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  • Mer 26 Avr - 20:45
    L’habitude des cas particuliers… Dahlia leva à peine les yeux de sa boisson, hochant vaguement la tête en approbation. Le mal qui l’accablait était surprenant, c’est le moins que l’on puisse dire. Néanmoins, sa cause devait bien moins l’être. Dans un monde aussi cruel que celui-ci, la dépression s’attaquait à chacun un jour où l’autre. La Fae n’aurait pas daigné dire que les riches en étaient exempts. Elle avait compris à fortiori que l’argent n’apportait pas nécessairement le bonheur. Après tout, ses plus belles années, ses souvenirs les plus chers trempaient dans une pauvreté édifiante. Une époque où la seule question qu’elle se posait était de savoir ce qu’elle allait manger le soir. Une enfance et une innocence qui lui manquait cruellement aujourd’hui, et qu’elle ne pourrait jamais retrouver. Une fatalité qu’elle acceptait malgré toute la peine que cela lui causait.


    « M.. Merci.  Pour les élixirs, et pour votre service. ». Dire que le doute l’habitait concernant l’efficacité des remèdes qui allaient lui être prodigués aurait été un euphémisme. Dans son état, Dahlia n’accordait plus sa confiance à qui que ce soit, considérant son cas comme complètement désespéré. Alors pourquoi s’acharnait-elle à trouver une façon de dompter sa magie ou de la mettre en cage indéfiniment ? Pour la directrice il aurait été plus sage de se demander pour qui. Pour son établissement, pour ses enfants, pour son personnel, pour ses proches qu’elle craignait de perdre d’une seconde à l’autre. Pour tout le monde sauf elle au final. La seule personne qui ne comptait pas à ses yeux, dont elle se serait bien débarrassée si l’occasion lui était donnée. Même pour mettre fin à ses jours, Dahlia se qualifiait de profonde incapable. Peut-être qu’au fond d’elle, bien enfoui sous tous ses traumatismes et toutes ses peurs, l’envie de vivre subsistait, minuscule étincelle dans le noir complet.


    Elle redressa enfin la tête lorsque le nom de la cité elfique sortit de la bouche de Nineveh. Elle aurait dû s’y attendre, les Elfes aimant vivre en communauté, cela n’avait rien de surprenant. Pourtant, la simple notion de Melorn faisait naître dans la Fae un sentiment de béatitude, mêlé à la mélancolie qui prenait définitivement ses aises dans son esprit. Le rouge vint doucement colorer ses joues au petit passage de l'élu de son cœur dans ses pensées. « J.. J’aime beaucoup Melorn. Vous avez beaucoup de chance de vivre là-bas. ». Ce n’était pas tant la ville qui lui plaisait mais un de ceux qui y résidait. Une des principales causes de son malheur, quand bien même elle ne l’admettrait jamais. Il était loin, si loin. Comme tous les autres. Nineveh faisait son bout de chemin, vagabondant dans le Sekai, soignant ceux qui en avaient besoin. Une véritable bonne samaritaine que Dahlia jalousait profondément. « Enfin, vivre là-bas… Si vous voyagez beaucoup, j’imagine que c’est un grand mot. J'aimerais énormément m'y installer... un jour, peut-être. ». Venant remuer son chocolat chaud avec sa cuillère, laissant le petit tintement contre la porcelaine la faire revenir à la réalité, elle poursuivit.


    « J’ai rarement quitté la République. Je n’aime pas m’absenter de l’orphelinat. Quand je m’éloigne, je ne fais que penser à ce qui se passe ici alors… Autant rester dans les parages. ». Une balance personnel-professionnel bien peu équilibrée. Elle montra une porte à sa droite du bout du doigt. « Ma chambre est juste ici. Je n’ai pas voulu me loger à Liberty alors que je peux le faire ici, les prix sont… exorbitants, c’est le terme. J’espère que j’ai réussi à donner un aspect un peu plus chaleureux à cet établissement. Je m’y efforce. ». En dehors de sa façade lugubre, l’orphelinat se différenciait considérablement de son prédécesseur. Quelques touches de couleurs, du mobilier adapté… Parfois, un peu d’imagination suffisait à créer la différence. Son regard vint errer vers une des fenêtres, observant un oiseau perché sur une branche de l’arbre juste devant ses quartiers. Dahlia enviait la liberté sans jamais s’y projeter, casanière de nature.


    « Merci pour votre recommandation. Je ne connais Kaizoku que de nom, malheureusement. ». Et les mots de la République envers ce lieu étaient plus que durs. « Pour votre prochain arrêt… C’est sans doute moins paradisiaque, mais la réserve faunique offre également un beau spectacle et un cadre plaisant. Je m’y suis rendue l’été dernier, mes premières vacances depuis... ». Elle s’arrêta pour compter sur les doigts d’une de ses mains. « Cent cinquante ans, je crois. Le temps passe vite. ». Difficile de dire à la médecin que le but de ce voyage était à la base de ne jamais en revenir, de se jeter dans le lac Rebirth et de s’y laisser dépérir. L’ambiance était pour l’heure au beau fixe, autant que cela dure. « J’y retournerais peut-être un jour, qui sait. Ce n’est pas très loin, alors si vous avez l’occasion d’y faire un tour. ». Penchant sa tasse en avant pour se délecter des dernières gouttes de son chocolat chaud, la Fae ferma les yeux quelques secondes. Elle avait besoin d’une pause que jamais, elle ne s’octroierait, et ces instants de sérénité ne dureraient pas. La colère était enfin passée et malgré la méfiance, Dahlia commençait lentement à s'ouvrir à Nineveh. « Méfiez-vous juste des créatures qui y rodent. On ne sait jamais vraiment sur quoi on tombe, et si vous êtes aussi armée que je le suis, une catastrophe est vite arrivée. Heureusement pour moi, je n'étais pas seule. ».
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  • Jeu 27 Avr - 12:58
    « Je songerais à la réserve faunique pour mes prochaines vacances. Une balade dans les bois me fera le plus grand bien. Pour les créatures hostiles qui y vivent… J’imagine qu’avant d’y aller, je réviserai mes cours de magie élémentaire, j’ai grand besoin de pratiquer de nouveau si je veux pouvoir me défendre seule. » Autrement qu’en éperonnant son cheval et en le faisant galoper jusqu’à avoir distancé la menace, cela va de soi.

    La magie élémentaire de foudre et des cours d’escrimes : elle est rouillée dans les deux et il est impératif qu’elle se remette à niveau si elle veut pouvoir assurer sa propre défense. En particulier après certains épisodes particulièrement chaotiques qu’elle a pu vivre récemment.

    « Il est difficile de s’installer à Melorn, mais loin d’être impossible, en particulier quand on jouit d’une longue espérance de vie. C’est un projet qui se prépare, si vous avez pu tenir l’orphelinat pendant des siècles, nul doute que vous arriverez à émigrer à Melorn si l’occasion se présente. » Elle a un coup d’œil vers la porte qui mène à sa chambre : comme beaucoup de responsable d’orphelinat ou d’école, elle vit sur les lieux de son travail. Il faut bien cela pour tenir en permanence les enfants et les éduquer. « L’immobilier est affreusement cher. C’est l’une des raisons pour lesquelles je loge chez l’habitant à intervalle régulier, ça, les granges et les auberges quand il faut que je sois présentable. Le revers de la médaille. » C’est-à-dire, lorsqu’elle arrive en ville.

    Une elfe ne va pas se présenter avec du foin dans les cheveux tout de même. C’est la vie de baroudeuse, même si elle n’est pas la meilleure, elle ne changerait pas, pour rien au monde. Mais… Nineveh a surtout un doute, une petite curiosité mal placée qui est techniquement une infraction au secret médical : Khalez a mentionné une fäe, se pourrait-il que ? Non, statistiquement c’est impossible.
    Il n’aurait pas besoin d’une potion de métamorphose pour que la différence de gabarit…
    Si ?
    Il cacherait bien son jeu (et avec difficulté surtout).

