2 participants

Noble du Reike
Tagar Reys

Messages : 1595
crédits : 2227
crédits : 2227
Info personnage
Race: Humain
Vocation: Mage Elementiste
Alignement: Loyal Neutre
Rang: B - Coeur
4 avril de l’an 4
Je veux aller là.
Cela fait peut-être un peu enfant gâté, voir autoritaire, mais vu mon état d’esprit, je n’ai clairement nul envie de faire des politesses. Cela fait déjà trois jours que j’ai reçu la lettre d’Alyssa de Pendron m’indiquant qu’elle me quitte sans aucune explication de sa part. J’ai reçu à tenir tout ce temps, mais là, j’ai clairement besoin d’un verre et le nom de l’établissement, "Aux causes perdues", me semble complètement approprié.
Après le lieu en lui-même n’est guère attrayant, c’est clairement une auberge de troisième zone et en temps normal, je n’y aurais jamais mis les pieds, mais je suis ne pas dans mon état habituel. C’est Robert, le sajenti de ma garde personnelle qui me réponds, tout en levant les yeux au ciel :
Très bien Seigneur Reys, mais je fais d’abord entrer la moitié de mes hommes qui se mettront à une table, puis vous vous asseyez au bar et ensuite, ce sera au tour du reste des soldats qui prendront également une table. Cela n’est pas négociable.
C’est à mon tour de lever les yeux au ciel, mais je n’ai pas choisi et je dois me plier. Il est extrêmement prudent et je n’ai pas la force d’argumenter. J’attends donc patiemment mon tour et j’entre. Je vois les cinq hommes déjà assis qui peuvent facilement passer pour des mercenaires, vu qu’ils sont simplement équipés d’armure de cuir et d’épée courte. Ils font genre, ils ne me connaissent pas pour me laisser assez d’air et cela me convint très bien.
Je m’assieds donc sur un tabouret et le barman, un tout jeune homme avec une fière moustache vient me voir immédiatement, mes vêtements de bonne facture lui ayant tapé dans l’œil. Je commande donc :
Ce sera une carafe de vin, le meilleur que vous ayez.
Oui, tant qu’à se bourrer la gueule, autant y aller à fond et je ne supporte pas la piquette.
Je vois l’employé hocher la tête et m’apporter ce que je lui ai demandé, tout en me demandant :
Il s’agit d’une peine de cœur ?
J’incline la tête, guère désireux d’en parler et il reprend, à voix basse :
Si vous le désirez, je peux vous avoir une heure avec une des filles là-haut et si vous avez des goûts exotiques, j’ai même une driv’zafra, c’était une belle femme avant, si vous voyez ce que je veux dire…
Je vois très bien et je lui dis, d’un ton sans réplique et peut-être un peu fort, mais je suis un peu à fleur de peau :
Je suis un fervent adorateur du Shierak et il est hors de question que je passe la nuit avec une femme en dehors du mariage ! Et ne me parlez pas des driv’zafra !
Ma réaction choque le barman, qui, la queue entre les jambes, s’éloigne, me laissant seul. Même mes voisins de bar ont préféré partir et les sièges à ma gauche et à ma droite sont vides.
Je veux aller là.
Cela fait peut-être un peu enfant gâté, voir autoritaire, mais vu mon état d’esprit, je n’ai clairement nul envie de faire des politesses. Cela fait déjà trois jours que j’ai reçu la lettre d’Alyssa de Pendron m’indiquant qu’elle me quitte sans aucune explication de sa part. J’ai reçu à tenir tout ce temps, mais là, j’ai clairement besoin d’un verre et le nom de l’établissement, "Aux causes perdues", me semble complètement approprié.
Après le lieu en lui-même n’est guère attrayant, c’est clairement une auberge de troisième zone et en temps normal, je n’y aurais jamais mis les pieds, mais je suis ne pas dans mon état habituel. C’est Robert, le sajenti de ma garde personnelle qui me réponds, tout en levant les yeux au ciel :
Très bien Seigneur Reys, mais je fais d’abord entrer la moitié de mes hommes qui se mettront à une table, puis vous vous asseyez au bar et ensuite, ce sera au tour du reste des soldats qui prendront également une table. Cela n’est pas négociable.
C’est à mon tour de lever les yeux au ciel, mais je n’ai pas choisi et je dois me plier. Il est extrêmement prudent et je n’ai pas la force d’argumenter. J’attends donc patiemment mon tour et j’entre. Je vois les cinq hommes déjà assis qui peuvent facilement passer pour des mercenaires, vu qu’ils sont simplement équipés d’armure de cuir et d’épée courte. Ils font genre, ils ne me connaissent pas pour me laisser assez d’air et cela me convint très bien.
Je m’assieds donc sur un tabouret et le barman, un tout jeune homme avec une fière moustache vient me voir immédiatement, mes vêtements de bonne facture lui ayant tapé dans l’œil. Je commande donc :
Ce sera une carafe de vin, le meilleur que vous ayez.
Oui, tant qu’à se bourrer la gueule, autant y aller à fond et je ne supporte pas la piquette.
Je vois l’employé hocher la tête et m’apporter ce que je lui ai demandé, tout en me demandant :
Il s’agit d’une peine de cœur ?
