaissances que j’ai eu l’honneur de faire dans mes voyages, des âmes qui m’auront prêté de leurs savoirs pour enrichir ma table des matières. Je vois ce future ouvrage davantage comme un objet de collection que les amateurs pourront utiliser pour s’ouvrir des portes vers les domaines particuliers.

    Pour l’instant, mon manuscrit n’avait ni queue ni tête. J’avais des pages et des pages de sujets qui se mélangeaient à d’autres, des croquis d’oiseau qui côtoyaient en vrac des plans de métiers à tisser et autre scie circulaire.
    Je devais penser à prendre une journée pour classer tout cela.
    - Je serais d’ailleurs ravie que vous soyez l’un de mes consultants. Votre esprit doit regorger de connaissances sur l’histoire de la couture.
    Je regardais ma bière se vider et le repas fini de Narcisse repoussé un peu plus loin de lui sur la table
    - Et si nous allions en discuter dehors, histoire de prendre l’air ? Vous pourriez m’en dire plus sur les défilés à venir et je pourrais voir pour m’y produire prochainement. Encore une fois, c’est un honneur que vous me faites.

    Il faisait bon malgré l’avancée de la soirée. Le Soleil était déjà couché et une lune roussie culminait pas plus haute que les collines au loin.
    La vie à Justice était loin de s’être éteinte, et entre les cris des enfants qui jouaient dans les rues et des clients des différentes tavernes du coin, je me sentais à ma place, baignée dans le quotidien grouillant de la basse population qui le soir jouissait des bonheurs que leur existence peinait à ressentir la journée.
    Sauf que ma routine de voyageuse était remplie en toute heure de ces petits plaisirs fugaces.
    - Il y a des jardins magnifiques à voir dans cette ville.
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  • Mer 3 Mai - 0:59
    À l’approbation de la barde, Narcisse se frotta les mains de satisfaction. La convaincre avait été chose aisée, néanmoins il se réjouissait de chaque victoire, celle-ci peut-être même encore plus. Au-delà du plaisir de l’accueillir lors de ses défilés, imaginer le visage de Mirabel face à cette inconnue qui s’incrusterait là où elle le désire le rendait guilleret. Ce qu’il n’aurait pas fait pour enquiquiner sa directrice administrative, pour voir ses cheveux se hérisser sur son crâne tel un chat en pétard prêt à bondir sur sa proie. De plus, le couturier se complaisait à créer des contrats sans queue ni tête, des accords qui n’existaient que dans les esprits des concernés. Quand bien même, il ne comptait pas revenir sur ses paroles, il était toujours appréciable de garder un œil sur ses compagnons de route et sur la valeur qu’ils accordaient aux mots qu’ils prononçaient, à leur façon de s’exprimer et leur degré d’implication dans les discussions. La jeune Tess n’était encore qu’une inconnue, pourtant le Lumina sentit qu’à ses côtés, il aurait plus d’une fois l’occasion de s’amuser, et c’était après tout ce qu’il recherchait. Un peu de lumière et de légèreté dans ce monde de rustre.


    La tête posée dans sa main droite, il observait les mimiques de la musicienne avec amusement, devinant qu’elle n’était guère habituée à recevoir autant de compliments. Quel gâchis. Pourquoi se priver de flatteries alors qu’elles lui venaient si simplement ? Peu avare en louanges, Narcisse se délectait du sourire de fierté qu’elle arborait, de son égo qu’il venait caresser du bout des doigts. Sa main glissa dans la sienne, la secouant avec entrain tandis que son esprit s’immisçait dans le sien, dansant avec ses pensées agilement. Le cœur de la barde était rempli d’hésitations, d’appréhensions qui semblaient disparaître face au couturier, mais qu’il sentait toujours sous la surface. Elle avait besoin de passer une belle soirée, d’oublier le quotidien éreintant qui était le sien, à courir d’un bout à l’autre pour récolter les informations nécessaires à la rédaction de son encyclopédie. Pour être tout à fait honnête, le sujet n’intéressait guère le couturier, qui aurait hoché la tête avec autant d’intensité si Tess avait déclaré dédier sa vie au mode de vie des limaces. C’était sa passion qui l’exaltait, qui le poussait encore et encore dans ses retranchements. Après tout, qu’était la vie sans excentricité ?