    « La réserve faunique n’est pas de tout repos, des descriptions que vous et d’autres ont pu m’en faire. Si j’y vais, j’hésite beaucoup à me faire accompagner même si je suis au niveau en termes de protection : je ne suis pas très enthousiaste à l’idée de me battre seule contre les êtres de la forêt. Mais, vous étiez accompagnée la dernière fois. Ce devait être un chevalier doué dans les armes vu ce que vous me racontez. Il était à la hauteur de la tâche je présume. » Demande Nineveh d’un air un peu taquin, plus pour la conversation et par curiosité, que besoin de savoir.
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  • Dim 30 Avr - 14:41
    Dahlia écoutait distraitement la médecin, se laissant aller dans des pensées plus douces, plus légères. Elle qui se tenait sur la défensive, hostile à l’idée de se confier à une inconnue, commençait progressivement à s’ouvrir face aux paroles de Nineveh. Sans doute savait-elle y faire après tant d’années d’expérience. La Fae souffrait de problèmes mentaux conséquents, elle n’en restait pas moins un être brisé, prêt à s’accrocher à la moindre étincelle d’espoir qui passait dans son sillage. De plus, le fait que l’Elfe n’ait guère insisté pour qu’elle se confie, la mettait considérablement en confiance. Une méthode de manipulation somme toute classique, si son interlocutrice lui avait voulu le moindre mal. Dans sa vulnérabilité, la directrice baissait les armes. Après tout, si leur discussion tournait au vinaigre, elle disposait de plus d’un moyen de s’en sortir indemne.

    « Vous faites de la magie élémentaire ? ». Ses yeux se mirent à pétiller, le souvenir de Neera jaillissant de sa mémoire. « C’est fascinant. Je n’ai jamais réussi à manier un seul élément correctement. ». Probablement aussi parce qu’elle ne faisait preuve d’aucune patience lors de ses entraînements. Dahlia faisait partie de cette catégorie de personnes qui détestait perdre. Si elle commençait quelque chose, elle devait être excellente dès le premier jour.  Si ce n’était pas le cas, alors cela n’en valait pas la peine. Conséquences d’un manque d’estime de soi flagrant, son impatience lui coûtait bien des surprises. « Je ne vais pas vous apprendre qu’à Melorn, les étrangers ne sont pas réellement bien vus. Je le comprends tout à fait, après tout… ». Elle baissa les yeux. « Il paraît que les Faes vivent de la même manière, en communautés restreintes. Je ne pourrais le confirmer, je n’ai jamais rencontré ne serait-ce qu’un seul congénère. ». Le désavantage d’avoir eu une famille ostracisée, perdue dans les forêts de la République. Elle espérait un jour pouvoir rencontrer une autre Fae, par pure curiosité, peut-être se sentirait-elle moins seule.


    « Si vous êtes de passage à Liberty et que vous ne savez pas où aller, n’hésitez pas à demander le logis ici. ». Une expression maladroite de sa profonde gratitude envers la première femme qui l’écoutait sans la dénigrer, sans minimiser son expérience, sans tenter de la convaincre du contraire. Nineveh osait lui dire la vérité en face, quand bien même celle-ci était terriblement douloureuse. « Ce n’est pas le grand luxe, je le conçois, mais c’est sans doute mieux qu’une grange. ». La Fae ne s’attendait pas réellement à ce que la demoiselle accepte. Il s’agissait d’une proposition relativement surprenante venant de sa part, néanmoins elle espérait être prise au sérieux. L’orphelinat ouvrait ses portes à tous, veuves, orphelins, âmes perdues. Une médecin, qu’elle soit en déplacement professionnel ou non, aurait toujours sa place dans son établissement. « Je ferais en sorte que les enfants ne vous dérangent pas. ».


    Et à sa grande surprise, Nineveh revint sur la réserve faunique, s’interrogeant sur la nécessité de se faire accompagner. L’endroit était magnifique, mais dangereux, Dahlia étant d’avis qu’il fallait mieux prévenir que guérir pour ce genre d’excursions. Les souvenirs de ses dernières vacances commencèrent à lui revenir à l’esprit, son long voyage à la recherche d’un coin isolé où elle pourrait mettre fin à ses jours sans qu’on ne la retrouve, son arrivée sur la plage, sa rencontre avec le Tokage qu’elle pensait agressif et surtout… « Oh, pour être honnête avec vous, je n’avais absolument pas conscience du danger. » Ou plutôt, elle se fichait bien de ce qui pouvait lui arriver étant donné la finalité qu’elle visait. « Je suis partie seule, j’ai vagabondé pendant plusieurs jours avant d’arriver sur la plage. Une fois là-bas, je me suis assoupie et j’ai été réveillée par une grande créature, une sorte de lézard géant. Je me suis enfuie et c’est là que je suis tombée sur mon sauveur. ». Pour la première fois depuis leur rencontre, un sourire sincère et doux naquit sur ses traits qui reprenaient peu à peu des couleurs.


    « Largement à la hauteur de la tâche. Au final, il a même réussi à se défaire de la créature sans la blesser. Probablement parce que le lézard ne me voulait pas de mal. Je n’ai jamais été très bonne pour interpréter les signes. ». Elle dut se retenir de rire en se souvenant qu’elle l’avait confondu momentanément avec un braconnier. Poussant sa tasse sur un coin de la table, Dahlia se réinstalla confortablement dans son fauteuil, la discussion la mettant considérablement à l’aise. « J’aimerais vous dire que j’espère que vous aurez la même chance que moi, la réalité étant que vous feriez mieux de prévoir votre voyage et de vous faire accompagner. On ne peut pas toujours être sauvé par le gong. ». Elle vint poser sa tête dans sa main droite, guillerette, se demandant ce que Khalez pouvait bien faire de ses journées depuis leur dernière rencontre. Si la directrice avait pu manier la nature, sans doute que de petites fleurs seraient apparues dans ses cheveux tant l’ambiance avait changé du tout au tout. « Je n’avais jamais rencontré un orc aussi doux et attentionné. Les préjugés ont la vie dure. ».
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  • Mar 2 Mai - 19:27
    « Je faisais de la magie élémentaire. » Corrige Nineveh. « Cela va faire bien longtemps que je n’ai pas pratiqué et j’ai perdu en compétence, bien malheureusement. Fût un temps où j’arrivais à foudroyer hors de l’existence un loup. Mais… Des décennies à ne pas pratiquer ont pris leur dû et aujourd’hui, j’ai tout oublié de mon art, bien malheureusement. »

    Quant à Melorn… Il y a la théorie et la pratique. Nul doute qu’il est difficile pour un étranger d’y être admis, mais il y a des avantages à être le loup blanc dans une meute noire. Enfin, elle doit déjà accepter la proposition que lui fait la directrice de l’orphelinat : il est vrai que dormir dans un vrai lit, avec un vrai repas, sur une vraie chaise et une vraie table, est beaucoup plus agréable que la vie à la belle étoile.

    « Je ne serais pas contre une chambre pour la durée de mon séjour ici s’il devait se prolonger oui. Je vous en remercie. Les enfants ne me dérangeront guère : si j’arrive à dormir par une nuit d’orage, l’activité d’un orphelinat ne devrait guère m’incommoder. »

    Mais surtout, alors qu’elle écoute les paroles de Dahlia…
    Un orc ?
    Un orc tout vert ?
    Avec les grosses dents ?
    Une fäe et un orc en couple, c’est comme… C’est comme un scalpel qui devrait tailler dans un éléphant : la différence de gabarit est stupéfiante. Ce ne serait quand même pas… Non, si ? Peut-être ! Il n’empêche que, Dahlia est une femme bien constituée et bien faite, Khalez aurait des goûts tout à fait normaux s’il s’agit bien de lui qui courtise mademoiselle.
    Enfin, un elfe avec des gouts un peu bizarres. Un orc et une fäe, ce n’est pas exactement la paire la plus commode ou la plus commune. Pour être tout à fait honnête, le combo elfe – triton semble à la docteur aussi étrange, voire un peu plus.
    Au moins, Dahlia et Khalez ont la possibilité de mener une vie de couple à peu près normale d’un point de vue physiologique.