J’incline la tête, guère désireux d’en parler et il reprend, à voix basse :
Si vous le désirez, je peux vous avoir une heure avec une des filles là-haut et si vous avez des goûts exotiques, j’ai même une driv’zafra, c’était une belle femme avant, si vous voyez ce que je veux dire…
Je vois très bien et je lui dis, d’un ton sans réplique et peut-être un peu fort, mais je suis un peu à fleur de peau :
Je suis un fervent adorateur du Shierak et il est hors de question que je passe la nuit avec une femme en dehors du mariage ! Et ne me parlez pas des driv’zafra !
Ma réaction choque le barman, qui, la queue entre les jambes, s’éloigne, me laissant seul. Même mes voisins de bar ont préféré partir et les sièges à ma gauche et à ma droite sont vides.

Affilié à la République
Yagmit Gurhat

Messages : 14
crédits : 262
crédits : 262
Info personnage
Race: Lycanthrope
Vocation: Guerrier combattant
Alignement: Loyal neutre
Rang: D
Les yeux vitreux, la langue pendante, les crocs couverts de bave, Yagmit contemplait d’un air béat un nouveau venu des plus atypiques, si l’on prend ne serait-ce qu’une minute de son temps pour contempler la scène s’offrant ainsi. La différence flagrante se voyait à la fois chez les autres clients de l’établissement, clairement pas l’élite de la société, ainsi que par la dissonance certaine entre l’ambiance du lieu et la stature tout comme les traits nobles de cet individu bien étrange, même si diminué par une tristesse évidente.
Arrivé dans l’auberge dès la première nuit de son entrée dans la ville de Kyouji, le loup-garou, prit d’un intense mal du pays après avoir quitté les terres sauvages de la Jungle Du Sang, ressentit la nécessité de boire "un" coup afin de se remettre d’aplomb pour la suite de ses objectifs. De plus, car il fallait bien trouver une raison valable, même si largement bancale, cela lui permettrait d’évaluer sa résistance à l’alcool, alcool dont il n’avait plus réellement constaté les délices depuis trois bonnes années… Alors au diable la mesure !
En train de se mettre une murge qui aurait déjà tué un simple humain, il tentait, assez vainement, de se convaincre qu’il maîtrisait la situation en dépit d’un état lamentable à plus d’un titre. Le Lycanthrope enfila une dernière rasade avant de rester figé tel une statue, à l’image d’un corps comme stupéfié par quelque révélation incongrue. Il resta ainsi quelques secondes avant d’entendre les mots « peine de cœur ».
Nolwenn !
Des larmes vinrent presque instantanément mouiller ses yeux, sans pour autant s’écouler le long de ses joues et jouer entre ses poils drus. Son cœur, battant déjà la chamade sous l’effet des quantités folles d'alcool déjà ingurgitées, s’emballa au-delà du raisonnable. Une forte montée de température menaça de faire basculer le loup-garou dans un coma que seule une puissante montée d’adrénaline vint contrecarrer.
« Driv’zafra »
Alors là, Yagmit ne comprit pas le sens du mot, et en conclut que le serveur était lui aussi bourré. Cette pensée le décrispa. D’un geste lent il commença à éloigner la carafe de ses lèvres tout en sentant un fou rire prendre doucement racine dans sa cage thoracique avant commencer son ascension vers sa gorge.
« Adorateur » « Shierak »
Par le buisson ardent des Valkyries, en voilà des mots forts et nobles ! Comble de l’ironie, il fallait les trouver associés ici, dans un lieu d’ivrognes et de débauches, quand sur son trajet pour contempler à nouveau cette cité corrompue des idéaux Républicains il n’en avait pas entendu une seule fois ! Assez c’est assez, par le Soleil, la lune et les étoiles, qui est cet homme ?!
Sans autre forme de procès, Yagmit jeta d’un geste rageur sa carafe, s’encastrant dans un mur à quelques centimètres d’un client à demi-ivre qui tomba dans les pommes, fendit la table en deux d’un seul coup de poing, se mutilant la main au passage, puis, d’un pas très mal assuré, commença sa pénible progression vers cet homme aux cheveux blancs pourtant bien jeune pour arborer pareille crinière. Tout à sa concentration afin de ne pas chuter, il bafouilla quelques mots inintelligibles avant de réussir à réorganiser son cerveau et sa langue dans un effort digne des plus admirables volontés :
« Toi… Toi, je t’aime bien. Je veux parler. Il faut qu’on parle ! »
Il s’arrêta alors soudain avant de clamer haut et fort, incapable de voir plus que cet homme et une table désertée de ses occupants entre eux :
« Il faut qu’on parle… Des femmes ! Et du Shierak ! Oui oui oui oui oui. Il faut. »
Arrivé dans l’auberge dès la première nuit de son entrée dans la ville de Kyouji, le loup-garou, prit d’un intense mal du pays après avoir quitté les terres sauvages de la Jungle Du Sang, ressentit la nécessité de boire "un" coup afin de se remettre d’aplomb pour la suite de ses objectifs. De plus, car il fallait bien trouver une raison valable, même si largement bancale, cela lui permettrait d’évaluer sa résistance à l’alcool, alcool dont il n’avait plus réellement constaté les délices depuis trois bonnes années… Alors au diable la mesure !
