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    Capella Tiamat
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  • Jeu 1 Juin - 20:35
    "Tagar Reys,

    Tu te rappelles de ta précieuse mallette au contenu secret ? Tout le monde en veut une. La nature de ton trésor a fuité.
    J'ai des informations pour toi. Je viendrai te voir trois jours après l'arrivée de cette lettre.
    Considère ça comme un remerciement pour les gants, ils sont très confortables.

    Capella Tiamat"


    Malgré ses difficultés pour écrire, la jeune sirène reste capable d'envoyer une missive claire et concise. Certes, son écriture est irrégulière et ses lettres sont souvent couvertes de ratures et de tâches d'encre, mais au moins, le contenu est compréhensible. Elle scelle l'enveloppe avec un cachet de cire basique, et donne ses instructions au coursier. A remettre en mains propres au ministre des finances du Reike, sans aucune forme d'intermédiaire, "de la part d'une associée privilégiée". Un titre choisi pour attirer l'attention de Tagar tout en préservant son anonymat, mais aussi parce qu'elle trouvait ça un peu drôle de se désigner ainsi. Elle paie le coursier grassement - elle n'a pas chômé depuis son départ de Kaizoku, et elle commence à avoir les moyens de se permettre plus de choses. Acheter la qualité du service en plus du service lui-même en fait partie, tout comme le simple fait de pouvoir s'offrir un coursier autre que son frère jumeau. Il s'en va seller sa monture et porter la précieuse lettre à son destinataire.

    Maintenant, il faut se mettre en chemin pour Ikusa. Elle en a pour quatre ou cinq jours, parce qu'il faut qu'elle repasse par ce fichu désert. C'est parti pour avoir du sable plein les godasses et se nourrir uniquement de morue salée pendant toute la durée du trajet… Mais ce calvaire devrait s'avérer rentable, si elle joue bien ses cartes.

    La mercenaire arrive avec un jour d'avance dans la capitale reikoise. Elle a eu des nouvelles du coursier sur le chemin, et l'assurance que sa lettre était arrivée à bon port. Elle décide de profiter de cette journée de répit pour se rendre présentable, régler ses comptes avec la pègre locale (comprendre : retrouver les arbalétriers de la dernière fois et les faire disparaître pour de bon), et retrouver son contact. Derrière une porte dissimulée entre deux cages d'escaliers, le faussaire accueille Capella dans son atelier. Ils échangent quelques banalités, puis il lui dévoile sa dernière création : une reproduction exacte, d'après les détails fournis par la mercenaire, de la mallette qu'elle avait livré à Tagar lorsqu'elle l'avait rencontré. Elle avance quatre pièces d'argent sur le comptoir, et récupère son bien. Le reste de sa soirée n'est pas bien intéressant. Elle trouve une auberge abordable, mange un dîner médiocre, prend un bain et dort.

    Le lendemain, elle se prépare pour aller voir ce cher ministre. Elle enfile sa toge, ses accessoires, et surtout, les gants qu'il lui a offert, pour bien montrer qu'elle en fait bon usage. Sur le coup des huit heures, la sirène se dresse devant la demeure du Cœur du Reike, cette fois devant la porte d'entrée principale. Un garde lui demande la raison de sa présence, et elle répond en toute sérénité :

    - J'ai rendez-vous avec Tagar Reys pour affaires.

    Que le spectacle commence.

    CENDRES

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  • Mer 14 Juin - 13:11
    Les épaules droites, le regard attentif, Capella s'enfonce dans la demeure du Cœur d'un pas tranquille. Elle ne peut pas s'empêcher de mémoriser l'agencement de la demeure ou d'en repérer immédiatement les entrées et les sorties ; pas qu'elle ait pour projet de cambrioler ce cher ministre, mais qui sait, ça doit être utile ce genre d'informations, non ? Peut-être que ça se vend bien. Ou peut-être qu'elle devrait juste les garder pour elle et s'en inspirer pour quand elle roulera sur l'or, elle aussi.

    On la guide jusqu'à une cour intérieure aussi bien entretenue que tout le reste, aménagée confortablement auprès des rosiers qui la parfument. La mercenaire ne tarde pas à repérer Tagar, et elle vient s'asseoir en face de lui.