    « Un orc doux et attentionné ? J’ai eu pas mal d’orcs qui sont passés sur ma table d’opération et j’en connais seulement une poignée qui répondent à ce critère. Il devait être une perle rare. » Khalez. « En particulier en République, ils sont rares. D’ordinaire ce sont plutôt des mercenaires, même si j’ai rencontré bien d’autres professions, dont certaines assez surprenantes. » Mais le secret médical lui interdit d’aller plus loin, elle n’est pas censée parler de ses patients.

    Elle est songeuse, elle aussi, elle a eu son homme.

    « J’ai eu la même surprise avec un triton, je l’aurais imaginé plus… Volatil, mais au final c’était quelqu’un d’assez froid en apparence, très calme, avec un cœur en or. Je regrette de ne plus le voir. Vous parlez toujours à monsieur du coup ? »
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  • Dim 7 Mai - 21:05
    Confortablement installée dans son fauteuil, perdant presque le fil de la discussion, Dahlia en venait à oublier la raison de la venue de Nineveh. Elle qui était d’ordinaire si méfiante s’ouvrait étrangement à la conversation, se plaisant dans cet échange futile qui lui changeait de son quotidien morne et terne. La présence de l’Elfe était tout à fait rafraichissante si on mettait de côté le fait qu’elle venait d’analyser la directrice en long, en large et en travers pour déterminer l’origine de ses maux terrifiants. Elle en vint même à se réjouir de voir la médecin accepter sa proposition de loger à l’orphelinat lors de ses déplacements. Un changement de ton bienvenu, mais considérablement intriguant. Une chance que la Fae n’ait guère envie de s’éterniser à comprendre d’où cette soudaine confiance lui vient, mettant la faute sur ses émotions qui l’épuisent à longueur de journée, la rendant plus vulnérable.


    « Ce n’est pas tant le bruit que le fait que s’ils remarquent une inconnue dans l’établissement, ils n’ont que deux options. Soit vous êtes une future adoptante, auquel cas, ils feront tout pour se faire bien voir ; pour la plupart ; soit vous êtes une bénévole à laquelle ils vont casser les pieds. Le but de la manœuvre étant que vous dormiez mieux que dans une grange, je les tiendrais hors de portée ». Vivre en compagnie d’enfants vingt-quatre heures sur vingt-quatre n’avait rien d’aisé et nombreux étaient ceux qui considéraient la vocation de Dahlia comme un véritable suicide social. Entre les cris, les pleurs, les caprices et les fugues à répétition, la directrice nageait en territoire inconnu constamment, de quoi faire travailler ses capacités d’adaptations qui en avaient clairement besoin. La Fae appréciait son petit confort, ce qui justifiait d’autant plus le malaise qu’elle avait ressenti à leur rencontre. Elle acquiesça, un doux sourire naissant sur ses traits, une minuscule faille dans sa carapace s’ouvrant à Nineveh. « C’est une perle rare, à n’en point douter. ».


    Dahlia ne se souvenait que trop peu de ses incartades auprès d’autres orcs que celui-ci. Rustres, brutaux, elle n’engageait que très peu la conversation avec ces derniers, craignant d’être broyée sur place. Si la Fae faisait de son mieux pour se faire son propre avis, ce dernier était malheureusement bien tranché concernant cette race qui l’effrayait plus qu’autre chose. Khalez avait été une surprise rafraichissante, et son souvenir apaisait doucement ses maux. « J’imagine que c’est un mercenaire. Pour ne pas vous mentir, nous n’avons pas énormément discuté, encore moins de nos métiers respectifs. ». Une suggestion qui ferait sans doute son petit bout de chemin dans la tête de la médecin. « Si vous n’en connaissez qu’une poignée, alors peut-être que vous avez croisé sa route. Khalez, de son petit nom. ». La jeune femme avait complètement perdu de vue le but de leur entretien, encore plus le fait que le secret médical empêchait probablement l’Elfe de se confier à ce sujet.


    « Non, non… Nous ne nous parlons pas, tout du moins plus. C’est le problème avec ceux qui sont constamment sur les routes. Injoignables, de véritables électrons libres… Difficile de leur mettre la main dessus. ». Elle haussa les épaules. « Il a promis de revenir, mais sans vous mentir, je ne l’attends pas vraiment. Si je devais me fier à chaque homme qui me promet quelque chose, je n’en aurais pas fini. ». Une pointe d’amertume dans la voix, Dahlia connaissait plus d’un individu qui correspondait à cette description. L’absence de son gardien pesait sur son quotidien, et que dire de l’attente de celui qui avait volé son cœur depuis plus de trois cents ans. « Si je puis me permettre, pourquoi avez-vous arrêté de voir votre triton ? Loin de moi l’idée de vouloir être indiscrète, c’est juste que… ». Elle s’arrêta, plongeant son regard orangé dans celui de Nineveh. « Vous avez l’air particulièrement heureuse à sa simple évocation. J’imagine que vous avez vos raisons mais… ». Elle s’interrompit à nouveau, puisant dans ses ressources pour poursuivre la conversation, fouillant dans les tréfonds de son coeur. « Je vais vous paraître idéaliste, mais l’amour en vaut toujours la peine. ».
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  • Ven 12 Mai - 10:05
    « Je comprends, les enfants peuvent être parfois difficiles. C’est toujours difficile quand je dois leur expliquer qu’ils doivent prendre un remède qui a mauvais goût. Le sirop pour la toux est toujours une épreuve, je ne parle pas du reste. » Glousse Nineveh, ce sont des mômes, ils n’ont pas encore l’expérience de la médecine lourde.

    Elle reprend une gorgée de sa boisson et en découvrant le nom de l’orc… Rupture du secret médical.
    Enfin, ce n’est pas Nineveh qui l’a rompu, plutôt son tube digestif qui a décidé que ses bronches seraient plus adaptées à recevoir du jus de fruit. Formulé en des termes plus vernaculaires : elle a avalé de travers.
    La bruyante quinte de toux à l’évocation de Khalez explique largement ce qu’il faut savoir entre la médecin et le mercenaire : c’est une coïncidence à laquelle Nineveh n’était pas préparée. Bien sûr, elle rêvassait un peu là-dessus, mais croiser l’élue de son cœur en vrai est une surprise plus qu’insoupçonnée.

    « Khalez ? J’ai bossé avec lui à l’occasion. » Elle se ressaisit, secret médical, éthique professionnelle et puis… Oh et puis aux divins toutes ces notions, elle ne va pas laisser une patiente sur le carreau au motif que l’orc a été le patient de l’elfe a certaines occasions. « Si vous voulez, je lui signalerai qu’il faut tenir ses promesses à l’occasion, s’il ne revient pas. »

    Sans doute que le mercenaire lui renverra des petits pois pour avoir fait à nouveau ingérence dans sa vie personnelle, mais eh, si les diplomates de la République et du Reike font ça toute l’année, l’elfe peut bien le faire de temps à autre.
    Mais surtout, Dahlia pose une question qui résonne dans l’esprit de Nineveh : pourquoi avoir renoncé à voir le triton ? Bien sûr, il y a des raisons purement physiologiques à ce choix : la vie dans les profondeurs et sur terre, les difficultés à faire tenir une relation entre quelqu’un qui passe ses journées à la flotte et une autre à parcourir le monde, mais, ce n’est pas tout. La médecin se demande vraiment si son histoire avec Caeso était destinée à échouer, ou si au contraire, ils ont mis fin à ce récit parce qu’ils se sont rencontrés au mauvais moment de leurs vies respectives.