En train de se mettre une murge qui aurait déjà tué un simple humain, il tentait, assez vainement, de se convaincre qu’il maîtrisait la situation en dépit d’un état lamentable à plus d’un titre. Le Lycanthrope enfila une dernière rasade avant de rester figé tel une statue, à l’image d’un corps comme stupéfié par quelque révélation incongrue. Il resta ainsi quelques secondes avant d’entendre les mots « peine de cœur ».
Nolwenn !
Des larmes vinrent presque instantanément mouiller ses yeux, sans pour autant s’écouler le long de ses joues et jouer entre ses poils drus. Son cœur, battant déjà la chamade sous l’effet des quantités folles d'alcool déjà ingurgitées, s’emballa au-delà du raisonnable. Une forte montée de température menaça de faire basculer le loup-garou dans un coma que seule une puissante montée d’adrénaline vint contrecarrer.
« Driv’zafra »
Alors là, Yagmit ne comprit pas le sens du mot, et en conclut que le serveur était lui aussi bourré. Cette pensée le décrispa. D’un geste lent il commença à éloigner la carafe de ses lèvres tout en sentant un fou rire prendre doucement racine dans sa cage thoracique avant commencer son ascension vers sa gorge.
« Adorateur » « Shierak »
Par le buisson ardent des Valkyries, en voilà des mots forts et nobles ! Comble de l’ironie, il fallait les trouver associés ici, dans un lieu d’ivrognes et de débauches, quand sur son trajet pour contempler à nouveau cette cité corrompue des idéaux Républicains il n’en avait pas entendu une seule fois ! Assez c’est assez, par le Soleil, la lune et les étoiles, qui est cet homme ?!
Sans autre forme de procès, Yagmit jeta d’un geste rageur sa carafe, s’encastrant dans un mur à quelques centimètres d’un client à demi-ivre qui tomba dans les pommes, fendit la table en deux d’un seul coup de poing, se mutilant la main au passage, puis, d’un pas très mal assuré, commença sa pénible progression vers cet homme aux cheveux blancs pourtant bien jeune pour arborer pareille crinière. Tout à sa concentration afin de ne pas chuter, il bafouilla quelques mots inintelligibles avant de réussir à réorganiser son cerveau et sa langue dans un effort digne des plus admirables volontés :
« Toi… Toi, je t’aime bien. Je veux parler. Il faut qu’on parle ! »
Il s’arrêta alors soudain avant de clamer haut et fort, incapable de voir plus que cet homme et une table désertée de ses occupants entre eux :
« Il faut qu’on parle… Des femmes ! Et du Shierak ! Oui oui oui oui oui. Il faut. »

Noble du Reike
Tagar Reys

Messages : 1595
crédits : 2227
crédits : 2227
Info personnage
Race: Humain
Vocation: Mage Elementiste
Alignement: Loyal Neutre
Rang: B - Coeur
La vache, elle tabasse cette piquette !
Je ne peux m’empêcher d’annoncer ce commentaire digne des plus grands esprits littéraire quand j’ai fini de boire ma chope. Dire que c’est censé être leur meilleur produit, je n’ose pas goûter le reste, il doit sûrement rendre aveugle les autres clients. Mais c’est pile ce qu’il me faut et je commande de suite une nouvelle boisson, que je bois cul-sec. D’habitude, je tiens bien l’alcool, mais il s’agit du bon alcool, de haute qualité et je ne cherchais pas à me soûler le plus rapidement possible.
Le moins, que l’on puisse dire, c'est qu’en finissant la troisième, j’ai atteint mon objectif et je me sens comme détaché. Tout m’est complètement indifférent, et même l’arrivé d’un loup qui fait une tête de plus que moi et avec une musculature comparable à celle de Brak, ne me fais pas peur. Il me fait même penser à une peluche que j’avais pendant mon enfance, Teddy, Teddy Bear. Alors quand il me parle, je lui réponds avec un grand sourire :
Bien sûr Teddy, moi aussi, je t’apprécie.
Oui, je le tutoie, c’est ma peluche ! Il me propose de parler et je lui désigne un tabouret pour qu’il s’y installe. J’attends qu’il le fasse avant de lui dire, regardant d’un air désespéré ma chope vide :
Ha, les femmes, on ne peut vivre sans et on ne peut la forcer à rester à nos côtés. Tu veux que je te dise ? Un philosophe a dit un jour qu’il vaut mieux avoir connu l’amour et être malheureux toute sa vie, que n’avoir jamais aimé. Je ne sais pas s’il a raison, car depuis qu’Alyssa m’a quitté, je sens comme un vide à l’endroit de mon cœur. Et toi, tu as déjà connu l’amour ?
Et oui, même les peluches ont le droit d’aimer !
Je ne peux m’empêcher d’annoncer ce commentaire digne des plus grands esprits littéraire quand j’ai fini de boire ma chope. Dire que c’est censé être leur meilleur produit, je n’ose pas goûter le reste, il doit sûrement rendre aveugle les autres clients. Mais c’est pile ce qu’il me faut et je commande de suite une nouvelle boisson, que je bois cul-sec. D’habitude, je tiens bien l’alcool, mais il s’agit du bon alcool, de haute qualité et je ne cherchais pas à me soûler le plus rapidement possible.