    Se reculant de quelques centimètres pour s’affaler en arrière sur sa chaise en étirant ses bras, il reprit enfin le cours de la conversation. « Vous avez la folie des grandeurs, chère barde. Ça me plaît. ». Il la gratifia d’un clin d’œil taquin avant de poursuivre, n’usant pour l’heure pas de ses pouvoirs de séduction. Attirer la musicienne dans ses draps fut plus que tentant à ses yeux, néanmoins il se résigna assez vite. Ne jamais s’enticher d’une future collaboratrice, au risque de la voir mettre à feu et à sang un de ses défilés. Du vécu ? Probablement. « C’est le projet de toute une vie, vous n’en verrez jamais le bout. Je ne dis pas ça pour vous décourager, bien au contraire. Vous aurez toujours quelque chose à découvrir, à rajouter dans vos écrits. Je vous envierai presque, mademoiselle Paath. ». Faisant tourner son verre entre ses doigts, sentant l’ennui qui commençait doucement à le gagner, il reporta son attention sur la jeune femme lorsqu’elle lui proposa de devenir consultant. Un sourire narquois sur le visage, le Lumina acquiesça. « Quel honneur. Si je peux vous apporter quoi que ce soit, mademoiselle, je n’hésiterais pas. ». L’histoire de la couture… Quel baratin, quel spleen mortel. « Je pourrais vous renseigner à ce sujet, en effet, mais je ne pense pas que ce soit très intéressant. Je préfère penser au futur. Ce qui a été fait auparavant ne m’intéresse guère. Les anciennes techniques sont aujourd’hui bonnes à jeter, il faut vivre avec son temps. ». Il haussa les épaules, terminant sa bière au goût un peu trop prononcé pour lui. « Mais je pense que du haut de mes mille deux ans, j’aurais deux trois anecdotes qui pourraient vous intéresser. ».


    Une vie de débauche, de fêtes en tous genres, passant du confident de la plus belle des sirènes au goujat kidnappé pour la troisième fois de la semaine, Narcisse avait de quoi ravir la musicienne, si tant est que ce genre d’histoire l’intéressait. Emboîtant le pas de Tess après avoir déposé un pourboire plus que généreux sur la table en bois, il plongea ses mains dans les poches de son manteau si grand qu’il traînait sur le sol, passant l’embrasure de la porte de la taverne après l’avoir ouverte pour laisser passer la demoiselle par galanterie. Se plaçant à sa droite, Narcisse observa les alentours avec curiosité, n’ayant jamais l’occasion de se promener au beau milieu de la populace, s’arrêtant à plusieurs reprises pour s’incliner devant quelques admirateurs et admiratrices par politesse. Se balader avec un individu de sa notoriété ne serait pas de tout repos pour la barde qui l’accompagnait, et il la rattrapa plus d’une fois au pas de course en s’excusant. Ses oreilles furent attirées par la musique entraînante qui sortait d’un cabaret non loin des jardins qu’ils approchaient à présent dangereusement. Réprimant son envie profonde d’y entrer, il vint saisir la main de Tess, l’attirant avec tendresse vers lui. « Vous dansez, Tess ? Si je peux vous appeler par votre prénom, évidemment. ». Et sans attendre sa réponse, saisissant son poignet, il la fit tourner sur elle-même, laissant échapper un petit rire en voyant la gêne ou la surprise s'installer sur son visage. « Désolé, c’était trop tentant. Vous devriez sourire un peu plus, ça vous va à ravir. ».
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  • Sam 6 Mai - 17:13
    - C’est le projet de toute une vie, vous n’en verrez jamais le bout. Je ne dis pas ça pour vous décourager, bien au contraire. Vous aurez toujours quelque chose à découvrir, à rajouter dans vos écrits. Je vous envierai presque, mademoiselle Paath.
    C’était exactement ce moteur-là qui me motivait. Prendre une retraite où couler des jours paisibles en sédentaire m’effrayait bien trop. Je rêvais de léguer mon manuscrit à ma mort à une personne de confiance qui pourrait le faire éditer. Ce ne devait pas être bien compliqué. Ma vie était infiniment plus courte que celle de la plupart des créatures humanoïdes existantes et le lien que je pourrais tisser avec n’importe laquelle d’entre elles ne serait qu’un grain dans le sablier du temps qu’il leur resterait à vivre. C’était comme si un ami devait tenir la promesse de faire éditer mon manuscrit dans un mois.