    - Bonjour, Tagar. Elle est pas mal, ta turne, j'aime bien la déco'.

    Elle entrecroise ses doigts et s'étire de toutes ses forces, pour enfin se détendre pleinement et s'affaler sur la chaise dans une pose plus confortable, bien qu'un peu rustre. Ses yeux vairons se jettent immédiatement sur le livre qu'il est en train de lire, animés par une curiosité espiègle. Elle essaie de déchiffrer un mot sur la couverture, qu'elle reconnaît déjà instinctivement.

    - A…qua…ria ? Tiens, il doit être sympa, ce bouquin. Je t'aurais bien demandé le titre pour acheter le même, mais je suis pas très portée lecture. Enfin bon… si j'y vais un jour, j'en saurais plus, au pire.

    Une brève lueur d'amertume traverse son regard, mais elle préfère ne pas rentrer dans les détails du sujet, ou en tout cas, pas spontanément, ni maintenant. Après tout, la jeune sirène n'est pas venue ici pour papoter de tout et de rien ! Elle coupe court aux banalités, et décide d'entrer dans le vif du sujet. Avec les mêmes gestes minutieux qu'elle manipulait la mallette de Tagar lorsqu'il la lui avait confiée, elle pose celle qu'elle a amené avec elle sur ses genoux.

    - Je vais faire court, tu dois être occupé. Il y a de plus en plus de nobles qui cherchent à obtenir la même chose que toi. Tous avec les mêmes méthodes, et surtout : exactement le même contenant. J'ai réussi à me procurer celle-là sur le chemin, c'est dingue, on dirait vraiment la tienne, non ? Je l'ai pas ouverte pour l'instant, mais elle a le même poids.

    Les doigts de Capella pianotent lentement sur la surface de l'objet alors qu'elle continue. Enchaîner mensonge sur mensonge n'a jamais représenté un défi particulièrement difficile pour elle : à la limite, il arrive qu'elle se trahisse avec un sourire ou un gloussement mal placé, mais le fait d'avoir réussi à attirer Tagar dans sa toile est bien trop satisfaisant pour qu'elle perde son sérieux. C'est littéralement l'incarnation de la richesse d'un empire, et elle compte bien en profiter.

    - Voilà, je voulais te prévenir pour que t'aies le temps de te préparer avant que la nouvelle soit sur les lèvres de tous les mercenaires et coursiers du Sekai. Oh, en parlant de coursier ! Mon frère te passe le bonjour. Bref, pour revenir à c'que je disais, je t'offre ces informations gratuitement. Par contre, si tu veux que je pousse l'enquête, il va falloir investir un peu.

    Sa tirade conclue, Capella jette un regard aux différentes boissons et desserts sur le chariot. Est-ce que c'est malpoli si elle ne demande pas la permission avant de se servir ? Oh non, il n'aurait pas mis tout ça sous son nez s'il ne voulait pas qu'elle en profite. Avec toute la grâce de quelqu'un qui ne sait pas comment se tenir à table, elle attrape brusquement une tasse de thé à la menthe, qu'elle engloutit en une traite, pour finalement la reposer avec une grimace contrariée. Elle avait oublié qu'ils sucraient autant les boissons chaudes, ici.


    CENDRES

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  • Ven 23 Juin - 16:27
    Capella esquisse un sourire bref mais enchanté lorsqu'il complimente son frère - c'est normal qu'il ait été efficace, ce n'est pas son frère pour rien. Enfin, Pyxis est aussi capable de ses propres… fantaisies, disons, mais ça ne l'empêche pas d'être fière comme un pou lorsqu'il est mentionné positivement.

    Son appât prend, et Tagar mord à l'hameçon. Elle affiche un sourire serein alors qu'il lui sert du jus de fruit, et regarde le liquide coloré remplir le verre. La mercenaire a déjà fait ses calculs, et elle sait déjà exactement combien de pièces elle veut gagner, mais elle fait quand même mine de réfléchir pour rester crédible dans son rôle. Le fait de prendre son temps pour marquer une pause lui permet aussi de réfléchir pour de vrai à un autre sujet, qui titille son intérêt bien plus qu'elle n'aurait pu le prévoir : toute cette histoire serait liée au commerce aquarien ?