Le moins, que l’on puisse dire, c'est qu’en finissant la troisième, j’ai atteint mon objectif et je me sens comme détaché. Tout m’est complètement indifférent, et même l’arrivé d’un loup qui fait une tête de plus que moi et avec une musculature comparable à celle de Brak, ne me fais pas peur. Il me fait même penser à une peluche que j’avais pendant mon enfance, Teddy, Teddy Bear. Alors quand il me parle, je lui réponds avec un grand sourire :
Bien sûr Teddy, moi aussi, je t’apprécie.
Oui, je le tutoie, c’est ma peluche ! Il me propose de parler et je lui désigne un tabouret pour qu’il s’y installe. J’attends qu’il le fasse avant de lui dire, regardant d’un air désespéré ma chope vide :
Ha, les femmes, on ne peut vivre sans et on ne peut la forcer à rester à nos côtés. Tu veux que je te dise ? Un philosophe a dit un jour qu’il vaut mieux avoir connu l’amour et être malheureux toute sa vie, que n’avoir jamais aimé. Je ne sais pas s’il a raison, car depuis qu’Alyssa m’a quitté, je sens comme un vide à l’endroit de mon cœur. Et toi, tu as déjà connu l’amour ?
Et oui, même les peluches ont le droit d’aimer !

Affilié à la République
Yagmit Gurhat

Messages : 14
crédits : 262
crédits : 262
Info personnage
Race: Lycanthrope
Vocation: Guerrier combattant
Alignement: Loyal neutre
Rang: D
Difficilement, le loup-garou réussit à avaler la dernière distance les séparant, de trois longues enjambées aux appuis caoutchouteux. Tentant de s’asseoir en face du sujet de son intérêt, il manqua la chaise et se retrouva les quatre fers en l’air, lui faisant s’échapper un petit « ooooh, ça roule, ça roule, ça roule ». Redressant le buste violemment, le cul-cul toujours au sol, le Lycanthrope vint percuter le bord de la table, la faisant bouger de quelques centimètres. Il ne prit pas la peine de s’avertir de la douleur, l’alcool ayant mis en congés payées une bonne partie de son réseau nerveux, et planta plutôt son regard dans celui de l’autre. Ou du moins le tenta-t-il, ses yeux faisant un peu ce qu’ils voulaient.
Il avait entendu un nom très bizarre, ou un mot ? Teddy disait l’autre. Yagmit ne comprit pas très bien. Il fit un intense effort de réflexion avant de s’avertir du fait que ce mot était en réalité une expression pour désigner leur état déplorable à tous les deux. Du moins fut-ce la conclusion qu’il en tira.
« On a tous un Teddy en nous », lâcha-t-il assez mollement, comme peu sûr de ce qu’il racontait.
Le silence, un silence gênant aurait pu s’imposer par la suite. Non pas par le fait que son compagnon d’infortune du moment le tutoyait, non, à vrai dire il ne l’avait même pas relevé. Mais parce que la simple concentration demandée par l’inconnu pour comprendre l’essence du mot "Teddy" l’avait, dans cet état pitoyable, mentalement vidé. Heureusement, son interlocuteur gardait encore une partie de ses capacités neuronales, et il enchaîna en lui avouant une peine de cœur à propos d’une Alyssa, nom que Yagmit trouva fort joli, avant de le questionner lui-même sur ses peines de cœur. Cette question électrisa le loup-garou en lui rendant miraculeusement l’usage à la foi de la parole, et de la réflexion… A un certain niveau, faut pas pousser non plus.
« Ah ! Moi, si j’ai connu l’amour ?! Ah ! Mais regarde-moi donc frêle esquif des tempêtes amoureuses ! Regarde donc cette exemplarité de la représentation masculine ! »
Yagmit laissa quelques secondes à son camarade de beuverie pour le contempler à son aise, se gonflant d’orgueil et tentant de se relever, avant de très vite abandonner, s’avertissant de la triste incapacité de se mouvoir à cause de ses jambes endormies. Lâchant un grognement, il poursuivit :
« Et ben… Et ben j’ai pas connu tant que ça, c’est vrai… Je veux dire, je suis pas un coureur de jupon moi quoi ! Nan mais sans blague. Oh, quand même, j’ai un minimum de respect pour moi-même et les femmes, quoi ! Je me donne pas à la première venue, faut me mériter moi. Je sélectionne moi. Quel intérêt de partager des moments si forts avec des coquilles vides ?! Hein ?! Bah yen a pas, mon vieux. C’est nul, c’est triste, et ça te tire vers le bas, au lieu de t’aider à t’épanouir pleinement, comme toute bonne relation, passionnée, sincère, honnête, mignonne, puissante, vibrante et riche d’émotions et de sentiment. Oui oui oui oui. »
Yagmit s’arrêta là un bref instant, surprit d’avoir réussi à aligner autant de mots sans se croquer la langue au passage ou se faire un nœud au cerveau en cours de route. Un tel sujet de discussion aiderait-il donc à dessouler ? Par le Soleil, mais ce serait la découverte du siècle ! Motivé à cette idée, le Lycanthrope décida d’ouvrir son cœur tout entier à ce total inconnu afin de se débarrasser au plus vite de son état d’ébriété. Et puis aussi parce qu’il en avait gros sur la patate.