    C'était très amusant de voir Narcisse être interrompu à chaque coin de rue. Sa manière d’accueillir puis d’éconduire les gens à chaque fois me paraissait à la fois inventive et d’une politesse tout enjouée. Les artistes revêtaient toujours leur propre pointe d’excentricité qu’il était ludique de découvrir. Je n’avais pas eu le temps de m’en lasser qu’un autre élément perturbateur vînt chambouler le cours de cette balade qui n’avait rien de banal.
    Un éclat de rire m’échappa alors qu’il me fit tournoyer aux pulsations de la musique entrainante du cabaret juste à côté. Je ne m’attendais pas à ce que sa proposition se fût si illustrée, et j’étais plus que ravie de partager un moment d’expression corporelle avec cet homme qui me semblait plus que qualifié pour combler nos besoins respectifs de profiter de la danse.
    J’aurais été une bien piètre musicienne de ne même pas être capable d’aligner quelques pas rythmés.

    Le lumina était un personnage qui m’apparaissait de plus en plus intéressant. J’avais l’impression de faire face à un artiste dont la façon de se nourrir de l’univers l’entourant se faisait à une tout autre strate de la mienne. Il piochait çà et là dans des éléments spatiaux et temporels et se jouait de ses interactions avec les inconnus, les sons et les parfums à sa portée pour en ressortir des phrases, des actes et des sourires aux couleurs chaudes et avenantes. Je m’amusais à l’imaginer en plein processus de création. Ses collections jaillissaient-elles tout droit de cette extravagance et de cette façon de métaboliser chaque petite parcelle de son quotidien ?
    J’avais tout à apprendre de lui. Son personnage était une sorte d’extension d’être qu’il utilisait pour se rendre la vie plus chatoyante. Il était l’illustration parfaite du créateur qui se servait de sa propre existence comme d’une toile de fond, comme une manière de transformer tout ce qu’il lui était donné de ressentir en un pinceau, un pigment ou un tracé à la fois vif et court, à la fois précis et empâté.
    - J’adore danser.

    Je ne connaissais pas bien les chorégraphies traditionnelles exécutées dans les hautes sphères de la société. Tout ce que j’avais pour moi, c’était cette manifestation profonde qui me poussait du fond de mes tripes à me calquer sur le débordement des émotions que j’éprouvais. Comme embrumée d’alcool et – bien souvent – par les accords de mon sarode, je laissais mes jambes et mes épaules se torsader dans une expression à la fois simple et ondulante, concédant toujours à mes partenaires la possibilité de se manifester eux aussi sans créer de césure.
    - C’est extrêmement satisfaisant d’avoir un partenaire aussi extraverti que vous, Narcisse. Je suppose que je peux aussi vous appeler par votre prénom ? Danser avec vous est très amusant et n’a rien de stressant.
    Dans un cabaret comme celui-là, je n’avais pas peur que ma présence ne détonnât ou que ma danse parût déconvenir. Tous les clients ici étaient dans un même état de libre expression que nous, et de toute façon, intrinsèquement, l’établissement ne donnait pas lieu à quelconque règle de tenue ou d’étiquette.
    - Alors, si ce n’est pas indiscret, qu’est-ce qui vous amène à Justice ? Enchainai-je tout en commandant deux verres au comptoir.
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  • Mar 23 Mai - 17:30
    Un sourire narquois jusqu’aux oreilles, Narcisse contemplait les effets de sa petite incartade auprès de la barde qui lui rendait bien. Tess était un véritable bol d’air frais dans un quotidien morne et ennuyeux et le couturier souffrait d’un symptôme bien connu : celui de ne jamais se satisfaire de ce que l’on a. Complètement déconnecté de la réalité, il ne saisissait pas sa chance, il ne comprenait tout simplement pas comment les autres pouvaient jouir d’une pareille quiétude, d’une vie sans embûches, d’une.. famille. Car lui n’en avait jamais eu, étant né adulte. Oh des maîtresses il en possédait des dizaines, néanmoins cela n’avait rien de comparable avec la chaleur d’un foyer. Tout du moins c’est ce qu’il imaginait, ce qu’il entendait. Ce qui se rapprochait le plus d’un lien filial se trouvait être son assistante, à laquelle il ne voulait pas penser à l’instant T. Elle lui accordait un tant soit peu de liberté, il aurait été bien sot de ne pas en profiter, aussi il secoua la tête pour en sortir ces pensées sordides. Un peu de fraîcheur, une coupure dans ses habitudes bien ordonnées qu’il abhorrait. C’est ainsi qu’il pouvait résumer la présence de la musicienne à ses cotés.