    « Caeso, il s’appelle Caeso. » Explique la médecin d’une voix douce, nostalgique, que Dahlia ne soit pas obligée de l’appeler le triton en permanence. « Nous avons arrêté de nous voir parce que nous avions chacun des obligations à remplir et que si nous étions un joli couple, nous nous sommes rencontrés à des moments délicats. C’est toujours… C’est toujours difficile de faire tenir une histoire d’amour lorsqu’elle est destinée au second plan. De mon côté, j’ai toujours été nomade de par mes recherches et mon style de vie. Quant à lui, c’est un chevalier de la République, il a des obligations de par son travail. »

    Nineveh s’interrompt un instant.
    Il lui faudrait se poser définitivement ou au contraire, que son triton d’amour renonce à son métier pour que leur histoire puisse se faire. Des sacrifices que ni l’un, ni l’autre n’a souhaité faire.

    « Caeso et moi étions un joli couple, mais au fond, une histoire d’amour qui ne dure qu’une ou deux semaines tous les trois mois est une histoire destinée à être chaotique et douloureuse. »

    Ou pas.
    Nineveh a une inspiration et avec elle, une bouffée d’air frais qui se traduit en une gigantesque bouffée d’orgueil : c’est une experte de la médecine, elle a survécu à plusieurs guerres, a été la disciple d’un des esprits les plus brillant de Melorn, à défaut d’être une génie, elle a fait des choses que personne d’autre n’a fait.
    Alors, pourquoi avoir la trouille quand il s’agit de Caeso ?
    Elle demanderait bien conseil à Dahlia, mais c’est la médecin, c’est elle qui est censée être un exemple moral.

    « Maintenant j’ai envie de le revoir. » Avoue Nineveh en souriant. « Je ne suis pas très loin de son boulot, vous pensez vraiment que ça en vaut le coup ? » Sous la façade radieuse, il y a une pointe d’anxiété.
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  • Dim 14 Mai - 23:34
    Levant ses fesses de son assise en constatant le bref étouffement de Nineveh, Dahlia quitta son bureau pour s’approcher de la médecin, l’air visiblement inquiète. Dans son esprit torturé, elle n’imaginait pas la possibilité que l’Elfe ait simplement avalé de travers. Ses maux ne pouvaient avoir qu’une seule origine, la présence de la Fae à ses côtés. À quelques centimètres de la jeune femme, elle s’arrêta net, constatant que sa proximité pouvait lui causer plus de mal que de bien. Toutefois, elle ne se voyait pas réellement faire machine arrière, aussi, elle vint s’asseoir le plus naturellement possible sur le fauteuil à côté du sien. Ainsi, elle connaissait bel et bien Khalez. Un doux sourire étirant ses traits, Dahlia ne put s’empêcher de relever cette coïncidence. Les deux vivaient depuis bien des centaines d’années, avaient dû rencontrer des milliers de personnes différentes. Pourtant, elles se retrouvaient ici, à parler du même homme. Penchant la tête sur le côté, la directrice ne sut se retenir de poser la question qui lui brûlait les lèvres. « Bosser ? ». Elle imaginait mal l’orc se promener avec un médecin à ses côtés. Quoique, il avait sans doute souvent besoin de soin vu son train de vie. Replaçant une mèche de sa chevelure dorée derrière son oreille, ses mains venant soigneusement éloigner les quelques dossiers qui tanguaient dangereusement du côté du bureau où elle se tenait à présent, Dahlia reprit. « Enfin, excusez-moi. Après tout, votre relation avec lui, ou avec qui que ce soit, ne me regarde pas. ». La curiosité avait eu raison de ses bonnes manières.


    « J’allais vous dire de ne pas vous embêter, mais en réalité… ». Elle vint saisir son menton entre son index et son pouce, hésitant vaguement sur la suite des événements avant qu’un rire ne s’échappe de sa gorge. « Je donnerais énormément pour voir sa tête si vous veniez à le rappeler à l’ordre. ». Si Nineveh connaissait une tout autre facette de l’orc, Dahlia connaissait sa timidité, ses gestes doux et maladroits. Aussi, il était difficile pour elle de concevoir qu’il pouvait, qu’il savait simplement se comporter autrement. Encore plus dans l’optique où elle ne réalisait absolument pas les sentiments qu’il éprouvait à son égard. Fidèle à elle-même, la Fae se mettait des œillères, avançant tout droit sur un chemin bien tracé et semé d’embûches. Croisant ses mains devant son bassin, elle s’attela à écouter attentivement le récit de l’Elfe, surprise de la voir s’ouvrir de cette manière. Visiblement, elle avait touché dans le mille et Dahlia, malheureusement pour elle, avait l’habitude de jouer la psychologue. Autant pour ses proches que pour ses enfants ou encore son personnel, la directrice était une épaule sur laquelle pleurer, une oreille qui retenait tout ce qu’elle entendait, et une main tendue dans l’obscurité. Toute la douceur dont elle ne ferait jamais preuve envers ses propres problèmes, ses démons qui la hantaient.


    Tandis que Nineveh poursuivait son récit, la gorge de la Fae se serra de plus en plus, bloquant momentanément sa respiration. Être seul de son bien-aimé, destiné à le voir évoluer sans pouvoir faire partie de sa vie, subir le poids des obligations qui pesaient sur chacune de leurs épaules… Sa situation était on ne peut plus similaire. Le cœur lourd comme une pierre, la directrice dut faire un effort colossal pour ne pas s’effondrer, la peau de son visage blanchissant à vue d’œil, ses doigts se crispant sur les pans de sa robe. Prenant une longue inspiration, elle croisa enfin le regard de l’Elfe, tentant de cacher l’angoisse qui s’immisçait dans son esprit. La voix légèrement tremblante, elle entreprit de formuler une réponse qui serait aussi convenable que sincère. « Je vous comprends, plus que vous ne l’imaginez. ». Elle tourna la tête, redirigeant son regard vers un vase trônant sur le rebord de sa fenêtre. Un énième cadeau, un tendre souvenir de sa présence, comme s’il craignait qu’elle l’oublie chaque fois qu’il passait l’embrasure de la porte.


    « Je vais peut-être vous paraître dure Nineveh mais… ». Elle se mordit l’intérieur des lèvres, nerveuse à l’idée de commettre un faux pas qui condamnerait cette nouvelle relation qu’elle commençait à peine à accepter. « Nous avons une longévité tout à fait exceptionnelle, vous comme moi. À ce titre, le temps ne s’écoule pas de la même manière pour les autres, et les tritons en font partie. ». Jusqu’ici, Dahlia ne faisait que souligner l’évidence. Elle devait en venir aux faits. « Votre relation est compliquée et douloureuse. La distance est une tornade qui détruit tout dans son sillage, crée un amoncèlement de doutes et de craintes. ». Lentement, sa main quitta sa robe pour venir tomber délicatement sur celle de la médecin. Si le geste se voulait réconfortant, il témoignait également de sa grande fragilité. Elle aussi, souffrait de l'absence de l'être aimé. « Les tornades sont vouées à passer. Si vous vous aimez, alors il n’y a pas de temps à perdre. Si vous écoutez la voix de la raison qui résonne dans votre tête, vous perdrez de vue l’essentiel. ». Une esquisse de sourire apparut sur son visage blême tandis que son regard fuyait prudemment. « Je ne suis personne pour vous dire quoi faire, à vrai dire, je suis sans doute la moins bien placée. ». Un petit rire de nervosité la fit doucement sursauter. « Je suis éprise du même homme depuis plus de trois cents ans, et nous ne sommes pas près de nous installer ensemble. Plusieurs fois, j'ai voulu renoncer. Si je dois être honnête avec vous, son absence me crève le cœur, mais… ». La Fae détendit progressivement ses muscles, prenant une grande inspiration pour faire passer l’anxiété qui la gangrénait, une larme roulant sur sa joue rosie. « Quand je le revois, plus rien n’a d’importance. L’amour se lit dans votre regard. Alors, foncez. Retrouvez Caeso. ».
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  • Mar 16 Mai - 15:36
    « Il n’y a rien de secret, j’ai bossé avec lui sur quelques affaires. Rien de particulièrement notable. » La médecin a un sourire, « si je le croise, je veillerai à lui rappeler sa promesse. Même si je n’ai aucun doute qu’il la tient avec une rigueur religieuse. » Sans ironie aucune, Nineveh se veut rassurante dans ses paroles.