« A part un p’tite nénette de naine avec qui j’ai un eu une p’tite amourette pendant mon enfance, moi, représentant ma-gni-fi-que de ma race, j’ai eu le plaisir tout comme le déplaisir de croiser trois femmes qui ont su faire trembler le siège de mon cœur. Ah ! Par où commencer par où commencer je me demande ?! La première peut-être ? Dagmar ! Ah ! Une foutue Valkyrie de mes roubignolles ! Quelle saleté innommable ! »
Yagmit accompagna la fin de sa phrase par un crachat lancé au petit bonheur la chance qui vint s’étaler malencontreusement sur son torse. Etalant le tout d’une grimace de gêne, il continua ainsi :
« Une Valkyrie de mes valseuses que je disais ! Mon gars, le Soleil m’en soit témoin, c’était une vipère…. Mais bon sang de bonsoir, une vipère foutrement belle ! Raaaah… Elle était belle, elle sentait bon le sable chaud, ma Valkyrie ! Y avait du soleil sur son front, qui mettait dans ses cheveux d’argent de la lumière ! »
A nouveau il laissa une petite pause, le temps de savourer une image d’un temps que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaître. Une certaine colère monta en lui, le secouant de nouveau :
« Mais j’ai jamais pu la toucher et la comprendre ! Non, jamais ! Cette sorcière avait organisé un tournoi pour trouver un partenaire. Eh, ben, je sais que c’est difficile à croire, mais… j’ai perdu ! Ben oui, j’étais jeune à l’époque moi. Comment que je peux rivaliser avec des vétérans moi ? Pff. Ben je peux pas, voilà tout. C’est normal. Mais j’ai essayé ! Ah ah, oui, je suis pas un gringalet moi ! Même quand je l’étais ! Ah ah ! Mais bon, de toute façon elle était nulle, on n’aurait rien fait ensemble. Et en plus on murmure qu’elle aurait tué son homme quand elle a su que, c’est bon, elle était enceinte. Nan mais oh ! On va où là sans déconner ? Franchement… Le monde est fou. Et toi, autre Teddy, c’était qui, ça, Alyssa. J’aime bien ce prénom moi. Oui, j’aime bien beaucoup même. J'aime bien j'aime bien. »
Il avait entendu un nom très bizarre, ou un mot ? Teddy disait l’autre. Yagmit ne comprit pas très bien. Il fit un intense effort de réflexion avant de s’avertir du fait que ce mot était en réalité une expression pour désigner leur état déplorable à tous les deux. Du moins fut-ce la conclusion qu’il en tira.
« On a tous un Teddy en nous », lâcha-t-il assez mollement, comme peu sûr de ce qu’il racontait.
Le silence, un silence gênant aurait pu s’imposer par la suite. Non pas par le fait que son compagnon d’infortune du moment le tutoyait, non, à vrai dire il ne l’avait même pas relevé. Mais parce que la simple concentration demandée par l’inconnu pour comprendre l’essence du mot "Teddy" l’avait, dans cet état pitoyable, mentalement vidé. Heureusement, son interlocuteur gardait encore une partie de ses capacités neuronales, et il enchaîna en lui avouant une peine de cœur à propos d’une Alyssa, nom que Yagmit trouva fort joli, avant de le questionner lui-même sur ses peines de cœur. Cette question électrisa le loup-garou en lui rendant miraculeusement l’usage à la foi de la parole, et de la réflexion… A un certain niveau, faut pas pousser non plus.
« Ah ! Moi, si j’ai connu l’amour ?! Ah ! Mais regarde-moi donc frêle esquif des tempêtes amoureuses ! Regarde donc cette exemplarité de la représentation masculine ! »
Yagmit laissa quelques secondes à son camarade de beuverie pour le contempler à son aise, se gonflant d’orgueil et tentant de se relever, avant de très vite abandonner, s’avertissant de la triste incapacité de se mouvoir à cause de ses jambes endormies. Lâchant un grognement, il poursuivit :
« Et ben… Et ben j’ai pas connu tant que ça, c’est vrai… Je veux dire, je suis pas un coureur de jupon moi quoi ! Nan mais sans blague. Oh, quand même, j’ai un minimum de respect pour moi-même et les femmes, quoi ! Je me donne pas à la première venue, faut me mériter moi. Je sélectionne moi. Quel intérêt de partager des moments si forts avec des coquilles vides ?! Hein ?! Bah yen a pas, mon vieux. C’est nul, c’est triste, et ça te tire vers le bas, au lieu de t’aider à t’épanouir pleinement, comme toute bonne relation, passionnée, sincère, honnête, mignonne, puissante, vibrante et riche d’émotions et de sentiment. Oui oui oui oui. »
Yagmit s’arrêta là un bref instant, surprit d’avoir réussi à aligner autant de mots sans se croquer la langue au passage ou se faire un nœud au cerveau en cours de route. Un tel sujet de discussion aiderait-il donc à dessouler ? Par le Soleil, mais ce serait la découverte du siècle ! Motivé à cette idée, le Lycanthrope décida d’ouvrir son cœur tout entier à ce total inconnu afin de se débarrasser au plus vite de son état d’ébriété. Et puis aussi parce qu’il en avait gros sur la patate.