    Ses yeux plongés dans les siens, l’entraînant en se dandinant pour passer l’embrasure de la porte du cabaret qui l’attirait indéniablement, le Lumina détendit les muscles de ses épaules bien trop tendues à son goût. Une fois à l’intérieur, il ne put se retenir de taper sur le plancher du pied droit, suivant le rythme endiablé du groupe de musiciens installés sur la scène principale. Son regard s’y attarda, plus particulièrement sur les instruments, sur les cuivres qui menaient la danse avec aisance, sur la chanteuse dont la voix bondissait d’un ton à l’autre, ses cheveux bouclés bruns se balançant au creux de ses reins sous ses impulsions déjantées. Reportant son attention sur sa rencontre du jour, il lui emboîta le pas vers le bar avant de s’y accouder également, secouant toujours la tête sur le rythme, ses mèches ébènes gigotant de droite à gauche. « Evidemment, vous pouvez m’appeler Narcisse. On ne me connaît pas autrement ! ». Parcourant les options disposées sur les étagères en verre à sa hauteur, le couturier prit quelques secondes pour faire son choix avant de se diriger vers un des whiskys les plus chers proposés. Pas qu’il en connaisse particulièrement le goût, simplement par curiosité.


    « D’ailleurs, je ne vois aucun intérêt à continuer à se vouvoyer. Alors si vous n’y voyez aucun inconvénient… Peut-être que le tutoiement serait plus approprié ? ». Attendant son accord pour poursuivre, il attrapa le verre qui venait de lui être servi et vint y tremper ses lèvres, des flashs de lumière tapant sur sa cape de plumes dans son dos. « La danse ne devrait jamais être stressante. C’est une des formes d’expressions que je préfère. N’écoute jamais ceux qui te disent qu’il y a des règles, des tempos à respecter. Je sais qu’en tant que musicienne, ce genre de propos doit te donner de l’urticaire, mais je ne crois pas aux restrictions quand on parle de créativité. Je ne serais jamais arrivé là où je suis aujourd’hui en me tenant aux limites et aux barrières érigées par mes prédecesseurs. ». Dans un sens, il sentait que Tess serait de son avis. Tout chez la demoiselle respirait la joie de vivre, la liberté dans son état le plus sauvage, une retenue qui ne demandait qu’à s’affranchir de ses chaînes. Quant à la raison de sa venue à Justice…


    « J’avais un client à rencontrer. Mon travail me demande de venir à la rencontre des personnalités qui… disons le clairement, peuvent se permettre de payer mon déplacement. Si je devais me promener dans tout le Sekai pour rencontrer n’importe qui, je n’en aurais pas terminé. ». Il leva un sourcil, réalisant qu’il avait peut-être franchi une ligne de trop dans sa familiarité soudaine. « Je n’ai rien contre le voyage, ou contre la populace qui ne peut se fournir chez Maison Luminescence, que ce soit clair entre nous Tess. J’espère que je ne t’ai pas offensée. C’est juste que... ». Un long soupir s’échappa de ses lèvres ainsi qu’une douce fragrance d’alcool alors que ce dernier se diffusait tranquillement dans ses veines. « J’aimerais pouvoir choisir le sentier que j’emprunte, les personnes que je rencontre. Plus précisément, j’apprécie les situations comme les nôtres, le hasard qui fait bien les choses. ». Il la gratifia à nouveau d’un sourire, pivotant sur lui-même pour observer les autres clients du cabaret eux aussi en pleine conversation. Dans un endroit pareil, paradoxalement, Narcisse se plaisait à passer plutôt inaperçu.