    Le reste de la conversation se porte sur Caeso et il est vrai que Dahlia marque un point : elle a encore un demi millénaire à vivre. La différence d’échelle est énorme. Il n’empêche que la responsable de l’orphelinat est dans la vérité pure et dure : à quoi bon de vivre si ce n’est pour abandonner à la première difficulté ? Pourquoi renoncer quand on peut avoir une vie rocambolesque et découvrir de nouvelles choses ? C’est stupide. Après tout, elle a choisi cette existence sur les routes, pleine d’embûches, de chaos et de surprises, son homme sera une autre imprévue bienvenue.
    Encore faut-il qu’il accepte ?
    Et puis merde…

    « Maintenant j’ai besoin d’un verre. » Glousse la médecin en constatant ses propres incertitudes et surtout, ses incohérences. « Bien jouer, j’ai mes questions qui naissent. » S’amuse Nineveh en regardant le fond de son verre avant de bien vite retrouver sa façade de docteur itinérante. « Et du coup, est-ce que vous avez déjà tenté de le faire rester ? Après tout ce temps, on pourrait penser qu’il est ouvert à … » La médecin hésite.

    Khalez, ou qu’importe qui d’autre, c’est toujours une longue, longue période. Trois siècles, c’est amplement suffisant pour demander à monsieur de se poser avec madame, il faut bien construire une maison à un moment. Il n’y a pas de honte à cesser d’être un glorieux baroudeur pour finalement se bâtir un foyer quelque part.

    « Il est ouvert à s’installer et se poser. Je ne m’avancerai pas pour mon homme, il est déjà posée, ce serait plutôt à moi de déposer les fontes de voyage et d’ouvrir un cabinet permanent. »

    Reste alors à voir où Dahlia en est.
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  • Mer 17 Mai - 13:51
    Attentive aux réactions de l’Elfe qui faiblit doucement sous ses injonctions, Dahlia se sentit coupable durant quelques secondes. Avait-elle été trop loin ? Après tout, elle n’était que sa patiente et elle son médecin. Elles venaient de se rencontrer et la Fae s’immisçait déjà dans ses histoires de cœur. Au moins, elle ne pensait plus à la dépression qui rongeait son âme, à la raison pour laquelle Nineveh ou tout du moins son oncle avait été convié. Sentant la douleur de son interlocutrice comme si elle était sienne, empathique à l’extrême, la jeune femme ne songeait plus à sa pestilence qui se déclenchait sans son accord, aux conséquences de ses actes, au fait même que la médecin aurait pu être effrayée par son rapprochement soudain. Face à la peine et l’hésitation, elle se sentait responsable. Elle devait prendre les rênes de la conversation, guider Nineveh vers l’élu de son cœur, si c’était ce qu’elle désirait réellement.


    « Je… Je ne voulais pas vous mettre le doute, bien au contraire. ». Elle poussa un long soupir. « Je me suis laissée emporter, je tiens à m’en excuser. Je n’ai pas vraiment l’habitude de parler sentiments et amour avec qui que ce soit alors… ». La dernière en date, Neera, vagabondait elle aussi sur les terres du Sekai. Encore une grande voyageuse, à croire que Dahlia ne parvenait jamais à mettre la main sur quelqu’un d’aussi casanier qu’elle. Peut-être avait-elle tort de s’enfermer entre les murs de son orphelinat ? C’était moins dangereux qu’être sur les routes, à première vue, mais si Nineveh avait eu la moindre idée de ce qui se tramait entre sa patiente et la pègre de Liberty, elle aurait sans doute vite changé d’avis à son sujet. « Je ne peux pas répondre à votre place où à la place de votre bien-aimé, mais je pense qu’une discussion s’impose. ». Un petit rire la secoua. « J’aurais dû être psychologue, plutôt que directrice d’orphelinat. Dans les faits, les professions se ressemblent étrangement. La comptabilité, les taxes et la fatigue physique en plus… ». Probablement une piste de reconversion, qui sait.


    Son visage blêmit tandis que ses propres questions se retournaient contre elle. Si Eliëndir était ouvert à s’installer à ses côtés ? Elle l’ignorait. Son esprit hurlait un tonitruant « non », un refus catégorique d’espérer un bonheur si pur et sincère. Elle ne méritait pas son attention, encore moins qu’il cesse de rôder sur les routes pour lui faire plaisir. Sans compter la peur grandissante de le confiner, de lui retirer cette liberté qu’il chérissait tant. Avalant sa salive, son anxiété devenant incontrôlable, tout le corps de la Fae se mit à trembloter. S’il venait et qu’il le regrettait ? S’il n’osait pas lui dire ? S’il trouvait une autre femme plus proche, plus belle ? Si sa névrose le gagnait, si elle venait à lui inoculer involontairement une maladie ? Serrant les dents, Dahlia mit un temps considérable à formuler une réponse satisfaisante, ses pensées se mélangeant inlassablement dans son cerveau, la peur gagnant un peu plus de terrain chaque seconde.


    « N.. Non… Enfin… ». Elle secoua la tête pour tenter de reprendre possession de ses moyens. Une tentative désespérée. « Je… Je ne pense pas que ce soit dans ses plans… Il a tant à faire, à considérer et je ne peux pas abandonner mon orphelinat c’est… ». Son visage se crispa dans une grimace, entre la colère et la mélancolie. « Des fois j’ai peur d’avoir tout imaginé, de me faire des illusions sur ce que nous sommes, sur ce qu’il ressent. Je… Il est probablement mieux sans moi et… il mérite… ». Elle n'arriva tout simplement pas à finir sa phrase, la souffrance la paralysant entièrement. Ses mains vinrent saisir sa chevelure alors qu’elle enfonçait sa tête dans ses bras, se recroquevillant sur elle-même. De ses doigts s’extirpa une fine brume verte, premier signe de ses pouvoirs qui se manifestaient sans son consentement. Après le silence vinrent les sanglots, de plus en plus forts. « Je suis désolée Nineveh je… je n’aurais pas dû en parler... ».
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  • Jeu 18 Mai - 20:36
    « Du calme Dahlia. » répond Nineveh d’un calme olympien, malgré la brume verte à hauteur des mains de la directrice.

    Serait-ce cela ? Le fameux pouvoir dont elle parle, les maladies qui infectent les gens et les clouent au lit ? La pestilence la plus pure, un pouvoir qu’elle a déjà vu à l’action et qui pourtant, n’a jamais inquiété tant que ça la médecin. Des décennies à soigner toute sorte de maladie, à ouvrir des cadavres et il y a bien longtemps, à travailler dans les entrailles de la terre, pour soigner les mineurs d’argent.
    A ce moment exact, lorsque la directrice ne la regarde pas, l’elfe a un élan d’orgueil : c’est une patiente comme les autres, c’est une difficulté de l’esprit qui se manifeste sous forme physique, la douleur psychique qui s’évacue par le corps. Des années de frustration qui rejaillissent ainsi peut-être ?
    En tout cas, la médecin ne craint pas les émanations vertes. Ce ne sera pas la première fois qu’elle triomphe de ces miasmes de mauvais augure.