« A part un p’tite nénette de naine avec qui j’ai un eu une p’tite amourette pendant mon enfance, moi, représentant ma-gni-fi-que de ma race, j’ai eu le plaisir tout comme le déplaisir de croiser trois femmes qui ont su faire trembler le siège de mon cœur. Ah ! Par où commencer par où commencer je me demande ?! La première peut-être ? Dagmar ! Ah ! Une foutue Valkyrie de mes roubignolles ! Quelle saleté innommable ! »
Yagmit accompagna la fin de sa phrase par un crachat lancé au petit bonheur la chance qui vint s’étaler malencontreusement sur son torse. Etalant le tout d’une grimace de gêne, il continua ainsi :
« Une Valkyrie de mes valseuses que je disais ! Mon gars, le Soleil m’en soit témoin, c’était une vipère…. Mais bon sang de bonsoir, une vipère foutrement belle ! Raaaah… Elle était belle, elle sentait bon le sable chaud, ma Valkyrie ! Y avait du soleil sur son front, qui mettait dans ses cheveux d’argent de la lumière ! »
A nouveau il laissa une petite pause, le temps de savourer une image d’un temps que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaître. Une certaine colère monta en lui, le secouant de nouveau :
« Mais j’ai jamais pu la toucher et la comprendre ! Non, jamais ! Cette sorcière avait organisé un tournoi pour trouver un partenaire. Eh, ben, je sais que c’est difficile à croire, mais… j’ai perdu ! Ben oui, j’étais jeune à l’époque moi. Comment que je peux rivaliser avec des vétérans moi ? Pff. Ben je peux pas, voilà tout. C’est normal. Mais j’ai essayé ! Ah ah, oui, je suis pas un gringalet moi ! Même quand je l’étais ! Ah ah ! Mais bon, de toute façon elle était nulle, on n’aurait rien fait ensemble. Et en plus on murmure qu’elle aurait tué son homme quand elle a su que, c’est bon, elle était enceinte. Nan mais oh ! On va où là sans déconner ? Franchement… Le monde est fou. Et toi, autre Teddy, c’était qui, ça, Alyssa. J’aime bien ce prénom moi. Oui, j’aime bien beaucoup même. J'aime bien j'aime bien. »

Noble du Reike
Tagar Reys

Messages : 1595
crédits : 2227
crédits : 2227
Info personnage
Race: Humain
Vocation: Mage Elementiste
Alignement: Loyal Neutre
Rang: B - Coeur
Et bah dis donc, Teddy a l’air encore plus éméché que moi, ce qui n’est pas peu dire, car je le vois tomber sur le sol et se faire probablement très mal, du moins si une peluche peut sentir la douleur. Probablement non, car il se remet aussitôt en selle et m’indique qu’il a carrément voulu séduire une walkyrie ! Je hoche la tête pour lui dire, une fois qu’il a terminé :
Tu es très courageux, il est connu que ces fières guerrières tuent le père de leurs enfants, qui sera forcément une fille.
Et oui, j’en sais des choses, mais cela ne m’a guère servi du côté de mes amours, d’ailleurs, il me demande qui est Alyssa et je lui réponds, en secouant la tête négativement :
Je n’ai pas encore assez bu pour parler d’elle.
Je fais signe à l’aubergiste de me servir la même chose et d’en ajouter une également pour mon ami Teddy. Les peluches n’ont pas d’argent, c’est bien connu. Je lui précise ensuite :
En attendant, je vais te parler d’Angel, une elfe magnifique que j’ai rencontré encore adolescent. C’était à une fête et dès que je l’ai vu, j’ai su ce qu’était l’amour, mais elle était esclave, à cause d’une grosse dette. Alors j’ai supplié mon père de la racheter et ma mère l’a embauché comme servante. Mais comme elle était malheureuse, dès que j’ai pu travailler, j’ai économisé comme un fou pour lui rendre la liberté. Pourtant, le jour même, elle est partie sans un mot. J’ai appris, avant la guerre contre les Titans, qu’elle s’était entichée d’un bellâtre, qui, après avoir joué avec ses sentiments, l’a largué comme une vieille chaussette.
Juste quand j’ai fini, le tavernier revient avec les boissons et je trinque avec Teddy, lui disant :
Aux femmes !
Et je bois ma chope cul-sec, j’en ai bien besoin pour tout oublier.
Tu es très courageux, il est connu que ces fières guerrières tuent le père de leurs enfants, qui sera forcément une fille.
Et oui, j’en sais des choses, mais cela ne m’a guère servi du côté de mes amours, d’ailleurs, il me demande qui est Alyssa et je lui réponds, en secouant la tête négativement :
Je n’ai pas encore assez bu pour parler d’elle.
Je fais signe à l’aubergiste de me servir la même chose et d’en ajouter une également pour mon ami Teddy. Les peluches n’ont pas d’argent, c’est bien connu. Je lui précise ensuite :
En attendant, je vais te parler d’Angel, une elfe magnifique que j’ai rencontré encore adolescent. C’était à une fête et dès que je l’ai vu, j’ai su ce qu’était l’amour, mais elle était esclave, à cause d’une grosse dette. Alors j’ai supplié mon père de la racheter et ma mère l’a embauché comme servante. Mais comme elle était malheureuse, dès que j’ai pu travailler, j’ai économisé comme un fou pour lui rendre la liberté. Pourtant, le jour même, elle est partie sans un mot. J’ai appris, avant la guerre contre les Titans, qu’elle s’était entichée d’un bellâtre, qui, après avoir joué avec ses sentiments, l’a largué comme une vieille chaussette.
Juste quand j’ai fini, le tavernier revient avec les boissons et je trinque avec Teddy, lui disant :
Aux femmes !