    Elle porte son verre à ses lèvres et boit une gorgée de jus avec prudence, s'attendant à ce qu'il soit aussi sucré que le thé. Le goût acidulé et le sucre naturel des agrumes la surprend, autant que les petits morceaux de pulpe qui se collent à son palais. La sirène examine la boisson avec un air approbateur, beaucoup plus satisfaite par celle-là que la précédente. Après cette contemplation existentielle, elle reprend la parole.

    - Quatre pièces d'or.

    Un tarif élevé, mais raisonnable (à ses yeux). Capella commence à se faire une bonne idée de la personne en face d'elle. S'il lui a directement demandé son prix, c'est qu'il lui fait confiance - elle peut donc se permettre de lui demander le montant qu'elle veut. De plus, en annonçant de suite un prix haut pour ses services, elle s'engage sur la qualité de ces derniers. Le fait qu'il ait été plus précis que la dernière fois sur ses attentes ne lui a pas échappé, et elle s'amuse de ce petit détail. Il peut bien être aussi prudent qu'il veut, cela ne le rendra jamais moins rentable à ses yeux.

    Par transparence, elle tient tout de même à souligner un fait particulier, qui pourrait le faire revenir sur sa décision s'il comptait sur sa race pour faciliter sa visite.

    - Je sais pas comment les gens sont à Aquaria, donc si y a des coutumes à respecter ou quelque chose comme ça, je les connais pas.

    Elle détourne le regard et affiche une moue un peu renfrognée, visiblement embarrassée par son manque de culture sur ce sujet. La jeune sirène n'aime déjà pas devoir souligner une de ses faiblesses, mais le fait que ça concerne son identité raciale la contrarie encore plus. Elle noie sa gêne dans son verre de jus de fruit, qu'elle repose vide sur une des tables d'appoint, puis décide de changer de sujet.

    - Tu veux y aller quand, exactement ? Tu comptes te déplacer à pied ?

    CENDRES

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  • Lun 31 Juil - 10:43
    La mercenaire opine du chef, puis son hochement de tête ralentit progressivement au fur et à mesure que Tagar décrit ce qui les attend. Les sourcils haussés de surprise, puis froncés de suspicion, elle assimile les différentes informations qui lui sont fournies. Un bal, une robe, un carrosse… est-ce que ça va vraiment suffire de copier son attitude, si elle doit se faire passer pour la cavalière d'un ministre ? Capella ne se pose pas de questions plus longtemps : il lui a donné de l'argent en plus, et qui sait, elle pourra peut-être manger à l'œil une fois sur place, ou chiper un bijou à un invité en douce.

    Elle range ses pièces d'or avec un air contenté, et pose ses mains sur ses genoux.

    - J'ai pas de questions là maintenant, mais si tu possèdes des plans du bâtiment qui indiquent au moins les entrées et les sorties, je veux bien que tu les prépares pour ce soir. Je les étudierai dans le carrosse. Sinon, on improvisera. Oh, et tu devrais réfléchir à comment tu me présenteras aux gens qui te reconnaîtront. On en reparlera ce soir.

    Elle se lève rapidement, et récupère les quelques affaires qu'elle avait emmené avec elle - sauf la fameuse fausse mallette, qu'elle laisse au sol pour que Tagar s'amuse avec quand il en aura le temps.

    - J'y vais, j'ai pas mal de choses à faire. A ce soir, Tagar Reys.

    Sans prendre la peine d'attendre sa réponse, elle fait volte-face et s'en va, suivant le même chemin que lorsqu'elle était arrivée. Elle ignore également les gardes à la sortie, et ne perd pas une minute avant de disparaître dans les rues d'Ikusa.

    Première étape : le tailleur. Capella grimace, s'imaginant déjà le théâtre pénible des couturiers qui veulent trop en faire pour vendre une robe plus chère. Malgré son appréhension, elle se dirige vers le quartier marchand, et choisit une position idéale pour observer les passants. Qui rentre dans quelle boutique, et qui sort des autres ? Après un petit quart d'heure d'observation attentive, elle finit par décider où elle ira : un établissement à la devanture sobre, mais raffinée. Voilà qui devrait faire l'affaire pour trouver une tenue digne d'un bal, sans pour autant se heurter à un tailleur qui ne travaille que pour les nobles.