    « Pas d’inquiétude à avoir, je suis maîtresse de ma destinée et seule responsable de mes actions. Aux dernières nouvelles, il me faut me jeter à l’eau pour en avoir le cœur net sur mon homme. »

    Quant à l’homme de Dahlia, il faut lui demander pour en avoir le cœur net, c’est encore le moyen le plus simple de savoir. Ensuite, il y a bien d’autres questions à laquelle l’elfe est confrontée à propos de sa patiente. Notamment son rythme de vie : il est très inquiétant de voir de tels rebondissements d’humeurs, c’est assez rare, surtout au milieu d’une séance.

    « Si vous avez besoin de pleurer ou de vous livrer, ce n’est pas un mal. » Elle en a vu beaucoup, des gens perdre leur façade impassible durant une consultation, encore une fois, Dahlia n’est ni la première, ni la dernière. « Si je puis me permettre une question, avez-vous des temps de pause ? Un instant de calme, où vous n’êtes pas angoissée ? Être exposé constamment au stress et aux idées noires peut aboutir à des dépressions et d’autres pathologies du même genre. Parfois, prendre congé et prendre du recul sur les évènements est important pour mieux les affronter. »

    Elle lui suggérerait bien de boire une bière à la taverne et de refaire le monde avec des amis, mais souvent, les gens qui sollicitent ses services ne sont pas les mieux entourés. Nineveh craint qu’en faisant part de cette idée, elle expose Dahlia à des risques liés à l’alcoolisme et la consommation excessive d’alcool. Le coma éthylique n’est jamais très loin chez les gens qui sont en telle détresse.

    « Si vous voulez laisser vos pouvoirs avoir libre cours dans cette pièce, vous pouvez, je ne risque pas grand-chose. »
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  • Dim 21 Mai - 13:44
    Recroquevillée sur elle-même, Dahlia n’est plus que l’ombre de la directrice au sourire guilleret ayant accueilli la médecin une demi-heure auparavant. Ses émotions la trahissent, passant au travers de ce masque qu’elle s’impose de porter en toutes circonstances, craignant que si quelqu’un réussisse à la voir sous sa véritable apparence, il ne prenne ses jambes à son cou. La Fae le savait, au fond d’elle. Si elle en était arrivée à appeler l’oncle de Nineveh après des siècles de souffrance, c’est qu'elle sentait la fin proche. La délivrance qui l’appelait inlassablement, ce précipice devant lequel elle balançait ses jambes, la pierre se fissurant sous le lourd poids de sa conscience qui lui martelait d’en finir, de mettre un terme à son agonie. Petit à petit, la présence de son interlocutrice disparut, laissant la directrice seule avec ses propres pensées, avec son subconscient qui chuchotait au creux de son oreille ses demandes indécentes, son désir immuable de planter un couteau dans sa propre chair. Ses doigts tremblaient, cachés dans sa chevelure dorée secouée par ses sursauts à répétition. Les yeux écarquillés dans la pénombre créée par ses deux bras entourant ses genoux, Dahlia haletait, la crise d’angoisse s’amplifiant, son pauvre cœur au bord de l’explosion.


    Des sautes d’humeurs, la directrice en vivait au quotidien. À force de garder ses émotions cadenassées, elles en venaient à se mélanger. Entre la tristesse omniprésente, la colère face à l’injustice qui jonchait l’univers et le peu de joie qui parvenait à se frayer un chemin dans son esprit meurtri, la Fae ne savait plus où donner de la tête et n’arrivait même plus à reconnaître quel sentiment la parcourait. Toutes les couleurs du monde avaient disparu pour ne laisser place qu’à des teintes de noir et de blanc et Dahlia vagabondait dans les ruelles de Liberty, la tête baissée, le regard fixant les pavés. Elle secoua la tête, se rendant enfin à nouveau compte de la présence de Nineveh à ses côtés, de ce regard inquiet qui pesait sur sa crinière blonde, du but de sa venue. S’il fallait craquer, c’était aujourd’hui, maintenant. Sa question la fit sortir de ses songes, forçant sa conscience à prendre une pause dans la tourmente qu’elle s’imposait elle-même, et elle ne put que bredouiller une réponse entre deux sanglots. « Je ne peux pas… ». Ses mains se crispèrent un peu plus dans ses cheveux, son cœur se serra. « Si j’arrête… Si je me laisse le temps de penser… ». Elles reviendraient à la charge. Indomptables, imbattables, ses pensées intrusives trouvaient toujours la force de s’immiscer même dans ses moments les plus heureux. Auprès de ses enfants, de son bien-aimé, la souffrance n’était jamais bien loin, tapie dans l’ombre, fixant sa proie en attendant le moindre instant de faiblesse.


    Elle releva enfin la tête, plongeant son regard larmoyant dans celui de Nineveh. Au bout du rouleau, Dahlia laissa tomber la façade qu’elle arborait, les barrières qu’elle érigeait. Elle allait faillir. « Quand j’ai rencontré Khalez… Je n’allais pas à la réserve faunique pour prendre des vacances… ». Ses lèvres se mirent à trembler. « Je ne comptais pas revenir. ». Une énième tentative ayant échoué lamentablement. Les yeux de l’orc qui se posaient sur son corps fragile, ses bras dans son dos, son refus de la laisser succomber. Il était tombé au bon endroit, au bon moment, et pour cela, elle n’aurait jamais assez de mots pour exprimer sa gratitude. « Je ne peux pas prendre de pause… À l’instant où je cesse de m’occuper, de bouger… J’ai l’impression de tomber dans le vide et je n’arrive même pas à freiner ma chute… ». Ses yeux finirent par se diriger vers ses mains dont la brume verte s’échappait, qu’elle referma instantanément pour l’étouffer. Puis avec un sourire brisé, elle laissa tomber ses bras le long de ses côtes, baissant les armes. « Je ne suis bonne qu’à détruire, je ne sais même pas pourquoi je vous ai demandé de venir. C’est peine perdue. Je… Je suis désolée de vous avoir fait perdre votre temps, Nineveh. ». Bientôt, elle n’aurait plus à se poser la moindre question. Ses pouvoirs ne pouvaient plus se manifester si elle n’existait plus. La solution était toute trouvée, à condition qu’on la laisse l’atteindre, une bonne fois pour toutes.
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  • Mer 24 Mai - 18:27
    Quel est l’expression déjà ? Redonner une pièce au troubadour peut-être ? Nineveh hoche la tête, attentive, lèvres pincées, yeux grands ouverts, à écouter la nouvelle crise de Dahlia : en effet, il y a du travail et une humeur à stabilisée. L’elfe note mentalement de rajouter à l’ordonnance des produits pour limiter les sautes d’humeur de sa patiente, puis elle se demande si la bourse réussira à suivre. Il faut dire que par rapport aux alchimistes, la médecin n’a jamais prêté attention au cours des ingrédients. Il est possible que la directrice ne soit pas en mesure d’allonger les pièces.
    Mais ça, c’est un autre débat qui n’a pas lieu d’être.
    Intérieurement, Nineveh se fait aussi la remarque que reprendre les exercices avec la foudre pour délivrer des thérapies par ondes pourrait être bénéfique aux patients comme Dahlia qui semblent au fond du fond. Une petite d’électrocho… de sismothérapie et on repart pour un tour, plus détendu, plus serein, prêt à affronter le monde.
    En un sens, la médecin remercie son oncle pour toutes ces années de folie, à soigner des irrécupérables, des fous, des condamnés, à arracher des griffes osseuses de la mort toute une tripotée d’individus. Parfois plus pour le plaisir de frustrer la faucheuse d’un amuse-gueule plutôt que par esprit médical.
    Parce que c’est le genre d’expérience qui lui permet d’encaisser Dahlia aujourd’hui. Enfin, encaisser, elle constitue un de ces cas très spectaculaire, mais classique. La dépression représente une bonne moitié des maladies mentales qu’elle traite.