    Cela n’empêcha guère quelques curieux de venir quémander son attention, qu’il leur accorda à petite dose, bien plus concentré sur la barde qui se délectait de sa propre boisson à son rythme. « Je n’ai pas assez de temps pour m’amuser, alors que je vis de mon art. C’est une belle ironie. Enfin, je n’ai aucune raison de me plaindre, si ce n'est Mirabel. ». Reprenant la main de sa partenaire, il l’invita à la rejoindre sur la piste de danse improvisée devant la scène, parlant soudainement beaucoup plus fort pour se faire entendre au-dessus de la musique. « Et toi, Tess ? Tu vis à Justice, où tu es seulement de passage pour te faire connaître un petit peu ? Au besoin, je serais ravi de financer tes futurs voyages. J’ai bien conscience que la vie de baroudeuse a ses avantages mais rien ne vaut un bon lit douillet à la fin de la journée. ». Il rapprocha son corps du sien, plaçant sa main sous son menton pour saisir son regard, comptant sur cette proximité comme une promesse d'honnêteté. « En échange, je veux qu’un jour tu m’emmènes avec toi, voguer au gré du vent dans le Sekai, te suivre dans tes tournées. Sans prévenir mon assistante évidemment, sinon c’est moins amusant. ».
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  • Sam 24 Juin - 10:55
    - Oh non, je ne vis pas à Justice, je viens d'un petit village pas loin de Courage. Mais je ne vis nulle part, je n'ai ni maison ni terrain à proprement parler. Ma maison, c'est plutôt ce sac que j'ai sur le dos et que j'emporte partout avec moi.
    Je buvais une pleine lampée et l'écoutais s'enthousiasmer de peut-être me suivre comme l'expression de la fuite d'une vie trop formelle.
    - Le quotidien de voyageur est un quotidien sans attaches. C’est un quotidien duquel il faut se tenir prêt à tout lâcher pour partir du jour au lendemain. Sinon, jamais on ne poursuit sa route. On s’installe pour toujours. On est séduit face au confort, face à la bienveillance de l’habitant. Face à son quotidien paisible et bouleversé d'aléas sans prétention. Il faut s'en aller avant d’être lassé.
    C’était une rare tentation chez moi. Elle me prenait souvent dans les tout petits villages dans les campagnes profondes. Dans les milieux où l’agitation quotidienne n’avait pas sa place et où la difficulté des tâches ne permettait pas au cerveau de s’ennuyer d’avoir tout appris des charmes des lieux-dits. Mais lorsque mon manuscrit n’avait plus rien à se mettre sous la dent, alors que je m’étais déjà fait de précieux amis, et avant même que je n’eusse envie de découvrir de nouvelles choses, je savais quand je devais faire mes adieux.