Et je bois ma chope cul-sec, j’en ai bien besoin pour tout oublier.

Affilié à la République
Yagmit Gurhat

Messages : 14
crédits : 262
crédits : 262
Info personnage
Race: Lycanthrope
Vocation: Guerrier combattant
Alignement: Loyal neutre
Rang: D
Yagmit luttait ardemment contre un coma éthylique particulièrement motivé, alors quand l’autre Teddy lui proposa de trinquer, son cerveau, en panique, déclencha l’alarme de la dernière chance, allant promptement quémander la présence séance tenante des dernières brides de raison un peu éparpillées ici et là. Car si la conversation précédente, au sujet Ô combien bouleversant pour les deux hommes, avait momentanément donnée l’illusion d’une reprise en main de la situation, la pause infortune dans l’échange, justifiée par l’arrivée d’une nouvelle boisson, dévoilait de nouveau la triste vérité : le loup-garou était à deux doigts de vaciller.
Dans un geste purement instinctif, Yagmit, après avoir manqué de quelques centimètres la chope de son frère Teddy, le fait de voir double ou triple n’aidant vraiment pas pour coordonner les mouvements, renversa son contenu sur sa tête avant de reposer brutalement le récipient sur la table, le brisant au passage et faisant gémir le support qui n’en demandait pas tant. Il resta là, les yeux vitreux, le souffle court et les muscles endoloris. Quel manque de présence d’esprit ! Se mettre dans un état pareil, au milieu d’inconnus, voici justement le genre d’erreur qui peut amener une mort des plus précoces. Et des plus stupides. Voilà bien longtemps qu’il n’avait pas pris une cuite d’anthologie comme celle-ci. Pour cela il fallait remonter à ses toutes premières années en la Grande Oasis, du temps où, à peine sorti de son adolescence, il faisait connaissance avec ses premières beuveries, entouré de vétérans, et fasciné par les récits de chasses et de batailles. Son grand-père, que son âme puisse satisfaire le Soleil, lui avait bien fait comprendre, assez violemment, que ce comportement était tout sauf digne d’un vrai guerrier. Que de tels abandons jetaient la moquerie et le mépris sur les individus, en plus de les offrir en pâture aux malsains et opportunistes.
Et pourtant... Pourtant ! Le voici ici, minable, détruit, à se laisser aller à la nostalgie, au vague à l’âme, et à l’abdication. Mais quelle honte ! Il devenait urgent de se reprendre en mains, de retrouver le Yagmit qu’il souhaitait être ; le loup-garou exemple de l’esprit du Reike. De quel droit pourrait-il critiquer les faibles et les néfastes s’il jetait ainsi ses valeurs, sa raison et son ambition ? Debout, lui intima son cerveau. Mais pour se purger de l’alcool, en dehors du travail de son métabolisme exceptionnel hérité de son espèce, il lui fallait un nouveau sujet. Plus passionné. Plus frustrant. Plus colérique. Il lui fallait parler de vengeance ! Alors, sans plus attendre, il tenta de se gonfler pour paraître le plus intimidant possible, et il réussit à moitié, puis, d’une voix aux intonations enragées, il lança ainsi :
« Nos problèmes de cœur, que sont-ils donc à côté de l’engeance innommable qui déclencha sur nos terres cette guerre civile impie ?! »
A l’évidence, le Lycanthrope prenait à partie toute la salle, se croyant soudain en représentation théâtrale, avec pour protagonistes principaux, lui, le Teddy originel, et son compagnon de table, le Teddy envoyé du Soleil pour sauver son âme avinée... ou pour l'enfoncer davantage ? Cela n'était plus très clair maintenant qu'il y pensait.
« Que sont-ils donc face à cet être abjecte et aux moutons qui décidèrent de le suivre dans cette horreur inimaginable qui détruisit le Royaume, supposément le plus discipliné et magnifique au monde ?! Que sont-ils, Teddy, je te le demande. »
La tension de Yagmit commença à monter, ses propres mots résonnants en lui et excitant davantage sa colère dont les parois gonflaient à vue d’œil. Empoignant la table de bout en bout, il s’abaissa pour se rapprocher un peu plus de la victime d’Angel, vociférant alors plus qu’il ne parla la suite de son discours :
« J’avais toujours cru que la République était notre ennemie jurée. Que la République, très cher, représentait tout ce contre quoi un individu sain de corps et d’esprit se devait de combattre. Lâcheté, désordre, traîtrise, corruption, avidité… Et j’en passe ! Puis, soudain, de nulle part, une vérité éclate au grand jour : le Reike, mon ami… Le Reike ne vaut pas plus que la République. Pire encore ! Le Reike s’autodétruit ! Mais quelle infamie ! Ô rage, Ô désespoir ! Dans quelle illusion avons-nous donc vécu jusque-là ?! Le comprends-tu ? L’âme Reikoise a cessé de bénir nos territoires de ses bienfaits, car l’âme Reikoise, mon frère, a vu la déchéance de notre Royaume. Et c’est en trouvant refuge dans des individus de valeurs et de principes qu’elle pourra survivre, puis ressurgir là ou on ne l’attend plus ou pas. »
Lâchant les bords de la table, qui auraient cédé sans aucun doute si Yagmit avait exercé sa pression quelques secondes de plus, ce dernier vint se mettre à côté même du noble, posant une main tremblante, sous le coup de la colère, sur son épaule. Alors, plantant son regard dans le sien, il lui demanda sans équivoque :