    « Vous n’êtes pas irrécupérable Dahlia. Vous avez une situation relativement confortable malgré vos problèmes et en ce sens, vous avez réussi à surmonter nombre d’angoisses. Directrice d’orphelinat, même si ce n’est pas un métier qui roule sur l’or, reste un métier que peu de gens seraient capables de faire. Vous avez tapé dans l’œil de Khalez. Les enfants vous font confiance. Vous avez une nette capacité à prendre du recul sur votre situation et à identifier les causes et conséquences. »

    Elle a un toit, mange à sa faim, un amoureux et réussit à conserver une situation sociale. Certains vétérans estropiés qui dorment sous les ponts de la cité ne peuvent pas en dire autant. Mais il serait déplacé de faire cette réflexion : Dahlia connaît bien la misère, considérant son métier.

    « Même si je venais à échouer, vous ne me feriez pas perdre mon temps. Je suis médecin, c’est mon devoir que de mettre les pieds dans le plat. J’ai vu de nombreux cas au cours de mes siècles au service du caducée, j’aurais été une bien piètre médecin si j’avais reculé à chaque difficulté. Prenez une inspiration Dahlia, c’est une attaque passagère. »

    Autant commencer par les bases de la base, pour le traitement le plus immédiat du problème. On verra pour la suite.

    « Dans ce genre de situation, se forcer à respirer d’une certaine façon : cinq secondes d’inspiration, cinq secondes d’expiration, pendant plusieurs minutes, permet de limiter la casse. Se concentrer sur quelque chose comme vous dites, pour éviter de partir dans la spirale infernale. »

    Mais, la médecin s’efforce rester neutre, elle se demande si au-delà de la crise, Dahlia a d’autres choses à dire. Elle ne voudrait pas l’interrompre en la relançant sur un autre sujet.
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  • Sam 27 Mai - 14:57
    Plongée en plein désespoir, Dahlia entendait les paroles de Nineveh sans les écouter. Bien qu’il s’agisse de faits objectifs qu’elle n’était pas en capacité de réfuter, tout sonnait faux dans son esprit. Certes, la Fae avait survécu à de nombreux traumatismes et menait une vie relativement tranquille dans l’imaginaire collectif, néanmoins il ne s’agissait que d’une façade. La directrice avait travaillé ce petit jeu d’acteur durant des siècles, s’acharnant à afficher un sourire parfait en toutes circonstances mais sa supercherie n’avait fait qu’enfouir ses problèmes encore plus profondément, là où elle ne pouvait plus les atteindre pour tenter de les résoudre. La comédie pouvait seulement durer un temps, et son état devenait trop préoccupant pour qu’elle n’agisse pas. Elle restait interdite face à la culpabilité qui rongeait son âme. Coupable d’avoir fait déplacer un médecin pour rien, coupable de se retrouver dans cette situation qui la mettait on ne peut plus mal à l’aise, coupable de sa propre dépression et des pensées négatives qui la tourmentaient. Là où Nineveh voyait une victime, Dahlia ne voyait qu’un bourreau.


    Les larmes aux yeux, au bord de l’explosion, la jeune femme se mit à balbutier, trébuchant sur ses propres mots avec hésitation. « Je… Je ne sais plus quoi faire... ». Lentement le reste de joie qui subsistait encore sur son visage s’effaça, ne laissant place qu’à une mélancolie profonde, les lèvres tremblantes, le regard fixant le plancher, le teint blafard. Elle n’était plus que l’ombre d’elle-même, cédant à ses démons qu’elle avait retenu durant tant d’années. Serrant les poings, elle entreprit de tenter l’expérience, maîtrisant sa respiration avec difficulté. Entre les soubresauts provoqués par les sanglots qui ne demandaient qu’à sortir, elle parvint à retrouver un semblant de calme, cinq secondes après cinq secondes. Inspirer, expirer… Un exercice simple dans lequel elle redoublait d’ardeur. Le pire était à venir, et elle le savait pertinemment. La médecin ne comptait pas lâcher l’affaire et à vrai dire, c’est exactement ce dont la Fae avait besoin. Un soutien indéfectible associée à une persévérance folle, saupoudrée de connaissances en la matière. Une recette explosive qui ne lui donnerait pas l’occasion de fuir comme elle le faisait d’ordinaire.


    Les gouttes de sueur s’accumulaient sur son front pâle, témoignant de la sévérité de ses angoisses qui la malmenaient continuellement. Prenant une énième grande inspiration ainsi que son courage à deux mains, elle planta son regard apeuré dans celui de Nineveh, telle une proie face à un prédateur bien plus impressionnant qu’elle. « J… ». Il était complexe de formuler l’informulable. Sans compter qu’elle craignait que la seule solution se présentant à la médecin soit de l’enfermer pour calmer sa folie. « Ecoutez je… je crains que… que ce ne soit trop tard. Je ne sais pas pourquoi j’ai convié votre oncle. Si… Si je dois être honnête avec moi-même, cela fait plus d’un siècle que j’aurais du quitter ces terres pour le bien de tous, même pour le mien. Je ne peux plus me regarder dans un miroir sans y voir… Sans y voir tous ceux que j’ai tués. ». Ses parents en première ligne. « La méditation fonctionne un temps, mais je suis vite rattrapée par mes… crimes. ». Il n’y avait pas d’autres mots pour définir ses agissements. Des meurtres involontaires, certes, restaient des meurtres. Sans compter sur ses associations régulières avec la pègre. Au fond d’elle, Dahlia savait qu’elle ne valait pas mieux. Ses grands airs ne l’aideraient guère à se sortir de ce pétrin.


    Un minuscule sourire vint étirer ses traits fatigués. « Vous allez me prendre pour une folle, mais au stade où j’en suis… Autant que quelqu’un le sache. ». Avant qu’elle ne l’emporte dans sa tombe. « J’entends des voix, depuis que je suis toute petite. Depuis… Que mes parents sont morts. ». Se triturant les doigts, elle s’empressa de rajouter une précision nécessaire. « Je… Je n’essaie pas de justifier ce que j’ai fait, loin de là. D’ailleurs, ces voix ne me poussent pas à faire du mal à autrui, seulement… à moi-même. Quand je m’approche un peu trop du bonheur, je les entends me murmurer que je ne le mérite pas, que je ne ferais que blesser autrui. Alors… Je fuis. Je ne sais rien faire d'autre. ». Ce qui à ses yeux, était bien mieux que l’inverse. « Quand le doute m’assaille, elles surgissent à leur tour. Je… Je n’ai pas les armes pour lutter, j’ai du mal à les repousser. Je n’entends que des horreurs, le paysage autour de moi disparaît et... ». Doucement, des larmes se mirent à couler sur ses joues. « Vous devez penser que je suis complètement folle… Vous n’auriez pas tort… Vous n’avez rien trouvé en m’auscultant alors, il ne doit plus y avoir grand-chose à faire. Je sais que vous êtes de bonne volonté mais… ». Elle avala sa salive. Ce constat lui coûtait plus qu’elle ne voulait l’admettre. « Je ne sais pas s’il me reste assez de force. ».
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  • Jeu 1 Juin - 18:24
    Donc, en plus de ce problème de maladie involontaire, elle entend des voix ? C’est autre chose, si on commence à rentrer dans les pathologies multiples qui se potentialisent, ça va être une autre paire de manche. Les gens qui entendent des voix, cela représente un gros éventail de maladies, on va de personnes relativement normales, à des gens qui ont de gros problèmes mentaux et qu’il convient de traiter dans des établissements spécialisés. Plutôt que de s’attarder sur les doutes de Dahlia, la médecin choisit d’apporter le sujet qui lui paraît le plus pressant : les voix.