    - Je serais ravie d'avoir quelque compagnon d’aventure ponctuellement. J'espère juste pour toi que quitter tes responsabilités pendant des semaines voir des mois ne risque pas de te poser problème. Je ne sais jamais de quoi est fait mon prochain voyage. Il m'emmène peut-être à un endroit que je ne comptais pas arpenter, mais mon cœur quelquefois m'incite à poursuivre vers ces reliefs que j'observe au loin au détriment de ma cible première. Aussi, les escales peuvent être longues et il peut être facile de se perdre dans la richesse de ce qu’ils ont à me proposer. Tantôt, je partais en exploration dans une grotte ou une forêt pendant des semaines. À combien d’occasions me suis-je perdue à conduire mes recherches sur telles et telles traditions ou tels et tels animaux à la vie et biologie complexe...?
    Et ce n'était là que les quelques premiers imprévus d'une interminable liste non exhaustive. J’avais un nombre incalculable de fois eu des difficultés à trouver où dormir. Et pas seulement dans une quelconque auberge qui refusait de me donner du travail en échange du gîte ! Parfois, c’étaient les reliefs qui m’empêchaient de poser convenablement ma tente, ou les bêtes, trop hostiles à la présence humaine qui me poussaient à poursuivre ma route à la nuit tombée.
    - Et puis, je n'ai pas encore vu d'autres territoires que la République, mais je sens que ce n'est plus qu'une question de mois avant que je ne décide à me lancer vers de nouveaux horizons. Il faut le dire aussi, la République est un endroit plein de curiosités. Comme peut-être chaque zone du Sekai. Alors peut-être que ces prochains voyages où tu te risqueras à me suivre seront bien plus longs et contraignants que ce à quoi nous pourrions nous attendre.
    Voilà que ma bouche se faisait les pales d'un moulin à parole. Je devins rouge de honte et m'excusais par mille formules d'avoir monopolisé l'instant et d'avoir ralenti le rythme de l'expression de notre appréciation de la musique.

    Je buvais encore une grande gorgée et écoutais les chansons entrainantes accompagnées de cuivres et de sombres accords qui saillaient à l'image des jupons des danseuses, à l'odeur forte des whiskys, à la charpante et la décoration barriolées des lieux.
    Cette ambiance était commune à ce genre d'établissement, mais diablement efficace.
    Narcisse était visiblement débordant de curiosité. Il était un esprit libre qui ne demandait qu’à sauter de routine en routine. Je n’avais pas la moindre idée des compétences qu’il pourrait arborer dans un voyage qui réclamait beaucoup d’autonomie. Cela dit, pour un personnage de sa caste, son franc parlé et son apparente façon de penser me laissaient très optimiste quant à sa débrouillardise et ses capacités d’adaptation.
    Je me permettais à nouveau quelques formules imbibés d’autant d’insistance que d’une alcoolémie qui devenait significative :
    - Je reste dans les parages encore quelque temps. N’hésite pas à me relancer ta proposition si le cœur t’en dit, et surtout, quand tu auras le temps. Je serais bien curieuse de voir où un voyage avec toi pourrait nous mener. Je suis ouverte à ce que tu choisisses pour nous une destination.

    Et alors que je fis signe pour commander encore une bière, de mots assurés, mais balbutiants, je fis la requête à la belle serveuse que je ne prendrais qu’un demi. J’avais bien envie d’étirer cette soirée sur le fil cahoteux qu’apportait la boisson. À chaque lampée, elle avait le don d’amplifier chacun de mes rires et de mes engouements, mais je savais mesurer mes limites. Si je buvais plus, j’allais vite redescendre de mon petit nuage et me rendre honteuse d’une élocution désastreuse. Je n’étais même plus sûre de pouvoir correctement jouer du sarode en l’état.
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  • Mar 8 Aoû - 15:49
    Un sourire narquois étirant ses traits fins, l’Elfe se sentait étrangement proche de la barde, quand bien même leur relation venait à peine de commencer. Tout dans cette rencontre était différent, singulier. Narcisse n’entretenait que des balbutiements d’amitiés, son assistante insistant pour qu’il reste méfiant quant aux potentiels intéressés. Lui n’en avait cure. Si on voulait profiter de lui, de sa présence, de sa notoriété, de sa richesse, qu’on le fasse ! Il fallait bien que tout ceci serve à quelque chose. Que son existence mène à quelque chose de plus grand que lui-même, quand bien même la tache s’avérait ardue. On ne développait pas un empire de la couture pareil sans avoir un égo surdimensionné et fort heureusement, le jeune homme avait conscience de ce vilain défaut. Ce qui ne l’empêchait guère d’oublier le fait que beaucoup vivaient sans le sou, complètement déconnecté de la réalité qui aurait brisé son âme. « Je dois reconnaître que je suis sous le charme du confort de la ville. Tout est si facile, si proche. Liberty est une cité dont je dois encore apprendre, et à laquelle j’ai tant à offrir. ». Il fit une pause pour savourer sa boisson, jetant des coups d’œils discrets à la bière que Tess descendait à un rythme de croisière. « La spontanéité est une qualité que je ne retrouve que chez peu de gens, à mon grand désarroi. J’aurais eu tendance à penser que les voyageurs sont naturellement en phase avec ce genre d’attitudes, mais crois-le ou non, j’ai déjà rencontré nombreux vagabonds avec un plan détaillé de leurs aventures. ». Il se souvenait encore de la liste interminable de lieux à visiter de la dernière élémentaire qui avait croisé sa route, rien que penser à l’établir lui donnait des maux de crânes.


    « Je te comprends. Une fois sur ma lancée j’ai du mal à m’arrêter et je finis souvent avec un résultat complètement différent de ce que je recherchais à la base. ». Un petit rire s’échappa de l’entre ouverture de ses lèvres. « Le nombre de fois ou je suis censé travailler sur des robes cintrées avec une coupe sirène et que je termine sur des costumes… La créativité a aussi peu de limites que la curiosité, toi qui es un parfait mélange des deux tu ne peux que me comprendre. ». Une pointe de jalousie au fond de ses yeux émeraude, le jeune homme toisait la vagabonde, considérant ses options durant quelques secondes avant de hausser les épaules. « Techniquement, non. Je ne suis pas censé pouvoir me défaire de mes responsabilités durant quelques mois. Pour autant, ce serait te mentir que te dire que ce n’est jamais arrivé. Au delà des vacances planifiées que je suis obligé de m’accorder au risque de me faire gronder comme un enfant par mon assistante, je suis déjà parti en vadrouille sans prévenir qui que ce soit. ». Il savoura une gorgée de son vin après l’avoir fait tourner dans son verre. « Mon travail me demande souvent de voyager, à contre-coeur, à ce titre je me suis déjà promené sur les terres de l’empire du Reike, mais si tu veux mon avis... ». Il se pencha en avant, arrivant tout près de son oreille. « Melorn est la plus belle cité qui puisse exister et n'a rien à envier à qui que ce soit, elle bat à plates coutures la République et le Reike. ». Il se redressa en la gratifiant d’un sourire étincelant. « Je suis parfaitement objectif, bien évidemment. J’aimerais y retourner bientôt, constater les derniers changements mis e npla. Ma vie est à Liberty depuis quelques centaines d’années, mais j’imagine qu’on n’oublie jamais véritablement ses origines. ».


    Il pivota sur lui-même, observant la foule qui s’amassait de plus en plus dans le cabaret au fur et à mesure que la soirée avançait. Bientôt, l’endroit serait complètement plein, ce qui n’était pas pour lui déplaire. « Loin de moi l’idée de t’enchaîner Tess, au risque de me répéter. Mais je ne manquerais pas de venir te quérir quand le poids des responsabilités deviendra trop lourd sur mes épaules. Ou tout simplement quand je me serais lassé, car je ne suis pas dupe, rien n’est éternel. » Son regard glissa du haut de son crâne jusqu’à ses pieds et il prit son menton entre son index et son pouce. « Je te préparerais un petit quelque chose pour notre prochaine rencontre. Je ne vais pas te gâcher la surprise et j’ignore quand cela se produira. Si ta vie de baroudeuse te convient à merveilles, elle n’est pas très pratique pour t’envoyer quoi que ce soit ! Nous verrons en temps et en heure, pour l’instant... ». Il se redressa sur son tabouret, tendant une bourse remplie de pièces d’or au tenancier avant de s’exclamer. « Tournée générale ! ». Sous l’euphorie qui suivit ses mots, Narcisse ne put s’empêcher de rire. Il était à sa place, au milieu de gens heureux, d’un bonheur incommensurable qui ne connaîtrait jamais de fin. Il déposa une petite tape dans le dos de Tess. « Merci pour ce moment. Ce n’est pas souvent que je croise des esprits aussi doux que le tien. ». Puis il lui tendit son verre afin de les faire tinter ensemble. « A nous, Tess Paath. A ta réussite, que je vois déjà dépasser la mienne. ».
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