    Elle passe la porte, et est immédiatement accueillie par des regards suspicieux - il faut dire qu'elle n'a pas vraiment le profil typique d'une dame qui achète des robes. Si elle n'en comprend pas toutes les raisons, la sirène est tout de même consciente d'être perçue comme une intruse. Elle s'approche d'une employée pour lui faire part de sa situation, et montrer patte blanche. Un peu de politesse, du baratin comme quoi elle va à son premier bal, qu'elle n'est qu'une jeune fille de la campagne qui veut plaire à un beau citadin, et autres niaiseries, et Capella passe d'indésirable à coqueluche du magasin, figure de l'ascension sociale et du romantisme. L'employée la guide dans ses achats avec bienveillance, les couturières qui prennent ses mesures la traitent comme une petite princesse, et même le tailleur qui possède la boutique vient donner son avis sur son choix de robe. La sirène au cœur de glace prend sur elle pour maintenir ce rôle qui l'arrange bien, jusqu'au moment où on la laisse enfin repartir, le temps de faire des ajustements sur sa robe.

    Elle pouvait compter sur les talentueux employés du tailleur pour s'occuper de sa robe et de ses accessoires - maintenant venait la seconde étape : l'armement. Ou plus exactement, elle allait avoir besoin d'un tanneur compétent pour agrémenter le fourreau de son épée courte de lanières fines mais solides pour dissimuler son épée au niveau de sa cuisse… Le genre de commande que bien peu de demoiselles respectables oseraient faire en plein milieu du quartier marchand de la capitale. La mercenaire retrouve quelques unes des ruelles sombres qu'elle avait emprunté lors de sa première visite à Ikusa (ironiquement, celles que le ministre lui avait fait découvrir) avant de trouver des étals bien plus intéressants - le genre d'installations éphémères qui change de localisation tous les jours pour éviter les patrouilles.

    Ces gens-là parlent la même langue que Capella : l'argent. Leur conversation ressemble à une danse que chacun connaît par cœur : savoir se montrer sans trop s'exposer, laisser l'autre deviner ce qu'il a à gagner sans le dire directement, et continuer de ramper dans les non-dits, jusqu'à ce que l'opportunité de prendre l'avantage se présente. Moyennant une dizaine de pièces d'argent et quelques rumeurs, elle trouve son bonheur.

    Cela fait, elle retourne chez le tailleur, les derniers essayages sont faits, les chaussures sont élégantes mais confortables, les accessoires "mettent en avant sa beauté diaphane", bref - tout cela devrait suffire à mériter son salaire. Après avoir réglé ses achats, la sirène retourne dans sa chambre d'auberge pour se préparer.

    Et l'on pourra accorder à ces humbles couturiers qu'ils n'ont pas chômé : lorsqu'elle retourne vers la demeure du Cœur du Reike au crépuscule, Capella n'a plus rien de son apparence habituelle (sauf pour le maquillage, qu'elle a refusé de changer malgré leur insistance). Vraie petite dame en robe et en talons, elle avance inconfortablement mais la tête haute, trop fière pour se laisser vaincre par le fait qu'elle est très, très loin de sa zone de confort. Lorsqu'elle arrive devant l'imposant manoir de Tagar, les gardes stationnés devant l'entrée ne la reconnaissent pas… jusqu'à ce qu'ils voient ses yeux. La petite peste se délecte de les voir tout embarrassés, et leur ordonne avec mépris :

    - Dites à votre maître que sa cavalière est arrivée.

    Une partie d'elle ne peut s'empêcher d'avoir hâte d'arriver au bal. Qu'est-ce que ça donnera, de jouer les dames au milieu des autres dames ? Bien sûr, elle ne perd pas de vue son objectif - mais dans ses pensées, celui-ci ne sonne que comme un petit digestif après un bon repas.


    CENDRES


    référence pour la robe:

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