    « Vous entendez des voix donc, » débute Nineveh, plus pour structurer que pour conclure, « comme je l’ai dit. Ça n’enlève guère à mon argumentaire précédent : vous avez beaucoup accompli. Ce qui compte est de vous trouver un traitement adapté pour les voix dans votre tête, les crises d’angoisses et les contaminations involontaires. Ça paraît difficile, mais loin d’être insurmontable ou inconcevable. J’ai vu pire, bien pire. » Certains ont réchappé de leur maladie, d’autres l’ont vaincu, une poignée n’ont pas survécu à leur esprit. Reste à faire en sorte que Dahlia fasse partie de la première ou seconde catégorie.

    Quant à la question de son oncle, l’elfe n’a qu’une réponse à apporter.

    « Vous avez convié à mon oncle parce que vous avez vu ses états de services. Si les miens n’ont pas la même valeur, j’ai quand même des solutions. Peut-être pas celles qu’il aurait envisagé, » heureusement ? « N’oubliez pas que les crises peuvent être épuisantes pour l’esprit et le corps, après de tels épisodes, il est normal de se sentir vidé et fatigué durant quelques jours. C’est une réponse physique à un problème psychique. »

    Mais, ce qui est important, est d’obtenir le consentement du patient.

    « Ce que je peux faire, c’est prendre quelques jours ici. J’ai bloqué deux semaines en ville, ne sachant guère de quoi il retourne avant mon arrivée. Je vais faire quelques emplettes et ce soir, vous testerez quelques décoctions et élixir pour voir ce qui marche, ce qui peut atténuer vos symptômes et vous aider à surmonter ces épreuves. Ca n'engage à rien. »
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  • Jeu 8 Juin - 16:26
    Confuse, Dahlia restait immobile face à la médecin qui encaissait sa détresse sans broncher, qui la regardait calmement alors que tout son monde s’effondrait. Sa force d’esprit la surprenait, mais plus encore, le fait qu’elle refuse tout bonnement d’abandonner, qu’elle s’obstine à vouloir essayer ce qui était voué à échouer. Au plus profond de sa dépression, la Fae ne voyait qu’une seule issue, qu’une seule solution. La mort, qu’elle soit indolore ou non, peu lui importait tant qu’elle arrêtait de… ressentir ? Était-ce vraiment ce qu’elle désirait, ne devenir qu’une coquille vide, mettre à mal ses proches, leur faire porter le fardeau de son décès ? Combien penseraient qu’ils auraient pu réussir à l’arrêter à temps, à lui faire entendre raison ? Le souvenir de Perséis résonna dans son esprit, le visage d’Eliëndir lui apparut comme une révélation. Ses doigts tremblaient, son cœur loupa un battement et son regard se planta dans celui de l’Elfe qui la toisait. Une dernière danse, une énième tentative et si cela ne fonctionnait pas alors…


    « Vous pensez réellement que je suis soignable, Nineveh ? Que les voix peuvent se taire ? ». Elle avait besoin de l’entendre le dire. D’entendre que quelqu’un pensait encore que sa vie en valait la peine. De savoir qu’on se préoccupait de son existence médiocre. Qu’elle n’était ni une perte de temps, ni un gâchis d’espace. À ses dires, la jeune femme avait vu pire. Certains avaient survécu. La question restait la même, voulait-elle tout donner pour ce dernier essai ? Elle ne se souvenait même plus la raison pour laquelle elle avait convié son oncle. Une décision spontanée, prise dans un moment d’accalmie, un des rares instants où son courage prenait le dessus sur sa peur. Et en bonne médecin, Nineveh évitait de concentrer ses efforts sur ses doutes, se focalisant sur l’essentiel, sur les symptômes qui pouvaient être traités. Dahlia, elle, luttait contre ses démons qui lui hurlaient de se défaire de son emprise, de la renvoyer à Melorn, d’abandonner tout espoir de rémission. Sa volonté vacillait, sa santé mentale complètement instable la baladait d’un bout à l’autre du spectre complexe des émotions. La culpabilité, la crainte, la honte, l’envie… l’amour. « Je… ». Elle avala sa salive, secouant la tête en prenant appui sur ses mains qui poussaient contre ses genoux. « Je n’ai rien à perdre, après tout… Essayons… ».


    La directrice haussa les épaules de dépit, se relevant avant d’inviter la jeune femme à la suivre en dehors du bureau après avoir essuyé ses larmes. Elle passa calmement l’embrasure de la porte, prenant une grande inspiration alors qu’elle replaçait son masque sur son visage, affichant un sourire doux alors qu’elle quittait les quatre murs qui la voyaient souffrir plus que n’importe qui d’autre. Elle parcourut les quelques mètres qui les séparaient de leur destination, la Fae s’arrêtant pour saluer les enfants qui passaient en les bousculant, gratifiant certains d’une douce étreinte et de quelques chatouilles, les yeux pétillants de joie, un jeu d’acteur maîtrisé à la perfection. Et une fois arrivée devant la porte, elle s’arrêta, plaçant sa main sur la poignée ronde qu’elle englobait entièrement entre ses doigts. Elle l’ouvrit lentement, découvrant une grande pièce séparée en deux par un épais paravent en bois. Sur la droite, un bureau en chêne, une armoire épaisse et complètement vide. Sur la gauche, un lit de facture moyenne, des draps de rechange, une couette, deux oreillers et une table de nuit légèrement abimée. Dahlia baissa les yeux.


    « Je sais que ce n’est pas le grand luxe mais… Je n’ai pas mieux à vous proposer ». Elle soupira. Même si elle voulait l’éviter, elle devrait aborder la question du paiement, d’autant plus si la médecin tenait à rester sur place quelques jours. « Cela tombe sous le sens mais… Vous serez payée, Nineveh. Plus que ce que vous demandez normalement. Je ne suis pas fortunée mais mes proches… ». Une en particulier, car elle n’oserait sans doute jamais aborder le sujet avec son bien-aimé. « Une de mes proches se chargera de régler ce que je vous dois. Pour le logis et les repas, considérez-les comme un remerciement de ma part. Vous pourrez en profiter pour aller voir Caeso et... enfin... Je… ». Elle reprit une grande inspiration, craignant qu’en quittant la médecin, ses doutes ne reviennent à la charge. « Je vous laisse vous installer et… faire vos emplettes, j’ai… j’ai du travail… Vous savez où me trouver. Je… Merci. Pour… pour tout, pour vous. ». Puis elle s’éclipsa tel un fantôme, laissant les clefs de la chambre sur le bureau dans la précipitation, sans se retourner pour éviter de croiser son regard.


    Les semaines qui allaient suivre seraient des plus compliquées pour la directrice. Nineveh allait pouvoir observer son quotidien morne et froid, ses sautes d’humeur quotidienne, sa façon de passer du chaud au froid en quelques secondes. Ses effondrements réguliers, la fatigue qui empiétait sur ses journées qui n’en finissaient pas, d’une amplitude effrayante qui la poussait même à enchaîner les nuits blanches. Ses manies de se réveiller en pleine nuit pour faire un tour du bâtiment, la paranoïa ambiante qui saisissait autant ses membres que son esprit. Elle allait l’entendre pleurer, encore et encore, et rire aux éclats lorsque la Fae se rendrait compte de sa présence. Dahlia viendrait quérir son aide avant de la refuser, s’enfonçant un peu plus profondément dans la dépression qui maintenait sa tête sous l’eau. Les traitements quant à eux permettraient sans doute d’apaiser ses crises, traiteraient les conséquences plutôt que la cause. Un petit pas pour certains, un énorme pour la directrice qui ne se suiciderait pas… tout de suite.
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