« Je n’ose imaginer le mal qu’Il a pu faire à notre Reike dès sa prise de pouvoir, car me voilà depuis peu sorti de ma retraite spirituelle. Dis-moi, Teddy deuxième du nom, quels bouleversements cet usurpateur a-t-il infligé à notre ancien Royaume ? Je dois savoir. »
Dans un geste purement instinctif, Yagmit, après avoir manqué de quelques centimètres la chope de son frère Teddy, le fait de voir double ou triple n’aidant vraiment pas pour coordonner les mouvements, renversa son contenu sur sa tête avant de reposer brutalement le récipient sur la table, le brisant au passage et faisant gémir le support qui n’en demandait pas tant. Il resta là, les yeux vitreux, le souffle court et les muscles endoloris. Quel manque de présence d’esprit ! Se mettre dans un état pareil, au milieu d’inconnus, voici justement le genre d’erreur qui peut amener une mort des plus précoces. Et des plus stupides. Voilà bien longtemps qu’il n’avait pas pris une cuite d’anthologie comme celle-ci. Pour cela il fallait remonter à ses toutes premières années en la Grande Oasis, du temps où, à peine sorti de son adolescence, il faisait connaissance avec ses premières beuveries, entouré de vétérans, et fasciné par les récits de chasses et de batailles. Son grand-père, que son âme puisse satisfaire le Soleil, lui avait bien fait comprendre, assez violemment, que ce comportement était tout sauf digne d’un vrai guerrier. Que de tels abandons jetaient la moquerie et le mépris sur les individus, en plus de les offrir en pâture aux malsains et opportunistes.
Et pourtant... Pourtant ! Le voici ici, minable, détruit, à se laisser aller à la nostalgie, au vague à l’âme, et à l’abdication. Mais quelle honte ! Il devenait urgent de se reprendre en mains, de retrouver le Yagmit qu’il souhaitait être ; le loup-garou exemple de l’esprit du Reike. De quel droit pourrait-il critiquer les faibles et les néfastes s’il jetait ainsi ses valeurs, sa raison et son ambition ? Debout, lui intima son cerveau. Mais pour se purger de l’alcool, en dehors du travail de son métabolisme exceptionnel hérité de son espèce, il lui fallait un nouveau sujet. Plus passionné. Plus frustrant. Plus colérique. Il lui fallait parler de vengeance ! Alors, sans plus attendre, il tenta de se gonfler pour paraître le plus intimidant possible, et il réussit à moitié, puis, d’une voix aux intonations enragées, il lança ainsi :
« Nos problèmes de cœur, que sont-ils donc à côté de l’engeance innommable qui déclencha sur nos terres cette guerre civile impie ?! »
A l’évidence, le Lycanthrope prenait à partie toute la salle, se croyant soudain en représentation théâtrale, avec pour protagonistes principaux, lui, le Teddy originel, et son compagnon de table, le Teddy envoyé du Soleil pour sauver son âme avinée... ou pour l'enfoncer davantage ? Cela n'était plus très clair maintenant qu'il y pensait.
« Que sont-ils donc face à cet être abjecte et aux moutons qui décidèrent de le suivre dans cette horreur inimaginable qui détruisit le Royaume, supposément le plus discipliné et magnifique au monde ?! Que sont-ils, Teddy, je te le demande. »
La tension de Yagmit commença à monter, ses propres mots résonnants en lui et excitant davantage sa colère dont les parois gonflaient à vue d’œil. Empoignant la table de bout en bout, il s’abaissa pour se rapprocher un peu plus de la victime d’Angel, vociférant alors plus qu’il ne parla la suite de son discours :
« J’avais toujours cru que la République était notre ennemie jurée. Que la République, très cher, représentait tout ce contre quoi un individu sain de corps et d’esprit se devait de combattre. Lâcheté, désordre, traîtrise, corruption, avidité… Et j’en passe ! Puis, soudain, de nulle part, une vérité éclate au grand jour : le Reike, mon ami… Le Reike ne vaut pas plus que la République. Pire encore ! Le Reike s’autodétruit ! Mais quelle infamie ! Ô rage, Ô désespoir ! Dans quelle illusion avons-nous donc vécu jusque-là ?! Le comprends-tu ? L’âme Reikoise a cessé de bénir nos territoires de ses bienfaits, car l’âme Reikoise, mon frère, a vu la déchéance de notre Royaume. Et c’est en trouvant refuge dans des individus de valeurs et de principes qu’elle pourra survivre, puis ressurgir là ou on ne l’attend plus ou pas. »
Lâchant les bords de la table, qui auraient cédé sans aucun doute si Yagmit avait exercé sa pression quelques secondes de plus, ce dernier vint se mettre à côté même du noble, posant une main tremblante, sous le coup de la colère, sur son épaule. Alors, plantant son regard dans le sien, il lui demanda sans équivoque :
« Je n’ose imaginer le mal qu’Il a pu faire à notre Reike dès sa prise de pouvoir, car me voilà depuis peu sorti de ma retraite spirituelle. Dis-moi, Teddy deuxième du nom, quels bouleversements cet usurpateur a-t-il infligé à notre ancien Royaume ? Je dois savoir. »
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum